La décision insensée du régime de Kabila de suspendre le partenariat militaire avec la Belgique
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
« Notre attaché de Défense à Kinshasa a reçu un courrier nous informant de la suspension de notre coopération militaire« . C’est la déclaration de Laurence Mortier, porte-parole du ministère belge de la Défense à Jeune Afrique.
Selon Jeune Afrique du 13 avril 2017 : « le gouvernement congolais a suspendu le 11 avril 2017 la coopération militaire belgo-congolaise, avec effet immédiat, au moyen d’une lettre adressée à l’attaché de Défense belge à Kinshasa ».
Pour La Libre Belgique, « Cette décision survient quelques jours après que le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, eut jugé que la nomination d’un transfuge de l’UDPS comme Premier ministre, le 7 avril, n’obéissait pas à l’Accord de la Saint-Sylvestre, qui partage le pouvoir entre majorité présidentielle et opposition après la fin du dernier mandat légal du président Joseph Kabila, hors mandat depuis le 20 décembre dernier. La mise en œuvre de cet Accord est considérée comme une “priorité” par le Conseil de Sécurité de l’ONU. Quelques jours aussi après que la Défense belge eut accepté la demande de la diaspora kasaïenne d’envoyer un convoi humanitaire au Kasaï, où la population est de plus en plus nombreuse à accuser des notables d’attiser les violences »[1].
Quelle analyse faire de cette décision qui laisse transparaître une montée de tension diplomatique entre Kinshasa et Bruxelles en cette période de grave crise politique et institutionnelle en RDC où toutes les institutions républicaines électives sont désormais caduques et illégitimes ?
C’est le Congo qui y perd essentiellement
C’est en résumé, l’analyse faite par Marie-France Cros, spécialiste du Congo à La Libre Belgique : « Alors que le régime de Kinshasa n’a plus d’autre légitimité que l’Accord de la Saint-Sylvestre, qu’il tente de contourner, et qu’il a, par la force et l’instrumentalisation de la justice, pratiquement écrasé l’opposition, il se retrouve assez isolé sur la scène internationale. Il tente donc de susciter la solidarité des Etats africains en ciblant l’ex-colonisateur au nom de la “souveraineté nationale” – si souvent oubliée par Kinshasa à l’heure d’établir d’opaques contrats miniers. Il vise donc la Belgique, même si M. Reynders n’a rien dit d’autre que l’Union européenne, les Etats-Unis et la France. » (…). “C’est le Congo qui y perd, pas la Belgique”, selon une des sources officielles belges qui a requis l’anonymat.
Et La Libre de faire le parallélisme avec le régime de Mobutu : « La décision rappelle les dernières années Mobutu, qui supprima la coopération belge, au grand dommage du Zaïre, parce que Bruxelles le critiquait ».
Pris de court par cette décision unilatérale, le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, est resté très laconique. Il s’est contenté de dire que ce sont les militaires congolais qui sont les premières victimes de cette décision.
C’est effectivement notre point de vue, à bien d’égards, contrairement à une analyse politiquement orientée faite dans les colonnes du quotidien belge Le Soir, le weekend dernier. C’est ce que nous tenterons de démontrer sur base des éléments développés dans nos deux ouvrages consacrés à l’armée congolaise et de notre exposé lors du séminaire sur la réforme du secteur de la sécurité (RSS) en RDC. Une présentation dispensée le 21 mai 2016 aux auditeurs des Hautes études de défense et de sécurité (HESD) de Belgique. Cette formation, dont nous sommes également breveté, est essentiellement réservée aux hauts gradés militaires belges, brevetés d’état-major. Nous y sommes encore invité pour en parler au mois de mai prochain devant les auditeurs de la session 2016-2017 des HESD.
Genèse de la coopération militaire belgo-congolaise
La coopération militaire belge avec le Congo remonte dès l’indépendance de la RDC en 1960[2]. Elle s’est poursuivie pratiquement sans discontinuité jusqu’en 1991, lorsqu’à la suite de l’affaire dite de « Massacre des étudiants au campus de l’Université de Lubumbashi », Le Zaïre va rompre la coopération technique militaire dont il bénéficiait de la Belgique. Mais les deux pays garderont en poste leurs attachés militaires respectifs.
La rupture de la coopération technique militaire va se poursuivre durant la courte période de présidence de Laurent-Désiré Kabila, portée au pouvoir en 1997 à la tête d’une rébellion composite, soutenue principalement par le Rwanda, l’Ouganda et l’Angola, avec les soutiens logistiques et diplomatiques des Etats-Unis et de l’Afrique du Sud. Mais quelques années après peu de temps après l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila en 2001, la coopération militaire entre la RDC et la Belgique avait été rétablie, et n’avait plus été interrompue depuis.
Le regain d’intérêt de la Belgique pour l’Afrique centrale résulte de la volonté affichée par la politique menée par Louis Michel, ancien ministre belge des Affaires étrangères, qui a investi beaucoup d’énergie dans une diplomatie active en Afrique centrale, mettant fin à un désinvestissement de 10 ans au moment de l’arrivée des socialistes flamands au ministère des Affaires étrangères. Par son engagement, il avait su gagner le cœur des Congolais et la politique étrangère fut même considérée par les Belges comme la meilleure réalisation du gouvernement « arc-en-ciel » (1999-2003). Mais aux côtés de cet engagement débordant de Louis Michel d’autres acteurs que sont le ministère de la Défense (André Flahaut) et celui de la Coopération furent également pour beaucoup dans l’amélioration des relations entre la Belgique et Congo. Il faut avouer que les actions de cette diplomatie furent parfois improvisées, dispersées, voire brouillonnes mais, au final, furent un pas dans la bonne direction : elles ont remis le dossier congolais à l’agenda européen et international. Elles firent de Louis Michel, le défenseur acharné de la cause du Congo auprès des instances internationales[3].
En 2003, le ministre de la Défense, André Flahaut (socialiste wallon), a signé un Programme de Partenariat Militaire (PPM) avec son homologue du Gouvernement de transition au Congo. Par cet accord, la Belgique s’est engagée à soutenir la réforme de l’armée congolaise.
Selon le plan stratégique de réforme de l’armée (2005), appelé Brassage, 18 brigades devaient être intégrées et formées avant les élections de 2006.
En 2004, il y a eu 285 instructeurs congolais qui ont reçu une formation (train the trainers) en Belgique et 250 au Congo. Ces derniers ont formé à leur tour d’autres congolais de la 3ème brigade. La même année a vu la Belgique renouer la formation des officiers congolais à l’ERM, après 15 ans d’interruption. Nous (JJW) faisons partie de la dernière promotion formée à l’ERM avant cette reprise ?
Toujours en 2004, 190 instructeurs belges ont formé 3.000 hommes de la première brigade à Kisangani (Brigade ITURI). La brigade a été équipée par la Belgique. Cette formation a contribué à court terme à l’amélioration de la situation sécuritaire en Ituri. Mais la corruption, l’absence des salaires, le mauvais encadrement de cette brigade par les autorités congolaises et les conditions de vie miséreuses de ces soldats ont limité l’impact à long terme. Selon le rapport d’évaluation de la RSS fait par les experts militaires belges en 2007 : La Belgique avait commis une erreur en abandonnant la brigade après la formation. Un an après celle-ci on a constaté une forte réduction de la capacité opérationnelle.[4]
En collaboration avec l’Afrique du Sud, la Belgique a formé la 3ème brigade brassée à Kamina. Elle a également équipé à peu près neuf brigades (avec tenues, jeeps, camions…).
En 2006, il y avait environ 15 brigades constituées à la suite du processus de brassage des différents groupes belligérants congolais. Après les élections de 2006, la Belgique s’est focalisée sur la formation des unités dans plusieurs brigades. Le but était que ces unités puissent contribuer à la reconstruction des infrastructures détruites. 300 stagiaires ont reçu une formation à Kalemie, dans la base militaire qui a été réhabilitée par la Belgique en 2006. Un deuxième groupe de 300 militaires congolais a été formé à Kananga entre fin 2007 et début 2008.
D’après les évaluateurs, « les formations données par les instructeurs belges sont d’une bonne qualité, mais pour augmenter la durabilité elles doivent être suivies par une formation continue et un bon encadrement des militaires. La réhabilitation des infrastructures et l’offre/la vente de matériel belge aux Congolais ont été positives, à condition que des personnes formées entretiennent les infrastructures et le matériel, et en fasse un bon usage »[5]. C’est ce que la Belgique a tenté de pérenniser dans le cadre des formations des unités de réaction rapide (URR) au Maniema, vu l’absence d’appropriation congolaise des retombées positives de ces formations.
Etat des lieux du programme de partenariat militaire avec la Belgique
L’appui belge au Congo est essentiellement axé sur la formation et ne comprend aucune contribution financière. Les activités de la Défense de la Belgique en RDC sont censées s’inscrire dans les priorités des institutions politiques congolaises de transformer ces forces en une armée nationale professionnelle, républicaine et citoyenne et dans les efforts entrepris par la communauté internationale pour promouvoir la paix et le développement en RDC. Même si du côté congolais, le manque de volonté d’opérer une réforme en profondeur des services de sécurité a été le trait caractéristique dominant de la gouvernance de Joseph Kabila depuis 2001. On en a pour preuves, l’insécurité généralisée qui s’installe aujourd’hui au pays, avec plus de 60 groupes armés ; l’incapacité de l’armée et de la police d’instaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national congolais et le manque de loi de programmation militaire essentielle pour doter l’armée d’un budget pluriannuel conséquent afin de permettre sa modernisation et la paie décente des militaires. La capacité de projection extraterritoriale des FARDC est quasi nulle[6].
