La coalition FCC-CACH : un obstacle pour déboulonner le système en place
Par Jean-Bosco Kongolo
Déboulonner la dictature et ses antivaleurs pour instaurer la démocratie et l’État de droit, c’est ce qui a toujours symbolisé le combat mené par l’UDPS durant 37 ans dans l’opposition. Dans l’euphorie de la fuite du Maréchal Mobutu, le 16 mai 1997, les Zaïrois de l’époque et les partisans de l’opposition avaient candidement cru que l’AFDL avait accompli ce job à leur place alors qu’en prenant les armes, les aventuriers de ce conglomérat avaient autre chose dans leurs têtes : piller systématiquement les ressources naturelles du pays, à défaut de balkaniser ce sous-continent riche en minerais stratégiques fort prisés par l’industrie mondiale de haute technologie. La méfiance du peuple congolais à leur égard les poussa peu à peu à élargir leurs rangs y intégrant aussi bien des anciens mobutistes exilés que des opposants opportunistes qui ne cherchaient pas mieux que de se placer du côté des plus forts pour garantir leur place autour de la mangeoire.
Tous les 21 ans de règne de Joseph Kabila, jusqu’aux élections du 30 décembre 2018, n’ont été caractérisés que par la logique et la détermination d’anéantir, grâce au débauchage, l’opposition, incarnée par l’UDPS.
Comme en 1997, les Congolais ont majoritairement et surtout précipitamment cru que la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, désignant Félix Tshisekedi Président de la République, suffisait pour débarrasser le Congo du système dictatorial ou des antivaleurs tant décriées. L’euphorie passée, les Congolais, en commençant par la base de l’UDPS, commencent à comprendre que l’alternance tant souhaitée n’a pas eu réellement lieu et que le système dictatorial, avec ses antivaleurs, est toujours en place[1]. Des États-Unis où il se trouvait dernièrement, le Président de la République lui-même a déclaré qu’il était là pour déboulonner le système dictatorial en place. Au regard de l’occupation de l’espace institutionnel national et provincial par ceux-là même qui ont incarné les antivaleurs dont parle Félix Tshisekedi, tout le problème est de savoir comment se fera ce travail de déboulonnage alors que CACH est allié au FCC pour la gouvernance. La présente analyse examine les écueils de ce combat d’apparence légitime.
1. FCC-CACH : mariage d’intérêt ou de raison?
Jusqu’à ce jour, personne n’a pu mettre la main sur un document « écrit » qui lierait les deux plates formes électorales, devenues à ce jour une même famille politique. Néanmoins, plusieurs faits et actes ne laissent plus de place à un quelconque doute quant à ce, plus précisément en ce qui concerne l’existence d’une coalition. De manière non exhaustive, il y a eu d’abord ces célèbres et surprenants propos du nouveau Président de la République, tenus lors de sa prestation de serment, demandant au peuple congolais de ne plus considérer son prédécesseur comme un adversaire mais plutôt comme un partenaire dans la gouvernance. Dans l’euphorie de voir un ancien opposant, en l’occurrence le leader de l’UDPS, accéder à la magistrature suprême à l’issue d’une élection de tous les dangers, très peu de Congolais n’étaient en mesure de soupçonner que sans réellement partir, Joseph Kabila et ses collaborateurs avaient déjà posé les jalons de récupération du pouvoir à travers les institutions autres que le Président de la République.
