Kabila: Echec et mat!
La jeep de Kabila embourbée à Beni
La RDC a enregistré un taux de croissance de 8.9% pour l’exercice 2014 a fait savoir le directeur de la Banque Centrale Congolaise (BCC) Mr Deogratias Mutombo. C’est une réalisation qui mérite un chapeau-bas. Ce chiffre est supérieur à la moyenne africaine qui est estimée à environ 6% d’après la Banque Mondiale. Il est supérieur à celui de la Chine 7.6%, du Brésil 0.9% et de l’Angola 7.9% d’après différentes sources accréditées. Pour les kabilistes, le pays serait sur la bonne voie, alors pourquoi changer une équipe qui gagne ?
La problématique de l’alternance du pouvoir en RDC, depuis le combat contre la dictature de Mobutu est au delà des individus et de leurs réalisations à la tête du pays. Le pays a vécu la débâcle Mobutienne. Chat échaudé craint l’eau froide, dit le sage. Pour le cas particulier du « rais », depuis surtout 2011, il a multiplié des erreurs dont les cinq ci-dessous qui ne lui seront surement jamais pardonnées.
Animés de la volonté de démocratisation, de transparence dans la gestion de l’état, de la justice sociale et de la paix restaurée dans toute la république, les congolais se mobilisent partout pour que le Congo cesse d’être une république bananière. C’est une aspiration universelle. Dans un sondage réalisé tout récemment par le journal Jeune Afrique sur l’Africain de l’année 2014, les votants ont plébiscité le peuple Burkinabé pour avoir chassé du pouvoir leur dictateur-président Blaise Compaoré. Comme le souligne jeune Afrique, ce choix Burkinabé traduit « l’aspiration (de démocratie), symbolisée par l’éclosion dans plusieurs pays de mouvements citoyens spontanés (Y’en a marre au Sénégal, le balai citoyen au Burkina), illustrée par les sondages menés dans 35 états par l’Afrobaromètre depuis plusieurs années. Selon les enquêtes, sept africains sur dix préfèrent la démocratie à tout autre régime ».
Quelqu’un m’avait dit un jour qu’il ne voyait pas comment Kabila aller quitter le pouvoir en 2016. J’ai répondu que je ne voyais pas plutôt comment il va rester au pouvoir entre maintenant et 2017. Le président Joseph Kabila a commit beaucoup d’erreurs dont les 5 majeurs ci-après ont condamné son régime. J’ai un jour écrit que Kabila, contrairement à Mobutu, ne jouissait pas de beaucoup de pouvoir. Son meeting de janvier 2015 avec les notables katangais sur la division administrative du pays, les invitant presque « à respecter la constitution » est révélatrice d’un Kabila amoindrit, tiraillé de partout même dans sa propre famille politique. Les revendications sur sa mauvaise gouvernance du pays résonnent presque partout. De plus en plus de gens n’ont plu peur de le critiquer publiquement. La prévision que j’ai faite en Aout 2014 (1) sur la corrélation entre l’article 37 de Burkina Faso et le 220 du Congo a maintenant plus de chance de se traduire dans le fait que ce deux pays connaissent le même sort.
Mr Joseph Kabila n’est pas coincé seulement au Congo. Il l’est à l’extérieur du pays par les Combattants et autres Résistants et par les occidentaux qui croient qu’il ne soit vraiment pas compétent de diriger un grand pays comme la RDC. Il est considéré comme un leader faible. Comme le dit ces deux imminentes personnalités « Kabila a échoué, c’est pourquoi il doit partir » Herman Cohen dixit et Madame Hillary Clinton d’ajouter« Kabila est un distrait et incapable de se concentrer, manifestement dépassé par les problèmes que connait son pays » (2).
Les cinq erreurs qui ont condamné Kabila à un exit qui peut survenir bien avant 2016 ou quelques mois après sont :
- L a confiscation du pouvoir en 2011: Les résultats de l’élection chaotique de 2011 jugés injustes par les institutions de réputation mondiale dont le Carter Center et L’Union Européenne ont engendré la lourde implication que Mr joseph Kabila est un président sans légitimité et qui gouverne par défi.
Ce fait simple est un boulet massif sur la marche du pays vers la réconciliation nationale, la cohésion des esprits et l’avancée vers le progrès socio-économique. Le pays est très divisé. La communauté est fracturée entre ceux qui soutiennent le régime souvent parce qu’ils en tirent un profit direct ou indirect et la majorité opposée à l’arbitraire et à la dictature avec ses corollaires de répression politique déjà vécue pendant la deuxième république. Nous avons fait allusion à ce point dans nos précédents articles (1).
Une conséquence néfaste de cette cassure est l’aliénation de la diaspora congolaise face au défi du progrès national. Celle-ci dont l’expertise spéciale acquise dans les conditions modernes de performance de secteurs variés fait défaut au pays. Un apport d’excellence est gaspillé pour la « gloire » de ceux qui ont confisqué le pouvoir et se vantent de leurs turpitudes. Les pays les plus rapidement avancés ces cinquante dernières années dont les « tigres asiatiques », la Chine et l’inde ont pu drastiquement progresser grâce à l’apport de leurs diasporas. Nous ne faisons pas ici allusion aux congolais qui ont simplement étudié à l’étranger et les autres « mikilistes » mais plutôt à ceux travaillent dans des positions dites de responsabilité (appelés en RDC cadres) comme ingénieurs, médecins, managers, policiers, militaires, juristes, etc. Nombreux sont ceux qui pensent que les réalités du Congo sont différentes de celle de l’Europe par exemple. Ces réalités sont fondamentalement les même. L’Europe a eu à faire face et continue à faire face aux mêmes problèmes que les pays africains. Ils ont aussi connu les maladies transmissibles, les guerres et les massacres de populations. Les problèmes de décentralisation, de caisse de péréquation se posent aussi ici et ailleurs dans le monde occidental. Les congolais et originaires du Congo qui ont travaillé dans différents secteurs des pays plus avancés ont accumulé les connaissances sur les solutions pratiques applicables en RDC. Ils sont prêts à contribuer à résoudre les problèmes du pays. Le hiatus est que la grande proportion de cette diaspora n’est point disposée à s’associer au régime actuel juge illégitime. Certains ont même peur pour leur sécurité dans un pays où la répression politique est le poinçon d’un régime rétrograde avec sa facture d’oppression des droits civiques, l’emprisonnement, les meurtres, les exécutions sommaires, les punitions extrajudiciaires, les abus des services de sécurité et la violence policière. La machine très active du terrorisme d’état fait peur.
- Ses origines demeurées douteuses: Mr Joseph Kabila n’a fait aucun effort pour prouver aux congolais qu’il est le vrai fils de son père. Le pêché ici est surtout lié au fait que beaucoup pense qu’il est simplement un sujet Rwandais qui a réussi à s’infiltrer (avec un groupe
d’amis de même origine) dans l’appareil de l’état et d’en occuper les positions clé. Le Rwanda aujourd’hui est encore pour beaucoup le pays ennemi numéro 1 de la République Démocratique du Congo à cause du comportement de son dictateur actuel. Le président Yoweri Museveni, allié de Paul Kagamé a fait cette déclaration en 1999: “ la RPA- alors armée rwandaise- voulait dominer le Congo mais nous sommes entrain de le stopper. Pour notre part, nous sommes intéressés de donner le pouvoir aux congolais, mais il semble que les Rwandais n’aiment pas cela »(3).
Les agissements du Rwanda dans le soutien aux diverses rébellions, de l’AFDL au M23, ont causé une grande humiliation du Congo et contribué aux massacres des populations congolaises estimés en millions de vies et aux viols des milliers de femmes et jeunes filles à l’Est du pays. La « covalence » de Mr Joseph Kabila et les transfuges de ces mouvements rebelles jugés dignes de répondre devant les cours et tribunaux du pays pour atrocités commises, « realpolitik » pour eux, est une situation non acceptable pour beaucoup, surtout quand la sanction est plutôt la récompense de nominations à des échelons supérieurs de l’administration de l’état, l’armée, la police et les services de sécurité. Certains activistes évoquent même le mot de trahison et « d’occupation du Congo » a proxy par le Rwanda, terme surement inapproprié dans ce cas. Pour ceux-là, le pays a d’abord besoin d’être « libéré » plutôt que démocratisé.
Les origines encore douteuses de Mr joseph Kabila constituent une épine dans le ‘conundrum’ RDC aujourd’hui.
- L’instabilité continue à l’Est et au Sud-est du pays: Les populations continuent d’être massacrées dans cette partie du territoire national. les groupements armés continuent de foisonner malgré la présence des soldats de l’armée et les troupes de la Monusco. Les sacrifices de ces soldats semblent être des actions vaines. Ces actes de guerre constituent une évidence de l’inefficacité de Mr Joseph Kabila comme « Commander in Chief » des FARDC. Son régime a failli dans la mission de reforme de l’armée de façon à la rendre capable de sécuriser ces contrées en guerre depuis plus de 20 ans. Beaucoup accusent Mr joseph Kabila d’avoir collaboré avec les mouvements comme les FDLR et certains membres du M23 dans des actions militaires et le bourrage des urnes lors de l’élection de 2011. Nous n’en avons pas les preuves mais ceci expliquerait sa faiblesse vis-vis des « ses amis » rebelles on nous dit parfois. Dans tous les cas, on n’a pas vu l’ex Major-Général Kabila monter aux créneaux pour haranguer ces troupes vers un assaut final par exemple contre l’ADF comme le faisait Mr Mobutu remettant son « sokoto » lorsque péril était en demeure. L’Allemand Martin Kobler semble être aujourd’hui le vrai « Commander in chief » des FARDC du point de vue de certains analystes.
- Les atteintes sérieuses aux droits de l’homme. Comme nous l’avons dit dans nos articles précédents, le régime Kabila se caractérise par une répression politique souvent silencieuse mais jusque-là très efficace. Nous reprenons ici ce que nous avons dit il y a quelques mois. Le bilan de l’administration Kabila sur le respect des droits de l’homme, la liberté de citoyens et de la presse est notoire et très sombre. La liste de victimes et prétendues victimes de la répression est très longue. Au Congo, le lien entre le pouvoir et la justice est bien loin d’être rompu. La dépendance de grandes nominations dans l’appareil judicaire du pouvoir fait que le système est simplement assujetti au dernier. Les services secrets ne sont redevables que vis-à-vis de leur chef qui généralement reste muet comme une carpe face aux déboires de ses concitoyens un peu comme dans un silence complice que beaucoup n’hésitent même pas à qualifier d’instigateur. La simple invocation des mots DEMIAP, ANR donne froid aux dos comme les CNRI, CND, CNRI, SNIP de l’époque Mobutu. Le régime de Joseph Kabila a failli dramatiquement dans la mission qu’il s’était lui-même donné de « protéger » les hommes, femmes et enfants exposés à l’ignominie de l’atteinte à leurs droits humains de base. Viols massifs, massacres, enfants soldats, populations déplacées, expulsions massives, l’impunité sont certains maux qui caractérisent le pays.
- Volonté implicite mais claire de prolonger son régime: Le souci jadis exprimé par beaucoup dans son entourage de modifier la constitution pour un troisième mandat du président Joseph Kabila ou de prolonger son mandat actuel dans une mafia électorale impliquant la CENI et L’ONIP (recensement intempestifs de citoyens) est le dernier de ces cinq pêchés majeurs. La majorité de Congolais souhaite le départ à la tête du pays de Mr Joseph Kabila. Malgré la croissance économique louable dont bénéficie le pays (bien que sans impact réel sur la pauvreté des masses), le pays est encore mal géré et mal gouverné.
Comme l’a articulé récemment le Dr Denis Mukwege le pays est victime de mauvaise gouvernance. En transgressant les règles de démocratie dont les élections régulières, en fin des mandats, libres, transparentes et la redevabilité des pouvoirs publics, Mr Joseph Kabila et ses apparatchiks demeurent seuls juges de leurs actions. Son silence, la tolérance face à ceux qui élèvent leurs voix pour plaider dans ce sens et aussi par exemple la nomination dans le présent gouvernement des propagandistes comme Mr Omer Egbake de la défunte Alliance de Bangala (ALLIBA) de triste mémoire et de Mr Evariste Boshab sont des simples actes à visée électoraliste plutôt que la recherche d’une efficience dans l’action gouvernementale et la cohésion nationale. Cette nomination est un calcul mal caché pour les conquêtes électorales prochaines. C’est un effort pour son mandat personnel ou une logique Poutine – Medvedev déjà invoquée ou encore avoir une mainmise sur le future du pays.
Le silence surement complice de Kabila est un autre pêché qui irrite les esprits de ses compatriotes. Il ferait mieux d’ordonner à la CENI, qu’il contrôle encore, de publier rapidement le calendrier complet des échéances 2015- 2016, de fixer l’opinion sur le fait qu’il ne sera pas candidat en 2016 et surtout que son mandat ne sera point prorogé par une manigance quelconque qui va surement mettre le pays à feu et à sang.
Depuis mon passage au département d’état américain au mois de Février 2014, je porte l’étendard de propagation de cette bonne nouvelle des « faiseurs des rois » : Kabila, échec et mat.
Seulement, l’après Kabila est un autre combat au quel nous devons sérieusement nous préparer en tant que gouvernant et gouverné. Pour bien être juge et électeur, il faut être conséquent. Le combat ultime, n’est point celui de l’orgueil et de l’enrichissement matériel personnel souvent acquis par l’injustice, la fraude, la corruption, la concussion et le trafic d’influence. C’est le combat de savoir comment gérer un état et demander les comptes aux acteurs politiques. Préparons-nous assez pour gérer l’espace Congo, établir les institutions étatiques solides, une démocratie participative, une éducation de standard universel, la justice sociale, une armée efficiente, une autosuffisance alimentaire, une décentralisation effective, non pas dans le verbe souvent sans contenu mais dans les faits ?
Réaliser tout ceci est un combat plus noble, qui demande une élévation spirituelle et des capacités de gestion sures. Le combat noble est celui d’essuyer les larmes de l’enfant qui pleure à Beni, de soulager les douleurs de la femme suppliciée à Uvira et Manono, de partager le revenu national avec le père qui vient de perdre son enfant à l’hôpital de Mwene-Ditu faute d’argent. Le combat, c’est de clamer à la manière de Langston Hugues parlant des noirs américains de son époque et plutôt dire « nous aussi, nous sommes le monde!». C’est d’ajouter « au grand rendez-vous du donner et du recevoir » cher à Léopold Sedar Senghor et les autres apôtres de la Négritude. C’est dire « oublier les constructeurs des pyramides de l’Egypte ancienne. Ils pouvaient être noirs ou blancs, mais voici aujourd’hui, nous les noirs sommes capables de nous administrer et créer des nations prospères aux 21ième siècle, nous ne sommes pas des moins-hommes ». En cette orée de 2015 comme jadis, une voix nous parle dans la conscience : « Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur ! », comme dirait Lamartine dans son fameux poème Le vallon « qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur? ».
(1) kamotocentre.com, page Congo, une réflexion
(2) Hilary Clinton, le Temps des décisions, Fayard, 2014.
(3) “Why did the RPA attack the UPDF? Part of the speech President Museveni delivered to MPs on August 30, 1999, about Uganda’s invasion of the Democratic Republic of Congo, where the UPDF later fought with their Rwandan allies. Here, Museveni explains the ideological differences between Uganda and Rwanda on DR Congo’s political situation then. Museveni: They think that taking short cuts here and there will get them to their aim. Another explanation I have been hearing is that the RPA wanted to dominate Congo but that we are stopping them. For our part, we are interested in empowering the Congolese and it seems the Rwandese do not like it. However, even if we were obstructing whatever plans they had on Congo, how did they think that they could attack us and get away with it? It is very short-sighted, indeed. Another explanation which could make some little bit of sense could be that they wanted to kill Wamba. Wamba’s leadership has got some potential because they are intellectuals; they are from different parts of Congo; and they can be an important force in the future. If the Rwandese leaders think that this potential interferes with whatever interests they may have in Congo, they may want to eliminate them. But even then, where would that leave them in respect of the rest of Africa; and in respect of Congo itself?”
3 Comments on “Kabila: Echec et mat! Dr Florent Pumu”
Oscar Mukadi Mbala
says:Tres enrichissant
lumuenemo
says:Je suis optimiste , je suis en europe mais nous menons un combat qui est car faux il ya tropfaux qui non pas la capacité de mener ce combat intellectuellement donc je cherche ou me joindre pour mener ce combat avec brio car je un plus étant congolais.
Vicky somo
says:Kabila il et trop jeun, la charge de rdc et trop lourd. Kabila travaille pour rwanda, kagame qui gere la rdc, les
etude =0, meme moi je peux gere la rdc pas kabila.