Kenya (Africapostnews) – Ce mardi, la Cour suprême du Kenya a créé la surprise en prononçant l’annulation pure et simple de l’élection du président sortant Uhuru Kenyatta. La Cour a donné raison à son adversaire, Raila Odinga, qui dès la fin du scrutin avait dénoncé des fraudes massives. La décision de la Cour suprême du Kenya sonne comme un désaveu pour la mission d’observation de l’Union africaine (UA) qui s’était empressée de déclarer l’élection « libre et transparente ».
Les missions d’observation des élections de l’Union africaine, souvent mises à l’index en raison de leur favoritisme présumé pour les présidents sortants lors des scrutins en Afrique, viennent de subir un important discrédit après la décision de la Cour suprême du Kenya.
Dans un rapport publié le 10 août, les observateurs dépêchés par l’Union africaine au Kenya jugeaient le scrutin, comme souvent, « pacifique et transparent ». Pour argumenter leur position, les observateurs de l’UA écrivaient que l’élection « avait été réalisée d’une manière pacifique et transparente et qu’elle avait permis aux citoyens d’exprimer librement leur droit démocratique au vote ».
Favoritisme et complaisance
Malgré les dénonciations d’un système de fraudes, notamment informatiques, par l’opposition et l’assassinat du Chef du département informatique de la commission en charge d’organiser le scrutin (IEBC), les observateurs de l’Union africaine dirigés par l’ancien président Sud-africain, Thabo Mbeki, n’ont rien trouvé à redire.
Alors que l’annonce des résultats a suscité une montée de tension au Kenya, le Président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, avait appelé les populations au calme et a dit soutenir l’IEBC dans ses résultats préliminaires.
« Le président souligne que la participation massive des électeurs kenyans démontre leur détermination à réaliser leurs aspirations démocratiques et à consolider la paix et la primauté du droit dans leur pays. Il soutient pleinement la déclaration préliminaire publiée par l’Independent Electoral and Boundaries Commission (IEBC).
Le Président se déclare profondément préoccupé par l’évolution immédiate du jour de l’élection, y compris le rejet des résultats par certains acteurs politiques et le déclenchement de la violence dans certains comtés qui ont causé des morts. », indiquait Moussa Faki Mahamat.
Cependant, la décision de la Cour suprême du Kenya, qui reconnait des fraudes massives, qu’étrangement les observateurs de l’Union africaine n’ont pas vu, remet au centre du débat l’utilité de ces missions d’observations dont les rapports, élection après élections, se suivent et se ressemblent. Ce désaveu devrait conduire l’Union africaine à s’expliquer, au moins devant le peuple Kenya, dont le vote a failli être détourné, avec la bienveillante caution de la mission d’observation des élections de l’Union africaine.
L’article original a été publié dans africapostnews.com
One Comment “Kenya : l’annulation de l’élection de Kenyatta jette le discrédit sur les observateurs de l’Union africaine – Mays Mouissi”
Christian
says:Personnellement, je n’ai jamais apporté de soutien à toutes ces missions d’observation des scrutins en Afrique au Sud du Sahara. On a connu des situations où les fraudes ont été flagrantes alors que l’UA soutenait les résultats ou encore que la mission d’observation, principalement celle de l’UE parvenait à dresser un constat cinglant (le cas du Gabon) mais qu’on ne voyait aucune action allant vers l’annulation de scrutin.
Je me suis toujours posé la question de savoir s’il s’agissait d’une entente bien soutenue par les dirigeants africains à travers l’UA.
L’exception kenyanne me fait tout de même croire qu’une Afrique de l’indépendance de la justice et du droit est possible dans ce marigot infesté de caïmans qui mangent leurs petits.