Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 05-04-2017 19:01
8138 | 0

Décryptage : Discours de Joseph Kabila sur l’état de la Nation – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

 Décryptage : Discours de Joseph Kabila sur l’état de la Nation

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
C’est encore un Joseph Kabila distrait, déconnecté des réalités du Congo profond  et aux traits visuels de fatigue, comme s’il était sous l’effet des psychotropes et des substances stupéfiantes, qui s’est adressé aux sénateurs et députés, tous hors mandats, réunis en Congrès ce 5 avril 2017.
Des premières réactions recueillies à chaud par DESC, la sortie médiatique de Joseph Kabila n’a pas été à la hauteur des attentes de l’opinion nationale et internationale. Cela devient un rituel de diversion auquel il nous habitue ces dernières années, à en croire un analyste politique congolais. Certains ont noté un discours plat, laconique décevant et à des questions essentielles de l’actualité. Un discours empreint de sophisme, qui ressemble à la langue de bois avec beaucoup de phrases creuses de « remplissage » pour édulcorer son contenu.
Pour d’autres analystes, le public s’attendait, dans ce discours, à ce que Joseph Kabila clarifie l’opinion congolaise sur les grandes lignes du processus électoral et les éléments concrets de solutions effectives de sortie d’une crise multidimensionnelle. Les congolais attendaient également que Joseph Kabila leur fournisse plus d’éléments concrets sur sa stratégie de résoudre l’insécurité généralisée en RDC. D’autres, encore, s’attendaient à ce que Joseph Kabila rassure l’opinion nationale et internationale qu’il quittera réellement le pouvoir en décembre 2017 , conformément aux dispositions de l’Accord obtenu par la CENCO.
A la déception de tous et sans surprise, Joseph Kabila a survolé avec condescendance ces questions qui fâchent.  Cette ultime sortie de Kabila, à l’instar de ses précédentes, a eu le mérite de conforter unanimement  l’opinion publique que Kabila demeure plus que jamais le véritable problème du Congo. Cela ne fait que polariser la tension politique autour de sa personne, devenue la racine de la crise congolaise. C’est dans ce cadre que j’ai tenté de faire un décryptage à chaud, point par point, du discours de Kabila.

Palais du Peuple, mercredi 05 avril 2017

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorable Président du Sénat,

 Honorables Députés et Sénateurs,

Mes Chers compatriotes,

Après Mon adresse sur l’état de la Nation, le mois de novembre dernier, la situation socio-économique, politique et sécuritaire du pays M’obligent ce jour à M’acquitter de ce devoir constitutionnel, plus tôt, que de coutume.

En effet, la morosité des indicateurs macro-économiques laisse aujourd’hui nos concitoyens perplexes, au regard de son incidence bien compréhensible sur leur pouvoir d’achat, alors qu’au plan politique, les négociations du Centre interdiocésain sur l’arrangement particulier relatif à la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016, ont généré quelques inquiétudes pour avoir achoppé sur deux difficultés du reste surmontables : les modalités de nomination du Premier Ministre et la désignation d’une nouvelle personnalité à la tête du Conseil National du Suivi de l’Accord, CNSA en sigle.

JJ Wondo : Kabila, en tant que partie prenante de l’accord, semble ignorer qu’il est à la base de cet achoppement, notamment en le violant au point III.3. Des Institutions à mandat non électif :

« III.3.1. (…)

Le Premier Ministre exerce la plénitude des prérogatives lui dévolues par la Constitution en tant que Chef du gouvernement.

Le Gouvernement de la République est dirigé par le Premier Ministre  présenté au président par l’Opposition politique non signataire de l’Accord du 18 octobre 2016/ Rassemblement et nommé par le Président de la République conformément à l’article 78 de la Constitution.

Il en est de même quant à la désignation du président du CNSA dont le point VI.2.2. Composition stipule que le CNSA « sera présidé par le président du Conseil des Sages du Rassemblement ». Un poste qui revient de droit au Rassemblement et qui ne doit souffrir d’aucun arbitrage de Joseph Kabila, ni de ses alliés dans l’accord de l’UA.

