La France en Afrique : Aux marges de la responsabilité de protéger, aux frontières du néocolonialisme?
Par Jean-Jacques Wondo
Dans un article du quotidien Le Monde du 10 décembre 2013, on pouvait lire ceci : L' »intervention française en Centrafrique sera « l’affaire de quelques mois », a assuré le premier ministre Jean-Marc Ayrault devant l’Assemblée nationale. Lors d’un débat, sans vote, au Parlement sur l’opération française, au cours de laquelle deux soldats français sont morts, M. Ayrault a rappelé la position de François Hollande : « une intervention rapide », qui n’a « pas vocation à durer ». Le chef du gouvernement est toutefois resté très évasif sur le calendrier de l‘intervention : « Le désengagement de nos forces commencera dès que la situation le permettra, en fonction de l’évolution sur le terrain et de la montée en puissance des capacités opérationnelles des forces africaines ».
L‘opération Sangaris en RCA, la cinquième intervention française en Afrique en cinq ans après la Côte d’Ivoire (2011: Le dispositif de l’opération Licorne intervient contre la garde de Gbagbo et intronise Ouattara), la Lybie (2011: L’opération Aube de l’Odyssée pour stopper les forces de Kadhafi, le Tchad (2008 : le dispositif Épervier qui sauva le régime de Déby) , et le Mali (2013: Opérations Serval et Hydre) suscite des commentaires et réactions en sens divers. Pour bon nombre d’Africains : La France joue de nouveau le gendarme en Afrique. Un gendarme musclé au point même que l’opinion publique française se demande si par cet omni-interventionnisme tous azimuts, la France ne va pas trop loin et ne risque-t-elle pas de se donner une image du « Bon Samaritain », sauveur de régimes honnis, mais sauvés aux fins d’assurer des intérêts de quelques baroudeurs affairistes français dans une Afrique qui échappe peu à peu à son contrôle ? Même scepticisme exprimé par le chef de file des députés du Front de gauche, André Chassaigne, au sortir d’une rencontre avec le Premier ministre. Il ressent « une forme de malaise » parce que « la France intervient encore une fois seule et risque d’apparaître aux yeux du monde comme étant le gendarme de l’Afrique ».
La responsabilité de protéger octroie aux puissances TOUS les pouvoirs d’agir à leur guise
La responsabilité de protéger, un nouveau concept qui a émergé en 2002 au Canada dans un contexte géopolitique d’une prolifération des guerres intra-étatiques durant les années 1990 en Somalie, au Rwanda et dans les Balkans. Elle se présente aujourd’hui comme une matérialisation de la nouvelle approche géopolitique des relations internationales qui consacre le principe de « transnationalité ». Il s’agit selon le camerounais Luc Sindjoun, dans son ouvrage : « La Sociologie des relations internationales africaines » ni plus ni moins de légitimer la contestation du monopole étatique des relations internationales africaines par l’existence de « quasi-États » dont la souveraineté tiendrait plus de la fiction que de la réalité. Ce, du fait que l’État ‘africain’ aurait échoué dans son projet de recherche hégémonique et de totalisation de son espace.
De la sorte, un État ne peut plus invoquer sa souveraineté pour refuser toute ingérence extérieure à l’intérieur de son territoire national et qu’il est de la responsabilité de la communauté internationale de protéger une population contre des catastrophes ou des violences lorsque l’État dont elle relève n’est pas disposé à le faire ou en est incapable. Désormais, c’est sur cette base juridique internationale que la France justifie son intervention unilatérale en Centrafrique pour tenter de mettre foin à une situation de pré « génocide » qui s’installe dans ce pays.
L’idée maitresse du principe de « la responsabilité de protéger est que si la souveraineté donne le droit à un État de « contrôler » ses affaires intérieures, elle lui confère également la « responsabilité » principale de protéger sa population à l’intérieur de ses frontières, que cette responsabilité soit confiée à l’ensemble de la communauté internationale. Cette « responsabilité » peut parfois consister dans une guerre officiellement motivée par le secours d’une population victime d’agressions des groupes armés. Et on a vu des images infâmes pour l’Afrique et l’ensemble de ses dirigeants où une poignée de soldats français parader dans les rues de Bangui pour désarmer comme des enfants des officiers supérieurs de l’armée loyale centrafricaine impuissante.
