Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 16-12-2013 22:34
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Echec de la réforme des services de sécurité : La police et l’armée échappent au contrôle de leurs hiérarchies et tuent à Kinshasa

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Dix assassinats en un mois dans la commune de Ngaliema causés par des homes en armes

Par Jean-Jacques Wondo

Quatre personnes ont été tuées par balles dimanche 15 décembre entre 4 et 5 heures du matin du quartier Binza Ozone dans la commune de Ngaliema à Kinshasa. Parmi les victimes, trois sont des jeunes garçons tués dans la cité des Anciens Combattants par hommes armés en tenue de la police. Selon des habitants de cette cité, le crime a été commis par trois personnes armées et en tenue de la Police nationale congolaise (PNC). Ces nouveaux meurtres portent à près de dix personnes tuées par balles dans moins d’un mois dans ce quartier.

PNC kinLes criminels ont d’abord exigé de l’argent avant de tirer sur deux garçons de plus de 18 ans, qui sont morts sur place. Un autre mineur, qui a été ciblé par ces tirs, a été acheminé à l’hôpital. Mais, il a succombé à ses blessures quelques heures après.

En l’espace d’un mois dix assassinats odieux viennent d’être commis dans la  commune de Ngaliema. Une commune résidentielle jadis réputée pour la quiétude et la qualité de vie qu’elle offrait à ses habitants au nombre desquels des autorités politiques, des diplomates et autres opérateurs économiques, c’est-à-dire la classe dite « bourgeoise » kinoise. Une commune qui , rien que par ce statut, devrait bénéficier d’une surveillance sécuritaire de premier ordre assurée par les éléments de la police nationale congolaise (PNC).

Voilà que depuis peu, cette commune devient le théâtre des assassinats ignobles dont les autorités peinent à mettre la main sur les auteurs. Ce qui interpelle plus d’un observateur est que ces crimes, comme nous le mentionnions dans deux articles précédents : (http://afridesk.org/whos-who-linspecteur-divisionnaire-adjoint-de-la-pnc-celestin-kanyama-esprit-de-mort/ et http://afridesk.org/terrorisme-urbain-dans-le-district-de-police-du-general-kanyama-esprit-de-mort-jj-wondo/), sont tous perpétrés dans le district de police de Lukunga qui abrite les banlieues résidentielles, le centre ville, la cité administrative et diplomatique de la capitale. Un district de police placé sous l’autorité du général Célestin Kanyama dit esprit de mort.

La quatrième victime des bandits armés de ce dimanche est une dame, qui a été tuée sur la route de Matadi dans les environs du centre supérieur militaire, toujours à de Binza Ozone.

Ces nouveaux cas de banditisme sont enregistrés deux jours seulement après le bouclage de ce quartier par la police.

Remise en cause des policiers

 Aussitôt alerté, le commandant des opérations de la police de Kinshasa, le général Kanyama, « esprit de mort, est descendu sur le lieu du crime et a mis la main sur un présumé bandit. Ce dernier portait la tenue des policiers, renseigne les témoins. Les deux autres meurtriers se sont échappés.

Le commissaire de la police ville de Kinshasa, général Jean de Dieu Oleko se dit satisfait de l’arrestation d’un des criminels. «Ce cas va nous permettre d’éradiquer ce réseau à très court terme», a-t-il estimé.

Pour faire face au banditisme armé à Kinshasa, la PNC, en collaboration avec les FARDC, a lancé la phase 2 de l’opération «Likofi » (Coup de poing). Selon le général Oleko, cette opération consiste essentiellement à traquer tous les militaires et policiers, ou encore leurs dépendants, qui seraient impliqués dans ces cas de banditisme.

«Lorsque nos analysons les infractions telles que les vols à main armée, on nous a fait voir qu’il y aussi des policiers et des militaires […] Alors cette opération que nous lançons aujourd’hui se focalise sur nous-mêmes. Nous nous remettons en cause», a-t-il reconnu.

Il y a lieu de rappeler qu’il y a moins d’une semaine, dans la nuit du 9 au 10 décembre, vers 23h57, le quartier Ma Campagne de la commune de Ngaliema était le théâtre d’un double assassinat causé visiblement par des éléments de la police nationale de Lukunga. L’une des victimes s’appelait Papy Viala, fils d’un officier pilote ex-FAZ ayant participé à l’opération Epervier au Tchad dans les années 1980.

Deux jours plus tard, dans la nuit de mardi à mercredi 11 décembre 2013 au quartier Anciens combattants où vivait le député MLC Lajos Bidiu Nkebi Nkebila, assassiné aux premières heures du dimanche 24 novembre 2013, toujours dans la commune de Ngaliema, Madame Assy, la quarantaine révolue, a été mortellement abattue par des hommes en armes. Selon les témoignages d’un des colocataires de la défunte, la victime était en visite chez son frère lorsque des hommes armés ont fait irruption dans leur parcelle pour leur exiger de l’argent: « Le frère de la victime leur a remis 460$US. Il pensait que le problème est fini. Ces bandits qui étaient à trois, se sont encore retournés vers la victime. Ils lui ont aussi demandé de l’argent. Et comme elle n’avait rien, on l’a abattu ». Puis le témoin de s’exclamer du fait que les faits se soient déroulés dans une parcelle contiguë à celle d’un général d’armée, sans que les six gardes militaires de ce dernier ne réagissent.

Déjà en début de cette année, sept malfrats armés en uniforme de la Garde républicaine se sont introduits, la nuit du 13 au 14 janvier, au Lycée Bosangani de Kinshasa-Gombe, toujours dans le district de police du général Célestin Kanyama, après avoir ligoté les sentinelles. Ils ont saccagé les bureaux de cette école conventionnée catholique à la recherche de l’argent à voler. « Malheureusement pour eux, ils n’ont pas trouvé de l’argent. Tout l’argent est logé dans un compte. Ce qui nous fait mal : ici, c’est le siège du savoir. Mais, pourquoi ces actes de sabotage ? « , s’est interrogée la soeur Philomène Muntumbe, sous-coordinatrice des écoles conventionnées catholiques de la Lukunga.

Des signes prémonitoires d’un régime essoufflé qui ne contrôle plus ses chiens de garde

Cependant, nous craignons qu’avec des budgets insignifiants consacrés à l’armée et aux forces de police que les militaires et les policiers se servent de plus en plus de leurs armes pour semer l’insécurité dans la capitale. Il n’est pas non plus exclus, vu  la similitude de l’évolution de la situation par rapport à l’époque de Mobutu, que ces derniers se livrent à des actes de pillages qui pourraient sans doute sonner le glas d’un régime qui, faute de volonté politique dans les échelons les plus élevés, peine à mener correctement les réformes de l’armée et de la police attendues depuis plus de 10 ans.

En effet, outre le terrorisme urbain orchestré par les hommes des services de sécurité dans la capitale, la prolifération des groupes armés à l’est de la RDC et surtout l’effet dévastateur des Bakata Katanga au Katanga aux conséquences humanitaires encore plus dramatiques, mais passé sous silence, et plus récemment des affrontements ethniques entre les Ngbaka et Ngbangi dans la province de l’Équateur sont tout autant des signes de l’échec des programmes DDR qui mettent à jour l’incapacité du gouvernement de restaurer l’autorité de l’État.

Cette recrudescence de la violence causée par les hommes en armes est un constat d’échec de la réforme des services de sécurité qui ne peuvent réussir sans amélioration des conditions de vie et de travail des policiers et militaires. Une situation qui doit être traitée de toute urgence dans le cadre des lois de programmations militaire et policière qui trainent encore à être élaborées. N’est-ce pas on dit que la sécurité n’a pas de prix? Si aujourd’hui ce sont les civils innocents qui paient le prix du fait de manque de volonté politique des autorités nationales de s’occuper correctement des services censés assurer la protection du territoire et des citoyens. Si cette situation de mal entretien des policiers et des militaires perdure, c’est vers les symboles du pouvoir que ces laissés-pour-compte se retourneront.

manifEn effet, à l’allure où dégénèrent la situation politique et la décadence socioéconomique actuellement en RD Congo, les perspectives de renversement de cette tendance exponentielle négative ne sont guère, selon moi, optimistes. Aujourd’hui en RD Congo, ce sont pratiquement toutes les couches sociales qui sont confrontées à la paupérisation croissante, malgré la croissance macro-économique conjoncturelle à 7% générée principalement par le secteur minier et qui ne profite qu’aux actionnaires étrangers ainsi que les réseaux mafieux en collusion avec  la classe dirigeante du régime(Cf Rapport Joyce) alors que plus de 80% de la population (Chiffres du Gouvernement Matata croupissent dans une pauvreté abyssale).

Il n’est pas exclus que cela entraine une situation de frustration qui conduira tôt ou tard à une apathie, au retrait et à « démobilisation totale sociale » pouvant être fatale au régime car susceptible d’entrainer une situation insurrectionnelle d’exaspération et de révolte des masses populaires auxquelles se joindront forcément les forces de sécurité, premières victimes de la politique socioéconomique désastreuse du régime congolais tournée vers l’extérieur en faisant fi du social des populations congolaises de qui le régime est censé tiré sa légitimité. Mais on comprendra que lorsque le pouvoir congolais, souffrant d’un profond déficit de légitimité sur le plan interne, se tourne vers ses soutiens extérieurs pour se légitimer sur le plan social, il est évident que les premiers bénéficiaires de sa politique économique et des mesures d’injonction politiques lui imposées soient naturellement ses faiseurs de roi mafieux étrangers. C’est d’ailleurs à cette mission que Matata Ponyo, dont on rappelle qu’il est de mère Tutsi rwandaise, sert d’homme de paille à la politique néolibéralisme prédatrice[1] imposée à la RD Congo par les maîtres du Monde et de la Sous-région des Grands Lacs

Par conséquent, dans l’hypothèse où ce ras-le-bol généralisé se manifesterait violemment sur le terrain, les premières cibles qui seront visées ne seront plus les pauvres civils abattus ici et là à l’instar dans les cas susmentionnés. Mais comme bien souvent dans l’histoire de la RD Congo, ce seront les représentants du système et du pouvoir, c’est-à-dire les autorités publiques et leurs dépendants qui en payeront certainement le prix, aux conséquences sans doute incalculables. A l’instar de la mousse espagnole, le secteur politique au Congo a toujours eu ses racines en l’air au lieu de les avoir bien enfouies dans le sol (populaire et social). De ce fait, à la moindre bourrasque populaire ou militaire, tout son édifice s’écroulera comme un château de cartes.

Ainsi, dans la survenance d’une pareille situation, l’ampleur des conséquences risque d’être de toute autre nature pour la survie d’un régime, victime de manque de légitimité politique et en survie palliative, qui doit son maintien au pouvoir par le recours à ces forces pour museler toutes sortes de contestations et mécontentements populaires, mais qui serait cette-fois sera amputé de ce bras armé retourné contre lui comme en octobre 1917 en Russie lorsque l’armée et la police ont pactisé avec les Bolchévikks et la population avec la suite qui a fait date dans l’Histoire des révolutions.

Jean-Jacques Wondo


[1]Dans un contexte de néolibéralisme – marqué par des relations étroites de collusion qui se tissent entre les gouvernants et les élites économiques et financières – l’État néolibéral et ses élites sont au service et sous-dépendance du capital, contribuant ainsi au processus de privatisation du pouvoir économique et où les entreprises du secteur privé se constituent de plus en plus en réseaux ayant des connexions complexes et exerçant des fonctions stratégiques déterminant la conduite des politiques étrangères  et de Défense de leurs États.  Un néolibéralisme de l’État prédateur (James Galbraith)  qui a créé une gouvernance mondiale où les firmes multinationales agissent au-delà des frontières nationales. Elles évoluent à l’échelle planétaire et dictent leur agenda et l’agenda mondial et des politiques économiques des pays à piller au profit des États militairement et économiquement puissants, via notamment leurs outils institutionnels que sont: BM, FMI, OMC, G8, G20, OTAN, UE

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3 Comments on “Echec de la réforme des services de sécurité : La police et l’armée échappent au contrôle de leurs hiérarchies et tuent à Kinshasa”

  • Lulaba

    says:

    nous connaissons tous qu’a 2016
    juste le mandat d’un gouvernant prendra
    fin;atant que patriote et nationaliste du sol
    congolais,je compte reveiller votre memoires
    chers nationaliste ils nous faut bcps prier com ca
    se passe au vantican pour la succession d’un
    nouvo pape…pour ne pas dehabille saint jean pr
    habille saint paul;seul Dieu qui peux sauve notre
    pays..car il ya 1gouverneur qui travail pas mal du
    tt da l’une parmi les 11province dla Rdc k les
    otres citoyens suggere qu’il soit ala tete du
    pays..c n pas mal du tt pour vs qui etes surplace
    opays pcq vs ne savez pas que font c gens
    al’etranger?il a des companies 1peu partt
    omonde les trafics c de la rdc ailleur c.a.d
    lproduits vendus par ses companies viennent dla
    rdc ms ausein de toute ces companies il ya aucun
    congolais qui travail la…ca c’est une histoire
    vraie,et mon langage n’a ocune tendance de
    soutenance aux incompariote qui ne nourrisent
    pas le sol congolais qui soif de la croissance
    rapide et de l’emergence solide mais 7terre
    congolaise va les poursuivre bientot..soyons
    concentre dans la priere et Dieu de nos ancetres
    agira..car la juste que nous cherchons au Congo
    c’est lui meme Dieu,qui avait donner moise aux
    israelites;nous donnera 1moise a nous..ca n sera
    pas 1moise charnel ms moise revele…soyons unis
    l’impossible deviendra possible…!!!

  • Lulaba

    says:

    mes frères congolais, eviellons notre conscience, ce pays nous appartient ne soyons pas distrait par le discours de mende ni de bochab. bango ba bonga baza ba milliardaires. calendrier oyo ba publié, to landela ya ngo tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii kabila na batu na ye ba kokende na cpi po na ba bomi biso miiiiiiiiiiiiiingi

  • Lulaba

    says:

    mes frères congolais, eviellons notre conscience, ce pays nous appartient ne soyons pas distrait par le discours de mende ni de bochab. eux sont des milliardaires, ils cherchent a proteger leurs biens en se maintenant au pouvoir. maintenant que le calendrier est publié

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