Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 11-05-2021 13:55
14532 | 5

Honoré Ngbanda, le destin inachevé du super flic de Mobutu repenti en libérateur du Congo – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba, le Président national de l’APARECO (Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo), est décédé le dimanche 21 mars 2021 à Rabat de suite de maladie, selon ses proches. Il vivait en exil au Maroc depuis l’invasion du Congo par les troupes de l’AFDL soutenues par les armées régionales à la solde des puissances occidentales. C’est depuis 2015 qu’il s’était discrètement installé à Rabat après avoir été expulusé de la France où il résidait dans la banlieue parisienne de Champigny en Seine et Marne, suite à une décision de Nicolas Sarkozy en réaction d’une lettre ouverte écrite par Ngbanda contre sa déclaration exigeant au CXongo de copartager l’est du Congo avec le Rwaanda. Retourné au Maroc, on lui avait retiré tous ses documents d’identité. Il avait finalement pu bénéficier d’un passeport diplomatique togolais qui lui permettait de faire quelques rares déplacements discrets en Europe et en Afrique.

Dernier Conseiller spécial du Président Mobutu en matière de sécurité, l’homme a incarné le système sécurocrate des dernières années du régime Mobutu, après le discours présidentiel historique d’ouverture au multipartisme du 24 avril 1990.

Qui est réellement « Papa Honoré », comme aimaient l’appeler ses adeptes ? Quel a été son parcours politico-professionnel ? Quel héritage lègue-t-il aux générations futures du Congo-Zaïre ? Tel est l’exercice auquel le présent article va s’adonner. Le but est de tenter d’établir le portrait de cette personnalité qui a marqué l’actualité politique congolaise des trois dernières décennies. L’article donne aussi une mise en perspective de l’évolution des services de renseignements sous Mobutu avec son lot de luttes d’influence entre les ressortissants de l’Equateur et les non originaires de cette ex-province (région) du Zaïre. L’article illustre également les guerres d’influence et les intrigues auxquelles se livraient les Ngbandi et les Ngbaka, les Ngbandi et les Mongo, les Ngbandi et les Ngombe ou encore les Ngbandi et les Libinza, voire les Ngbandi entre eux-mêmes. Cet article permet mêmement d’éclairer le lecteur à comprendre qu’autour de Mobutu, comme dans bien des pouvoirs d’ailleurs, il s’exerçait des luttes impitoyables, très complexes, de pouvoir et des conflits interpersonnels pour gagner la confiance du « Léopard ». Des luttes à la fois ethniques, claniques, des trafics d’influence, des intérêts économiques et financiers entre les différents cercles du pouvoir qui gravitent autour du chef, des combats idéologiques… Bref, des intérêts mélangés qui, finalement, ont impacté négativement le cours de l’histoire récente du Congo.

Un Ngbandi  qui a été initié à l’espionnage dès ses études universitaires

Comme Mobutu, Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba a vu le jour le 5 mai 1946 à Lisala, dans l’ex-province de l’Équateur en République Démocratique du Congo. Ngbanda était le quatrième d’une famille de neuf enfants. Son père Nzambo est du village Abumombazi, celui du général Bobozo Louis de Gonzague. Ses parents étaient de l’ethnie Ngbandi, l’une des ethnies minoritaires du Congo-Belge de l’époque. Les Ngbandi sont un peuple non bantou, originaire de l’actuel Soudan du Sud, chassé vers la forêt en vagues successives, notamment par les trafiquants d’esclaves. Venus des régions de Darfur et Kordoran, des Soudanais essaimèrent dans la partie Nord-Est du pays, notamment dans Kibali-Ituri et l’Ubangi. Là, ils se mélangèrent avec les Bantu. Ces contacts créèrent des brassages et des métissages qui justifièrent l’existence dans la région de groupes de Soudanais bantoutisés, entre autres les Ngbandi, les Ngbaka, les Zande et les Mangbetu, selon le professeur Isidore Ndaywel[1].

Avec les Ngbaka et les Mbandja, les Ngbandi forment les peuples de l’Ubangi. Les Ngbandi vont s’installer de part et d’autre des deux rives de l’Oubangui, le majestueux affluent du fleuve Congo, frontalier avec la Centrafrique. Les Ngbandi sont principalement piroguiers et pêcheurs[2]. Mais nous verrons que les relations entre le Ngbandi et les Ngbaka ou les Ngombe[3] du sérail de Mobutu n’étaient pas roses, malgré leur proximité supraethnique.

Pour nourrir sa famille, le père Nzambo a dû émigrer définitivement à Lisala, à quelque trois cents bornes de là, où il a pu trouver un emploi d’ouvrier dans l’immense plantation Unilever, spécialisée dans la chaîne de fabrication de l’huile de palme, à Bosonzo. Après des études primaires, Ngbanda s’inscrit au petit séminaire de Bolongo, près de Lisala, moins par réelle vocation sacerdotale que par nécessité, les études étant à l’entière charge du diocèse[4].

L’homme du sérail, comme on l’aimait le qualifier, a particulièrement évolué au sein des services de renseignements zaïrois qu’il a intégrés en 1972 après des études universitaires en philosophie. Il y gravira des échelons, avec certains passages à la diplomatie dont en Israël dans les années 1985, pour devenir Administrateur Général de l’Agence Nationale de Documentation (AND) puis Conseiller spécial du président Mobutu en matière de sécurité.

C’est en 1967, lorsqu’il débute ses études universitaires à Lubumbashi, au département de philosophie, que Ngbanda fait ses premiers pas dans les milieux des renseignements en tant qu’indicateur. Il y fait connaissance d’un autre étudiant Ngbandi du nom de Nzapa. Ce dernier est un cousin de Philémon Kpama Baramoto (futur général de la Garde civile), proche parent de Marie-Antoinette Gbiatibwa ya Mobutu, communément appelé « Mama Antoinette Mobutu », la défunte épouse du président Mobutu. Nzapa ainsi que des notables d’Abuzi notamment le général Louis de Gonzague Bobozo wa Nduma et l’ancien ministre de l’Education nationale Pierre Nzege Alaziambina, vice-recteur de l’université de Lubumbashi à l’époque, le recommandent auprès du général Mika (à l’époque major). Le major Mika était le « REDOC », c’est-à-dire, le Directeur provincial de la sûreté nationale au Katanga. Le major Mika leur confie la mission de surveiller attentivement les activités de l’Union générale des étudiants congolais (UGEC). L’UGEC est une structure estudiantine considérée comme étant subversive par le nouveau régime de Mobutu. Ngbanda va traiter directement avec le général Mika à qui il fait régulièrement des rapports et des B.I. (bulletins d’information). Des rapports que le Redoc Mika transmettra à son tour directement au général Alexandre Singa Boyenge qui était à l’époque l’Administrateur général de la Sûreté nationale et aussi au Président de la république sans passer par le gouverneur de la province du Shaba, Manzikala. A l’époque, le Gouverneur de province recevait les directives et instructions directement du Président Mobutu via les directeurs provinciaux de la sûreté nationale.

En mars 1968, le général Mika quitte le Katanga pour être nommé officier de sécurité du Président Mobutu. Il cumule en même temps la fonction d’Administrateur général adjoint de la Sûreté nationale congolaise attachée auprès de la présidence chargée des renseignements extérieurs. Le général Mika entraîne Ngbanda dans ces valises. Il lui permet d’aller achever sa licence au département de philosophie politique de l’Université de Kinshasa. Le général Mika embauche en même temps Honoré Ngbanda comme analyste au Centre d’analyse et perspectives comme analyste (CAP), une cellule de la présidence de la République chargée des analyses politiques et sécuritaires. Cette cellule dépendait de l’administrateur général adjoint chargé de la sécurité au sein de la Présidence, le général Mika. Honoré Ngbanda y sera supervisé par des officiers de sécurité déjà rodés tels qu’Edouard Mokolo Mpombo et Jean Seti Yale qui vont jouer un rôle majeur dans la neutralisation définitive de l’UGEC et la reprise en mains définitive du milieu universitaire congolais par le régime Mobutu après les événements estudiantins de 1969. Ngbanda évoluera sous la direction de Mokolo qui recrutera durant la même période Pie Roger Nkema Liloo, de l’ethnie Mongo. Nkema est le fils d’un employé de grande plantation de palmiers à huile, propriété d’un ancien colon portugais, M. Gomal. Le domaine est situé dans le village Mompono, de la nouvelle province de la [Tshuapa], (ancien district de l’ex-province de l’Équateur). Nkema y est né en 1944 et fut un ancien élève d’un groupe scolaire de Coquilhatville.

Jean Seti Yale était né le 21 juillet 1943. Il est un Ngbandi originaire du territoire de  Yakoma, dans le district du Nord Ubangi de l’ex-province de l’Equateur. Il a étudié à l’Université de Lovanium de Kinshasa dont il a obtenu une licence en sociologie de la faculté des sciences sociales en 1969. Durant ses études universitaires, Jean Seti était membre du parlement des  étudiants de Lovanium appelée Association générale des étudiants de Lovanium (AGEL). Son ami Edouard Mokolo wa Mpombo était élu président du Congrès de l’AGEL en 1967. Edouard Mokolo était le petit frère de M. Molegbe, dont l’épouse – Mama Molegbe –  était la meilleure amie de « Mama Antoinette Mobutu ». C’est Mama Molegbe qui a élevé et a assuré l’éducation d’Edouard Mokolo qui évoluait déjà à l’époque comme informateur en Chef des étudiants du campus de Lovanium. C’est à ce titre qu’il va recruter son pote Jean Seti. La plupart de ces indicateurs étaient de la province de l’Equateur. On raconte que contrairement à Jean Seti qui était un étudiant moyen, Edouard Mokolo était un étudiant très brillant[5].

En  décembre 1971 le général Mika quitte définitivement la sécurité présidentielle avec le grade de lieutenant-colonel. Il est remplacé à la fonction d’officier de sécurité du Président de la République par le capitaine Donatien Mahele Lieko Bokungu. Le  colonel Raymond Omba Pene Djunga remplace Mika au  poste d’administrateur général adjoint chargé de la sécurité et des renseignements. Mais avant de quitter la présidence, le lieutenant-colonel Mika donne un dernier coup de pouce à son poulain Ngbanda. Il lui octroie une bourse afin de suivre une formation d’officier de renseignement (OR) et d’officier de sécurité (OS) auprès des services secrets ouest-allemand (BND). Formation qu’Honoré Ngbanda suivra entre 1972-1973, après ses études universitaires.

Concernant le colonel Omba, qui a vu évoluer Ngbanda à ses débuts, il a fait partie de la toute première promotion des congolais admis et diplômés de l’Ecole Royale militaire belge. De septembre 1969 à octobre 1971, le colonel Omba a exercé les fonctions d’Administrateur principal du Centre National de Documentation (CND) en tant que numéro deux de cette institution de renseignement civil congolais. Il en assumera les fonctions d’Administrateur général (numéro un) d’octobre 1971 à décembre 1972, date où il devient conseiller spécial du Conseil National de Sécurité, (légalisé plus tard en 1986[6]), Secrétaire particulier du Chef de l’Etat et Directeur de sécurité rapprochée du Général Mobutu, jusqu’en juin 1975, date de son arrestation dans l’affaire de “coup d’Etat monté et manqué”[7]. Il est à noter qu’il exercera ces fonctions hautement stratégiques en pleine période de guerre froide[8]. Ce qui fera du Colonel Raymond Omba le point focal incontournable de la CIA de l’époque et l’un des hommes les plus puissants de la République, après Mobutu lui-même. Surtout que la fonction de Directeur de sécurité lui conférait la responsabilité de gérer totalement la vie privée et l’occupation journalière détaillée du Président[9].  L’intéressé va même déclarer que : « la prise en charge de cette fonction donnera lieu à un ‘pacte de sang’, cérémonie où je ne pus formuler le serment, aucun son ne sortit de ma bouche[10]. C’était à l’époque où Laurent-Désiré Kabila menait sa rébellion de Fizi et Baraka, période supposée de la naissance de Joseph Kabila. C’est bien à Omba et non à Ngbanda qu’il convient d’attribuer la conception, la planification et l’exécution de toutes les opérations de ratissage du maquis et de traque du rebelle Kabila à l’est de la RDC et en Tanzanie[11].