La coopération militaire belge au Congo n’est pas vraiment une coopération technique militaire comme entre les années 1960 et 1990. Elle se décline plutôt en activités bilatérales sous forme de Programme du partenariat militaire (PPM) et une participation à des initiatives multilatérales. Ce programme a été initié en 2007 par la signature d’un plan d’accord (PPM) qui incluait le début de la formation du 321ème Bataillon de réaction rapide en 2008[7].
L’engagement militaire belge se fait suivant une approche 3D-LO (Defence – Diplomacy – Development, Law and Order), exigeant une approche holistique intégrée (comprehensive approach) entre la Défense, les Affaires étrangères et la Coopération au Développement. C’est dans ce cadre que la défense belge a conduit les projets Kindu et Lokandu qui sont liés à la formation des 321ème, 322ème et 323èmebataillons de l’unité de réaction rapide (URR) dans la province de Maniema dans une stratégie de sortie de la MONUSCO[8]. Ces trois bataillons sont considérés aujourd’hui par tous les experts militaires comme étant les meilleures unités des FARDC.
Le 321ème bataillon de réaction rapide a été formé entre 2008 et 2009. Malgré les problèmes logistiques, la formation du bataillon 321ème a été rapidement considéré comme un succès, non seulement parce que ce bataillon est resté intact à ce jour, mais aussi parce que Joseph Kabila a décidé de le déployer à Kinshasa, durant la période électorale de 2011, en l’utilisant particulièrement et davantage comme sa garde personnelle en vue de contenir un coup d’état que comme une unité ayant pour fonction de réaction rapide qu’il était censé remplir. L’utilisation de cette unité par Kabila à des fins personnelles a été considérée comme un signe de confiance ainsi que la preuve de l’excellente qualité de formation du 321ème bataillon. Un résultat qui satisfaisait à la fois les parties belges et congolaises, selon l’étude menée par Nina Wilen[9].
Ce succès a permis la planification rapide de la formation d’un second bataillon de réaction rapide. Le fait que les autorités congolaises ont déployé ce bataillon pour mater la rébellion des Enyele à Dongo dans la province de l’Equateur immédiatement après la formation, allant à l’encontre de l’avis de la Belgique, a été rapidement éclipsé par la réussite de sa mission. Pour les officiels belges, « le Congo est un Etat souverain, ce sont les autorités congolaises qui décident de leur déploiement. Les bataillons que nous formons sont de leur responsabilité[10]». Le 321ème bataillon a perdu environ une vingtaine de morts dans ses rangs lors de ces affrontements[11].
Le 322èmebataillon, formé entre octobre 2011 et mars/avril 2013, a été envoyé à l’est du Congo pour combattre efficacement le M23[12]. Même s’il a subit d’énormes pertes en 2012 suite à leur abandon par la hiérarchie militaire congolaise[13], il a retrouvé une efficacité en 2013, suite à son accompagnement sur le terrain par certains instructeurs belges attachés à l’état-major opérationnel à Goma comme des conseillers techniques. Le troisième bataillon de réaction rapide, le 323ème, a lui donc été formé entre mars et novembre 2013.
La formation de ces bataillons et leur état-major de la brigade de réaction rapide est également devenue le pivot autour duquel de nombreux autres petits projets sociaux sont construits. FAMIKI pour le 321ème Bataillon à Kindu et FAMILO pour le 322ème Bataillon à Lokando dans la province de Maniema, restent les principaux exemples.
Il s’agit des projets connexes qui permettent le logement de ces trois bataillons de réaction rapide dans un complexe de trois cents maisons construites dans le cadre du PPM. La rénovation de camps militaires utilisés pour la formation a également fait partie de ces derniers efforts, tout comme la formation des ingénieurs militaires (génie militaire) dans des endroits différents, qui ont ensuite été envoyés vers le site de FAMIKI pour aider à la construction des casernes[14]. La construction de ces maisons a coûté 4 millions d’euros dont 600.000 financés par le ministère belge de la Défense.
Actuellement, avant la suspension de la coopération par le régime de Kabila, la Belgique était occupée à réaliser les projets dit FAMIKILO, qui se déclinent comme suit :
Projet d’appui aux Familles des militaires des camps de Kindu (2ème phase) et Lokando.
Projet d’appui aux familles des militaires des camps de Kindu (FAMIKI II) et Lokando (FAMILO) à travers la construction et la réhabilitation des blocs de logements et l’installation d’un réseau d’eau potable dans le camp.
Début/Fin : 04 Avril 2014 – 04 Octobre 2017
Volet A : Compléter les besoins des 623 familles des militaires du 321ème Bataillon basé au camp de Lwama à Kindu. Construction de 20 blocs de logements et de leurs annexes (latrines, douches et cuisines); Mise en place de deux puits d’eau avec pompes manuelles. Formation de 50 pairs éducateurs sur le VIH/SIDA et trois séances de sensibilisation organisées au camp Lwama et ses environs.
