Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DROIT & JUSTICE | 14-02-2014 18:27
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CNDP-M23 : embêtante révélation de Bosco Ntaganda à la CPI

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

CNDP-M23 : embêtante révélation de Bosco Ntaganda à la CPI

nkunda-et--kabilaLe lundi 10 février 2014, la Chambre Préliminaire de la Cour Pénale Internationale (CPI) a organisé l’audience de confirmation des charges retenues par l’accusation contre Bosco Ntaganda, ex-général des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo)  et chef du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ce qui a le plus fait mal aux Congolaises et Congolais de souche, c’est la déclaration solennelle du responsable du panel de ses avocats selon laquelle son client est un citoyen rwandais.

            C’était l’argument-massue brandi avant l’examen du fond de l’affaire, en vue de détruire l’allégation de la Procureure de la CPI selon laquelle l’ex-homme fort de l’armée de l’UPC (Union des Patriotes Congolais) en Ituri, entre 2002 et 2003, était au cœur des conflits interethniques meurtriers entre Hema et Lendu. S’il est en effet démontré que le prévenu n’est pas un sujet congolais et partant n’appartient à aucune tribu ou ethnie congolaise, en principe les préventions de tueries, viols, vols, pillages, recrutements d’enfants-soldats enregistrées à l’époque en Province Orientale devraient être abandonnées.

            La ligne de défense choisie par les avocats de Bosco Ntaganda constitue une véritable douche froide et une interpellation pour les autorités civiles et militaires congolaises qui l’avaient protégé pendant six ans, de 2006 à 2012, alors qu’il était sous le coup de deux mandats d’arrêts de la CPI, sous prétexte qu’il était l’élément catalyseur du retour d’une paix durable au Nord-Kivu. Certains décideurs politiques, en réponse aux propos présentant l’intéressé comme un infiltré rwandais au sein des FARDC, avaient soutenu qu’un officier supérieur aussi gradé qu’un général ne pouvait être qu’un citoyen congolais.

            Mais avant que son avocat n’enfonce le clou, Bosco Ntaganda avait déjà annoncé les couleurs, lors de l’audience de son identification en avril 2013, en affirmant haut et fort qu’il était Rwandais et qu’il ne pouvait s’exprimer qu’en Kinyarwanda, la langue nationale la plus usitée dans son pays d’origine. La révélation de l’ex-patron du CNDP a ceci d’embêtant qu’elle met à mal tous ses parrains congolais qui lui avaient accordé, pour des raisons obscures, la nationalité congolaise, lui permettant d’infiltrer la hiérarchie militaire dans une province aussi ultra-sensible que le Nord-Kivu. Chacun peut se rendre compte, aujourd’hui, à quel point les autorités congolaises ont joué avec le feu, en refusant de livrer à la CPI un criminel qui n’était, en réalité, qu’un faux Congolais, aujourd’hui prêt à rendre coup pour coup pour sauver sa peau.

Des hordes de loups dans la bergerie

            Le feuilleton judicaire de Bosco Ntaganda à La Haye rappelle à la mémoire collective congolaise que les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) sont infestées de hordes de loups depuis la réunification territoriale et administrative intervenue au lendemain du Dialogue intercongolais, suivie des opérations assassines de « brassage » et « mixage » entre les troupes loyalistes et les combattants des mouvements rebelles, truffés d’officiers et soldats étrangers. Le général Laurent Nkunda et le colonel Jules Mutebusi de triste mémoire, les tout premiers officiers infiltrés à sonner le tocsin de la révolte au sein de l’armée nationale, à partir de la ville de Bukavu en 2004, eux aussi réputés Congolais, se la coulent douce présentement au Rwanda, sous leur véritable casquette, celle de Rwandais.

            Dès lors qu’il est démontré aujourd’hui que ne pouvaient s’assembler au sein du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) que des officiers et soldats rwandais, l’on en déduit que tous ceux qui ont rejoint Bosco Ntaganda dans la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars 2009), ne pouvaient être que des « oiseaux de même plumage » que lui. Ainsi, pendant des années, les FARDC ont hébergé des « chevaux de Troie » qui ont fini par révéler leur véritable face, celle de tueurs, violeurs, voleurs, pilleurs… acquis au schéma de la balkanisation du grand Congo. A ce jour, aucun doute n’est plus permis quant aux torts causés à la République par des criminels au service des forces du mal, que les parlementaires ont paradoxalement résolu de récompenser à travers la loi d’amnistie.

            Le feuilleton de Bosco Ntaganda à la CPI fait penser aussi à celui d’un député de Masisi, Jean-Paul Dunia (MLC), arrêté au Rwanda en 2006. Thomas Luhaka, Secrétaire général du MLC, qui avait effectué le déplacement en territoire rwandais en vue de réclamer sa relaxation, au motif qu’il était couvert par l’immunité parlementaire, s’était entendu dire que la justice rwandaise était en droit de juger un sujet rwandais. Tout le monde était ainsi surpris d’apprendre que le député prétendu congolais mis en examen au Rwandais avait la nationalité rwandaise. Par conséquent, son immunité n’avait aucun effet sur la justice de son pays d’origine.

            Les autorités congolaises, suffisamment renseignées sur les cas de traîtrise qui ont affaibli notre système de défense, devraient ouvrir l’œil et le bon et penser à nettoyer les « écuries » à tous les niveaux : institutions politiques, entreprises publiques, diplomatie, armées, police, services de renseignements, territoriale, etc. Car, d’autres Nkunda et Ntaganda se cachent encore dans la bergerie nationale. « Qui a trahi…trahira ! », renseigne l’adage.

Kimp / Le Phare, 12/02/2014

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One Comment “CNDP-M23 : embêtante révélation de Bosco Ntaganda à la CPI”

  • Qu’est-ce que vous voulez que nous disions de plus ! Voilà pourquoi Monsieur Jean Jacques Wondo, dans un article qu’il venait de publier il y a quelques semaines, parlait des gens qui nous prennent pour des « …CON- GOLAIS »… Le scénario est simple. Que quand ils sont au Congo, dans leurs différentes missions, ils sont congolais, mangent congolais, bénéficient des services de certains d’entre nous, officiels ou particuliers, conscients et/ou inconscients, mais quand leurs missions arrivent à terme, ou l’étau se resserre sur eux, ils redeviennent rwandais, ougandais etc. Le monde entier le constate. Ces stratagèmes sont savamment mûris par les milieux internationaux qui les envoient pour le business au Congo. Ainsi, parce qu’ils ne peuvent pas agir directement, ces puissants du monde se servent des pays de la région des grands-lacs dans la sous traitance, leur montrent comment procéder et comment s’y prendre en cas de difficulté etc. Mais moi je ne suis pas surpris, Monsieur Wondo, pas du tout. Le comportement de nkunda, ntanganda et consorts ne m’étonnement pas. Il est normal qu’ils adoptent cette attitude, car ne peut venir au Congo en mission, qu’un rwandais, ougandais et autre qui a bien assimilé la leçon: CELLE DE MISSIONNAIRE AU CONGO…ils consentent toute sorte de sacrifice pour pour arriver à leurs fins. Ils ont réussit, vous l’avez évoqué, à infiltrer le plus officiellement possible toutes les institutions du pays, soit par des assises comme le dialogue de Sun City, les résolutions de l’union africaine, les conférences des pays de la région des grands-lacs et les colloques internes du genre Amani leo, amaniwetu etc. Alors, je me tourne vers monsieur Lambert Mende…Que dit-il maintenant, lui qui soutenait avec véhémence la protection de …l’officier supérieur militaire « congolais » ntanganda pour besoin de la paix et de la cohésion nationale, refusant catégoriquement de le livrer à la justice internationale? Mais en même temps je me dis: qu’est-ce que Mende devait faire, parce que cette position ne venait pas de lui ! C’est bel et bien la position de Monsieur Joseph Kabila. Et comme il doit jouer son rôle d’amplificateur, Mende devait donner à cette position un contenu. Il est inutile, Monsieur Wondo, de mander aux autorités actuelles en RDC d’ouvrir les yeux sur cet aspect de chose, car elles dans le jeu. Une preuve de plus, vous l’avez une fois de plus évoqué, ce que les rwandais ont sembler perdre sur le champ de bataille, ils ont rapidement récupéré en grades militaires, en loi d’amnistie et très prochainement dans d’autres fonctions politiques et administratives leurs réservées par Kabila. Je me rappel d’une interview que Monsieur Joseph OLENGHANKOY a accordée au journal grand-lac en 2004:..les rwandais qui sont avec nous au gouvernement ont les pieds au Congo mais leurs têtes au rwanda. Les kengo, les azarias ruberwa, les nyarugabo, les bisengimana, les déo rugwiza et leurs acolytes sont dans un même schéma. C’est à nous de nous organiser, et très rapidement. Tout les moyens sont bon maintenant pour nous défendre, défendre notre pays, nos enfants, nos soldats morts, nos héros, NOTRE DIGNITÉ. Il n’est plus question de craindre les sanctions des occidentaux, qui, avec leurs multinationales, sont à la base de la plus grande tragédie de l’Afrique et même du monde pour ces 20 dernières années, environ 10 million des morts. Il n’y a que des rapports, des documentaires, des simples condamnations sans effets réels, nous obligeant de récompenser nos bourreaux, les amnistier par nos parlementaires, Jean Jacques Wondo, les mots me manquent pour vous exprimer la douleur que je ressent au moment où je poste mon commentaire. Personne ne parle du cas du Congo comme ils le font pour d’autres cas, pourtant mineurs ailleurs. Aucune sanctions infligée aux uns et aux autres. Aucune, parce qu’il s’agit de leur propre machine. UNE ANECDOTE:  » …un jour le Président Kabila me reçoit à son cabinet privé de sa résidence à GELEM, comme on l’appel, moi qui croyait servir la bonne cause, après lui avoir remis mon rapport, il me pose la question: …comment pouvons-nous mettre fin à la situation de l’Est, redonner à notre pays toute sa dignité? Dans mes réponses, je lui ai dit entre autre chose ceci: Monsieur le président nous sommes très infiltré et il nous faut maintenant une loi qui interdise aux Congolais qui ont acquis la nationalité d’assumer ou occuper certaines fonctions. Le contexte de notre pays l’exige. D’autres pays le font aussi pour consolider l’efficacité de leurs institutions pendant un moment donné, jusqu’à la maturité de ses populations… » Je suis sûr que ceci fut l’une des raisons de mon éviction brutale de son cabinet. Même le Sénateur SHE Okitundu qui m’a amené vers lui se pose toujours la question de savoir pourquoi je suis parti du cabinet du raïs de cette façon. Eh bien pour moi, il ya des chose que je ne négocie, c’est mon identité de vrai Congolais. Je n’étais pas là pour des moyens de vivre, mais pour des RAISON DE VIVRE. Ces raisons sont la patrie, la dignité, le développement de mon pays ainsi de suite. Dressons ensemble nos front longtemps courbés pour faire revenir le Congo aux Congolais.

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