Jean-Jacques Wondo, un citoyen belge, est incarcéré dans la prison de Ndolo, à Kinshasa, depuis le 22 mai. Il doit comparaître ce vendredi 7 juin devant un tribunal militaire dans la capitale congolaise. Il est accusé d’avoir entretenu des contacts avec Christian Malanga, le chef présumé du coup d’État manqué du 19 mai dernier. Sa femme et ses quatre enfants qui habitent en Belgique dénoncent une » arrestation arbitraire, des conditions de détention exécrables « et réclament sa » libération immédiate « .
Jean-Jacques Wondo, diplômé de l’Ecole Royale Militaire, est un expert en matière sécuritaire de la République démocratique du Congo. Il est responsable du Think Tank Afridesk et auteur de plusieurs ouvrages sur l’armée congolaise. A ce titre, il a déjà été interviewé à plusieurs reprises par la RTBF.

Une photo controversée
« Jean-Jacques a été arrêté par les renseignements militaires (ex-Demiap) après la tentative de putsch, parce qu’on a découvert une photo de lui posant aux côtés de Malanga, affirme Joël Kandolo, porte-parole de la famille de Jean-Jacques Wondo. Cette photo a été prise à Bruxelles en novembre 2016 à une époque où l’opposition congolaise s’était réunie pour lutter contre le président Joseph Kabila. C’est la seule fois que Jean-Jacques a rencontré cet homme, qu’il a d’ailleurs trouvé « farfelu ». Ils ne se connaissaient pas et ne se sont plus jamais revus depuis. »

Quand on l’a vu débarquer à Kinshasa, comme une colombe au milieu des faucons, certains se sont mis en mode défensif.
Installé à Alost avec sa famille depuis de nombreuses années, Jean-Jacques Wondo a rejoint Kinshasa en février 2024, à l’appel de Daniel Lusadisu Kiambi, le nouveau chef de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Ce médecin, qui a longtemps travaillé à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, a été chargé par le président Tshisekedi d’humaniser et de professionnaliser l’ANR dont les excès sont bien connus à Kinshasa. Connaissant l’expertise de Jean-Jacques Wondo, le nouveau responsable de l’agence l’a nommé conseiller principal chargé des réformes. Une nomination qui n’aurait pas été appréciée de tous, selon ses proches.
« Jean-Jacques est victime de la guerre à laquelle se livrent les services de renseignements congolais depuis longtemps et qui s’est encore accentuée après le coup d’Etat manqué de Christian Mangala, affirme Joël Kandolo. Sa présence dérange, tant à l‘ANR qu’aux renseignements militaires (ex-Demaip). On l’aimait bien tant qu’il faisait ses analyses à distance, mais quand on l’a vu débarquer à Kinshasa, comme une colombe au milieu des faucons, certains se sont mis en mode défensif. »
Un recours présidentiel ?
La famille de l’expert belge en appelle aujourd’hui au président Tshisekedi, pour qu’il obtienne sa libération. Les deux hommes se connaissent bien. Ils ont partagé les bancs de la même école secondaire à Kinshasa. Ils se sont encore côtoyés à Bruxelles lors des années de lutte contre le président Joseph Kabila. Mais leurs chemins se sont séparés à la veille des élections de 2018, peu avant l’accession au pouvoir de Félix Tshisekedi.
« Jean-Jacques Wondo a exprimé des critiques à l’égard de l’entourage du président mais il ne l’a jamais attaqué en personne, précise Joël Kandolo. Il lui a toujours été loyal. Félix Tshisekedi sait que Jean-Jacques ne lui veut pas de mal et qu’il est incapable d’avoir trempé dans cette affaire de tentative de coup d’Etat. On aimerait qu’il s’implique. Il est le seul à pouvoir régler la situation. Et le temps presse car ses conditions de détention sont exécrables. Il est enfermé dans une cellule surpeuplée de criminels où il n’a accès qu’à très peu de nourriture. Sa famille est dévastée. »

L’entourage du président Tshisekedi se refuse, pour l’heure, à tout commentaire précisant que le dossier est à l’instruction. En Belgique, les Affaires étrangères disent être » au courant de l’arrestation de M. Jean-Jacques Wondo » et assurent » suivre de près ce dossier « . Dans le cadre de l’assistance consulaire, une visite a été effectuée par l’ambassade de Belgique à Kinshasa auprès du détenu et elle assistera à l’audience publique du procès qui débutera ce vendredi 7 juin.