Volet B : Remplir une partie des besoins des 623 familles des militaires du 322ème Bataillon du camp de Lokando. Sont prévus : la construction de 28 blocs de logements et de leurs annexes (latrines, douches et cuisines) qui permettront de loger 200 familles de militaires dans des conditions décentes et la fourniture d’eau potable pour toutes les familles de militaires de Lokando à travers l’aménagement et le développement d’un réseau de distribution.
Des instructeurs militaires belges pour former les commandos et l’état-major de la 31ème brigade de réaction rapide des FARDC
Outre les programmes de formation des uniétes de réaction rapide, la Belgique forme également des instructeurs Train-The-Trainers (TTT) et Coach The Trainers (CTT). Ces formations visent à permettre aux instructeurs congolais de prendre la relève des instructeurs belges.
Pour la relance de l’Académie militaire (ACAMIL), la principale contribution de la Défense belge a été de « prêter » un officier militaire supérieur et un officier subalterne comme conseillers du commandement de l’Académie militaire. Cela s’est réalisé avec la collaboration de l’EUSEC RDC, qui a financé ce projet. Une mission à laquelle la Belgique a été fortement représentée : en 2012, quatre membres de cette imposante mission de coopération multilatérale de 51 personnes provenaient de la Défense belge et trois civils du ministère belge des Affaires étrangères, donnant une indication de la façon dont la Belgique utilise le canal multilatéral pour exercer une influence au Congo. Ce, au point d’amener un belge de la mission EUSEC de déclarer : « L’EUSEC n’aurait jamais existé si la Belgique n’y avait pas fait partie[15] ».
La Belgique et l’EUSEC ont donc pris part avec succès lié à la réouverture, pratiquement 20 ans après sa fermeture en 1991, de l’Académie militaire de Kananga en 2011. C’est un point important dans la réforme du secteur de sécurité en RDC, car elle a permis la mise en œuvre d’une formation de base structurée dispensée dans un cadre approprié.
En 2008, lorsque la formation du 321ème bataillon URR a commencé, le budget PPM est monté à 13.413.000 euros, à comparer à 5.908.000 euros l’année précédente et 4.441.000 euros l’année suivante. Cependant, ce n’était encore un budget mineur en comparaison avec l’année électorale de 2006, lorsque le budget PPM a explosé à un impressionnant montant de 18,74 millions d’euros en raison des différentes formations techniques, y compris l’utilisation d’un C-130 pendant toute une année avec 18 personnels militaires pour faciliter la logistique[16].
Des instructeurs militaires belges ont également encadré entre fin janvier et fin mars 2014 la formation de l’état-major de la brigade de réaction rapide, qui sera chargé de chapeauter les trois bataillons URR formés par la Belgique. Cette formation qui s’est déroulée au camp Lwama, situé près de la ville de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema, a été dispensée par une dizaine d’instructeurs militaires belges provenant de l’état-major de la brigade légère ou médiane, basée à Marche-en-Famenne, qui ont « coaché » une trentaine d’officiers de l’état-major de la 31ème brigade de réaction rapide des FARDC[17]. L’état-major de la 31ème brigade coiffe les 321ème, 322ème et 323èmebataillons commandos des FARDC. L’objectif de cette formation est de « renforcer la structure opérationnelle des URR par une structure de commandement compétente au profit des bataillons formés par la Défense »[18].
Les militaires congolais, les premières victimes des mesures absurdes de leur hiérarchie, la Belgique n’y perd pratiquement rien !
A ce propos, dans notre ouvrage Les Armées au Congo-Kinshasa…, on faisait le constat suivant : « La Brigade ITURI a reçu une bonne formation et a été équipée et entretenue par la Belgique. Cette formation a contribué à court terme à l’amélioration de la situation sécuritaire en Ituri. Mais dès le départ des instructeurs belges, le recours aux tares génétiques perverses habituelles a vite refait surface : la corruption, l’absence de salaires et les mauvaises conditions de vie ont annihilé l’impact à long terme de cette unité. Cela a résulté une forte réduction de sa capacité opérationnelle[19].
De même, la fin de la mission EUSEC, dans sa version macro, principale contributrice financière et en ressources humaines de l’Académie militaire de Kananga a également eu pour effet, le nivellement vers le bas de la formation des officiers congolais depuis deux ans. Nous avons fait part de nos inquiétudes sérieuses quant à la survie des dispositifs mis en place par l’EUSEC au Congo après la clôture de cette mission. L’absence d’engagement politique des autorités congolaises dans la réforme de l’armée et l’absence d’une politique d’appropriation de l’assistance technique étrangère risquent de mettre en ruine quelques réalisations positives entreprises par l’EUSEC RDC[20].
