Il y a exactement un an jour pour jour, le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Ndolo me condamnait à mort, me présentant comme le « concepteur et auteur intellectuel » d’un coup d’État manqué, sur la seule base d’accusations d’« association de malfaiteurs » et d’« attentat ».
Deux charges principales étaient retenues contre moi :
- Avoir mis mon véhicule de service à disposition des assaillants ;
- Avoir adhéré au mouvement New Zaïre et entretenu des contacts avec son président, Christian Malanga.
Mais au fil du procès, cette construction mensongère et insensée s’est effondrée. Aucune preuve n’a démontré que j’avais prêté ma voiture à qui que ce soit. L’officier du ministère public, le lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent, incapable d’apporter la moindre preuve crédible de ses allégations, s’est contenté de relayer sur les réseaux sociaux, la clameur numérique alimentée par les services de renseignement, notamment le Conseil National de Cyberdéfense (CNC). Or, cette structure qui fait tout sauf les missions fondamentales de la cyberdéfense dont il ignore même la différence avec la cybersécurité, s’est dévoyée de ses missions pour se transformer en une sorte de police politique fasciste, agissant impunément en violation flagrante des dispositions de l’ordonnance présidentielle qui l’a créée.
Plus grave encore, le lieutenant-colonel Radjabu s’est montré incapable de décrire publiquement mon véhicule, ce qui l’a discrédité aux yeux de l’assistance et lui a valu des huées.
Finalement, le jugement s’est appuyé sur un extrait isolé d’une conférence tenue en juillet 2017 à Ottawa, organisée par une ASBL en collaboration avec les jeunes de l’UDPS, alors dans l’opposition. Sorti de son contexte, ce passage a été instrumentalisé pour m’accuser d’être « l’auteur intellectuel » d’un prétendu coup d’État. Comme si, dès 2017, j’avais pu anticiper les arrangements politiques ultérieurs entre Joseph Kabila, Corneille Nangaa et Félix Tshisekedi, ainsi qu’un hypothétique projet d’attenter à la vie de ce dernier en 2024.
La supercherie était tellement grotesque que même les avocats de la République, constituée en partie civile et représentée par le bâtonnier Matadi Wamba, se sont abstenus de me charger ou d’exiger des dédommagements. Selon eux, l’instruction menée par le ministère public, en la personne du lieutenant-colonel Radjabu, était entachée d’énormes incohérences et dépourvue de preuves crédibles.
En coulisse, les juges confirmaient pourtant mon acquittement. Mais au dernier moment, des injonctions venues de la présidence ont inversé la sentence. Une source proche du palais présidentiel a révélé que mon arrestation et ma condamnation découlaient en réalité de mes analyses scientifiques sur les incohérences de la politique militaire et sécuritaire du régime. Ces analyses, renforcées par des recommandations pragmatiques ignorées jusqu’à ce jour, ont été perçues comme des attaques personnelles contre le chef de l’État par un membre influent de sa propre famille. Aujourd’hui, la dégradation dramatique de la situation sécuritaire dans l’est du pays vient confirmer ce que je dénonçais déjà : le manque de volonté politique de réformer en profondeur et d’équiper correctement l’armée, les nominations népotiques, etc. Voilà la triste réalité d’une justice militaire politisée, instrumentalisée, agonisante.
Pourtant, malgré cette condamnation inique, je reste debout. Ils ont tenté de m’abattre par le terrorisme judiciaire, mais je refuse de céder, malgré les menaces de mort. Désormais, je suis résolu à défendre les droits des personnes détenues injustement. En parallèle, je poursuis mes propres investigations sur les véritables commanditaires et les enjeux de cette prétendue tentative de coup d’État. Une mascarade orchestrée par des apprentis stratèges du régime, dont certains se retrouvent aujourd’hui eux-mêmes derrière les barreaux.
Mon combat judiciaire se poursuit, en RDC comme devant les juridictions internationales, pour obtenir ma réhabilitation intégrale. J’entends également engager des poursuites contre ceux qui portent la responsabilité de mon calvaire carcéral et judiciaire inhumain.
Le moment venu, je livrerai des révélations de mon supplice dans l’antre des geôles militaires du régime congolais. Ce n’est qu’une question de temps.