Des nominations en cascade au sein de l’UDPS en vue des enjeux futurs
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Le Président national de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), en convalescence à Bruxelles depuis aout 2014, vient de restructurer les instances de son parti. Cette nouvelle restructuration vise à améliorer, à moderniser, à renfoncer le fonctionnement des structures du parti, à redynamiser ses activités à partir de la base (bottom up) et à activer les action pour l’éveil et la prise en charge par le Peuple congolais de son propre destin dans la perspective des enjeux présents et futurs.
Exit l’ancienne garde rapprochée du lider maximo, dite « les faucons » et renforcement du duo : SG Bruno Mavungu – SN RE Félix Tshilombo Tshisekedi

La grande innovation de ces nominations est la création d’une « Cellule d’appoint à la présidence du parti » attachée et dépendant directement du Président national, Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Cette Cellule d’appoint est chargée d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies de communication et de mobilisation générale du partie pour plus d’efficacité sur le terrain. L’élément marquant de cette Cellule d’appoint réside dans sa composition spécifique qui comprend le Secrétaire National chargé des Relations extérieures (SN RE), Félix Tshilombo Tshisekedi, le Secrétaire général (SG) du parti, Bruno Mavungu, auxquels s’ajoute notamment le Neurologue, Dr. Tharcisse Loseke Nembalemba. Ces derniers étant jugés très proches de Félix Tshilombo Tshisekedi.
Les grands absents dans cette cellule sont les anciens collaborateurs d’Etienne Tshisekedi des années 1990. Il s’agit principalement de l’aile dite de Valentin Mubake, le radical Conseiller politique du « sphinx de Limeté« . On remarque aussi l’absence de M. Alexis Mutanda Ngoy qui a présidé le Bureau Central pour la campagne électorale de l’UDPS en RDC lors des élections de 2016. Ni Rémy Massamba, député élu et siégeant au parlement, qui continue de se réclamer du parti n’y figure. De même, d’autres figures marquantes de l’UDPS comme les Professeurs Claude Kiringa et Willy Vangu, anciens représentants de l’UDPS respectivement en Afrique du Sud et au Canada, démis de leurs fonctions depuis février 2015, sont absentes de cette cellule. Il leur aurait été reproché d’organiser une fronde interne, en collusion avec Valentin Mubake et Albert Moleka – ancien directeur de cabinet d’Etienne Tshisekedi – qui vient de démissionner officiellement du parti (http://radiookapi.net/actualite/2015/03/15/rdc-albert-moleka-quitte-ludps/) contre l’aile Mavungu – Félix Tshisékedi, dans une lutte de succession à la présidence de l’UDPS qui ne dit son mot.
On constate également que ces nominations ne font plus référence aux conseillers politiques. Ce qui pourrait être compris comme si la fonction de Conseiller politique n’est plus d’actualité au sein de parti et ne dispose d’aucune prérogative dans la marche et les processus décisionnels du parti.
Il convient surtout de rappeler que lors du Premier Congrès de l’UDPS en 2010, une refonte des structures du parti a été opéré. cette reforme n’a retenu que trois organes principaux du parti suivant l’ordre hiérarchique au niveau national ci-après :
• Congrès
• Présidence du Parti
• Convention Démocratique du Parti.
Les attributions de ces organes du parti sont les suivantes:
Le Congrès demeure l’organe suprême du Parti et toutes ses attributions ont été maintenues ;
La Présidence du Parti : Les attributions du Secrétariat National sont incorporées dans la Présidence du Parti pour renforcer l’exécutif national et mettre un terme au bicéphalisme. La Présidence Nationale est donc maintenue sous la dénomination de « Présidence du Parti » dont le président est appelé « Président du Parti » ;
La Convention Démocratique du Parti est un nouvel organe de concertation des responsables des organes du Parti. Elle a absorbé l’essentiel des attributions du Collège des Fondateurs et celles du Comité National. Les membres du Collège des Fondateurs, qui ont joué le rôle de « Haute Autorité morale » du Parti, sont désormais appelés à un rôle actif au sein du Parti et partager leur expérience historique avec les autres membres du Parti. La Convention
Démocratique du Parti « CDP » participe activement au processus de prise de décisions et au renforcement de la démocratie interne.
Cette restructuration a ainsi conduit à la suppression des organes Collège des Fondateurs, Comité National en tant qu’organe de contrôle, délibérant.
En créant un nouvel organe, la Cellule d’appoint au sein de la Présidence du parti, il se dégage qu’en dehors du Congrès, en cas de vacance du pouvoir au sein du parti, ce nouvel organe part favori pour assurer la période transitoire en attendant l’élection du nouveau président. la composition de cet organe donne des indications plus que claires sur l’ordre de la succession qui se profilerait à la tête de ce parti qui ne cesse de combattre contre la dictature au Congo sans que ses méthodes de fonctionnement interne témoignent d’une culture démocratique.
Des nominations à caractère ethnorégionale?

C’est ce que semble refléter la première analyse de ces nominations qui accordent une surreprésentation des cadres originaires des deux Kasaï. Ce qui devrait conforter la thèse des détracteurs de l’UDPS qui estiment que ce parti reste un parti des Baluba alors que l’article 3 des statuts modifiés et complétés de l’UDPS à l’issue du premier Congrès du parti le 14 décembre 2010 stipulent que : « L’UDPS est un Parti national, démocratique, social et laïc. L’UDPS regroupe les citoyens des deux sexes qui adhèrent à son projet de société et à ses statuts, quelles que soient leurs origines ethniques et leurs convictions religieuses« .
DESC fait remarquer que déjà dans les années 1960, le politologue américain Crawford Young prédisait avec une précision prophétique : « Aucune étude sérieuse de l’évolution politique au Congo ne peut laisser de côté le difficile problème du « tribalisme » ou de ce que l’on peut encore appeler « l’ethnicité ». C’est l’un des problèmes majeurs qui met en question l’existence même de l’entité congolaise. » « (. . . ) On pouvait donc prévoir qu’un conflit de loyauté allait se faire jour, entre la nouvelle nation, née d’un territoire colonial et les diverses entités ethniques artificiellement incorporées à l’intérieur de ses frontières, et que ce conflit constituerait pour les hommes au pouvoir un défi permanent. » (Cité in Les Armées au Congo-Kinshasa, 2è Ed., 2013, p.79).
Pour rappel, lors du premier congrès de l’UDPS tenu en décembre 2010, un screening sans concession du fonctionnement de ce parti a relevé des constats de dysfonctionnement accablants ci-dessous :
Une conflictualité permanente et dangereuse au sommet du Parti depuis le 24 Avril 1990 au niveau des organes centraux ( Collège des Fondateurs-Directoire National, Collège des Fondateurs-Présidence Nationale, entre le Comité National et le Secrétariat National) qui a entraîné la lourdeur et même l’inefficacité dans la gestion des activités du Parti en même temps que l’inexécution des décisions conduisant aux blocages.
La cohabitation difficile entre les organes délibérants et exécutifs du Parti due au clientélisme ambiant et à la démission générale des organes délibérants à tous les niveaux de leurs missions traditionnelles de contrôle des organes exécutifs pourtant prévues à l’article 29 alinéa 10 des statuts qui a favorisé notamment le laxisme, l’irresponsabilité, l’indiscipline de ces derniers et des dédoublements des organes de base essentiellement, sur fond de dysfonctionnement des organes centraux.
L’émiettement structurel par des dédoublements des organes Comité National-Secrétariat National, deux organes importants du Parti qui a parachevé la déconfiture du Parti avec la passivité, le rôle ambigu teinté de conflictualité des animateurs de ces organes et leur incompétence doublée de la mauvaise foi, à juguler des crises dans leurs domaines et ressorts respectifs qui ont eu à leur tour une part non négligeable dans la responsabilité de la paralysie des activités du Parti.
Le choc des ambitions et des divergences d’opinions mal gérées, les luttes de positionnement teintées de tribalisme, les coups fourrés, les dénigrements, les diffamations, les préjugés, l’intolérance, le recours aux violences et intimidations manipulées et préméditées, l’atteinte à la dignité des personnes et à leur intégrité physique qui ont, non seulement exacerbé la problématique du quorum du Comité National mais aussi ont porté atteinte à sa crédibilité et terni la légitimité de son organe de direction.
Ces faits relevés dans le discours inaugural de la session extraordinaire du Comité National montrent à suffisance à quel point cet organe, creuset de la démocratie au sein du Parti était affaibli, peut on lire dans l’exposé des motifs des statuts modifiés et complétés de l’UDPS repris dans le lien suivant : http://www.udps.org/docs/statuts.pdf.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
Ci-dessous l’ensemble des décisions de nouvelles nominations










3 Comments on “Exclusivité DESC : Des nominations en cascade au sein de l’UDPS en vue des enjeux futurs”
Foxtrot
says:Quelle déception pour un grand parti comme l’UDPS.
Il ne sait même pas remercier des personnes qui lui ont rendu de bons et loyaux services durant des décennies , à l’instar de MUBAKE, MOLEKA et les autres, qui aujourd’hui, passent pour des brebis galeuses. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont perdu leur temps.
C’est vraiment triste.
MUTSY
says:Cher ami.
Pourquoi indiquez-vous le caractère tribal de ces désignations ?
Avez-vous pris votre carte d’adhésion à ce parti ?
Pourquoi pratiquez-vous la politique de la chaise vide ?
Les absent ont toujours tord comme MOI, alors ne soyons pas étonnés SVP
MERCI.
Nsumbu
says:C’est vrai, cher Compatriote Mutsy, d’un côté judicieuse remarque à ce propos dans le sens où nous (les Congolais) avons tendance à nous planquer sur la chaise de « voyeurs spectateurs » satisfaits de critiquer facilement au lieu de participer; nous aurions donc à ne pas trop en vouloir à ceux qui ont le courage et/ou trouvent l’intérêt d’être membre actif d’un parti…
De l’autre, on vous rétorquerait que c’est aussi sain de porter un jugement sur ce qui s’y fait même de l’extérieur ou encore que celui qui n’est pas dans l’Udps est peut-être encarté ailleurs ou encore que vu ce qui se passe à l’Udps, il a refusé d’y entrer ou encore l’a quittée pour cette raison…
Si nous coupions la poire en deux ?
– Ne nous cristallisons peut-être pas trop sur le coté éthno-régional de l’Udps d’ailleurs présent dans une certaine mesure dans tous nos partis politiques dans lesquels l’origine du Président préfigure celle du plus grand nombre de ses sympathisants; c’est à la mesure donc de tout le pays;
– Ayons quand même l’honnêteté de reprocher à l’Udps un certain déficit démocratique préjudiciable quelque part pour un parti qui recherche la « démocratisation » du pays et surtout de stigmatiser un népotisme qui doit en déranger plus d’un en son sein même, lorsqu’on voit dans sa Cellule d’appoint qui semble être l’antichambre de la succession programmée la présence au premier plan du fils du Président Fondateur qui aurai dû, fût-ce par décence, attendre de faire davantage ses classes avant de prétendre à cette haute promotion !