Cette analyse reprend un extrait de l’intervention du politologue congolais Dieudonné Wamu Oyatambwe à l’émission Soir Première de la rtbf.be
Joseph Kabila est toujours à la tête du Congo. Pourtant, officiellement, son mandat s’est arrêté il y a plus de douze mois. Des marches pacifiques ont été organisées par l’Eglise pour demander son départ, le 31 décembre. Elles ont été violemment dispersées : gaz lacrymogène dans les églises et arrestations d’enfants de chœur. Il y aurait eu des morts : une douzaine selon les organisateurs, cinq selon l’ONU et aucun selon les forces de l’ordre.
Dieudonné Wamu Oyatambwe, politologue et membre de Solidarité Mondiale (ONG du MOC), revient sur ces événements et le rôle que l’Eglise y joue. « Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à de telles violences. C’est devenu une pratique permanente du pouvoir de réprimer tout ce qui s’inscrit dans la contestation du système établi. Et comme cela fait dans une immunité quasi totale, le pouvoir se sent libre de continuer.
Depuis la décolonisation, le rôle de l’Eglise catholique, sur le plan social et politique a toujours été très grand. Elle reste une référence morale pour beaucoup de Congolais. Elle a une organisation qui lui permet d’être le contrepoids d’un état défaillant. Or Joseph Kabila craint ce qui est plus organisé que l’Etat et qui a un discours différent du sien. »
Le calendrier électoral ne sera pas respecté
Dieudonné Wamu Oyatambwe regrette que les pressions occidentales soient plutôt symboliques. « Il faut plus que de simples déclarations. Il faut plus de fermeté, de clarté et de cohérence. Il ne faut pas déplorer les pertes de vies humaines et continuer à traiter avec le régime comme si de rien n’était. Car il ne faut pas être naïf : le calendrier électoral, on le sait, ne sera pas respecté. Sans prendre parti pour un camp, il faut plus de fermeté dans l’application des principes. Il y a eu des sanctions diplomatiques à l’encontre de certains proches de Kabila. Mais ceux qui détiennent le vrai pouvoir n’ont pas encore été sanctionnés. Il faut aussi faire pression sur les alliés de Kabila dans la région qui trouve leur compte dans les désordres qui règnent au Congo.
Ceux qui ont le pouvoir de décider du moment des élections sont ceux qui tirent profit du fait qu’il n’y pas encore d’élection. Le jour où Kabila et sa famille auront la garantie de se maintenir au pouvoir après les élections, ils organiseront des élections. Mais tant qu’ils n’ont pas réussi à changer les règles, ils feront en sorte que les choses traînent. Tout est fait pour que le cycle électoral prenne du retard et qu’on sorte de plus en plus de la Constitution jusqu’à en modifier des aspects fondamentaux, comme la limitation du nombre de mandats du président « .
Dieudonné WAMU OYATAMBWE était interviewé par Nicolas Vandenschrick dans Soir Première.
One Comment “Congo : « Il n’y aura sans doute pas d’élections en 2018 » – Dieudonné Wamu sur RTBF”
GHOST
says:IMPOSSIBLE DE TENIR LES ELECTIONS SANS FINANCEMENT EXTERIEUR..IMPOSSIBLE D ´OBTENIR UN FINANCEMENT EXTERIEUR SANS CONSENSUS SUR L´APPLICATION DE L´ACCORD DE LA SAINT SYLVESTRE.
Organiser les élections au Congo est une question de « logistique » avant tout. Etrange que le mois de decembre , pourtant pendant la saison de pluie où les routes devienent impraticables puisse être celui de l´élection.
Les élections dans ce vaste pays qui ne possede pas assez des routes, reposent sur une logistique aérienne. C´est á dire des hélicoptères qui peuvent se poser n´importe où, et des avions cargo capables d´emporter les groupes electrogenes qui vont fournir l´électricité, ainsi que le materiel électoral y compris le personel de la Ceni.
Le plus grand paradoxe au Congo est que depuis plus de 15 ans, le gouvernement n´a jamais acquis des avions militaires de transport, ni un nombre respectable des hélicoptères militaires capables de fournir la logistique dont a besoin la CENI.
L´option du leasing des avions cargos ou des hélicoptères chez les entreprises privées en Russie ou en Europe est impossible á cause du budget si mince du gouvernement.
Ainsi, on retourne tout simplement á l´accord de la Sainte Sylvestre, la meilleure option qui peut apporter toute la logistique dont la CENI a besoin.
Sans l´application « consensuelle » de cet accord, obtenir un financement exterieur ou un apport logistique exterieur est pratiquement impossible.
Rares sont les pays africains qui disposent des avions et des hélicoptères dont le processus électoral exige. L´Angola et l´Afrique du Sud auront du mal á consacrer leurs ressources logistiques en faveur de la CENI.
Sauf s´il ya « consensus » pour l´application de l´accord…les élections cette année sont pratiquement impossible.