 

Kabila : Aussi, les dernières évolutions dans le Kasaï Central et ses environs sont-elles restées marquées, au plan sécuritaire, par les actes de barbarie inacceptables et condamnables dont la profanation et le saccage de nombreux édifices religieux, le viol et la décapitation de nombreuses femmes, d’une centaine d’éléments de nos forces de Police et de l’Armée, ainsi que celle de plusieurs civils et deux experts des Nations Unies.

JJ Wondo : Ici aussi, Joseph Kabila fait preuve d’ignorance et de sociopathie criantes. Il ignore cyniquement les images barbares diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des militaires et des policiers congolais abattre sauvagement et au mépris des règles du droit international humanitaire des personnes civilse non ou faiblement armées en faisant recours à un usage disproportionné de la force.

 

Kabila : En leur mémoire, et en celle de tous les fils et filles de ce pays qui nous ont quittés en ce début d’année 2017, sous le drapeau, ou de mort naturelle, dont le Président de l’UDPS, Monsieur Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA, Je vous invite à observer une minute de silence.

JJ Wondo : Des propos moqueurs et en décalage avec la réalité alors que de son vivant, Etienne Tshisekedi n’a bénéficié d’aucune reconnaissance de la part de Kabila. Il pense attirer la sympathie des sympathisants de certains cadres de l’UDPS qu’il ne cesse débaucher depuis la nomination de Badibanga, dans l’espoir d’élargir sa base populaire en chute libre partout au pays.

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorable Président du Sénat,

Honorables Députés et Sénateurs,

Mes Chers compatriotes, 

Le premier trimestre de l’année en cours a été marqué, au plan sécuritaire, par une évolution positive et encourageante de la situation dans l’Est du pays où nos populations du Tanganyika, du Sud et du Nord-Kivu ont renoué progressivement avec la paix et la tranquillité, grâce aux opérations militaires de nos forces de sécurité, mais grâce aussi aux efforts de sensibilisation des autorités et notabilités locales. Ces actions doivent se poursuivre pour atteindre l’objectif d’une paix durable.

Le temps de se réjouir un instant à juste titre, de ce vent favorable, l’épicentre de l’insécurité se déplacera vers le Centre du pays où un conflit coutumier a dégénéré en violence meurtrière aveugle, entretenue par les milices muées en terroristes, violant, tuant, brûlant et détruisant tout sur leur passage.

Il s’agit là, vous vous en doutez, d’une situation  aujourd’hui au cœur de nos profondes préoccupations.

L’énigme du départ aux contours coutumiers a été dénouée à travers un processus politique et administratif initié par le Gouvernement central.

Face aux atrocités inacceptables commises sur des victimes innocentes et en raison de la persistance des troubles à l’ordre public, mettant en péril la paix et la stabilité du pays, il ne nous reste plus qu’à déférer à notre obligation constitutionnelle : celle de rétablir l’autorité de l’Etat dans cette partie de la République, par tous les moyens légaux possibles.

C’est ici le sens des Ordonnances que Je viens de signer, mettant en place un secteur opérationnel dans les Kasaï.

En même temps, des instructions ont été données au Gouvernement central de manière à intensifier sa présence accrue dans les provinces touchées, à travers les Ministres ayant en charge l’Intérieur et les Affaires Coutumières, en vue de la poursuite du règlement politique et administratif de nombreux conflits coutumiers signalés ça et là, et ce, avec l’aide de l’Association Nationale des Autorités Traditionnelles du Congo.

