Kabila renforce le caractère provincial et ethnique de l’armée et des services de sécurité
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Répondant à une question lui posée lors d’une interview qu’il a accordée le 28 juillet 2018 sur TV5 Monde, concernant un aspect positif qu’il gardait des 32 ans de règne Mobutu, Jean-Pierre Bemba a répondu sans hésiter qu’« incontestablement l’unité du pays, et surtout je pense le fait qu’il y avait beaucoup moins de tribalisme qu’à l’heure actuelle ».
Ce constat, loin d’être anodin, devient une sorte de normalité durant les 17 ans de gouvernance de Kabila, voire depuis la prise du pouvoir par les armes par l’AFDL en 1997. C’est particulièrement dans l’armée et les services de sécurité que l’on constate une tendance à la consolidation de la swahilisation du commandement de ces organes régaliens de l’Etat. C’est ce que nous allons démontrer dans cette analyse.
De Mobutu aux Kabila, l’armée congolaise n’a jamais été une armée sociologiquement nationale
On constate que Joseph Kabila s’inspire de Mobutu qui a fait de l’ancienne armée zaïroise, les FAZ[1], un repaire de généraux majoritairement originaires de l’Equateur, et renforce à son tour la swahilisation des FARDC. La morphologie géoethnique actuelle des FARDC est de plus en plus excentrée vers l’est du pays. Certes, cela peut s’expliquer par les multiples processus d’intégrations de plusieurs combattants des groupes rebelles et milices évoluant à l’est. Mais cela ne justifie ni n’excuse le fait que la Loi organique portant organisation et fonctionnement des FARDC plaide en faveur de la mise sur pied d’une armée nationale où l’équilibre géographique des provinces est garanti.
En effet, l’article 2 de la loi organique portant organisation et fonctionnement des FARDC consacre le caractère national et non ethno régional de l’armée et stipule : « L’armée nationale comme étant celle dont les effectifs à tous les niveaux sont composés de manière à assurer une participation équitable et équilibrée de toutes les provinces. Cet équilibre se trouve à tous les niveaux de l’armée, en tenant compte de la représentation des tribus, d’ethnies et des femmes, sans distinction de religion ou de langue. »
L’article 7 de la loi portant statut du militaire va plus loin et précise : « Les effectifs à TOUS les niveaux les fonctions de commandement en tout temps et en toute circonstance, doivent tenir compte des critères objectifs liés à l’aptitude physique, à l’instruction suffisante, à une moralité éprouvée ainsi qu’à une représentation équitable des provinces. »
Malheureusement, les nominations des généraux intervenues en juillet 2013 ont mis lumière cette tendance ethnorégionale, avec plus des 70 % des généraux promus originaires des provinces orientales du Congo[2]. Les nominations intervenues en septembre 2014 à la tête des Grandes Unités des FARDC ont consolidé cet état des choses[3]. Les dernières nominations de fin de mandat de Kabila intervenues le 14 juillet 2018 confirment cette tendance contraire à la législation militaire congolaise. On assiste donc aujourd’hui à une ‘swahilisation’ des FARDC qui fait penser à l’‘équatorialisation’ des FAZ sous Mobutu[4].
L’analyse minutieuse des nominations intervenues le 14 juillet 2018 démontre que l’ex-province du Katanga est la province la mieux lotie. Elle est suivie du Grand Kivu (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Maniema) où on constate une représentation assez disproportionnée des ressortissants rwandophones (à majorité tutsis) issus principalement des rébellions du RCD-Goma et du CNDP, autrefois soutenus par le Rwanda.
On note par contre une sous-représentation des provinces de l’Equateur, des deux Kasaï, du Bas-Congo et de Kinshasa, qui ont majoritairement voté contre Kabila en 2011. En effet, sur 135 généraux répertoriés dans un document officiel du ministère de la Défense parvenu à DESC, seuls 42 généraux sur un total de 136 étaient originaires de l’ouest du pays, soit environ 30,88 % de l’effectif national, comme le démontre le tableau ci-dessous.
Ce même tableau renseigne également que le Katanga et deux Kivu totalisent pratiquement la moitié des officiers généraux congolais. Par contre, le même tableau appelle à relativiser, voire à minimiser la proportion des généraux rwandophones (rwandais ?) au sein des FARDC. Cela permet également de relativiser ce que d’aucuns qualifient d’infiltration massive de l’armée congolaise par les ressortissants tutsis ou d’ascendance tutsie qui ne totalisaient pas plus de 20 généraux au sein des FARDC.
Malgré les dispositions constitutionnelles faisant de la défense nationale un domaine de collaboration[5], la question militaire reste invariablement un domaine réservé du chef de l’Etat, marqué par le « secret-défense ».
Le professeur Theodore Trefon a mis en évidence la tradition congolaise de la gouvernance par les réseaux et non par les institutions. « Ces réseaux se chevauchent et cherchent souvent à se neutraliser mutuellement pour protéger leurs propres intérêts. » [6]. Joseph Kabila, sa famille et ses partisans politiques, ses alliés stratégiques et ses associés d’affaires – dans la tradition congolaise du secret politique extrême – gouvernent par les réseaux, et non par les institutions. « Ces réseaux se chevauchent et cherchent souvent à se neutraliser mutuellement pour protéger leurs propres intérêts[7] ».
Le premier réseau le plus puissant est celui composé par les Katangais ethniques. Il contrôle la Garde républicaine et les unités spéciales de la Police nationale congolaise (PNC) dont les ex-bataillons Cobras et Simbas du général John Numbi. « L’axe Banyamulenge-rwandais » est le deuxième réseau le plus important, particulièrement actif dans l’exploitation illégale des richesses minières du Kivu[8]. Cet axe exerce un pouvoir dans les secteurs de la sécurité et de la défense, ce qui le met en concurrence avec le réseau katangais[9].
A la question de savoir pourquoi Joseph Kabila manifeste une telle complaisance envers le Rwanda, le journaliste d’investigation Charles Onana répond :
« En réalité, il a gardé des contacts directs avec Kigali à travers James Kabarebe qui lui téléphone régulièrement pour diverses questions. Kabila est manipulé par Paul Kagame qui le considère comme son cheval de Troie à la tête de l’Etat congolais. Mais il y a plus. (…) Ainsi, durant toute la période d’incursions de l’armée rwandaise en 2004 au Congo et après la rébellion de Laurent Nkunda, Joseph Kabila observe un silence de mort. Alors que les massacres, les atrocités et les viols commis par les hommes de Kagame et ceux de Nkunda contre le peuple congolais prennent des proportions démesurées, Joseph Kabila ne dit rien ou presque. Les Congolais ne cessent cependant de s’étonner de l’étrange attitude de leur président, mais ils ne reçoivent aucune explication[10]. La pression de Kigali sur Kinshasa s’accentue et très peu de gens sont informés de ce qui se passe exactement entre Kabila et Kagame. (…). Paul Kagame n’a évidemment pas les mêmes délicatesses envers son homologue congolais[11].»
Dans une analyse publiée en 2013 par le chercheur belge Georges Berghezan du GRIP met en évidence l’attitude ambiguë de Kabila vis-à-vis du M23. Il souligne également sa politique complaisante de Kabila jug envers Kigali[12].
Le Katanga rafle la mise lors des restructurations de juillet 2018 d’une armée macrocéphale de plus de 270 généraux
En plus de régionalisation de l’armée et des services de sécurité, divers signaux attestent d’une sorte de « prétorianisation » du régime de Kabila par une militarisation atypique de la police[13] et le surarmement anormal de la GR[14]dont les soldats sont versés dans la police. Les restructurations et promotions au sein des FARDC opérées en juillet 2018, dont 145 colonels promus au grade de général de brigade rejoignant 136 autres généraux, tendent à montrer qu’elles obéissent d’abord à un objectif politique en relation avec la crise électorale, et moins à une finalité sécuritaire d’amélioration de l’efficacité de l’armée congolaise dont tous les processus de réformes initiés jusqu’à présents sont restés sans résultats positifs. Cette nomination pléthorique des généraux contredit fondamentalement le document interne des FARDC du Plan de réforme 2013 – 2025 qui limite à 76 le nombre de généraux actifs en fonction au sein de l’armée.
Par ces nominations, le président Kabila met en place les personnes capables de le suivre loyalement jusqu’au bout de sa stratégie politique future dont l’aspect militaire reste la pierre angulaire. Il convient de remarquer également qu’à chaque période critique de la crise politique et sécuritaire en RDC, Joseph Kabila a tendance à gratifier ses généraux et quelques officiers supérieurs pour s’assurer de leur loyauté en cas de troubles ou pour se prémunir contre les contestations populaires. En 2013, quelques temps après la prise de Goma par les rebelles du M23, Joseph Kabila n’a pas trouvé mieux que de promouvoir une centaine de généraux afin de faire baisser un tant soit peu la tension populaire et militaire qui se cristallisait autour de sa personne.
On constate déjà au sein de l’armée, de la police et des services de sécurité une forte tendance au renforcement des postes de commandement par des Katangais au détriment des rwandophones et de celui des militaires ressortissant des autres ethnies congolaises. Cette situation pourrait engendrer des conflits. C’est les cas notamment du chef d’état-major général des FARDC, Célestin Mbala Munsense, de l’Inspecteur général des FARDC, John Numbi ; du Commandant de la garde républicaine, Gaston Hughes Kampete ; du chef d’état-major de la Force aérienne, Kahumbu Mwankole, le nouveau chef d’état-major de la Force terrestre en remplacement de l’autre Kata,gais Dieudonné Banze Lubunji, est un katangais de l’ethnie sanga du territoire de Lubudi dans le Haut-Katanga, Enoch Numbi ; du Commandant secteur opérationnel Nord-Kivu, Grand Nord de l’opération Sukola 1, Marcel Mbangu Mashita, de l’Inspecteur Général de la PNC, Raüs Chalwe, du Directeur général de l’agence national de renseignements, Kalev Mutondo et du Commissaire provincial de la police à Kinshasa, Sylvano Kitenge, du Commandant de la 1ère Zone de Défense à l’ouest de la RDC, Fall Sikabwe ; du Commandant de la 2ème Zone de Défense (2 Ksaï et Katanga), Philémon Yav ; du Commandant de la base militaire de Kamina, Jean-Claude Kifwa ; du Commandant de la base militaire de Walikale, le général Pascal Kabwe Isango Tutu et du Premier Président de la Haute cour militaire, le général Joseph Mutombo Katalay Tiebee et le général Jean-Luc Ilav, ancien commandant de la Base Logistique Centrale, promu sous chet d’état-major des FARDC chargé de la logistique, qui sont tous katangais.
Les rwandophones toujours dans des postes stratégiques des FARDC
Par ailleurs, sans démériter les officiers rwandophones occupent certaines postes opérationnels stratégiques, notamment ceux en rapport avec les renseignements et les opérations militaires. C’est les cas du Chef d’état-major Adjoint de Force terrestre chargé des opérations et renseignements, le général ex-rebelle RCD Obed Rwibasira Ruyumbu, du Commandant adjoint chargé des opérations et renseignements au sein de 1ère Zone de Défense (Kinshasa-Equateur-Bas-Congo, Bandundu), Smith Giranga Mutara ; du Commandant du secteur opérationnel Nord-Equateur (Fief de JP Bemba), le général ex-Rebelle RCD-Goma/CNDP Eric Ruhirombere, sanctionné par l’UE pour son rôle dans les massacres du Kasaï Central ; du premier avocat général des FARDC, le général ex-rebelle RCD-Goma/CNDP Jean Bivegete Pinga Solo ; du Commandant adjoint chargé des opérations et renseignements à la 34è Région Mil (Goma), le général Gahizi ; du Commandant secteur opérationnel Ituri (Province Orientale), le général Kabundi ; du Commandant adjoint chargé opérations et renseignements dans le Secteur Opérationnel Bunia, le général Honoré Hamuli Tchiviri (Civiri), ancien Commandant du 3306ème régiment des FARDC issu majoritairement des rebelles CNDP ; du Commandant adjoint chargé des opérations et renseignements de la Base Militaire de Kamina, le général François Kamanzi et du Commandant Secteur Opérationnel Sokola 2 (contre les FDRL), le général Charigonza. On peut également associer à ce groupe le général hema (un groupement nilotique proche des Tutsi de la Province Orientale) et ex-rebelle MLC, Dieudonné Amuli Bahingwa, le Commissaire général de la Police Nationale Congolaise, en remplacement du tutsi Charles Bisengimana qui joue désormais un rôle flou dans les coulisses sécuritaires de Kabila.
Ce nombre est excessivement élevé par rapport à la proportion démographique des rwandophones en RDC. Il n’est pas exclu que lors des restructurations de juillet 2018, Joseph Kabila voulait faire un clin d’œil stratégique à Paul Kagame qui militerait, semble-t-il, en faveur de son départ. A ce dispositif, DESC a reçu des informations crédibles relatives au recrutement des M23 par Delphin Kayimbi dans une perspective de sabotage du processus électoral en cours.
Les principaux responsables de la défense et sécurité en RDC
Fonction | Nom | Origine | Observations |
Ministre de la Défense | Aimé Crispin Atama Tabe | Province Orientale | |
Conseiller spécial en matière de sécurité | Maître Jean Mbuyu Luyongola | Ex-Katanga | Mulubakat de mère burundaise |
Chef d’EMG des FARDC | Lt-Gen Célestin Mbala Munsense | Ex-Katanga | Mulubakat, de mère Luba du Kasaï-Or. Très hostile à la communauté internationale et sans concession aux opposants |
Inspecteur Gen FARDC | Gen d’Armée John Numbi | Ex-Katanga | Mulubakat – Le véritable chef de la stratégie sécuritaire répressive et militaire de Kabila- Sous sanctions UE-USA-Suisse |
Chef EM adjoint chargé des Opérations et des Renseignements (Démiap)[15] | Lt-Gen Gabriel Amisi Tango Four | Maniema | Le vrai chef opérationnel des FARDC. Très proche du Rwanda. Il a joué un rôle actif dans la chute de Goma en faveur du M23. Sous sanctions UE-USA-Suisse |
Sous-chef d’EM Administration | Gen-Maj Jean-Pierre Bongwangela | ||
Sous-chef EM chargé des opérations | Gen-Maj Daniel Kashale Mugala | ||
Sous-chef EM chargé des renseignements | Gen-maj Delphin Kayimbi Kasagwe | De l’ethnie Havu du Sud-Kivu (Kalehe) | Formé au Rwanda. En contact actuellement avec les M23 qu’il tente de recruter depuis l’Ouganda. Très loyal à Kabila |
Sous-chef EM chargé de l’administration | Gen Bde Constantin Claude Ilunga Kabangu | Kasai-Oriental | |
Sous-chef EM chargé de la logistique | Gen Bde Jean-Luc Ijila Yav | Katanga | |
Commandant de la Garde républicaine (GR) | Gen-maj Gaston-Hughes Ilunga Kampete | Katanga (Mulubakat) | Dur parmi les durs katangais et très loyal à Kabila |
Chef EM Armée de terre | |||
Chef EM Adjoint Force Terrestre Opérations & renseignements | Gen-maj Obed Rwibasira Ruyumbu | Rwanda (Tutsi). Ses parents sont au Rwanda. | Ex-RCD-Goma et CNDP. Il a attaqué Bukavu en 2004 avec J. Mutebusi |
Chef d’EM de la force aérienne | Gen Bde Enoch Lumbi Ngoy | Katanga (Mulubakat) | Cousin paternel du Gen J. Numbi. Impliqué dans le trafic d’armes vers le Zimbabwe |
Chef EM particulier du Chef de l’Etat (pressenti) | Gen-major Jean-Claude Yav Kabej | Katanga (Murund) | Ancien responsable des renseignements militaires |
Chef EM particulier adjoint du président chargé des Ops et Rens | Gen Bde François Kasanda wa Kasanda | Kasaï-Oriental | Ingénieur diplômé de l’ERM |
Commandant 1è Zone de Défense (Ex-Deux Kasaï et ex-Katanga) | Gen-Maj Fall Sikabwe | Katangais | |
Commandant adjoint chargé OPS & Rens 1ère Zone Def (Kinshasa-Equateur-Bas-Congo, Bandundu) | Gen Smith Giranga Mutara | Kivu (Rwanda ?) Tutsi | Ancien rebelle RCD-Goma et CNDP |
Commandant 2è Zone de Défense | Gen-maj Philémon Yav | Katanga (Rund) | Ancien commandant 22è Rég Mil (Katanga) Loyauté absolue à Kabila |
Commandant 3è Zone de Défense (2 Kivu, Maniema, Province-Or.) | Gen Maj Leon Constant Ndima | Equateur | Equateur |
1er Président de la Haute cour militaire | Gen-Maj Mutombo Katalay Tiebee Joseph | Katanga | |
Président de la Haute cour militaire | GenBde Kasongo Kyolele | Katanga | |
Conseiller à la cour militaire | Kabeya Kabeya Jean-Michel | ||
Auditeur Général | Lt-Gen Munkunto Kyana Tim | Katanga (Mulubakat) | Le bras judiciaire militaire de Kabila. Un dur du régime |
1er avocat Gen des FARDC | Gen-Maj Jean Bivegete Pinga Solo | Kivu (Rwanda?) Tutsi | Ancien rebelle RCD-Goma / CNDP |
Commissaire général de la Police Nationale Congolaise (PNC) | Lt-Gen-Dieudonné Amuli Bahigua | Province Orientale. Hema apparenté aux Tutsi | Ex-Rebelle du MLC de JP Bemba |
Inspecteur général de la police | Commissaire divisionnaire Raus Chalwe | Katanga | Lunda d’origine zambienne |
Commissaire Provincial Kinshasa | Sylvano Kasongo | Katanga | Proche de John Numbi et jugé très répressif |
Commandant de la Police provinciale du Bas-Congo | Patience Mushidi Yav | Katanga | Le Bas-Congo est une province opposée à Kabila depuis 2006une |
Directeur de l’ANR (Service de Rens. Civil) | Kalev Mutondo | Katanga (Murund) | L’homme-orchestre de la police politique de Kabila et le cerveau |
Ministre de l’Intérieur et sécurité | Henri Mova Sakanyi | Katanga | |
Ministre de la Justice… | Alexis Tambwe Mwamba | Maniema | Proche de la mampan de Kabila (Sifa Mahanya) |
Commandant Base Militaire de Kitona (Bas-Congo) | Général Major Matutezola André | Bas-Congo | Diplômé de l’ERM |
Commandant Base Militaire de Kamina (Katanga) | Général major Kifwa Jean-Claude | Katanga (Mulubakat) | Dur et fanatique de Kabila. |
Commandant adjoint Base Militaire de Kamina (Ops & Rens) | Gén de Brigade Kamanzi François | Kivu (Rwanda ?) (Tutsi) | Ex-rebelle RCD-Goma et CNDP |
Commandant Base Militaire de Walikale (Nord-Kivu) | Gén de brigade Kabwe Isango Tutu Pascal | Katanga | |
Commandant secteur Ops Nord-Kivu, Grand Nord, Ops Sukola 1 | Gén. de Brigade Marcel Mbangu Mashita | Katanga | |
Commandant secteur Ops Ituri (Province Orientale) | Gen Innocent Kabundi Munyanziza | Nord-Kivu (Rwanda ?) (Tutsi) | Ex-CNDP |
Commandant adjoint chargé Ops & Rens Secteur Opérationnel Bunia | Général Honoré Hamuli Tchiviri (ou Civiri) | Sud-Kivu | Ex-RCD-Goma |
Commandant secteur Ops Nord-Equateur (Fief de JP Bemba) | Eric Ruhirombere | Nord-Kivu (Rwanda ?) Ex-rebelle RCD-Goma, CNDP | Sanctionné par l’UE pour son rôle dans les massacres du Kasaï Central |
Commandant adjoint chargé des opérations et renseignements à la 34è Région Mil (Goma) | Gen Gahizi | Nord-Kivu (Rwanda ?) Ex-rebelle RCD-Goma, CNDP | |
Commandant Secteur Opérationnel Sokola 2 | Gen Chaligonza | Ituri – Hema (groupement nilotique proche des Titsi) | Ex- cadre rebelle de l’UPC de Thomas Lubanga |
Commandant 33è Région Militaire (Sud-Kivu et Maniema) | Akili Muhindo Mundos | Hunde (Nord-Kivu) | Il manifeste une loyauté viscérale à Kabila dont il est un des bras armés exécuteurs Ancien coordonnateur de la task force de la GR. Impliqué dans les massacres de Beni |
Dans la foulée des promotions des militaires de juillet 2018, Joseph Kabila vient de promouvoir au grade de lieutenant, la promotion des anciens sous-officiers majoritairement swahilophones qui étaient formés en Tanzanie en 10 mois seulement et ont terminé en novembre 2014. Pourtant, la 26ème promotion des officiers formés pendant trois ans à l’Académie militaire de Kananga et qui a terminé en juillet 2014, est restée sous-lieutenant. Nous avions déjà évoqué cette pratique discriminatoire dans une analyse publiée en décembre 2014[16]. C’est donc le règne d’une armée népotique et séparatiste à deux vitesses qui se poursuit avec Joseph Kabila qui ne cesse de déstructurer cet organe régalien censé être la colonne vertébrale d’un État. Une attitude qui ne cesse de créer des frustrations et des divisions là où devrait régner l’esprit de corps. Tout cela finira dans un avenir proche à provoquer un effet de boomerang contre lui.
Conclusion
On pourra donc constater que la majorité des personnes influentes dans le secteur de sécurité sont soit majoritairement des Balubakat ou originaires du Katanga, sont soit des ressortissants du Kivu ou ont un lien direct (par filiation) avec l’ethnie tutsie.
Il y a cependant lieu de noter que la lutte du pouvoir et les conflits autour de la succession effective au pouvoir Kabila, en cas de dérapage du processus électoral, pourraient se jouer autour des personnes prénommées et conduire à une intervention brutale des différents réseaux militaires susmentionnés dans le jeu politique.
Enfin, Kabila doit bien comprendre que ni Mobutu, ni Blaise Compaoré, ni Robert Mugabe et encore moins Yahya Jammey n’ont été protégés par leurs milices prétoriennes à base tribale et régionale.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste et Expert des questions politiques et sécuritaires de la RDC et de l’Afrique médiane
Références
[1] FAZ : Forces armées zaïrioses (1971-1997). Cette tendance est détaillée dans notre ouvrage Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, 2ème Edition 2015.
[2] http://afridesk.org/flash-reforme-de-larmee-kabila-envoie-un-signal-fort-note-de-jean-jacques-wondo/.
[3] http://afridesk.org/exclusif-les-commandants-des-regions-militaires-en-rdc-la-fazation-des-fardc-jean-jacques-wondo/.
[4] http://afridesk.org/joseph-kabila-prepare-t-il-une-armee-separatiste-swahilophone-jj-wondo/.
[5] Exposé des motifs, Constitution du 18 février 2006.
[6] T Trefon, Congo, la mascarade de l’aide au développement, Louvain-la-neuve, Academia, 2014, p. 169.
[7] Ibid 169.
[8] Ibid. p.38.
[9] Theodore Trefon, ibid, p.24.
[10] Le président Joseph Kabila s’est montré également étonnamment taciturne lors des revers militaires subis par les FARDC en 2012 face au M23 lorsque plusieurs témoignages avérés (lire supra) ont fait état des actes de trahison de la haute hiérarchie militaire.
[11] Charles Onana, Europe, crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent, Duboiris, Paris, 2012, pp.122-123.
[12] Georges Berghezan, Réforme de l’armée congolaise : travail d’Hercule ou mythe de Sisyphe. GRIP, 6 décembre 2012. https://www.grip.org/fr/node/730.
[13] RDC : on est dans une conjoncture de militarisation de la police, selon Jean-Jacques Wondo, Radio Okapi, 19 juillet 2017, www.radiookapi.net/2017/07/19/emissions/linvite-du-jour/rdc-est-dans-une-conjoncture-de-militarisation-de-la-police.
[14] JJ Wondo, Joseph Kabila continue à suréquiper militairement son régime en vue des échéances politiques à venir, DESC-WONDO, 9 avril 2018.
[15] Démiap = Détection Militaire des Activités Anti Patrie. Le service de renseignements militaires congolais sous L.D Kabila.
[16] JJ Wondo, Joseph Kabila prépare-t-il une armée séparatiste swahilophone ? DESC, 5 décembre 2014. http://afridesk.org/fr/joseph-kabila-prepare-t-il-une-armee-separatiste-swahilophone-jj-wondo/.
2 Comments on “Kabila renforce le caractère provincial et ethnique de l’armée et des services de sécurité – JJ Wondo”
Makutu Lidjo
says:Si on arrive à faire tomber ce système, enfin va s’ouvrir un gros travail de remise en état de notre système de défense et de sécurité. Avec l’espoir que ceux qui prendront part à ce travail le fassent bien une fois pour toutes.
GHOST
says:DOWN SIZING ?
Avons-nous besoin de tous ces…généraux ? En toute logique, non pas du tout. Dans l´optique d´un « down sizing » du format de l´armée, la selection sera au rendez-vous dans moins de six mois quand Kabila quitte.
Même Shadary sera en danger de mort s´il ne prend pas soin de l´armée. La seule option pour survivre va contraindre Shadary de rechercher une implication active des USA et de l´UE afin de reduire le nombre des généraux et mieux un financement important du budget de la défense.
Pour ceux de l´opposition, mieux que Shadary, ils savent en avance que l´armée dans sa forme actuelle est une menace pour la démocratie.
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