C’est effectivement le sentiment manifesté par plusieurs officiers militaires qui nous ont fait état de la détérioration progressive des conditions de travail dans l’Académie militaire de Kananga qui forme actuellement environ 500 élèves-officiers et officiers. Ils craignaient que la réduction du dispositif d’appui technique de l’EUSEC à Kananga entraine l’abandon total de cette institution militaire congolaise. On y signalait une pénurie d’eau potable et le délestage quasi-total en fourniture d’électricité. Les élèves officiers ne savaient plus étudier la nuit durant laquelle l’obscurité est totale et quasi continue, alors qu’avant le départ du gros du personnel européen du dispositif de l’EUSEC, les fournitures en eau et en électricité étaient régulières. Un officier élève m’avait déclaré que « ‘les blancs’ ont laissé des bâtiments retapés impeccables mais on craint que dans un futur proche que tout soit délabré, faute d’entretien »[21].
Contrairement à une analyse assez légère et politiquement conditionnée du journal Le Soir, on peut donc affirmer que ce sont essentiellement les congolais qui sont les grands perdants de cette décision absurde, et non pas la Belgique. Cette journaliste « spécialiste » de la RDC avance ceci : « C’est dommage pour la RDC, mais aussi pour la Belgique parce qu’à travers cette coopération, l’armée belge pouvait montrer qu’elle avait une capacité de formation en milieu Africain, ce qui est toujours important à démonter dans le cadre de l’Otan. » Notons au passage que ladite journaliste, réputée pour ses écrits propagandistes et pamphlétaires en faveur de Joseph Kabila. Elle s’était en plus permise de le vanter publiquement lors d’une grande soirée congolaise au théâtre royal flamand « Schouwburg », le 13 avril 2010 à Bruxelles, que « Joseph Kabila était un grand leader visionnaire pour l’avenir du Congo, qui allait surprendre (positivement) le monde« .
La Belgique ne perdra nullement son expertise en quittant la RDC. Elle consolide déjà cette expertise ailleurs en Afrique
Il y a donc lieu de nous inscrire en faux contre cette analyse biaisée de la journaliste du quotidien belge, Le Soir, dans le seul but de mieux éclairer l’opinion, souvent abusée par un certain journalisme « coupagiste« .
En effet, tirant les leçons de l’instabilité politique et sécuritaire chronique en RDC, la Belgique travaille déjà depuis bientôt deux décennies sur d’autres terrains d’Afrique pour maintenir à un niveau très élevé son expertise africaine. C’est ce qu’elle fait déjà très activement au Benin. Un pays politiquement stable, qui ne cesse de consolider son expérience démocratique depuis plus de deux décennies. C’est dans cette optique prospective de travail à long terme par « cooperation by result » que la Belgique entretient une coopération militaire avec le Bénin depuis 1999 avec la signature, le 18 octobre 1999, de l’accord-cadre de coopération militaire entre les deux pays[22]. Depuis 2009, cette coopération se poursuit désormais suivant un plan annuel dénommé Programme de Partenariat Militaire (PPM)[23].
Il s’agit même d’un partenariat à trois gagnants : Le Benin[24], l’ONU qui est le premier gagnant car la Belgique a participé à la formation d’un bataillon léger de 450 qui a été très actif au sein de l’ONUCI, à la satisfaction de la communauté internationale et des autorités ivoiriennes, et la Belgique. Cette dernière a trouvé au Benin un cadre propice d’expression de son expertise militaire et de sa politique étrangère d’aide à la sécurité internationale, au développement et au renforcement de la démocratie à travers ce partenariat. Ce qui est loin d’être le cas avec la RDC où le régime de Kabila manifeste peu d’entrain à réformer l’armée.
Par ailleurs, ce désengagement progressif de la Belgique de la RDC fait partie des priorités du ministre belge de la Défense, dans sa note stratégique pour la défense de 2016. Cette note opère un glissement opératif belge en Afrique vers la mutualisation des efforts avec ses autres partenaires et alliés de l’ONU, l’OTAN et l’UE dans la zone sahélienne, en se désinvestissant progressivement de La RDC. A cet effet, la Belgique est très active au Mali au sein de la MINUSMA[25], commandée par un belge, le général de brigade Jean-Paul Deconinck commandant MINUSMA. Toujours au Mali, l’UE y mène une mission militaire de formation des instructteurs » : « train the trainers » et de « conseil aux formateurs EUTM » dans le cadre de European Union Training Mission (EUTM) ». Cette mission forte de 506 hommes comprend une présence belge d’environ 175 militaires jusqu’à la mi-juillet 2017.
L’EUTM est actuellement commandée aussi par un belge, le général de brigade Peter Devogelaere qui a succédé à son compatriote d’armes, le général Eric Harvent (Jul 2016-Dec 2016), notre collègue de formation à la session 2015-2016 des Hautes études de sécurité et de défense. Un autre belge, le général de brigade belge Herman Ruys, est depuis le 16 janvier le commandant de la mission européenne de formation de l’armée centrafricaine (EUTM-RCA). Contrairement au journal Le Soir, le départ belge du Congo n’entame en rien l’expertise belge africaine, si ce n’est de plonger davantage les FARDC vers une armée milicianisée et clochardisée.