Depuis lors, plusieurs autres faits et déclarations/communiqués se sont multipliés indiquant clairement la volonté des leaders, jadis chiens et chats, d’œuvrer ensemble. Pour n’en citer que quelques uns, il y a eu des visites réciproques de Joseph Kabila et de Félix Tshisekedi Tshilombo à Kingakati et à la Cité de l’Union africaine, la déclaration commune FCC-CACH annonçant officiellement la naissance de la coalition et, tout récemment à Kinsantu, un mini-conclave ayant réuni quelques ténors des deux camps, dont Jean-Marc Kabund et Azarias Ruberwa, pour discuter du partage des postes au sein du futur gouvernement. « Dans un communiqué conjoint signé par Néhémie Mwilanya, coordonnateur du FCC et Jean-Marc Kabund, président intérimaire de l’UDPS (CACH), ils recommandent ainsi à l’autorité morale du FCC, le président honoraire Joseph Kabila, « d’accomplir les devoirs de sa charge permettant au Chef d’État de procéder à la désignation du formateur du gouvernement. Soucieux de préserver, dans l’intérêt supérieur de la nation, les acquis de l’historique passation pacifique du pouvoir qui a eu lieu le 24 janvier 2019, de conforter le climat ambiant de paix ainsi que la stabilité du pays, FCC et CACH annoncent la constitution d’une coalition ».[2]
Au sein de l’UDPS, parti le plus visé et concerné par cette coalition eu égard à sa longue lutte pour le changement, beaucoup de partisans ont évité de mettre sur la balance les résultats électoraux à tous les niveaux pour se poser la question de savoir à l’avantage de qui cette coalition prenait naissance. Par fanatisme ou simplement dans l’espoir chimérique d’aller occuper des postes, certains se sont improvisés juristes et constitutionnalistes pour soutenir, via les réseaux sociaux, que la majorité parlementaire n’était pas identifiée pour laisser au FCC la latitude de présenter le candidat Premier Ministre. D’autres, s’appuyant notamment sur les pressions américaines rejetant la candidature d’Albert Yuma, ont même prétendu que le Président de la République pouvait désormais nommer qui il veut au sein de cette coalition. Les seules voix audibles et virulentes contre cette alliance ont été celles de la base et de la jeunesse de l’UDPS, voyant en cette coalition une absorption pure et simple de leur parti. « La Ligue des jeunes de l’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi, tape du poing sur la table. Ils appellent leur président à cesser toute négociation et contact avec le Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de l’ex-président Joseph Kabila, accusé de faire barrage à l’action gouvernementale. »[3] Peine perdue pour la base et la jeunesse de ce parti, la coalition dénoncée étant désormais consolidée par la désignation de Jean-Marc Kabund, dans un pur style du MPR, deuxième vice-président de l’Assemblée nationale. S’exprimant sur le ticket Jeannine Mabunda et Jean-Marc Kabund, les jeunes de l’UDPS semblent se résigner devant le fait accompli pour admettre que « ce duo renforce la coalition entre le Front commun pour le Congo (FCC) ET cap pour le changement (CACH) de Félix Tshisekedi. Nous saluons cette démarche parce qu’elle respecte les principes d’une coalition. »[4]
Invité du journal de France 24 du mercredi 24 avril 2019, Vidiye Tshimanga, porte-parole du Président de la République, a lâché que « la seule façon de servir le peuple est de composer avec le FCC qui a une majorité écrasante au Parlement. » Pour sa part, Jean-Marc Kabund, « nommé » Vice-président de l’Assemblée nationale, a eu ces mots pour exprimer sa gratitude au Président de la République et à son prédécesseur : « Permettez-moi honorables députés et chers collègues de saluer le courage, la force de conviction ainsi que le sens patriotique de deux acteurs politiques majeurs de notre pays. En l’occurrence, le président de la République et chef de l’État, monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et son prédécesseur monsieur Joseph Kabila Kabange. Nous avons un exemple typique et historique de deux personnalités politiques d’envergure qui n’avaient jamais envisagé jusqu’il y a peu, la possibilité d’unir leurs efforts et œuvrer ensemble malgré leur vision politique parfois inconciliable, et ont été mis devant leur responsabilité historique d’opérer un choix entre la cohabitation et la coalition. »[5]
Combien de temps cette idylle durera-t-elle sans que l’UDPS se fasse complètement absorber? Sur ce terrain politique, qui et sur base de quoi peut rassurer le peuple congolais que désormais les leaders/partenaires regardent dans la même direction, de bonne foi et sans agendas cachés ?
2. Marcher sur les œufs pour déboulonner des antivaleurs des régimes précédents
Tout le monde a suivi le Chef de l’État déclarant, à partir des États-Unis, sa volonté de déboulonner le système dictatorial en place. Au regard du contexte politique postélectoral et des pressions extérieures, personne n’a eu besoin d’explication pour comprendre de quoi et de qui il s’agissait. Pour preuve, ce sont les alliés du Chef de l’État qui se sont sentis morveux et qui n’ont pas tardé à se moucher par un communiqué dénonçant le caractère « conflictogène » des propos du Président de la République : « Dans un communiqué du 07 avril 2019, le Front Commun pour le Congo (FCC), regrette la teneur de certains propos militants tenus par le Chef de l’État lors de son séjour aux États-Unis d’Amérique, sollicitant l’appui d’une puissance étrangère pour « déboulonner le système dictatorial en RDC.
