Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 15-04-2015 01:45
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Commentaire du livre Les Forces armées de la RD Congo: Une armée irréformable? – Patrice Nlandu

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Commentaire du livre  Les Forces armées de la RD Congo: Une armée irréformable?

Par Patrice Nlandu

De : Patrice Nlandu
À : Jean-Jacques Wondo <jjwondo@yahoo.fr>
Envoyé le : Mardi 14 avril 2015 0h02
Objet :
Monsieur Wondo,

Je viens de finir de lire votre second ouvrage  » Les Forces armées de la RD Congo: Une armée irréformable?  » Comme pour le premier « Les armées au Congo-Kinshasa: radioscopie de la Force publique aux FARDC « , j’ai beaucoup apprécié le fait que vous êtes resté très objectif dans votre présentation des faits. Mais je me demande si vous n’avez pas eu à essuyer des critiques de certains de nos compatriotes qui excellent dans la propagande et surtout à traiter les autres des collabos, du fait de votre objectivité et impartialité.

 Mais monsieur Wondo,  la vie politique de notre cher grand et beau pays a toujours été malade depuis  l’indépendance en 1960. Cette maladie touche naturellement aussi tous les secteurs de la vie nationale du pays. A plus forte raison l’armée qui constitue la colonne vertébrale de l’Etat. Donc nous n’aurons jamais une armée au vrai sens du terme aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’Etat normal dans notre pays. Déjà pour que l’Etat existe il faut remplir les trois facteurs : Population (sur laquelle l’autorité étatique et/ou la contrainte est exercée au moyen de  l’armée comme gendarme ou police),  Territoire (qu’il faut être à mesure de contrôler encore par l’armée comme gendarme ou police), Pouvoir ou Autorité publique (qui ne peut s’imposer comme tel qu’en ayant recours à une force de contrainte qu’est encore l’armée).

 Ce que je vais dire ici n’engage que moi. A mon avis, nous n’avons jamais eu d’armée dans notre pays depuis l’indépendance jusqu’à ce jour. Soyons réalistes, les FAZ avec sa FAZA  en dépit de tout ce qu’elles avaient accomplis n’appartenaient pas aux congolais, mais à Mobutu; car dans une dictature l’armée  appartient au dictateur. D’ailleurs on a vu comment était leur fin en 1997.

 Les FARDC quant à elles, vous l’avez-vous même démontré dans vos ouvrages, une armée mexicaine. Du reste, la démocratie reste de façade au pays; on est sous un régime autoritaire, donc dictatorial où l’armée appartient au dictateur et il en fait ce que bon lui semble.

Les échecs qu’a connus le programme de la RSS (Réforme des services de sécurité) ne peuvent pas m’étonner. Comment voulez vous que la RSS réussisse quand le dictateur fait ce qu’il veut? On met en place un cadre juridique, puis on se permet de ne pas le respecter. c’est quoi cette armée où des officiers supérieurs et généraux sortis des grandes écoles militaires de renommée internationale voient des simples civils mais assassins,  criminels, violeurs, voyous devenir du jour au lendemain officiers généraux comme eux et ne protestent ni ne démissionnent?

 Les FARDC doivent être dissoutes en vue de CREER une nouvelle armée (bien sûr en suivant vos recommandations). On sent du pourri dans cette armée. On a vu des choses qu’on ne peut voir nulle part au monde avec les FARDC, c’est une grosse honte.

 Vous savez j’ai servi à l’armée française à titre étranger ( dans la Légion étrangère ).  Je n’oublierai jamais comment mes anciens collègues africains légionnaires s’étaient foutu de moi en m’appelant au téléphone pour me dire comment nous congolais étions nuls à ce point pour qu’un petit pays comme le Rwanda mette notre armée en déroute à Goma lors du débâcle de 2012 face au M23.  c’était vraiment humiliant. Mais humiliant!!!!!!

 La situation telle qu’elle se présente ne fait que conforter la thèse soutenue par Patrick MBEKO et Honoré GNBANDA.

Toute cette situation me parait être expressément voulue. L’on a imposé au peuple congolais un homme qui a maintenu délibérément  le pays dans une situation perpétuelle de faiblesse d’Etat. Cette faiblesse d’Etat a bien créé le chaos à l’Est du pays. Cela a fait que le pays est comme sous tutelle parce qu’on a pas une armée!!!!!!! Et on ne peut pas avoir une armée parce qu’on a presque pas d’Etat!!!!!! Pourquoi n’avons-nous presque pas d’Etat ???? Les pays décideurs de ce monde connaissaient bien Etienne TSHISEKEDI, l’un de ceux qui avaient lutté contre Mobutu, pour instaurer un Etat de droit au Congo. Pourquoi alors n’ont-ils pas misé sur lui et pesé de tout leur poids pour l’imposer aux commandes du Congo ? Car au moins avec lui l’on pourrait espérer bâtir un Etat responsable. Mais ils ne l’ont pas fait. Donc à mon avis cette situation est voulue!!!!!! Il y a une grande hypocrisie là quand même. Aujourd’hui certains de ces pays influents au monde viennent nous nous « aider » par des partenariats et coopérations en domaine militaire, et quand la RSS ne donnent pas les résultats escomptés, ils se permettent de faire des réflexions.

 La volonté politique pour bâtir une armée nationale républicaine ne peut pas venir de ceux qui sont au pouvoir au Congo aujourd’hui, car ils ont déjà fait preuve d’une incompétence notoire  et le manque de volonté pour développer la RD Congo dans son ensemble n’est plus à démontré.

Nous avons un sérieux problème au Congo.

 Notre héros LUMUMBA que ceux même décideurs avaient décidé d’anéantir, nous avait dit que l’histoire du Congo sera écrite par les congolais. C’est à nous congolais de créer une armée forte pour  avoir un Etat fort et bâtir un grand pays demain. Mais pour cela il faut que les commandes du pays soient dans des bonnes mains, les mains des fils et filles du pays compétents ayant des valeurs morales et remplis de bonne volonté.

 Il faudra commencer par DISSOUDRE carrément la IIIème République. Cette république a vu le jour avec une constitution écrite on ne sait où. 

Ensuite REFONDER un nouveau Congo où nous accomplirons le rêve de LUMUMBA.

C’est comme ça que je pense pour notre pays.

Cordialement,

Patrice Nlandu

PS : je reste à l’attente de votre prochain livre que vous avez annoncé.

Couverture Livre 2015.Verso

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2 Comments on “Commentaire du livre Les Forces armées de la RD Congo: Une armée irréformable? – Patrice Nlandu”

  • Troll

    says:

    ¤ FORMER UNE ARMEE NATIONALE ET REPUBLICAINE, COMMENT LE FAIRE ?

    Nous ne pouvons que partager les affirmations de l´auteur de cette réflexion: La RDC n´a jamais eu une armée nationale, rien que des « armées » des dictateurs, destinées á soutenir les dictatures! Dissoudre les FARDC est une necessité incontournable, rien que pour poser les fondations solides de la démocratie, sans oublier l´exigeance de garantir l´existence du Congo dans les frontières héritées de l´EIC*

    Ceux qui vont assurer l´alternance savent en avance qu´ils vont hériter d´une armée « mexicaine » irreformable. Ainsi, tous les programmes des « réformes » ne peuvent ni continuer ni même figurer comme réference dans le domaine de la défense au Congo.
    Nous nous opposons ouvertement au concept « états généraux de l´armée »**Un concept où on tente de faire de la question de l´armée, une question « commune » où aucune personne, aucun parti politique ne sera responsable du devenir de la défense du Congo.
    Nous sommes en faveur d´un **programme politique de défense, ou mieux plusieurs programmes en provenance des plusieurs partis politiques.
    Ceux des partis politiques qui vont gagner les élections seront « responsables » de l´application de leur programme devant tous les congolais.

    ¤ FORMER UNE ARMEE ?

    Sur la liste des pays qui ont tentés de « réformer » les FARDC, on trouve l´Angola, la Tanzanie, la RSA sans oublier la Chine. Tous ces pays ne possedent pas des réferences crédibles en matière de formation d´armées étrangères. Nous ne pouvons que les ecarter d´office comme « leaders nations » dans un tel projet.
    L´histoire moderne post guerre froide sur la planète indique quelques exemples de formation d´armée étrangères: Bosnie, Irak, Croatie, Liban et surtout l´Afghanistan.
    L´approche de la formation de l´armée nationale en Afghanistan est riche d´enseignement pour les partis politiques congolais.
    Selon la revue DSI Défense & Sécurité Internationale . Hors-Série No 36 . Juin-juillet 2014 http://www.dsi-presse.com
    La formation de l´armée afghane s´est progressivement imposée comme l´une des priorités de l´ISAF et de l´armée américaine.
    Au mois de decembre 2002 á Bonn, lorsque le président par intérim Hamid Karzai signe officiellement le décret** qui donne naissance á la nouvelle Armée nationale afghane. Dans la foulée, les premières ETT, des **équipes de formation embarquées sont intégrées aux elements déployés par Kaboul.
    Les premières écoles de formation, plus spécialisées, son également mises en place pour préparer * officiers, * forces spéciales, * techniciens du renseignement ou de la logistique. Au fil des années, les objectifs ont évolué pour se concentrer sur le volume des forces. Alors qu´il était initialement prévu de préparer 70 000 hommes destinés á armer cinq corps pour l´armée de terre et un pour l´armée de l´air, l´OTAN vise désormais les 250 000 hommes pour 2015*

    Le plus important avec ce programme de formation de l´armée afghane est le concept « MENTORING » OMLT (Operational Mentoring and Liaison Teams)** où les formateurs sont amenés á jouer un rôle beaucoup plus important en accompagnant les Afghans á tous les niveaux, depuis * l´opératif jusqu´au tactique*
    Ce concept implique qu´au début, les « mentors » ne se contentent pas uniquement de former les officiers et les troupes, ils planifient les operations á tout les differents niveaux.
    L´avantage de ce concept est que les militaires afghans ont pu verifier d´eux mêmes que les connaissances dispensées pendant la formation sont crédibles quand les mentors sont avec eux pendant les missions sur le terrain*
    Progressivement, les différentes provinces ont été replacées sous la responsabilité des forces de sécurité afghanes** Les Afghansont d´abord été intégrés aux processus de planification des operations, avant d´être de plus en plus amenés á s´organiser seuls, á differents niveaux*
    Par la suite, ils ont été incités á décider de leurs propres missions, tout en continuant de *bénéficier du conseil de spécialistes et de mentors, **toujours presents á leurs côtés*
    Finalement, ils ont dû apprendre progressivement á se passer de ces derniers. Les bataillons les plus ancients sont désormais totalement aptes á travailler en autonomie, les plus récents doivent encore largement progresser. Ces derniers ont tout intérêt á avoir * encore quelques instructeurs á leurs côtés

    ¤ CE CONCEPT ?

    « Comparaison n´est pas raison », mais l´experience de l´Afghanistan offre des avantages qu´un gouvernement démocratique au Congo peut tirer des enseignements.
    Après l´élection du nouveau président afghan, ce dernier a signé des accords qui prolonge la présence militaire étrangère dans son pays. Notez que le Parlement afghan est en faveur de cette decision.
    La prochaine opération de l´OTAN en Afghanistan baptisée « RESOLUTE SUPPORT » vise á *entraîner, conseiller et assister les forces afghanes, et non les remplacer. L´opération insiste sur l´importance d´avoir des instructeurs sur le terrain aux côtés des forces afghanes**
    L´autre aspect important est le budget des quatres milliards de dollars**promis par l´OTAN pour financer les forces afghanes** Nous savons tous que la RDC a besoin du temps pour atteindre un tel niveau de budget..Les prochains dirigeants devraient en tenir compte.
    Il ya aussi l´aspect des « contraintes » liées avec ce financement; des spécialistes, deployés jusque dans les ministères, ont pour tâche de vérifier que l’aide économique sert bien á acheter du carburant, du matériel, des médicaments…Une mission tout aussi cruciale que celle de l´entraînement lui même**

    ¤ APPRENDRE

    Les congolais doivent être conscients que nous n´avons jamais possedés une armée nationale et républicaine. Nous devons apprendre non comment « former » une telle armée, mais aussi la gestion « démocratique » de l´armée*
    L´approche appliquée en Afghanistan peut rencontrer des critiques au Congo où les gens ont une comprehension étrange de la « souveraineté et du nationaisme »* Ne devrions-nous pas « renoncer » á une partie de notre « souveraineté » afin de garantir l´existence du Congo comme État?

    • Bonne analyse M. Kroll, les Etats généraux de l’armée ne sont pas incompatibles aux apports des programmes des partis dans la constitution d’une armée nationale et républicaine. Tout dépend de ce que l’on met dans ces Etats Généraux où les partis politiques et la société civile peuve,t aussi apporter leurs vision / programmes de la future armée. Suivez l’exemple des débats actuels au Burkina et la pression exercée par la société civile pour une réforme en profondeur de l’armée burkinabè, les FAN.

      Concernant le concept de MENTORING » OMLT que vous suggérer pour la RDC à l’instar de ce qui se passe en Afghanistan, je voudrais juste vous rappeler qu’une option similaire a déjà été appliquée en RDC entre 1962 et 1965 par l’ONUC qui, non seulement a pris activement part dans la guerre contre la sécession économique du Katanga, soutenue par la Belgique, mais elle a accompagné pas à pas la formation de l’armée (les officiers et troupes).

      En effet, la résolution 161 du 21 Février 1961, qui mettait l’ANC (Armée nationale congolaise) sous tutelle de l’ONU, prévoyait ni plus ni moins la mise en place d’un Commandement congolais grâce à la formation, au bon soin des Nations Unies, d’officiers congolais. Cette Résolution 161 était une première dans l’histoire des Nations Unies non seulement parce qu’elle fut à l’époque une des premières fois que les Contingents de l’ONU recevait une mission de contrainte armée, mais surtout à cause de la clause qui autorisait le Conseil de Sécurité à réorganiser l’armée congolaise en assurant notamment le recrutement, la formation des officiers: « Urges that congolese armed units and personnel should be reorganized and brought under discipline and control, and arrangements made on impartial and equitable bases to that end and with a view to the elimination of any possibility of interference by such units and personnel in the political life of the Congo ».
      A lire dans mon ouvrage : Les Armées au Congo-Kinshasa… »

      En tout cas merci pour votre contribution qui éclaire plus d’un profane.

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