Echec des Africains dans leur rôle de bâtir des États stables en pervertissant la mission de l’armée
L’Etat africain postcolonial se caractérise le plus souvent par sa faiblesse menant au quasi-effondrement d’institutions telles que l’armée; lui même est faiblement connecté à une société civile peu affirmée. La faillite du modèle post-colonial, auquel s’est ajoutée la dévalorisation de l’État par l’idéologie néolibérale, a conduit à des fractionnements territoriaux et à une montée en puissance de factions s’appuyant sur des identités communautaires, ethniques ou religieuses. L’État ayant dans sa conception weberienne ou keynésienne des fonctions régulatrices ; stabilisatrices, redistributives et productrices de biens publics, a une dimension rationnelle et légale; il prend en charge le collectif et le long terme. Il est l’expression d’une institutionnalisation qui permet d’obéir aux règles pour ne pas obéir aux hommes. Les questions de souveraineté nationale, de légitimité, de capacité à exercer une autorité régulatrice, de situation de droit et de sécurité permettant les libres décisions des agents sont au cœur de l’État. L’État africain peut difficilement être différencié de celui qui détient le pouvoir (Hugon, Philippe, Géopolitique de l’Afrique, Sedes, 2012).
On le voit d’ailleurs en RDC lorsque l’État ré-asphalte une route ou rénove des infrastructures en prélevant l’argent du trésor public, cela est même interprété par certaines élites intellectuelles congolaises comme étant un don de la magnanimité infinie du chef de l’État à qui on doit tout. En Afrique noire, souvent l’État c’est le président!
Ainsi, pour tenter d’expliquer l’échec de la constitution des États au sens sociopolitique et weberien de ce terme (État) en Afrique, il est intéressant de rappeler ici le rôle intégrateur qu’a l’institution militaire dans le processus d’émergence du concept État-nation. En Occident, la nationalisation de l’Armée s’est trouvée au cœur de la constitution de l’État central. C’est le cas également dans des pays comme la Turquie, l’Israël, la Corée du Sud où les politologues ont observé le même phénomène à partir des armées qui ont précédé ou fait surgir un État moderne. En Afrique noire, rien de tel ne se donne à constater, offrant en cela un spectacle désolant des milices armées anachroniques et un aspect du décalage entre armée et nation, dans le processus d’édification et de consolidation des États.
Or, d’après Weber, l’État n’a de sens et d’existence que dans la mesure où il détient le monopole légitime de la violence, c’est-à-dire avec le choc de la guerre, l’État est obligé de montrer de quoi il est capable. Ainsi, en l’absence de l’État ou en présence d’un État dit effondré, échoué ou fragile, c’est toute la substance ou la capacité même de ce (non-)État de contrer l’agression ou d’assurer l’intégrité territoriale qui fait défaut. C’est ce qu’on a pu constater par exemple en RD Congo, au Mali et actuellement en RCA ou au Soudan du sud. Cela a amené l’apparition des armées incongrues pour des États non construits. D’autant que l’État-Nation occidental a cherché à imposer son modèle, à partir des années 1960, dans une improvisation totale à l’indépendance, tragique pour les jeunes États, comme nous l’avons souligné dans l’ouvrage « Les Armées au Congo-Kinshasa, avec la débâcle entre autres de la Force publique. D’autant plus tragique que ce concept européen s’est imposé insidieusement, avec la complaisance des élites africaines, en faisant oublier qu’il était en réalité un modèle culturel étranger, apporté quelques décennies plus tôt à des groupes ethniques disparates, par le trait de plume du colonisateur.
Dans son prolongement, l’organisation des jeunes armées qui a accompagné l’exercice a mis en place des structures vides d’authenticité qui sont rapidement devenues les imitations indigentes d’un modèle importé, des structures qui n’avaient pas vocation à établir avec leur peuple le lien mystique et culturel qui relie l’homme à son passé et à celui de ses semblables. (Fontrier, Marc, « Des armées africaines : comment et pour quoi faire ? », février 2005).