Ainsi, face à toutes ces affirmations gratuites, prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, convaincu de la nécessité de la responsabilité de tous les acteurs politiques, il en appelle solennellement et publiquement à une attitude constructive et non conflictogène de tous pour qu’ensemble nous puissions hisser la RDC à la hauteur des attentes du peuple congolais; demande au Chef de l’État de faire de son possible pour que toutes les institutions soient installées et qu’elles deviennent opérationnelles dans l’harmonie et réitère son engagement à contribuer pour le bon fonctionnement de la coalition FCC-CACH, gage de la stabilité et le développement du pays. »[6]
Le Chef de l’État s’est-il rendu compte d’être allé loin dans ses propos au point de faire un rétropédalage pour rassurer ses partenaires ? A chacun de juger sa mise au point : « Dans une interview diffusée à ce sujet par la Voix de l’Amérique ce mardi 09 avril, Félix Tshisekedi précise qu’il s’agit des mauvaises pratiques du passé auxquelles il fait allusion et non des individus. « Je veux m’attaquer à tout ce qui a avili le citoyen congolais et qui a contribué à affaiblir le développement de notre pays. Toutes ces antivaleurs de corruption, de violation des droits de l’homme, de brimades, toutes ces habitudes qui consistaient à traquer les opposants parce qu’ils avaient émis un son contraire par rapport aux autorités du pays, si nous allons dans cette coalition avec le FCC, c’est autour de ces principes que je viens de vous étayer ici. Ce n’est pas autour de ce qu’ils faisaient avant. »[7]
Depuis lors, beaucoup d’encre et de salive ont coulé, particulièrement sur les réseaux sociaux où des internautes, sans tenir compte des conséquences politiques de l’alliance de plus en plus renforcée entre FCC et CaCH, affichent un optimisme surdimensionné quant à la capacité de Félix Tshisekedi de déboulonner le système dictatorial en place. Sous peine de décevoir le peuple, qui a fait sien ce combat et qui en attend les résultats, le Président de la République devra le prouver par les actes. C’est pourquoi, nous nous sommes donné le devoir d’examiner aussi bien les atouts entre ses mains que les obstacles qui risquent de réduire ses propos en un simple slogan.
3. Les atouts et les obstacles au programme de déboulonnage
Ceux qui ont pu lire notre dernière rédaction, sous le titre de « Nouvelle opposition au Congo-Kinshasa : contre quoi et comment » se souviennent que nous avions déjà abordé ce sujet en posant la question de savoir si le nouveau Président de la République avait des atouts pour déconstruire le système Kabila[8]. Nous avions pour cela distingué les atouts d’ordre juridique de ceux d’ordre politique.
De tous ces atouts qui avaient été invoqués, deux méritent qu’on y revienne au regard de l’évolution de la situation sur terrain. Il s’agit du capital populaire dont il jouit encore et du pouvoir judiciaire, comme ultime rempart contre les antivaleurs érigées en système de gouvernance.
3.1. La confiance du peuple a ses limites
Plus de quatre mois après la proclamation des résultats des élections, le Congo est toujours sans gouvernement et vit une situation atypique où, en attendant la sortie du nouveau gouvernement, le nouveau Président n’a d’autre choix que de collaborer avec des ministres de son prédécesseur. Pour marquer sa présence et surtout faire ressortir la différence avec l’ancien régime, le programme d’urgence de 100 premiers jours a été une bonne stratégie pour occuper le Président de la République durant cette longue transition dont les leaders de la nouvelle majorité parlementaire connaissent les secrets. Suivant l’adage bien répandu dans la culture congolaise et selon lequel « Celui qui épousera ma mère, sera mon père. », le peuple se tient majoritairement loin des débats politiciens sur la crédibilité des élections et la légitimité des animateurs des institutions. Ce qui le préoccupe, ce sont ses aspirations à la paix, à la sécurité, à la santé, à l’éducation des enfants, à l’emploi, à l’alimentation saine. Jusque-là donc, le peuple est patient et comprend parfaitement bien que ce sont des tâches dévolues au gouvernement.
En attendant, il se contente d’observer et d’apprécier les premiers résultats d’exercice présidentiel notamment en ce qui concerne la décrispation de l’espace politique (libération effective des prisonniers politiques), la réfection de quelques tronçons de routes et la reddition de quelques chefs de groupes armés. Des éléments sont suffisamment réunis pour espérer mieux, surtout avec un gouvernement débarrassé des antivaleurs du passé, incarnées par des homes et des femmes qui ont fait de la politique leur carrière exclusive depuis des décennies. Par toutes sortes de pratiques immorales et en complicité avec la CENI, ces hommes et ces femmes, majoritairement présentes dans toutes les institutions nationales et provinciales, sont cependant des alliés du Chef de l’État pour la gouvernance. Est-ce cela qui explique la recherche par lui d’un oiseau rare qui dirigera le gouvernement et de ses collaborateurs qui le composeront ?
A cause de cette alliance plutôt d’intérêts que de raison entre le FCC et Cach, la solution n’est pas aussi simple que le commun des mortels pourrait l’imaginer. D’une part, il n’est pas certain que les nouveaux animateurs des institutions seront des saints et d’autre part, la probabilité est très élevée de revoir un gouvernement de taille éléphantesque comme celui du feu Antoine Gizenga. Dans le premier cas, les signaux négatifs sont venus du tout nouveau Vice-président de l’Assemblée nationale, Marc Kabund, affirmant dans une vidéo et devant les militants que la collaboration avec les partenaires du FCC est nécessaire pour chercher l’argent afin, entre autres, « de bâtir un immeuble de dix étages pour le parti »[9]. Dans le deuxième cas, les institutions politiques congolaises n’étant pas des églises où les adeptes viendraient se convertir en y abandonnant leurs mauvaises pratiques, il faut tempérer l’optimisme surdimensionné d’une conversion automatique des mentalités et craindre plutôt une contagion progressive des antivaleurs. C’est pourquoi, nous n’avons jamais cessé d’insister sur le rôle du pouvoir judiciaire pour moraliser la vie publique et pour garantir la démocratie et le développement.
3.2 Pas de justice purifiée, pas de déboulonnage des antivaleurs
On a entendu le Chef de l’État dire qu’il ne s’attaque pas aux individus, mais aux antivaleurs. Qui, depuis des décennies, incarnent ces antivaleurs, si ce ne sont que des hommes et des femmes qui ont toujours bénéficié de l’impunité et qui sont nombreux à se retrouver, grâce aux mêmes antivaleurs, dans toutes les institutions de la République ? S’il est vrai qu’il ne revient pas au Chef de l’État de se substituer à la justice ou de l’instrumentaliser comme avant lui, pour à la fois garantir l’impunité des criminels à col blanc et réprimer les adversaires politiques, que faut-il déduire de ses propos ci-après?: « J’ai proposé qu’on tire un trait sur le passé qui est fait de beaucoup de mauvaises choses en nous disant que dès maintenant, nous recommençons une nouvelle ère, et nous espérons que dans cette ère, il n’y aura plus ces pratiques du passé. »[10]
Ces antivaleurs, qui n’épargnent aucun secteur de la vie nationale, gangrènent également le pouvoir judiciaire, duquel tout le monde attend pourtant qu’il soit purifié pour réparer les injustices du passé; rétablir dans leurs droits des victimes de violations massives des droits de l’homme, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité; permettre le rapatriement des milliards de dollars détournés au préjudice du peuple congolais et logés dans des paradis fiscaux et garantir un bon climat des affaires pour attirer des investissements. Or, une telle justice n’est pas possible avec les mêmes animateurs, traînant eux-mêmes de lourds fardeaux d’antivaleurs, semant la confusion dans l’esprit des citoyens ou rendant des décisions au gré des changements de régimes. Deux cas parmi tant d’autres méritent d’être cités, qui offrent au Président de la République la latitude de décapiter le pouvoir judiciaire pour le purifier sans que personne ne lui en fasse de reproches.
Le premier cas concerne le contentieux électoral de gouverneurs dans la province du Sankuru. En complicité avec la CENI, les membres du bureau du Conseil supérieur de la magistrature ont osé s’arroger une compétence qui n’est pas la leur et qui ne relève même pas du tout de l’organe « Conseil supérieur de la magistrature » pour rendre nulle, juste par un communiqué, un arrêt laborieusement motivé du Conseil d’État. « Le Conseil supérieur de la magistrature avait suspendu les arrêts rendus par le Conseil d’État suspendant l’organisation de l’élection des gouverneurs dans la province du Sankuru jusqu’à l’exécution de son précédent arrêt réhabilitant la candidature de Stéphane Mukumadi face à celle de Lambert Mende, au poste de gouverneur. Pour le Conseil d’État, la candidature de Mukumadi doit être maintenue. « Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe de gestion administrative, budgétaire et disciplinaire du pouvoir judiciaire et qu’il n’a reçu ni de la constitution, ni de la loi, la mission de se substituer aux cours et tribunaux de la République », écrit le président du Conseil d’État, Félix Vunduawe te Pemako. Il ajoute que « l’assemblée générale du Conseil supérieur de la magistrature, ni son bureau, ne disposent de pouvoir juridictionnel pour interpréter, critiquer ou, plus grave, déclarer d’inexistants les arrêts rendus dans leurs compétences respectives par les cours et tribunaux de la République. »[11]
Sans le courage du Président de cette juridiction, la confusion aurait été prise pour droit. Il y a ensuite le cas des dossiers jadis ouverts à charge de Moïse Katumbi. Comme par une baguette magique, des décisions judiciaires se succèdent ces jours-ci démontant un à un tous les dossiers qui avaient été ouverts à sa charge. Plusieurs personnes s’en réjouissent et mettent cela à l’actif du nouveau Président de la République, qui tient à l’État de droit et à l’indépendance de la magistrature. Nous en prenons pour illustration la note de classement sans suite émanant de l’Auditorat général en faveur de Moïse Katumbi, impliqué dans le recrutement des mercenaires. Tout juriste sérieux qui a lu cette note de classement, a pu facilement constater que l’argumentation utilisée est plus politique que juridique : « Étant donné que le président de la République démocratique du Congo a fait de décrispation politique son cheval de bataille et que les prévenus cités ont été interpellés en marge de l’affaire du recrutement des mercenaires à charge de Monsieur Moïse Katumbi, le parquet estime inopportun de continuer l’instruction du présent dossier en ce qu’elle va énormément gêner la ligne de conduite de la hiérarchie, aboutissant à un fiasco de la politique de réconciliation tant prônée. »[12]
Pour l’avenir de la justice et pour l’honneur du Chef de l’État, qui compte déboulonner les antivaleurs, c’est inquiétant de compter sur des magistrats peu sûrs, variant leurs décisions au gré des changements politiques. Combien d’innocents, opposants et activistes des droits de l’homme ont été arrêtés, torturés, mis en détention et/ou condamnés allégrement à de longues peines privatives de liberté, tels les cas de Firmin Yangami, Diomi Ndongala, Franck Diongo et autres ? Combien de partisans de l’opposition ont péri sous les balles de l’armée et de la police ou sont morts dans des prisons et jetés dans des fosses communes pour la démocratie? Faut-il sacrifier tous ces martyrs pour privilégier l’alliance contre-nature liant le FCC au CACH?
Conclusion
Tout le monde convient que les antivaleurs qui empêchent l’État congolais et son peuple de jouir des immenses ressources naturelles plongent profondément leurs racines dans tous les secteurs de la vie nationale. Elles ont la peau dure et sont véhiculées, depuis des générations, par des hommes et des femmes et de femmes qui veulent tout pour eux et rien pour la majorité. Aller en guerre contre ces antivaleurs et ceux qui les incarnent aurait été plus aisé si les élections avaient permis une alternance souhaitée par le peuple, ce qui n’est pas le cas. La tâche que s’est confiée le Président de la République est par conséquent rendue compliquée à cause de l’alliance contre-nature stratégiquement initiée par ceux-là même que le peuple ne voulait plus revoir au sein des institutions.
Minoritaire, la plateforme CACH se trouve dans une position inconfortable d’être au pouvoir et dans l’opposition en même temps, craignant de tout perdre au moindre incident qui ferait voler en éclat ce mariage d’intérêts.[13]
Le gouvernement qui sera prochainement constitué risque d’être un trompe-œil pour des cadres et dirigeants de Cach, qui se verront attribuer quelques postes pour calmer leurs revendications alors que l’objectif ultime, subtilement poursuivi par le FCC, est l’anéantissement total de l’opposition en prévision des prochaines échéances électorales. Il ne reste plus au Chef de l’État, s’il veut réussir ce pari risqué, que de s’appuyer sur le Pouvoir judiciaire en le purifiant préalablement des antivaleurs qui le rongent. Le peuple congolais attend les actes.