JJ Wondo : Parler d’évolution sécuritaire positive en début d’année est aussi un autre signe de mensonge, d’anachronisme et d’ignorance de Kabila de la réalité du pays. Le Rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo – S/2017/206) du 10 mars 2017, met en lumière l’évaluation très négative de la situation sécuritaire faite par la MONUSCO. Elle se passe de tout commentaire : « Au cours de la période considérée, il y a eu des changements importants dans les conditions de sécurité régnant dans le pays. La violence et les menaces à l’encontre des civils ne sont plus concentrées dans l’est de la République démocratique du Congo, la violence de proximité et les affrontements interethniques s’étant multipliés et étendus des zones déjà touchées par les conflits armés, telles que les provinces du Nord-Kivu et le Sud-Kivu, à la province du Tanganyika, aux trois provinces du Kasaï et à la province du Kongo central. Les activités des groupes armés dans l’est du pays ont augmenté, en particulier avec la réapparition de l’ancien Mouvement du 23 mars (M23). Le regain de violence dans tout le pays a été exacerbé par la situation politique incertaine qui y règne actuellement, ainsi que par la manipulation des doléances à des fins politiques et un appui aux milices armées par certains acteurs politiques. L’utilisation croissante de milices d’autodéfense, agissant sur la base de critères ethniques, témoigne d’un sentiment croissant d’insécurité et d’incertitude. Le risque de violence liée aux élections, principalement dans les zones urbaines, est aussi en augmentation, et on peut prévoir qu’il continuera de croître tant que l’accord politique restera dans l’impasse, prolongeant ainsi les incertitudes politiques actuelles. »[1]

Kabila oublie aussi de faire mention de l’attaque des deux hélicoptères en début janvier, qui a causé des pertes dans les rangs des FARDC.

Par ailleurs, le conflit dans le Kasaï Central n’a pas dégénéré en début de cette année. Le conflit s’est bien  intensifié dès le début des affrontements, en août 2016, après l’assassinat scrupuleux du grand chef Kamuina Nsapu par ses services de sécurité.

 

Kabila : Il est clair que les responsables présumés de toutes les exactions et crimes graves sur les civils dont, à ce jour, sept militaires des Forces Armées, déjà aux arrêts, répondront de leurs actes devant la justice.

De la même façon, les crimes commis par les miliciens sur les paisibles citoyens, les agents de l’ordre et ceux des Nations Unies ne resteront pas impunis.

Leurs auteurs qui font eux aussi déjà l’objet des enquêtes judiciaires au niveau des Parquets et Auditorats militaires compétents, devront être sanctionnés conformément à la loi.

D’ores et déjà, des instructions ont été données au Gouvernement de la République, afin qu’il apporte le concours nécessaire à la réalisation desdites enquêtes.

En attendant, Je lance un appel au calme dans le Kasaï Central et J’invite les quelques jeunes entraînés dans des aventures sans lendemain, aux conséquences dévastatrices pour nos populations des provinces affectées, à déposer les armes et à cesser leurs actions criminelles.

JJ Wondo : Ici aussi, Joseph Kabila semble minimiser la responsabilité de l’armée et de la police, ainsi que des milices qu’il a créées au Kasaï dans le but de mater par tous les moyens cette insurrection populaire. C’est l’instruction personnelle qu’il a émise d’inscrire le groupe d’insurgés MPC (Mouvement du Pouvoir Coutumier) des adeptes du chef coutumier Kamuina Nsapu parmi les groupes armés à liquider prioritairement et sans état d’âme. Cette décision a été prise lors de la réunion stratégique du Haut-commandement militaire des FARDC en décembre 2016 ainsi que lors de la réunion du Conseil supérieur de la Défense en début janvier 2017. La mission consiste à « nettoyer complètement les territoires de Luiza, Dimbelenge, Tshikapa, Kananga, Demba, Kabeya Kamuanga, Tshimbulu et Dibaya, territoire d’origine du défunt chef coutumier Kamuina Nsapu »[2].

Imputer la responsabilité pénale des exactions à grande échelle ayant occasionné plus de 20 fosses communes sur sept pauvres militaires exécutants, est à la fois non seulement un déni de justice mais aussi du droit international humanitaire. Il s’agit d’une fuite en avant pour éviter une enquête pénale internationale, indépendante. Celle-ci mettrait à coup sûr en cause la responsabilité des services de sécurité et des autorités militaires dans ces massacres systématiques, notamment dans l’assassinat des deux experts de l’ONU par les éléments des unités spéciales des FARDC commandées par le général Charles Akilimani Muhindo, dit Mundos. DESC a recueilli des témoignages des militaires qui le mettent directement en cause.

