Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 08-07-2013 18:30
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Kamerhe dit non à la formule des concertations nationales définie par Kabila

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Dans une allocution digne d’homme d’Etat, Kamerhe dit non à la formule des concertations nationales définie par Kabila

Au cours du conclave de l’Opposition tenu le weekend écoulé à Kinshasa, Vital Kamerhe dit non à la formule des concertations nationales définies et taillées sur mesure par et pour Kabila. L’ancien speaker de l’Assemblée nationale déclare ne pas souscrire à la formule des « concertations nationales » dont les contours sont unilatéralement délimités par Kabila privilégiant une participation majoritaire de son obédience politique et excluant des questions fondamentales qui doivent forger la cohésion nationale. En effet, dans une allocution fort remarquée, Kamerhe s’en prend dans une verve oratoire dont il détient le secret, à l’ordonnance présidentielle qui, selon lui, s’écarte d’abord de son propre exposé des motifs, constitué par le rapport adressé au Président de la République par les Présidents des deux Chambres législatives, ensuite de l’Accord-cadre ainsi que de la Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations Unies et, enfin, elle cache mal, la volonté du pouvoir de régenter ce forum en s’assurant une représentation plus que majoritaire.  

Pour le président national de l’UNC, dans le rapport susmentionné des deux Présidents, on peut lire cette phrase tirée de la Résolution 2098, je cite : « à organiser, avec les bons offices de l’Envoyée Spéciale et du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation et encourager l’organisation d’élections provinciales et locales crédibles et transparentes ». Ainsi, il est clair que le Président de la République n’a pas tenu cet engagement qui découle de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, qu’il a signé, celui-ci ayant été pris en compte par la Résolution 2098. Donc l’a violé.

« Il est clair que le Président de la République n’a pas tenu cet engagement qui découle de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, qu’il a signé, celui-ci ayant été pris en compte par la Résolution 2098. »

« En effet, vous aurez constaté que la Résolution de l’ONU parle d’un dialogue politique transparent et sans exclusif de toutes les parties prenantes congolaises. En s’arrogeant une participation majoritaire, le pouvoir, non seulement, viole les instruments juridiques internationaux ayant une force supérieure à la loi interne en vertu de l’article 215 de la Constitution, mais aussi fausse le jeu en minant le terrain. »

Et Kamerhe de rejeter avec force cette convocation aux « concertations nationales » en ces termes :  « C’est pourquoi, l’UNC, mon parti, confirme la déclaration qu’elle a signé le 1er juillet 2013 avec d’autres forces et personnalités de l’Opposition pour affirmer, haut et fort, qu’elle ne participerait au dialogue national que si celui-ci se conformait à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ainsi qu’à la Résolution 2098 et s’il était préparé par un comité paritaire chargé d’en définir, notamment, l’ordre du jour, les mécanismes internationaux de facilitation et de médiation et ceux du suivi de mise en œuvre des résolutions qui en découleraient. »

Par ce rejet, Kamerhe et son parti l’UNC disent « niet » à ce qui parait être comme un Congrès de la mouvance présidentielle. « Pour mon parti, la consigne donnée à tous et à chacun, et, l’expression, je l’empreinte au Président Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA : « le Peuple d’abord ».

Et Kamerhe de s’élever en véritable homme d’Etat pour appeler la majorité des forces politiques de transcender les clivages idéologiques, partisans et surtout des intérêts égoïstes personnels pour ne  viser que prioritairement les intérêts du peuple congolais. « Je nous exhorte donc à nous débarrasser du vieux démon qui nous a toujours hantés à l’occasion de ce genre de rencontre, à savoir les agendas personnels, les calculs politiciens, le partage du pouvoir, les transitions politiques sans fin. »

En signe de feuille de route par rapport aux enjeux à venir, Vital Kamerhe invite ses pairs de l’opposition et les forces du changement à faire à échec à tout projet visant :

–      Une nouvelle transition qui serait, en réalité, l’arbre qui cache la forêt ;

–      La révision de la Constitution dans le but d’empêcher l’alternance démocratique en 2016 ;

S’agissant de la révision constitutionnelle, qui ressemble aujourd’hui à un secret de polichinelle, nous retenons des signaux clairs, ci-après qui mettent à nue l’intention du pouvoir en place :

  • L’organisation chaotique des élections de 2011 au niveau de la présidentielle avec des résultats biaisés et au niveau législatif, une majorité écrasante avec certains députés nommés, d’autres invalidés et remplacés par la Cour Suprême de Justice sans avoir été préalablement convoqués, ni entendu leurs moyens de défense. Cette majorité acquise dans la fraude était déjà un signe précurseur de la préparation du passage en force d’une éventuelle révision constitutionnelle;
  • L’adoption de la loi organisant la Commission Electorale Nationale Indépendante déséquilibrée au profit de la mouvance présidentielle. Cette loi, en effet, a transposé, par la magie dont seuls les membres du pouvoir détiennent le secret, la majorité de l’Assemblée nationale à la CENI. Où est la neutralité ? Où est l’indépendance ? Alors que par essence, cette institution est réputée neutre et donc devra garantir à tous les mêmes chances de gagner ou de perdre ; …