Par JB. Kongolo Mulangaluend
Juriste & Criminologue/Administrateur-Adjoint de DESC
Exclusivité DESC
Références
[1] Lire Kongolo, JB. 2019. Maigre moisson de l’opposition aux urnes: pas d’alternance souhaitée, In https://afridesk.org/fr/maigre-moisson-de-lopposition-aux-urnes-pas-dalternance-souhaitee-jb-kongolo/.
[2] Congo MIKILI, 6 MARS 2019, In http://congomikili.com/cest-officiel-ffc-et-cach-nde-baza-nouvelle-majorite-mais-ba-ko-yokela-felix-kabila/.
[3] Mediacongo.net, 13.04.2019, In https://www.mediacongo.net/article-actualite-49959_fcc_cach_les_jeunes_de_l_udps_denoncent_l_alliance.html.
[4] DiaspoRDC, 23 AVRIL 2019, In https://www.diaspordc.com/assemblee-nationale-les-jeunes-de-ludps-soutiennent-le-ticket-mabunda-kabund-a-lelection-du-bureau-definitif/.
[5] 7sur7.cd, 23 avril 2019, In http://7sur7.cd/les-hommages-de-kabund-a-tshisekedi-et-kabila-deux-acteurs-politiques-majeurs-de-notre-pays-deux-personnalites-denvergure/.
[6] Rdcongoleaks.net, 8 avril 2019, In https://www.rd-congoleaks.net/politique/2019/04/08/rdc-le-fcc-regrette-les-propos-militants-tenus-par-le-chef-de-letat-aux-usa.
[7] 7sur7.cd, 9 avril 2019, In https://7sur7.cd/felix-tshisekedi-si-ce-que-jai-dit-a-gene-des-gens-ca-veut-dire-que-ces-gens-sont-mal-intentionnes-ils-pensaient-que-moi-jallais-etre-un-president-complaisant/.
[8] https://afridesk.org/fr/25044/.
[9] Quelle démagogie? Le peuple a-t-il besoin du travail et du bien-être ou des immeubles pour le parti?
[10] 7sur7.cd, 9 avril 2019, op.cit.
[11] Actualité.cd, 14 avril 2019, In https://actualite.cd/index.php/2019/04/14/rdc-bras-de-fer-entre-le-conseil-detat-et-le-conseil-superieur-de-la-magistrature.
[12] Times.cd, In http://times.cd/2019/05/01/justice-le-dossier-de-recrutement-des-mercenaires-par-katumbi-classe-sans-suite/.
[13] Lire aussi Aimé Gata Kambudi, 26 avril 2019, La fonction présidentielle sous Félix Tshilombo Tshisekedi : un Président sans pouvoir?, In http://afridesk.org/fr/la-fonction-presidentielle-sous-felix-tshilombo-tshisekedi-un-president-sans-pouvoir-aime-gata-kambudi/.
One Comment “La coalition FCC-CACH : un obstacle pour déboulonner le système en place – JB Kongolo”
Innocent ZIHINDULA
says:Chers frères Jean Jacques et ses collaborateurs,
Merci beaucoup pour l’amour de notre pays. Je suis convaincu que c’est cet amour qui vous pousse de méner tant des recherches et refléxions pour notre pays et éclaircir les lanternes de vos frères que nous sommes. Trouvez par ce pargraphe mes reconnaissances et encouragements.
En lisant cet article, je suis arrivé à conclure que c’est vous jean JAcques et vos collaborateurs qui êtes des prophètes de l’absoruption de l’opposition en général et de l’UDPS-UNC en particulier par les antivaleurs. Vous avez déjà prophétisé sur cette absoruption dans l’une de votre analyse et voilà que cela est entrain de se concrétiser. Comme vous le savez, la misère a déjà dépouillé vos frères de tout courage, c’est ça l’arme des antivaleurs. Nous croupire dans la misère, le sous emploi, les humiliations et ménaces/intimidations pour nous taire. Nous voyons leur ombre partout et cela nous effraye. Honnetement, c’est difficile à l’allure où vont les choses, le peuple est démoralisé et conduit comme des brébis sans berger. Prenez courage et continuer à encourager vos frères, un jour Dieu nous aidera. Nous disons qu’il y a trete_neuf pour le voleur et un jour pour le Seigneur. Merci et courage.