Jean-Jacques Wondo Omanyundu
GÉOPOLITIQUE | 11-05-2014 21:14
8303 | 0

La crise entre les deux Congo : A qui profite le crime? – Timothée Tshaombo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

La crise entre les deux Congo : A qui profite le crime?

Par Timothée Tshaombo Shutsha

Braz -rdc_1_0

Les relations entre les deux Congo dont les Capitales sont les plus proches au monde ne sont plus au beau fixe depuis le déclenchement début avril dernier, de l’opération de refoulement dénommée « Mbata ya Bakolo« , en français gifles des ainés« ,, organisée par le Congo Brazzaville, opération qui  visait au départ, tous les étrangers en situations irrégulières, mais qui a tournée à là la chasse aux ressortissants du Congo Kinshasa vivant à Brazzaville.

Mise au point

1. Des accords

Point n’est besoin de rappeler que les rapports sociologiques depuis des siècles qu’entretiennent les populations d’Afrique, ici le cas de deux Congo et de l’Angola, ont obligé les dirigeants de ces pays à signer des accords qui déterminent les domaines de collaboration et coopération sur certaines questions, dont notamment la facilitation des échanges commerciaux entre les petits peuples, sans empiéter sur  la souveraineté de chaque Etat de la Région. Que toutes les décisions prises par l’une ou l’autre partie en toute indépendance, qui visent l’une ou l’autre disposition desdits accords, et qui touchent le peuple d’un Etat-Membre, devraient être préalablement communiquées aux autorités du pays concerné pour toutes fins utiles. On note ici, que le Congo Brazzaville ne l’a pas fait, comme d’ailleurs l’Angola depuis toujours.    

2. La charte internationale des droits de l’homme violée

Sur ce volet, il convient de noter que les ressortissants du Congo-Kinshasa sont victimes de toute sorte d’exactions, extorsions et lynchages lors de ces opérations. La manière indigne et infrahumaine dont ces expulsions ont été opérées, n’a respecté aucune règle des droits humains prévue lorsqu’un Etat, à travers son administration chargée de l‘immigration et des étrangers,  doit procéder au refoulement des ressortissants étrangers illégaux sur son territoire. Plus d’un observateur parle d’assassinats, étouffements, viols, violences, tueries des enfants dont les parents sont expulsés ou morts et enterrés discrètement…des crimes et traitements inhumains ostensiblement proscrits par la charte universelle des droits de l’homme et punissables par la Cour Pénale Internationale.

Comment expliquer le silence qu’observe CHAQUE FOIS la communauté internationale, avec toutes les agences humanitaires de Nations Unies œuvrant dans la promotion et la  protection des droits humains quand c’est le Congo qui est victime? En RDC, se trouve la plus grande mission des Nations Unies au monde, mais qui ne dit mot sur ce que plus d’une ONG Congolaise qualifient de terrorisme d’Etat. D’autre part, l’indifférence générale manifestée par les rédactions des médias occidentaux à cette crise humanitaire de grande ampleur, qui à ce jour expose la vie de plus 72.731 personnes aux intempéries de toutes natures, et ce, aux yeux du monde entier. Par ailleurs, que ce soit pour cette crise entre les deux Congo, comme l’enlèvement massif des jeunes étudiantes perpétré par Boko Haram au Nigéria, il n’y a aucune déclaration d’aucun Chef d’Etat Africain entendue jusque-là pour soit condamner soit proposer une solution…comme s’ils en ont tellement vus, au point qu’ils en deviennent insensibles.

3. Vérités Historiques

Le Congo Kinshasa ex-Zaïre porte légitimement son nom CONGO depuis des siècles pour trois réalités indéniables, à savoir: son fleuve qui prend sa source du Sud du pays au Katanga, marque son territoire par un contour naturel précis, et se jette dans l’Océan Atlantique à l’Ouest du Pays dans le Bas-Congo; ensuite avec trois provinces dont les autochtones sont Né-Kongo,(dont la forme coloniale  en français prend la lettre C au lieu de K), autour du célèbre Royaume Kongo et dont les populations s’étendent dans la province du Bas-Congo, Bandundu et Kinshasa, la Capitale. Enfin, ces deux réalités ont influé sur l’octroi du nom Congo depuis le 17ème et le 18ème siècles. Puis arriva l’époque coloniale qui n’a que confirmé cette réalité en 1885, Etat indépendant du Congo, jusqu’au Congo Belge, puis Zaïre avec Mobutu qui a institué la fête des 3Z, Zaïre notre Pays, Zaïre notre monnaie et Zaïre notre Fleuve. A chaque mutation politique, ces trois réalités suivent la RDC, qui confère à ce pays un culte et une identité nationale. Le Congo Kinshasa n’est pas dans un panier d’une zone monétaire commune. Il est en lui-même une zone et une évidence à part entière. Ce n’est pas pour rien qu’on le qualifie de sous-continent. Les archives sont encore disponibles pour le confirmer.

4. Le silence étrange des autorités de Kinshasa et le manque d’élan de solidarité populaire

Sous autres  cieux, face à des situations de crises et catastrophes naturelles, les autorités, la classe politique et l’ensemble  de la nation a  toujours eu l’occasion d’afficher à la face du monde leur identité. Mais l’humiliation que subisse en ce moment les Congolais par cette opération, est doublée par le silence de Joseph Kabila comme toujours et de son gouvernement. Aucune mesure d’Etat n’est prise même à titre provisoire jusque-là,  à l’égard du Congo d’en face. Aucune véritable initiative de solidarité populaire n’est visible de la part de la classe politique et de la société civile. Où est le patriotisme?

