Intégration automatique du M23 dans les FARDC: Nord-Kivu, la Brigade de l’ONU face à une coquille vide
1.200 soldats tanzaniens devant faire partie de la Brigade spéciale des Nations Unies à déployer incessamment au Nord-Kivu sont arrivés le week-end dernier à Goma, chef-lieu de la province précitée. Les contingents sud-africains et d’autres pays contributeurs sont également annoncés. Les opérations de traque des forces négatives, dont le M23, conformément à l’Accord-cadre d’Addis Abeba et à la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’ONU, sont imminentes.
Curieusement, c’est le moment que semble avoir choisi des centaines de combattants du M23 pour se lancer dans un jeu bizarre, celui de leur retour massif dans les rangs des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo). Il ne se passe plus un jour sans que la hiérarchie de l’armée nationale ne signale un énième mouvement de défection d’un groupe d’ex-rebelles au profit des forces loyalistes.
Au rythme où se vident les rangs du M23, les 3.200 Casques Bleus de la Brigade spéciale des Nations Unies risquent, à l’heure de leur déploiement effectif sur les différentes lignes très mouvantes du front, de ne trouver aucun élément de cette force négative à neutraliser. Tout au plus, ils devraient nettoyer des poches de résistance occupées par la nébuleuse Mai-Mai. Si au bout d’une année ou deux, les troupes onusiennes se rendent compte que le M23 n’est plus qu’une coquille vide, ils devraient logiquement plier bagages, avec le faux sentiment d’avoir pacifié l’Est de la République Démocratique du Congo et débarrassé la frontière ougando-rwando-congolaise de toutes les forces négatives qui y semaient l’insécurité.
Des actes suicidaires pour la paix au Congo
Il est anormal qu’au moment où la Communauté internationale a décidé de mettre le paquet pour résoudre la crise politico-militaire présumée congolo-congolaise, l’on assiste à des actes de nature à vider de toute sa subsistance la mission onusienne d’imposition de la paix dans cette partie du pays. Ce qui apparaît aux yeux de tous comme des opérations d’intégration automatisée des criminels du M23 au sein des FARDC constitue un très mauvais message en direction des Etats et institutions internationales qui cherchent à comprendre ce qui se passe réellement à la frontière ougando-rwando-congolaise.
Rouvrir, sans conditions, les portes des FARDC à des bandes de tueurs à gages, violeurs, pilleurs, indisciplinés…qui n’hésitent pas à piétiner le règlement militaire, et à défier les autorités tant civiles que militaires dépasse tout entendement. Accueillir à bras ouverts des fils égards qui ont causé, pendant des années et des mois, des torts irréparables à la Nation est inacceptable.
Le «blanchiment » des officiers et soldats de la rébellion du M23 par ceux qui devaient les sanctionner sévèrement ou les traduire devant les juridictions internationales habilités à connaître des crimes de guerre et crimes contre l’humanité est un jeu fort dangereux pour l’avenir de la paix au Congo. Car, une chose est certaine : dès que les Casques bleus de la Brigade Spéciale et les drones des Nations Unies auront quitté les terres du Nord-Kivu, les hors-la-loi qui semblent avoir adopté un profil bas aujourd’hui vont trouver le moyen de reprendre leurs activités criminelles, comme en 2008, peu après la mise en œuvre du Plan Amani leo entre les autorités de Kinshasa et le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) de Laurent Nkunda ou en 2009 après la signature de l’Accord du 23 mars entre le Gouvernement et le CNDP de Bosco Ntaganda, devenu M23 en avril-mai 2012, à l’instigation de ses sponsors planqués dans des pays voisins.
Si le Nord-Kivu ne retrouve pas la voie de la paix durable dans 12 ou 24 mois et si les FARDC enregistrent de nouveaux coups fourrés dans un proche avenir, cela ne devrait plus étonner personne. C’est à ceux qui ferment les yeux sur les dossiers noirs des ex-combattent du M23 que la République devrait demander des comptes.
Kimp
Le Phare, 15 mai 2013