Déclaration de Justin-Marie Bomboko justifiant le non recours aux troupes belges lors de la mutinerie de la Force publique
Ce document inédit du tout premier ministre des Affaires étrangères du Congo indépendant, Justin-Marie Bomboko reprend sa déclaration faite à la radio nationale congolaise le 12 juillet 1960 à Léopoldville. La déclaration évoque des raisons opérationnelles, psychologiques et autres qui ont milité au non recours aux troupes belges pour rétablir et maintenir l’ordre public au Congo à la suite de la mutinerie de la Force publique en juillet 1960. A la place, le gouvernement Congolais a préféré tendre la main aux américains, en attendant que les Nations-Unies
Cette déclaration, digne d’un homme d’État, est d’une grande importance dans l’analyse des relations ambiguës belgo-congolaises au lendemain de l’indépendance d’autant qu’elle survient un jour après la déclaration de la sécession économique du Katanga par Moïse Tshombé, soutenu par la Belgique. La formule finale de la déclaration témoigne cette qualité d’homme d’Etat lorsque M Bomboko déclare : En tant que ministre des Affaires étrangères, j’ai le devoir de sauvegarder la vie des personnes au Congo et je n’hésiterai pas à recourir à toute autre mesure pour que l’ordre soit établi... Il s’agit là d’une marque de prise au sérieux d’une fonction d’Etat devenue une denrée rare aujourd’hui en RDC où le nivellement vers le bas envahit les ‘Honorables’ députés et les ‘Excellences‘ ministres dépourvus de tout sens de l’Etat dans les actes qu’ils posent au quotidien au regard de leurs fonctions politiques et responsabilités étatiques.
Dans l’ouvrage Les armées au Congo-Kinshasa, nous rappelons que les interventions belges, à l’exception de celles qu’autorisait l’accord de Luluabourg, eurent lieu sans l’autorisation du gouvernement central congolais, en violation flagrante du Traité d’amitié entre les deux États, qui ne fut signé que le 29 juin 1960, soit la veille de l’Indépendance et qui du reste ne fut jamais ratifié par les Parlements des deux États. En effet, ce Traité, qui faisait dépendre l’intervention des troupes belges de l’accord explicite de Lumumba, n’était pas directement signifié aux autorités militaires coloniales directement intéressées au premier plan.
Toute mesure autre qu’une action appuyée par le gouvernement congolais ne pourrait qu’avoir une portée limitée. Elle devait se situer hors du cadre national congolais pour se borner à la protection d’intérêts exclusivement belges au Congo. Un mandat limitant la nature et les finalités de l’intervention des troupes belges au Congo que la métropole va outrepasser en soutenant la sécession économique du Katanga, qui va inspirer les autres rébellions que le Congo connaitra quelques années et décennies plus tard. Ce, nonobstant les précautions d’usage diplomatiques prises par le ministre des Affaires étrangères, Justin-Marie Bomboko, illustrées dans le document ci-dessous (Les Armées au Congo-Kinshasa, édition revue et augmentée, avril 2013, pp. 57-59.)
One Comment “Déclaration de JM Bomboko justifiant le non recours aux troupes belges lors de la mutinerie de la FP – DESC”
GHOST
says:¤ « 12 JUILLET 1960 » COMMENT GERER UNE BOURDE POLITIQUE ?
Le gouvernement congolais dont certains membres avaient pourtant « negociés » l´indépendance á la Table Ronde ..s´est retrouvé face aux consequences d´une grande BOURDE HISTORIQUE*
En effet, mr Wondo peut faire des recherches profondes en consultant les archives de la Table Ronde où il va constater que les leaders congolais n´avaient pas abordés la question de la Force Publique. Ils étaient contentés d´obtenir l´indépendance sans se soucier de la necessité d´avoir une armée nationale*
Le 12 juillet 1960 est la consequence de cette absence de lucidité des leaders politiques congolais. Cette insouciante (ou incompetance politique?) est á la base de la faiblesse de la politique de la Défense de la RDC qui continue de nos jours* La classe politique congolaise n´a jamais eu l´intelligence rationelle d´inclure les questions de l´armée dans les processus politiques.
Maintenant qu´on espere avoir un « dialogue » avant fin juillet comme le souhaite l´ONU, rares sont les organisations politiques congolaises qui vont mettre dans leur cahier des charges la question de l´armée et la police.
Ce que l´an prochain (2017) s´il ya « alternance politique », le futur gouvernement va se retrouver dans presque la même situation que celui du gouvernement Lumumba: une armée dont le fonctionement n´a jamais été « légaliste » car s´inspirant de la Force Publique dont la mission prioritaire est d´assurer la protection du pouvoir et non la sécurité d´un État*
Si nous pouvons accuser les « pères de l´indépendance » d´avoir été moins experimentés et même pire ne possedant pas un niveau d´éducation solide..(nos excuses..), la génération des politiciens congolais en l´an 2016 est mieux éduquée, et mieux possede des possibilités immenses dans le domaine de la Défense.
Au lieu d´attendre des « mutineries » previsibles, les organisations politiques congolaises devraient dés maintenant prevenir ces risques.
La prevention passe certainement par des forums où chaque politique devrait expliquer son programme de la Défense.
Le voyage de Katumbi aux USA qu´on présente comme « the joint presidential candidate of the congolese political opposition » est une indication que l´experience de juillet 1960 a été étudiée est que le futur gouvernement va avoir une reponse politique plus efficace que celle du gouvernement Lumumba? WAIT AND SEE