Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 03-04-2019 16:25
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Comprendre le Djihad : genèse, notions et impact géopolitique – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Comprendre le Djihad : genèse, notions et son impact géopolitique

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

La présente réflexion tente de donner quelques éléments et notions génériques basiques permettant de comprendre le djihad, en tant que phénomène sociétal mondial. Elle ne prétend nullement traiter ce concept géopolitique polysémique dans toute sa complexité, ni faire un tour d’horizon complet de la problématique qu’il engendre dans les relations internationales contemporaines.

Différence entre arabe, musulman et islamiste

Tous les Arabes ne sont pas nécessairement des musulmans. « Arabes » est le nom du peuple qui habite l’Arabie, la région où l’on parlait arabe. Mahomet, ou Mohammad, est un Arabe de la région de La Mecque, né vers 570 et mort en 632. Il y a depuis le VIIe siècle de notre ère de nombreux Arabes qui ont accepté la confirmation de la Parole de Dieu faite à Mohammad et qui sont devenus des adeptes de l’« islam » (de la soumission à Dieu). Ce sont des musulmans (participe passé de la racine SLM, qui donne aussi le mot salam). Les Arabes musulmans ont créé à partir des VIIe-VIIIe siècles un véritable empire et se sont dispersés dans les divers pays conquis. Parmi les peuples conquis par les Arabes, les uns se sont islamisés sans s’arabiser (c’est-à-dire sans adopter l’arabe comme langue courante, par exemple les Turcs, les Iraniens); d’autres se sont arabisés linguistiquement, mais ne sont pas pour autant devenus musulmans (par exemple, les chrétiens du Liban, d’Égypte, de Palestine); d’autres se sont islamisés et arabisés, en particulier sous l’empire abbasside (750-1258), c’est-à-dire qu’ils ont adopté la religion musulmane, la langue arabe. De par leur conversion, ces derniers étaient considérés comme appartenant à la grande famille du Prophète, et dans bien des cas comme de véritables descendants des Arabes portant des noms arabes; Maxime Rodinson[1] (les appelle des « arabisés ». Cela veut dire qu’un Arabe n’est pas nécessairement un musulman (il y a entre autres des Arabes chrétiens), et que, parmi les musulmans, il y a plus des 4/5 qui ne sont ni Arabes de l’actuelle Arabie saoudite, ni descendant d’un émigré arabe, ni arabisés[2].

Tous les musulmans ne sont pas nécessairement des islamistes. Les musulmans sont ceux qui pratiquent cette religion qu’est l’islam. Il y en a environ 1,5 milliard dans le monde. Et disons en passant que les plus grandes concentrations de musulmans ne sont pas au Moyen-Orient, mais en Indonésie, en Inde, au Bengladesh et au Pakistan. Les musulmans sont ceux qui acceptent de fonder leur vie sur le Coran, sur la tradition du prophète Mohammad, et sur l’une ou l’autre des grandes interprétations de la Loi (ou shari‘a) que l’on en a tirées. Cela comprend les fameux cinq piliers (témoignage, prières, jeûne du ramadan, pèlerinage, impôt de partage), diverses croyances et toutes sortes d’autres prescriptions. Comme dans tous les groupements religieux, il y a des hommes et des femmes, des savants et des ignorants, des pratiquants et des non-pratiquants, des conservateurs et des libéraux, des réalistes et des idéalistes, des rêveurs et des pragmatiques, des personnes qui vivent dans l’indolence et d’autres dans l’urgence. On ne dira jamais assez que l’islam est un monde, que l’islam est un univers; et qui dit monde ou univers dit aussi différenciations, régionalisations, pluralité, etc. À côté des musulmans ordinaires (qui appartiennent en gros à deux grandes branches, les sunnites et les shi‘ites), on distingue un « islam radical » ou un islam extrémiste, ou encore un islam politique, qu’on a pris l’habitude d’appeler l’islamisme. Cet islamisme est en quelque sorte une radicalisation de l’islam, en réaction contre l’occidentalisation des pays musulmans. Il est né d’un rejet global au nom de l’islam d’un Occident qu’on n’arrive pas à comprendre, entre autres parce qu’il sépare la religion de l’état, un Occident que l’on stigmatise comme un monde matérialiste, un monde athée, un monde aux mœurs dépravées, un monde de familles éclatées, un monde de violence, un monde qui a réussi à pervertir même les classes dirigeantes de beaucoup de pays censément musulmans. Cet islamisme est, pourrait-on dire, le produit d’un grand désarroi devant une société qui change trop rapidement et qui semble devoir vous échapper à jamais[3].

L’Islam n’a rien à voir avec le terrorisme

Il existe de multiples formes de terrorisme, qui se distinguent par leurs objectifs politiques, leurs moyens, et les réseaux à leur disposition. Ainsi, certains groupes sont confinés géographiquement, tandis que d’autres, parce que leurs moyens le leur permettent et parce que la cause qu’ils défendent se veut plus messianique, sont plus universalistes. De nombreuses études ont été consacrées au terrorisme au cours de ces dernières années, qui dressent un tableau général des différents groupes en action. Ce n’est pas l’objectif de ce chapitre qui, à la lumière des événements de New York et de Washington le 11 septembre 2001, s’attarde sur les moyens dont disposaient les membres du réseau Al-Qaïda. Ce groupe puisant ses discours dans le Coran dont il fait une lecture erronée, il convient également d’analyser quelles en sont les racines, à la fois dogmatiques et historiques, et ce, dès les origines à l’islam. Ceci nous amène à s’écarter catégoriquement l’idée de tout lien entre l’islam comme religion, et les groupes terroristes qui se servent du Coran pour imposer leur dogme et recruter leurs fidèles. Ahmed Rashid note, à ce titre, que «  la perception occidentale a tendance à mélanger l’Islam, les talibans, et le terrorisme du groupe de O. Ben Laden ». Par ailleurs, les attentats suicides de kamikazes sont un fait nouveau, inauguré par le mouvement Hamas. Il convient ici d’en expliquer le principe et d’en rappeler les origines. C’est ce que nous tenterons de faire dans les lignes qui suivent.

La doctrine du jihadisme salafiste

L’œuvre de Mustapha Abd an-Qadir Setmariam Nasar (connu également sous les pseudonymes Abu Musab Al-Suri ou Umar Abd Al-Akim), une encyclopédie d’environ 16000 pages intitulé L’appel à la résistance islamique globale, est considéré comme l’un des ouvrages théoriques fondamentaux de la lutte jihadiste-salafiste. Certaines parties importantes ont été traduites et analysées par le chercheur norvégien Brynja Lia[4].

Membre des frères musulmans syriens, vétéran d’Afghanistan, ancien porte-parole des talibans, il fallut environ trois ans à Al-Suri pour écrire son traité dont certains concepts – notamment au niveau organisationnel – présentent de fortes similarités avec le concept de Beam. Les théories opérationnelles d’Al-Suri sont basées sur la prémisse que « l’organisation jihadiste centralisée et hiérarchisée est obsolète ». Comme Beam, Al-Suri attribue cela à un changement de contexte. Il ne s’agit pas d’un contexte national dans lequel un gouvernement aurait décidé de supprimer un mouvement, mais du nouveau contexte international, lié à la fin de la Guerre Froide et marqué par une lutte anti-terroriste accrue[5].

Comme le révèle Brynjar Lia, « Après la chute du Mur, le renforcement de la coopération anti-terroriste internationale a joué un rôle de détonateur et Al-Suri a commencé à répandre sa doctrine en argumentant que, du fait de cette coopération renforcée et de la fin de la Guerre Froide, il n’était plus possible de maintenir le modèle des tanzim, c’est-à-dire des organisations hiérarchiques régionales telles qu’on les avait connues jusqu’ici ». Alors qu’il constate l’échec des structures jihadistes hiérarchiques par le passé (et leur échec plus que probable dans le nouveau contexte international), Al-Suri met en évidence la nécessité et les avantages de ce qu’il appelle « l’école du jihad individuel et de petites cellules » (qu’il appelle également le « jihad du terrorisme individuel »). C’est de cette mouvance doctrinale qu’appartenaient les frères Saïd et Chérif Kouachi, auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015 ; tout comme Amedy Coulibaly, le preneur d’otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, le 9 janvier 2015.

Selon Al-Suri, « ces opérations spontanées – sans lien entre elles – accomplies par des individus et des cellules ici et dans le monde entier, ont semé la confusion au sein des services de renseignement locaux et internationaux, du fait que l’arrestation de membres de cellules dont les actions ont avorté n’influencent en aucune manière les activités opérationnelles des autres cellules à qui elles ne sont pas liées »[6].

Al-Suri propose la création ‘d’unités de la résistance globale islamique », c’est-à-dire d’unités similaires à des cellules de résistance sans leader liées entre elles par un nom (« label ») commun, une allégeance personnelle à Dieu, un programme politico-juridique, une doctrine et un objectif communs de résistance aux envahisseurs et à leurs alliés. Les unités de la résistance islamique globale sont composées soit d’individus isolés (loups solitaires), soit de petites cellules de deux personnes ou plus qui se connaissent et agissent en toute confiance. Al-Suri précise qu’«il n’existe en aucune façon un lien organisationnel entre les unités de résistance globale islamique sauf un programme commun de croyances, un système d’action, un nom et un objectif communs ». Al-Suri décourage également les liens entre le leadership idéologique et les cellules de résistance[7].

La mise en œuvre du « jihad du terrorisme individuel » prôné par Al-Suri a été illustrée par Al-Qaïda dans deux cas d’attentats perpétrés en mars 2004 à Madrid et juillet 2005 à Londres. Dans son rapport sur les attentats de Madrid, le juge espagnol Juan del Olmo note que « même si l’attaque a été revendiquée par Al-Qaïda, l’enquête a démontré que les attentats avaient été perpétrés par une cellule locale inspirée par Al-Qaïda, mais qui n’avait pas reçu d’ordres directs de la direction de l’organisation ».

La résistance sans leader

Selon Jeffrey Kaplan dans ses travaux de recherches sur l’extrême droite américaine : « La résistance sans leader » est « une opération impliquant un individu seule ou une cellule composée d’un (très) petit nombre d’individus qui s’engagent dans des actions violentes, souvent antiétatiques (mais pas nécessairement) indépendamment du soutien d’un quelconque mouvement, d’un quelconque leader ou d’un réseau de soutien »[8]. La tuerie dans un cinéma en Louisiane commise par John Russel Houser le 23 juillet 2015, les attentats de Madrid en 2004 ou l’attaque par Timothy McVeigh d’un bâtiment abritant le FBI en 1995 et qui fit plusieurs dizaines de victimes, illustrent le recours croissant à ce type d’action.

L’interprétation du Djihad Islamique

Il est inutile de faire ici un historique complet du djihad, qui désigne la guerre sainte de la religion musulmane. Toutefois, les origines de ce concept méritent que nous nous y attardions quelques instants, pour la simple raison que le djihad est à la fois le signe de ralliement, et le but ultime du terrorisme intégriste. Alors que les premiers guerriers de l’islam, regroupés derrière Mahomet, cédaient sous la force Mekkois à la bataille de Badr en 624, Mahomet aurait déclaré à ses homme «  Je le jure, par celui qui a ma vie entre ses mains, aujourd’hui, nul homme ne sera tué, tandis qu’il se bat vaillamment et par amour pour Allah, sans qu’Allah lui ouvre le Paradis ! »Ce discours eut pour effet de renforcer la détermination des troupes, et quelques compagnons du prophète se sont jetés vers l’adversaire, sans craindre la morts mais, au contraire, en la souhaitant.

Le Djihad n’est pas à la base une incitation à la guerre mais bien une réaction

La soumission totale à Dieu et à l’humanité est le fondement de la religion musulmane. Le Coran mentionne en effet le djihad, qui est « la lutte, l’effort tendu vers un but déterminé », et le chahid, le martyr de la foi ayant perdu la vie en servant Dieu, en tant que moudjahid. Par extension, on parle également du djihad fi sabil Allah, « l’effort sur le chemin de Dieu ». Toutes les guerres entreprises par Mahomet se situaient dans les perspectives d’effort personnel du croyant. Ainsi, enseignait-il : « Faites l’effort sur le chemin de Dieu contre ceux qui vous feront la guerre. Mais ne commettez point d’injustice en attaquant les premiers, car Dieu n’aime point les injustes ». Sous cet aspect, la guerre est une expression du djihad, et un moyen de soumission à l’ordre divin. Le djihad n’est donc pas une incitation à la guerre, mais un objectif quand celle-ci se présente, afin d’en tirer le meilleur parti. Mais le texte du Coran, particulièrement les sourates qui expliquent le djihad, ont été interprétées de diverses manières et, parfois, de façon belliqueuse et intransigeante.

Rapidement la lutte au nom d’Allah s’est accompagnée d’un esprit de sacrifice de la part des combattants. Le Djihad est devenu la dévotion la plus élevée par rapport aux autres actions d’allégeance à Dieu, et a fait des guerriers les principaux défenseurs du texte sacré de l’Islam. La sourate IX, verset 29, du coran recommande aux fidèles : « Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu ou au Jugement dernier, qui ne déclarent pas illicites ce que Dieu et son Envoyé (Mahomet) ont déclaré illicites, qui ne pratiquent pas la religion de vérité, alors qu’ils sont de ceux à qui le Livre a été donné – jusqu’à ce qu’ils aient payé la capitation et aient fait la soumission. »

Cette nouvelle conception de la guerre a influencé les techniques militaires du monde arabo-musulman au fur et à mesure que l’armée s’organisait. Cependant, la morale sous-jacente à l’esprit du djihad consiste à pratiquer le Bien en combattant le Mal, l’erreur, l’injustice, par tous les moyens, la lutte par les armes n’étant que l’aspect d’une attitude beaucoup plus générale et, à bien des égards, totalement louable.

Le Djihad mineur et le Djihad Majeur comme deux formes de la guerre sainte

Afin de mieux comprendre le concept de « guerre sainte » dans le monde arabo-musulman, il convient de distinguer le djihad mineur et le Djihad majeur.

Il existe différentes conceptions du djihad mineur. L’attitude des musulmans tend souvent à étendre l’islam par le biais de la persuasion), et à diffuser la révélation divine au moyen du Coran. Ce qui n’est pas sans rappeler ce que Joseph Nye a appelé le soft power[9] américain. Dans cette optique, lorsqu’un musulman est envahi (dar al-islam), c’est la communauté toute entière qui est concernée par l’agression. Dans le même ordre d’idée, la déclaration du djihad armé est préconisée lorsqu’un ennemi attaque les biens ou la famille. C’est en ce sens qu’est acceptée une conduite offensive du djihad[10].

De plus, le Djihad se distingue des autres préceptes de l’islam. En effet les 5 piliers – la profession de foi, la prière, le ramadan (jeûne), le pèlerinage à la Mecque et l’aumône légale aux pauvres – sont des devoirs individuels. Le djihad relève, quant à lui, du devoir collectif. Le refus pour une population de se soumettre à l’islam entraîne inévitablement la proclamation du djihad. Ainsi, on distingue les pays voisins non musulmans, qui sont des pays de guerre (dar al-Harb), et les différents territoires qui paient des tributs et sont régis par des conventions spécifiques (dar al-Sulh)[11].

Le djihad al-Kabir ou djihad majeur, est celui des « âmes ». Dans cette optique, la guerre et les guerriers se font des symboles de la bonne conduite religieuse. Le Djihad devient, pus qu’une attitude, un état d’esprit de celui qui lutte contre ses passions. Ainsi, le sens commun du djihad est la transformation intérieure de l’homme, sa réalisation spirituelle, dont la finalité est l’abandon de l’individu dans la divinité : « Il n’y de Dieu que Dieu ». La transformation du djihad se caractérise donc par le passage de la lutte contre l’infidèle à la lutte contre soi-même, c’est le grand djihad. Le djihad est intériorisé, et passe par la recherche de la purification de ‘âme : « Aucun de vous ne sera croyant tant qu’il n’aura pas assujetti ses passions à ce que j’ai apporté ». D’où l’idée de transcender les guerres extérieures, en les présentant comme un prolongement du djihad intérieur[12].

En d’autres termes, la lutte intérieure mène à l’unification de l’âme et à la soumission à Dieu, tandis que la lutte extérieure doit étendre ce concept au monde. Ainsi, l’armée dans les premiers empires musulmans était-elle composée de volontaires, car les combattants sont les soldats de Dieu. Selon Al-Muttaki (1477 – 1567)[13], participer au djihad est le devoir de tout musulman, qui bénéficie de la légitimation de la guerre par Dieu. Mais prendre part au Djihad ne consiste pas forcément à combattre, cela peut également se manifester en une aide au moudjahid, car « celui qui équipe le guerrier dans le djihad aura la même récompense que lui ». Le djihad doit également être considéré comme un devoir commun de la communauté arabo-musulmane, plus qu’une obligation pour chaque fidèle. Jacques Ruelland remarque, à ce propos, que « le djihad est considéré comme une obligation collective qui ne devient individuelle que dans la mesure où la participation de chaque individu en particulier est requise pour réaliser le but voulu par la loi »[14].

Par ailleurs, les premières interprétations du Coran et de la définition à donner au djihad ont mis en avant la nécessité de trouver des alternatives au combat, et de chercher à contourner l’adversaire pour le battre sur ses points faibles. Pour Al-Bokhari (né en 810), l’effort du djihad n’est pas de souhaiter la confrontation avec l’ennemi, mais si la rencontre reste inévitable, « le paradis est à l’ombre des sabres ». De fait, la mort est mise en valeur comme but ultime, le moyen d’accéder au paradis d’Allah. Ces thèmes se sont développées avant même que la civilisation islamique ne se mette en place. Ainsi, le poète arabe Zuhar Ibn Sulma notait que « celui qui craint la mort d’où qu’elle vienne, et même s’il veut monter par une échelle au ciel, la mort l’abattra »[15].

Cette conception a eu pour effet, dans les premiers temps de l’expansion arabe, d’inciter les chefs militaires à utiliser des techniques asymétriques de combat, consistant essentiellement à multiplier les raids, mais refusant les attaques rangées, car difficiles à mettre en place. Edmund Bosworth note qu’aux origines « les forces arabes comprenaient des groupes numériquement minces, mais très mobiles, montés sur les chameaux ou des chevaux, qui rayonnaient dans les déserts de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient jusqu’aux plateaux arménien et iranien, dépassant souvent les points ou les villes fortifiés, et ne revenaient que pour réduire ou recevoir leur addition volontaire »[16]. On retrouve la même caractéristique avec la conquête mongole, dans la région, quelques siècles plus tard.

Le lien entre le djihad et le terrorisme pratiqué

Le lien entre le djihad et le terrorisme pratiqué par Al-Qaida, ou d’autres groupes terroristes intégristes, s’explique par l’aspect messianique des attentats, mais également par leur nature. Considérant que l’action répond à une logique religieuse et retranscrite dans le Coran, les terroristes islamistes estiment que leurs actions répondent à un ordre directement dicté par Allah Le 23 février 1998, le Front islamique mondial a diffusé la déclaration suivante : « Nous dressons l’édit (fatwa) suivant à tous les musulmans : l’ordre de tuer les Américains et leurs alliés – civils et militaires – est pour tout musulman un devoir dont il peut s’acquitter dans tout le pays et partout où cela est possible. Avec l’aide de Dieu, nous demandons à tous les musulmans qui croient en Lui et qui désirent être récompensés de se conforment à l’ordre donné par Dieu de tuer les Américains et de piller leur argent à tout moment et en tout lieu ».

Ousama Ben Laden lui-mêle a déclaré, par le biais d’une cassette vidéo diffusée sur Al-Jazeera le 7 octobre 2001, au début de la campagne militaire en Afghanistan, que « Dieu a béni un groupe d’éclaireurs musulmans, fer de lance de l’Islam, pour détruire l’Amérique ». En utilisant le djihad, tant comme objectif que comme mode d’action, les groupes radicaux intégristes sont en mesure de recruter des « martyrs » parmi des fidèle, souvent désoeuvrés, en vue de les endoctriner pour les pousser au suicide.

Aux origines, il y avait ceux qu’on appelait : « Les Assassins »

Les nombreuses descriptions du groupe Al-Qaïda et ses membres, mais également des talibans, ont permis le rapprochement avec les Assassins, secte religieuse qui s’est développée  à la fin du XIe siècle, dans la région montagneuse au nord de l’Iran actuel Ces chiites ismaéliens, adeptes d’un islam en mare, en fermement opposés au pouvoir de Bagdad, multipliaient les incursions sans qu’il soit possible de les combattre de façon efficace ce n’est qu’avec l’invasion mongole au XIIIe siècle que les Assassins ont été définitivement anéantis, pour la simple raison que les moyens faisant leur force n’étaient pas efficaces contre les groupes de cavaliers mobiles de la horde venue des steppes d’Orient et du haut plateau de l’Altaï[17].

Un peu à la manière d’Oussama Ben Laden, déchu de la nationalité saoudienne et expatrié en Afghanistan, le fondateur des Assassins, Hassan, avait été contraint de fuir l’Egypte, et avait trouvé refuge au nord de l’Iran. L’historien Georges Peyronnet, racontant les origines de la secte, explique que «  le fondateur est un missionnaire ismaélien persan, Hassan, expulsé d’Egypte par un calife fatimide à la fin du XIe siècle. Avec un groupe de disciple, il revint alors en Iran et s’empara, dans le nord du pays, de la forteresse d’Alamout (1090), position très stratégique qui devint son quartier général ». C’est à partir de cette forteresse difficilement accessible qu’Hassan est entré en dissidence, avant de recruter des hommes dévoués et partageant la même folie meurtrière.

Les Assassins sont disciplinés et obéissent fidèlement à leur chef, pour qui ils sont prêts à tout. François-Bernard et Édith Huyghe notent, sur ce point, que «  loin de craindre la mort, les adeptes la cherchent avec joie et prennent tous les risques pour exécuter ceux que leur chef a condamnés ». Récompense de leurs mérites, la mort n’est pas, comme chez leurs adversaires, à éviter mais, au contraire, le but ultime de leur quête. Les Assassins ont été connus en Europe par le biais des croisades, sans pour autant que les Occidentaux n’aient eu à les combattre. Mais ce culte du chef, qui a été mis en avant pour caractériser leur croyance, ne se retrouve pas de façon aussi marquée dans les textes arabes de la même époque. Albert Hourani remarque ainsi que «  des échos de ismaéliens, ramenés en Europe au temps des croisades, sont à la source de la dénomination d’Assassins de l’assertion – inconnue dans les documents arabes – selon laquelle ils vivaient sous l’empire absolue du Vieux de la montagne ». Dans le Livre des Merveilles du Monde, Marco Polo nous dresse une étonnante description des Assassins et de l’un de leurs derniers chefs, Ala-ed-din Mohammed[18] :

« Quand il veut faire tuer un grand seigneur, le Vieux fait un choix parmi ses Assassins, prenant celui qui lui paraît le meilleur, et lui dit : ″Va et tue telle personne ; au retour, je te ferai porter dans le paradis par mes anges ; s’il t’arrive de périr dans cette expédition, je commanderai à mes anges de te ramener au paradis″. Ainsi, il les convainquait, et ils lui obéissaient aveuglément, ne reculant devant aucun péril, tellement ils avaient envie de retourner au paradis. En agissant ainsi, le Vieux fit tuer tous ceux qu’il voulait. Les seigneurs le redoutaient extrêmement et, pour avec lui paix et amitié, lui payaient un tribut. »

Parmi les sources de revenu permettant de financier les opérations et la vie des Assassins, les chefs proposent des services comparables à ceux des mercenaires ou des tueurs à gages. Ce sont les Assassins qui prennent tous les risques, mais ce sont leurs chefs qui en tirent profit. Ainsi, «  les Assassin se louent comme tueurs à gages, et deviennent des terroristes-mercenaires d’élite dont les services sont payés fort cher au chef de la secte ». La mention de « terroriste » n’est pas anodine, la force des Assassins étant précisément de terroriser les populations civiles ainsi que leurs adversaires, en grande partie grâce à leur détermination et leur courage face à la mort. Selon Antoine Boustany, « on peut affirmer que ces hommes ont été les premiers terroristes de l’histoire, et qu’ils en ont fait un moyen et un mode d’action ».[19]

Une des autres caractéristiques du mouvement des Assassins repose sur leur incapacité à s’emparer de façon durable des villes et villages. Ils procédaient par attaques ciblées et expéditives, puis se repliaient dans les montagnes, où ils étaient pratiquement invincibles grâce à leur connaissance du terrain et à la difficulté pour armées nombreuses et organisées de se déplacer. Ce refus d’occuper le territoire faisait la force des Assassins, car si ceux-ci étendaient leur champ d’action, leur visibilité n’en était pas atteinte, et leur capacité de résistance n’était pas, comme celles des empires, diminuée au fur et à mesure que les victoires s’enchaînaient. Ainsi, en dehors de leur forteresse d’origine, et un peu à la manière des hommes de O. Ben Laden, les Assassins étaient difficilement décelables, car ils se déplaçaient en permanence et refusaient de s’implanter, ce qui aurait causé leur perte face aux puissantes armées des Fatimides. Sans en conclure que O. Ben Laden et ses hommes s’inspirent des techniques de leurs aînés, ces éléments de comparaison nous permettent de comprendre le fonctionnement interne d’Al-Qaïda.

Genèse de l’Al-Qaïda

Al Qaïda serait né vers les années 1989 comme une organisation co-dirigée par Ussama Bin Laden et un palestinien ayant bénéficié de l’aide financière des américains pour servir d’intermédiaire financier et logistique aux rebelles (mudjahiddines) afghans.

Avec le retrait des Soviétiques d’Afghanistan en février 1989, Les djihadistes ont voulu poursuivre le combat jusqu’à la prise du pouvoir à Kaboul. Cependant, les États-Unis qui ont atteint leur objectif stratégique d’éloigner les russes de cette zone névralgique, et l’Arabie saoudite, arrêtent le financement et le soutien logistique massif des moudjahidines en 1990. D’où sa déception car se sentant trahi par les américains. A son retour en Arabie Saoudite, il sera accueilli comme un héros et fera le tour des écoles, mosquées, universités pour expliquer son djihad contre l’armée soviétique.

Lors de la Guerre du Golfe, Bin Laden proposera au roi Fahd d’Arabie Saoudite ses services et sa milice pour contrer une éventuelle invasion irakienne. Le Roi refusera cette offre et préfèrera ouvrir son territoire aux GI’s américains. D’où la réaction de Bin Laden l’accusant d’autoriser les infidèles à « souiller le sol sacré » de l’Arabie saoudite et de Mahomet. Les critiques acerbes de Bin Laden et son opposition farouche au pouvoir royal sunnite saoudien l’amèneront à s’allier avec les régimes shiites iraniens et les syriens, stratégiquement opposés aux saoudiens. Cela lui vaudra la déchéance de sa nationalité saoudienne et l’interdiction de séjour en Arabie saoudite. D’où son exil vers l’Afrique au Soudan entre 1992 et 1996 et le début de son jihad.

Les Oulémas

Plutôt qu’oulémas, ou encore « ulémas », on devrait écrire : oulamas. Le mot n’est en effet que la transposition en français de l’arabe ‘ulamā’, pluriel de ‘ālim, « savant ». Déjà présent dans le Coran en un sens général, ce terme a progressivement reçu dans l’islam une acception technique. Très tôt sans doute, il désigne l’homme qui a acquis le « savoir » fondamental dans la communauté, c’est-à-dire la connaissance matérielle du Coran et des traditions prophétiques. Le « savant » est alors distingué du faqīh, l’homme capable de pénétrer, apprécier et appliquer judicieusement ces données du « savoir ». Mais dans l’islam classique, et jusqu’à nos jours dans les milieux traditionnels, on entend plus largement par oulémas tous les savants en sciences religieuses, sciences qui se polarisent sur le fiqh au sens restreint, autrement dit le droit musulman[20].

Les premiers oulémas, vers la troisième génération de l’islam, ont d’abord émergé dans la communauté comme un groupe spécifique assez mal délimité. Longtemps issus du petit peuple, ils ont toujours conservé la faveur des masses populaires. Les circonstances de leur apparition restent un problème majeur pour l’historien de la religion musulmane : car leur existence et leur évolution commandent le développement du droit musulman, et aussi du ḥadīth. Une tradition, consignée dans les recueils canoniques et citée à l’envi par tous les auteurs, n’hésite pas à dire : « Les savants sont les héritiers des prophètes. » L’autorité des oulémas, « interprètes qualifiés de la conscience religieuse » (Schacht), ira jusqu’à balancer celle des califes. À l’époque actuelle, comme au moment de toute crise, les musulmans se tournent de nouveau vers leurs oulémas. Parfois liés aux mouvements islamistes, souvent hostiles à ceux-ci, toujours opposés aux modernistes de toute tendance, ils conservent une grande influence. Depuis un siècle, plusieurs associations ou collèges ont pris leur nom et répandu leur action[21].

 

Les-Frères-musulmans-lors-dune-conférence-de-presse-au-Caire-après-larrestation-de-leur-guide-suprême-le-20-août-2013-REUTERS/Youssef Boudlal

Les frères musulmans

L’Association des Frères musulmans est née à Ismaïlia, en Égypte, en 1928. Son fondateur, Hasan al-Bannā’, n’est pas un ouléma, mais un simple instituteur très affecté par la domination anglaise sur son pays et les influences, jugées corruptrices, de l’Occident matérialiste. Sa prise de conscience de la nécessité d’une renaissance islamique en Égypte s’inscrit dans la postérité intellectuelle des réformistes musulmans, pour qui le principal remède au déclin des sociétés arabes réside dans le retour au modèle des pieux ancêtres. Mais la pensée de Bannā’ introduit une rupture dans la tradition sunnite en faisant du pouvoir politique l’un des piliers de l’islam. Cette politisation nouvelle de l’islam a nourri depuis lors l’ensemble de la mouvance islamiste[22].

Les Frères musulmans entendent instaurer le règne de la Loi de Dieu (shari‘ā). Leur mot d’ordre fondamental : « Le Coran est notre Constitution », implique le recours aux rares notions politiques contenues dans le Livre. Ainsi le pouvoir exécutif sera-t-il confié à un calife émanant de la communauté (umma) qui devra prendre conseil (shura) auprès d’un certain nombre de ‘ulama et de notables. En matière économique, les Frères prônent l’interdiction de l’usure et le remplacement de l’impôt sur le revenu par l’aumône légale (zakat). Le puritanisme qu’ils revendiquent rejette la mixité, l’alcool et les jeux de hasard. Les Frères attachent du reste plus d’importance à la réforme morale de la société qu’à l’élaboration d’un véritable programme politique, comme si la seule vertu des hommes garantissait le fonctionnement harmonieux de la communauté[23].

Le Hezbollah Iranien

Né en 1982, ce mouvement islamiste radical est considéré comme un rejeton de la révolution islamique iranienne. Ce mouvement politico-militaire prône la revendication de la lutte armée, y compris le recours au terrorisme, et l’existence de puissantes milices. Le Hezbollah est une épine dans la stratégie américaine en Afrique. Il dispose d’un soutien des libanais expatriés et des analystes pensent que ceux établis en Afrique subsaharienne – particulièrement en RDC où ils contrôlent des secteurs entiers de commerce, des mines et de l’immobilier- apportent une contribution financière considérable pour soutenir les actions des milices islamiques et autres terroristes. En effet, Le Hezbollah profite de l’importante communauté libanaise expatriée pour tisser ses réseaux à l’étranger. Très présent sur le continent africain, sud-américain, ce mouvement est capable d’apporter une aide logistique, financière via des réseaux bancaires voire opérationnelle, à des actions terroristes qui pourraient viser les intérêts occidentaux sur ces continents ou au départ des Etats faibles comme la RDC.

Il semble que les Libanais ont créé la Solidaire Banque qui engrange toutes les opérations financières portant sur les matières précieuses – cette banque ayant été notamment créée par le réseau de Libanais œuvrant dans le commerce de diamant. Dans le giron de la communauté libanaise, il faut compter également avec le groupe Soficom. S’étant au départ spécialisé dans les opérations de transfert des fonds, le groupe Soficom s’est diversifié par la création notamment de sa branche bancaire, Sofibanque.

Différence entre Moudjahiddines et talibans

Il ne faut pas surtout confondre Moudjahiddines et Talibans (= étudiants), une constellation des mouvances disparates établis dans la chaîne des montagnes pachtounes entre l’Afghanistan et le Pakistan et prônant le fondamentalisme musulman à des finalités et variantes différentes…

Le mouvement taliban, né en 1994 alors que la guerre civile faisait rage en Afghanistan, est en guerre permanente depuis sa création.

Le « talib » est celui qui étudie la religion. Les talibans étaient donc des étudiants pachtounes, l’ethnie majoritaire du pays, partis dans les madrasas, écoles coraniques, au Pakistan voisin pendant la guerre contre les soviétiques. Les talibans appliquent une doctrine née en Asie au XIXe siècle, le mouvement deobandi ; une école de pensée musulmane sunnite, très présente en Asie du sud (Pakistan, Inde et Afghanistan). Inventé par des clercs conservateurs et traditionalistes en Asie, il prône l’établissement de la sharia, la loi islamique. De retour en Afghanistan, abreuvés d’un islam rigoriste et violent, les talibans se lancent dans la conquête de Kaboul. Ils prennent d’ailleurs la capitale en 1996[24].

Au cours de la guerre froide, à la suite de son invasion le 24 décembre 1979 par l’armée soviétique, l’Afghanistan, fut l’un des terrains de confrontation indirecte entre l’URSS et les États-Unis qui, via l’Opération Cyclone de la CIA, ont dépensé 3,3 milliards de dollars et l’Arabie saoudite presque autant durant les dix ans (1979-1989) de la guerre d’Afghanistan, pour alimenter la résistance antisoviétique et anticommuniste, incarnée par les moudjahiddinnes de Oussama Bin Laden dans un premier temps, puis du commandant Massoud par la suite. A l’époque, Les USA soutenaient, comme maintenant le Pakistan pour contrer l’Inde (le fer de lance du mouvement des pays non alignés, soutenus par l’URSS). Pour isoler le Pakistan, l’URSS a investi l’Afghanistan. D’où la naissance du mouvement des Mudjahiddines dont le commandant Massoud (tué 2 jours avant le 11 sept 2001) par des journalistes détenteurs de faux passeports belges, aidés par un certain Tarek Maroufi[25], dont j’ai assuré la guidance socio-judiciaire pendant qu’il portait le bracelet électronique entre 2007 et 2008 en Belgique.

A la tête de plusieurs milliers d’hommes, le commandant Massoud va conquérir Kaboul le 9 avril 1992 et devient ministre de la défense en mai. Un gouvernement issu de la coalition des mouvements de résistance afghane contre le pouvoir pro-russe prendra le pouvoir de 1992 à 1995. Mais les dissidences internes, comme souvent c’est le cas dans pareilles coalitions, pousseront Massoud à démissionner. C’est alors qu’entre 1994 et 1996, les fondamentalistes talibans, appartenant à l’ethnie pachtoune, une ethnie majoritaire en Afghanistan et bien implantée au Pakistan, deviendront les maîtres de Kaboul, avec le soutien de l’armée pakistanaise. Ils vont dès lors instaurer une dictature fondamentaliste. Ces fondamentalistes talibans, adeptes de la doctrine salafiste (ou le Wahhabisme qui est une idéologie dogmatique radicale musulmane fondamentaliste d’origine saoudienne) contrairement au mouvement pro-américain de Massoud, prôneront ensuite le Djihad (=guerre sainte).

C’est en 1996 que les talibans seront rejoints par Oussama Bin Laden (saoudien d’origine yéménite), pourchassé par l’Arabie Saoudite et après un séjour en Arabie Saoudite (d’où la présence des mouvements djihadistes faisant allégeance à Al-Qaïda dans la corne d’Afrique, dont le mouvement El-Shaabab, implanté jusque dans le Sud-Soudan, voire aux confins du Soudan, Ouganda et Nord-Est de la RDC et même signalé dans les environs du Burundi, avec des possibles incursions dans l’Est de la RDC pour s’approvisionner). C’est à ce moment que Bin Laden va déclarer le djihad contre les Américains.

Le terrorisme est un moyen de combat au même titre que la guérilla

C’est quoi le terrorisme ?

Il n’existe pas de définition unique du terrorisme. Personne n’accepte ce qualificatif. Ceux qui sont décrits comme terroristes par les uns se considèrent eux-mêmes comme des résistants. C’est le cas par exemple des combattants de l’Etat islamique. Ce qui caractérise la guerre est l’emploi de la violence, c’est-à-dire qui opère des destructions physiques et psychologiques sur des personnes, mais toute violence n’est pas guerre. Ainsi, la guerre peut se définir d’abord comme un acte collectif, se distinguant en cela du duel ou du crime, et plus précisément comme le fait d’une collectivité organisée = l’Etat[26].

Dans le langage usuel, le mot « terrorisme » présente une connotation péjorative. Il convient dès lors d’en donner une définition aussi neutre que possible. Celle donnée par Raymond Aron et reprise par Gérard Chaliand pose qu’une action violente est terroriste lorsque ses répercussions psychologiques dépassent de très loin ses effets physiques et matériels. La dimension psychologique soulignée dans cette définition peut être sujette à contestation et pourrait s’appliquer à des actions non voulues comme terroristes. Utilisée sans référence au contexte d’action et aux acteurs (ce que n’ont fait ni Aron ni Chaliand), elle risque de retomber dans le normatif pur. On peut alors préférer la définition de Derriennic qui considère comme « terroriste toute action violente qui tente de vaincre un ennemi, non en visant ses moyens d’action pour les neutraliser ou les détruire, mais en tentant de produire un effet de terreur qui agit directement sur sa volonté de poursuivre la lutte ». Cette thèse soutient alors que, en dehors de ses formes gouvernementales, le terrorisme est passé, dans ses grandes manifestations, de l’assassinat politique à l’assassinat de masse ou indiscriminé[27], et que la philosophie de l’histoire qui le sous-tend – si tant est qu’il s’agisse d’une philosophie – a été radicalisée pour donner, par une combinaison de ces deux dimensions, un terrorisme hyperbolique[28].

Il y a pourtant une différence de taille et des idées-reçues qu’il faille ôter de notre compréhension de cette notion : le terrorisme n’est pas une puissance, c’est un moyen d’action. Il y a un grand décalage être les dégâts causés par le terrorisme et l’ampleur des réactions qu’il suscite. C’est parce qu’un attentat peut survenir en tout endroit à tout moment qu’il suscite autant d’angoisses disproportionnées face à la réalité de la menace. Il peut éventuellement frapper les citoyens de tous les pays dans l’exercice de gestes de la vie quotidienne, dans les transports, les écoles les magasins, etc. Le terrorisme brise la distinction combattant/non combattant. Il fait du monde entier un champ de bataille universel. Le nombre de morts qu’il occasionne est relativement limité, mais son territoire éventuel d’action et ses cibles sont illimités[29].

Téhéran a montré dans le passé qu’à défaut d’armes de destruction massive, il ne répugnait pas à recourir au terrorisme d’Etat car c’est en quelque sorte « l’arme du faible contre le fort » dans la guerre dite asymétrique. L’Iran en a les moyens humains, techniques et pratiques grâce à ses réseaux qui couvrent une grande partie de la planète. Si un bras de fer sévère s’engage vraiment entre les Occidentaux et la république théocratique, il est très probable que des opérations terroristes seront déclenchées comme moyen de rétorsion. L’identification formelle du commanditaire sera difficile à faire car les services iraniens sont passés maîtres dans le domaine du brouillage de pistes en utilisant des mouvements qui servent d’écrans de dissimulation. La dernière affaire de tentative d’assassinat d’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis en 2012 en est une illustration[30].

Terrorisme, qui ont également connu d’importantes évolutions. Pour autant, les objectifs recherchés par les terroristes sont restés les mêmes. Comme l’a noté Paul Rodgers, du Centre pout la protection de l’infrastructure nationale au FBI, « bien que ses objectifs et moyens aient évolué au cours de l’histoire, les effets principaux du terrorisme – la peur, la panique, la violence et le désordre – n’ont guère changé ». Rien de nouveau donc, si ce n’est le résultat «massif », et la riposte militaire, dans le cas des attentats du 11 septembre 2001. Les objectifs, le recrutement, la préparation et les moyens utilisés sont en tous points semblables à d’autres attaques terroristes. La cible et les conditions optimales atteintes dans le déroulement des opérations – mais étaient-elles prévues ? – font du 11 septembre 2001 une série d’attaques à part, ce qui est loin d’être le cas pour les attentas eux-mêmes.

Samuel Huntington et son choc des civilisations qui inspira Georges Bush dans sa guerre contre l’axe du mal

Le nouvel ordre mondial, cher à George W. Bush, né de l’effondrement des régimes communistes en Europe de l’Est, n’a pas a eu pour effet La Fin de l’Histoire tel qu’interprété par Francis Fukuyama. Mais sa conséquence géopolitique a engendré une nouvelle catastrophe historique, celle du « choc des civilisations » conceptualisé par Samuel Huntington. En effet, lorsque George Bush est devenu, le 20 janvier 1989, le 41ème président des Etats-Unis d’Amérique, il était conscient qu’un « gigantesque travail l’attendait » sur la scène internationale mais il ne pouvait pas prévoir qu’un nouvel ordre mondial émergerait aussi rapidement. Ce n’est que deux ans plus tard, le 6 mars 1991, devant les deux chambres du Congrès réunies, qu’il prononce pour la première fois l’expression « nouvel ordre mondial », consécutif à l’effondrement du bloc communiste et à la guerre du Golfe. Fin de l’histoire, selon Francis Fukuyama ou nouveau concert de puissances, la victoire de l’Occident a surtout été celle des idées libérales et de Washington, son chef de file[31].

Cependant, cette fin de l’histoire tant vantée par Fukuyama, marquée par le triomphe du néolibéralisme et qui devrait consacrer la fin des guerres semble de courte durée si l’on en croit Samuel Huntington apologiste du clash des civilisations, qui embrase actuellement le Moyen-Orient et des pans entiers du continent africain. Le stratégiste américain et ancien conseiller à la sécurité nationale du président américain Jimmy Carter entre de 1977 à 1981 Zbigniew Brzezinski[32] considère Samuel Huntington comme un des politologues majeurs de la guerre froide. Selon lui, Huntington a cherché à désigner dans le monde post-guerre froide les adversaires des Etats-Unis. Dans un retentissant article, paru en 1994 dans Foreign Affairs, consacré au « Choc des civilisations », Huntington affirmait que, dans le nouvel ordre international, les oppositions s’exprimeraient entre les civilisations et que les adversaires de demain seraient les «islamo-confucéens », hypothèse qu’il développait dans un livre par la suite. Le paradigme le plus important pour comprendre le monde de l’après-guerre froide serait donc le choc des civilisations et, parmi celles-ci, Huntington en dégage deux, selon lui intensément hostiles à l’Occident, les « islamo-confucéens », c’est-à-dire les musulmans et les peuples où le confucianisme joue un rôle culturel déterminant : Chine, Viêt-nam, Corée[33].

Mais cette menace islamique ne s’est pas contenue dans le monde arabe, elle s’est déversée en Afrique qui est devenue un repaire des mouvements terroristes : Boko Haram (Nigeria, Cameroun, RCA, Tchad…), Al-Shabaab (Corne de l’Afrique, Soudan, Est-Afrique…), AQMI (Tunisie, Algérie, Niger, Mautitanie, Mali, Burkina Faso…). Hybridation des menaces sécuritaires : Terrorisme, rébellion et trafics (humains, armes et drogues).

Le terrorisme comme l’indécelable arme du pauvre

Les guerres suscitent souvent une rancœur parmi les vaincus, qui n’ont alors de cesse de se venger des traités jugés inégaux. L’exemple le plus significatif est celui de la Première Guerre mondiale. En effet, la signature du traité de Versailles, en 1919, a eu pour effet de provoquer un sentiment d’amertume chez les vaincus. Ce sentiment d’exclusion a, en grande partie, favorisé la montée du nazisme en Allemagne et par conséquent, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Conscients des erreurs du passé, les vainqueurs de 1945 ont fait tout leur possible pour éviter que cela se reproduise, et que l’Allemagne et le Japon ne se sentent écartés de la communauté internationale Cependant, le problème n’était pas réglé pour autant Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, les vaincus se sont trouvés exclus du commerce international. C’est ainsi que, par exemple, l’Irak se trouve depuis 1991 en marge des échanges internationaux, et voit la pauvreté gagner du terrain[34].

Tant que cette exclusion touche des États, elle est facilement indentifiable, du fait que ses effets sont plus mesurés. De même, la population rend, en premier lieu, les autorités politiques en question responsable, et quand elles parviennent à mobiliser derrière elles les troupes, le pas est encore davantage mis au ban de la communauté internationale. Avec la mondialisation, la guerre ne touche plus les États, mais les groupes sociaux à l’intérieur de ceux-ci, faisant apparaître des déséquilibres au sein des vaincus, mais perdent maison, familles et travail, tandis que d’autres retrouvent leur logis, mêmes s’ils partagent les mêmes convictions et font partie du même camp.

De façon générale, les conséquences des conflits contemporains sont plus difficilement identifiables, ils provoquent parfois d’invisibles fractures dans la société, aux effets pourtant majeurs. Là où la guerre est passée, règne la misère, l’exclusion, et un fort sentiment de frustration qui ne demande qu’à se manifester par la violence. C’est ainsi que les guerres répétées en Asie centrale ont eu pour effet de constituer une catégorie d’exclus n’ayant d’autre solution que de provoquer d’autres guerres, seul moyen de leur apporter, ou leur rendre, ce qui leur manque, à savoir de quoi survivre et rester dignes. Les guerres civiles, très nombreuses dans les vingt dernières années, trouvent leur origine dans la frustration ou la peur. Tout d’abord, le sentiment d’infériorité de groupes d’individus se considérant eux-mêmes moins riches, moins moins civilisés, ou moins évolués, va les conduire à compenser ce manque par l’agression de leur voisin direct. Il s’agit là d’une cause à la fois économique et culturelles, mais surtout sociologique. Le sentiment d’imperfection et de faiblesse est générateur de violence, il peut être à l’origine d’une véritable guerre civile quand il est partagé par un groupe plus important. Les guerres peuvent également être provoquées par un sentiment de frustration ou d’exclusion. La frustration résulte d’un manque de participation au développement à l’intérieur d’un territoire, ou de l’absence de droit à l’expression. Les groupes ethniques indésirables peuvent être la cible de l’exclusion. Dans ces conditions, l’usage de la violence apparaît comme la seule alternative permettant de se faire écouter. Les aspirations palestiniennes, restées sans écho, ont été à l’origine de la violence en Israël. De même, la frustration du FIS, privé de ses droits électoraux a déclenché une importante vague de violence en Algérie à partir de 1992. La guerre civile révèle souvent la volonté d’un groupe politique de se débarrasser du pouvoir en place, jugé illégitime. C’est souvent le cas lorsque le régime est de type dictatorial, que le multipartisme n’est pas toléré que les richesses sont mal redistribuées ou, enfin, lorsque certains groupes ethniques sont exclus de la vie politique ou, du moins, mal représentés[35].

Avec la traité de Westphalie – le premier, notons-le, à ne pas faire référence à Dieu – les Européens abandonnèrent massivement la religion comme prétexte de leurs massacres pour se tourner vers des raisons plus « éclairés » de s’entre-tuer. Dans le monde musulman cependant, le même phénomène survint beaucoup de tardivement ; et encore, sur une échelle bien plus limitée. Le Coran divise le monde en deux parties – dar el Islam (la Maison de l’Islam) et dar al Harb (la Maison de l’Epée) – censées être en perpétuel conflit. Les sectes islamiques actuelles se différencient selon l’importance qu’elles accordent au Jihad par rapport aux autres devoirs religieux ; dans l’ensemble toutefois, tout musulman adulte de sexe masculin, libre et en pleine possession de ses moyens, est considéré comme lié par un devoir de combattre et de mourir pour la plus grande gloire d’Allah ; la seule question qui se pose est de savoir si les Infidèles peuvent bénéficier d’une trêve, même temporaire. Parmi les anciens érudits coraniques, nombreux étaient ceux pour qui les Arabes conquérants avaient le droit de mettre à mort les habitants des pays occupés s’ils ne se convertissaient pas à l’Islam. En pratique, la possibilité de se rendre leur était souvent offerte ; après quoi ils devaient acquitter une taxe spéciale et acquéraient un statut de communautés protégées bien qu’inférieures[36].

Au cours des premières décennies qui suivirent la naissance de l’islam, l’unité du monde musulman passait pour intangible sous l’autorité de son calife et son domaine ne cesserait de s’étendre jusqu’aux limites de la terre. En conséquence, le Jihad était finalement la seule forme de relation acceptable entre croyants et Infidèles. Il en alla toutefois autrement, et d’autres types de guerre apparurent. La nécessité s’imposa d’envisager une possible coexistence prolongée avec des entités politiques non musulmanes comme Byzance, ainsi que la perte éventuelle de territoires sous contrôles musulmans, comme ce fut le cas pour la première fois au cours du XIe siècle lors de l’occupation de la Sicile par les Normands. A partir du XIIe siècle et après, fleurit alors toute une littérature, de caractère mi- religieux, mi- juridique, qui cherchait seulement à définir l’attitude des musulmans vis-à-vis des non musulmans et dans quelles circonstances. Certains érudits allèrent même si loin qu’ils inventèrent une troisième catégorie de protagonistes, situés à mi-chemin entre le dar el Islam et dar el Harb et inclus dans le dar al sulh, lequel désignait des États qui, sans avoir adhéré eux-mêmes à la foi musulmane, entretenaient des relations diplomatiques avec ses représentants[37].

Le concept de Jihad se heurta à des obstacles plus graves toutefois lorsque le monde musulman se scinda en divers États rivaux qui, à leur tour, interprétaient diversement le dogme coranique. Il devint alors nécessaire d’établir une distinction entre deux types de guerre au moins : celui mené contre les Infidèles d’une part, et celui qui concernait des coreligionnaires d’autre part. Ce dernier type de guerre se divisa à son tour en trois catégories sous l’inspiration de l’érudit Al-Mawradi qui, au XIe siècle, servait le calife de Bagdad ; la première contre les apostats (ahl al ridda), la seconde contre les rebelles (ahl al baghi) et la troisième contre ceux qui avaient répudié l’autorité du chef spirituel (al muharabin). Chacune était censée faire appel à des moyens différents et impliquer un autre faisceau d’obligations envers l’ennemi. Ainsi, les prisonniers muharabin n’étaient pas exécutés, leurs maisons n’étaient pas brûlées et leurs arbres n’étaient pas abattus, puisqu’ils passaient pour appartenir au dar el Islam inviolé[38].

Comme le judaïsme et le christianisme, l’islam élabora des procédures détaillées pour mener le Jihad. Les Infidèles étaient d’abord invités à se convertir à l’islam ; toutefois, le nombre de ceux qui avaient déjà refusé lors d’une précédente occasion était si important qu’ils étaient considérés comme prévenus et pouvaient s »exposer à une attaque surprise. La déclaration de guerre perdait son utilité lorsque la requête en conversion portait atteinte à la sécurité même des forces musulmanes. Certes, les Infidèles vaincus n’avaient pas le droit de vivre mais les musulmans pouvaient choisir d’exercer la clémence, d’épargner les femmes, les enfants et les autres personnes sans défense ; auquel cas, il ne leur fallait ni voler ni détruire leurs moyens de subsistance. Les prisonniers étaient considérés comme partie intégrante du butin ; ceux qui refusaient de reconnaître l’islam étaient réduits n esclavage ou exécutés bien que, selon certains, ils fussent susceptibles d’être soumis à rançon en guise de solution de remplacement. Un cinquième au Prophète (concrètement destiné à l’action caritative) et le restant aux combattants. Les interférences arbitraires du chef étaient réduites à quia, du fait que la religion avait fixé les règles concernant le partage du butin[39].

Conclusion

Souvent, les études stratégiques contemporaines tendent à mettre de côté les éléments culturels et affectifs dans la conceptualisation des stratégies et doctrines sécuritaires. Pour ce qui est de la guerre, ces études considèrent que si des hommes combattent en vue de telle ou telle fin, les sentiments qu’ils peuvent éprouver – quels qu’ils soient – sont sans rapport avec la Guerre. Or, Clausewitz a insisté sur l’importance de l’aspect affectif d’un conflit. Généralement, le « sérieux » d’une étude stratégique est inversément proportionnel à la prise en compte des sentiments humains les plus élémentaires : comme si des hommes, par le seul fait d’endosser l’uniforme, devenaient des robots, incapables de ressentir la joie, l’amour, le désir sexuel, l’amitié, la peur, la colère, la haine, le désir de vengeance ou la soif de gloire[40].

La notion de culture stratégique est la référence à la culture comme outil d’explication des phénomènes guerriers, stratégiques et de sécurité. C’est l’idée qu’il existe des styles spécifiques, des styles (culturels) et affectifs collectifs nationaux en matière stratégique. De la sorte, d’un point de vue de la culture stratégique, la symétrie, associée souvent à la civilisation occidentale, est perçue comme le combat à armes égales, la dissymétrie est la recherche par l’un des belligérants d’une supériorité qualitative et/ou quantitative. Et l’asymétrie, associée à la pensée stratégique orientale, consiste à la démarche inverse, qui consiste à exploiter toutes les faiblesses et les points de vulnérabilités de l’adversaire pour être plus nuisible[41]. La guerre dissymétrique est la guerre du faible contre le fort dans le cadre d’une guerre régulière (symétrique) avec des cibles militaires. Les invasions de l’Irak et de la Libye par les forces alliées en sont des illustrations contemporaines. Par contre, un ‘conflit asymétrique’ suppose qu’un parti en présence ne veut ou ne peut pas mener le combat de manière dissymétrique en raison de son infériorité (sur le plan de la doctrine, des structures et des moyens) et tente, par conséquent, d’exploiter de manière ciblée les vulnérabilités adverses telles que l’opinion publique, les sensibilités culturelles, juridiques ou ethniques[42].

Il est temps que les théoriciens des « nouvelles guerres » intègrent dans leurs réflexions les éléments d’ordre culturels et affectifs qui déterminent en grande partie le haut degré d’engagement dans une guerre pour mieux faire face au terrorisme religieux contemporain. Pour ce faire, il convient préalablement de s’assurer d’une compréhension approfondie des motivations sous-jacentes à la participation au Djihad. Ils doivent intégrer que ceux qui s’engagent dans le jihad, acceptent de mourir pour les convictions qui ont une valeur sacrée pour eux. Ce qui n’est pas souvent le cas des armées classiques contemporaines où l’on s’engage non pour défendre la patrie mais souvent pour avoir une sécurité financière. Il en est de même de la prolifération des sociétés militaires privées ou les mercenaires qui combattent les djihadistes un peu partout dans le monde. Le mercenariat est souvent associé à des activités économiquement lucratives. Les sociétés privées de sécurité qui investissent le terrain public dans une optique mercantiliste poursuivent un double objectif économique et idéologique (néolibéralisme ambiant). Ces armées ne se battent plus pour défendre une cause nationale sacrée. Ainsi, dès lors qu’il n’y a plus de sacré dans une société de plus en plus sécularisée, il n’y a donc plus de cause pour laquelle on peut mourir, comment voulez-vous que les gens acceptent de mourir, que les militaires fassent correctement la guerre contre le djihadisme ? A méditer !

Jean-Jacques Wondo Omanyundu/Exclusivité DESC

Criminologue / Analyste des questions politiques, sécuritaires et géopolitiques

Références

[1] Maxime Rodinson, Les Arabes, Paris, Presses Universitaires de France, 2002 [1979].

[2] https://croir.ulaval.ca/nouvelle/pour-mieux-distinguer-entre-arabes-et-musulmans-musulmans-et-islamistes-islamistes-et-terroristes/.

[3] Ibid.

[4] Jean-Marc Flükiger, Nouvelles guerres et Théorie de la guerre juste, Editions Infolio, Suisse, 2011, p.39.

[5] Ibidem,p.39.

[6] Ibidem,p.39.

[7] Ibidem,pp.39-40.

[8] Jeffrey Kaplan, « Leaderless Resistance », Terrorism and political Violence, vol. 9, numéro3, 1997.

[9] C’est la puissance douce, qui est une forme indirecte, intelligente, mais extrêmement efficace, d’exercice de puissance par la capacité d’influence et d’attraction dont peut bénéficier un pays, une organisation, une religion…, qui cherche à séduire, à persuader et à former des coalitions pour exercer son pouvoir. Pascal Boniface, La Géopolitique, Eyrolles, Paris, 2014, pp.145-146.

[10] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.164.

[11] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.164.

[12] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.165.

[13] Al-Muttaki, né en Inde en 1477, part pour La Mecque en 1534, où il y demeure durant 30 ans à étudier auprès d’Ibn Hadjar al-Askalani.

[14] Jacques Ruelland, Histoire de la guerre sainte, PUF, Paris, 1993, pp.55-56.

[15][15] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.16

[16] Edmund Bosworth, « Les armées du prophète », in Bernard Lewis (sous la direction), L’Islam, Payot, Paris, 1994, p.227.

[17] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.167.

[18] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.168.

[19] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.169.

[20] https://www.universalis.fr/encyclopedie/oulemas-oulamas-ulemas/.

[21] Ibid.

[22] https://www.universalis.fr/encyclopedie/freres-musulmans/.

[23] Ibid.

[24] https://www.franceinter.fr/monde/taliban-la-guerre-permanente.

[25] Tarek Maaroufi, de son nom complet Tarek ben Habib ben al-Toumi al-Maaroufi (arabe : طارق بن الحبيب بن التومي المعروفي) alias Abou Ismail el Jendoubi (arabe : أبو اسماعيل الجندوبي), né le 23 novembre 1965 à Ghardimaou1, est un activiste islamiste tunisien.

Natif du gouvernorat de Jendouba en Tunisie, il obtient en 1993 la nationalité belge avant de la perdre le 26 janvier 2009 à cause de ses activités islamistes, devenant ainsi le premier Belge à perdre sa nationalité depuis la Seconde Guerre mondiale2.

En mars 1995, Tarek Maaroufi est arrêté par les autorités belges avec des membres du Groupe islamique armé et condamnés à trois ans de prison avec sursis3.

En 2000, il fonde avec Seifallah Ben Hassine (alias Abou Iyadh) le Groupe combattant tunisien qui est listé le 10 octobre 2002 par le Conseil de sécurité des Nations unies comme lié au mouvement islamiste Al-Qaïda 4. Maaroufi est lui-même inscrit par le Conseil de sécurité sur la liste des sanctions d’Al-Qaïda le 3 septembre 20021.

Tarek Maaroufi est arrêté le 18 décembre 2001 et poursuivi par la justice belge pour complicité dans l’assassinat d’Ahmed Chah Massoud, chef de l’Alliance du Nord afghane, pour avoir fourni des faux papiers à l’un des meurtriers5. Il écope d’une peine de six ans de prison6.

Le 24 mars 2012, suite à l’amnistie générale prononcée en Tunisie, il regagne son pays natal5.

[26] Th. Widemann, Comprendre la guerre, Tempus, Paris 2012, p.18.

[27] Michael Walzer, Guerres justes et injustes (1977, 1992).

[28] Quelques formes et raisons de la guerre, Stephen Launay, http://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2004-1- page-9.html.

[29] http://afridesk.org/fr/ce-quil-faut-savoir-sur-la-guerre-partie-5-le-terrorisme-contemporain-est-il-une-forme-de-guerre-jj-wondo/#sthash.mo3Mu0Pu.dpuf.

[30] http://afridesk.org/dossier-special-sur-les-traces-du-djihad-islamique-en-rdc/#sthash.KwtglUKO.dpuf.

[31] http://afridesk.org/fr/opinion-lutopie-dune-guerre-entre-la-russie-et-les-etats-unis-en-ukraine-jj-wondo/#sthash.CQNAfX5Z.dpuf. Lire aussi Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorismes et nouvelles menaces, IRIS, Paris, 2002, p.79.

[32] Zbigniew Brzezinski est un politologue américain. Il a été conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Jimmy Carter, de 1977 à 1981. En tant que tel, il a été un artisan majeur de la politique étrangère de Washington, soutenant une politique plus agressive vis-à-vis de l’URSS.

[33] Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde, Fayard/Pluriel, Paris, 1997, p.16.

[34] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.213.

[35] Barthélémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques. Conflits d’hier et d’aujourd’hui, terrorisme et nouvelles menaces, IRIS, PUF, 2002, P.214.

[36] Martin Van Creveld, La Transformation de la Guerre, Ed. du Rocher, Paris, 2011, p.183.

[37] Martin Van Creveld, La Transformation de la Guerre, Ed. du Rocher, Paris, 2011, p.184.

[38] Martin Van Creveld, La Transformation de la Guerre, Ed. du Rocher, Paris, 2011, p.184.

[39] Martin Van Creveld, La Transformation de la Guerre, Ed. du Rocher, Paris, 2011, p.185.

[40] Martin Van Creveld, La Transformation de la Guerre, Ed. du Rocher, Paris, 2011, p.240.

[41] Barthémémy Courmont et Darko Ribnikar, Les guerres asymétriques, IRIS, PUF, Paris, 2002, p.26.

[42] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, La transformation de la nature de la guerre – Les guerres de quatrième génération, DESC, 13 aout 2015. In http://afridesk.org/fr/la-transformation-de-la-guerre-les-guerres-de-la-quatrieme-generation-jean-jacques-wondo/.

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