D’emblée, les armées africaines se sont inscrites dans une relation antinomique d’extranéité avec leurs propres États. Dès ce moment, il n’était dès lors pas étonnant de voir ces armées devenir les ‘chiens de garde’ des intérêts géostratégiques des grandes puissances. L’ANC et les FAZ en RD Congo ont bien illustré ce rôle dans la politique du ‘containment’ du communisme. De ce fait, les armées africaines étaient des institutions croupions en marge du processus d’établissement des souverainetés nationales.
Plutôt qu’extravertir leur fonction (par la défense de l’intégrité nationale contre l’ennemi extérieur et étranger), elles se sont plutôt intraverties, en se mettant à dos et en ‘bastonnant’ les populations nationales, qu’elles sont censées protéger. Cela eut pour corollaire de créer une grande fracture sociale (et nationale) et de saper la crédibilité et la confiance de la population (la nation) envers son armée. Ainsi, la finalité de l’armée en tant que service public – c’est-à-dire celle d’être le trait d’union entre la défense au service du citoyen (la population) et le citoyen (militaire) au service de la défense – fut vidé de toute sa substance. Ce qui conduisit à l’isolement de l’institution militaire.
Une armée « intravertie » qui non seulement se renferma sur elle-même, en se détournant du dehors, mais se détourna également du réel. Une situation qui confina l’armée aux marges de la socialisation et de l’édification de la cohésion nationale en ce sens que l’armée est toujours restée « monguna ya liboso ya civil » (l’ennemi numéro un des populations civiles nationales). Il n’y a pas pire perversion et intraversion de la fonction de l’armée que pareille auto-représentation de sa propre image. Une réalité restée constamment d’actualité jusqu’à ce jour avec des militaires FARDC qui pillent et violent les civils et les éléments de la police nationale qui sèment la terreur actuellement à Kinshasa.
Il n’est pas étonnant qu’avec le déficit de culture politique, les partis et acteurs politiques africains ayant lamentablement échoué dans leurs tâches de mobilisation et d’édification nationales, et en l’absence d’une société civile forte, la déflation de la légitimité de l’autorité et la crainte des lendemains incertains dans les rangs finissent par provoquer un effet boomerang qui produit au sein de l’armée, la seule structure sociale élitiste de l’époque, une déflagration par le recours intempestifs à des comportements incongrus et à des actions dévastatrices : actes d’indiscipline, mutineries, rébellions, sécessions, coups d’État, souvent à connotation socio-régionale ou ethnique, comme c’est le cas actuellement avec la Séléka en RCA.
Dès cet instant, l’espoir de constitution des États stables dont la souveraineté est assurée par des armées dites républicaines, apolitiques et à vocation nationale s’évanouit. (Les Armées au Congo-Kinshasa)
Dans son ouvrage, The Postcolonial State (2012) Crawford Young isole neuf attributs constitutifs de l’État : Gouvernement (légal et légitime), Territoire, Population, Souveraineté (qui sous tend l’intégrité), Pouvoir (= puissance qui, selon le spécialiste des relations internationales et un des concepteurs du courant réaliste des relations internationales, Hans Morgenthau, est avant tout militaire et économique), Loi (Legislation ; rules of law : Etat de droit), Nation, Acteur international et idée.
D’autre part, l’État « idéal » est supposé assurer les fonctions correspondantes à ses composantes qui sont entre autres:
- les structures institutionnelles de pouvoir (le politique, politics), Tata monopolisant la vio,ece légitimée dans les relations internes et acteur souverain de la scène internationale;
- les organes centraux de décision qui définissent la politique (policy), les gouvernants, les administrations;
- les instances de négociation, de recherche de compromis géopolitiques (État arbitre, redistributeur, régulateur, facilitateur, garant du lien social); etc…
Tous ces attributs constitutifs de l’État n’existent que sur papier dans les Constitutions de la plupart des États d’Afrique noire.
Pour la France, l’Afrique doit également se prendre en charge
C’est ainsi que lors du sommet franco-africain du 6 et 7 mai à L’Élysée, la France a proposé l’idée de la création d’une force africaine d’intervention rapide de 20.000 hommes.
Au-delà de toutes considérations géostratégiques hégémoniques que l’on pourrait émettre à ce sujet, il faut d’abord constater avec froideur que si la France en vient à émettre ce projet, c’est parce que comme nous l’avons écrit ci-haut, les élites africaines post-indépendance dans leur grande majorité , s’il en existe encore, ont lamentablement échoué dans leur rôle d’édification des États stables et souverains devant assurer le bien-être et la sécurité à leurs concitoyens. La première responsabilité nous incombe et c’est toujours facile de se cacher derrière une projection psychologique déresponsabilisante et puérile qui veut que l’enfer soit toujours les autres.
