Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 02-11-2019 22:31
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Élections 2023 : est-il prématuré de s’y préparer ? – Jean-Bosco Kongolo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Élections 2023 : est-il prématuré de s’y préparer?

Par Jean-Bosco Kongolo M.

En dépit du fait que la Constitution prévoit des consultations électorales tous les cinq ans, rien sur terrain n’indique les acteurs concernés se sont remis au travail pour préparer dans la sérénité les élections à venir, prévues dans quatre. Tout se passe comme si le temps qui nous sépare des élections de 2023 était élastique. Au niveau provincial par exemple, certains gouvernements provinciaux sont à peine formés tandis que plusieurs cabinets ministériels du pouvoir central ne sont pas encore composés pour accompagner les ministres dans la gestion quotidienne de leurs secteurs respectifs. Il en est de même à l’Assemblée nationale et au Sénat, où des commissions spécialisées continuent d’être mises en place.

A quelques mois de la fin de la première année du quinquennat en cours, aucun signal n’est vraiment perceptible de la part des différents acteurs, qui ne se sentent nullement interpellés pour tirer les leçons du passé. Qui sont ces acteurs? A quoi sont-ils présentement et réellement préoccupés? Ont-ils conscience des conséquences que pourrait causer le retard dans l’organisation des élections de 2023 sur l’avenir de la nation et de la démocratie? Telles sont des questions auxquelles la présente analyse tente de répondre dans le but d’inviter tous ceux qui sont épris de paix, de justice et de démocratie à anticiper les évènements au lieu de tout le temps les subir ou les faire subir à toute la nation. Mais avant d’y répondre, il nous parait utile de faire un constat succinct sur les élections de 2018.

1. Ce qu’il convient de retenir des élections de décembre 2018

A moins d’être volontairement déconnectés, tous les observateurs sont unanimes pour reconnaître que les dernières élections qu’a connues le Congo-Kinshasa ont été un fiasco total tant en ce qui concerne leur organisation que les résultats proclamés par la CENI et validés ou invalidés par la Cour constitutionnelle et les Cours d’appel. A la base de ce constat, il convient d’épingler la volonté initiale, quelques années auparavant, de Joseph Kabila et de ses collaborateurs de s’éterniser à tout prix au pouvoir en tentant de modifier la Constitution, en tripotant sur la loi électorale pour essayer de subordonner les élections au recensement préalable de la population, en organisant des concertations et dialogues avec l’opposition pour l’affaiblir et l’attirer au complot du glissement et, finalement, en imposant la machine à voter non prévue par la loi électorale afin de favoriser la tricherie. D’un plan à un autre, tous ces artifices ont été accompagnés d’autres stratégies, les unes plus machiavéliques que les autres, plusieurs fois dénoncées par Desc mais non prises en compte ou simplement banalisées aussi bien par l’opposition que la société civile. C’est le cas de la mise en place générale, illégalement opérée dans la magistrature quelques mois seulement avant les élections, en prévision d’inévitables contentieux électoraux savamment planifiés pour accorder la majorité parlementaire au FCC.[1]

Tout récemment, le 15 octobre 2019, à l’occasion de la rentrée judiciaire, le Procureur général près la Cour de Cassation a « sciemment ou inconsciemment » fait l’aveu de la corruption ayant caractérisé les élections des sénateurs, des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces. Comme s’il n’était qu’un simple observateur, il s’est contenté de dénoncer, comme n’importe qui laissant toute la nation sur sa soif, là où tout le monde attendait qu’il dise quels actes préjuridictionnels il a pu poser contre les suspects, magistrats corrompus et leurs corrupteurs. Selon lui : « Les dernières élections qui ont été organisées dans ce pays, ont relevé des dérapages malheureux notamment à l’occasion des scrutins indirects lors des élections des gouverneurs, vice-gouverneurs ainsi que celles des sénateurs. En tant que principal et premier observateur de la scène politique congolaise, j’ai eu cette fois au plan professionnel, l’occasion de vivre l’expérience des faits de corruption dénoncés lors des élections tenues au niveau des assemblées provinciales. »[2] C’est un secret de polichinelle, les propos de ce « haut magistrat » n’ont fait que corroborer ce que tout le monde savait déjà ainsi que ce que nos sources à la Cour constitutionnelle nous ont révélé, à savoir : la « motivation » de certains juges, pour valider un candidat ou invalider son adversaire, allait de 10.000 à 50.000 dollars, ou plus, selon les cas.

Comme conséquences, les institutions de la République sont infestées des gens qui auraient pu méditer en ce moment dans les prisons. Quel crédit accorder alors à ces gens qui ont réussi à se maintenir autour de la mangeoire ou à s’y frayer illicitement une place grâce à la tricherie et qui continuent de se faire appeler pompeusement « excellences » et « honorables »? Ils font malheureusement partie des acteurs qui auront voix au chapitre durant ce quinquennat et lors des prochaines échéances électorales, en principe prévues pour 2023.

2. Les principaux acteurs et leurs préoccupations pour 2023

Au Congo-Kinshasa, la religion et la politique sont deux phénomènes qui envahissent tellement la société qu’il est difficile de distinguer qui est acteur et qui est spectateur, chacun se présentant comme le plus pieux disciple du Christ ou, dans le second cas, le plus qualifié pour faire des analyses et ce, même dans des domaines où il on ne peut lui prêter aucune expertise. (Ainsi est née une nouvelle race de journaliste qui grâce à la magie de l’internet et de You tube, montent des vidéos qui abrutissent même les plus instruis d’entre les Congolais.) Plus précisément en ce qui concerne cette jungle politique, il n’est plus aisé de distinguer les couleurs des acteurs ni, à plus forte raison, de suivre leurs mouvements migratoires pour d’un regroupement politique à un autre. Face à cette triste réalité et pour mieux parler des prochaines échéances électorales, il nous a paru moins contraignant de regrouper ces acteurs en quelques catégories les plus représentatives des tendances et de la réalité. Il s’agira des vainqueurs des dernières élections, des institutions politiques intéressées par les élections, de l’opposition, de la société civile et des réseaux sociaux.

Tshisekedi et Kabila. Source : REUTERS/ Olivia Acland/File Photo

A. Les vainqueurs proclamés des élections de décembre 2018

La situation exceptionnelle issue des dernières élections est tellement confuse qu’elle ne permet pas du tout de dire qui, de CACH ou du FCC, peut véritablement prétendre avoir gagné les élections pour espérer impacter le processus électoral à venir.

1) Du côté de CACH

La plateforme CACH, créée à Nairobi au Kenya entre l’UDPS et l’UNC ambitionnait la conservation du pouvoir durant deux mandats, avec désistement de Vital Kamerhe pour le premier mandat au profit de Félix Tshisekedi et inversement pour le second mandat. Il a donc été convenu qu’« En cas de victoire, il (Félix Tshisekedi) choisira Vital Kamhere comme chef de gouvernement. Puis au bout de cinq ans, ils inverseront les rôles. Donc l’accord couvre une décennie, avec un mandat présidentiel chacun et une primature chacun. »[3] La politique étant dynamique, il serait prématuré d’affirmer que ce contrat sera respecté. Ignorant ce qui a été convenu entre les leaders de ces deux formations politiques, la base de l’UDPS ne cache plus ses vœux de voir le Président en exercice épuiser ses deux mandats constitutionnels[4]. La tâche n’apparaît pas aussi simple qu’on peut l’imaginer compte tenu des contradictions internes au sein de l’UDPS, où la même base suspecte de plus en plus ses dirigeants d’être à la solde du Président de la République honoraire.

Outre la présidence de la République, occupée par Félix Tshisekedi pour le compte du CACH, le FCC domine encore la scène politique grâce à ses élus à tous les niveaux, central et provincial. Pour 2023, CACH pourra toutefois compter sur popularité encore intacte du Chef de l’État auprès de la population et surtout sur la réalisation qu’il fera de ses promesses de campagne. Pour toutes ces raisons et pour tant d’autres, les observateurs s’interrogent quand et dans quelles conditions cette plateforme va sereinement préparer les prochaines échéances électorales pour espérer gagner le prochain mandat.

2) Du côté du FCC

De l’AMP au FCC, en passant par la MP, le PPRD s’est toujours servi de centaines d’autres partis politiques sans envergure, avec pour objectif de se taper une majorité arithmétique à faire valoir dans la balance du partage des postes. Les dirigeants de ce parti, en commençant par celui qu’ils appellent servilement « Autorité morale », en sont bien conscients et tentent par tous les moyens d’améliorer leur image au sein de l’opinion publique.

Le rapprochement entre le FCC et CACH pour une gouvernance partagée (coalition au lieu de cohabitation) ne peut se comprendre autrement que par le dessein inavoué de s’attirer la sympathie de la base de l’UDPS, réputée hostile à ceux qui sont considérés comme les bourreaux du peuple. Une fois que le PPRD sera convaincu d’avoir atteint son objectif d’affaiblir ses redoutables adversaires et de se passer de ses partis satellites, inutilement encombrants et exigeants, il s’en débarrassera proprement pour s’imposer sur la scène politique comme seul grand parti, mieux implanté et idéologiquement organisé.

Dans son discours d’ouverture de la matinée politique qui s’est tenue à Lubumbashi il y a quelques jours, le Secrétaire général du PPRD, Ramazani Shadary, est allé tout droit en annonçant les ambitions du parti consistant à reconquérir la présidence de la République: « Pour réaliser cette ambition, qui est tout à fait légitime, notre parti doit tenir compte de l’environnement politique, juridique, sociétal et économique en constante mutation qui se caractérise par différents types de pressions croissantes des électeurs, des médias, des bailleurs des fonds sur les partis politiques et par la revendication d’une meilleure gestion et d’une plus grande redevabilité publique. Dans la mesure où cet environnement a une incidence sur la situation interne et externe du parti, et donc, sur sa capacité à atteindre ses objectifs, le PPRD est appelé à se réinventer ou à s’réorganiser en réévaluant ses principes et ses valeurs, en adoptant de nouvelles méthodes de travail, et surtout en planifiant une nouvelle phase de développement organisationnel pour rester pertinents et accroitre le soutien dont il bénéficie de la part des électeurs. »

Ça serait une erreur grave, de la part de CACH et des partis de l’opposition de minimiser ce message en le considérant comme exclusivement adressé aux cadres du PPRD. Bien au contraire, il devrait éveiller l’attention de ceux qui ambitionnent de conquérir le pouvoir d’ici quatre ans. S’agissant de ces prochaines élections, le Secrétaire général du PPRD a invité ses camarades à y songer dès à présent pour éviter de mauvaises surprises : « Dans un contexte comme celui-ci, qui est le nôtre aujourd’hui, le camarade Joseph Kabila en appelle à notre conscience individuelle et collective afin de veiller, de surveiller, bref d’être vigilants; car on ne sait jamais. Si nous nous reposons en oubliant de nous préparer avec force et intelligence pour les prochaines batailles électorales, qui ne sont pas du tout lointaines, nous risquons de ne point atteindre notre objectif ultime de remporter la victoire à tous les niveaux du pouvoir d’État. » Qu’en est-il du côté des institutions impliqués dans le processus électoral?

B. Les institutions publiques concernées?

En principe, c’est la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui est reconnue par la Constitution comme pouvoir organisateur des élections.

Article 211

« Il est institué une Commission électorale nationale indépendante dotée de la personnalité juridique.

La Commission électorale nationale indépendante est chargée de l’organisation du processus électoral notamment de l’enrôlement des électeurs, de la tenue du fichier électoral, des opérations de vote, de dépouillement et de tout référendum.

Elle assure la régularité du processus électoral et référendaire.

Une loi organique fixe l’organisation et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante. »

Dans les faits, le fonctionnement harmonieux de cette institution d’appui à la démocratie se bute à la collaboration, politisée à outrance, avec d’autres institutions agissant en amont. Au cours des deux mandats précédents, les débats ont été houleux au Parlement et l’encre a abondamment coulé dans la presse pour obtenir une composition équilibrée de la CENI, d’une part et, d’autre part pour mettre à sa disposition des instruments juridiques stables garantissant la transparence du processus depuis le recensement des électeurs, le financement de toutes les opérations jusqu’à la publication des résultats électoraux.

Depuis juin 2019, le mandat des dirigeants de la CENI a expiré mais son renouvellement ne semble pas encore préoccuper ceux qui en ont la charge. Toutefois, fort de sa majorité obtenue de la manière que l’on sait, à l’Assemblée nationale et au Sénat, le FCC envisagerait même déjà d’exclure la société civile de la composition de la CENI. «Selon les informations concordantes, le Front Commun pour le Congo s’emploierait à user de son poids politique à l’assemblée Nationale, afin de torpiller les réformes visant à crédibiliser les élections à venir en RDC. Il nous revient que le FCC exigerait que la CENI ne soit composée et dirigée que par les acteurs politiques, en fonction des composantes politiques identifiées au sein de l’hémicycle (FCC, CACH et Opposition). Dans ces tractations en cours, le nom du professeur Adolphe Lumanu serait avancé en remplacement de Corneille Nanga.»[5] Du côté de l’opposition, la distraction et la récréation continuent leur bonhomme de chemin comme durant les deux législatures écoulées.

Moïse Katumbi en tournée à Beni

C. L’opposition

Durant les deux premières législatures de la Troisième République, la plupart des « leaders » de l’opposition ont passé tout leur temps à jouer à l’hypocrisie avec leur base alors que leur vrai combat était celui de se positionner. Méthodiquement, Joseph Kabila a observé les faiblesses de chacun et en a profité pour désorienter ce qui en restait. A ce jour, non seulement qu’il n’est pas facile d’occuper la place laissée vacante par l’UDPS, désormais au pouvoir à travers la présidence, et de jouer le rôle censé être le sien dans l’opposition, la plateforme Lamuka n’est plus qu’une coquille vide, semblable à une maison hantée à l’intérieur de laquelle les derniers occupants jouent à se faire mutuellement peur et n’arrivent plus à impressionner les passants. Se méfiant les uns des autres tout en feignant d’entretenir une unité qui n’est plus que de façade, ils sont incapables d’adopter et d’exprimer une attitude commune à prendre face à Kabila, leur adversaire de tous les temps, qui s’apprête à faire sa rentrée politique pour on ne sait y faire quoi, ni encore moins face à leur ancien compagnon de lutte devenu Président de la République et partenaire du même Kabila. Pour preuve, ils n’arrivent même pas à s’entendre sur la personne à désigner pour incarner l’opposition parlementaire prévue par la Constitution. Par conséquent, c’est individuellement et collectivement affaiblis qu’ils risquent de se présenter aux prochaines élections, d’avance perdues, faute d’avoir anticipé les évènements. Il ne leur restera qu’à se résigner devant les règles de jeu imposées par l’adversaire, comme cela a été avec les machines à voter. Que faut-il attendre de la société en tant que comme groupe de pression ?

D. Du côté de la société civile

La société civile « désigne l’ensemble des associations à caractère non gouvernemental et à but non lucratif qui agissent comme groupes de pression pour influencer les politiques gouvernementales dans un sens favorables aux intérêts de ceux qu’elles représentent. Il s’agit donc de l’auto-organisation de la société, en dehors ou parallèlement au cadre institutionnel politique, administratif ou commercial. »[6] Du fait de sa bipolarisation et de sa politisation, la société civile congolaise, en tant que groupe de pression, n’a jamais réussi à mener des actions jusqu’au bout, à l’instar de ses consœurs africaines pour faire plier les décideurs. Ou bien ses leaders se font débaucher pour se positionner dans des institutions, ou bien elle recule alors qu’elle s’approche du but, après avoir suscité beaucoup d’espoir au sein de l’opinion. Le cas le plus frais en mémoire est celui du CLC, aujourd’hui amoindri numériquement et dans ses stratégies par des contradictions et des suspicions internes. Pour avoir interrompu ses actions de rue en 2018 sans atteindre son objectif d’obtenir les élections transparentes et sans machines à voter alors que le régime de Joseph Kabila était essoufflé, le CLC lui avait ainsi permis de se réajuster et de précipiter les élections que tout le monde souhaitait transparentes pour vivre une vraie alternance tant attendue. Aujourd’hui encore, c’est assez timidement et isolément que certaines associations de la société civile dissimilent leur alignement pour tenter de se prononcer sur les grandes questions de l’heure. Mais aucune voix véritablement audible n’est jusque-là entendue prenant position sur les enjeux électoraux de 2023. Rien non plus à espérer des internautes ou des réseaux sociaux, instruments d’information et de communication souvent mal utilisés.

E. Le rôle déroutant des réseaux sociaux

Depuis les élections de 2018, l’usage des réseaux sociaux au Congo-Kinshasa comme au sein de sa diaspora éparpillée à travers le monde a pris des tournants inquiétants qui fragilisent davantage la cohésion nationale autant qu’ils ne rassurent pas des élections apaisées pour 2023. Outre la vitesse avec laquelle des secrets d’État sortent des bureaux huppés et se répandent pour se retrouver sur la place publique, deux autres phénomènes ont particulièrement retenu notre attention. Il s’agit de l’apparition d’une nouvelle génération de « journalistes et d’analystes », toutes matières confondues et de la propagation de la haine tribale ou ethnique.

Excellant dans la manipulation de l’information, ces journalistes et analystes usent et abusent de la technologie à leur portée pour opposer les Congolais les uns contre les autres, propager de fausses rumeurs ou carrément insulter les autorités ou des ethnies entières. Des hommes et des femmes de tous âges, « hautement diplômés » ou non sont indistinctement de fervents auditeurs ou téléspectateurs de ces chaînes animées par des gens sans aucune formation journalistique et ignorant tout de la déontologie de la profession. Leur seul atout est de savoir monter des vidéos aux titres pompeux, sans commune mesure avec le contenu ou de poster en quelques clics des enregistrements dans lesquels ils affirment être détenteurs de la vérité.

Ainsi sont tombés dans le piège plusieurs compatriotes partisans des leaders politiques, aussi bien du pouvoir que de l’opposition. En lieu et place d’analyses fouillées, d’émissions et de débats idéologiques sur les grands enjeux du moment, ce sont des caricatures, des quolibets et des insultes à l’endroit de tel leader ou à toute son ethnie ou encore des slogans creux et irresponsables dépourvus de toute préoccupation constructive.

C’est le lieu de dénoncer ceux qui, inconsciemment, rendent un très mauvais service au Chef de l’État qui n’en est qu’à son premier mandat et qui a besoin de l’appui et du soutien massif des Congolais pour réussir ce mandat et espérer rempiler pour le second. En lançant et en faisant la promotion du slogan « Bukalenga mbuetu », qui signifie « Le pouvoir est nôtre » au sens tribal du terme, ces irresponsables compatriotes tendent à réduire le Chef de l’État au rang d’un super chef coutumier, élu par et juste pour son ethnie alors que dans sa longue lutte pour accéder au pouvoir, l‘UDPS, son parti, a connu la contribution et les sacrifices de tous les Congolais. Ça serait même faire outrage à la légendaire réputation reconnue à l’UDPS durant des décennies comme étant le plus grand parti de masses, implanté dans tous les coins du pays. Ces compatriotes, n’en déplaise à ceux qui les appuieraient, ont-ils songé un seul instant aux conséquences qu’entraîneraient des slogans de ce genre sur les élections prochaines lorsque viendra le moment de battre campagne à travers toutes les provinces?

C’est pourquoi, de notre point de vue, ce serait manquer de vision que de banaliser les récentes assises du PPRD, seul parti politique qui a compris qu’il peut profiter des failles de ses adversaires pour chercher à embellir son image au sein de l’opinion publique afin de se présenter aux prochaines élections comme un parti rassembleur visant la victoire à tous les niveaux. Qu’attendent tous les autres acteurs, institutionnels et politiques, chacun selon ses attributions et ses ambitions, pour commencer à se préparer?

Conclusion

De la même manière que quelqu’un eut sortir de l’hôpital plus malade qu’il n’y était entré, les défis à relever après les élections de décembre 2018 sont plus nombreux et plus complexes qu’avant. Ces défis, qui concernent tous les acteurs (institutions publiques, partis politiques et société civile), exigent de ces derniers qu’ils s’y penchent sans tarder pour éviter que les prochaines échéances électorales soient pires que les précédentes. Au nombre de ces défis, chacun selon sa part de responsabilité, il convient de citer quelques uns : la recomposition et le financement de la CENI, le recensement de la population et la restauration de la carte d’identité, le retour au scrutin présidentiel à deux tours, la révision de la loi électorale pour une plus grande transparence, l’implantation réelle des partis politiques, l’éducation civique des électeurs, etc. Or, à ce jour et alors que le temps ne suspend pas son vol[7], rien n’est entrepris de la part de la quasi-totalité des acteurs les plus concernés pour garantir une bonne organisation des élections de 2023.

Il a été démontré que lorsqu’on ignore l’histoire, elle se reproduit le plus souvent. A travers cet article, nous avons voulu attirer l’attention de ceux qui se laissent distraire par les réseaux sociaux irresponsables ainsi que ceux qui pensent que 2023, c’est encore loin. La nation a besoin des élections mieux organisées, transparentes et dont les résultats sont susceptibles de procurer la paix sociale, la cohésion nationale, la sécurité, la tranquillité, le développement et le bien-être pour tous. « Qui veut aller loin, prépare sa monture. » Dans l’intérêt de la cohésion nationale et de la démocratie, il est temps que cessent la distraction et toutes sortes de fanatisme irresponsable pour que se mettent en place des réflexions constructives.

Par JB. Kongolo Mulangaluend

Juriste & Criminologue

Références          

[1] Kongolo, JB. 2018, Mise en place des magistrates: un sale complot qui a échappé à l’opposition, In https://afridesk.org/mise-en-place-des-magistrats-un-sale-complot-qui-a-echappe-a-lopposition-jb-kongolo/.

[2] Times.cd, 16/10/2019, In http://times.cd/2019/10/16/rentree-judiciaire-le-procureur-general-pres-la-cour-de-cassation-reconnait-lexistence-de-la-corruption-lors-des-elections-senatoriales/.

[3] Rfi Afrique, 23/11/2018, In http://www.rfi.fr/afrique/20181123-elections-rdc-vital-kamerhe-felix-tshisekedi.

[4] C’est légitime et constitutionnel.

[5] Congoreformes.com, In https://congoreformes.com/2019/10/20/rdc-le-prof-adolphe-lumanu-presenti-president-de-la-ceni/.

[6] Wikipedia, In https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_civile.

[7] Ceux qui ont eu une bonne formation scolaire au secondaire se souviennent du célèbre poème « Le Lac » d’Alphonse de Lamartine, poète français du 19ème siècle : O temps! Suspends ton vol et vous, heures propices! – Suspendez votre cours…

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