Enfin, le programme de partenariat militaire actuel avec la RDC devait d’ailleurs prendre fin en octobre 2017. Plusieurs milieux politiques belges manifestaient déjà leur réticence à renouveler ce partenariat.
Selon notre avis, après la déconvenue diplomatique chaotique de She Okitundu en Belgique et dans certains pays de l’Europe (France, Allemagne et même la Russie), Kinshasa s’est laissée aller à une sorte de fuite en avant. En cible la Belgique comme son bouc-émissaire, le régime de Kabila a voulu devancé certainement la Belgique qui était sous pression des ONG (dont 11.11.111 et Pax Christi) qui plaidaient récemment pour la suspension de la coopération militaire avec la RDC[26]. Question de ne pas se faire surprendre comme avec l’annulation de la visite du Pape que le ministre Mende a voulu, de manière éhontée, faire croire le contraire par la suite pour esquiver cet affront diplomatique.
Conclusion
Depuis 2003, la Belgique s’est plutôt engagée dans la réforme de l’armée congolaise à travers une coopération bilatérale focalisée sur la formation des militaires dans différents domaines. Sur le plan européen, elle est un des grands fournisseurs de personnel pour la mission EUSEC. Entre 2004 et 2006, la Belgique a dépensé 34 millions d’euros (partenariat bilatéral) et 5,3 millions d’euros (partenariat européen).
Comme on peut le constater, en suspendant unilatéralement la coopération militaire avec la Belgique, ce sont les militaires congolais et leurs dépendants qui seront les premières victimes de cette décision insensée, faute de capacités d’appropriation (ownership) de la réforme de l’armée. Le programme de partenariat militaire belge permettait un tant soit peu de soulager le social de ces militaires reconnus comme étant les meilleurs des FARDC. Il s’agit notamment de la construction du pont Nyemba, dont les travaux sont en phase de finalisation, que la Coopération au développement avait contribué en 2006 à reconstruire, avec un crédit de 2,5 millions d’euros, pour désenclaver toute cette région sud-orientale du pays. Le départ des belges va à coup sûr provoquer le même effet que celui vécu par la première brigade FARDC formée à Ituri lors du brassage. Laquelle brigade, après le départ des belges, s’est retrouvée dans un état de décomposition indescriptible, illustrée plus haut. Cette décision d’une extrême irresponsabilité est une preuve ultime du manque de volonté politique du régime de Kabila de doter la RDC d’une armée réformée et moderne, casernée dans des conditions de vie décentes et conformes à la dignité humaine. Ce, d’autant que les militaires congolais sont mal et irrégulièrement payés. Avec l’absence d’appropriation des actions de réforme des FARDC, on est en droit de se poser les questions suivantes : qui va reprendre, par exemple, l’école de génie à Likasi? Subira-t-)elle le même sort que l’AcaMil de Kananga? Quel sort pour des officiers congolais qui suivent actuellement en Belgique leur formation de 2ème et 3ème cycle ? Vont-ils être renvoyés au Congo par cette décision? Nous avions vécu la même frustration en 1991, à l’ERM, lorsque Mobutu avait pris une décision similaire et en savons quelque chose !
L’histoire du Congo semble être un éternel recommencement. Nous savons tous dans quel état étaient restées les FAZ de Mobutu à la suite des fermetures de l’EFO Kananga, du centre de formation des commandos de Kotakoli pour la DSP ou de l’arrêt de la coopération militaire française qui encadrait les prestigieux paracommandos du Centre d’entrainement des troupes aéroportées (CETA), les bérets rouges du feu général Donatien Mahele, la bête noire du FPR rwandais, à Ndjili.
Notons enfin que cet ultime départ des militaires belges du Congo survient quelques mois après le retrait des militaires et instructeurs angolais de la RDC, en signe de mécontentement des autorités angolaises des répressions des manifestants par l’armée et la police congolaise le 16 septembre 2016.
Comme Dr Nina Wilen, il y a lieu de conclure que « Tintin is no longer in the Congo » !
Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
Dans la même thématique, lire aussi : Le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem, en visite en RD Congo – http://afridesk.org/fr/le-ministre-belge-de-la-defense-pieter-de-crem-en-visite-en-rd-congo/#sthash.PhfOGYVH.dpuf
Références
[1] http://www.lalibre.be/actu/international/kinshasa-suspend-la-cooperation-militaire-belge-58f06304cd70e80512d619ee.
[2] JJ Wondo Omanyundu, Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, pp. 69; 84 ; 117. On peut y lire notamment : « La formation des jeunes officiers congolais en Belgique entamée dès la fin de la période coloniale, principalement à la prestigieuse Ecole Royale Militaire (ERM), touche à sa fin. En juillet 1963, 380 officiers sont déjà rentrés de Belgique, 300 autres suivent encore des cours.
[3] Dr Kabamba, Bob, Et demain, le Congo ?» in La IIIe République Démocratique du Congo. Un nouveau régionalisme, Éditeur responsable: Pierre Verjans, Boulevard du Rectorat, 7/B.31, 4000 Liège, Belgique, 2005, pp.6-7.