Les services de renseignements comme police politique au service du régime de Mobutu

Sous le règne de Mobutu, voire depuis l’accession de la RDC à l’indépendance, les services de renseignements civils ont connu plusieurs dénominations différentes :

  1. Sûreté Nationale (SN) : 1960 – 1970
  2. Centre National de Documentation (CND) : 1970 – novembre 1980
  3. Centre National de Recherche et Information (CNRI) et Service Nationale d’Intelligence (SNI) : 1980 – 1983
  4. Agence Nationale de Documentation (AND) : novembre 1983[12] – août 1990
  5. Service National d’Intelligence et de protection (SNIP) : août 1990-1996
  6. Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) : 1996 – Mai 1997.

 

En effet, lorsque le Général Mobutu prit le pouvoir, le 24 novembre 1965, la déliquescence du secteur de sécurité congolais était telle que la fameuse Sûreté Nationale du pouvoir central à Léopoldville, l’actuelle Kinshasa, n’exerçait aucun contrôle sur les territoires de deux Etats sécessionnistes du Katanga avec sa Gendarmerie Katangaise de 10.000 hommes et du Sud-Kasaï avec une armée locale de quelques 3.000 hommes[13].

Le 29 novembre 1965, le Colonel Alexandre Singa, qui deviendra plus tard le général d’armée  Alexandre Singa Boyende Mosambayi,  était nommé Administrateur en Chef de la Sûreté nationale, en remplacement de(.) Victor Nendaka Bika. Nendaka était membre du fameux Groupe de Binza qui aida Mobutu à neutraliser le gouvernement de Lumumba en septembre 1960, puis Kasa-Vubu en novembre 1965. De 1965 à 1969, la Sûreté nationale était administrée par les militaires.  Le 7 janvier 1969, Mobutu nomme le lieutenant-colonel Pierre Efomi Administrateur en Chef de la Sûreté nationale en remplacement du Colonel Singa. Ce dernier devient ambassadeur du Congo à Nairobi, avant d’aller suivre des cours de perfectionnement à l’Ecole royale de Gendarmerie attachée à l’Ecole royale militaire de Belgique. Après cette nomination, la Sûreté nationale devient Centre National de Documentation (CND). Le Colonel Albert Tuzuku (qui deviendra plus tard Général Albert Tukuzu  Gusu Wo), succédera au colonel Efomi, durant une courte période[14].

En 1969, le Président Mobutu initie une série de réformes portant essentiellement sur une décolonisation du secteur de sécurité congolais qui devait normalement intervenir en 1960. Pour ce faire, Mobutu s’appuie quasi exclusivement sur des compétences nationales, notamment des jeunes universitaires comme Edouard Mokolo wa Mpombo, Seti Yale et Nkema Liloo, ainsi que de hauts cadres militaires issus de la Force publique comme le Colonels Singa Boyenge et Tukuzu Gusu Wo et le lieutenant-colonel Efomi, ainsi que le colonel Raymond Omba, diplômé de l’Ecole royale militaire Belge. La restructuration de l’organisation et du fonctionnement de la Sûreté nationale, héritée du modèle colonial (,) donne lieu en 1970, après l’inauguration du premier septennat de Mobutu en décembre 1970, à une nouvelle dénomination : le Centre national de documentation (CND). Premier administrateur civil après le retour des militaires dans la caserne, M. Akafomo, va privilégier une conception moderne et légaliste de cet important outil de pouvoir à la place d’un instrument répressif du régime qui se dictatorialise après les tragiques événements des « Pendus de la Pentecôte » en 1966 et la répression brutale de la grève des étudiants de 1969. L’indépendance d’esprit naïf d’Akafamo le fait d’ailleurs rapidement éjecter de la tête de la Sûreté. Pire, il connaîtra pendant un bref moment les affres de l’arrestation sous l’accusation d’atteinte à la Sûreté de l’État[15] Après le limogeage de M. Akafomo, Mobutu nomme Edouard Mokolo wa Mpombo à la tête du CND. Il procède ensuite à une restructuration de la sûreté selon la formule de deux départements  (intérieur et extérieur)[16] autonomes.  Le 27 janvier 1971, l’ordonnance nº  71/014 fixant les attributions et l’organisation du CND restructure le CND en deux départements : Département de la documentation intérieure (CND/DDI) et  Département de la documentation extérieure (CND/DDE). Le Colonel Raymond Omba Pene Djunga sera nommé  Administrateur général du DDI alors qu’Edouard Mokolo sera nommé Administrateur général du DDE. C’est alors que le CND va commencer à recruter des universitaires pour être formés dans les domaines de la sécurité et des renseignements afin d’occuper des fonctions dirigeantes.

Pour ce qui le concerne, Edouard Mokolo entreprend aussitôt la création d’antennes extérieures de renseignement, installées dans les missions diplomatiques du Zaïre. Elles sont créées en fonction de l’importance des activités des opposants au régime dans leurs pays d’exil. Pour opérer en toute quiétude, les agents de renseignements travaillent sous couverture diplomatique. Les premières cibles sont les pays à régime socialiste (Tanzanie, Congo, Ouganda et plus tard Angola) de la ceinture du Zaïre. Beaucoup d’opposants se réclamant de l’héritage de Lumumba grouillent dans ces lieux. Mais d’autres antennes sont vite installées à Bruxelles, à Paris, à Genève et à Lisbonne[17].

En 1973, Jean Seti devient Administrateur général du Département de la documentation intérieure (DDI) en remplacement du Colonel Omba, nommé Secrétaire particulier du Chef de l’Etat.

C’est à partir de cette période que les services des renseignements congolais commencent à faire face à des luttes d’influence de tous genres. Une grande rivalité oppose dès ce moment Jean Seti et Edouard Mokolo, bien qu’évoluant respectivement dans des départements autonomes mais exigeant une collaboration fluide. Mais Seti, la recrue de Mokolo, remporte le bras de fer. Le 18 octobre 1976, Mobutu décide de fusionner les deux départements DDI et DDE du CND au sein d’une nouvelle structure dénommée Centre national d’Intelligence (CNI). Il nomme  Seti Yale comme Administrateur général. Mokolo wa Mpombo est nommé ambassadeur à Abidjan. C’est alors que Seti s’appuie sur les juristes pour tabler sur le projet d’ordonnance de création du Conseil National de sécurité. Le 6 mars 1979, l’ordonnance nº 79-055 crée le  Conseil National de sécurité (CNS). Tout naturellement, Jean Seti Yale est nommé Conseiller spécial à la présidence en matière de sécurité. En même temps, Mobutu décide de rebaptiser le CNI par le CND suivant une nouvelle formule avec  un Administrateur général, Edouard Mokolo wa Mpombo assisté de deux administrateurs délégués à la documentation intérieure : Nkema Iloo (e)t à la  documentation extérieure Atenda[18].

Cette nouvelle fonction de Conseiller spécial du président en matière de sécurité fait de Seti Yale le proche et fidèle collaborateur direct de Mobutu dont il bénéficie d’une totale confiance. Cela lui permet d’avoir une vue panoramique du fonctionnement de tous les services de sécurité et des renseignements (civil comme militaire).  De fait, le Conseiller spécial ou le « Spécial » ou encore « 01 », devient automatiquement la personnalité la plus importante du régime de Mobutu après ce dernier. Il occupera cette fonction, de manière continue, jusqu’en 1986 lorsqu’il sera remplacé par Nkema Liloo. Seti deviendra par la suite Secrétaire particulier du Président, puis son Conseiller privé.

En 1976, Mobutu crée le Centre National d’Intelligence (CNI) dont l’innovation était qu’il fusionnait les deux départements intérieur et extérieur du défunt CND.

De gauche à droite: Jean Seti Yale, VundwayeTe Pemako et Gen Phimémon Baramoto
Sous la direction de Ngbanda, les « services » fonctionnent à plein régime à Bruxelles durant la deuxième moitié des années 1970

A propos des activités intenses et clandestines des « services de renseignements » durant la deuxième moitié des années 1970, l’antenne de Bruxelles était dirigée par Monsieur Honoré Ngbanda Nzambo. Elle dépendait directement du tout-puissant Conseiller spécial en matière de sécurité de Mobutu, Monsieur Seti Yale. Bruxelles était la plaque tournante européenne des « services zaïrois ». Cette entité de Bruxelles était réputée dans le domaine de renseignement et d’espionnage des opposants, des étudiants boursiers de l’Etat zaïrois ainsi que d’autres étudiants proches des milieux de l’opposition. Tout cela, à une époque où les relations entre le Zaïre et son ancienne métropole commençaient à se brouiller progressivement[19].

La guerre des services entre dans une nouvelle phase de régionalisation et de tribalisation des sécurocrates de Mobutu durant la moitié des années 1970. Les ressortissants de l’Equateur et de la tribu Ngbandi de Mobutu émergent et veulent s’accaparer l’appareil sécuritaire de l’Etat. Ayant neutralisé tous ses potentiels opposants politiques civils, les « frères » de Mobutu lui font croire que c’est dans l’armée que se trouve la menace pour son régime. Ils concoctent alors des cabales pour neutraliser progressivement des élites militaires non originaires de l’Equateur.

On peut citer l’affaire du « coup monté et manqué » ou des « conspirateurs », en 1975,

Le 11 juin 1975 :

  1. le général Daniel Katsuva wa Kasivira[20], Chef d’état-major de la Force terrestre ;
  2. le général Utshudi Wembolenga, Commandant de la 2ème région militaire à Kalemie ;
  3. le général Fallu Sumbu, Attaché militaire du Zaïre à Washington, rappelé par l’état-major général des FAZ sous prétexte d’être nommé Commandant du 5ème Groupement des FAZ à Lubumbashi,  il fut arrêté à sa descente d’avion à l’aéroport de Ndjili ;
  4. le Colonel Mudiayi wa Mudiayi, Attaché militaire du Zaïre à Paris ;
  5. le colonel Muendo Tiaka, Attaché militaire du Zaïre à Bruxelles ;
  6. le colonel Raymond Omba Pene Djunga, Secrétaire particulier du Chef de l’Etat et Président de la République ;
  7. le Major André Mpika Ntoya, Commandant du bataillon paracommandos chargé de la protection rapprochée du Chef de l’Etat ;
  8. le major Bula Butupu Bakajika.

Tous ces officiers furent arrêtés et poursuivis sur base des préventions suivantes :

  1. Complot et tentative d’assassinat et d’élimination physique du Chef de l’Etat et Président de la République,
  2. Haute trahison, Association des malfaiteurs,
  3. Incitation des militaires à commettre des actes contraires à la discipline et au devoir militaires
  4. Violations graves des secrets de la défense militaire.

La Commission révolutionnaire chargée d’enquêter sur cette affaire était composée des généraux dont la particularité des membres était d’appartenir presque tous à la région de l’Equateur, sauf(.) Likulia[21]. Ce dernier était originaire de la région du Haut-Zaïre, une région qui, autrefois sous Mobutu, était géopolitiquement alliée à celle de l’Equateur, la région d’origine de Mobutu. Dans leurs conclusions,  la Commission d’enquête a décidé de déférer les prévenus devant le Conseil de Guerre de la ville de Kinshasa, présidé par  le Général Masiala Kinkelo Kulu Kangala[22]. Ce procès fut connu sous le nom de « procès des conspirateurs » ou du « coup d’Etat manqué ».

