Congo-Kinshasa : Que cache cet acharnement pour le dialogue ?
Par Jean-Bosco Kongolo
Il avait peut-être raison, celui qui a dit qu’ « en guerre comme en amour, pour en finir, il faut se voir de près. » Oui, mais dans ces deux cas différents, les résultats attendus ne peuvent pas être les mêmes. En effet, si en amour les deux amants doivent se parler sincèrement en se respectant mutuellement, il n’en est pas ainsi en cas de guerre, où le vainqueur cherche toujours à profiter de sa position de force pour imposer la paix au vaincu. La logique du dialogue n’a donc de sens et ne peut produire des effets positifs que lorsque ce dialogue est librement accepté par les deux parties, qui acceptent de se parler sans contrainte et sans agenda caché de l’un envers l’autre, de tous les sujets qui les rapprochent ou les divisent. En rapprochant deux adversaires, le dialogue permet de dissiper les malentendus et les préjugés, de trouver un terrain d’entente en minimisant ce qui sépare et en privilégiant ce qui unit. Même les grandes démocraties y recourent, notamment en accordant à l’opposition un statut privilégié et un grand espace de liberté et de participation à la résolution des grands problèmes d’intérêt national. Tel n’est pas été le cas au Congo-Kinshasa où, après plus d’une dizaine d’années au pouvoir, le Chef de l’État et sa famille politique découvrent subitement les vertus du dialogue au point d’en menacer et d’intimider tous ceux qui refuseraient d’y participer. D’où, certains observateurs, parmi lesquels bon nombre d’opposants, s’interrogent sur l’opportunité d’un tel dialogue dont ils soupçonnent le Chef de l’État d’en cacher les vraies motivations. Nous nous sommes intéressé au récent discours du Président de la République devant le Congrès pour voir, au regard de la Constitution, si le dialogue tel que préconisé constitue l’unique voie de sortie aux problèmes qui se posent à l’organisation apaisée des futures élections et si, surtout, il ne risque pas de faire endosser à toute la nation l’irresponsabilité des institutions de la République directement impliquées dans le processus électoral.
1. Le dialogue est-il compatible avec la Constitution et la démocratie?
Même si la Constitution actuellement en vigueur est elle-même le résultat d’un dialogue (Accord global inclusif de Pretoria), elle ne prévoit nulle part le dialogue comme mode de résolution des problèmes qui se posent à la nation. Ce silence du Constituant s’explique par le fait que les compétences de chaque institution ont été clairement définies de sorte que si leurs animateurs les respectent et les appliquent, il ne peut être envisagé un quelconque dysfonctionnement. Cependant, dans la pratique ancestrale (arbre de la palabre) et dans les us démocratiques, il est fréquemment fait recours au dialogue pour résoudre les problèmes majeurs qui menacent l’existence ou la sécurité d’un État. C’est ainsi qu’en France (en janvier et novembre 2015), le Chef de l’État, bien que disposant de l’impérium et de la majorité parlementaire, n’a pas hésité de requérir les avis de toutes les forces vives de la nation sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour combattre le terrorisme[1].
En effet, la démocratie ne signifie pas, comme au Congo-Kinshasa, l’écrasement de la minorité (majorité silencieuse) par la majorité (détenteur de l’impérium) mais plutôt l’échange et la mise en commun des idées constructives qui peuvent provenir d’un camp ou d’un autre. Vu sous cet angle, le dialogue n’est incompatible ni avec la Constitution ni avec la démocratie, il renforce l’une et enrichie l’autre, le parlement étant le cadre institutionnel par excellence d’échange d’idées émanant de plusieurs tendances et courants politiques. C’est aussi cela l’avantage du pluralisme politique qui devrait caractériser la Troisième République, différente du régime du parti et de la pensée uniques que notre pays a subis durant 32 ans. Au Congo-Kinshasa, malgré ce pluralisme politique, aucun apport de l’opposition n’est pris en considération. Bien au contraire, celle-ci est chaque fois frustrée et tournée en dérision même lorsqu’il s’agit des questions relatives à l’intégrité du territoire ou à la sécurité nationale. A ce sujet, l’opinion est loin d’oublier l’opacité avec laquelle le gouvernement avait invité les troupes rwandaises à pénétrer sur le territoire congolais pour « y traquer les FDLR » ni, après et tout récemment, le refus par les députés de la famille politique du Chef de l’État d’examiner l’interpellation du ministre de la défense[2] et la motion de défiance contre le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’intérieur, respectivement sur l’insécurité dans le Nord-Kivu et sur la nomination des Commissaires généraux dans les provinces issues du démembrement[3].
A propos des élections de 2011, dont l’organisation chaotique a été reconnue même par le Président de la République, qui en a tiré bénéfice, l’on sait que le principal perdant Étienne Tshisekedi n’avait cessé d’en réclamer le dialogue (voie pacifique) pour résoudre la crise de légitimité qui en avait résulté. C’est également en vain que les associations de la société civile avaient toujours demandé que soit revue la composition de la CENI afin de rendre cette institution plus neutre et plus indépendante ou encore que soient audité le fichier électoral et enregistrés les jeunes adultes avant les prochaines élections générales. Contre toute attente et à moins d’une année de la tenue de ces élections, c’est le camp du pouvoir qui voudrait se faire passer pour le champion du dialogue sur des questions relatives à l’organisation des élections : le fichier électoral, le calendrier électoral, la sécurisation du processus électoral, le financement du processus électoral et le rôle des partenaires extérieurs dans le processus électoral.
2. Les institutions étatiques directement impliquées dans le processus électoral
2.1. Le Président de la République
En tant que garant de la Constitution et du bon fonctionnement des institutions de la République (art. 69), il aurait suffi et il suffit encore que le Président de la République se prononce sans ambigüité qu’il ne sera pas candidat aux prochaines élections pour que cessent automatiquement les agitations observées parmi ses proches collaborateurs et dans sa famille politique depuis quelques années déjà. Son attitude moins rassurante favorise ces agitations et permet d’avancer que c’est lui qui les encourage et les entretient, imposant ainsi insidieusement une torture mentale à la population. Faut-il vraiment un dialogue pour qu’il comprenne qu’il fait partie du problème? Après quatorze ans d’exercice du pouvoir, faut-il un dialogue pour qu’il comprenne que c’est lui le garant de la Constitution et du fonctionnement régulier des institutions?
2.2. La Commission électorale nationale indépendante (CENI)
Elle est instituée par l’article 211 de la Constitution qui stipule :
« Il est institué une Commission électorale nationale indépendante dotée de la personnalité juridique.
La Commission électorale nationale indépendante est chargée de l’organisation du processus électoral, notamment de l’enrôlement des électeurs, de la tenue du fichier électoral, des opérations de vote, de dépouillement et de tout référendum.
Elle assure la régularité du processus électoral et référendaire. Une loi organique fixe l’organisation et le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante. »
Dans l’exposé des motifs de la loi no10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante on peut lire : « En tant qu’institution d’appui à la démocratie, cette Commission est appelée à jouer le rôle principal dans l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes et dans la consolidation de l’État de droit en République démocratique du Congo. »
Ce caractère indépendant est réaffirmé dans l’article 7 de cette loi, qui dispose : « Dans sa mission, la CENI jouit de l’indépendance d’action par rapport aux autres institutions. Elle bénéficie néanmoins de leur collaboration. »
Grâce et à travers cet extrait de l’exposé des motifs ainsi que du contenu de l’article 7, il y a lieu de relever que le dialogue n’est pas nécessaire pour nettoyer le fichier électoral, pour enrôler les jeunes adultes ou encore pour élaborer un calendrier électoral réaliste tenant compte des contraintes financières et des délais impératifs prévus pour les élections présidentielle et législatives. L’enrôlement des électeurs et la tenue du fichier électoral, ne sont-ils pas des tâches permanentes qui incombent à la commission électorale en tant qu’institution d’appui à la démocratie, tâches auxquelles la CENI aurait dû s’atteler dès le lendemain même des élections de 2011? Si cette institution n’a pas fait ses devoirs alors qu’elle a été régulièrement et qu’elle a utilisé le budget qui lui a été alloué depuis 2011, alors la nation est en droit de lui réclamer des comptes. Si pour ces opérations, il faille impliquer toutes les forces vives de la nation dans un dialogue, ce serait d’une part violer la Constitution et, d’autre part, apporter la preuve que les membres de la CENI sont soit instrumentalisés, soit ne sont pas à la hauteur de leur mission.
Par conséquent, ils devraient remettre leur démission pour laisser la place à d’autres citoyens, plus compétents, plus responsables et capables de travailler en toute indépendance. C’est même cette indépendance que le gouvernement, la CENI et la famille politique du Chef de l’État avaient toujours invoquée pour rejeter systématiquement toutes les propositions émanant de la société civile et de l’opposition tendant à résoudre de manière consensuelle toutes ces questions. Parmi ces propositions, figurent l’audit du fichier électoral central, l’enrôlement des nouveaux majeurs, la priorité à accorder aux élections présidentielle et législatives qui sont tributaires des délais constitutionnels impératifs. Pour mémoire, c’est de la « Feuille de route » présentée le 30 janvier 2014 par l’abbé Malu Malu, alors président de la CENI, que naquirent l’idée du recensement préalable de la population avant toute élection ainsi que la création de l’Office National d’Identification de la population(ONIP) dont personne n’ose parler aujourd’hui.[4] Faut-il vraiment un dialogue pour que les membres de la CENI réalisent qu’ils sont indépendants dans l’exercice de leur mission? Le dialogue est-il nécessaire pour que les membres de la CENI comprennent que l’instrumentalisation de cette institution par un seul camp ne contribue pas à la consolidation de la démocratie?
2.3. Le Parlement
Point n’est besoin de rappeler que le parlement n’a pas encore doté la CENI de toutes les lois relatives au processus électoral, appelées lois d’accompagnement du processus électoral. Il y a lieu de citer la loi sur la répartition des sièges au niveau législatif, la loi sur la répartition des sièges aux niveaux municipal et local et la loi qui révise celle d’identification et enrôlement des électeurs pour ouvrir la possibilité d’enrôlement des Congolais de l’étranger. Disons en passant, qu’à la veille des élections de 2011, le Parlement avait réadapté la loi électorale en supprimant le deuxième tour de l’élection présidentielle dans le seul but de maintenir le Président Kabila au pouvoir. Pour des raisons que seul le Bureau de l’Assemblée nationale peut connaître, les sessions parlementaires se succèdent les unes aux autres sans que la priorité soit accordée à ces lois, alors que certaines élections auraient dû avoir été déjà organisées. Faut-il vraiment un dialogue pour que le bureau de l’Assemblée nationale programme l’adoption des lois d’accompagnement du processus électoral qui restent?
2.4. Le Gouvernement
La collaboration du gouvernement au processus électoral consiste notamment à fournir à la CENI tous les moyens techniques et financiers dont elle a besoin pour remplir sa mission et de déployer la police et l’armée pour sécuriser les opérations électorales[5]. Gouverner étant prévoir, c’est au lendemain des élections de 2011 que le gouvernement devait programmer un budget pluriannuel destiné aux futures élections. Selon des experts, avec un budget de 200 millions de dollars américain/an, la CENI aurait disposé d’une cagnotte substantielle qui n’humilierait pas l’État vis-à-vis de ses partenaires étrangers disposés à nous aider. C’est pourtant ce gouvernement qui, pour retarder délibérément le processus électoral (glissement), sous prétexte des difficultés techniques et financières, s’est permis d’installer précipitamment et sans aucune priorité les nouvelles provinces multipliant ainsi les élections à organiser et les nouvelles sources de dépenses. Si le ridicule pouvait tuer, le Premier ministre n’aurait pas eu le courage de s’adresser à la Cour constitutionnelle pour avouer que son gouvernement n’avait pas d’argent pour les élections provinciales alors qu’il a clamé dans toutes le tribunes que le gouvernement avait engrangé 7,7% de taux de croissance économique.[6] Faut-il vraiment un dialogue pour que les coffres de la Banque centrale soient ouverts afin de financer le processus électoral? Faut-il un dialogue national pour que le gouvernement s’abstienne d’ordonner à l’armée et à la police de réprimer dans le sang les manifestations pacifiques organisées pour le respect de la Constitution? C’est ainsi que plan après plan, piège après piège et échec après échec pour modifier la Constitution ou tout au moins obtenir la prolongation de son mandat au-delà de 2016, le Chef de l’État et sa famille politique se souviennent enfin du dialogue, maintes fois réclamé par l’opposition, l’UDPS en tête, comme dernière cartouche.
3. Cartouche du dialogue : « Ou ça passe ou ça casse! »
Annoncé depuis mai de l’année en cours, c’est seulement le 28 novembre 2015, soit à treize mois seulement de la fin de son dernier mandat, que le Président de la République a donné des précisions concernant la tenue du dialogue qu’il veut « inclusif » pour « donner une chance » au processus électoral : « J’ai décidé ce jour la convocation d’un dialogue et la mise en place d’un comité préparatoire pouvant régler tous les aspects liés à son organisation. » Ceux qui savent bien observer la scène politique congolaise peuvent facilement comprendre que ce long intervalle entre mai et novembre 2015 était le temps nécessaire à mettre à profit pour convaincre les dialoguo-sceptiques (partis d’opposition) à prendre part à ce forum. Les vas et viens de l’Administrateur général de l’ANR en Europe pour y rencontrer Etienne Tshisekedi ou pour échanger avec ses émissaires en témoignent. Ce n’est que lorsqu’il a eu la certitude que l’UDPS était favorable à ce dialogue, que le Chef de l’État s’est senti à l’aise d’annoncer avec optimisme sa tenue, tout en commettant l’erreur fatale de signer l’ordonnance de sa convocation sans tenir compte des exigences de ce parti fidèle aux règles de forme. D’où, la volte-face de l’UDPS, sur laquelle Joseph Kabila comptait pour crédibiliser son dialogue, même sans la participation des autres partis politiques de l’opposition, a provoqué sa colère et ses menaces contre tous ceux qui s’y opposent.
4. Décryptage des propos (menaçants) du Chef de l’État au sujet du dialogue
Quiconque sait lire entre les lignes un discours ou n’importe quelle dissertation, arrive toujours à comprendre que le fond ou l’essentiel de la pensée de l’auteur se cache généralement dans la conclusion. Ainsi, tout ce qui a été étalé tout le long de ce discours comme étant le bilan, n’avait en réalité qu’un seul but : se présenter aux yeux du peuple comme l’homme providentiel, le plus conciliant avec qui refuser de dialoguer serait tout simplement vouloir verser le sang de ce peuple : « J’aimerais, à cet effet, rassurer l’ensemble de notre peuple que je ne permettrai pas que les sacrifices consentis ensemble au cours de ces dernières années pour bâtir la paix et la sécurité dans notre pays et dans la région, balisant la voie vers l’émergence soient compromis, sous quel que prétexte que ce soit, par ceux qui, de mauvaise foi et de manière délibérée, choisiront de rester enfermés dans leurs postures négativistes, refusant le dialogue au profit des complots contre la République et promettant sang et sueur à notre peuple. Il n’y aura ni l’un ni l’autre.
Que notre peuple sache donc que ses intérêts et ses aspirations légitimes à la quiétude et au bien-être seront, en tout temps et en toutes circonstances, sauvegardés et promus par les Institutions de la République.
Là où il lui est promis la mort, nous l’assurons que tout sera mis en œuvre pour protéger la vie. Là où on veut tout détruire, notre engagement c’est de construire et de développer sans relâche nos villes et nos campagnes. »
Rien que cet extrait du discours confirme que le Président de la République est véritablement déconnecté des réalités sociologiques[7] et, comme mécanisme de défense (projection), enseigné en psychanalyse, il déplace sur les autres ce que lui-même projette de faire. «Une personne en proie à des pulsions, des pensées, des désirs qu’elle ne peut reconnaître pour siens utilise un mécanisme de défense essentiellement imaginaire : elle les déplace sur autrui. C’est ce que la psychanalyse nomme projection. Il s’agit de l’une de nos réactions archaïques, présentes dès les premiers stades de développement, que le moi ensuite intègre et met en œuvre pour se protéger. A priori normale, sinon nécessaire, la projection devient trouble psychique lorsqu’elle revient en boomerang sur son auteur sous forme de délire paranoïaque, phobies handicapantes ou jalousie extrême. »[8] Ce qu’il a voulu en réalité exprimer c’est que l’invocation de l’article 64 de la Constitution et l’éventualité, quasi certaine, de son application ne lui permettent plus de rêver aisément du « glissement » que lui ont garanti ses conseillers. Du coup, il s’en prend à tous ceux (opposition, société civile et église catholique) qui s’affichent ostensiblement contre le dialogue comme tremplin pour violer la Constitution, dialogue considéré comme cartouche de la dernière chance pouvant entraîner toute la classe politique à accepter de prolonger son mandat sous prétexte de préparer ensemble le processus électoral « crédible, transparent et apaisé ».
Mal entouré, mal conseillé et ne voyant partout que le complot contre l’État et contre lui-même, le Chef de l’État oublie que c’est lui qui, en coulisse et dans le dos du peuple, a été le premier à envoyer ses émissaires s’entretenir en catimini avec ceux de Tshisekedi (convalescent) loin de la terre de nos ancêtres, à Venise (Italie) et à Ibiza (Espagne)[9]. Est-ce cela un dialogue authentiquement congolais? La Cour Constitutionnelle peut-elle honnêtement interpréter l’article 64 de la Constitution, qu’il faudra d’ailleurs traduire dans toutes les langues nationales et enseigner dans les écoles, et nous dire qu’il est antidémocratique et que l’invoquer est constitutif de l’infraction d’atteinte à la sûreté de l’État? Qui, par ailleurs, dispose des moyens logistiques de faire couler le sang des Congolais si ce ne sont que la police et l’armée dont on connaît la capacité de répression sans pareille, toutes les fois qu’il s’agit d’une manifestation pacifique autre que celle du soutien au Chef de l’État? « Des boutiques et magasins ainsi que tous les marchés et services publics sont fermés vendredi 18 décembre dans la ville de Bunia, chef-lieu de l’Ituri. Le maire de Bunia, Ferdinand Fimbo Lebiliye, a ordonné la fermeture de toutes les activités publiques et commerciales pour soutenir la marche que le Commissaire spécial de l’Ituri, Abdallah Penembaka, a organisée dans la matinée pour soutenir le dialogue politique préconisé par le Président Kabila. Pendant le déroulement de cette marche, tous les magasins, toutes les boutiques, tous les marchés seront momentanément fermés. Seuls, les pharmacies, les hôpitaux, les écoles, instituts supérieurs et universités seront ouverts. Des policiers munis de matraques ont par ailleurs été déployés aux abords du marché central de Bunia pour s’assurer du respect de la mesure du maire de Bunia par les commerçants.[10] Pendant que cette manifestation se déroulait à Bunia, au même moment à Lubumbashi, le maire de la ville interdisait aux militants de l’UNADEF, d’accueillir leur leader, Christian Mwando Simba[11] tandis qu’à Kinshasa, un mandat de comparution était décerné contre Joseph Olenghankoy, suspecté d’atteinte à la sûreté de l’État pour avoir distribué un tract exigeant le respect de la Constitution. Et c’est dans ce décor de terreur, d’intimidation et de deux poids, deux mesures que l’on demande à la classe politique et à la société civile, martyrisées, d’aller dialoguer avec le pouvoir en place sur des questions qui relèvent de la compétence des institutions de l’État, animées par des personnes irresponsables.
Conclusion
Par action et/ou par omission, nous (peuple congolais), avons contribué à asseoir et à consolider la dictature de Mobutu. Si nous n’agissons pas à temps (omission), nous n’aurons que des larmes pour pleurer lorsqu’une autre dictature se sera confortablement installée par la faute et la cupidité (action) d’un groupe d’individus qui est déterminé à exercer le pouvoir par la force. Ensemble, taisons nos différences et unissons-nous pour exiger que les institutions légalement impliquées dans le processus électoral jouent pleinement leur rôle en privilégiant les élections dont les délais sont constitutionnellement impératifs, et ce sera du réalisme politique. Le reste, l’acharnement au dialogue (avec menaces et intimidations), procède du mode opératoire choisi pour aboutir au glissement qu’aucun Congolais, épris du patriotisme, n’est prêt à accepter. Le tableau présenté ci-dessus est comparable à celui d’une mère qui, souffrant d’incontinence urinaire, mouille régulièrement le lit mais impute cela à son bébé qui ne peut parler pour se défendre. De même, le Chef de l’État et sa famille politique abusent des moyens de la puissance publique (armée, police, services de sécurité et médias publics) pour chercher à imposer une pensée unique. Le peuple Congolais ne permettra plus qu’une autre dictature s’installe et se prépare à leur barrer la route en faisant démocratiquement usage de l’article 64 de la Constitution.
Jean-Bosco Kongolo
Juriste&Criminologue
Références
[1] François Hollande a descendu les marches du perron pour accueillir son prédécesseur à l’Elysée, reçu avant l’ensemble des responsables parlementaires et présidents des partis. Les deux hommes ont ensuite échangé une poignée de mains. « J’ai dit au président Hollande qu’il me semblait que nous devions construire des réponses adaptées, ce qui veut dire une inflexion de notre politique étrangère, des décisions au plan européen et des modifications drastiques de notre politique de sécurité », a déclaré Nicolas Sarkozy, une fois l’entretien terminé. Paris Match, 15 novembre 2015, http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Francois-Hollande-a-recu-Nicolas-Sarkozy-a-l-Elysee-865585.
[2] A la présentation de cette déclaration d’interpellation le vendredi 08 juin, Aubin MINAKU a été interrompu par une motion incidentielle de l’honorable BOKONA. L’Auteur de cette motion a demandé à la plénière de rejeter l’initiative de FAYULU. Le Phare, 11 juin 2012, http://www.lephareonline.net/assemblee-nationale-linterpellation-du-vice-premier-ministre-et-ministre-de-la-defense-etouffee-dans-loeuf/
Se livrant à la Rédaction du Journal L’Avenir, le porte-parole du Groupe parlementaire Terre d’Avenir a fait cette mise au point : « Je reviens de l’Est. La situation est préoccupante, nos militaires sont engagés au front. L’honorable Martin Fayulu ne peut pas se réveiller un petit matin avec son buffeteak à la bouche, qu’il vienne dans une voiture climatisée, puisse venir devant la télévision étaler les stratégies qui se mènent au front. Voilà pourquoi j’ai soutenu la motion de notre collègue pour que l’interpellation n’ait pas lieu. D’ailleurs, le Vice-premier ministre de la Défense nationale n’a que deux semaines à la tête du ministère. Qu’est ce qu’il va répondre au collègue Fayulu ? », a estimé l’honorable Zacharie Bababaswe. Congo Forum, 13 juin 2012, http://www.congoforum.be/FR/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=187471&Actualiteit=selected.
[3] Les députés ont rejeté, vendredi 11 décembre, la motion de défiance contre le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur, Évariste Boshab Mabudj, au sujet de la nomination des commissaires spéciaux. Appelés à diriger les nouvelles provinces, ces commissaires et leurs adjoints ont été nommés en octobre dernier par le chef de l’État. Les députés de l’opposition jugent ces nominations contraires à la Constitution. Après la lecture de la motion de défiance, le président du groupe parlementaire PPRD, Shadary Ramanzany a, dans une motion incidentielle, remis en cause l’opportunité de la démarche de l’opposition. La plénière a été agitée. Après la présentation de cette motion incidentielle, les députés de l’opposition, mécontents, ont quitté la salle. Radio Okapi, 11/12/2015, http://www.radiookapi.net/2015/12/11/actualite/politique/commissaires-speciaux-motion-contre-boshab-rejetee-lassemblee.
[4] Jean-Bosco Kongolo.2015, La loi électorale de la RDC : la fraude corrompt tout, http://afridesk.org/fr/loi-electorale-de-la-rdc-la-fraude-corrompt-tout-jb-kongolo/.
[5] Article 91, alinéa 3, de la Constitution : « Le Gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité. »
[6] La Voix de l’Afrique au Canada, 12 septembre 2015 : « Pas besoin d’être magicien ou devin pour comprendre que les raisons avancées par le Gouvernement de Matata Ponyo devant la Cour Constitutionnelle concernant l’élection des gouverneurs des provinces découpées, ne tiennent pas debout. Comment voulez-vous comprendre qu’un pays comme la République Démocratique du Congo puisse manquer 2 millions de dollars américains pour organiser les élections des Gouverneurs des Provinces?, http://vacradio.com/2015/09/12/rdc-matata-ponyo-et-la-ceni-ont-ils-vole-largent-pour-les-elections-des-gouverneurs/.
[7] Jean-Bosco Kongolo, 2015. Passation du pouvoir en RDC : l’article 70 de la Constitution ne prête à aucune confusion, http://afridesk.org/fr/passation-de-pouvoir-en-rdc-larticle-70-de-la-constitution-ne-prete-a-aucune-confusion-jb-kongolo/.
[8] Coccinelle, 2012. Introjection et projection : mécanismes de défense du Moi, http://adulte-surdoue.fr/psychologie-sante/introjection-projection-mecanismes-defenses-moi-t2103.html.
[9] On en sait un peu plus sur les pourparlers entrepris dans deux villes européennes entre la délégation de Kabila et celle de Tshisekedi. Le président de l’UDPS a déjoué bel et bien le piège qui lui était tendu. Les délégués du pouvoir en place tenaient à l’entraîner dans une démarche non loin d’un glissement qu’ils chérissent tant, dans le but d’obtenir un autre bail en dehors de la Constitution en vigueur. Le lider maximo de la RDC, en animal politique averti, a compris le vilain jeu et a réagi en date du 13 Septembre, en prenant acte de l’échec des entretiens de Venise en Italie et d’Ibiza en Espagne, à travers un communiqué officiel au bas duquel se trouve sa signature. La Tempête des tropiques, 18 septembre 2015, http://7sur7.cd/new/pre-dialogue-ce-qui-a-bloque-reellement-2/.
[10] Radio Okapi, 18 décembre 2015, http://www.radiookapi.net/2015/12/18/actualite/societe/bunia-les-autorites-suspendent-les-activites-commerciales-au-profit.
[11] Radio Okapi, 18 décembre 2015, http://www.radiookapi.net/2015/12/18/actualite/politique/lubumbashi-lunadef-denonce-linterdiction-de-sa-manifestation-par-la, http://www.radiookapi.net/2015/12/18/actualite/politique/kinshasa-un-mandat-de-comparution-emis-contre-joseph-olenghankoy
« Des activités commerciales ont été paralysées, samedi 19 décembre, à Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga, à la suite de l’organisation d’une marche de soutien au chef de l’État et au dialogue politique.
A l’occasion, le commissaire spécial du Haut-Katanga, Fabien Katanga Lokunda, a invité ses administrés à soutenir ce forum politique, prévu à Kinshasa.
Selon des sources concordantes, les manifestants se sont retrouvés, sous une pluie battante, sur différentes artères de Lubumbashi, selon le programme arrêté à cet effet par la mairie de la ville. », Radio Okapi, 19 décembre 2015, http://www.radiookapi.net/2015/12/19/actualite/politique/lubumbashi-paralysie-des-activites-suite-une-marche-de-soutien-au.