[4] JJ Wondo Omanyundu, Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, p.320.
[5] JJ Wondo Omanyundu, Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, p.320.
[6] JJ Wondo O., L’armée Congolaise est-elle réellement la 10ème armée la plus puissante d’Afrique, DESC, 27 juin 2016. http://afridesk.org/fr/les-fardc-sont-elles-reellement-la-10eme-armee-la-plus-puissante-dafrique-jj-wondo/.
[7] Nina Wilén, Tintin is no longer in the Congo – A Transformative Analysis of Belgian Defence Policies in Central Africa, RMA, Bruxelles, 2014, pp. 56-57.
[8] JJ Wondo O., Les Forces armées de la RDC : Une armée irréformable ? », 2015
[9] Nina Wilén, Tintin is no longer in the Congo – A Transformative Analysis of Belgian Defence Policies in Central Africa, RMA, Bruxelles, 2014.
[10] Nina Wilén, Nina, Ibid. p.59.
[11] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, op. cit., 2013.
[12] Nina Wilén, Op. Cit. p.62.
[13] Le 322ème bataillon de réaction rapide a été déployé dans le Nord Kivu. Il s’est bien défendu contre le M23, malgré les contraintes structurelles décadentes généralisées au sein des FARDC : manque de logistique conséquente de combat, manque de munitions etc. Selon une source proche de l’Etat-major de la Défense belge qui a requis l’anonymat, sur 320 éléments du 322ème bataillon engagés dans les combats au Nord-Kivu, 158 sont portés disparus dont la plupart ont été tués lors des combats. In JJ Wondo, op. cit. p. 451.
[14] Nina Wilén, Ibid. p.62.
[15] Nina Wilén, Ibid. pp .63-64.
[16] Nina Wilén, Ibid. pp. 57- 58.
[17] Xinhua, Des instructeurs militaires belges pour la formation de l’état-major d’une brigade de l’armée de la RDC, 16/01/2014.
[18] Xinhua, Ibid.
[19] JJ Wondo Omanyundu, Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, pp.299-300.
[20] Wondo Omanyundu, JJ, Les Forces armées de la RDC : Une armée irréformable ? 2è Ed, 2015.
[21] JJ Wondo, Les militaires congolais et l’académie militaire de Kananga toujours à l’abandon, 15 Janvier 2015. http://afridesk.org/fr/les-militaires-congolais-et-lacademie-de-kananga-toujours-a-labandon-jj-wondo/.
[22] Cet accord a été renforcé par la signature, le 22 mai 2001, d’un arrangement particulier qui définit les conditions de sa mise en œuvre.
[23] http://www.ambassadebenin.be/cooperation/militaire/.
[24] L’objectif essentiel de cet accord-cadre est de permettre au Bénin de faire des Forces Armées Béninoises un véritable outil performant de défense et de sécurité, de développement, de consolidation de la démocratie au plan national et de consolidation de la paix au plan sous-régional et continental.
[25] Mission multidimensionnelle intégrée des N.U. pour la stabilisation au Mali.
[26] 11.11.11 demande la suspension de la coopération militaire avec la RDC. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_11-11-11-demande-la-suspension-de-la-cooperation-militaire-avec-la-rdc?id=9556206.
3 Comments on “La décision insensée du régime de Kabila de suspendre le partenariat militaire avec la Belgique – JJ Wondo”
GHOST
says:¤ ALGORITHME D´UNE COOPERATION MILITAIRE..
Selon Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Algorithme un algorithme est une méthode Générale pour résoudre un ensemble de problèmes. Il est di « correct » lorsque, pour chaque instance du problème, il se termine en produisant la bonne sortie, c´est-á-dire qu´il résout le problème posé.
le « problème posé » de l´armée au Congo est constitué d´une absence des infrastructures modernes (bases, casernes), des équipements militaires modernes (avions, hélicoptères, artilleries, drones, système d´armes modernes), d´uniformisation des formations modernes, et d´une absence d´une traité de Défense avec l´UE, l´OTAN ou n´importe quelle puissance militaire planètaire*
Selon Wikipedia, « Un algorithme sera dont dit performant s´il utilise avec parcimonie* les ressources dont il dispose,… Or l´algorithme de la cooperation militaire Belge semble ne pas avoir utilisé les ressources dont dispose la Belgique comme pays membre de l´OTAN et de l´UE*
Il suffit de comparer la présence militaire Belge dans la mission militaire de l´UE/OTAN/ONU au Mali. L´armée Belge participe dans une mission militaire qui beneficie des « ressources » militaires de l´OTAN et de l´UE. Ainsi, cette mission militaire possede assez des ressources pour garantir la performance*
¤ REALISME
La rupture de la cooperation militaire Belge au Congo quand le président Kabila s´avance vers la fin de son pouvoir devrait-être une occasion d´évaluer ce genre de « cooperation militaire » qui ne semble pas apporter á l´armée congolaise des solutions á long temps, et pire la mise en place d´une capacité de défense performante*
Cette rupture devrait sans doute laisser un vide que les prochains dirigeants congolais devraient combler avec un TRAITÉ DE DÉFENSE digne de ce nom où ils vont engager la RDC dans une rupture vers plus d´éfficacité.