Lors du procès, il sera reproché au major Mpika[23], rangers formé à West-Point et à Fort Leaveworth, d’être chargé d’assassiner le Président Mobutu par étranglement durant son sommeil. Auparavant, l’Adjudant Shaba, aide de camp du Général Katsuva, devait forcer la porte de la chambre du président selon soit disant un scénario écrit par le Major Mpika dans le cadre de son travail de fin d’études à Fort Leaveworth aux Etats-Unis et exposé devant les Généraux impliqués dans le procès. Ce mémoire s’intitulerait : « Comment préparer et faire un coup d’Etat pour renverser le régime en place au Zaïre?». Le Colonel Omba[24], leur aurait fourni les détails nécessaires sur l’emploi du temps du Président. Il ne leur restait plus qu’à passer à l’acte, selon le récit des faits de l’acte d’accusation.

Ils seront tous condamnés à une triple peine capitale, commuée à la prison à vie, puis relégués dans leurs villages après avoir été détenus dans des prisons souterraines pour certains ou à Angenga pour d’autres, suite à de fortes pressions diplomatiques, notamment des Etats-Unis. Ils seront tous renvoyés des FAZ et verront tous leurs biens confisqués, à l’exception du colonel Omba.

En février 1978, une nouvelle vague d’arrestations des officiers s’opère à Kinshasa et dans les garnisons de l’intérieur du pays. La majorité des officiers arrêtés ont la particularité commune d’être formés à l’Ecole Royale Militaire belge. Parmi eux, nombreux sont des officiers ayant la qualification de breveté d’état-major (BEM), ingénieur, médecin ou criminologue. Quelques civils également sont impliqués dans ce complot, écrit le général Célestin Ilunga Shamanga dans son ouvrage intitulé La chute de Mobutu et l’effondrement de son armée, paru en 1998. Et comme c’était souvent le motif à l’époque, ils étaient accusés d’«atteinte à la sûreté intérieure de l’État en connivence avec la Belgique ». Parmi les prévenus se trouve le Major Kalume Kahamba, présenté comme étant le cerveau du complot. Quelques civils également sont impliqués dans ce complot. D’autres prévenus sont en Belgique. C’est l’Affaire des « Terroristes » ou «Kalume. Il leur est reproché d’avoir voulu, par le terrorisme urbain, créer un climat de terreur dans la ville de Kinshasa, en vue de pousser le Général Mobutu à donner sa démission.

Le major Kalume Kahamba avait séjourné en Belgique en 1976 et en 1978, pour suivre notamment des cours de breveté d’état-major. Il ne pouvait se douter du piège qui lui a été tendu. Son séjour, ses déplacements et toutes ses activités en Belgique étaient suivis de près par l’antenne de sécurité de l’ambassade du Zaïre à Bruxelles. Jeune officier très ambitieux, Kalume était le seul officier-élève africain qui a reçu « L’Épée du Roi »[25] pour ses brillantes études à l’ERM. Lors d’une mission de service en Europe en 1976, il aurait rencontré Kanyonga et Kadiebwe, deux membres du mouvement de l’opposition MARC dont  son président, Daniel Monguya[26], ex-gouverneur du Shaba (Katanga), opposant de Mobutu. Monguya vit à Ans, près de Liège, où il fonde le MARC (Mouvement d’action pour la résurrection du Congo), dont il s’est autoproclamé président[27]. A son retour à Kinshasa en début février 1978, le major Kalume sera arrêté en mi-février avec d’autres officiers, pour la plupart des «ERM-istes[28]».

La liaison entre les militaires et les opposants aurait été assurée par Matanda, Député et homme d’affaires ; Bouryaba, homme d’affaires ; Kudia Kubanza, ancien Auditeur général et directeur administratif et financier de Matanda et par Makani, homme de main de Monguya[29]. Ces personnes étaient toutes des ressortissants du Kwilu dans la région du Bandundu, un bastion connu pour son opposition farouche à Mobutu depuis Pierre Mulele[30]. Ces civils auraient servi de relais et de bailleurs de fonds aux militaires.

Avec une théâtralité qui n’aurait rien à envier aux procès des régimes communistes d’alors, et contrairement au procès de 1975 du coup d’état manqué qui accusait notamment le Colonel Omba, victime d’une cabale des frères de l’Equateur de Mobutu et dont les militaires comploteurs condamnés avaient été graciés, le procès de 1978 a condamné à mort pratiquement tous les militaires impliqués. Nous en donnons des détails illustrant une cruauté bestiale de l’exécution des condamnés dans notre ouvrage sur les armées au Congo-Kinshasa. En 1977, Mobutu sortait de la Première Guerre du Shaba (Katanga) avec une armée exsangue, sauvée de justesse par l’intervention des troupes marocaines. Puis son épouse, Mama Antoinette Mobutu venait de mourir en octobre de la même année. Ces situations qu’il a péniblement vécues, lui ont servi de catalyseur pour qu’il saisisse l’occasion de ce procès de 1978 afin d’envoyer un message clair aux officiers et à la nation[31].

Le 17 mars 1978, le verdict fut rendu(.), 78 des 91 inculpés sont condamnés à des peines diverses, dont 13 personnes à la peine de mort. Peines requises avec acharnement par l’Auditeur Général des FAZ, Likulia Bolongo, colonel à l’époque des faits. Mais, alors que les condamnés nourrissaient encore l’espoir d’obtenir la grâce présidentielle, le Chef de l’Etat rejette leur recours. Les 13 personnes condamnées à mort sont exécutées à l’aube du 18 mars 1978. Il s’agissait entre autres des majors Kalume et Panubule, des colonels Biamwenze et Mwepu, des lieutenant-colonels Mwehu, Tshunza et ir. Kalonda, du capitaine Fundi, ainsi que les civils Matanda, Bouryaba, Kudia Kubanza et Makani. Monguya, Kadiebwe et Jean-Alidor Kalonga (Ali) seront condamnés à mort par contumace car étant à l’étranger. Tous les autres, civils et militaires, furent acheminés à la prison d’Angenga à l’Equateur.

Le 18 mars, le Président de la République annonce, dans un discours télévisé, son refus d’accorder sa grâce et l’exécution des condamnés à mort intervient à l’aube. Dans son discours radiotélévisé du 18 mars annonçant les exécutions, Monsieur Mobutu déclara : « Désormais, je le déclare solennellement, je serai sans pitié contre toutes tentatives de ce genre… je n’accepterai plus que, sous prétexte de sauvegarder les Droits de l’Homme, on multiplie les interventions pour amener l’Etat Zaïrois à ne pas faire subir aux criminels de cette espèce le châtiment qu’ils méritent… (…). Les peines capitales qui viennent d’être exécutées doivent demeurer un exemple pour tout ce monde. C’est à ce seul prix que la paix et la protection des personnes et des biens pourrait être sauvegardées. Ce tribut sera désormais payé en toutes circonstances. »

Un discours qui consacre la mise à mort progressive des FAZ, et « peut-être la fin de tout espoir de voir s’ériger au cœur de l’Afrique une Armée professionnelle, nationale et républicaine » (JJ Wondo : 2011).

Fin 1979 et début 1980, Mobutu décide de mieux assurer la coordination des « services » – civils et militaires. Il crée le Conseil National de Sécurité (CNS) directement rattaché à la présidence de la République et dont le Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité était le Secrétaire Général[32]. C’est Seti Yale qui en prend la direction comme secrétaire général d’abord puis comme Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité[33].

C’est donc Jean Seti Yale, un Ngbandi de Yakoma, qui va inaugurer cette nouvelle fonction ultra stratégique au sein de la Présidence du Zaïre. Une fonction qui fait de lui, de fait et officieusement, le deuxième homme le plus puissant du pays, aucune nomination à une fonction stratégique de l’Etat ne peut se faire sans le quitus du Conseiller spécial en matière de sécurité du président, appelé communément « spécial »[34]. Selon José-Patrick Nimy Mayidika Ngimbi, l’ancien directeur de cabinet du Président Mobutu : « Aucun Congolais, hormis Seti Yale et Kengo wa Dondo, n’auront, aux côtés de Mobutu, joui des pouvoirs, de la confiance, de l’influence politique, comparables à ceux de Bisengimana »[35].

Au début de l’année 1980, lorsque le chef du CND, Mokolo, entre en conflit avec le conseiller spécial à la sécurité du président, Seti Yale, le président Mobutu règle les deux comptes d’une manière familière. En février 1980, il arrête Mokolo et annonce qu’il dissout le CND. Il le recrée alors aussitôt sous deux nouveaux noms : Centre National de Recherche et Information (CNRI) et Service Nationale d’Intelligence (SNI). Mokolo est nommé ambassadeur en France en octobre 1980. Ce changement a été annoncé le 15 avril 1980. Cela a coïncidé avec une « réforme » de la justice, au cours de laquelle le Ministre, Kengo wa Dondo, l’un des deux autres « metis Ngwandi », avec Jean Seti Yale, a été démis de ses fonctions et nommé ambassadeur en Belgique. Kengo avait acquis la réputation d’intervenir et d’instrumentaliser fréquemment le système de justice, d’abord en tant que procureur général de la République, puis en tant que ministre de la justice. Deux ans plus tard, en novembre 1982, le CNRI et le SNI ont été réintégrés dans l’AND nouvellement formée et Mokolo est retourné à Kinshasa en tant que directeur général. Il sera remplacé par le général Likulia Bolongo, général de l’armée et professeur de droit, dans le cadre des «réformes» de 1990 destinées à apporter un «visage humain» au dispositif de sécurité[36].

1972-1982 : Honoré Ngbanda connaît une carrière fulgurante dans les « services »

En 1972, Honoré Ngbanda termine ses études universitaires et intègre directement en septembre 1972 le Département de la Documentation Extérieure du Centre National de Documentation (CND/DDE), la nouvelle dénomination de la sûreté de l’Etat dirigée par Edouard Mokolo wa Mpombo. Il se rend en République fédérale d’Allemagne (RFA) pour suivre sa formation susmentionnée. Il rentre au pays en juillet 1973. Il est affecté à la fonction d’assistant principal du directeur du service de documentation extérieure Edouard Mokolo wa Mpombo.

En décembre 1976, Honoré Ngbanda est envoyé à Bruxelles comme chef d’antenne du service de documentation extérieure près (de) l’ambassade du Zaïre à Bruxelles. C’est ainsi qu’il débarque en décembre 1976 comme chef d’antenne de Sécurité à l’Ambassade du Zaïre à Bruxelles. L’Ambassadeur Inonga Lokonga Lome lui confie en guise de couverture diplomatique la fonction de Conseiller politique, responsable entre autres de l’encadrement de la jeunesse du Parti unique (JMPR) en Belgique. Il dirige en même temps le centre culturel zaïrois comme poste de couverture. C’est le centre culturel zaïrois qui gérait toutes les activités des étudiants boursiers zaïrois en Belgique. Il profite de ce poste pour recruter de nombreux mouchards dont la mission était d’infiltrer les milieux d’opposants congolais de Belgique, notamment ceux qui soutenaient la rébellion des gendarmes katangais à l’époque. Ses relations avec l’ambassadeur Lokonga seront exécrables. Lors d’un séjour européen de son ancien mentor, le général Mika, Ngbanda rédigera un B.I. l’accusant faussement d’être entré en contact avec l’opposant Daniel Monguya à Bruxelles en 1979.

En 1980, Honoré Ngbanda est rappelé au Zaïre pour être nommé conseiller technique près du Président de la République chargé des analyses jusqu’en 1982. L’ambassadeur Inonga Lokonga Lome sera aussi rappelé à Kinshasa pour occuper le poste de commissaire d’Etat (ministre) des Affaires étrangères jusqu’en 1981. Il est remplacé par Léon Kengo wa Dondo qui ne voudra pas travailler avec Ngbanda. Kengo est natif de Libenge (Sud-Ubangi), dans l’actuelle province de l’Équateur (Nord-Ouest), alors que Ngbanda est un Ngbandi du Nord-Ubangi. Les deux hommes ne s’apprécieront guère tout au long de leur parcours aux côtés de Mobutu.

