Colonel Kasongo : Le procès Bemba à la CPI est conçu par les soutiens extérieurs de Kabila
Sur base d’une approche militaire, le Colonel Kasongo qui a vu naître le MLC, analyse techniquement le mode du fonctionnement du commandement militaire des troupes du MLC envoyées en RCA en soutien de l’armée loyaliste centrafricaine à la demande du président Ange-Félix Patassé, décédé depuis.
Le Col Antoine Kasongo Mukonkole ‘KAVA’
Le procès de BEMBA à la CPI est très facile à comprendre. Bemba représente un danger pour les soutiens extérieurs de Joseph Kabila.
C’est le seul opposant congolais qui a pris les armes contre ce pouvoir imposé aux congolais par les décideurs et faiseurs des Roi en Afrique. Comme Kabila, Bemba dispose également des connexions extérieures.
Si J BEMBA était à la tête du M23, ce mouvement ne subirait pas le sort qui est le sien aujourd’hui. Il y aurait un affrontement entre les soutiens extérieurs respectifs des deux camps. Kampala se serait terminé par un accord non pas entre le M23 et le gouvernement congolais mais entre les parrains et soutiens des belligérants comme ce fut le cas à Lusaka et à Sun City qui ont accouché des accords conçus par les parrains des belligérants et imposés aux congolais.
Ainsi, le procès de Bemba à la CPI est une mise en scène de celui qui a l’avantage de rapport de forces.
Tactiquement parlant, sur le plan de la conception des unités à déployer sur une zone d’opérations, le mécanisme d’attribution des unités des forces armées sur un théâtre des opérations respecte dans toute armée classique un certain nombre de principes pour maintenir un certain équilibre dans l’articulation de ces forces. Cela est en principe connu par tout officier disposant d’une formation de base et surtout par tout état-major d’une armée normale.
Pour mieux comprendre le raisonnement qui suit, je vous explique brièvement d’abord la composition d’une brigade d’infanterie.
Une compagnie Quartier général, 5 bataillon de reconnaissance trois bataillons d’infanterie (1,2 et 3) 19 bataillon d’artillerie, 2 compagnie de génie et 102 bataillon logistique
Une brigade blindée FARDC est composée de
- une compagnie quartier général,
- Un bataillon blindé,
- Trois bataillons char de combat,
- Un bataillon d’artillerie,
- Une compagnie de génie et
- Un bataillon logistique
Ce qui revient à dire qu’une grande unité comme la brigade est constituée d’un élément de commandement (quartier général, unité de reconnaissance) un élément de manœuvre (bataillon d’infanterie et bataillon char), un élément d’appui feux (artillerie) et travaux (génie) et un élément de soutien logistique (bataillon logistique).
Un bataillon d’infanterie est composée de :
- Une compagnie état major et service,
- Trois compagnies d’infanterie,
- Une compagnie d’appui
Un bataillon Blindé est composée de :
- Un escadron état major et service,
- Trois escadrons blindé et
- Un escadron des voltigeurs(fantassins)
Un bataillon d’artillerie: est composée de :
- Une batterie état major et service,
- Trois batterie( six canons ou obusiers chacune)
Quand au personnel cela varie selon les armées
Sur base du principe d’équilibre, une unité est soit:
- Attribuée: dans ce cas elle intègre le tableau organique de sa nouvelle unité. Par exemple: le 3ème bataillon d’infanterie de la 1ère brigade d’infanterie est attribuée à la 2ème brigade blindée. Le 2ème bataillon d’infanterie de la 1ère brigade d’infanterie n’apparaîtra plus dans le tableau organique de sa brigade initiale mais dans celui de la 2ème brigade blindée. Le 3ème bataillon dépend sur le plan administratif de la 2ème brigade blindée.
- Aux ordres: l’unité se trouve dans le tableau organique de son unité d’origine mais dépend sur le plan opérationnel de sa nouvelle unité. Mais elle ne pourra pas être articulée. Par exemple: le 3ème bataillon est mis aux ordres de la 2ème brigade blindée. Sur le plan opérationnel, il recevra ses ordres de la 2ème brigade blindée. Elle dépend aussi de cette brigade sur le plan logistique. La 2ème brigade blindée ne pourra pas articuler ce bataillon c’est à dire qu’elle devra utiliser ce bataillon dans son entièreté. Administrativement, elle dépend toujours de la 1ère brigade d’infanterie.
Sous commandement opérationnel : c’est le même cas qu’une unité aux ordres sauf sur le plan logistique. Par exemple: le 3ème bataillon d’infanterie dépend du point de vue de la logistique de la 1ère brigade d’infanterie son unité d’origine
Sous contrôle tactique: l’unité vient avec sa mission et sa logistique. Par exemple: le 3ème bataillon d’infanterie recevra sa mission de la 1ère brigade d’infanterie et non de la 2 brigade blindée. Il en est de même sous contrôle technique.
Maintenant la question que doit poser la CPI au commandant du contingent du MLC le colonel Mustafa Mukiza, un Tutsi absent au procès, quelles étaient les relations de subordination qui le liait à l’état-major général de l’armée du Centrafrique?
Poussons plus loin notre analyse, lors de l’intervention française au Mali, si les parachutistes avaient commis de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, la CPI aurait poursuivi François Hollande ? Allons encore plus loin, si les soldats Sud-Africains de la MONUSCO se rendaient coupables de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, la CPI engagerait elle des poursuites contre Zuma? Certains me répondront que Zuma avait exécuté une résolution de l’ONU. D’accord, lorsque les armées Rwandaise et Ougandaise sont intervenues au Zaïre en appui à l’AFDL pour chasser Mobutu du pouvoir, madame Emma Bonino, alors commissaire de l’UE chargée de l’humanitaire avait dénoncé le massacre des Hutu à Tingi Tingi.
Enfin, l’ONU a établi un rapport mapping sur ces crimes qu’on pourrait qualifier de génocide et crimes contre l’humanité mais étouffé actuellement par le Gouvernement congolais. Pourquoi jusqu’à ce jour la CPI n’a pas encore ouvert ce dossier? Et de plus, deux armées étrangères se sont affrontées à Kisangani, où est la CPI? Qu’attend le Gouvernement Congolais pour relancer ce dossier ?
La CPI a ouvert aussi le dossier de cannibalisme contre Bemba, maintenant c’est la subordination des témoins allant jusqu’à décapiter sa défense. Cet acharnement judiciaire a certainement un agenda politique caché. Nous trouverons ce qui se cache derrière ce procès d’autant que la finalité de tout ceci risque de produire un résultat contre-productif à ce que souhaité par les parrains extérieurs du régime actuel au Congo en ouvrant davantage les yeux des congolais qui, depuis la défaite de Goma, commencent peu à peu à se prendre en charge…
Colonel Antoine Kasongo
2 Comments on “Colonel Kasongo : Le procès Bemba à la CPI est conçu par les soutiens extérieurs de Kabila”
Freddy Lifungula
says:Je n’ai trouvé rien à redire,l’analyse est tellement bien structuré et explicite…..d’ailleurs personne n’est plus dupe…la fumée se dissipe progressivement sur le macrocosme politico-militaire congolais. C kabila et cie qui complique tout celui qui s’opposer et qui est un réel danger pour lui comme Jean Pierre Bemba Gombo. Mais comme un phénix il sera toujours là…le sort a déjà été scellé,c lui le futur président de la Rd Congo.
Musavuli
says:Merci Colonel Kasongo pour cet éclairage. Je m’attache particulièrement au dernier paragraphe :
« Cet acharnement judiciaire a certainement un agenda politique caché. Nous trouverons ce qui se cache derrière ce procès d’autant que la finalité de tout ceci risque de produire un résultat contre-productif à ce que souhaité par les parrains extérieurs du régime actuel au Congo en ouvrant davantage les yeux des congolais qui, depuis la défaite de Goma, commencent peu à peu à se prendre en charge… »