Kagame est-il incontournable dans le jeu politique congolais post-Kabila ?
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
C’est l’impression que le Rwanda, via son intense lobbying diplomatique, tente de démontrer auprès des puissances occidentales. Pourtant, il nous revient des sources des renseignements proches de hautes sphères politiques et sécuritaires du Rwanda et de l’Ouganda que Kigali et Kampala manifestent de plus en plus de sérieuses craintes de voir le changement intervenir à la tête de la RDC sans leur implication directe ou indirecte. Un tel changement altèrerait considérablement la dynamique géopolitique régionale en cours depuis le génocide rwandais et par ricochet le leadership dans les Grands Lacs. Cela se traduirait concrètement par la fin d’une période de 20 ans de domination rwandaise en RDC par les Kabila interposés. Cette fin aurait surtout un impact géoéconomique considérable car elle marquerait la fin de la stratégie rwandaise de captation des richesses congolaises par l’établissement d’une « économie de guerre » dans sa partie orientale.
La présente analyse tente de démontrer comment le Rwanda, via une subtilité stratégique fine, parvient à duper la classe politique congolaise et l’opinion internationale sur son rôle « indispensable » dans le jeu politique congolais et régional des Grands-Lacs.
L’information publiée le 28 janvier 2018 sur une rencontre à Davos entre Paul Kagame et deux opposants congolais[1], Moïse Katumbi et Antipas Mbusa Nyamwisi, tend à corroborer cette prétention fallacieuse. Quand bien même démenti par Mbusa[2] et par le porte-parole de Katumbi, Olivier Kamitatu[3], sans réellement convaincre l’opinion[4], ces derniers n’ont pas non plus réfuté les rumeurs sur des contacts entre les opposants congolais et les autorités rwandaises et ougandaises responsables du drame congolais.
La RDC reste la principale préoccupation du Rwanda qui voudrait la contrôler à tout prix aux fins géoéconomiques par une stratégie de captation de ses richesses par l’établissement d’une « économie de guerre »
Malgré ses performances socioéconomiques apparentes, l’économie rwandaise repose essentiellement sur l’agriculture qui représente un tiers de son PIB (34%) et 90% de l’activité nationale. La population agricole est estimée à un peu moins de 80% de la population totale[5]. Pour un pays pauvre, l’accès du Rwanda aux minerais et les pâturages des Kivu est une question de survie. Ainsi, lorsqu’il perd du terrain à l’est de la RDC, le Rwanda tente de développer des stratégies alternatives, notamment de contournement de l’est du Congo, par la conclusion de nouvelles alliances au-delà de ses frontières naturelles avec la RDC[6].
Cet objectif géoéconomique vital, ajouté aux motivations sécuritaires, explique la stratégie obsessionnelle rwandaise visant à maintenir et à entretenir, à tout prix et par tous les moyens et subterfuges possibles, un double dispositif avancé politique – avec des sujets rwandophiles dans les institutions congolaises – et sécuritaire au sein de l’armée et des services de sécurité de la RDC. Ce qui lui permettrait de dicter son agenda politique en RDC et de tirer des rentes d’une économie de guerre afin d’augmenter ses revenus financiers, mais aussi d’éviter de faire à face à deux fronts susceptibles d’imploser le régime rwandais : le front sociopolitique[7] et le front socio-économique[8].
Lors de toutes les guerres directes ou par procuration menées par le Rwanda en RDC à partir de 1996-1997, plusieurs auteurs ont démontré, au-delà des motivations sécuritaires, que leur mobile primordial était économique. Pays pauvre, le Rwanda a trouvé dans une RDC rendue sciemment ruinée et faillie un terreau fertile de rentes minières stratégique pour son économie. Il a mis en place en RDC une juteuse « économie de guerre » par l’instauration d’un dispositif de prédations systématiques des ressources naturelles et minières de la RDC. Car l’exploitation des richesses minières à l’Est de la RDC est cruciale pour l’équilibre budgétaire de l’État rwandais, ainsi que pour l’enrichissement personnel de son élite politico-militaire[9].