La Belgique devrait-être le pays qui « ouvre » les portes de l´UE et de l´OTAN pour afire accèder la RDC á une traité de défense capable d´aider á la formation de l´armée nationale, á accèder aux équipements militaires modernes, á un financement de la construction des infrastructures militaires qui va inciter les congolais éduquer á s´engager dans l´armée.
Nous devons faire de cette « rupture » une occasion de réflechir, de faire une évaluation et pourquoi pas imaginer l´avenir autrement?
GHOST
says:TIRER PROFIT DE CETTE RUPTURE ?
http://www.rfi.fr/afrique/20161207-solutions-africaines-probleme-securite-forum-dakar-paix-terrorisme-armees
Au Congo, il ne suffit pas d´une « cooperation » militaire qui reprend les mêmes approches depuis plus de 30 ans..Il ne suffit pas de deplacer le centre de formation commando de Kota Koli á Kindu…Au contraire, le besoin primordial des conditions sociales de TOUS les membres des FARDC doit-être la première priorité dans une cooperation militaire au Congo.
Une évaluation lucide de l´EUSEC démontre que cette mission militaire de l´UE n´a pas été á l´hauteur des attentes des congolais* Ce que les militaires congolais ne peuvent pas comprendre comment 28 pays membres de l´UE n´ont pas compris qu´il fallait construire des grandes bases militaires nouvelles ( Kindu, Kisangani, plateau de Bateke pour Kin) et moderniser Kamina et Kitona, avant de commencer á parler d´une « formation d´une armée républicaine » au Congo?
En toute logique, le recrutement des troupes depend des capacités logistiques des infrastructures qui peuvent loger ces troupes. Tout comme des contracts des importations des équipements militaires devraient preceder les formations ou le transfert des connaissances*
En terme de « cooperation », le vide que laisse la Belgique devrait servir á revoir les ambitions des futurs dirigeants de la RDC. Les militaires congolais ne peuvent pas subir des formations sans une capacité de les loger pendant et après ces formations*
Une fois de plus, il ne suffit pas de former au Congo, le besoin primaire est constitué de la solution á apporter aux conditions sociales des militaires*
Jean-Yves Le Drian (ministre de la Défense en France) affirme que » il ne suffit pas de former. Si on sort un bataillon aprés la formation et qu´il n´a pas d´équipement l´effort de formation lui-même est caduc »
http://www.jeuneafrique.com/381155/politique/forum-dakar-armees-africaines-jugees-equipees-face-aux-jihadistes
Où sont les équipements de ces bataillons de réaction rapide? Où sont les casernes pre-positionées dans les zones á haut risque où sont logés ces bataillons?
La perte de la cooperation militaire Belge devrait servir á elargir la réflexion des leaders politiques congolais en matière de Défense. Et une évaluation lucide de toutes les formes de cooperation militaire au Congo depuis plus de 10 ans devrait aider les leaders congolais á admettre que sans signer un « traité de Défense », sans une vision globale de la situation sécuritaire de la RDC, nous allons retomber dans les insuffisances qu´on observe aprés la fin de la cooperation militaire du genre EUSEC ou avec la Belgique*
GHOST
says:¤ LES CONGOLAIS EN PANNE D´AMBITION EN MATIERE DE DEFENSE ?
C´est la grande question qu´on se pose en lisant les articles sur la rupture de la cooperation militaire entre la Belgique et la RDC*
Il ya le silence étrange de la classe politique, opposition ou majorité au pouvoir…comme si cette question de la rupture avec l´un des paternaires le plus fiable depuis l´indépendance n´est pas si importante quand les critiques contre la mission militaire de l´ONU au Congo augmente..et la RDC risque de perdre la seule « dissuasion » crédible face aux ambitions des pays voisins si la Monusco se retire du Congo*
L´autre silence en provenance des ONG et de la diaspora (en général) surprend aussi..Comme si en 20 ans de guerre permanente, les congolais ne se soucient pas de la sécurité et de la défense et l´intégrité de leur pays.
Pour quelle raison, ni la classe politique, ni surtout la diaspora (qui réside dans des pays où les questions de la défense et la sécurité sont traitées dans les medias tout le temps) ne possedent une ambition visant á « depasser » l´idée d´une défense de la RDC basée sur une configuration héritée de la Force Publique?
Pour quelle raison les congolais ne peuvent pas imaginer une autre configuration qui rendrait prioritaire la protection des frontières nationales, la pre-positionement des forces dans des bases militaires nouvelles á l´Est face aux pays voisins pour qui l´instabilité du Congo est une posture dont ils tirent benefice?
Sommes-nous réellement en panne d´ambition en matière de défense?