Tenez : Si tous les congolais majeurs donnent 500 francs Congolais, soit 0,5 dollars, dans un mois on récolterait plus de 30 million de dollars qui aiderait les refoulés de Brazzaville serraient récolté, sans recourir à la caisse de l’Etat, si elles sont vidées, moins encore aux agences humanitaires en RDC. Mais les politiques serraient en ce moment préoccupés par leur devenir après le passage de John Kerry…

A qui profite le crime?

La crise entre les deux Congo ne pas identitaire mais politique. Elle est la résultante soit d’un leadership en quête d’un repositionnement ou d’une crainte de déstabilisation de l’un contre l’autre.

Des similitudes

Les deux Chefs d’Etats se trouvent quasiment dans le même contexte politique. Joseph Kabila du Congo Kinshasa et Denis Cassou Nguesso du Congo Brazzaville sont en fin mandat en 2016 et ne peuvent plus, au regard des constitutions de deux pays, se représenter aux prochaines élections présidentielles. Or, à Brazzaville comme à Kinshasa, la révision de certaines dispositions des textes est à l’ordre du jour afin de reconduire les deux Chefs d’Etats au pouvoir, en violation flagrante de leurs constitutions. Il ne pas exclu pour les uns et les autres d’échanger des informations et  de recourir  en même temps à des stratégies et méthodes identiques, afin de ressusciter un faut sursaut d’orgueil patriotique  pour conserver illégalement le pouvoir. La traque et le musèlement des opposants dans les deux rives du fleuve Congo en est une preuve testimoniale.

Des craintes

Il faut noter pour le besoin de l’histoire, que la plupart des anciens dignitaires civils et militaires du régime de Mobutu ont trouvé refuge et exil au Congo Brazzaville. Il faudrait ajouter sur cette liste les insurgés Enyele Etoko de la province de l’Equateur ainsi que les éléments du Général Faustin Munene, soupçonné d’avoir voulu renverser Kabila entre 2011 et 2012 et dont certains médias ont annoncé à tort pour mort. Il y a enfin le Pasteur Mukungubile  dont les hommes ont attaqué, au mois de décembre 2013, certains sites stratégiques à Kinshasa,  (la télévision nationale, l’Etat-major Général de l’Armée, l’aéroport international de Ndjili) ainsi que dans le Maniema et le Katanga.

Certaines informations issues des services du Congo Kinshasa indiquent qu’il y aurait bruit de bottes dans les hauts plateaux de Bateke du coté de Brazzaville et qui, déboucherait à la traversée,  exactement dans la commune où se trouve  la grande ferme du Président Kabila, à Kingakati, à 70 Km du centre-ville Kinshasa, devenue lieu de décision et Résidence…pour lui sûr…Ceci ne donne plus du sommeil au Raïs Kabila, devenu en même temps invisible la nuit selon nos sources, en sa résidence officielle situé sur la Rue Uvira, résidence au bord du fleuve Congo et située en face du du Congo Brazzaville, où se trouvent tous ses opposants et/ou ennemis armés…alors que la route de sa ferme serait déjà infiltrée par ces mêmes éléments non identifiés. Ceci aurait poussé le Raïs Congolais à demander le refoulement de tous ses compatriotes se trouvant au Congo Brazzaville pour mieux les contrôler à Kinshasa.

Cette opération ne serait-elle pas une stratégie concertée entre les deux Etats pour traquer les opposants de Kinshasa qui ont trouvé asile à Brazzaville? Le cas de l’assassinat d’Udjani, Roi d’Enyele en est-il le second pas?

Un Centre de transit à Maluku pour les refoulés de Brazzaville

A l’heure actuelle, un centre de transit serait en préparation par les Ministères de l’intérieur et des Affaires sociales de la RDC,  afin d’accueillir les refoulés de Brazzaville. Pourquoi le choix de Maluku? Notre source à Kinshasa indique que ce site isolé permet aux services spéciaux d’identifier chaque résident du centre, car des infiltrations des personnes suspectes seraient signalées. Pour rappel, ‘est à Maluku que furent cantonnés les troupes de Bemba pour les éloigner de la capitale.

Est-ce Joseph Kabila sentirait-il sa fin approcher pour l’amner à s’agiter ainsi? Seul l’avenir nous en dira plus.

Timothée TSHAOMBO SHUTSHA

Journaliste et Analyste politique

0

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

This panel is hidden by default but revealed when the user activates the relevant trigger.

Dans la même thématique

DROIT & JUSTICE | 23 Sep 2025 12:07:02| 165 0
RDC : Jean-Jacques Wondo dépose plainte en Belgique pour menace de mort
Il y a dix jours, un journaliste congolais critique du régime Tshisekedi a été violemment agressé à Tirlemont. “Les menaces… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 23 Sep 2025 12:07:02| 1193 0
L’ombre structurante de Heritage Foundation sur la RDC : Une paix minée par des intérêts stratégiques et personnels
Résumé: Cet article examine l’accord tripartite signé le 27 juin 2025 entre les États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC)… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 23 Sep 2025 12:07:02| 890 4
Le Rwanda et sa victoire silencieuse à l’Est de la RDC
Cet article a été initialement publié en par Makangola et traduit en français. L'article original en portugais se trouve ici.… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 23 Sep 2025 12:07:02| 728 0
Vient de paraître : « The Handbook of African Defence and Armed Forces »
https://academic.oup.com/book/59717 Enfin, le livre de référence sur les politiques de défense africaines est publié après plusieurs années de travail scientifique… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK