Un communiqué publié par le porte-parole des FARDC, le général major Léon-Richard Kasonga Cibangu, le jeudi 19 novembre 2020, annonçait le survol de la capitale congolaise par des avions militaires de la RDC et de l’Angola le 20 novembre. Il s’agissait d’un meeting aérien conjoint regroupant côte à côte des avions de chasse des deux pays, précisait le communiqué. Cette parade militaire aérienne avait pour vocation de sceller l’engagement militaire de coopération et d’assistance mutuelle entre les deux pays.
Ce communiqué fait suite à la visite présidentielle congolaise à Luanda le lundi 16 novembre 2020 au cours de laquelle le Président Tshisekedi est allé solliciter notamment un soutien diplomatique et militaire auprès de son homologue angolais dans le bras de fer qui l’oppose à son prédécesseur Joseph Kabila. Félix Tshisekedi avait déclaré avoir quitté l’Angola « très heureux, très satisfait », car l’explication et les propositions qu’il a données ont été acceptées par son homologue. « Tout d’abord, un soutien diplomatique et politique, mais aussi un soutien au renforcement des capacités de nos forces de défense et de sécurité », avait-il précisé[1].

La coopération militaire avec l’Angola
Les éléments ci-dessous sont repris de nos ouvrages : « Les Forces armées de la RDC, une armée irréformable ?[2] et L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine[3], tous disponibles sur Amazon.
L’Angola est une puissance militaire régionale qui protège le pétrole de Cabinda. Il est présent en Afrique centrale et utilise sa puissance pour être membre non-permanent du Conseil de sécurité. Avec un budget militaire de 4,43 milliards de dollars US en 2017, l’Angola est actuellement la deuxième puissance militaire absolue de l’Afrique subsaharienne derrière l’Afrique du Sud.
Tableau comparatif des effectifs et budgets et aviations militaires des quelques pays autour de la RDC
Pays | Budget 2017 (milliards) $ US | Forces d’active (2017) | Armée de terre | Para-militaires | Effectifs Marine | Effectifs Armée de l’air | Aviation de combat |
RDC | 0,568 | 167,135 | 6.700 | 2.250 | 10 à 20 aéronefs divers dont 2 Hélicos Mi-24 + 4 hélicos Bell +2 avions Soukhoi SU-25 + 4 5 Mirage 5 Dassault + 2 avions MIG-23 | ||
Angola | 4,430 | 100.000 | 10.000 | 1.000 | 6.000 | Plus de 100 aéronefs dont 18 Sukhoi SU-30 + 10 Sukhoi SU-25 +2 Sukhoi SU-27 + 25 Sukhoi SU-25 + 45 MIG-23 + 6 Embraer + 15 Hélico (10 Mi-24 + 5 Mi-25) | |
Rwanda | 0,091 | 33.000 | 32.000 | 20.000 | – | 1.000 | 15 aéronefs divers dont 8 Hélicos Mi-24 |
Ouganda
| 0,362 | 45.000 | 40.000 à 45.000 | 11.800 | Unités surveillance Lac Victoria | 8 Sukoi SU-30 + 5 MIG-21 + 6 Hélicos Mi-24 Drones 4 RQ-11 | |
Tanzanie | 728 | 43.850 | 27.000 | 1.000 + 2 patrouilleurs | 3.000 | 11 chasseurs bombardiers (9F + 2 FT) + 11 avions Attaque (3 F-6C & 8 Shenyang F-5) |
Sources: DESC-WONDO, Laurent Touchard, IISS, FARDC et recoupements propres.
La République d’Angola qui partage avec la RDC une frontière commune longue de 2. 600 Km, veille à ce que la situation d’instabilité en RDC ne puisse être déversée sur son territoire. D’où son obsession à se tenir en alerte et même à intervenir en amont au-delà de ses frontières. L’Angola est le pays africain qui a le plus contribué à la formation des éléments de l’armée et de la police congolaise. C’est dans cette perspective que le second chef de la mission militaire angolaise en RDC, le 1er surintendant Gerson Miguel. Luanda, a déclaré : « Notre présence en RDC est considérée comme fondamentale pour la préservation de la paix, stabilité et la sécurité des populations »[4].
Pays membre de la SADC, de la CEEAC et de la CIRGL, l’Angola développe depuis près de 20 ans une intense coopération militaire avec la RDC. L’Angola était d’abord intervenu dans l’ex-Zaïre en soutien aux troupes de l’AFDL en précipitant le renversement du président Mobutu en 1997, grâce notamment à leur action décisive à Kenge contre la DSP de Mobutu. Lorsqu’éclata la deuxième guerre du Congo en 1998 ou la première guerre régionale de 1998-2003 en RDC, l’Angola avait envoyé ses troupes aux côtés des Namibiens et Zimbabwéens. Une action qui permit de repousser le pont aérien mis en place entre Goma et Kitona par le RCD dans un premier temps, avant de repousser vigoureusement le RCD de la partie ouest du Congo, notamment à Kinshasa et dans le Bas-Congo où plusieurs éléments de cette rébellion pro-rwandaise étaient infiltrés.
Outre l’appui militaire lors des deux guerres susmentionnées, l’Angola s’est également investi dans la formation des unités d’élite de la Police nationale congolaise et des troupes de la GSSP et puis la Garde républicaine (GR) chargée de la protection présidentielle à la base de Kitona depuis septembre 2008[5].
Les dessous des cartes géoéconomiques des relations tendues entre les deux pays
Malgré son apport militaire en RDC, les relations frontalières de l’Angola avec la RDC pays n’ont pas toujours été cordiales. En effet, la province du Kongo-Central (ex-Bas-Congo) se trouve dans la sphère d’influence géostratégique directe de l’Angola. Il y a d’abord le litige d’exploitation de nombreux gisements de pétrole congolais face à ses côtes et à l’enclave de Cabinda (au nord du fleuve Congo). Kinshasa considère que l’essentiel de la production pétrolière au large de Cabinda lui appartient en fait. Il s’agit d’une zone maritime du bloc offshore Atlantique de la Zone d’intérêt commun (ZIC) délimitée entre l’Angola et la RDC en 2007. Cette zone regorge d’importants gisements offshores estimés à 3 milliards 600 millions de barils de pétrole de réserve dont la moitié reviendrait au Congo. La part globale du Congo devrait en principe rapporter à la RDC une somme financière estimée par les experts à 200 milliards de dollars[6]. Une source parle d’un arrangement financier convenu récemment entre l’Angola et Dan Gertler, un proche ami de Kabila. Ce dernier aurait reçu un payement de 150 millions de dollars US pour libérer les blocs de pétrole qu’il détenait au profit de l’Angola.
Par ailleurs, le gouvernement congolais a régulièrement dénoncé les incursions militaires angolaises sur son territoire, affirmant souvent être à la poursuite d’éléments du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC). En janvier 2007, les troupes angolaises avaient déjà occupé 13 localités congolaises dans le territoire de Kahemba et ses environs, dans la province du Bandundu. Le drapeau angolais y avait été hissé, sur fond de contestation du tracé frontalier. Le territoire de Kahemba dispose de cours d’eau dont les alluvions sont particulièrement riches en diamants[7]. Depuis 2017, à la suite des conflits meurtriers au Kasaï, l’armée angolaise a déployée son infanterie militaire, appuyée de tanks et d’une artillerie lourde, le long des frontières communes d’ouest et du nord-est de l’Angola, dans les provinces de Lunda Norte et de Mexico qui ont accueilli le gros des réfugiés congolais.
De l’autre côté, Kabila avait pris le soin de déployer le long des frontières angolaises des batteries antiaériennes (DCA) et des troupes qui lui étaient loyales pour faire face aux velléités d’incursions militaires angolaises en RDC[8]. Ces unités actuellement commandées par des généraux jugés proches de Kabila restent encore actives, si pas renforcées actuellement.

Quelles retombées politiques concrètes de la visite présidentielle congolaise en Angola ?
Considéré comme une puissance militaire régionale incontestable, l’Angola dispose de l’avantage d’être plus proche de Kinshasa, centre politique névralgique de la RDC que ne le sont d’autres voisins influents en RDC comme le Rwanda et l’Ouganda. A lui seul, l’Angola peut dicter l’issue d’un conflit politique à Kinshasa.
Ainsi, Tshisekedi rentre de Luanda relativement satisfait de l’accord de principe qu’il aurait reçu de son homologue angolais de soutenir sa démarche des consultations populaires et de la reprise de la coopération militaire entre les deux pays. Mais ce soutien reste encore assez flou actuellement. Cependant, les propos de Lourenço ne sont pas aussi évidents à décrypter en langage diplomatique clair. Comme l’a dit une source experte sécuritaire angolaise, Tshisekedi rentre de l’Angola avec une promesse ferme d’être soutenu par l’Angola : « l’information importante est qu’il y aura un «soutien» militaire / sécuritaire de l’Angola en RDC pour soutenir Tshisekedi. Je ne sais pas encore quel genre mais Lourenço lui a donné son accord de principe ». S’agit-il d’une promesse ferme de Lourenço de le soutenir en cas de confrontation armée avec Kabila ou d’un soutien militaire aux FARDC ? D’autant qu’il nous revient d’une autre source sécuritaire congolaise de la Présidence, que le président angolais s’était montré très fâché de voir Tshisekedi revenir auprès de lui seulement au moment où il est en conflit avec Kabila. Pourtant, lors de sa première visite officielle en Angola en 2019, Tshisekedi avait sollicité l’apport angolais pour raffermir la coopération militaire entre les deux pays et pour assurer sa protection rapprochée. Lourenço avait demandé à Félix de lui envoyer un état des besoins détaillé sur ce qu’il peut lui apporter pour sa sécurité mais aussi sur la coopération militaire globale. Rien n’avait été fait entretemps. Et Lourenço était d’ailleurs très étonné de voir Félix Tshisekedi recevoir les officiels militaires égyptiens et américains pour relancer la coopération militaire avec eux sans penser à la demande faite à l’Angola.
Ainsi, le président angolais a joué une carte de prudence. Il s’est limité à mettre à la disposition de Tshisekedi quelques aéronefs militaires angolais pour parader aux côtés des avions de chasse congolais en vue de matérialiser la reprise de la coopération militaire entre les deux pays. Un acte interprété par certains observateurs comme étant un signe de soutien individuel de Lourenço à Tshisekedi en signe d’acte dissuasif d’intimidation envers Kabila. Un diplomate africain qui a côtoyé Lourenço émet des réserves sur le caractère de va-t-en-guerre de Joao Lourenço : « j’ai les plus sérieux doutes que Lourenço s’interpose en arbitre entre Tshisekedi et Kabila. Lourenço est un fin calculateur et son show aérien sera déjà une alerte pour Kabila qui prendrait ses dispositions ».
Il faut aussi savoir que l’Angola, confronté actuellement à une grave crise financière, reste très préoccupé par les conséquences migratoires sur son territoire d’une crise politique non maîtrisée en RDC et appuyée par son armée, mais mal gérée à Kinshasa où les militaires encore loyaux à Kabila ne les accueilleront pas en enfants de chœur. Il nous revient de source sûre que Joao Lourenço aurait plutôt recommandé à Félix Tshisekedi de trouver un terrain d’entente avec Kabila, même s’il n’excluait pas l’éventualité de lui apporter un soutien ». Mais ce soutien n’a pas été précisé : militaire ou diplomatique ? Mais on peut admettre que le survol de la capitale congolaise par les avions angolais est politiquement interprété par le président Tshisekedi comme une manœuvre de dissuasion et de pression sur Kabila quand bien même Lourenço reste tout de même très calculateur et ne prendra jamais l’initiative de déclencher les hostilités en RDC si Kabila ne bouge pas le premier. Or la surprise étant l’élément clé en stratégie militaire, on ne devrait pas sous-estimer les capacités de nuisance de Kabila qui dispose des éléments infiltrés à tous les niveaux politiques et sécuritaires de Tshisekedi.
Un meeting aérien solitaire angolais ou une mission militaire de reconnaissance stratégique au profit de l’Angola?
Cet exercice de survol militaire de Kinshasa par les aéronefs angolais intervient dans la foulée de la visite de Tshisekedi en Angola. Initialement prévu comme un meeting entre les avions de chasse des deux pays, finalement ce sont seulement deux Sukhoi Su-30K et un Hélicoptère Agusta angolais qui ont défilé dans le ciel congolais. Aucun aéronef congolais n’a pris part à ce meeting. Ce qui montre qu’il y aurait un malaise au sein de l’armée. Quelques officiers généraux congolais nous l’ont également confirmé.
Avec une dizaine d’aéronefs militaires dans son lot, les FARDC disposent actuellement des 2 hélicoptères Mi-24 déployés à Beni et Ituri, de 3 Sukhoi SU-25 stationnés à Kisangani qui sont opérationnels et de 4 hélicoptères Bell 205 à Goma. Il y a aussi 2 Boeing 727-100 de transport des troupes, 1 Hercule C-130H et 5 Antonov AN-12 BP en état de vétusté.
Par ailleurs, lors de cet exercice censé marquer la reprise d’une coopération militaire, on a constaté les absences du ministre de la Défense, du chef d’Etat-Major général des FARDC, de l’inspecteur général des FARDC, du chef d’état-major de l’armée de l’air dont ses adjoints se sont limités à assister au briefing technique des pilotes sans assister au meeting, alors qu’ils étaient tous présents à Kinshasa. Seul François Beya, le conseiller spécial du président en matière de sécurité, qui ne possède pas de connaissance avérée des questions militaires, était présent avec quelques autres conseillers et des officiers de second rang.
Selon une source militaire, la flotte aérienne militaire congolaise est gérée par Charles Deschrijver, un proche de Joseph Kabila, pour tous les aspects techniques. Par ailleurs, les aspects opérationnels de la flotte militaire congolaise restent encore géré indirectement par le général John Numbi via des personnes clés qu’il a laissées au sein de l’Etat-Major de l’armée de l’air. Les différents chefs d’Etat-Major de l’armée de l’air (feu Général Massamba, Général Enoch Numbi et même l’actuel chef de l’armée de l’air) ne peuvent rien faire ou entreprendre sans se référer à Deschrijver et John Numbi. D’où une sorte de veto imposé par eux, sur ordre de Kabila, car la démarche présidentielle était solitaire et unilatérale dans un dossier qui requiert la collaboration entre le Président et le Gouvernement, selon la Constitution de la RDC.
Plusieurs sources sécuritaires congolaises disent que ces avions n’ont pas paradé gratuitement à Kinshasa. La présidence congolaise avait loué au départ 10 avions pour venir s’exhiber à Kinshasa. Mais l’enveloppe étant financièrement salée en termes de dépenses publiques de prestige, non productives, y compris avec les primes pour les équipages, le ministre des Finances, José Sele, s’y était opposé. Il n’a autorisé que le décaissement des frais pour quatre aéronefs et leurs équipages de vol et de maintenance technique.
Aux yeux de l’opinion publique congolaise, cette parade aérienne militaire angolaise est une démonstration de la faiblesse militaire de la RDC qui n’a su aligner aucun de ses avions. D’autres observateurs s’interrogent même sur la plus-value stratégique de cet exercice sur le plan purement militaire de la RDC qui a laissé les Angolais survoler seuls notre capitale au risque même de photographier tous les sites militairement stratégiques du pays qu’ils pourraient exploiter en cas d’un conflit militaire entre les deux pays. Un officier supérieur de l’état-major de la force aérienne n’a pas caché son amertume : « on ne peut étaler aussi ouvertement nos faiblesses militaires face à nos voisins censés être nos ennemis directs. C’est infâme ! », m’a-t-il dit. Nous avons reçu plusieurs indignations similaires des militaires.
Faux débat sur l’obligation du Président d’informer au préalable le Parlement dans le cadre d’un exercice militaire conjoint
Selon l’exposé des motifs de la Constitution de la RDC : « Bien plus, les affaires étrangères, la défense et la sécurité, autrefois domaines réservés du Chef de l’Etat, sont devenues des domaines de collaboration.
Cependant, le Gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre, demeure le maître de la conduite de la politique de la Nation qu’il définit en concertation avec le Président de la République ».
L’objectif visé par le constituant est d’éviter que la défense nationale soit le domaine de compétence exclusive du chef de l’Etat. Mais bien plus, comme le stipule lui-même l’exposé des motifs de la Constitution : « éviter les conflits ; instaurer un Etat de droit ; contrer toute tentative de dérive dictatoriale ; garantir la bonne gouvernance et lutter contre l’impunité ».
Mieux encore, l’article 91 de la Constitution rappelle et explicite les modalités des interactions entre le Président et le Gouvernement :
« Le Gouvernement définit, en concertation avec le Président de la République, la politique de la Nation et en assume la responsabilité.
Le Gouvernement conduit la politique de la Nation.
Concrètement, le Président Tshisekedi ne peut pas prendre une décision militaire unilatéralement sans s’en référer au gouvernement, notamment au ministre de la Défense, le FCC Aimé Ngoy Mukena. Or la parade militaire semble avoir été effectuée sans impliquer le Gouvernement dont l’absence a été remarquée durant le meeting aérien. En cas d’accident, à qui devrait incomber la responsabilité devant le Parlement ? L’institution « Président » n’étant pas responsable ni ne devant répondre de ses actes devant le Parlement.
Par ailleurs, conformément à l’article 86 de la Constitution, le Président de la République ne peut déclarer la guerre que par ordonnance délibérée en Conseil des ministres après avis du Conseil supérieur de la Défense et autorisation préalable de l’Assemblée nationale et du Sénat…
Ceci signifie concrètement qu’un pays ne peut être invité en RDC pour mener une opération militaire de combat sans ces préalables constitutionnels. Par contre, il n’est pas interdit à une armée d’un pays ami de venir effectuer un exercice ou une parade militaire (manœuvre militaire non assimilable à la guerre) sur le territoire (terrestre, aérien et maritime) congolais, conjointement avec les FARDC, avec l’usage de ses moyens militaires.
Ainsi, la parade militaire aérienne ayant impliqué l’aviation militaire angolaise rentre techniquement dans le registre d’un simple exercice militaire qui ne requiert pas les conditionnalités prévues par l’article 86 de la Constitution. Pour un exercice militaire d’exhibition, les avions étrangers peuvent survoler le territoire d’un État sans se conformer à l’obligation de concertation entre le président et le parlement. Ce n’est pas un acte de guerre. Ces cas sont légion, notamment entre la France et l’Allemagne[9].
Toutefois, si l’aviation militaire angolaise avait fait usage de largage de bombes à l’encontre des populations ou des sites congolais, sans les préalables constitutionnels étayés plus haut, on serait dans le cas de haute trahison à charge de la personne qui a invité cette armée.
Conclusion
La guerre étant la continuation de la politique par d’autres moyens, disait Karl von Clausewitz, la crise congolaise semble lentement basculer vers le versant de la confrontation militaire. Peu importent les objectifs et les interprétations que d’aucuns donnent à la parade militaire solitaire angolaise à Kinshasa, on constate que l’aspect militaire déterminera plus que probablement l’issue du bras de fer entre Tshisekedi et Kabila si la crise se polarise. Les aspects politiques des consultations populaires semblent ne pas suffire à elles seules pour inverser le rapport de force en faveur du président Tshisekedi. Ce sera une fois de plus dans les domaines diplomatique – avec les incessants ballets diplomatiques constatés actuellement auprès de Tshisekedi et de Kabila – et militaire comme en 1965 en faveur de Mobutu, en 1997 en faveur de Laurent-Désiré Kabila ou en mars 2007 en défaveur de Jean-Pierre Bemba que le futur récent de la RDC se conjuguera. Derrière le communiqué du général Léon-Richard Kasonga et le meeting solitaire de l’aviation militaire angolaise, se cache vraisemblablement la division des FARDC dont la base ne cesse de gronder actuellement. Attendons la fin des consultations nationales pour connaitre l’épreuve de vérité.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Expert des questions de défense et de sécurité
Références
[1] https://afridesk.org/langola-en-sauvetage-militaire-de-tshisekedi-dans-son-bras-de-fer-avec-kabila-jj-wondo/.
[2] https://www.amazon.co.uk/Forces-Armées-Congo-irréformable-Prospective/dp/9090287744.
[3] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine, Amazon, 2019, p.184. Disponible en vente sur Amazon : https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologie-politique-militaire-africaine/dp/1080881778.
[4] Angop, 15/01/2007.
[5] Au total plus de 2700 policiers ont été formés par les instructeurs angolais. La mission spéciale de la Police angolaise dénommée « Condor » a également contribué à la formation d’un bataillon de 500 militaires de la garde présidentielle, la GR, pour assurer la protection présidentielle. L’Angola a également formé des militaires congolais à Kitona. Lire Jean-Jacques Wondo Omanyundu, Les Forces armées de la RDC : Une armée irréformable ? Bilan – Autopsie de la défaite du M23 – Prospective, Editions DESC, 2015, p.245.
[6] François Misser, in Conjonctures Congolaises 2012. Des 500 000 barils/jour déjà pompés par l’Angola, la part de la rente pétrolière devant revenir au Congo a été évaluée à 11 milliards USD. En 2009, le Ministre congolais des Hydrocarbures, Réne Issekemanga, avait accusé l’Angola d’exploiter illégalement le pétrole dans la partie de l’espace maritime de souveraineté congolaise. Réne Issekemanga avait alors introduit une plainte au niveau international pour le règlement de ce contentieux par le droit international. A la grande surprise des experts, ce dossier a été gelé en 2011 sur instruction de la Présidence de la République enjoignant l’ambassadeur de la RDC à l’ONU, Mr Ileka Atoko (actuellement en poste en France), de déclarer qu’un « accord à l’amiable » a été trouvé entre les deux parties. Ainsi, le dossier était gelé et les négociations étaient suspendues jusqu’en 2014. Il n’est pas exclu que Tshisekedi ferme ses yeux dans ce dossier en contrepartie du soutien diplomatique et militaire de l’Angola.
[7] LUNTUMBUE & WONDO, « La posture régionale de l’Angola : entre politique d’influence et affirmation de puissance », GRIP, Bruxelles, 3 juin 2015.
[8] J Wondo, Les cinq principales dimensions de la crise congolaise : enjeux et perspective – 10 juillet 2018. https://congokin.media/2018/07/10/les-cinq-principales-dimensions-de-la-crise-congolaise-enjeux-et-perspective-jj-wondo/.
[9] Le Journal de l’Aviation, https://www.journal-aviation.com/actualites/23401-l-allemagne-volera-au-defile-du-14-juillet-a-paris.
One Comment “Drôle de meeting militaire aérien solitaire angolais à Kinshasa : quelles retombées pour Tshisekedi ? – JJ Wondo”
GHOST
says:> METTRE « Á JOUR » ?
Etrange que certaines informations sur la force aérienne de la RDC continuent á reprendre les Mirages ou un Hercule C-130 dans l´inventaire de ce pays. Ces avions n´existent plus depuis très longtemps, au contraire on trouve par exemple un Boieng 707 acheté d´occasion aux USA y compris un Iliouchine il-76 qui volent pour le compte de la force aérienne congolaise.
Il est plus que temps de corriger ces informations.
> « Domaine de collaboration »
Lors de ce meeting, on a noté la présence du ministre de l´Interieur á la place du ministre de la Défense. L´absence du chef d´état-major général et pire du chef d´état major de la force aérienne indique que ce meeting n´a rien á avoir avec l´armée nationale mais sans doute un « show politique » du président Felix.
Militairement parlant, si le président peut inviter une armée étrangère sur le territoire national sans en informer le gouvernement et le parlement, cela constitue une violation de la constitution et pire une « haute trahison ».
> » LE COUT »?
Un avion bi-moteur Su-30M a un coût enorme par heure de vol y compris la maintenance sans oublier la logistique qu´exige un tel meeting si loin de la base de ces avions.
Comment le président va justifier le financement de ce meeting qui ne figure pas dans le budget de la Défense qui est si maigre en ce moment precis.
C´est sans doute une démonstration politique en ce temps de crise où la coalition entre le FCC et l´UDPS est entrain d´imploser. Mais le coût financier risque d´avoir un impact psychologique negatif au sein de l´armée quand les militaires ont grandement besoin de ces ressources financières pour ameliorer la capacité logistique de ceux qui se battent en ce moment contre les milices armées á l´Est.
> GABERONE
Mr JJ Wondo va certainement analyser la rencontre de la SADC où la question de la FIB est á l´ordre du jour á l´ombre de la necessité de la fin de la mission militaire de l´ONU au Congo.
Les USA exigent un renforcement de la FIB avec des officiers d´état major á cause des insufisances visibles Chez les généraux congolais.
L´avenir de la MONUSCO sera sans doute sur la table du nouveau président des USA qui doit decider de cesser son financement ou faire en sorte que AFRICOM puisse devenir plus visible au Congo.