Cependant, derrière cette nouvelle politique interventionniste de la France, on peut relever quelques motivations :
1. Géostratégique qui sous-tend la présence de la France dans cette zone autrefois considérée historiquement comme étant son domaine de sa chasse gardé. D’autant qu’après les critiques sur la Françafrique paternaliste, le président français prône un nouveau style vis-à-vis de l’Afrique. Un style axé sur plus de responsabilisation et de partenariat avec une Afrique responsable. Cela fait partie du processus de rénovation de la politique africaine française qui veut rompre avec le passé (c.à.d. la politique des réseaux). Par exemple : La cellule Afrique de l’Elysée n’existe plus, la coopération, qui fut pendant plus de cinq décennies le ministère officieux chargé des affaires du continent, a cédé la place à un plus politiquement correct ministère délégué au développement, confié qui plus est à un écologiste, Pascal Canfin.
2. Economique dans la course à l’accès des matières premières stratégiques : avec l’arrivée de nouveaux acteurs anglosaxons et chinois dans les pays autrefois sous influence française, la France, qui a perdu la moitié de ses parts de marché en Afrique en dix ans au bénéfice de la Chine et des pays émergents, ambitionne de doubler en cinq ans ses échanges commerciaux avec le continent. Dans cette optique, il lui faut récupérer les terrains perdus. Et la RCA qui sous Bozize était tournée vers l’Afrique du Sud, doit à tout prix revenir à son ancien maître colonial.
3. Un contexte budgétaire qui impose de l’austérité : La France vient de voter une loi de programmation militaire pluriannuel qui prévoit à la fois la réduction des dépenses militaires et des effectifs, tout en se maintenant au niveau de grande puissance stratégique. Globalement, cette loi prévoit la suppression de 33.675 postes sur la période 2014-2019 dont 7.881 dès 2014, les effectifs devant s’établir en 2019 à 242.279 personnes (militaires et civils). D’où l’idée de la mutualisation des efforts militaires (en apportant un appui technique stratégique en termes de formation et d’équipement aux troupes africaines) pour épargner un engagement supplémentaire des forces françaises trop onéreuses en missions spéciales à l’étranger et sensible politiquement car une perte humaine peut être fatale politiquement pour un président candidat à sa succession en 2017, tout en maintenant un dispositif minimal avancé permanent dans les zones rouges d’Afrique.
Une confrontation en vue avec la nouvelle puissance africaine, la RSA
On se doit de rappeler que cette initiative française de la constitution d’une force africaine de réaction rapide n’est pas neuve. Lors du sommet du cinquantenaire de l’UA à Addis-Abeba en mai 2013, cette idée défendue mordicus par l’Afrique du Sud, a été avancée par Zuma, le président sud africain, qui préconisait l’idée de la mise en place d’une Force africaine d’intervention rapide pour régler les conflits sur le continent quelques mois après la crise au Mali et l’intervention française qui s’en est suivie. A l’époque, plusieurs pays, dont l’Afrique du Sud, avaient regretté ne pas avoir de force disponible pour intervenir et d’avoir eu à faire appel à la France. Mercredi soir, le président Zuma l’a rappelé : «Il est temps que nous gérions nos propres problèmes. Nous devons faire en sorte de ne pas être impuissants ».
Le 5 novembre 2013, lors d’un sommet de chefs d’Etat réunis à Pretoria pour discuter des avancées de cette force dont la création avait été annoncée en mai dernier, une déclaration a faite par le président sud-africain Jacob Zuma pour motiver la constitution de cette Force africaine d’intervention rapide qui pourrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2013. Ce sommet a réuni les différents pays qui se sont portés volontaires pour contribuer à cette force : le Tchad, le Niger, le Sénégal, l’Algérie, le Ghana et l’Ethiopie. Cette force serait temporaire, en attendant la constitution d’une Force africaine en attente (FAA). Un projet en devenir depuis une dizaine d’années qui devrait compter plus de 32 000 soldats issus des cinq régions du continent. Elle est prévue pour 2015, mais jusqu’à présent il y a eu peu d’avancées.
Cette force serait temporaire, en attendant la constitution d’une Force africaine en attente (FAA). Un projet en devenir qui somnole depuis une dizaine d’années qui devrait compter plus de 32.000 soldats issus des cinq régions du continent. Elle est prévue pour 2015, mais jusqu’à présent il y a eu peu d’avancées. Il y a lieu de noter que déjà en 2012, un colloque international, organisé en Avril 2012 à Paris par l’institut de recherche stratégique de l’école militaire : la Force Africaine en Attente (FAA), s’était appesanti sur la constitution de cette force. Sur le papier elle peut regrouper jusqu’à 20.000 hommes répartis au sein de 5 brigades régionales. C’est cette idée qui a été reprise par la France.
Objectifs : pouvoir mener des missions d’observation, de maintien de la paix et surtout disposer d’une force de réaction rapide de 2.500 hommes déployables n’importe où sur le continent en quinze jours seulement en cas de crise grave ou de génocide.
Avec une RSA de plus en plus présente et agressive[1] militairement en Afrique, le tout c’est de voir comment la France et la RSA, qui déjà en mars dernier se sont affrontées indirectement en RCA, vont accorder leurs violons pour la constitution de cette force. Ce, d’autant que Zuma a poliment décliné l’invitation de son homologue français au sommet « Paix et Sécurité en Afrique » tenu prévu les 6 et 7 décembre à Paris. Alors qu’il avait pourtant annoncé sa participation à cette rencontre lors de la visite du président français François Hollande en Afrique du Sud, en octobre dernier. Il y a été représenté par sa ministre des Affaires étrangères, Maite Nkoana Mashabane.
L’Afrique du Sud devient un acteur diplomatique et une puissance militaire continentale. Elle alimente des ambitions géostratégiques qui la poussent à développer son aire d’influence par le biais de l’Union africaine et du NEPAD, de sa puissance militaire et de la diplomatie de négociation visant à « trouver des solutions africaines aux problèmes africains ». Elle compte 700 militaires au Soudan et surtout près de 2.000 militaires dans l’est de la RDC. Elle est également présente militairement en ethipie/erythrée, aux Comores. Elle se pose en médiatrice dans de nombreux conflits qui ont ravagé l’Afrique. Elle est surtout devenue une puissance émergente dont les multinationales sillonnent les différentes pays africains en quête de nouveaux marchés ( mines, télécommunications, énergie, investissements fonciers, agriculture….)
Ainsi, confronté aux besoins énergétiques et en matières premières, elle voit sans doute mal l’extension du rayon d’action géopolitique français dans une zone que Zuma considère désormais comme sa zone naturelle de prédilection ou de prédation suivant l’interprétation. En effet, marquée par la culture des mouvements de libération du tiers monde, la diplomatie sud-africaine a souvent exprimé sa méfiance à l’égard des « démocraties » occidentales qui font preuve d’une certaine duplicité sur le contient noir. Même si Zuma a apprécié le fait que François Hollande ait consulté les dirigeant africains – dont lui-même- avant de lancer l’opération Serval au Nord-Mali, Pretoria s’oppose toute de même régulièrement à Paris, dont l’action en Afrique francophone (Côte d’Ivoire, Tchad, Centrafrique, Madagascar) ou ailleurs (Libye) est souvent perçue comme une simple volonté de perpétuer sa domination (Aguste Conchiglia, « Afrique du Sud, ou le difficile métier de puissance continentale », in Puissances d’hier et de demain. L’État du monde 2014, La Découverte, 2013).
Jean-Jacques Wondo / Exclusivité DESC
[1]Lors de l’offensive conjointe menée par les FARDC et la MONUSCO contre le M23 en octobre 2013, un officier de l’état-major opérationnel que nous avons joint à Goma le weekend dernier nous a déclaré qu’avant le lancement de la dernière opération offensive, le président Jacob Zuma a téléphoné au général brésilien Crus Dos Santos et à Kobler leur signalant qu’il vient de prévenir Kagame au téléphone que si un militaire de la SANDF, l’armée sud-africaine, venait à perdre la vie comme c’était le cas avec les soldats tanzaniens, il allait marcher jusqu’à Kigali.