Des experts estiment que l’enjeu des opérations « Umoja wetu »[10] dans le Nord-Kivu et « Kimya II »[11] dans le Sud-Kivu était la reconquête des sites perdus par le Rwanda et les rébellions qu’il a soutenues, un retour à la situation qui prévalait dans la région entre 1996 et 2002, avec la mise sous tutelle du « Petit Nord » (territoires de Rutshuru et du Masisi). Cela, avec pour conséquence une nouvelle redistribution de la carte économique (mines, terres de pâturage, forêts). « Le choix des sites des opérations (terroirs riches en sous-sol et en terres de pâturage) a conduit à conforter la thèse selon laquelle le Rwanda, en complicité avec les autorités nationales congolaises, était effectivement venu consolider ses positions économiques dans l’est de la RDC. (…) Il semblait également, au milieu de l’année 2009, que la cartographie des territoires « libérés » à la suite de l’intégration du CNDP, comme des zones sous influence du FDLR qu’il fallait reconquérir par la force ou la dissuasion, ressemblait en transparence à celle des sites miniers[12] ».
Plusieurs rapports de l’ONU affirment que « Le Rwanda constitue la plaque tournante du commerce illicite des pierres précieuses congolaises »[13]. Après l’opération conjointe ‘Umoja Wetu, Kigali a lancé une « Bourse de matières premières ». En 2011, selon la banque centrale rwandaise, l’exportation minière a rapporté 68.000.000 de dollars à l’État devenant ainsi la première source de rentrée de devises au Rwanda, dépassant pour la première fois, l’exportation du thé, qui a toujours été le premier secteur d’exportation. Le Rwanda ne dispose pas suffisamment des gisements à même de soutenir une telle production. Le Rwanda a créé le « Bureau Congo », une structure de gestion des ressources naturelles exploitées en RDC, dont les recettes servent à couvrir les besoins de son armée. En 2000, le Bureau Congo a réalisé 64.000.000 de dollars qui ont permis de couvrir 70% des dépenses militaires du Rwanda[14].
Déjà dès 2009, on a enregistré une exponentiation de création des coopératives minières au Rwanda. Au moins 300 coopératives ont été répertoriées par l’ONG britannique Global Witness qui a affirmé que « Les minerais du Congo sont exportés comme production rwandaise. A travers ces coopératives, ces minerais qui passent la frontière reçoivent une étiquette au Rwanda et sont écoulés vers les marchés internationaux »[15]. Un rapport 2013 de Global Witness a indiqué que « La plus grande partie de l’étain, du tantale et du tungstène produits dans le Nord et le Sud-Kivu profite aux rebelles et aux FARDC. Les minerais transitent via le Burundi, mais aussi le Rwanda avant d’être exportés… Au Rwanda, « l’étain et le tantale introduits clandestinement sont blanchis à travers le système d’étiquetage national rwandais et exportés comme produits rwandais »[16].
Producteur marginal, le Rwanda est devenu depuis décembre 2014 le plus important exportateur mondial de minerai de colombo tantale, communément appelé coltan. Les statistiques de la Banque nationale du Rwanda indiquent qu’en 2013, le commerce du coltan a rapporté 134.500.000 de dollars et le revenu annuel du secteur minier s’est élevé à 226.200.000 de dollars. Le gouvernement rwandais ambitionnait d’atteindre la capacité de production minière du pays de 400 millions de dollars d’exportations de minéraux en 2017, avec à la clé, la création de plus de 600.000 emplois.[17].
En 2017, la multinationale canadienne « AB Minerals Corporation » planifiait de construire au Rwanda la première usine de séparation du coltan, le Colombo-Tantalite. Cette usine devrait opérationnelle dans le 2ème semestre de l’année 2017. A la surprise générale, le Rwanda est depuis 2017 le 1er exportateur du coltan dans le monde et fournit presque 30% du coltan au marché mondial. Plusieurs analystes, dont la chercheuse Kazuyo de l’Université de Tokyo, ont démontré, statistiques à l’appui, comment le Rwanda tire profit des minerais de conflits en RDC[18].
Le Rwanda, une puissance structurelle régionale, mais incomplète
La puissance reste le concept de référence prédominant dans les relations internationales ainsi que dans les domaines stratégique et sécuritaire. Cependant, des tentatives de définition de cette notion polysémique n’ont pas manqué de susciter des controverses et polémiques, et ne font pas l’unanimité scientifique. Le difficile débat sur la définition de la notion de puissance porte sur le point de savoir si l’on peut encore parler de « la » puissance dans un sens général ou s’il est préférable de s’attacher à une conception plus hétérogène de la puissance, comme un ensemble de capacités différenciées et relatives[19]. Bertrand Badie appelle à une relecture de la notion de puissance laquelle, sans disparaître, change de sens, et donc de statut. « Elle devient capacité de faire ou de défaire l’événement, lui-même de plus en plus rebelle à la loi du plus fort, de modifier l’agenda, de structurer cette insécable globalité qui fait le nouvel ordre mondial »[20]. De même Raymond Aron appelle à relativiser la notion de « puissance » : « J’appelle puissance sur la scène internationale la capacité d’une politique d’imposer sa volonté à d’autres unités »[21].
Susan Range suggère la notion de « puissance structurelle », qui est une hybridation entre la conception statique de la puissance et une conception trop relationnelle. La puissance n’est plus un absolu mais un concept interactif et dynamique. Cette perspective signifie qu’une position dominante dans un secteur donné ne garantit nullement « la » puissance[22]. De même, être capable d’intervenir militairement n’importe où ne suffit plus, il faut également savoir séduire.
La puissance s’exprimerait donc dans la capacité à agir sur plusieurs sous-systèmes à la fois et à passer facilement de l’un à l’autre sans être jamais complètement dépendant dans un sous-système donné. C’est le cas du Rwanda lorsqu’on analyse l’agilité avec laquelle cet État-croupion parvient à jongler et à tirer profit des multiples organisations régionales auxquelles il appartient. Par ailleurs, cette fission de la puissance en une série de capacités différenciées permet au Rwanda, malgré ses handicaps, de justifier dans une certaine mesure son statut de puissance régionale.
Le politologue camerounais Luc Sindjoun, partant de l’inopérationnalité du paradigme westphalien d’État en Afrique et de l’inopérationnalité des paradigmes réalistes et néoréalistes[23], établit un certain nombre de facteurs (humain, géographique, organisationnel…) générateurs de la puissance en Afrique[24]. Ces facteurs, appliqués au Rwanda, permettent de cerner sa posture en tant que puissance régionale africaine, mais que nous qualifions d’incomplète. Sindjoun propose d’appréhender les relations internationales africaines à travers les catégories de « société » et de « système » ou encore de « champ »[25].
Le facteur humain, en tant qu’enjeu intellectuel, permet au Rwanda (ou à Kagame) de développer une sorte de « puissance intelligente » ou un smart power, une notion conceptualisée par Joseph Nye et Suzanne Nossel. Il s’agit d’une savante combinaison de hard power (conception classique) et soft power[26] (puissance douce) qui est une forme indirecte, intelligente, mais extrêmement efficace, d’exercice de puissance. C’est le pouvoir d’influence, la capacité d’attraction dont peut bénéficier un pays[27]. Ainsi, dans une sorte d’obsession constante de vouloir exercer une influence dans les relations régionales africaines, le Rwanda développe constamment une stratégie visant à concilier puissance et intelligence. Sa présence armée (in)directe en RDC ou l’omniprésence de ses troupes en missions de maintien de la paix en Afrique, par une communication qui touche la sensibilité des puissances du monde (notamment autour du génocide), l’inventivité, capacity-building et un activisme diplomatique très efficace en cherchant à être présent ou représenté dans les différentes sphères institutionnelles mondiales (UA, BAD, OMC, Conseil de sécurité, missions de paix, etc.) en sont des illustrations.
Le facteur organisationnel de la puissance renvoie à l’influence des institutions politiques et au style de leadership dans la dynamique internationale d’un État. C’est la capacité collective et/ou individuelle à imposer un État, indépendamment de la nature du régime politique, comme acteur important des relations internationales africaines. C’est aussi l’effectivité de l’État, le style de leadership de ses dirigeants, la capacité à agencer les ressources ou à compenser les handicaps, etc. Ce facteur renvoie à la valeur ajoutée par l’exercice du pouvoir[28]. Pour le Rwanda, le facteur organisationnel de la puissance tient en grande partie de la manipulation réussie des symboles tels que le panafricanisme, la paix, la sécurité ; ainsi que des concepts empreints de charge émotionnelle comme le génocide. L’instrumentalisation et la référence au génocide (rwandais) est devenue l’arme de persuasion diplomatique (soft power) du Rwanda, de la même manière que la Shoah est instrumentalisée par certains lobbies juifs dans le monde.
Cela fait du Rwanda un État-pivot, particulièrement pour les États-Unis d’Amérique et les Anglo-saxons, dont la mission est de jouer un rôle d’influence et régulateur à un niveau plus global dans les relations internationales et régionales. Cela tient de la stratégie savamment orchestrée d’une déstructuration de la partie orientale de la RDC, suivie d’un chaos relatif ou prononcé, c’est-à-dire d’un désordre ordonné dans un pays à la dérive, accompagné du pillage de ses ressources naturelles par les États voisins ou par les acteurs multinationaux étrangers. C’est ainsi que l’on peut par exemple évoquer le contrôle des mines de niobium du Kivu par l’armée de Kigali. Il est difficile de croire que le soutien américain au pouvoir rwandais n’ait rien eu à voir avec l’approvisionnement en un minerai aussi rare et alors aussi recherché par les industries américaines de haute technologie[29].
Le facteur organisationnel de la puissance d’un État vise enfin à renvoyer au monde entier l’image du leader du pays en tant que champion de la bonne gouvernance, de la croissance économique, du renouveau de l’Afrique ou d’un grand artisan infatigable de la paix et la sécurité en Afrique. D’autant que Paul Kagame, par cette stratégie savamment développée, se veut être le modèle par excellence du « new leadership » de l’Afrique en brandissant un bulletin socioéconomique et sécuritaire alléchant d’un Rwanda en pleine renaissance. Cela permet au Rwanda de jouer les rôles de premier plan sur la scène africaine et de figurer dans la cour des grands sur le plan international.
Enfin, on peut envisager qu’un État soit puissant d’abord parce qu’on le perçoit ainsi. C’est exactement l’impression collective ressentie par beaucoup de congolais à propos du Rwanda. En RDC, la seule évocation du Rwanda ou du nom de Kagame suscite craintes et méfiance ; ou alors que cet État ou ses représentants se présentent comme tel à partir des cadres de l’expérience des relations internationales. Or l’obsession viscérale manifestée par la classe politique congolaise à bénéficier de l’aval de Paul Kagame pour s’imposer en RDC tient évidemment de cette conception virtuelle de la puissance.

Kagame finit-il par faire l’unanimité autour de lui sur l’après-Kabila ?
Une chose est certaine, l’information sur une éventuelle rencontre entre Kagame et les opposants congolais présente le mérite de créer un consensus opportuniste sur l’après-Kabila qui se dessine peu à peu. Cette posture de personnalité psychopathologique « dépendante » et infantile manifestée par cette opposition, étale sa méconnaissance d’analyse géopolitique régionale. Le fait que cette dernieère et certains milieux néolibéraux occidentaux croient qu’en 2018 Paul Kagame, pourtant en perte de vitesse, est toujours le faiseur de rois au Congo, relève d’une naïveté pathologique chez les premiers et d’un stratagème géostratégique inique voulant continuellement maintenir la RDC sous le statut quo géopolitique régional qui perdure depuis trois décennies.
En effet, le Rwanda qui refusait jusque-là de lâcher Kabila, laissant même ses milices congolisées au sein du M23 venir porter secours à Kabila en 2017 en réprimant lâchement les partisans de ces opposants congolais, aurait finalement accepté une solution pragmatique. Ce, par crainte de voir le changement provenir de l’ouest du pays sans son implication directe. Ce qui lui aurait été défavorable en termes de perte de son influence sur son grand voisin.
L’on s’achemine donc vers une sorte de jeu à somme positive où les principaux acteurs régionaux autour du Congo (Rwanda, Angola et Ouganda) et les milieux néolibéraux occidentaux s’accorderaient sur le schéma de l’après-Kabila. Un schéma qui n’en est rien au gout des Congolais humiliés par Kagame depuis 1996. C’est en quelque sorte ce qu’on appelle “le compromis à la belge”[30] auquel l’on s’achemine dans les prochains mois. Ce, au mépris des intérêts des Congolais pour qui la présence de Kagame dans le jeu sociopolitique congolais, via ses acteurs transnationaux tutsis, n’augure aucun lendemain meilleur.
C’est irrévérencieux de constater une fois de plus que, les faiseurs de roi occidentaux ne prennent nullement en compte cet impact négatif du Rwanda en RDC et le ressenti négatif des congolais qui finiront tôt ou tard par inverser ce rapport de forces défavorable et cet équilibre régional instable décentré vers l’Est, à l’instar de la Chine en Asie Pacifique. Kagame et ses alliés néolibéraux occidentaux ne doivent plus ignorer que les Congolais ne sont plus dupes. Ils veillent au grain et resteront toujours debout pour se réapproprier le Congo de Lumumba. Cette mise en garde vaut également pour ces politiciens véreux qui voudraient se maintenir au bas rang d’acteurs inconscients de procuration éternelle de Kagame en RDC. L’ère de l’AFDL est révolue ! Enfin, il est temps pour l’Occident de cesser de considérer les peuples africains avec autant de condescendance négationniste en refusant de tirer les leçons de leur responsabilité historique en Afrique, notamment dans le drame congolais, en particulier.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu/ Exclusivité DESC
Références
[1] http://www.afroamerica.net/index.php/world/19-africa/1260-rwandan-general-paul-kagame-meets-congolese-opposition-leaders-moise-katumbi-and-mbusa-nyamwisi-in-davos-and-addis-ababa.
[2] https://afrique.lalibre.be/14291/mbusa-nos-voisins-ont-compris-que-kabila-ne-partira-que-si-on-le-pousse/.
[3] https://www.kinshasatimes.cd/olivier-kamitatu-dement-une-rencontre-entre-katumbi-et-kagame-a-davos/.
[4] DESC a eu confirmation de cette rencontre via une source onusienne.
[5] Rwanda Development Board. http://www.rdb.rw/departments/agriculture/agriculture-overview.html.
[6] [6] Boniface Musavuli, RD Congo : Un pays encerclé militairement ?, 27/04/2014. http://afridesk.org/rd-congo-un-pays-encercle-militairement-boniface-musavuli/.
[7] Le Rwanda court en permanence un risque latent d’éclatement d’un conflit ethnique en raison du verrouillage de son espace politique et des inégalités sociales entretenues par le pouvoir, qui favorise la minorité tutsi au détriment des Hutu, très largement majoritaires dans le pays.
[8] Risque d’explosion sociale par la crainte que l’éradication en RDC des groupes armés créés par le Rwanda puisse générer une crise sociale pour les dizaines de milliers de Rwandais et leurs dépendants vivant de l’exploitation des ressources de la RDC.
[9] Kris Berwouts, (ancien Directeur de l’EurAc 🙂 « Un semblant d’Etat en état de ruine », Rapport de mission en RDC – EurAc. www.eurac-network.org/web/uploads/documents/20100209. .
[10] « Umoja Wetu » (Notre Unité en swahili) est une intervention militaire conjointe menée le 20 janvier 2009 pendant 35 jours par les armées congolaise (FARDC) et rwandaise (RDF) au Nord-Kivu contre les rebelles rwandaises des FDLR en vue de détruire leurs bases arrières et favoriser leur retour au Rwanda.
[11] L’opération conjointe « Kimia 2 » (La Paix 2 en lingala), lancée en mai 2009 dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu par les FARDC, renforcées par les ex-combattants du CNDP et la MONUC, poursuivait l’objectif d’anéantir tous les sanctuaires des FDLR.
[12] Pierre Jacquemot, (Ex-Ambassadeur de France en RDC), Économie politique des conflits en République Démocratique du Congo, Revue CAIRN.INFO /Afrique contemporaine, De Boeck Sup – n° 230, 2009/2, p.196.
[13] Rapport intermédiaire du groupe d’experts sur la RDC, Conseil de sécurité, Nations unies, mai 2009.
[14] E. Debellex, « Les mines de coltan… Du sang sur les portables ».
[15] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, Editions Monde nouveau/Afrique Nouvelle, Suisse, 2è Ed., Avril 2013, p.306.
[16] http://www.rtbf.be/info/monde/detail_rdc-des-militaires-de-haut-rang-impliques-dans-le-commerce-de-l-or?id=8020078.
[17]Patrick Bigabo, KT Press, « Rwanda Has Become World’s Largest Coltan Exporter », Reports KT Press, /Kigali, 16/12/ 2014.
[18] Kazuyo, La question de minerais de conflits en RDC : perspective de la société japonaise in Colloque du Cercle des économistes congolais, Bruxelles, 4 novembre 2017.
[19] Guillaume Devin, Sociologie des relations internationales, La Découverte, Paris, 2014, p. 29 et suivantes.
[20] Bertrand Badie, « La Puissance revisitée », Puissances d’hier et de demain, La Découverte, Paris, 2013, p. 14.
[21] Raymond Aron appelle à relativiser la notion de « puissance » : « J’appelle puissance sur la scène internationale la capacité d’une politique d’imposer sa volonté à d’autres unités.
[22] Ibidem, p. 33-37.
[23] Luc Sindjoun, Sociologie des relations internationales africaines, Karthala, Paris, 2011, p.24.
[24] Luc Sindjoun, Sociologie des relations internationales africaines, Karthala, Paris, 2011, pp.158 et suivants.
[25] Il précise dans un premier temps que relations internationales africaines peuvent être étudiées à partir d’un concept de « système » dès lors qu’on s’intéresse aux interactions entre acteurs de la région. Il existe un système international africain, distinct des acteurs occupant des positions et jouant des rôles précis. En deuxième lieu, il avance que les relations africaines sont constituées d’un champ, c’est-à-dire d’espace de relations, concurrentielles et complémentaires entre acteurs d’origine identique ou différente aux ressources variées. Enfin, la notion de champ permet d’appréhender de manière relationnelle, les acteurs étatiques et les acteurs transnationaux séparément et conformément dans leur dynamique d’accès aux profits particuliers et contingents. Luc Sindjoun, Sociologie des relations internationales africaines, Karthala, Paris, 2011, p.22.
[26] Le soft power permet d’exercer une influence politique, de faciliter la conquête des marchés, etc. Si une nation parvient à persuader une autre que leurs intérêts sont communs, elle parviendra beaucoup plus facilement et plus durablement à la faire adhérer à sa politique que si elle veut obtenir ce résultat par la contrainte.
[27] Pascal Boniface, La Géopolitique, Eyrolles, Paris, 2014, pp.145-146.
[28] Luc Sindjoun, Sociologie des relations internationales africaines, Karthala, Paris, 2011, p.204.
[29] Marc Fontrier, in « Transformations de la violence en Afrique » A. Augé & P. Klaousen, Réformer les armées africaines. En quête d’une nouvelle stratégie, Karthala, Paris, 2010, p.202.
[30] En sociologie politique belge, l’expression « compromis à la belge » renvoie à une pratique politique typiquement belge dans un pays marqué par un fort clivage linguistique et communautaire consacrant l’instabilité institutionnelle où le recours à un subtil sens poussé de consensus et/ou de compromis a permis de juguler et de réguler des conflits communautaires et politiques pouvant plonger le pays dans une crise institutionnelle complexe et presqu’insoluble. Ainsi, pour tenter de gouverner ce pays, marqué par un système électoral proportionnel et non majoritaire, les acteurs politiques ont savamment développé un subtil sens poussé et exercice continu de dialogue et de conciliation de forces qui relèvent des communautés linguistiques différentes et souvent antinomiques afin de parvenir à des accords politiques consensuels où toutes les parties prenantes semblent être gagnantes.
3 Comments on “Kagame est-il incontournable dans le jeu politique congolais post-Kabila ? – JJ Wondo”
GHOST
says:LE CAUCHEMAR DE KAGAME
Depuis decembre 2017, Kagame sait très bien qu´une page importante se tourne au Congo. Comme mr Wondo le souligne si bien, 20 ans de destabilisation de la RDC est entrain de prendre fin..avec toutes les conséquences économiques et sécuritaires pour le Rwanda.
Nous allons essayer d´aborder ce sujet sous un aspect militaire. car selon notre perception les deux facteurs qui ont constitués la faiblesse de la RDC sont: l´armée et la démocratie.
Kagame assume la présidence de l´UA où une autre génération des dirigeants africains sont plus engagés dans le processus de la démocratisation car ayant accedés au pouvoir dans le cadre de la démocratie.
Kagame se retrouve aussi dans une position très sensible car le paradoxe pour lui quand il se retrouve en pleine lumière, il ne peut pas continuer á « destabiliser » la RDC et continuer á jouer sur son image internationale et sa reputation de bon manager .. et de réference de bonne gouvernance.
C´est un cauchemar pour Kagame car une autre génération des congolais qui résident en Occident a appris beaucoups pendant ces 20 ans et cette génération va activement influencer le processus de la fin de l´influence de Kagame et Museveni.
GHOST
says:KAGAME « INCONTOURNABLE » ? UN DEFI INTERNE POUR LES CONGOLAIS
Comme nous sommes sur un site qui traite des questions de la défense, disons tout haut que la question de Kagame se traite avant tout sur la « qualité » des ambitions militaires des futurs dirigeants congolais.
¤ UN GRAND MARCHE POUR L´INDUSTRIE DE LA DEFENSE
Les congolais devraient prendre en compte un facteur sécuritaire très important qui se joue á l´ombre. La RDC post Kabila est un grand marché pour l´industrie de la défense.
20 ans d´instabilité sécuritaire ne prend pas fin quand Kabila quitte au mois de decembre …ou avant. Pendant 20 ans, la RDC n´a pas eu une politique de défense visible ou crédible.
> La mission militaire de l´ONU va prendre fin dans un futur proche et comme nous ne cessons de le souligner, c´est un marché enorme pour l´industrie militaire.
La sécurité de la RDC est un défi interne quand nous lisons de temps en temps sur la Net des propositions qui indiquent que certaines organisations politiques ou de la societé civile congolaises souhaitent miser sur le savoir faire des ex FAZ.
Nous devons retourner les pages de notre histoire á la lumière de ce qui se passe actuellement sur la planète. Avec tous le respect pour les ex FAZ, l´enjeu du futur de la défense de la RDC depasse largement leurs capacités.
Notre perception est que la question de la défense est avant tout une question « politique ». Les organisations politiques congolaises doivent imparativement se saisir de cette question et lancer des idées sur base des experiences modernes de ceux des pays qui sont entrain de se stabiliser démocratiquement.
Refaire une armée qui sera « compatible » avec la culture démocratique exige des congolais qu´ils cessent de regarder vers l´EIC ou l´ex Zaire. Ce que la RDC a besoin pour se stabiliser ne figure pas dans les experiences militaires de la Force Publique ou des ex FAZ.
La RDC est un grand marché pour l´industrie de la défense planetaire. Un programme militaire crédible en faveur de la RDC doit inclure la construction des nouvelles infrastructures. Les congolais ne peuvent plus se contenter des infrastructures héritées de la Force Publique. Ce que les menaces actuelles sont situées aux frontières du Congo.
La stabilisation de la RDC passe imparativement á l´acquisition des nouvelles technologies militaires. Rien que l´état des infrastructures de communication (routes, aéroports ou chemin de fer) indique que la mobilité de l´armée congolaise post Kabila va se baser sur le transport aérien (hélicoptères et avions de transport).
Le marché de la défense c´est aussi l´acquisition des connaissances modernes en matière de gestion du ministère de la défense (avant de parler de l´admnistration de l´armée) tout comme du système de « mentoring » où une nation « leader » assez puissant prend la responsabilité du processus de la formation d´une armée républicaine au Congo.
Le défi est interne. De notre capacité á attirer les puissantes industries de la défense dans le processus de création d´une institution de la défense au Congo repose la fin de l´influence nocive de Kagame.
GHOST
says:AMBITIONS ET RESSOURCES
Kagame peut toujours rester incontournable si les congolais ne possedent pas d´ambitions sécuritaires respectables et pire si les congolais ne peuvent pas faire usage de toutes les ressources qu´ils possedent pour faire pencher la balance en leur faveur.
RESSOURCES
Une petite analyse rapide des capacités internes des pays voisins á financer l´acquisition des équipements militaires démontre que mis á part l´Angola et á moindre mesure la Zambie, le reste des pays voisins ne possedent pas assez des ressources naturelles équivalant á leurs ambitions régionales.
Le cas du Rwanda où Kagame s´est pratiquement fait « incontournable » dans le devenir de la RDC démontre que ce pays enclavé ne possede pas les moyens de ses ambitions.
En s´informant sur les capacités de projection de tous les pays voisins, l´Angola, l´Ouganda et la Zambie sont les pays qui possedent des avions de combat et de transport souvent de fabrication russe ou chinoise capable non seulement d´assurer une projection, mais aussi servent de « dissuasion ».
Si les congolais dont decidés á reduire significativement l´influence de Kagame (et Museveni) la liste des entreprises militaires capables d´apporter les équipements militaires est disponibles.
Rien qu´avec une entreprise comme Boieng, la RDC peut rapidement accèder aux avions de combat F-18 ou F-15 de la dernière génération, les hélicoptères de transport lourd, ou l´hélicoptère de combat le plus puissant en Occident.
Ce que la RDC possede les ressources necessaires pour financer un tel projet, il ne nous manque que les connaissances necessaires et l´ambition.
Une fois de plus, la RDC post Kabila qui aspire á se passer de l´influence de Kagame ne peut miser que sur ses capacités militaires capables de depasser celles de tous les pays voisins.
La solution ultime pour contrer toutes les influences exterieures passe par les industries militaires puissantes capables non seulement d´apporter les technologies, mais aussi l´influence « diplomatique »
L´histoire de l´Afrique du Sud post appartheid devrait servir d´inspiration pour les congolais. Mandela si « pacifique » avait herité d´un programme militaire qu´il avait réalisé pendant son mandat. L´Afrique du Sud base son influence diplomatique sur cette capacité militaire de nos jours.