Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 15-10-2014 07:12
6375 | 7

Complément d’enquête – Décès du Gen Bahuma : Les limites de la double loyauté paradoxale de Kabila ? – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Complément d’enquête : Décès du général Bahuma :

Les limites de la double loyauté paradoxale de Kabila ?

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

JKK ET MAMADOU
Décès du Gen Bahuma : Une série noire qui pose problème

Après la disparition surprise du Général Lucien Bahuma, commandant de la 8ème région militaire à Goma, nombreux sont des observateurs qui n’ont pas hésité de faire le lien entre cette disparition et celle des autres officiers congolais qui s’étaient distingués dans la mise en déroute des rébellions pro-rwandaises. C’est le cas de la Voix des Sans Voix (VSV) qui, ne semble pas être convaincue de la déclaration faite par le ministère de la Défense, selon laquelle le général Bahuma a succombé de suite d’un accident cardiovasculaire. Pour Peter Ntumba, intervenant sur Radio Okapi, la VSV exige « une autopsie pour en avoir le cœur net » et s’inquiète de voir « de hauts officiers de haut rang qui constituent  l’espoir pour la RDC mourir ». Il poursuit : « Ça pose problème. Nous ne nous sommes pas arrêtés à Mamadou Ndala. Il y a aussi Mbuza Mabe. Et ça inspire pas mal d’inquiétudes. C’est ainsi que nous avons parlé des séries noires aux mains noires », a déploré le coordonnateur de la VSV, Peter Ntumba a estimé que officiers «ne meurent pas au front mais dans des conditions obscures».

Joseph Kabila inconsolable du décès de Bahuma ou des larmes du crocodile?

C’est ce que nous renseigne une source militaire : « Le boss est inconsolable avec la mort du général Bahuma, il est très affecté. On ne sait pas si c’est sincère. Mais selon son pré-carré, le chef est très triste, car le général Bahuma lui rendu beaucoup de bons et loyaux services que beaucoup de gens ignorent : C’est le feu général Bahuma qui a dirigé les opérations militaires en vue d’écraser la mutinerie de la DPP (la garde de Jean Pierre Bemba ) en 2007. Il était secondé par le colonel Mohindo Moundos Akili. En 2009, le général Bahuma a dirigé les unités des FARDC composées des éléments du 321ème bataillon commando formé par les belges pour mater l’insurrection armée des Enyele, à Dongo, dans le Sud de l’Oubangui (équateur). Une autre révélation qui va vous surprendre : c’est toujours le général qui va tenir d’une main de fer, avec le général Tutsi Obedi Rwibasira, les provinces turbulentes de deux Kasaï, bastion de Tshisekedi, lors des élections de 2011 et la crise poste électorale qui s’en est suivie. C’est lui qui a mis en déroute l’insurrection. »

Jusqu’où le président Kabila va surfer sur l’équilibrisme le mettant en porte-à-faux entre deux loyautés paradoxales ?

Comme on peut le remarquer, voulant à la fois être loyal à Kabila et à la RDC dont il voulait défendre l’intégrité territoriale en mettant hors d’état de nuire les rebelles du M23, le général Bahuma, à l’instar de la plupart des généraux congolais depuis le feu général Donatien Mahele sous les FAZ, plutôt de privilégier la stratégie, s’est contenté de n’appliquer que la tactique et l’opératique en croyant que la seule victoire militaire suffisait pour régler définitivement le problème M23, une création rwandaise.

Comme DESC ne cesse de l’expliquer, en stratégie, il existe des victoires militaires qui sont des échecs stratégiques et qui présagent des défaites politiques. En effet, les grands généraux modernes considèrent la guerre comme un jeu de stratégie et non la guerre comme un acte réduit à sa dimension de violences physiques. N’est-il pas dit par le théoricien Carl Von Clausewitz que la guerre n’est pas une fin en soi mais bien « une simple continuation de la politique par d’autres moyens. La guerre n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique, une poursuite des relations (ou transactions) politiques, une réalisation de celles-ci par d’autres moyens ». C’est-à-dire un moyen de faire la politique autrement ?