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale, 

Honorable Président du Sénat, 

Honorables Députés et Sénateurs,

Je me fais le devoir de rappeler, une fois de plus, la fragilité des fondamentaux de notre tissu économique tournés essentiellement vers le secteur tertiaire, et marqué d’une part, par l’importation des biens de première nécessité consommés par les Congolais et que nous ne produisons pas, et d’autre part, par l’exportation des matières premières, vers les pays industrialisés, source de nos principales recettes budgétaires, mais dont la fixation des cours échappe à notre contrôle.

Il va sans dire que tant que nous ne changerons pas ce paradigme, notre économie restera fragile et fera continuellement les frais des soubresauts de la conjoncture économique internationale.

Dans le même ordre d’idées, tant que notre système fiscal sera écrasant, discriminatoire et truffé d’une parafiscalité lourde, le climat des affaires ne sera pas propice à l’investissement productif ni au civisme fiscal.

Aujourd’hui, nous avons pris la mesure du défi. Il nous faut agir sans plus attendre.

En plus des investissements publics légitimes, l’option est donc définitivement levée de promouvoir le soutien au secteur privé productif à travers, particulièrement, l’appui direct aux petites et moyennes industries et aux petites et moyennes entreprises, spécialement celles engagées dans l’agro-industrie et inscrivant leurs activités dans le cadre des chaînes des valeurs.

Il nous faut, en effet, produire ce que nous consommons et, comme J’ai eu déjà à le dire, conférer de la valeur ajoutée à nos produits destinés, non seulement à la consommation domestique, mais aussi à l’exportation, en vue de les rendre plus compétitifs.

Notre pays ne saurait plus indéfiniment être ce grand marché offrant l’opportunité d’affaires et d’emplois aux peuples des pays tiers, au détriment de sa propre population et de son économie.

JJ Wondo : Avec une économie dualiste où le secteur informel fait vivre la majorité de la population contre le secteur minier très intensif en capital mais opaque et qui emploie peu ; et dont les recettes sont évaporées dans l’évasion fiscale et autres fraudes – Panama Papers où sa sœur jumelle Jaynet Kabila est citée et l’enquête de Bloomberg qui  révèle au grand jour la cannibalisation de l’Etat congolais par Kabila et son clan biologique – il ne faut pas s’attendre à un miracle social sous la gouvernance à vue de Joseph Kabila. La preuve en est que dès ce 5 avril, les syndicats de la Fonction publique décrètent une grève illimitée pour protester contre la baisse de leur pouvoir d’achat.

 

Kabila : Par ailleurs, les efforts de mobilisation des ressources internes seront poursuivis à travers la lutte sans concession contre la fraude douanière et fiscale ainsi que la contrebande, grâce aux réformes fiscales nécessaires et grâce  à l’implantation très prochaine, au sein de nos régies financières, des systèmes de gestion informatisées des contribuables, fournis par une expertise appropriée.

C’est ici le lieu pour Moi d’insister sur l’impérieuse nécessité pour le Gouvernement de la République,  l’Assemblée Nationale et le Sénat de prendre des dispositions utiles en vue de l’adoption, dans les plus brefs délais, et pendant la session en cours, d’une nouvelle Loi sur la fiscalité, de celle sur le Partenariat Public Privé, sans omettre la finalisation de la Loi portant révision de certaines dispositions du Code minier, en sursis depuis plusieurs mois devant les deux Chambres.

Le Gouvernement pourra ainsi disposer des outils solides pour stabiliser, de manière pérenne et structurelle, la situation économique en cours, avant d’inverser définitivement la tendance préoccupante actuelle.

L’amélioration de la situation sociale de nos populations, en dépend.

JJ Wondo : L’amélioration de la situation sociale des Congolais dépend d’abord de la bonne gouvernance. Elle dépend ensuite de la lutte contre l’impunité et l’évasion fiscale devenue le sport préféré du clan Kabila. Enfin, elle doit être le résultat des politiques et des actions concrètes et effectives de développement orientées vers l’augmentation de la richesse nationale et le pouvoir d’achat des citoyens, couplées avec des mesures efficaces de lutte contre la pauvreté. Cela passe surtout par la mise en place des mécanismes et des conditions favorisant la création d’emplois et d’incitation aux initiatives privées. Il faut donc abandonner la politique d’économie d’enclave, dirigée essentiellement en fonction des besoins de l’extérieur dont les populations congolaises ne bénéficient d’aucune retombée socio-économique.

 

Honorables Députés et Sénateurs,

Mes Chers Compatriotes,

Je voudrais rappeler à la jeunesse de notre pays que la mise en œuvre effective des politiques appropriées promises en novembre dernier en vue de sa réinsertion socio-économique a démarré.

La promotion de l’entrepreneuriat local à travers les mesures susmentionnées de soutien au secteur privé ainsi que l’entrée en vigueur de la Loi sur la sous-traitance aux PME et PMI locales constituent aujourd’hui, des opportunités à saisir.

Parallèlement à ces efforts qui créeront plusieurs milliers d’emplois, les entreprises du portefeuille de l’Etat ont été instruites de privilégier, dans le cadre de leur plan de redressement, la résorption du chômage des jeunes.

Quant aux agents et fonctionnaires de l’Etat, civils et militaires, le processus engagé de l’amélioration de leurs conditions de vie sera poursuivi, grâce aux réformes relatives à la maîtrise des effectifs et de la masse salariale, qui permettront en dernier ressort, la réaffectation des économies réalisées, aux réajustements progressifs de leurs traitements.

JJ Wondo : Le néopatrimonialisme induit par le régime de Kabila, sans légitimité, le poussera à décaisser davantage le trésor public pour acheter des consciences politiques irresponsables afin de se maintenir au pouvoir. Avec un nivellement vers le bas de l’éducation nationale et de l’enseignement, l’exclusion sociale et à l’emploi des jeunes. Cette jeunesse debout a compris le langage soporifique de Joseph Kabila. Ce dernier n’a plus rien à offrir aux congolais, ayant atteint les limites de son action politique et les limites légales de sa présidence en RDC depuis le 19 décembre 2016. Il ne peut donc plus apporter un changement positif aux congolais. Cette jeunesse consciente, qui n’est plus dupe, s’approprie progressivement son destin, malgré les tentatives de récupération politique ou de dédoublement des mouvements citoyens, fers de lance de la contestation citoyenne contre son régime.

Joseph Kabila semble encore ignorer que non seulement le contrat social et républicain avec les Congolais, souverain primaire, ne cesse de se rompre; il ne redoute en aucun instant que c’est sur le terrain de la fracture sociale que l’estocade viendra.

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorable Président du Sénat, 

Honorables Députés et Sénateurs,

Conformément à ce qui est devenu une tradition politique dans notre pays, J’ai levé l’option, depuis juin 2015, d’engager la classe politique et sociale de notre pays dans un dialogue, afin de dégager le consensus indispensable à l’organisation du troisième cycle électoral apaisé.

Cette initiative faisait suite du reste, aux efforts entrepris  dans le même sens en 2012, lorsqu’à la recherche du consensus national en vue de défendre la patrie contre les pseudo-rébellions, J’avais convoqué les Concertations Nationales ayant permis de renforcer notre cohésion en tant que Nation et de soutenir, d’une seule voix, notre armée engagée dans les opérations de défense de la patrie.

Dans le même ordre d’idées, une fois de plus, la recherche du consensus M’a inspiré, dans la convocation, en novembre 2015, du dialogue politique national inclusif tenu sous la facilitation internationale de l’Union Africaine.

Ce Forum, précédé lui-même du pré-dialogue entre la Majorité et l’UDPS, tenu dans plusieurs villes européennes, débouchera, à la Cité de l’Union Africaine,  sur l’Accord du 18 octobre 2016, entre l’Opposition politique, la Société civile et la Majorité.

Quoique cet Accord ait jeté des bases solides à nos attentes, J’avais résolu de déférer à l’impératif de l’inclusivité en vue d’un plus large consensus des parties prenantes au processus électoral, en confiant à la Conférence Episcopale Nationale du Congo une mission de bons offices auprès du « Rassemblement » de l’Opposition.

C’est ici le lieu de rendre hommage aux Evêques de l’Eglise catholique pour l’excellent travail abattu, ayant donné lieu à l’Accord du 31 décembre dernier, et à certains points de convergence sur les modalités de mise en œuvre dudit Accord.