1982 -1990 : montée en puissance de Ngbanda  au centre de la guerre de clans intra-équatoriens et son lot de coups bas

Pour rappel, le 4 octobre 1973, le Président Mobutu, depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, annonce de rompre officiellement les relations diplomatiques entre le Zaïre et Israël. C’est à la suite de la guerre de six jours qui a vu une partie du Sinaï égyptien être occupée militairement par le Tsahal, que les autorités de Kinshasa avaient décidé de rompre les relations avec l’État hébreu, par solidarité avec les pays arabes[37].

Le 14 mai 1982, neuf années après sa décision, Mobutu décide de rétablir les relations entre les deux pays après la restitution par Israël à l’Egypte de la dernière partie du Sinaï égyptien. Selon le député provincial honoraire (Equateur) Thierry Mbuze Agwabi, cette décision est le résultat d’une diplomatie secrète qui s’est mise en place entre les deux pays, impulsée par le Centre National de Documentation (CND) dirigé à l’époque par le duo Nkema (AG) et Ngbanda (AG adjoint)[38]. C’est Ngbanda qui a mené les tractations ayant abouti à ce résultat. Il fallait alors trouver un bâtiment pour abriter les locaux de l’ambassade zaïroise en Israël. Mobutu envoie Honoré Ngbanda et Augustin Bielo Lakwe Idamo pour entreprendre les démarches d’achat du bâtiment et les premiers contacts en vue de l’ouverture de l’ambassade. Un bâtiment sera trouvé à Herzilya à Tel-Aviv. Bielo est Ngbaka de Libenge. Les Ngbaka se retrouvent également à Gemena, à Libenge un peu partout dans le Nord Ubangi, tout comme les Ngombe et les Ngbandi.

Tout naturellement, nous dit Thierry Mbuze, Ngbanda espère bénéficier du futur poste de chef de mission diplomatique à Tel-Aviv. C’est alors que sur le plan national, voire provincial (Equateur), ( qu’) une lutte âpre de camps entre deux clans autour du Président Mobutu se met en place. D’un côté, Jean Seti Yale, alors Conseiller spécial en matières de sécurité de Mobutu, de l’autre,  Nkema Liloo, le patron des services extérieurs du CND rivalisent d’influence auprès de Mobutu. Seti, alors tout-puissant, remporte la partie. Il parvient à faire imposer comme ambassadeur à Tel-Aviv son poulain et ami, Mbuze Nsomi, alors Directeur de cabinet du Premier commissaire d’Etat (Premier ministre), Joseph Nsinga Udjuu Ongwabeki Untube, décédé le 24 février 2021. En mai 1982, Mobutu nomme Mbuze Nsomi Ambassadeur en Israël et par la même occasion, Seti fait écarter ses deux adjoints du CND, Ngbanda (sécurité extérieure) et Kesangana (sécurité intérieure) pour les affecter dans des missions à l’extérieur. Honoré Ngbanda quitte donc sa fonction d’administrateur adjoint de l’AND chargé de l’extérieur. Il est envoyé à Tel-Aviv comme Ministre-Conseiller. Augustin Bielo Lakwe est nommé Premier conseiller d’ambassade en Israël. Ils suivront sur place une formation d’appoint auprès de Shin Beth, le Service de sécurité intérieure israélien (Shabak en hébreu) et du Mossad (Institut pour les renseignements et les affaires spéciales). Kesangana sera nommé Ministre-Conseiller à Lusaka, en Zambie.

Tel-Aviv 1982 : Honoré Ngbanda et l’ambassadeur Mbuze Nsomi (Photo : Album familial Mbuze)

Tandis que Seti, surnommé « Le Spécial » est très puissant à Kinshasa, la féroce lutte de camps se poursuit à Tel-Aviv où son poulain, l’ambassadeur Mbuze Nsomi, est constamment assailli par son Ministre-Conseiller, Honoré Ngbanda, qui le met progressivement à l’écart en multipliant des dossiers contre son Chef de poste diplomatique par des rapports envoyés discrètement au Président Mobutu via l’AND. Parmi ces rapports explosifs  : le titulaire « aurait » vendu le terrain offert par l’État hébreux à la République du Zaïre pour bâtir sa future ambassade, nous témoigne le député honoraire Thierry Mbuze Agwabi, fils de l’ambassadeur. Des fuites savamment distillées dans la presse israélienne finissent par arriver à Kinshasa. Ce qui ne manque pas de mettre le Président Mobutu dans un courroux indescriptible… non sans que le Mossad, aussi manipulé par Ngbanda, fasse son rapport pour suggérer le changement de chef de poste diplomatique avec la mention suivante :remplacer un politique par un technicien du Renseignement”. Dont acte !

Le deuxième round de la guerre de clans vient d’être remporté par l’aile Nkema-Ngbanda à Tel-Aviv. Honoré Ngbanda est promu Ambassadeur plénipotentiaire de la République du Zaïre à Tel-Aviv le 1er janvier 1984. Mbuze est envoyé au Sénégal pour y occuper les fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire avec extension sur le Mali, Gambie, Cap-Vert jusqu’en 1987. Ngbanda restera une année à Tel-Aviv, jusqu’en 1985. Il est rappelé à Kinshasa par Mobutu.

Le 25 juillet 1985, une ordonnance modificative est promulguée afin de préciser ses attributions et son fonctionnement[39] interne et les missions de l’AND[40]. Mobutu nomme Honoré Ngbanda en août 1985 au poste d’Administrateur général de l’AND, nouvellement restructurée. A ce titre, Ngbanda assure en même temps la fonction de président de la Commission Sécurité des pays de la CEPGL qui regroupait le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda au moment où le FPR se préparait militairement à attaquer le Rwanda à partir de ses bases arrière en Ouganda. Ça vaut son pesant d’or sur la suite des événements en RDC. Car j’ai toujours dit que la force d’un service de renseignements ne réside pas dans la répression brutale des opposants, mais bien dans l’anticipation des menaces sécuritaires à venir par des mesures proactives.

Durant cette période, écrit Jean-Pierre Langellier : « A la différence de l’armée, les services de sécurité zaïrois fonctionnent parfaitement. Mobutu y veille d’autant plus qu’il cède souvent à la paranoïa. (…) Les divers organismes en charge de la sécurité, dont les chefs font rapport directement à Mobutu, forment un cercle au centre duquel se trouve le président qui peut ainsi mieux les contrôler ou les manipuler. Il y a notamment le Centre national de documentation (CND), au nom si aimablement trompeur, héritier de la Sûreté  congolaise ; l’Agence nationale d’immigration) ; le Service d’action et de renseignement militaires (SARM) ; le Service national d’intelligence et de Protection (SNIP) »[41].

Il poursuit : « Au fil des ans, certains services changent de nom, mais conservent leurs missions : avertir le Guide du moindre danger potentiel ; déjouer d’éventuels complots ; arrêter les opposants qui seront battus, torturés ou abandonnés dans les culs de basse-fosse ; reléguer loin de Kinshasa les adversaires trop turbulents ; éliminer discrètement les plus dangereux ou supposés tels ; acheter le silence des témoins gênants ; maintenir la population en état d’intimidation. L’ensemble du dispositif de sécurité, très perfectionné, repose sur un réseau efficace d’informateurs nationaux et étrangers, dont certains émargent du budget de la présidence, et qui agissent en liaison avec les services amis, CIA en tête »[42].

Sur le plan militaire, le 6 novembre 1986, Mobutu prend une ordonnance présidentielle instituant le Service d’actions et de renseignement militaire (SARM), nommant les membres de son Etat-major. C’est au colonel Mahele Lieku qu’il confie le commandement de cette nouvelle unité d’élite. Il sera assisté au poste de chef d’Etat-major adjoint chargé de l’action par le Général Célestin Ilunga Shamanga[43] ainsi que par le Colonel Maduangele Ngbongolo, dernier attaché militaire du Zaïre de Mobutu en Belgique, comme chef d’Etat-major chargé de l’administration.

Ayant atteint son deuxième objectif, après le poste diplomatique très stratégique de Tel-Aviv, Ngbanda veut plaire davantage à Mobutu par la qualité de son travail. Il ramène à Kinshasa Bielo pour en faire son Directeur de cabinet. C’est le début de l’âge d’or de la carrière de « flic » de Ngbanda  dont le rendement sera très apprécié par Mobutu. Cela ne plaira pas au camp adverse qui comprendra que derrière l’excellent Ngbanda, il y a l’homme-orchestre Bielo, sa matière grise. La bande à Seti ira informer Mobutu que c’est Bielo et non Ngbanda, l’artisan du travail qualitatif de l’AND. C’est alors que Mobutu créera au sein de l’AND, deux nouvelles fonctions : le Secrétariat général et l’administrateur général adjoint en charge de la sécurité intérieure (numéro deux) pour diluer l’influence montante et écrasante de Ngbanda. Mobutu applique finement l’expression « diviser pour mieux régner ».

Mobutu nomme Bielo au poste de Secrétaire général de l’AND, une fonction taillée sur mesure par Mobutu qui commençait à comprendre que Ngbanda lui rendait régulièrement des rapports falsifiés pour neutraliser ses concurrents. C’est alors que dans les milieux, on surnommera Ngbanda « Wa Mvene » en Ngbandi, (moto ya lokuta en lingala ou menteur), me confie une source familiale de Mobutu sous anonymat. Bielo traite directement avec Mobutu qui est très satisfait de son travail et qui lui transmet d’autres directives sans passer par Ngbanda pour cloisonner les informations. Bielo est Ngbaka Maboa de Libenge. Notons au passage que Kengo est un natif de Libenge et que Jeannot Bemba Saolona, alors patron des patrons, est aussi un Ngbaka de Libenge.

C’est alors qu’un groupe de faucons Ngbandi autour de Ngbanda, dont le professeur Vunduawe te Pe Mako, le général Etienne Nzimbi Ngbale de la DSP[44] et le général Philémon Baramoto[45], allié de circonstance de Ngbanda, vont commencer à monter une série de cabales contre les non Ngbandi. Ils font croire à Mobutu que les Ngbaka, tribu réputée guerrière et qui comptait beaucoup de bons soldats au sein de la DSP, planifiaient un coup d’état pour le renverser. Le Général Jean-Pierre Somao Gbodo Mbele, un Ngbaka de Libenge et Emmanuel (Dungia, un Ngbaka de Gemena, dans le Sud-Ubangi, agent de l’AND en poste diplomatique au Vatican (1986-89), seront pointés du doigt.

C’est dans cette atmosphère d’une guerre froide des services que le zaïre évoluera jusqu’en 1990 année de l’ouverture politique au multipartisme. Un résultat que l’on doit au travail de l’ombre effectué par Bielo, Raoul Donge, Maître Nimy Mayidika Ngimbi, Roger Nkema Liloo et Edouard Mokolo wa Mpombo, qui conseilleront à Mobutu de s’aligner sur l’évolution géopolitique du monde et adapter le système politique du Zaïre. La guerre froide Est-Ouest venait de se terminer avec la chute du mur de Berlin en 1989 et l’effondrement du bloc communiste entraînant dans sa chute l’éclatement des dictatures de l’Europe de l’Est.

1990-1997 : Ngbanda s’impose en « Terminator » qui entraîne la chute de Mobutu

Sur conseils de Nimy, Donge et Bielo, Mobutu initie une série de consultations populaires qui l’amènent à prendre langue directement avec les citoyens zaïrois lors des tournées de deux mois à travers tout le Zaïre. L’ampleur qu’elles ont prises et la franchise populaire à l’encontre du régime de Mobutu l’a dissuadé de continuer selon le format initial défini lors de son discours des vœux de Nouvel an aux corps constitués de la République, le 14 janvier 1990. Mobutu invitait « toutes les forces vives de la Nation à transmettre au secrétariat général du MPR ou par le canal de son bureau, leurs idées et leurs considérations libres sur le fonctionnement des institutions au regard des exigences socio-économiques et du développement ». Il a abandonné la formule de rencontres directes avec le Peuple pour la forme écrite en laissant la tâche de réception des critiques et propositions à un Bureau National qu’il venait de créer le 22 janvier 1990, dirigé par Edouard Mokolo wa Mpombo, membre de son cabinet[46]. Mokolo, Nimy et Bielo faisaient partie du camp des colombes et des réformateurs du régime zaïrois. Les consultations populaires sont lancées officiellement à Goma le 30 janvier 1990 et ont pris fin le 26 mars 1990 à Lubumbashi. Des milliers de mémorandums signés par des groupes sociaux et professionnels, et des individus sont déposés au Bureau National de Coordination des Consultations Populaires, qui les a compilés à partir du 2 avril 1990, date officielle de clôture des Consultations populaires[47].