Kamerhe revient sur  le fait que la Constitution de la RDC prévoit la procédure de sa révision qui ne laisse aucune marge de manœuvre à ceux qui veulent toucher à l’article 220. A l’instar de la CENCO et de l’association des droites de l’Homme ASADHO, il donne un mot d’ordre au Peuple congolais, aux jeunes, aux femmes et aux hommes qui aiment notre pays en rappelant : « la responsabilité d’agir nous appelle à l’action maintenant sans peur, sans violence, mais dans le respect strict de la Constitution et des lois de la République Démocratique du Congo. Nul ne peut nous empêcher de faire ce que la Constitution et les lois du pays nous permettent. » Et pour sa part, VK dans un ton ferme et menaçant prévient : « pour que cette révision passe, il faudra marcher sur les cadavres des congolais. »

« Touche pas à ma Constitution !». Voilà le slogan que nous devons scander à partir d’aujourd’hui pour réveiller les consciences et sensibiliser notre peuple sur le danger réel qui le guète ?

Et Kamerhe de proposer la mise sur pied d’un Secrétariat technique de l’Opposition chargé de produire ce travail de stratégie.

Après des années de lutte interne, les analystes constatent un « wake up » politique au niveau de certains acteurs politiques congolais qui ont compris qu’avancer en ordre dispersé ne peut que faire éviter les pièges du passé.

L’histoire sociopolitique de la RDC enseigne que chaque fois que l’opposition s’est alignée en front commun, elle a gagné des batailles historiques. Rappelons-nous du Front commun de la table ronde de Bruxelles en 1960, de l’alliance des nationalistes autour de P.E. Lumumba en 1960, de l’élection de Tshisekedi lors de la conférence nationale en 1991. Par contre, chaque fois que l’opposition était désunie et morcelée, elle n’est jamais parvenue à renverser l’ordre politique en place. Les exemples de Jean-Pierre Bemba en 2006, malgré son Union pour la Nation ou en 2011 de la plateforme électorale Dynamique Tshisekedi Président formée autour de la candidature d’Etienne Tshisekedi pendant que Kamerhe et Kengo formaient chacun leurs plateformes électorales respectives ne parvenant pas à fédérer autour d’une candidature unique les stratégies de conquête du pouvoir pour lequel les fraudes étaient planifiées d’avance sont là pour rappeler de la nécessité pour les leaders Congolais de comprendre une fois pour toutes que seule l’Union fera la Force des congolais. Une union sacrée contre toute velléité de violation de la Constitution et des manœuvres visant à modifier l’architecture institutionnelle actuelle en RDC.

Le Sénégal de Macky Sall a donné une bonne leçon de sens de responsabilité politique et d’engagement œcuménique en faveur de la sauvegarde de l’intérêt supérieur de la nation aux africains. Aux congolais de suivre le pas en recherchant ce qui les unit plutôt que les divise. La RDC se trouve dans un tournant décisif, lequel s’il est à nouveau mal négocié par une classe politique irresponsable et jouisseuse, risque de le sombrer dans un nouveau long tunnel de turbulences dont personne ne peut en mesurer les dégâts tant les esprits s’échaudent peu à peu à l’approche de 2016.

Il ne faut pas non plus être analyste politique pour se rendre compte que la stratégie des partisans du maintien de statu quo politique au Congo, qui a causé plus de 6.000.000 de victimes, est de réellement vouloir susciter la division au sein de la population congolaise, opposant les uns contre les autres pendant qu’ils affinent leurs armes pour se maintenir indûment au pouvoir envers et contre la volonté du souverain primaire.

Il est temps pour les congolais de passer du stade des passions à la raison.Le temps n’est plus aux calculs politiciens mais bien à l’intérêt national qui risque d’être mis à mal si jamais le pouvoir en place modifie unilatéralement et par défi la Constitution.

La qualité d’un Grand Homme d’Etat se mesure surtout par sa faculté de rassembler autour de lui. On l’a vu sous De Gaulle au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale ou sous Mitterrand en 1981 ou encore récemment en 2012 avec Hollande en France. Ce dernier est parvenu à rassembler autour de sa stature une gauche désunie, s’alliant même avec les plus farouches dissidents de la gauche français jusqu’à ratisser les voix des centristes de Bayrou. C’est maintenant ou jamais que la classe politique congolaise doit former un bloc inclusif et rassembleur de TOUTES les forces sociales et politiques acquises au changement pour éviter à la RDC de tomber dans une dictatocratie démocratique. Il y va de l’intérêt national du Congo mis à genoux par la gouvernance kleptocratique des dirigeants au pouvoir. Voici l’occasion donnée à ceux qui veulent se compter parmi les vrais Hommes d’Etat, de transcender leurs égos et divergences personnels pour ne privilégier que l’intérêt suprême de la Nation Congolaise qui se trouve à la croisée des chemins.

Jean-Jacques Wondo

 

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