Le député provincial Gecoco Mulumba, nouveau prisonnier politique de Kabila, en danger
Cela fera bientôt 70 jours que le député provincial Gérard Mulumba, dit « Gecoco », est détenu dans les geôles de l’ANR, en toute violation des règles de procédure pénale en matière détention provisoire.
Arrêté depuis le 10 novembre 2017 à l’aéroport de N’djili, on lui reproche d’outrage à chef de l’Etat sur les réseaux sociaux. Une infraction purement fantaisiste et politique dans un pays qui se dit démocratique, qui plus est membre du Conseil des droits humains des Nations Unies. D’autant que plusieurs sources confirment qu’il a subi des torturées au moment de son arrestation.
Son appartenance à la frange radicale de l’UDPS n’est pas non plus étrangère à son arrestation durant une période critique qui précédait le 31 décembre 2017, date de la fin du mandat prolongé de Joseph Kabila par l’accord de la Saint-Sylvestre.
Pour rappel, Gecoco Mulumba est un élu de Kingabwa (commune de Limete), dans la circonscription électorale de Mont-Amba. Il s’agit d’un quartier populaire de la commune de Limite, à Kinshasa, où il s’est fait remarquer par les œuvres sociales en faveur d’une population désœuvrée, laissée à l’abandon par la politique kleptocratique, prédatrice et antisociale de Joseph Kabila. Ce n’est pas pour rien que la répression a été particulièrement violente à Kingabwa lors des événements du 31 décembre 2017. L’un de ses crimes est entre autres d’avoir érigé un pont à Kingabwa, baptisé Pont Etienne Tshisekedi. Ce qui a déplu aux caciques du régime de Kabila. (https://congosynthese.com/video_reader_mob.aspx?Id=16700)
Depuis son arrestation, même les soi-disant autorité morale et président délégué de l’UDPS dédoublée et fait privé de Kabila, à savoir Bruno Tshibala et Tharcisse Loseke, ne manifestent aucun signe d’assurance auprès de leur prétendue base, pour plaider la cause de Gecoco auprès des autorités judiciaires compétentes.
Qu’est-ce que la détention préventive en droit congolais? – République Démocratique du Congo
Selon l’Association Avocats Sans Frontières, la détention préventive est le placement en détention d’un individu dont le dossier est en instruction soit devant le parquet, soit devant la juridiction dans l’attente de son jugement.
La détention préventive est une mesure exceptionnelle de privation de liberté ordonnée par l’autorité judiciaire compétente à l’égard d’une personne présumée innocente – mais contre laquelle il existe des indices sérieux de croire qu’elle aurait commis une infraction punissable d’une peine d’emprisonnement – dans l’attente de son procès.
Le but de la détention préventive est d’empêcher que l’individu puisse se soustraire à la justice par la fuite ou de le protéger contre la vindicte populaire.
Bases légales:
* Article 28 du Code de procédure pénale
* Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, Lignes directrices sur les conditions d’arrestation, garde à vue et détention provisoire en Afrique, p.46.
Cependant, depuis son arrestation, aucune procédure judiciaire appropriée et en bonne et due forme n’est entreprise pour permettre à Gecoco de bénéficier éventuellement d’un procès équitable. Ce qui fait dire que son arrestation a un caractère purement politique d’autant que l’ANR dépend dirctement de la présidence de la république et fonctionne comme une police politique à la solde de Joseph Kabila.
A l’instar des 34 parlementaires injustement invalidés en 2011, dont notamment deux autres élus du Mont-Amba, Michel Kabeya Biaye (ex-MLC) et Serge Welo Omanyundu (ex-ECiDé), ainsi que l’ancien président du parlement zaïrois, Anzuluni Bembe, DESC va de nouveau entreprendre une requête auprès du Comité des droits de l’homme de l’Union Interparlementaire (UIP) à Genève pour dénoncer l’arrestation illégale du député Gérard Mulumba.
Pour rappel, en 2012, grâce notamment à la requête introduite suite à notre implication, la RDC a été sévèrement condamnée par l’UIP, malgré l’armada diplomatique, juridique et financière déployée en vain par Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale congolaise. (Voir les documents détaillés en annexes).
Selon les récentes informations reçues de sa soeur Angèle Mulumba, l’état de santé de Gérard Mulumba est très préoccupant et exige une prise en charge médicale urgente. Les sources de l’ANR nous informent que Gérard Mulumba est détenu aux cachots de l’ANR/DSI (Département de la sécurité intérieure) en face de la primature, c’est-à-dire du bureau de son ex-camarade de parti Bruno Tshibala. ce département est dirigé par l’adjoint de Kelev, Roger Kibelisa, tous les deux sanctionnés par l’Union européenne.
Nous tenons Kalev Mutond, le chef de l’ANR soutenue et bénéficiant de la formation de la France, pour premier responsable direct de tout ce qui arriverait négativement à Gecoco Mulumba, solidairement avec le ministre de la Justice congolaise, Alexis Thambwe Mwamba, ainsi que ses ex-camarades du parti actuellement au pouvoir avec Kabila.
DESC interpelle également les autorités judiciaires congolaises de faire en sorte que Gecoco bénéficie d’une procédure pénale équitable et respectueuse de l’état de droit et des principes de séparation des pouvoirs dans une démocratie, au cas où il aurait commis une infraction punissable par le droit pénal congolais.
DESC met également la communauté internationale, à travers la Monusco, face à ses responsabilités de protection des citoyens congolais, victimes des répressions injustes d’un régime barbare.
J’alerte la diaspora congolaise de rester mobilisée en décrétant des mesures fortes contre les acteurs du régime de Kabila et leurs alliés en cas de persistance de la répression au Congo-Kinshasa.
J’appelle enfin la jeunesse dynamique de tous les quartiers de Kingabwa, où j’ai passé l’essentiel de ma jeunesse en RDC, à se tenir prête à faire recours aux stratégies alternatives de résistance asymétrique en cas d’harcèlement répressif continu des habitants de cette zone, devenue le bastion de la contestation populaire du régime de Kabila dans la capitale, par les autorités illégitimes et illégales du Congo-Kinshasa.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Annexes : Documents relatifs à la condamnation de la RDC par l’UIP pour violation des droits de l’homme des parlementaires lors des élections de 2011










