Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 05-04-2013 14:47
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Kivu : la croisée des chemins

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Source: La Libre Belgique. Par M-F Cros. 27/11/2012.

« Si le M23, dont les revendications ne seraient pas résolues, repartait en guerre à l’avenir, les pays voisins pourraient dire à Kabila : vous n’avez pas tenu vos promesses, pourquoi vous aiderions-nous ? »

Ces lundi et mardi apparaissent comme cruciaux pour le Congo. Samedi, en effet, un sommet régional réunissant à Kampala les présidents Kabila (Congo-Kinshasa), Museveni (Ouganda), Mwai Kibaki (Kenya) et Kikwete (Tanzanie), consacré à la situation dans l’ex-colonie belge – alors que les rebelles du M23 contrôlent la ville de Goma (Nord-Kivu) depuis une semaine – a en effet décidé :

– que Kinshasa doit « écouter le M23, évaluer et résoudre les revendications légitimes » des rebelles – soit ce que ceux-ci réclamaient avant de prendre Goma;

– que le M23 doit « arrêter toutes ses activités de guerre et retirer ses forces de Goma » pour les regrouper à « au moins 20 km » de la ville – là où les rebelles étaient avant la chute de Goma – et cela « dans les 48h », soit avant lundi soir.

Kabila risque de « sauter »

A première vue, Kinshasa est gagnant : alors que la débandade de son armée, à Goma, le met en position de faiblesse, il lui est moins demandé qu’au M23. Cela se comprend : le président Kabila risque en effet de « sauter » s’il fait trop de concessions. En effet, il est le président légal du Congo mais non légitime, sa réélection, il y a un an, étant « non crédible », selon les observateurs internationaux. En outre, parce qu’il aurait des origines rwandaises, ses adversaires politiques et une partie de l’armée l’accusent de complicité avec le Rwanda, qui appuie le M23; toute concession à ce dernier apparaîtrait comme la preuve d’une trahison.

L’ultimatum donné aux rebelles pour quitter Goma – et que le M23 ne semblait pas prêt à exécuter, lundi après-midi – n’a pas de sens tel qu’il est : sans menace en cas de non-respect. Il faut sans doute y voir une manière de permettre à Kinshasa d’attaquer le M23 avec des militaires de pays voisins (qu’il a sollicités) une fois les 48h passées.

Rien ne dit que les autorités congolaises respecteront plus l’engagement de Kampala – « résoudre » les revendications du M23 – que leur promesse de modifier le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI, qui a patronné la fraude massive), consentie pour garder le sommet de la Francophonie à Kinshasa, en octobre : le sommet s’y est tenu et la CENI n’est pas modifiée.

« Sauf, souligne un observateur, que, contrairement à ce qui s’est passé pour le sommet de la Francophonie, qui n’a lieu qu’une fois au Congo, Kinshasa va s’attirer des ennuis s’il ne tient pas ses promesses. Si le M23, dont les revendications ne seraient pas résolues, repartait en guerre à l’avenir, les pays voisins pourraient dire à Kabila : vous n’avez pas tenu vos promesses, pourquoi vous aiderions-nous ? »

Si donc M. Kabila voulait profiter du non-respect probable de l’ultimatum pour une contre-offensive, il a intérêt à la réussir. Or, à moins d’un appui d’armée(s) alliée(s), cela sera difficile.

Suspendu pour cause de fourniture d’armes à des rebelles, le chef de l’armée de terre a en effet été remplacé par le général François Olenga, 64 ans. Or celui-ci, Tetela du Maniema, n’a eu qu’une brève formation militaire et doit son grade principalement à la faveur des Kabila père et fils. Il a déjà dirigé l’armée de terre à la mort de Laurent Kabila (en remplacement de Joseph Kabila, alors appelé à succéder à son père) mais sans étincelles. Sa nomination n’a d’ailleurs pas amélioré le moral de l’armée congolaise.

Selon Jean-Jacques Wondo, membre d’un réseau congolais d’anciens de l’Ecole royale militaire belge en contact avec des officiers au front, « l’état-major n’y croit plus. Les troupes sont désorganisées. Des renforts de la Garde républicaine (garde présidentielle, non soumise à l’état-major), bon nombre ont pris la poudre d’escampette. Les sources confirment l’inflitration de Bukavu (par le M23) et l’état-major se prépare à s’installer à Kindu (Maniema), à moins qu’il y ait des avancées diplomatiques pour stopper la progression » du M23 .

Celles-ci pourraient résulter de pressions du Rwanda sur son poulain, si Kigali juge que le risque qu’il court en se mettant la communauté internationale à dos n’en vaut plus la chandelle.

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