Dans notre analyse sur l’évolution des Armées en RDC dans notre ouvrage, nous avons constaté que les services de sécurité congolais,  les conseillers spéciaux des présidents ainsi que les grands officiers congolais, depuis les FAZ jusqu’à ce jour, ont et continuent d’ignorer quasi pratiquement les aspects stratégiques de la guerre et de la sécurité. Les grands officiers supérieurs et généraux de la RDC depuis l’indépendance étaient pour la plupart de bons techniciens d’état-major (tacticiens de la guerre) dont la pensée et l’action se limitaient exclusivement à l’emploi tactique des forces armées. Mais La stratégie leur a échappé presqu’entièrement.

En effet, la tactique est strictement militaire et dirigée vers des objectifs immédiats. Elle est dépendante des moyens disponibles, elle se caractérise par le primat de la force. La stratégie, quant à elle, opère en fonction des buts militaires et politiques finaux et est une dialectique des intelligences. Elle prépare et permet, en cas de victoire, le règlement final. La victoire militaire n’est qu’une fin intermédiaire, le stratège doit tenir compte des fins ultimes qui relèvent de la politique. C’est exactement ce qui se passe actuellement avec le M23 vaincu militairement mais ressuscité politiquement par Kabila à Nairobi et par l’amnistie quasi générale dont il vient de bénéficier contre la volonté de l’opinion publique nationale. Pourquoi alors l’avoir combattu militairement si le but final était de « congoliser » cette rébellion rwandaise et lui donner un statut politique qui lui permet d’exister au-delà de sa défaite ? Le vrai stratège voit au-delà des opérations en cours pour raisonner à l’horizon de la campagne ou de la guerre. Le vrai stratège fait la différence entre des succès tactiques et une victoire stratégique. Le vrai stratège saisit la double dimension, militaire et politique des problèmes auxquels il est confronté.

Enfin, le vrai stratège saisit les implications de politique intérieure et extérieure des décisions qu’il prend. C’est à ce niveau précis que Mbuza Mabe, Bahuma et Ndala ont failli dans la méconnaissance de la suprématie de la stratégie par rapport à la tactique. Cela devrait servir de leçon et d’avertissement au général Olenga qui pense que son business avec Kabila l’immunise contre la vengeance de l’ange noire de Kigali ou encore le colonel Olivier Hamuli et d’autres officiers congolais FARDC qui se retrouveront demain dans une situation similaire que leurs défunts collègues, lorsque plus que probablement les M23 amnistiés et disparus dans la nature en Ouganda réapparaitront à nouveau dans les collines du Kivu pour grossir  les rangs d’un éventuel M27.

Les bergers de Kabila contre les Congolais sont également ceux qui empêchent l’establishment pro-rwandais d’agir en RDC. Ils sont neutralisés par les Rwandais sous le silence complice de  Kabila?

Jusque quand Kabila continuera à surfer sur cette duplicité le poussant à manifester une double loyauté paradoxale envers le Rwanda avec lequel il mène une politique sécuritaire et militaire jugée complaisante par plusieurs experts. Mais aussi envers la RDC à la tête de laquelle il a été imposé en 2001 et maintenu en 2011 contre la volonté populaire. Cependant, lorsqu’il se trouve confronté simultanément à ces deux loyautés, ses options se penchent généralement en faveur du Rwanda.

Les généraux Mahele, Mbuza Mabe, Bahuma et le colonel Ndala ont en commun le fait d’avoir, chacun à son époque, repoussé respectivement les attaques militaires du FPR en octobre 1990 alors qu’il s’approchait de Kigali et les rebellions CNDP et M23 soutenues par le Rwanda en 2004 et 2012. C’est dans leur bravoure et leur engagement patriotiques lors de ces affrontements qu’il faille sans doute chercher les mobiles de leur disparition. Et Kabila, en tant qu’ex-soldat du FPR formé par James Kabarebe en est conscient. Pourquoi n’a-t-il pas suffisamment pris des mesures pour les protéger ? Pourquoi, à  chaque fois qu’il est confronté devant une situation de double loyauté envers ses anciens frères d’armes et envers le Congo, Joseph Kabila, par omission, se penche du côté rwandais ?

Nous en avons pour preuve quelques éléments suivants, mentionnés dans la dernière revue des médias : Qu’il s’agisse d’inviter les troupes rwandaises pour venir opérer en RDC (Umoja Wetu; janvier 2009), un pays qu’ils ont agressé en 1996 et 1998 ; de l’amnistie des combattants Tutsi (pro-) rwandais ou de cette étrange question de démarcation des frontières, l’on ne comprend pas pourquoi Kabila et son gouvernement doivent TOUJOURS adhérer à ces demandes rwandaises, sans qu’aucun débat républicain ne soit initié au niveau du parlement.

Si l’on admet que :

1) Le CNDP qui a accouché du M23 dont les revendications concernèrent le CNDP, a été un soutien électoral de Kabila en 2011. Alors qu’il a subi un vote sanction dans les deux Kivu, Kabila a fait le plein des voix dans les zones occupées par les Tutsi pro-rwandais du CNDP. Que leur (CNDP et Rwanda) avait-il promis en compensation?

2) Suite à la déroute du M23 et sa perte (provisoire) de la zone sous son contrôle à l’est de la RDC, Kabila a, au travers du document signé à Nairobi et par l’amnistie quasi collective accordée au M23 sans aucune autre forme de procès, remis le M23 sur la sellette politique. Les engagements pris à Nairobi vont permettre au M23, défait militairement, d’engranger des succès politiques et fonciers (bien lire l’accord du 23 mars 2003 entre le Gouvernement et le CNDP, l’accord-cadre d’Addis-Abeba et notre analyse : http://afridesk.org/speciale-synthese-de-lhebdo-commente-par-desc-semaine-du-02-au-07-juin 2014/%20http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=192944&Actualiteit=selected) par la voie diplomatique là où la guerre a fait croire aux Con-golais que le M23 a perdu du terrain. Mieux encore, les Tutsi se voient renforcés dans leurs postes à l’intérieur de la RDC en occupant les postes le plus stratégiques des institutions politiques et sécuritaires du Congo.

On peut donc conclure que la marge de manœuvre de Kabila de continuer à jouer à l’équilibriste entre le Rwanda et la RDC s’amenuise à mesure que dans ce jeu, ce sont les congolais qui paient le prix pendant que le Rwanda et les Tutsi installés dans les institutions congolaises en tirent des plantureux bénéfices. Il est fort probable que d’ici à décembre 2016, les masques de l’imposture finissent par tomber si les populations congolaises, partout où elles se trouvent, maintiennent la pression comme le font si bien et avec héroïsme les populations du Nord-Kivu depuis la chute de Goma en novenre 2012 à la suite des actes de haute trahison militaire des plusieurs hauts gradés militaires. Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finira par apparaître. Et la lumière du jour ne fera l’ombre d’aucun doute que l’attitude et les prises de position adoptées par Kabila depuis que le Rwanda a réactivé les rebellions du CNDP et du M23 relèvent tout simplement de la haute trahison.

Aux termes de l’article 165 de la Constitution du 18 février 2006, « il y a haute trahison lorsque le Président de la République a violé intentionnellement la Constitution ou lorsque lui ou le Premier ministre sont reconnus auteurs, co-auteurs ou complices de violations graves et caractérisées des Droits de l’Homme, de cession d’une partie du territoire national ».

L’article 128 du code pénal militaire énonce que : « En temps de guerre, tout Congolais qui se rend coupable de haute trahison est puni de mort ».  Par haute trahison, il faut entendre le fait de livrer à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous-contrôle étranger ou à leurs agents des matériels, constructions, équipements, installations, appareils ou autres… affectés à la défense nationale ».

L’opinion se rappellera qu’en 2012, Kabila avait permis à tout un bataillon d’unité d’élite rwandaise de venir opérer en RDC en tenue militaire congolaise. De plus, DESC dispose des preuves de certains généraux, sous la couverture de leur commandant suprême, qui s’amusaient à acheter et à vendre des tenues militaires (3000) commandées en France et des engins militaires commandés dans un pays du Golfe au profit du M23. Nous avons personnellement rencontré, dans le courant du mois d’octobre, les personnes chargées de les acheminer au Nord-Kivu en transitant par Kampala.

A chacun de se forger sa propre opinion !

Jean-Jacques Wondo – Exclusivité DESC

7

7 Comments on “Complément d’enquête – Décès du Gen Bahuma : Les limites de la double loyauté paradoxale de Kabila ? – JJ Wondo”

  • Antoine Kasongo

    says:

    Je m’inscris en faux contre les informations selon lesquelles le général major Lucien BAUMA a dirigé les opérations contre les Enyele et les anciens de la DSP en 2007. J’ai rencontré personnellement le général major BAUMA alors général de brigade et commandant de la région militaire du Kasaï oriental à Mbuji Mayi en octobre 2007. Celui qui a donné cette information ignore le parcours de la carrière militaire de BAUMA…

    • Mon colonel Kava, j’ai pris connaissance de votre réaction à propos du feu Gen Bahuma et je les respecte. Ce n’est pas la première fois que vous vous portez en faux aux publications de DESC, quoi de plus normal dans un esprit démocratique et constructif de DESC privilégiant le choc des idées…

      Néanmoins, je voudrais vous éclairer sur un certain nombre de points:

      1) Vous parlez de votre rencontre avec le tigre Bahuma en octobre 2007, laisser moi vous éclairer que Ia révolte des Enyele à commencé en novembre 2009 avec l’attaque et la prise de Dongo par les insurgés Enyele. Elle s’est achevée en mai 2010 avec la reprise du secteur Imese-Mobezene par les éléments du 321ème bataillon de réaction rapide fraîchement formés par les belges à Kindu. Cela a occasionné , la fuite d’Udjani et de ses combattants à Impfondo (Congo-Brazzaville). Je vois mal comment le Gen Bahuma ait pu vous en parler en 2007!
      Pour cette opération, DESC reste formelle que c’est bien le Gen Bahuma qui en était le concepteur et le chef. Les belges qui en ont assuré l’appui logistique et certains de vos jeunes condisciples de l’EFO, actuellement aux avant-postes au sein des FARDC, notamment les Gen Banze ou Nabyolwa, s’ils sont honnêtes, peuvent me démentir publiquement.

      2) Il en est de même pour l’attaque de la résidence de Bemba en mars 2007, DESC reste encore formelle que c’est bien le Gen Bahuma,ex MLC, sous l’ordre du Gen Kisempia, alors CEMG des FARDC, qui a chapeauté cette opération exécutée sur le terrain par les escadrons du Gen Akili Mohindo dit Moundos, appuyés on extremis par les troupes angolaises venues à la rescousse des GR qui perdaient du terrain face aux DPP de Bemba à Gombr et environs, en barrant la route aux autres éléments de Bemba stationnés à Kibomango et en route pour faire jonction aux DPP qui contrôlaient quasiment tout le centre-ville et prêtés à contrôler Kin. Vos contacts précités peuvent également me contredire s’il le faut.

      3) Lorsque DESC à publié l’analyse sur le surarmement inquiètent de la GR, vous êtes également revenu à la charge pour mettre en doute la liste des armes et matériels militaires publiée par DESC. Ce que le défilé militaire du 30 juin à confirmé peu de temps par la suite, à quelques éléments près. Je vous invite à bien visionner les images de ce défilé.

      4) Enfin et je m’arrêterai là, lorsqu’en janvier 2014 DESC à mis en cause la thèse de l’incendie du véhicule du Col Ndala comme résultant d’une attaque de roquette, vous avez fustigé notre expertise, faite notamment par 3 spécialistes en balistique et explosifs, tous polytechniciens de l’ERM dont un docteur et un doctorant en sciences appliquées et chercheurs militaires à l’ERM. Mais si vous avez suivi les déclarations du sergent-major Ndabu, le chauffeur de Ndala, à l’ouverture du procès, avant son décès suspect, il a bien reconnu que la voiture a été aspergé de carburant bien après la mort de Ndala…

      Autant que DESC, en toute humilité, peut reconnaître son droit à l’erreur et il nous arrive de rectifier certaines infos contestées par les lecteurs après vérification, de même il serait bon à ceux qui apportent des contradictions, fussent elles constructives, à nos publications de s’assurer de l’exactitude de leurs allégations pour éviter de faire de ce site, sui s’efforce de faire la différence dans fin approche thématique et méthodologique, de devenir un terreau de polémiques stériles.

      Pour le reste, vos précieuses contributions techniques sont toujours les bienvenues. Votre jeune frère d’armes JJW.

  • Pierre-André

    says:

    Je suis d’accord avec toi mon frère Antoine

  • Kandolo

    says:

    Aux termes de l’article 165 de la Constitution du 18 février 2006, « il y a haute trahison lorsque le Président de la République a violé intentionnellement la Constitution ou lorsque lui ou le Premier ministre sont reconnus auteurs, co-auteurs ou complices de violations graves et caractérisées des Droits de l’Homme, de cession d’une partie du territoire national ».
    L’article 128 du code pénal militaire énonce que : « En temps de guerre, tout Congolais qui se rend coupable de haute trahison est puni de mort ». Par haute trahison, il faut entendre le fait de livrer à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous-contrôle étranger ou à leurs agents des matériels, constructions, équipements, installations, appareils ou autres… affectés à la défense nationale ».Sans oublier l’article 64 qui est applicable depuis les dernières élections de 2011 VOILA LE FOND DU PROBLEME

  • Antoine Kasongo

    says:

    Cher JJ, lorsque vous recevez une information, faites une critique de pertinence avant de la mettre en ligne. Je ne réagirai pas à vos propos parce que la situation sécuritaire de la RDC ne mérite pas une personnalisation des responsables militaires. Je reste disposé à réagir sur les aspects tactiques et stratégiques. A la prochaine cher frère .

  • Nsumbu

    says:

    Mr Wondo,

    Voilà vraiment en VRAC les commentaires que vient de susciter en moi la lecture de votre billet !

    1° Vous concluez votre enquête/analyse par « A chacun de se forger sa propre opinion ! » !
    Je prends la balle au bon ! Mon opinion qui était déjà établie se conforte à la lecture de vos info et analyses : dans sa conscience et son exercice « JK » nous démontre depuis son arrivée que malgré des tentatives de recherche de légitimité populaire auxquelles il est de plus en plus acculé, il continue à trouver celle-ci en dehors…Par une gouvernance politique peu scrupuleuse de l’intérêt général, toujours préoccupée par sa survie politique, physique, financière propre quitte à souvent sacrifier les préoccupations profondes d’une population dont il sait qu’elle souffre de sa gestion à vue et veut le changement, quand bien même il peut y reconnaître un socle solide de réussite à son poste… Par une gestion sécuritaire qui de même privilégie sa sécurisation propre et celle de son régime avec en général une confiance aux éléments qui ont peu d’attaches réelles avec la population ou dont il achète la loyauté pour qu’ils le soient, particulièrement à l’Ouest où les menaces sécuritaires sont faibles et à l’Est en choisissant ceux qui ont des sympathies naturelles ou forgées de longue date avec les voisins rwandais et ougandais ! Regardez les nominations militaires récentes (ou anciennes d’ailleurs) et la nature des actions politiques et militaires : la gestion de l’après-scrutin frauduleux, les concertations, la guerre expresse contre le M23 et ses accompagnements et suites politiques (Kampala, Nairobi, decès de Ndala et Bahuma et jadis Mbunza Mabe…), gouvernement de cohésion… Par une politique de défi calculé contre les puissances occidentales envers lesquelles il utilise le bâton et la carotte selon les circonstances (contrats chinois, gestion des Accords d’Addis et de la résolution 2098, rhétorique souverainiste contre l’administration Obama qui l’oblige à respecter la Constitution, Kampala, Nairobi…)… Bref par stratégie assumée, par dépit de ne pouvoir obtenir l’appui de la population, par son passé où il a été porté au pouvoir grâce à Kagame et Museveni et non par la volonté populaire (2001, 2006, 2011), par analyse des rapports de force dont il voit que ses alliances orientales sont plus rassurantes pour sa survie que celles du reste du pays, à tort ou à raison « JK » croit trouver les garanties de sa survie personnelle et politique en dehors de la légitimité populaire dans le pays (en vérité à l’Est comme à l’Ouest la population le désapprouve largement) dans le soutien de Kagame et de Museveni et leurs infiltrés à Léo comme à Goma comme à Lubumbashi… S’ double loyauté est donc plus une hypothèse d’étude qu’une conclusion : sa loyauté est quasi absente envers le pays parce qu’il veut le représenter sans en sentir en lui même la légitimité, du coup en pratique sa vraie loyauté est en dehors du pays vers l’extérieur où il croit trouver les garanties de sa survie qui l’obsède. Ailleurs je suis convaincu que le tournant vers un bras de fer radical envers le pays et la CI lui a été imposé par Kagame et Museveni en lui assurant de leurs soutiens et leurs conseils…

    2° Vous semblez accorder une latitude manœuvrière stratégique aux généraux dont ceux qui sont morts, Mbunza Mabe, Ndala, Bahuma qu’ils ne pouvaient avoir selon moi par la nature du commandement clientéliste plutôt qu’objectif qui les enserrait : ainsi tous ces grands patriotes et héros militaires dont les qualités morales, patriotiques et militaires les ont installés et maintenus à leurs postes en fructifiant au passage les relations de réussite avec leurs troupes ne pouvaient pleinement en jouir vers une marge d’action complète stratégiquement et même tactiquement en dehors des besoins de victoire immédiats et ponctuels dans la mesure où leurs opérations comme leur maintien dépendaient largement de leur loyauté envers un commandement ambigu où approvisionnement, ordres et contre-ordres, pièges de leurs rivaux ou adversaires tous proches du pouvoir…pouvaient les mettre malgré eux en position de les subir… Bref dénoncer chez eux le déficit de stratégie comme calqué sur une armée et un pays normaux occidentaux ou ailleurs me paraît quelque peu excessif sinon inadapté dans leurs cas ! De quelle capacité de stratégie politique pouvaient-ils user dans leur exercice effectif quand bien même en avaient-ils les aptitudes ? Ce sont presque des moutons menés malgré eux à l’abattoir, piégés par leurs statuts même de héros militaires censés servir un pouvoir républicain et stratège alors qu’il était failli à plus d’un égard… Leur loyauté envers le pays est à mon avis restée intacte et celle envers leur Commandant Suprême obligée, imposée au risque de disparaître même si au final elle n’a pu les préserver… Qui sait si par moments le crime de haute trahison qu’on pouvait leur imposer n’a pas tourmenté leur conscience ?

    La haute trahison et une gouvernance schizophrène sont quasi évidentes à la tête du pays mais pour quelle prise de conscience ou de déroute prévisibles ?
    Je me garderais bien de prédire un horizon comptabilisable, le pays en ayant vu bien d’autres où les espoirs logiques se sont longtemps effondrés termes après termes !

  • Troll

    says:

    STRATEGIE & « TACTIQUE »
    Essayons de réflechir sur base des connaissances qu´on trouve dans les publications en Occident.
    Ces deux notions militaires sont au coeur des concepts militaires en application en Occident depuis la fin de la Guerre Froide.
    Dans un autre posting de mr Wondo, nous avons tenté…de citer Sun Tzu dans la guerre au Kivu. Nous avions promis de revenir avec quelques concepts militaires modernes pour faire avancer nos arguments.
    * »EBO » (Effects-Based Operation) nous recommandons une recherche sur **Wikipedia EBO est un concept qui combine des méthodes militaires et non-militaires pour obtenir particulier. Dans le cas du Kivu, obtenir une « victoire » militaire sur le terrain devait-être « combiné » avec des moyens non-militaires..Exactement ce que Sun Tzu affirme dans L´Art de la Guerre.
    Selon Jean- Jacques Patry (lire dans Défense & Sécurité Internationale nr 31 – novembre 2007 pages 54-55) La logique des approches EBO réside dans *l´intelligence de la situation que l´on veut obtenir politiquement, á terme, par l´intervention envisagée, ou qui pourrait survenir du fait des actions engagées. * Elle consiste á relier les operations interarmées et les *actions civiles (diplomatiques?) complémentaires aux buts politiques á atteindre. * À cet égard, les approches EBO sont aussi nécessaires dans les situations de conflits irréguliers qu´en combat classique…..
    Une fois de plus, au Kivu les FARDC semblent avoir obtenue « une victoire », mais la consolidation de cette « victoire » semble poser problème. Ce que si diplomatiquement, la « victoire » est visible, sur le plan politique, les débats sur la révision ou le changement de la Constitution ne sont pas un facteur qui consolide la victoire militaire. Tout comme, ne pas avoir industrialisé l´exploitation des mineraix au Kivu n´est pas un facteur qui aide á consolider la victoire militaire.
    TACTIQUE & STRATEGIE? Voici une seconde citation tirée de l´ouvrage « *La Révolution dans les Affaires Militaires » pages 99-100. »Un pan important de la logique épistémologique sur laquelle se fonde Clausewitz, dans sa définition de la guerre, repose sur la notion d´État-Nation comme raison de la guerre.. Dans sa définition des causes de la guerre, Clausewitz base sa réflexion sur la notion d´Etat concu comme l´incarnation d´un idéal national, qui produit une somme d´intérêts ne pouvant être réalisés qu´au travers de la guerre. * Bien que l´Occident n´accepte pas la transformation de ses conceptions de la gouvernance avec la même facilité qu´il acceuillle les mutations technologiques, il semble toutefois se dégager un consensus sur le **caractère obsolète du concept d´État-Nation tel qu´évoqué par Clausewitz et Hegel***L´ère post-Guerre froide s´est caractérisée par l´émergence d´une Société ##cosmopolite internationale. ##Dans cette même ère, la force militaire a principalement été employée dans un contexte **autre que celui de type clausewitzien ## du choc entre volontés nationales. Ces operations autres que la guerre ont constitué un moyen de **gouvernance. C´est de cette facon que L´art de la guerre de Sun Tzu concoit la force militaire.**Ce dernier ne nous indique pas seulement la grammaire de la guerre informationnelle, mais contribue aussi á nous expliquer le cadre dans lequel s´inscrira, désormais, l´usage de la force.
    Les transformations qui affectent la logique de la guerre concernent également le processus en vertu duquel l´emploi de la force est décidé. **La grande stratégie semble s´éffacer au profit de la **la grande tactique, celle-ci désignant aujourd´hui le jeu de la prise de decision. ##Tandis que *les stratégistes opéraient selon la logique newtonienne, les ¤¤tacticiens raisonnent tels **les météorolgues. Les menaces ne sont plus perpétuelles , mesurables et prévisibles et ne correspondent plus nécessairement á des **intérêts nationaux »
    Notre commentaire sur cette longue citation est que les « généraux » congolais ont toujours eu raison de miser sur la « TACTIQUE »..car la notion de CENTRE DE GRAVITE sur laquelle Clausewitz base sa théorie (ainsi EBO*) est si vague au Congo. Cette « centre de gravité » se situe loin de l´Afrique..et se trouve en Occident (USA/EU) Vaincre le M23 a consisté á faire « pression » sur cette centre de gravité**sans utiliser des moyens militaires. tandis que la « tactique » militaire n´a eu pour objectif que de défaire le M23..sur le plan national »’quand les « intérêts » au Kivu ne sont pas nécessairement des « intérêts » nationaux. Dans ce sens, la victoire des FARDC pose en réalité les bases d´un « Traité de Défense » que nous souhaitons voir se réaliser..La grande « tactique » pour les militaires congolais consiste á « gagner du temps » avec une victoire militaire « limitée ». Ce la grande « guerre » en ce moment serait l´application de la Constitution, Bataille decisive où les congolais vont enfin remporter une grande victoire une fois que l´actuel Président quitte le pouvoir á la fin de son mandat…Encore Sun Tzu…dans ce sens que cette victoire ne peut pas se baser sur une « confrontation » entre deux États…au contraire, l´usage des moyens autre que « militaire » sont necessaires afin d´atteinde un EFFET que les congolais souhaitent tous atteindre dans un futur proche.

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

This panel is hidden by default but revealed when the user activates the relevant trigger.

Dans la même thématique

DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 24 Sep 2025 10:50:17| 235 0
Deuxième Forum Scientifique RDC-Angola
REGISTER Invités d’honneur: Ambassadeur B. Dombele Mbala, Ambassadeur J. Smets, Ambassadeur R. Nijskens Programme : Introduction par M. Jean-Jacques Wondo, Afridesk… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DROIT & JUSTICE | 24 Sep 2025 10:50:17| 220 0
RDC: Jean-Jacques Wondo témoigne de ses conditions de détention devant le Parlement européen
L’expert belgo-congolais en questions sécuritaires, Jean-Jacques Wondo, a dénoncé les conditions de sa détention en RDC, qu’il qualifie d’inhumaines, devant… Lire la suite
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 24 Sep 2025 10:50:17| 453 1
RDC-conflits : Pourquoi les accords de paix échouent
Depuis trois décennies, la RDC est le théâtre de l’un des conflits armés les plus meurtriers et les plus longs… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 24 Sep 2025 10:50:17| 1196 0
L’ombre structurante de Heritage Foundation sur la RDC : Une paix minée par des intérêts stratégiques et personnels
Résumé: Cet article examine l’accord tripartite signé le 27 juin 2025 entre les États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC)… Lire la suite
Par La Rédaction de AFRIDESK