Et c’est cette équipe, me raconte Raoul Donge, lors de plusieurs entretiens à Bruxelles en 2020, qui écrira les grandes lignes du fameux discours de Mobutu du 24  avril 1990, restaurant les piliers de la démocratie au Zaïre, suscitant une réaction musclée des faucons menés par Ngbanda. Ce discours du 24 avril 1990 est l’un de plus marquants de la Deuxième République que Mobutu ait prononcés, laissant même couler quelques gouttes de larmes, après celui du 27 novembre 1965 à son investiture au parlement à la suite de son deuxième coup d’état, celui du 4 octobre 1973 à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la politique étrangère, et le discours autocritique du 1er juillet 1977, après la première guerre du Shaba lorsque  le président Mobutu décida de démocratiser, à sa manière, son régime. Mobutu craignait que le système politique soit bloqué par asphyxie du fait que la voix du peuple était souvent étouffée. Cela fut manifesté par la nomination d’un Premier commissaire d’État[48] (Premier ministre) et l’introduction de l’élection libre des membres au niveau de certains organes du parti : le Bureau politique (en raison de deux par région ou province de l’époque)[49] et le Conseil législatif (Parlement), dont les membres, les Commissaires du peuple, seraient élus directement par le peuple contrairement à ce qui se faisait auparavant.

Le 30 avril 1990, Honoré Ngbanda quitte l’AND qui n’a pas vu venir la montée de la contestation populaire. Il est nommé Conseiller politique du Président de la République. Ngbanda est remplacé à la tête de l’AND par le général d’armée Norbert Likulia Bolongo. Ce dernier remplacera la dénomination de l’AND par le SNIP (service nationale d’intelligence et de protection). Mais Ngbanda ne s’avoue pas vaincu. Avec son groupe des faucons conservateurs, Il profite de sa nouvelle fonction à caractère politique pour mettre en place une série d’entraves au nouveau processus de démocratisation en cours d’expérimentation par essais et par erreurs.

Une période de fortes turbulences politiques marquée par une forte contestation de l’ordre politique établi par le régime de Mobutu, canalisée principalement par l’UDPS, les FONUS, le PALU, l’UFERI, les étudiants, l’Église catholique ainsi que plusieurs organisations de la société civile, conduites notamment par Pierre Lumbi, Modeste Bahati Lukwebo et Modeste Mutinga.

Les manifestations politiques souvent organisées par les groupes sociaux dépassaient les capacités opérationnelles, matérielles et humaines de la Gendarmerie nationale. Par ailleurs, la Gendarmerie Nationale était généralement composée à l’époque de militaires très âgés, dépassés par leurs charges familiales, qui commençaient progressivement à adhérer à la nouvelle tendance politique républicaine et démocratique en vogue à l’époque et véhiculée par les groupes sociaux et politiques précités.  Ce qui la rendait assez passive, parfois accommodante aux manifestants et inefficace dans la répression des manifestations et contestations de rue[50].

Pour pallier cette situation sécuritaire défavorable au régime de Mobutu, avec les généraux Ngbandi de la DSP et de la Garde Civile, ils mettront sur pied des escadrons de la mort, parmi lesquelles deux unités d’élite et d’assaut, spécialisées dans la répression de manifestations, les F.I.R. (Forces d’Intervention Rapide) et les F.I.S. (Forces d’Interventions Spéciales), majoritairement composées de Ngbandi recrutés parmi les-ex-agents et superflics de l’AND et du SNIP. Ces anges de la mort seront connus sous le sobriquet de « HIBOUX », car ils opéraient uniquement durant la nuit. Leurs actions étaient exclusivement dirigées contre les groupes d’opposition politique et les contestataires du au régime. Ils étaient entraînés par des mercenaires Sud-Africains. Plusieurs jeunes délinquants ayant abandonné leur scolarité y seront recrutés[51].

Le 4 septembre 1991, les sièges de l’UDPS et l’UFERI sont attaqués par les Hiboux qui pillent et saccagent le siège de l’UFERI. Dans la nuit du 3 janvier 1993, la maison de Frédéric Kibassa Maliba, située à la 12ème rue de Limete, à Kinshasa, sera de nouveau pilonnée à la roquette par les militaires de la DSP. Les dégâts matériels et humains sont lourds. Berthos Kibassa, fils de Kibassa Maliba, est tué au cours de cette attaque et d’autres membres de la famille sont sérieusement blessés dans l’incendie de la maison.

En tant que Conseiller politique, Ngbanda convainc le maréchal Mobutu de mener une mission défensive d’organiser la résistance à la démocratie et une autre mission offensive de neutraliser les forces sociales et politiques d’opposition. Avec son groupe, ils parviendront finalement à bloquer l’évolution, voire la marche du pays en essayant par tous les moyens de renverser la situation manu militari en leur faveur. Le 3 mai 1990, Mobutu prononce un second discours dit de « clarification » qui neutralise le précédent discours de « démocratisation » prononcé le 24 Avril 1990. Ce second discours porte les empreintes de « Mister H ». Ce sera le point de départ d’une série d’activités qui modifieront le cours de l’histoire récente de la RDC et le destin de ses populations.

Le pays assistera à un épisode sombre de son histoire. La Conférence Nationale souveraine (CNS) passera par-là, mais sans aucune avancée significative sur le terrain politique. Lorsqu’Etienne Tshisekedi est élu triomphalement Premier ministre par la CNS, en 1992, Ngbanda devient ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants de son premier Gouvernement avant de l’être également plus tard dans les gouvernements de Bernardin Mungul Diaka et de Jean Nguza Karl-I-Bond.

De septembre 1991 jusqu’en août 1992, Ngbanda est ministre de la Défense nationale. Partisan de la répression brutale des opposants auxquels il refusait l’option de négocier avec Mobutu, on lui attribuera la création des milices armées appelées les « HIBOUX » car opérant la nuit pour mener des actions de représailles à l’encontre des opposants et autres activistes contestataires du régime de Mobutu.

Le massacre des chrétiens du 16 février 1992, les plasticages des imprimeries du journal frondeur Elima de M. Essolomwa N’koy et des installations de la société SOFRIZAL appartenant à M. KAZUMBA, des enlèvements des opposants et autres assassinats politiques sont à mettre sur le compte de ce terrorisme d’Etat[52]institué durant cette période.

En septembre 1992, lorsqu’il quitte le gouvernement, Ngbanda sera nommé Conseiller spécial du maréchal en matières de sécurité. Ce sera l’apogée de sa carrière qui coïncide avec le déclin du régime de Mobutu. Ce poste le mettra à l’avant plan des actions diplomatiques et sécuritaires des derniers instants du régime zaïrois balayé par une blitzkrieg menée par l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, soutenue par les armées de la région, dont le Rwanda et l’Ouganda principalement sous la bénédiction des puissances anglo-saxonnes et de l’Afrique du Sud. Il occupera ce poste jusqu’à la fuite de Mobutu au Maroc où les deux trouveront la mort. Cette période va institutionnaliser la terreur politique.

1986 : De gauche à droite : Augustin Bielo Lakwe Idamo, Honore Ngbanda Nzambo Ko Atumba, Goga, Andre Alain Atundu Liongo. (Photo : Album familial Bielo)

Entretemps, des règlements de comptes entre les camps adverses des services et de l’entourage présidentiel  sont loin de connaître un armistice. Bielo Lakwe Idamo, adjoint de Ngbanda dans les services secrets et considéré comme un modéré, a été trouvé mort, et certains évoquent un empoisonnement, selon Colette Braeckman[53].  En effet, en décembre 1992, Mobutu décide de nommer Bielo Lakwe Idamo, au poste de Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité. L’ordonnance déjà rédigée devrait être rendue publique le 2 janvier 1993. Le 29 janvier 1993, Bielo succombe brutalement à 43 ans après son admission à l’hôpital à la suite d’un malaise. Officiellement, il est décédé d’une attaque cardiaque foudroyante, mais sa famille, qui a demandé une autopsie en vain, évoque un empoisonnement et l’ombre de l’assassin ne fait aucun doute, me confie un proche de sa famille[54]. Augustin Bielo, de l’ethnie Ngbaka avait bénéficié du soutien de Jean-Pierre Bemba Gombo, Ngbaka comme lui, alors Conseiller privé chargé des Finances du Président Mobutu.

Mboloko Ikolo, un autre ancien Administrateur Principal du SNIP en charge du contre-espionnage, ancien Ambassadeur du Zaïre en Suisse, en République populaire du Congo (Brazzaville) et au Burundi, aussi ancien représentant du Zaïre à La Croix-Rouge, a également été victime des pratiques népotiques qui prévalaient dans les services de renseignement zaïrois. D’ethnie Ngombe, Ikolo Mbokolo, qui a formé notamment Ngbanda lors de son entrée en service, verra sa carrière professionnelle court-circuitée par des crocs-en-jambe lui posés par les Ngbandi des services, dont Honoré Ngbanda[55]. L’ambassadeur Ikolo Mbokolo faisait partie des premiers cadres et experts des renseignements civils congolais formés en République fédérale d’Allemagne au sein de l’office fédéral de la police criminelle (BKA). Il sera nommé major à son retour au pays. Il effectuera par la suite des stages de perfectionnement au sein de la Gendarmerie royale canadienne  dans le domaine  des renseignements et au Japon auprès de l’unité arisue kikian pour étudier le fonctionnement du Kempetai (le service de renseignement impérial d’avant guerre).

Honoré Ngbanda avait-t-il sauvé la vie à Etienne Tshisekedi en 1992 ?

C’est ce qu’il raconte dans une interview  parue au journal Le Potentiel : Avec Le professeur Vunduawe Te Pemako, il initie le dialogue avec les 13 parlementaires de l’UDPS dont Tshisekedi. A propos de Tshisekedi, ou plutôt de la tentative d’élimination de ce dernier, Ngbanda déclare : « En 1988, si ma mémoire est bonne, l’UDPS avait tenu son premier meeting au Pont Cabu, là où est érigé actuellement le Stade des Martyrs. À l’issue des manifestations, Tshisekedi fut blessé et interné au Sarm. Très tard la nuit, j’ai reçu la visite d’un des deux chefs/EM adjoint du Sarm, le colonel Moliba, tout agité. Il était venu me prévenir que leur chef venait de leur demander d’aller prélever le sang d’un sidéen au centre de dépistage à l’hôpital Mama Yemo, pour le mélanger au mercurochrome, et de l’utiliser pour nettoyer la blessure de Tshisekedi au matin ! «Que dois-je faire ? », m’a demandé le jeune colonel ? « Vas dormir et laisse-moi m’occuper de l’affaire », lui ai-je répondu. Et immédiatement, j’ai appelé l’Administrateur général adjoint/AND chargé de l’intérieur, Augustin Bielo, mon adjoint immédiat, et je lui ai demandé d’appeler le chef/EM du SARM, le général Mahele, pour lui demander le transfert immédiat de Tshisekedi chez lui. J’ai insisté qu’il me confirme l’exécution de ces instructions avant de dormir. Nous étions minuit passé. Cinq minutes après, j’ai reçu le coup de fil du général Mahele qui me demanda si je ne pouvais pas attendre la journée pour le transfert de Tshisekedi. Je lui ai dit que mes services devaient absolument le verbaliser la nuit pour adresser un procès-verbal au Président Mobutu sur les événements survenus la veille. Sur ce, Tshisekedi fut transféré nuitamment chez Bielo et maintenu chez lui jusqu’à son relâchement, quelques jours après »[56].

Ainsi sonne le glas : la fin sans gloire du régime de Mobutu et l’échec des services – la traversée du désert de Ngbanda jusqu’en 2004

Le début des années 1990 coïncide avec la prise en otage de l’armée et des services de renseignements militaires et civils par les Ngbandi. Pour les paranoïaques et autres opportunistes civils et militaires de haut rang ethniquement proches du président Mobutu, aucune unité des forces armées ne pouvait avoir une capacité opérationnelle supérieure à la DSP et la Garde Civile commandées respectivement par les généraux Ngbandi Etienne Nzimbi et Philemon Kpama Baramoto. C’était à l’époque de la montée en puissance du SARM, commandé par Mahele Lieku de l’ethnie Mbuza de l’Equateur. Tout était mis en place pour humilier les bons cadres et promouvoir les frères et les courtisans. Petit à petit, le Président de la République cédait son rôle de commandant suprême des forces armées pour devenir, sans s’en rendre compte peut-être, le chef de quelques bandes armées fortement tribalisées qui n’avaient pour toute capacité opérationnelle que le fait d’appartenir majoritairement à une même tribu.

Tout doucement, les Généraux Nzimbi Ngbale, le tout-puissant commandant de la DSP, le cousin germain du président Mobutu, et Baramoto mettent au pas les forces armées et de sécurité. Ils profitent de leurs statuts pour devenir en même temps des généraux affairistes. Sur le plan des services de sécurité, c’est Ngbanda qui trône. Même si ce ménage à trois n’était pas toujours non conflictuel, ensemble, ils décident d’isoler Mobutu par une sorte de coup d’état de fait qu’ils réalisent subtilement au sommet de l’Etat. En effet, durant les années échaudées (1990) de la Conférence Nationale et Souveraine, avec son lot de journées ville morte et de contestations politiques à Kinshasa – une capitale acquise à la cause du « Sphinx de Limete » Etienne Tshisekedi – le maréchal Mobutu, erronément et insidieusement conseillé par le trio Nzimbi – Baramoto – Ngbanda, sera éloigné de Kinshasa pour être reclus à Gbadolite, son fief natal dans la province de l’Equateur où il se surnommera à son tour « L’Aigle de Kawele »[57]. Les trois compères parviennent à convaincre Mobutu qu’ils assureraient sans faille la garde de la maison Zaïre pour son compte, à partir de la Capitale. Ainsi, dans son exil tropical folklorique doré, verdoyant et insolite à Gbadolite, le Chef de l’Etat ne percevait plus les événements de Kinshasa qu’à travers le prisme – ô combien désinformant et déformé – des rapports falsifiés de Nzimbi, de Baramoto et Ngbanda auxquels il vouait désormais une totale confiance aveugle. Les cadres militaires et civils qui étaient nommés à des postes ou à des grades élevés savaient qu’ils étaient redevables et comptables en premier lieu aux nouveaux maîtres du jeu et du dispositif du pouvoir dans le pays qu’au Président de la République.

C’est dans cette architecture institutionnelle surréaliste et kafkaïenne que l’AFDL viendra balayer le régime de Mobutu, sans coup férir de la part de ses piliers qui ont assuré au Léopard le renversement de la situation. Tous les trois se trouveront déjà hors du pays, bien avant que Mobutu ne quitte définitivement le Zaïre le 16 mai 1997. Bien avant cela, après avoir fait obstacle à la Conférence nationale souveraine, Honoré Ngbanda barrera la route de la primature une nouvelle fois à Etienne Tshisekedi après sa rencontre du 21 novembre 1996 avec Mobutu, dans sa résidence niçoise de Roquebrune-Cap-Martin. A l’issue de cette rencontre, Etienne Tshisekedi se déclare Premier Ministre du Zaïre. A son retour à Kinshasa le 27 novembre 1996, Tshisekedi est triomphalement accueilli par une foule populaire. S’adressant à cette foule, il déclare que « la poignée de mains échangée à Nice scelle la réconciliation nationale. Dès que le Président Mobutu sera de retour au pays, les choses sérieuses commenceront ». C’était sans compter avec le non catégorique du Terminator…

Avant la chute de Mobutu, Baramoto se trouvait déjà en fuite en Afrique du Sud, Nzimbi, quant à lui, avait pris la poudre d’escampette à Brazzaville, après avoir harangué les troupes de la DSP de se battre jusqu’à la dernière goutte de sang. Honoré Ngbanda tentait encore en vain de convaincre le président togolais Gnassigbe Eyadema pour un dernier baroud d’honneur en vue du sauvetage du régime de Mobutu. Il avait auparavant, en février 1997, initié une approche en Afrique du Sud pour rencontrer les rebelles et discuter des modalités de mettre fin à la guerre, sans succès[58].

C’est ainsi que sonna le glas du régime de Mobutu et la neutralisation de son système répressif de défense et de sécurité de façade dont Ngbanda était une figure de proue. Ce sera le début de la traversée du désert de Ngbanda entre le Togo, la Côte d’Ivoire, le Maroc, la France puis le Maroc au moment de son décès.

2004-2021 : chantre de l’occupation du Congo et fer de lance de la résistance et la libération du Congo-Kinshasa de la domination Tutsi

La chute de Mobutu laisse un goût amer à Ngbanda qui ne s’avoue pas vaincu. Ngbanda a été(dans) sur tous les fronts stratégiques, politiques, diplomatiques et sécuritaires des derniers instants du régime zaïrois. Malheureusement, il a été incapable d’anticiper son déclin – ou « le coup de poignard dans le dos » de Mobutu, selon l’expression utilisée par ce dernier pour dénoncer l’attaque du Zaïre par l’AFDL ». Pourtant, l’anticipation et la pro-action sont la mission principale des services de renseignements »  qui dépendaient tous du conseiller spécial en matière de sécurité. Fort de sa position, Ngbanda sera parmi les premiers congolais à comprendre les tenants et les aboutissants de l’agression du Zaïre, œuvre des milieux néolibéraux anglo-américains pour instaurer une domination tutsie dans les Grands-Lacs en soutenant les minorités Tutsi-Hima incarnées respectivement par Paul Kagame et Yoweri Museveni. Ce sera le début de la deuxième vie politico-messianique de Ngbanda.

Honoré Ngbanda parlera désormais de l’occupation congolaise. Il se donnera pour cela pour mission prophétique de libérer le Congo-Zaïre de l’occupation tutsie qui a mis la main basse sur les ressources minières congolaises et qui a infiltré » l’armée et les services de sécurité et de renseignements de la RDC à tous les échelons. Ngbanda bénéficiera des soutiens de quelques dirigeants de l’Afrique francophone (Gabon, Congo-Brazzaville, Togo, etc.). Ces derniers le financeront pour tenter de mener des actions de libération du pays à partir des ex-FAZ réfugiés en République du Congo. Pour structurer son action, il crée le 4 juin 2005 à Paris, l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (APARECO). L’APARECO se définit comme un mouvement de lutte politique et armée pour la libération de la République Démocratique du Congo, placée sous occupation étrangère depuis la chute du dictateur Mobutu.

Pour Ngbanda, seule une action armée peut libérer un pays occupé. Pour libérer la RDC, pays occupé, l’APARECO prône quasi exclusivement la lutte armée, qualifiant toutes les autres forces politiques et sociales prônant l’action politique et non armée de « collabos » au service d’Hyppolite Kanambe, le nom paternel biologique de Joseph Kabila, fils d’Adrien Kanambe, disait-il. Ce credo recevra un écho émotionnel très favorable dans les milieux de la jeunesse congolaise de la diaspora, souvent très peu instruite sur l’histoire récente de la RDC, se contentant souvent et parfois des théories complotistes diffusées sur les réseaux sociaux. Grâce à Ngbanda et à APARECO, d’autres formes de mouvements des résistants et/ou des combattants, contestant les régimes successifs au Congo depuis la chute de Mobutu, ont vu le jour partout dans la diaspora congolaise.  A défaut de mener leur combat armé en RDC, l’une des caractéristiques de ces mouvements est de s’en prendre violemment aux différentes autorités et artistes musiciens congolais en séjour à l’étranger.

Œuvres bibliographiques 

Ngbanda faisait également partie de rares dignitaires de Mobutu à écrire sur les événements sociopolitiques et géopolitiques du Congo.

On peut citer notamment :

  1. La problématique de la souveraineté dans les conférences nationales souveraines d’Afrique, Kinshasa 1993.
  2. Afrique : démocratie piégée, Éditions Équilibres Aujourd’hui, Condé-sur-Noireau, 1994.
  3. La transition au Zaïre : le long tunnel, Éd. Noraf, Kinshasa, 1995.
  4. Ainsi sonne le glas ! Les derniers jours du maréchal Mobutu, Éditions Gideppe, Paris, 1998. Dans ce livre, Ngbanda décrit l’entourage de Mobutu comme une mare aux crocodiles et aux serpents. Sa carrière aux côtés du président Mobutu n’a pas été un long fleuve tranquille comme d’aucuns pourraient le croire. Elle a plutôt été très tumultueuse et pleine d’orages. C’est cette ambiance délétère et des coups bas qui est l’une des causes principales de l’écroulement du système de pouvoir du Président Mobutu. Personne n’y a échappé[59].

Crimes organisés en Afrique centrale, préface du camerounais Charles Onana, Éditions Duboiris, 2004. Dans ce livre, Ngbanda se transforme en prophète révélateur des malheurs du Congo. Il tire la sonnette d’alarme pour conscientiser les congolais au danger qui guette ce pays. « Nous devons compter sur nous-mêmes pour mettre fin à cette situation qui a trop duré et qui risque demain, de compromettre complètement l’intégrité, la souveraineté du Zaïre-Congo ». Ce livre sera désormais le fondement de sa nouvelle vocation patriotique de libérer le Congo-Zaïre de la main hégémonique de l’oligarchie « power Tutsi », co-dirigée par Paul Kagame et Yoweri Museveni, qui a pris l’Afrique des Grands-Lacs en otage avec l’appui des milieux néolibéraux anglo-saxons. C’est de là que lui viendra l’idée de créer son mouvement APARECO. Cet ouvrage est très édifiant sur la manière dont il a aidé Museveni à accéder au pouvoir[60].

Dans son dernier livre Stratégie du chaos et du mensonge – Poker menteur en Afrique des Grands Lacs, coécrit en 2014 avec l’analyste Patrick Mbeko, (édition de l’Érablière, Montréal, 2014, 658p), les auteurs me solliciteront pour leur apporter des éléments d’éclairage autour de la situation militaire congolaise et de la question concernant la problématique de la balkanisation de RDC. Une collaboration que nous avions appréciée à sa juste valeur et qui illustre la capacité des patriotes congolais à se fédérer autour des questions stratégiques de la RDC.

Conclusion

Honoré Ngbanda a été un acteur clé du régime de Mobutu dont il a incarné le système sécuritaire répressif. Au travers de cet article consacré à son parcours politico-professionnel, nous avons voulu faire un décryptage du fonctionnement des services de renseignements sous la période de la présidence de Mobutu. Loin de nous l’idée de susciter des polémiques stériles autour de sa personne, notre démarche s’inscrit dans une double perspective didactique et historique. La jeune génération congolaise actuelle ignore largement l’histoire post-indépendance du Congo. Or un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.

Par ailleurs, Ngbanda a joué un rôle déterminant dans l’éveil des consciences congolaises contre les projets hégémoniques de Kagame et de Museveni en RDC. C’était une sorte de repentance politique et morale de celui qu’on a surnommé Terminator. Il la précise humblement dans sa déclaration ci-après : « j’estime que chaque responsable ou leader politique doit reconnaître et assumer la responsabilité collective et individuelle de toutes les fautes et de toutes les erreurs commises par le passé. Car nous avons une dette morale vis-à-vis du peuple congolais que nous devons aider à sortir de la situation de misère et de honte dans laquelle nous l’avons plongé…»[61].

Sans émettre un jugement subjectif sur l’action de Ngbanda en RDC, c’est sur cette note d’humilité que je conclus cette longue analyse. Paix à son âme !


Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Analyste politique, Expert et Consultant des questions sécuritaires et géopolitiques de l’Afrique médiane

Texte relu par Jean-Bosco Kongolo M.


Références

[1] Isidore Ndaywel, Histoire du Zaïre. De l’héritage ancien au temps contemporain, Duculot, Louvain-La-Neuve, 1997, p.50.

[2] Jean-Pierre Langellier, Mobutu, Perrin, Paris, 2017, p.8.

[3] Les Ngombe sont une population bantoue qui constituent le tampon  entre les Bantu et les soudanisés (Ngbaka, Ngbandi). Les Ngombe sont essaimés dans la région de Yakoma, près de la frontière actuelle des anciennes provinces de l’Equateur et Orientale.

[4] https://www.africamuseum.be/sites/default/files/media/docs/research/publications/rmca/online/monographies-provinces/nord-ubangi.pdf.

[5] https://www.mbokamosika.com/article-l-historique-des-services-de-renseignements-en-rdc-sous-mobutu-108409136.html.

[6] Le Conseil national de sécurité (CNS) est un organe placé sous l’autorité directe du  Président de la république, créé par l’Ordonnance présidentielle N°86-306 du 1er décembre 1986 portant organisation et fonctionnement du Conseil National de sécurité.  Il est dirigé par le Conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité. Le Conseil National de Sécurité constitue un cadre de concertation de tous les services ayant un objet en rapport avec la sécurité et le renseignement. Il a pour mission d’élaborer, suivant les instructions du Président de la république, la politique générale du pays en matière de sécurité ;  de délibérer sur tous les problèmes intéressant la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat  et de proposer des mesures adéquates. Il élabore également la politique budgétaire de l’Etat en matière de sécurité[6]. De ce qui précède, le CNS a pour vocation à chapeauter l’ensemble des services de sécurité congolais, civils et militaires.

Son origine remonte au début des années 1980 lorsque  Mobutu crée le Centre National d’Intelligence (CNI) dont l’innovation était qu’il fusionnait les deux départements intérieur et extérieur du défunt Centre National de Documentation (CND).  Fin 1979 et début 1980, Mobutu décide de mieux assurer la coordination des « services » – civils et militaires. Il crée le Conseil National de Sécurité (CNS) directement rattaché à la présidence de la République et dont le Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité était le Secrétaire Général[6]. « Le Conseil National de Sécurité constitue un cadre de concertation de tous les services ayant un objet en rapport avec la sécurité et le renseignement ».

[7] Raymond Omba Pene Djunga, ibid. p.15.

[8] C’était à une époque où le Zaïre occupait le centre névralgique du dispositif géostratégique régional américain (et occidental) alors que Mobutu était dépositaire attitré de la marque CIA en Afrique médiane.

[9] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, op. cit., p.102.

[10] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine : des indépendances à nos jours, Amazon, 2019, p. 330. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.

[11] Entretiens avec le colonel Omba à Bruxelles en mai 2017.

[12] En 1983, Mobutu restructure le CND et crée l’Agence nationale de documentation (AND) par l’ordonnance numéro 83-193 du 3 novembre 1983.

[13] Ce fut pareil dans la Province Orientale et au Kivu où des rébellions d’Antoine Gizenga, Gaston Soumialot et Gbenye Christophe entretenaient respectivement une dizaine de milliers d’hommes.

[14] https://www.mbokamosika.com/article-l-historique-des-services-de-renseignements-en-rdc-sous-mobutu-108409136.html.

[15] https://www.africamuseum.be/sites/default/files/media/docs/research/publications/rmca/online/monographies-provinces/nord-ubangi.pdf.

[16] Il avait pour attributions : la sécurité du territoire ; les renseignements politiques, économiques et socioculturels liés à la sureté nationale ; l’identification des citoyens ; la police des frontières et des étrangers; l’immigration et l’émigration ; la lutte contre la criminalité et la liaison avec Interpol.

[17] https://www.africamuseum.be/sites/default/files/media/docs/research/publications/rmca/online/monographies-provinces/nord-ubangi.pdf.

[18] https://www.mbokamosika.com/article-l-historique-des-services-de-renseignements-en-rdc-sous-mobutu-108409136.html.

[19] Jean-Jacques Wondo, Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la force publique aux FARDC, Monde Nouveau- Afrique Nouvelle, Suisse, 2013, p.109. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Arm%C3%A9es-Congo-Kinshasa-Radioscopie-Force-publique/dp/1086972538.

[20] Premier Chef Etat-major de la Force Terrestre sous MOBUTU, il occupa après le 17 mai 1997 les fonctions de chef d’Etat-major général des FAC puis d’inspecteur général de la Police Nationale avant de céder sa place au tout-puissant John NUMBI.

[21]  Chancelier des Ordres nationaux et des compagnons de la révolution.

  • Singa Boyenge Mosambay, Chef d’état-major de la Gendarmerie nationale et Président de la Commission;
  • Molongia Mayikusa Moyi Bongenye, Directeur général du Département de la Défense nationale;
  • Likulia Bolongo Lingbangi, Auditeur général des Forces Armées Zaïroises;
  • Babia Zanghi Malobia, Chef d’état-major général adjoint des F.A.Z. ;
  • Bolozi Gbudu Tanikpama, Chef de Renseignement ya Gendarmerie nationale (B2).

[22]

[23] Durant les années 1990 de la Conférence Nationale et Souveraine, André Mpika s’était rapproché d’Etienne TSHISEKEDI avant de s’exiler aux Etats-Unis.

[24] Né à Katako-Kombe (Sankuru) le 8 avril 1938, il sera recruté en 1960 au sein de la Force Publique pour aller suivre une formation d’officier à l’ERM en Belgique. Rentré  au pays en 1965, il sera affecté au cabinet de l’auditeur général de l’Armée, le Colonel Belge Van Halleweyn. Ce dernier le proposera comme premier secrétaire du cabinet du nouveau Président MOBUTU, le 26 novembre 1965, deux jours après le coup d’Etat. En 1969, le nouvel administrateur général de la Sûreté, le Colonel EFOMI, obtiendra son détachement à ses services pour leur réorganisation. Son travail à la Centrale de l’Intelligence (notre ex-CIA), dit-il, ne lui vaudra pas que des félicitations de ses supérieurs, mais bien plus des inimitiés, des accusations mensongères, jusqu’à cette bourde, qu’à ce poste, il préparait sournoisement la vengeance de la mort de mon frère Otetela, Patrice Emery LUMUMBA ! Le Président MOBUTU le convoquera alors pour l’entendre dire : « je suis content de ton travail mais comme tu fais l’objet de trop d’accusations, je voudrais te protéger en te rappelant près de moi, où tu poursuivras les mêmes activités sous la couverture de secrétaire particulier ! » Bien mieux, en plus de ces attributions, il devait organiser des recrutements à travers des garnisons, pour une formation spéciale des gardes-du-corps de Mobutu, dont il deviendrait le Chef ! Mais curieusement, au terme de leur formation, il dit ne pas être associé ni à la conception, ni à l’organisation de leur prestation de serment. C’est ainsi qu’il déclare : « j’ai été confus au moment de l’engagement à verser mon sang pour la protection du Chef de l’Etat et la prise et l’échange de sang qui s’en suivait! ».

[25] L’Epée du Roi est la plus prestigieuse récompense décernée à l’officier-élève de l’Ecole Royale Militaire qui a été le plus méritant durant les deux ou trois premières années de ses études militaires et qui, en même temps, s’est particulièrement distingué par « sa valeur morale et son application dans toutes les activités de l’Ecole. » (Ce que rappelle le document en lettres gothiques, plus beau qu’un diplôme de fin d’études, qui est remis avec l’épée). Le choix de l’élève le plus méritant est quant à lui opéré chaque année par une commission composée du grand maréchal de la cour, du ministre de la Défense et du commandant de l’École royale militaire. A ma connaissance, il est le seul officier-élève africain à avoir été récompensé par cette épée décernée. La remise solennelle de l’Épée se déroule dans les premiers jours de janvier au cours d’une des prises d’armes pour la prestation de serment des nouveaux élèves-officiers.

[26] Kalume, Kanyonga et Kadiebwe iront rencontrer Monguya à Liège. Ensemble avec ce dernier, ils visiteront la Fabrique Nationale (FN), l’usine belge qui fabrique les armes à Herstal, près de Liège. KALUME, comme tout officier gendarme formé à l’ERM et à l’Ecole Royale de Gendarmerie, connaissait très bien cette usine qui recevait régulièrement la visite des officiers-élèves gendarmes. A la FN, on a offert un cadeau au général Likulia Bolongo par l’intermédiaire du major Kalume : une mitraillette à lunette. Le Major sera interpellé par la suite par la douane française à la frontière franco-belge, puis arrêté à l’aéroport de  Roissy Charles de Gaulle. C’est l’intervention du général Likulia en tant que propriétaire du cadeau «empoisonné » et son supérieur hiérarchique qui le tirera d’affaires car il a reconnu que l’arme lui appartenait. Les services de renseignement généraux français en informeront les autorités françaises, qui à leur tour signaleront l’incident à leurs homologues zaïrois.

[27] https://www.lesoir.be/art/carnets-de-reportage-6-6-au-proces-des-douze-affreux-da_t-20030801-Z0NDQU.html.

[28] C’est ainsi que l’on nommait les officiers sortis de l’ERM. «EFO-istes» pour les officiers sortis de l’EFO-Kananga ; « Saint-Cyriens » pour ceux ayant été formés à « Saint-Cyr » en France…

[29]  In Actes de la Conférence nationale Souveraine (CNS) 1992.

[30] Pierre MULELE, ancien ministre de l’Education Nationale du gouvernement de Patrice LUMUMBA, entreprit en compagnie de sa fidèle compagne Léonie ABO, de BENGILA et autres de ses lieutenants, un mouvement insurrectionnel lumumbiste contre le régime de MOBUTU. Après la chute du gouvernement Lumumba, Mulele séjourna de décembre 1960 à août 1961 au Caire, ensuite il séjourna brièvement à Léopoldville pour regagner ensuite le Caire, qu’il quittera en mars 1962 pour effectuer un long séjour en Chine. Il réapparut au Congo en juillet 1963 pour mener une insurrection populaire dans le Kwilu. Traqué par l’ANC et à court d’armes et de renforts en logistique, il sera contraint, avec Léonie ABO, Joseph Mkindua et Théodore Bengila, de rejoindre Brazzaville par la pirogue, le 13 septembre 1968, où ils seront placés en résidence surveillée. A la suite des accords secrets entre Kinshasa et Brazzaville, Mobutu dépêchera son ministre des Affaires étrangères, Justin-Marie BOMBOKO, pour organiser son retour à Kinshasa en faveur du processus de réconciliation nationale dans le cadre de l’amnistie générale décrétée unilatéralement par le président Mobutu. C’est à ce moment précis que le léopard le fera tomber dans un guet-apens. Il finira par rejoindre l’autre rive du Pool, Kinshasa, le 29 septembre pour être passé par les armes, avec son camarade Théodore Bengila, le 3 octobre 1968 au camp militaire Lieutenant-colonel Kokolo.

[31] Célestin Ilunga Shamanga, La chute de Mobutu et l’effondrement de son armée, Canon One Shop, Pretoria, 1998, p.32.

[32] Faustin Bosenge, Le Congo-zaïre a déjà reformé son secteur de sécurité sans une supervision internationale, in Chronique de la NPDAC/ONG, 30/01/2015. http://www.societecivile.cd/node/4882, consulté le 13 septembre 2018. Les membres du CNS étaient : le Président de la République, le Premier Commissaire d’Etat (Premier Ministre), le Commissaire d’Etat (Ministre) des Affaires étrangères, le Commissaire d’Etat à l’Administration du Territoire (Intérieur), le Secrétaire d’Etat à la Défense, le Chef d’état-major général des FAZ, le Chef d’état-major de la Gendarmerie Nationale, l’Administrateur Général du CND rénové, le Commandant de la Brigade Spéciale Présidentielle (B.S.P.) puis DSP, le Chef d’état-Major du Service d’Action et de Renseignements Militaires (SARM) et le Président Général de la Garde Civile.

[33] Alunga Mbuwa, Seti Yale s’est éteint, www.lesoftonline, 18 mars 2013.

[34] Jean-Jacques Wondo, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine : des indépendances à nos jours, Amazon, 2019, p.336. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.

[35] José-Patrick Nimy Mayidika Ngimbi, Je ne renie rien, Je raconte Je raconte… L’histoire d’un parcours sur un parcours d’histoires, Paris, éd. L’Harmattan, Espace Kinshasa, 2006, 564p.

[36] Peter Rosenblum, Constructing the Authoritarian State: Zaïre, in Third World Legal Studies ; Volume 9, Police, Security Forces, and Human Rights in the Third World, 1990. https://scholar.valpo.edu/twls/vol9/iss1/.

[37] Mobutu protestait contre Israël en rappelant qu’il avait décidé la rupture dans l’attente de la restitution à l’Égypte, par le gouvernement israélien, des territoires lui appartenant. Il avait utilisé la formule « entre un frère et un ami, le choix est clair » pour justifier sa décision. Huit autres pays lui emboiteront le pas. Il s’agit de : Guinée, Ouganda, Tchad, Congo populaire, Niger, Mali, Burundi et Togo.

[38] Entretien avec Thierry Mbuze, le 22 mars 2021.

[39] Sur le plan fonctionnel, les départements de cet organisme (Secrétariat général, Services de documentation intérieur et extérieur) étaient néanmoins supervisés par un Administrateur général, portant le titre de commissaire d’Etat, et deux Administrateurs généraux adjoints. Jean-Jacques Wondo, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine : des indépendances à nos jours, Amazon, 2019, p.336. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.

[40] Les missions de l’AND étaient : la recherche, l’interprétation et la diffusion des renseignements politiques, économiques, sociaux, culturels et autres intéressant la sûreté de l’Etat ; la recherche et la constatation des infractions contre la sûreté de l’Etat ;  la surveillance des personnes suspectes d’exercer une activité de nature à porter atteinte à la sûreté de l’Etat ; la police des étrangers ; l’identification dactyloscopique des Zaïrois.

[41] Jean-Pierre Langellier, op. cit., p. 258.

[42] Jean-Pierre Langellier, ibid., p. 258.

[43] Le général Ilunga Shamanga était le dernier ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de Mobutu dans le gouvernement du général Likulia en 1997 lors de la prise de Kinshasa par l’AFDL. Il est né à Likasi (Katanga), le 4 février 1954 et décédé à Pretoria le 15 juin 2000. Admis en 1970  à la fameuse Ecole Spéciale Militaire française de Saint-Cyr, situé à Coëtquidan en Bretagne, il finira son cycle de formation d’officier à Saint-Cyr à l’école d’application du génie à Angers en 1973. Il rentre au pays la même année et sera affecté en qualité d’instructeur à l’école du génie des FAZ à Likasi, sa ville natale et y assumera de 1973 à 1976, le poste de commandant en second. De 1976 à 1985, il sera officier de sécurité au bataillon de sécurité de la brigade spéciale présidentielle; puis commandant de la brigade de sécurité et honneur et du régiment d’artillerie de la division spéciale présidentielle. Il bénéficiera à cet effet d’un stage de formation en Israël, aux côtés du Général Nzimbi. De 1986 à 1990, chef d’Etat-major adjoint chargé de l’action au sein du  service d’actions et renseignement militaire (SARM). Durant la chaude période de la Conférence nationale et Souveraine, en 1990, il sera nommé commandant de la huitième région militaire de la place de Kinshasa. De 1990 à 1993, chef de la maison militaire du Président Mobutu, puis chef de l’état-major particulier du président. C’est dans la foulée des Accords de Lusaka en 1999 qu’il intégra le RCD- Goma où il fut responsable du Comité Exécutif du RCD en charge des Opérations militaires depuis Goma. Il mourut subitement le 15 juin 2000 après avoir été évacué d’urgence à Pretoria après une réunion d’Etat-major du RCD à Goma convoqué par les officiels militaires Tutsi rwandais.

[44] Division spéciale présidentielle.

[45] Commandant de la Garde civile.

[46] Guy Aundu Maatzanza, Politique et élites en RD Congo, Academia, Louvain-La-Neuve, 2015, p. 166.

[47] Guy Aundu Maatzanza, Ibid., p.168.

[48] Le premier commissaire d’Etat était chargé, sous la direction du Président de la République de la coordination du conseil (Exécutif). C’est Mpinga Kasenda qui fut le tout premier Premier commissaire d’Etat.

[49] Le bureau politique établissait la liste des candidats sur laquelle l’électorat devait se prononcer en choisissant deux par région (province). Notons qu’en 1975, l’élection s’était faite par acclamation.

[50] Jean-Jacques Wondo, Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la force publique aux FARDC, Monde Nouveau- Afrique Nouvelle, Suisse, 2013, p.124. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Arm%C3%A9es-Congo-Kinshasa-Radioscopie-Force-publique/dp/1086972538.

[51] Kisukula Abeli Meitho (Colonel), Les armées du Congo-Zaïre : un frein au développement, Editions Misege, Londres, 2000, p.44.

 

[52] En effet, la terreur est une stratégie à la disposition d’un Etat pour obtenir, à l’intérieur de son territoire, la passivité de la population, ou d’une partie de la population, dans le cadre d’une lutte contre-insurrectionnelle, ou anti-contestataire pour museler et neutraliser toute opposition politique. Au XXème siècle, cette stratégie a été couramment mise en œuvre par des régimes dictatoriaux d’Amérique latine et presque partout en Afrique. Les assassinats, les disparitions de personnes, l’usage de la torture, l’emploi d’ »escadrons de la mort » visait à ’sidérer’ une population.

L’expression ’terrorisme d’Etat’ permet de qualifier l’usage par certains gouvernements d’organismes clandestins – ou organisations-écrans -, de groupes paramilitaires leur permettant de réaliser des actions violentes hors de la légalité, sans à en assumer les responsabilités et les conséquences. Un exemple récent est le cas du « bataillon Simba » impliqué dans les assassinats de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana en 2010 qui illustre les modes opératoires de ces escadrons de la mort.

[53] https://www.lesoir.be/art/mobutu-en-accusation-affrontement-en-vue-confusion-poli_t-19930116-Z069EL.html.

[54] Entretien avec un parent de Bielo, le 22 mars 2021, qui nous a fourni des détails troublants sur les rapports entre Ngbanda et Bielo.

[55] Témoignages recueillis auprès d’un des fils de M. Ikolo vivant au Katanga.

[56] http://users.skynet.be/destan/pginfocongongbanda.htm.

[57] Kawele est le nom de la résidence qu’occupait Mobutu dans un village situé à Gbadolite, au cœur de la forêt équatoriale.

[58] Célestin Ilunga Shamanga, La chute de Mobutu et l’effondrement de son armée, Canon One Shop, Pretoria, 1998, p120.

[59] http://users.skynet.be/destan/pginfocongongbanda.htm.

[60] « Un soir du mois de juillet 1985, alors que j’étais responsable des services de renseignement, l’un de mes adjoints, M. Médard AKA Ogbongo vint à ma résidence privée de Gombe à Kinshasa. Il était accompagné d’un homme de taille moyenne à l’aspect timide. Habillé très sobrement, il affichait un sourire hésitant sous l’allure d’un félin. Il semblait surtout ravi de me rencontrer. On aurait dit qu’il attendait ce moment avec impatience. «Voici Monsieur Yoweri MUSEVENI dont je vous ai présenté la fiche ce matin », me dit mon collaborateur en guise de présentation ». Mr. NGBANDA l’amena donc auprès de MOBUTU qui en fit son protégé. Depuis ce jour-là, MOBUTU chargea NGBANDA de l’encadrement de son nouveau protégé et, en collaboration avec les services secrets britanniques et kenyans, un pont aérien fut organisé par les services secrets congolais entre Londres, Nairobi et Kisangani pour transporter les armes et munitions destinées à la  National Resistance Army , la rébellion de MUSEVENI, composée à majorité par les tutsi et nombreux rwandais du FPR, dont Paul KAGAME, jusqu’à son accession au pouvoir le 1er août 1986, renversant le président Milton OBOTE. In Jean-Jacques Wondo, Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la force publique aux FARDC, Monde Nouveau- Afrique Nouvelle, Suisse, 2013, p.179. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Arm%C3%A9es-Congo-Kinshasa-Radioscopie-Force-publique/dp/1086972538.

[61] La déclaration est reprise dans le livre de Jean-Jacques Wondo, Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la force publique aux FARDC, Monde Nouveau- Afrique Nouvelle, Suisse, 2013, p.194. Disponible sur Amazon : https://www.amazon.fr/Arm%C3%A9es-Congo-Kinshasa-Radioscopie-Force-publique/dp/1086972538.

5

5 Comments on “Honoré Ngbanda, le destin inachevé du super flic de Mobutu repenti en libérateur du Congo – JJ Wondo”

  • Alex Migumbu Mpungu

    says:

    Très professionnel

  • KLEMSE KAPANGALA

    says:

    Article très tendancieux, qui ne révèle rien de nouveau et s’appuie sur les ragots véhiculés à Kinshasa et parmi les congolais de l’étranger.
    Dire que les congolais de l’étranger qui suivent M. NGBANDA sont peu instruits est un peu osé.
    L’auteur montre des faiblesses d’analyse dès l’instant où il quitte son domaine de spéciation, qui est les questions militaires. Cet article
    est resté très superficiel, il eut fallu que l’auteur puisse explorer les archives de la documentation de la RD Congo, interroger des acteurs
    de l’époque de plusieurs bords pour asseoir la crédibilité de ses propos…

    • Votre commentaire identifié le profil d’un fanatique. La preuve ? Vous êtes incapable de démonter point par point les éléments et êtes resté à contester l’analyse avec un verbiage sans contradictions étayées. Cette analyse renvoie à des références documentaires et témoignages des protagonistes.

  • Lidjo Makutu

    says:

    Article très intéressant

  • CIMINA

    says:

    Bravo !
    Merci pour cette belle analyse.

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

This panel is hidden by default but revealed when the user activates the relevant trigger.

Dans la même thématique

DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 23 Sep 2025 08:26:03| 228 0
Deuxième Forum Scientifique RDC-Angola
REGISTER Invités d’honneur: Ambassadeur B. Dombele Mbala, Ambassadeur J. Smets, Ambassadeur R. Nijskens Programme : Introduction par M. Jean-Jacques Wondo, Afridesk… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DROIT & JUSTICE | 23 Sep 2025 08:26:03| 215 0
RDC: Jean-Jacques Wondo témoigne de ses conditions de détention devant le Parlement européen
L’expert belgo-congolais en questions sécuritaires, Jean-Jacques Wondo, a dénoncé les conditions de sa détention en RDC, qu’il qualifie d’inhumaines, devant… Lire la suite
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 23 Sep 2025 08:26:03| 441 1
RDC-conflits : Pourquoi les accords de paix échouent
Depuis trois décennies, la RDC est le théâtre de l’un des conflits armés les plus meurtriers et les plus longs… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 23 Sep 2025 08:26:03| 1191 0
L’ombre structurante de Heritage Foundation sur la RDC : Une paix minée par des intérêts stratégiques et personnels
Résumé: Cet article examine l’accord tripartite signé le 27 juin 2025 entre les États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC)… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK