Les secteurs agricole et agroalimentaire exigent des plans directeurs réalistes de développement en RDC
- Publié le jeudi 28 novembre 2013 par Le Potentiel Online
- Dr Florent Pumu
Directeur de Kamoto Centre, Dr Florent Pumu fait un plaidoyer en faveur de la mise en place des plans directeurs réalistes de développement pour les secteurs agricole et agroalimentaire en République démocratique du Congo (RDC).
J’ai un jour fait appel à un constructeur d’étangs pour poissons. Il m’a fait un devis avec un coût total d’environ 2000 USS. J’ai consulté les schémas adjoints au devis, et avec les explications trouvées dans un livre je suis arrivé à la conclusion que je pouvais moi-mêmeconstruire l’étang . Comme on dit sitôt dit sitôt fait.
Aujourd’hui trois années après, l’étang égorge des poissons. Mon expert en construction d’étangs, qui en assure actuellement la maintenance régulière, s’était étonné d’apprendre que le travail était surtout personnel. Et surtout le coût total était de moins de 200 USD avec la sueur et quelques courbatures minimes.
Une phase de la construction a été de mettre autour de l’étang des planches pour l’esthétique et le support du filet pour empêcher les oiseaux rapaces qui adorent faire de mes poissons leur appât. J’ai acheté quatre larges planches de bois jadis utilisées dans le chemin de fer. Une planche pèse environ 90 kilos. Le livreur les a juste déposées devant ma parcelle utilisant une mini-grue attachée à son véhicule.
Résoudre les problèmes à moindres frais
Dr. Florent Pumu, Chairman of Kamoto Centre
Un ami que j’ai appelé pour m’aider à les transporter dans mon jardin ne s’est jamais fait voir. Je me suis vite souvenu des nos ancêtres les Égyptiens de l’époque de Toutankhamon et autres quand ils ont construit les grandes pyramides. Transportant les grosses pierres plus lourdes, ils ont utilisé des méthodes simples mais efficaces pour bâtir ces colosses aujourd’hui merveilles du monde.
J’ai ainsi appliqué une de leurs techniques de roulement sur pivots. J’ai placé en dessous de la planche un petit rouleau solide soulevant seulement un bout puis un autre rouleau à l’autre bout, puis j’ai eu juste à tirer sur une certaine distance ainsi de suite déplaçant le rouleau à chaque fois.
Ainsi, je fais la même chose dans chacune de mes entreprises, me demandant à chaque circonstance ce que je peux faire avec mes propres efforts physiques et les moyens financiers dont je dispose.
J’ai ainsi résolu beaucoup de mes problèmes à moindres frais et avec les moyens matériels dont je dispose. C’est étonnant de réaliser ce qu’une personne et plus une communauté sont capables de faire avec les moyens de bord.
La première chose c’est la réflexion plus ou moins sophistiquée qui souvent fait défaut à nos concitoyens et nos communautés de base et leurs leaders. La politique de « creuser, fouiller, bêcher, ne laisser nulle place ou la main ne passe et repasse » de La Fontaine n’est généralement pas notre apanage. Nous aimons perpétuer la politique de la cigale à la place de nous constituer en fourmis.
C’est avec beaucoup de sacrifices et dédicacions que les grandes nations du monde se sont développées. Il n’y a ni Banque mondiale (créée le 27/12/1945), ni FMI (constitués aussi en 1945), ni BAD, ni Club de Londres, ni Club de Paris.
La majorité de ces pays développés ne disposaient même pas des ressources naturelles dont dispose l’Afrique pour progresser. Le plan Marshall était dans un contexte totalement différent. Ces pays doivent leur effort comme on dirait à la sueur de leur front. Pourquoi devons-nous d’abord penser aux capitaux dont nous ne disposons pas comme préalables aux grands efforts de transformation de nos pays?
Seuls 15% des minerais extraits de la RDC déclarés aux autorités fiscales
Avez-vous déjà entendu cette phrase : « tozali kozela ba konzi ya mboka batalelela biso likambo oyo » ? Cette une répétition du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest de la RDC.
La République démocratique du Congo (RDC) est riche en sol et en sous-sol. Dire ceci est comme répéter que le soleil se couche à l’Ouest. C’est notoire. Les minerais sont souvent enfouis dans le ventre de la terre. L’exploitation minière demande de moyens colossaux en finance et technologie dont le pays ne dispose pas vraiment.
C’est vrai que les pays occidentaux et l’Afrique du Sud en font leur domaine de prédilection pour l’investissement au pays. Ceci n’est point une mauvaise chose en soit, au contraire. Seulement aujourd’hui, comme l’a souligné le panel sur les flux financiers illicites conduit par Thabo Mbeki en Aout 2013, 15% seulement des minerais extraits du Congo sont déclarés aux autorités fiscales.
S’endetter pour développer ce secteur nous a mis dans des conditions d’avoir à repayer des sommes colossales de dettes dissoutes dans le quiproquo du PPTE. Le rare profit tiré finit souvent dans les poches des étrangers et leurs partenaires nationaux dans ce business nuageux.
Malgré les tonnes de minerais extraites du sous-sol et sol congolais, le pays n’en demeure pas moins l’avant dernier de l’Index du Développement Humain 2013. Le Mo Ibrahim index classe la RDC 51 sur 52 pays.
Souvent l’arrogance de nos politiciens m’étonne face a une situation si humiliante. Parfois je me demande si nous ne ferons pas mieux de nous vêtir en tenue bleue de chinois de l’époque de Mao Zedong pour témoigner de notre réalisation d’appartenir à un pays que certains qualifient le plus pauvre du monde.
Nous sommes aujourd’hui engagés dans des contrats miniers, des Joint Ventures avec des entreprises souvent occidentales dont les QG sont situés dans les territoires dits « tax heaven » (paradis fiscaux) comme les Iles vierges britanniques. Ceci est fait souvent avec l’intention maléfique de dissimuler leurs profits ; ainsi ne pas payer des « dividendes » dues à l’État congolais.
En plus, l’État congolais se retrouve minoritaire dans la participation de ces entreprises et donc sans voix réelle ni pouvoir de décision. Ces contrats sont parfois signés pour des longues périodes souvent nécessaires pour la rentabilisation de l’investissement, seulement cet état de choses constitue une entrave aux efforts futurs du pays de maitriser et contrôler ses propres ressources.
Cette situation est souvent dénoncée comme bradage des ressources du pays ou « le Congo vendu » avec des contrats dits léonins qui profitent aux charognards du monde capitaliste. Les réalités du capitalisme peuvent être néfastes aux pays dont les gouvernements sont encore faibles et où la corruption prolifère comme l’est la situation actuellement en RDC.
C’est vrai que le pays a besoin des investissements dans le secteur minier et autre pour son essor économique. C’est aussi vrai que la participation de ces conglomérats peut s’avérer très positive pour le pays.
Seulement, il y a nécessité de rendre plus transparent le secteur minier congolais. Nous saluons les initiatives qui contribuent dans ce sens comme l’ITIE, dont nous avons eu l’opportunité unique de rencontrer en tête-à-tête l’actuel Chair of the board Ms Clare Short.
Nous devons aussi être redevables aux organisations Congo Mines du Centre Carter et Africa Progress Panel de Kofi Anan. C’est ainsi, par exemple, grâce à l’ITIE que nous avons appris que le Trésor public a perdu 88 millions USD des redevances minières en 2010.
Kamoto Centre, Think tank, basé à Londres, croit que malgré les ressources minières dont dispose la RD Congo, le développement économique du pays devra s’appuyer d’abord sur le développement de l’agriculture. Ce secteur constitue le seul à disposer des potentialités de sortir la grande majorité de la population de la pauvreté.
Création et maintien d’un secteur agroalimentaire fort et dynamique
La création et le maintien d’un secteur agroalimentaire fort et dynamique sont cruciaux à la réalisation de la richesse nationale. Le premier objectif de tout gouvernement au pays devrait être la réalisation de l’autosuffisance et la persistance de la sécurité alimentaire.
Ce n’est point un objectif égal à soulever les montagnes. Le Burkina Faso l’a achevé en trois ans sous Thomas Sankara.
La RD Congo est très riche en sol arable. En fait le pays est deuxième dans le monde après le Brésil. A ce jour, d’après plusieurs documents publiés dont celui de l’Institut National des Statistiques, seulement 10% de cette étendue énorme sont exploités et surtout exploités de façon inadéquate selon un expert de cette institution.
Depuis la période coloniale, l’agriculture a toujours été comprise comme le principal facteur de la fortune du pays et comme fondation du développement économique global. Il a déjà été dit que sa mise en valeur pourra assurer des conditions favorables à l’activité administrative et industrielle.
Plusieurs gouvernements du pays ont préconisé les mesures à prendre pour en provoquer l’essor. Il y a eu toute sorte de plan avec plusieurs qualificatif : quinquennal, Mobutu, cinq chantiers et autres.
Il y a aussi des slogans sans grande subsistance comme « Agriculture, priorité des priorités » du MPR. Il y a eu quelque efforts louables de plus grands au plus petits comme le Domaine agro-industriel de la Nsele, et le projet du président Joseph Kabila à Kingakati.
Mais, pris à l’échelle nationale, ces projets ne constituent que des gouttes d’eau dans l’océan de la misère des peuples de la RDC. Seulement nous devons saluer et encourager ces initiatives comme l’a dit Mère Theresa : « C’est bien que (ces) efforts ne constituent d’une goutte d’eau dans la mer, mais sans ces efforts, la mer manquerait une goutte d’eau ».
La grande équation aujourd’hui est celle-ci : « Comment assurer le développement du secteur agricole et agroalimentaire au Congo avec les ressources disponibles ? »
Dr Florent Pumu
Directeur de Kamoto Centre
Pour plus d’informations à propos des activités de Kamoto Centre, allez sur www.kamotocentre.com
3 Comments on “Développer la RDC à moindre coût avec notre propre potentiel – Dr. Florent Pumu”
Dr Florent Pumu
says:Thank you Jean-Jacques. I write in English because it is just simply easy with the use of the QWERTY key board we use in these Anglo-saxon countries. I am grateful for the publication in the website of my article. This is a testimony of your commitment to get Congo DR out of poverty. I fully support what you stand for in the matter of Security and Defense for the DRC. Your expertise and dedication are commendable. I do write times to times but nowadays usually as memo to individuals. I recently sent a message in writing to Museveni, the president of Uganda. I am still waiting for his reply. If he does, I will send you his message. It is about (lack of) democracy in Uganda. Have you seen Kamoto Centre pictures of Goma yesterday? I did post 3 on my twitter account @flopumu.
I am grateful for what you did. Best regards, Dr Florent Pumu, MD.
esabo
says:Vous avez utilisé seulement 200$ parce vous les avez dans votre poche et vous avez au moins mis quelque chose sous la dent pour vous permettre de pousser cette planche de 90kg. Vous n’avez pas voulu dépenser les 2000$ demandé par l’expert pour produire un travail que vous jugez bon. Qui l’a contrexpertisé pour connaître son efficacité? Apprenez à valoriser le travail ou l’expertise d’autre car vous êtes bel et bien le genre de ceux qui ont appelé les chinois pour nous foutre des routes qui ne durent qu’un mois et qu’il faut reprendre le mois suivant.
Pourquoi ne construisez vous pas votre propre maison et ne prenez vous pas l’automédication si vous êtes malade et allez vous voir un médecin?
Continuez dans cette ligne, nous développerons bien la RDC.
Wathelet Michel - ASBL Kimvula
says:Une invitation ?
Conférence sur les dirigeables « gros porteurs » fort utile en RdC ! Le 15 septembre à LLN à 19 h Auditoire A.02 Hall SCES n° 687 Place des sciences, 1 … Réservation (obligatoire pour question de sécurité) par versement de 2 € minimum sur le compte de l’asbl kimvula n° BE44 0017 2472 2745 (voir le site du projet sur http://www.kimvula.be) Faites du Tam-tam !
Michel Wathelet
Tél : 0473 76 66 68
Mail : wawamich@hotmail.com