Hélas, en dépit de leurs efforts louables ayant permis l’atteinte de plus de 90% des résultats escomptés, les parties prenantes n’ont pu dégager de consensus sur deux points concernant respectivement la désignation du Premier Ministre et celle du Président du Conseil National de Suivi de l’Accord, tel que renseigné dans le rapport final de médiation Me transmis en date du 28 mars dernier.

JJ Wondo : Faire l’inventaire des tentatives d’achat des politiciens pour légitimer son glissement n’est pas une preuve de bonne foi et d’ouverture. C’est le mode opératoire des autocrates africains. Les dialogues/concertations sont devenus leur modus operandi, après qu’ils aient gagné des élections frauduleuses ou qu’ils se soient maintenu au pouvoir par la force, en toute illégitimité en violant la Constitution. Seul le respect scrupuleux de la Constitution, mais des accords conclus constituent une preuve de bonne foi. La preuve ? Les recommandations des concertations nationales qu’il a initiées n’ont jamais été appliquées à plus de 10%. L’application de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, auquel il a apposé sa signature en 2013, est restée lettre morte. A peine conclu, Joseph Kabila et son clan politique, la MP, font fait pour saborder la mise en application de l’Accord de la Saint-Sylvestre en achetant des opposants du Rassemblement. DESC dispose des preuves accablantes du voyage d’un ténor du rassemblement en Afrique du Sud, en fin janvier 2017, pour corrompre plusieurs opposants du Rassemblement et de la Dynamique de l’opposition afin d’obtenir leur soutien pour sa candidature à la primature[3]. C’est le scénario que Kabila compte mettre en place ce 07 avril. Un scénario décrit dans deux notes d’analyse confidentielles élaboré par le chef analyste de l’ANR, Félicien Mutombo, à son attention que DESC va mettre à la disposition du public.

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorable Président du Sénat,

Honorables Députés et Sénateurs,

J’aimerais rappeler, une fois de plus, que l’objectif poursuivi en organisant le Dialogue est, et reste, l’organisation des élections apaisées.

Je félicite pour cela notre Centrale électorale qui, dans des conditions extrêmement difficiles, a abattu un travail remarquable ayant permis, à ce jour, de dépasser la barre de 21.500.000 électeurs enrôlés avec, essentiellement, le financement propre du Gouvernement de la République, évalué à ce jour,  à 320 millions de dollars.

Je voudrais annoncer solennellement à notre peuple, que les élections auront bel et bien lieu. Que ceux qui  en doutent encore soient rassurés. Tout sera mis en œuvre, en effet, pour atteindre cet objectif, conformément au calendrier qui sera fixé par la CENI.

L’Accord du 18 octobre, comme celui du 31 décembre 2016 ayant dégagé le consensus jadis recherché sur la problématique des séquences des élections et du fichier électoral, aussitôt celui-ci constitué, et la répartition des sièges déterminée par une Loi qui sera adoptée par les deux Chambres, plus rien ne devra empêcher la convocation du scrutin.

JJ Wondo : Seul un calendrier électoral clair et précis tel que suggéré par la résolution 2348 du Conseil de sécurité de l’ONU permet de juger de la bonne foi de Kabila qui reste vague sur les détails du processus électoral. La résolution 2348 demande à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de publier immédiatement un calendrier électoral complet révisé et de procéder sans tarder à une mise à jour crédible des listes électorales, et au Parlement de modifier la loi électorale pour que le calendrier électoral soit conforme à l’accord du 31 décembre 2016.

 

Honorables Députés et Sénateurs,

Ce processus étant l’œuvre des Congolais, financé par les Congolais eux-mêmes, aucune ingérence étrangère ni dans son pilotage, moins encore dans son déroulement, ne sera tolérée.

Comme dans tout autre pays membre des Nations Unies, il s’agit là d’une question de politique intérieure et relevant, en conséquence, de la souveraineté nationale.

Et notre devoir, c’est bien celui de défendre justement l’indépendance et la souveraineté nationales, conformément à l’engagement pris devant notre peuple, aux termes de notre serment constitutionnel.

JJ Wondo : Peut-on parler de souveraineté pour un pays dont le budget dépend en grande partie de l’appui financier extérieur ? Le processus électoral est une partie intégrante des autres actions de consolidation de l’Etat bénéficiant des apports financiers extérieurs. C’est juste une question de bon sens ? Peut-on faire encore confiance à la CENI, caporalisée par le régime de Kabila et devenue au cœur  même de la stratégie du glissement de Joseph Kabila, maintes fois mise à nu par l’expert électoral Alain-Joseph Lomandja ?[4]

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorable Président du Sénat,

Honorables Députés et Sénateurs,

Mes Chers Compatriotes,

Au cours de ces dernières 48 heures, J’ai été à l’écoute de la classe politique et sociale qui a répondu à Mon invitation. J’ai noté une convergence des vues, notamment sur l’urgence qu’impose le règlement de deux points relatifs à la mise en œuvre de l’Accord, spécialement en ce qui concerne la question de la désignation d’un nouveau Premier Ministre.

A ce propos, un large consensus s’étant dégagé sur la procédure de désignation de celui-ci, et sur les compétences de l’autorité de nomination, J’invite le « Rassemblement » à surmonter ses querelles intestines et à harmoniser les vues sur la liste des candidats Premier Ministre ayant le profil requis et convenu, comme souhaité depuis plusieurs mois, en vue d’accélérer le processus de formation du nouveau Gouvernement d’Union Nationale.

Comme relevé dans Mon message de novembre 2016, et tenant compte du fait que le pays ne doit plus être l’otage d’intérêts personnels et de lutte de positionnement des acteurs politiques, le Premier Ministre sera impérativement nommé dans les 48 heures.

Quant à la présidence du Conseil National de Suivi de l’Accord, Je demande aux deux Chambres du Parlement d’adopter rapidement la Loi organique y relative, en même temps que J’en appelle à l’accélération des tractations au sein de la classe politique en vue de la désignation, dans la foulée de l’entrée en fonction du nouveau Gouvernement, d’une personnalité consensuelle devant présider cette structure.

JJ Wondo : Joseph Kabila semble oublier qu’il est à la fois le sujet et l’objet de la crise congolaise du fait de son maintien illégal et illégitime au pouvoir, pour avoir sciemment sabordé le processus électoral, en violation flagrante de la Constitution. Il ne peut en aucun cas s’ériger en arbitre alors qu’il est en même temps partie prenante de la l’Accord obtenu par la CENCO dont l’objet essentiel est de trouver une alternative politique à son statut d’illégitimité qui lui ôte d’office toute initiative politique d’autant que le mécanisme prévu dans cet accord consiste à une gestion concertée et consensuelle de la période intérimaire consacrée à l’organisation des élections. Kabila feint d’ignorer que la finalité de cet accord est l’organisation des élections crédibles et transparentes. OIl s’agit des élections auxquelles il ne pourra plus se présenter, et non pas le choix du président du CNSA et du premier ministre. En tant que partie prenante à l’Accord de la Saint-Sylvestre, Joseph Kabila ne dispose d’aucune légitimité pour décider unilatéralement, seul, de la suite du déroulement de la période intérimaire, en violant certaines de ses clauses mentionnées au début de cette analyse. Il ne faut donc pas être dupe que le choix de son Premier ministre dans 48 heures procède de la même ligne stratégique machiavélique que celle qui a présidé à la désignation de l’éphémère infortuné Samy Badibanga[5]. Kabila cherche simplement à gagner du temps et à affaiblir l’opposition, au lieu de s’atteler à améliorer le quotidien des Congolais, qui broient du noir, en leur assurant bien-être, sécurité et stabilité institutionnelle.

 

Honorable Président de l’Assemblée Nationale,

Honorable Président du Sénat,

Honorables Députés et Sénateurs,

Mes Chers compatriotes,

Comme par le passé, la République Démocratique du Congo n’a pas vocation à sombrer, mais plutôt à émerger. Ses difficultés conjoncturelles étant bien cernées, elles sont en voie de trouver des réponses appropriées.

Je suis convaincu que grâce à l’engagement de tous, Opposition, Société civile et Majorité, et surtout grâce à l’appui de notre peuple, nous saurons surmonter les défis qui se présentent à nous. Et notre beau pays survivra aux prédictions apocalyptiques et malveillantes de ses détracteurs.

Que Dieu bénisse notre pays !

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie.

JJ Wondo : Alors qu’il mène droit le Congo vers le chaos, par un comportement de kamikaze politique de type jihadiste[6], Kabila oublie qu’après dix ans de présidence élective, il a ramené le pays à la situation politique instable et sans institutions semblable à celle de la fin 1996. Dès cet instant, vu l’illégitimité de toutes les institutions en place qui ne représentent plus le choix populaire, tous les coups sont permis. Joseph Kabila est désormais à la tête d’un régime qui a sciemment violé la Constitution et auquel il faut appliquer l’article 64 de la Constitution. Nous réitérons ici notre appel à l’armée, à user de son devoir patriotique républicain, pour le mettre définitivement hors d’état de nuire le Congo[7] dont il n’a aucune attache sociale et biologique.

Références

[1] http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/2017/206.

[2] http://afridesk.org/fr/les-massacres-au-kasai-central-desc-interpelle-les-collaborateurs-securitaires-de-kabila/.

[3] http://afridesk.org/fr/rdc-vers-limplosion-du-rassemblement-jj-wondo/.

[4] http://afridesk.org/fr/rd-congo-liberer-le-processus-electoral-des-hypotheques-dun-dialogue-politique-voue-a-lechec-a-j-lomandja/. http://afridesk.org/fr/decryptage-des-contradictions-de-m-corneille-nangaa-qui-consacre-le-glissement-electoral-planifie-sur-tv5-monde-aj-lomandja/. http://afridesk.org/fr/rdc-comment-le-dialogue-national-a-t-il-ecarte-la-constitution-de-la-discussion-des-questions-relatives-au-processus-electoral-aj-lomandja/. http://afridesk.org/fr/les-pieges-dune-transition-politique-au-processus-electoral-en-rd-congo-apres-le-dialogue-aj-lomandja/. http://afridesk.org/fr/28-novembre-2011-28-novembre-2016-des-elections-chaotiques-aux-elections-improbables-aj-lomandja/.

[5]  JJ Wondo, DOSSIER ÉLECTIONS RDC – Portrait de Samy Badibanga Ntita, GRIP, 23 Décembre 2016. http://www.grip.org/fr/node/2204.

[6] http://afridesk.org/fr/larmee-congolaise-face-aux-enjeux-de-la-fin-du-mandat-de-kabila-j-j-wondo-mp4/.

[7] https://www.youtube.com/embed/8mqYyDI-IYg.

0

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

This panel is hidden by default but revealed when the user activates the relevant trigger.

Dans la même thématique

DROIT & JUSTICE | 24 Sep 2025 02:25:57| 168 0
RDC : Jean-Jacques Wondo dépose plainte en Belgique pour menace de mort
Il y a dix jours, un journaliste congolais critique du régime Tshisekedi a été violemment agressé à Tirlemont. “Les menaces… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 24 Sep 2025 02:25:57| 651 0
Un hommage poignant de JJ WONDO à sa fille MAZARINE WONDO en ce jour d’anniversaire, malgré l’injustice de son incarcération
"Joyeux Anniversaire à la très inspirée et exceptionnelle MAZARINE WONDO. Je t'envoie plein de Bisous,d'Amour et de Bénédictions. Nous sommes… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 24 Sep 2025 02:25:57| 1535 0
RDC : Dossier Jean-Jacques Wondo, la défense contre-attaque et démonte toute l’accusation
Le dossier de la téléphonie sur lequel repose l’accusation apparaît comme un enorme montage pour accuser l’expert belge. Le procès… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 24 Sep 2025 02:25:57| 781 0
HONORABLE PATRIOTE SERGE WELO OMANYUNDU DANS NOS COEURS
Ce 5 novembre 2024, cela fera un an que le Député Honoraire Serge Welo OMANYUNDU nous a quittés.Nous, sa famille… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK