L’occupation d’Uvira par l’armée burundaise :
A quoi jouent Kabila, Nkurunziza et la Monusco ?
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Le 9 octobre 2014, la radio onusienne de la MONUSCO annonçait la poursuite du retrait des troupes burundaises à Uvira, ville frontalière au Burundi dans le Sud-Kivu.
Les troupes de l’armée burundaise présentes depuis plus d’une année à Kiliba, ont commencé à quitter leurs positions le matin du mardi 7 octobre, afin de regagner leur pays. Les membres de la société civile et des témoins présents à la frontière de Kiliba ont affirmé avoir vu le commandant de la 10e région militaire, le général major Pacifique Masunzu, constater ce retrait. Ce mouvement s’était poursuivi jusque dans la soirée.
Selon la radio Okapi : « Le mouvement de retrait des militaires burundais de Kiliba, dans le territoire d’Uvira au Sud Kivu s’est poursuivi mercredi 7 octobre à la frontière de Kiliba, ont constaté les acteurs de la société civile locale. Des sources proches des FARDC ayant requis l’anonymat affirment que la présence de ce détachement militaire burundais a aidé l’armée congolaise à mettre la main sur des réseaux mafieux opérant à partir de Bujumbura, au Burundi voisin. »
Deux jours après le début de ce retrait, la population locale ne cache pas sa satisfaction. Un habitant de Kiliba témoigne:
“Nous avons dénoncé la présence de ces militaires burundais chez nous. Nous étions étonnés de les voir faire la permutation avec les militaires congolais. Nous avons vu beaucoup de véhicules se diriger vers la frontière, où les militaires burundais vêtus en tenue civile faisaient un signe d’au-revoir à la population et leur distribuaient de la nourriture et les bois de chauffe qu’ils utilisaient. Nous sommes contents de les voir partir.”
La présence des troupes burundaises en RDC a été initialement signalée par la RFI qui sous le titre « RDC: le mystère de la présence des forces burundaises à Kiliba », avait le 1er octobre 2014 avait bien affirmé la présence en du territoire congolais, dans la plaine de la Ruzizi (Sud-Kivu) des éléments de l’armée burundaise en réaffirmant qu’ils sont bien là.
Bizarrement et pour des raisons non expliquées, la Mission des Nations unies pour le Congo (MONUSCO) ainsi que les gouvernements burundais et congolais avaient dans un premier temps vigoureusement démenti officiellement la présence d’hommes en armes et en uniformes militaires burundais dans l’est du Congo.
Démenti de la Mission des Nations unies pour le Congo (MONUSCO)
Selon la déclaration du 1er octobre à Kinshasa du colonel Félix Prosper Basse de la MONUSCO, porte-parole militaire de la Monusco, « les rebelles burundais du Front national de libération (FNL) ne disposent d’aucun camp d’entrainement dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo. Ces rebelles, qui opèrent dans la zone frontalière entre la RDC et le Burundi, sont traqués par les FARDC avec l’appui de la Monusco ». (…) « La présence des rebelles FNL […] dans la province du Sud-Kivu ne date pas d’aujourd’hui. Ces rebelles FNL sont traqués jour et nuit par les Forces armées de la République démocratique du Congo. Donc, je ne pense pas que ces rebelles FNL aient un camp où ils s’entraîneraient ».
« Depuis fort longtemps ces rebelles opèrent le long de la frontière entre le Burundi et le Congo. «Des patrouilles conjointes ont été menées à plusieurs reprises en vue de mieux verrouiller cette franche frontière, qui est assez poreuse, pour ramener la paix dans cette zone qui est soumise à toutes ces activités négatives des FNL», a expliqué le porte-parole militaire de la Monusco ».
Et pourtant, ils sont bien là, dans la plaine de la Ruzizi (Sud-Kivu), comme RFI a pu le constater. Selon plusieurs sources, il existerait un accord secret entre Kinshasa et Bujumbura pour permettre à l’armée burundaise de mener des opérations contre des rebelles. Une explication qui ne correspond pas vraiment à la réalité du terrain.
Par ailleurs, depuis le début de l’année 2014, il n’y a eu aucune opération conjointe entre les armées burundaise et congolaise et si pareille opération devrait se réaliser, le parlement congolais. Or à ce jour, les contacts de DESC avec quelques sénateurs et députés des commissions Défense et sécurité des deux chambres du parlement congolais n’ont pas confirmé qu’ils en ont été informés. Pour Okapi, les rebelles se présentant comme les Forces nationales de libération (FNL) sont dans les moyens plateaux du territoire d’Uvira. Les forces burundaises de défense (FDD) sont elles dans la plaine de la Ruzizi. C’est bien plus bas et pourtant elles ont été attaquées à plusieurs reprises ces derniers mois par les rebelles burundais. Aucune opération terrestre n’a eu lieu en représailles.
« Entre les mois de mai et de juin, nous avions envoyé plusieurs missions aussi bien à Uvira qu’à Kiliba pour nous enquérir de cette présence des troupes burundaises dans la province du Sud-Kivu. Mais ces résultats n’avaient rien donné.»
Démenti du Gouvernement et des autorités militaires congolais
De son côté, le ministère congolais de la Défense nationale, Alexandre Luba Ntambo, a déclaré avoir appris «avec stupéfaction qu’il y aurait sur le sol congolais, aux alentours de la cité de Kiliba, dans le Sud-Kivu, la présence des militaires d’un pays voisin». Rien d’étonnant pour DESC de la part de ce minable ministre de la Défense sans portefeuille et dont la gestion de l’armée échappe complètement, au même titre que le Chef d’état-major général des FARDC, le général d’armée Didier Etumba. La gestion exclusive de l’armée, à tous les niveaux se fait au sein de la maison militaire du chef de l’Etat, censée être le chef d’état-major privé (avec des conseillers militaires privés) du président et non le chef d’état-major général de la République.
« Il n’existe actuellement aucun accord avec un quelconque pays voisin autorisant des opérations militaires conjointes sur le sol congolais», a déclaré sur la télévision publique le porte-parole des FARDC, le général Kasonga, avant d’ajouter :
« Cela n’est pas à confondre avec des rencontres bilatérales localisées d’échanges d’informations entre les commandants des unités voisines au niveau de nos frontières. Cela ne doit pas non plus être confondu avec des patrouilles synchronisées qui peuvent être menées simultanément de part et d’autre de nos frontières. Chaque partie opérant sur son territoire ».
La MONUSCO ainsi que les gouvernements burundais et congolais avaient toujours officiellement démenti la présence d’hommes en armes et en uniformes militaires burundais dans l’est du Congo.
L’armée burundaise confirme la présence de ses troupes en dépit des mensonges de la MONUSCO et du gouvernement congolais
L’armée burundaise a bien confirmé la présence de ses troupes dans la région d’Uvira, au Sud-Kivu. Son porte-parole, le Colonel Gaspard Baratuza, a déclaré vendredi 3 octobre à la presse locale que ces militaires se trouvent sur le sol congolais pour aider les FARDC à combattre les groupes rebelles retranchés dans les hauts plateaux d’Uvira. Le porte-parole de l’armée burundaise n’a pas donné l’effectif des troupes burundaises sur le sol congolais. Mais il affirme que le nombre de ces militaires n’est pas très élevé.Le Colonel Gaspard Baratuza ajoute que ces troupes ne devraient inquiéter personne, expliquant qu’elles opèrent dans un cadre légal d’échange d’information entre le Burundi et la RDC pour préserver la paix et la sécurité. Bizarre tout de même dès lors que le parlement congolais ignorait cette présence.
Accords secrets entre Kabila et Nkurunziza comme du temps de ‘Umoja wetu’ entre Kabila et Kagame
Citant plusieurs sources, la RFI a évoqué l’existence d’un accord secret entre Kinshasa et Bujumbura pour permettre à l’armée burundaise de mener des opérations contre des rebelles. Qui dit accord secret entre Kinshasa et Bujumbura pense à un accord secret entre les deux chefs d’Etat pour qui les secteurs de défense et sécurité en RDC restent leur domaine de chasse gardée exclusif. Une explication qui ne correspond pas vraiment à la réalité du terrain.
DESC décrypte la relation fusionnelle Kabila-Nkurinziza
Selon plusieurs sources miliatires et diplomatiques en RDC, les présidents Nkurinziza et Kabila entretiennent une relation de confiance qui remonte à 1998.
En effet, Pierre Nkurunziza entretient une vraie relation d’amitié, voire de fraternité avec Joseph Kabila depuis 1998 quand Mzee Kabila avait chargé Joseph Kabila, alors chef d’état-major de l’armée de terre et commandant des opérations au front de Pweto de ravitailler et réorganiser les rebelles burundais des CNDD/FDD (Conseil National Pour la Défense de la Démocratie / Forces pour la Défense de la Démocratie), une rébellion Hutu burundaise installée au Sud-Kivu comme base arrière et dirigée par Pierre Nkurunziza après leur scission en 2001 et regroupant à l’époque entre 20.000 à 25.000 combattants. Il s’agissait d’un soutien en armes, munitions, tenues militaires, téléphones satellitaires, parfois financier…
Le quartier général de CNDD/FDD était basé à Lubumbashi, plus précisément dans la résidence privée de Joseph Kabila,au quartier Bel-air dans la commune de Kapemba, avenue des Savonniers n° 28. A l’époque, c’est ce Pierre Nkurunziza qui s’occupait de réceptionner toute l’aide extérieure destinée au CNDD/FDD pour l’acheminer clandestinement au Burundi par le Lac Tanganyika.
Lors de la fameuse bataille de Pweto en 2000 entre le RCD-Goma et l’armée loyaliste congolaise, les FAC, Nkurunziza a commandé un bataillon du CNDD/FDD aligné en première ligne aux côtés des unités de FAC. Une de nos sources présentes au front nous signale que Joseph Kabila partageait même une même tente (bivouac) militaire aux côtés de Nkurunziza, et depuis lors leurs destins se sont liés jusqu’à ce jour. Et la source de préciser : « Lorsque Mzee Kabila a été assassiné par la suite, Pierre Nkurunziza était ensemble avec JK à Ndola en Zambie et non à Lubumbashi comme l’affirme faussement la versions officielle du récit des faits. » Pour cette source, « lors de la chute de Pweto et la fuite, après avoir abandonné plusieurs tonnes de matériel militaires lourd au RCD-Goma, Joseph Kabila était ensemble avec Pierre Nkurunziza. C’est dans le même hélicoptère dépêché par le gouverneur du Katanga à l’époque, le feu Augustin Katumba Mwanke qu’ils se sont repliés un temps à Lubumbashi, cachés dans un premier temps dans une des résidences de ce dernier pour les préserver de la furie du Mzee Kabila qui considérait la prise de Pweto comme un acte de haute trahison pour y avoir mis tous les moyens à disposition de JK afin de rendre Pweto une forteresse militaire imprenable ».
Et une autre source de nous préciser : « Nkurunziza est un Hutu pur et dur mais pour les besoins de la cause, il est est un grand ami de Joseph Kabila qui est ami et protégé du pouvoir Tutsi rwandais en plus d’être l’ami des Tutsi au Burundi (dont l’ancien président Pierre Buyoya). Et plus surprenant encore, Kabila entretient également une grande amitié avec des Hutu, même les plus extrémistes qui briment les Tutsi du Burundi. Cela repose sur la duperie de Kabila pour s’extirper de la tutelle exclusive des Tutsi rwandais. »
Il n’est pas exclu, selon les informations sérieuses parvenues à DESC, qu’un jour Nkurunziza et Kabila, aidés et poussés (parfois contre leur gré) par le président Tanzanien, Jakaya Kikwete qui déteste farouchement Kagame, renversent le rapport de forces au profit des Hutu. Cela pourrait même arriver avant la fin du mandat de Kikwete prévu en 2015. C’est ce qui permet de lever un pan de voile sur la détérioration des relations entre le Rwanda et le Burundi ces derniers mois. D’autant qu’en septembre 2014, les autorités burundaises avaient déclaré avoir découvert une infiltration organisée par le Rwanda sur son territoire. Ils ont estimé à 4.000 le nombre de rwandais infiltrés dans les églises, dans les petits jobs et au niveau des prostitués. Une autre source ayant requis l’anonymat est même allé affirmer que le Rwanda s’apprêtait à attaquer le Burundi sur fond de conflits et intérêts régionaux.
Et une des sources de conclure, bizarrement Kabila et Nkurunziza se retrouvent actuellement dans une même situation constitutionnelle (fin mandat) et tentatives de modifications de leurs constitutions respectives. Une raison de plus pour renforcer leurs liens.
La RDC devenue la terre de l’armée mexicaine, une auberge espagnole
Ce n’est pas la première fois que les autorités congolaises laissent opérer les troupes étrangères en dehors des accords bilatéraux officiels, ratifiés par le Parlement. Pour rappel, Le 1er septembre 2012 à la poste de frontière rwando-congolaise de Kabuhanga, 357 soldats rwandais avaient de parcouru une centaine de kilomètres depuis Rutshuru en RDC où ils étaient stationnés avec leurs homologues congolais. La cérémonie officielle de leur rapatriement s’était déroulée au Rwanda, en présence du Colonel Jean-Claude Yav, ancien numéro deux des renseignements militaires congolais, la DEMIAP. On note que les soldats des forces spéciales rwandaises étaient vêtus d’uniformes congolais. Ces uniformes seront ensuite récupérés par le colonel Yav dans la ville de Gisenyi (Rwanda) située à l’autre rive au Nord du Lac Kivu en face de Goma[1].
Pour rappel, En mars 2009, le général de brigade Jérôme Ngenda Imana, représentant l’état-major de l’armée rwandaise, a déclaré au cours de la cérémonie de clôture de Umoja Wetu que son pays considère comme terminée sa mission à l’Est de la RDC. Il a ajouté que « le Rwanda n’a plus de raison de retourner au Congo ». Une déclaration démentie en 2012 lorsque le ministre de la défense rwandaise, James Kabarebe, va publiquement reconnaître la présence des militaires rwandais au Kivu sur base d’accords secrets conclus à haut niveau entre les deux pays. Kabarebe a mentionné le retrait des troupes rwandaises – deux compagnies des forces spéciales rwandaises qui travaillaient aux côtés de leurs homologues des FARDC dans un bataillon conjoint opérant à Rutshuru, au Nord-Kivu – à l’insu de la population et des autorités parlementaires et de l’exécutif qui a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans l’opinion congolaise de plus en plus persuadée de la collusion du chef de l’Etat Joseph Kabila avec le Rwanda.
Dans la Libre Belgique du 04/09/2012, la journaliste belge Marie-France Cros, met en lumière les contradictions schyzo-pathologiques du porte-parole du gouvernement, le ministre Lambert Mende, qui a d’abord indiqué à la RFI, ne pas être informé « d’une présence non autorisée des forces rwandaises après la fin des opérations conjointes depuis le 25 février 2009 ». Le même Mende, sans scrupule et dans un style mytho-maniaco-bipolaire qui lui est devenu assez familier, a fait volte-face en reconnaissant le 2/09/2012 que le nombre d’hommes concernés « ne pouvait pas dépasser 50 » (NDLR DESC: alors que 2compagnies feraient entre 240 et 300 hommes) affectés à la surveillance conjointe de la frontière commune. Et d’ajouter : « Nous savons que, dans les discussions que nous avons eues avec eux pour cette surveillance commune, il ne devrait pas y avoir plus de 100 officiers de chaque côté ». De son côté, contredisant son collègue Mende, le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, indiquait à son tour que les forces évoquées par Kigali faisaient partie d’un bataillon « public » » et « officiel », mis en place en mars 2011, composé de deux compagnies de forces spéciales congolaises et deux rwandaises, chargées de combattre ensemble les FDLR[2].
Il est à noter que depuis le départ officiel des troupes rwandaises en mars 2009 à la fin de l’opération Umoja wetu, les soldats du CNDP ont été intégrés au sein de l’armée congolaise sous le commandement de Bosco Ntaganda. Menée de manière laborieuse, l’intégration des troupes du CNDP s’est heurtée tout d’abord à un manque de transparence quant aux effectifs. En 2008, le CNDP déclarait avoir dans ses rangs 5.276 soldats. En janvier 2009, lors des négociations avec le gouvernement, il en déclarait 11.080 alors que ses effectifs réels étaient estimés en 2009 à 4.500 – 5.000 miliciens. (ICG, 2009). L’EUSEC a indiqué en 2009 qu’environ 9.000 soldats ex-CNDP ont été intégrés, en précisant : « Sans doute, il y a des Rwandais dans le lot de soldats intégrés dans les FARDC, même s’il est difficile d’évaluer leur nombre exact »[3]. En faisant les calculs, on peut supposer qu’environ 6.500 soldats rwandais ont été intégrés officiellement au sein des FARDC.
Par analogie au cas Rwandais, on peut admettre qu’il n’est pas exclu que les soldats burundais soient également intégrés au sein des FARDC à l’insu de l’opinion nationale.
Contrairement à une mauvaise conception des pouvoirs du chef de l’Etat dans le domaine de la défense nationale, la Constitution de la RDC, au point de l’Exposé des motifs relatifs à L’Organisation et à l’Exercice du pouvoir mentionne clairement : « Bien plus, les affaires étrangères, la défense et la sécurité, autrefois domaines réservés du Chef de l’Etat, sont devenues des domaines de collaboration. Cependant, le Gouvernement, sous l’impulsion du Premier ministre, demeure le maître de la conduite de la politique de la Nation qu’il définit en concertation avec le Président de la République. »
Au travers de cette disposition, le but recherché par le Constituant est d’empêcher que le président s’octroie des pouvoirs exclusifs illimités dans le domaine de la défense Nationale comme ce fut le cas sous la IIème République. Malheureusement, ces mauvaises habitudes continuent. Le véritable commandement de l’armée se retrouve délocalisé au sein de la maison militaire du chef de l’Etat, un organe de soutien et non de décision. Le parlement, l’exécutif avec un ministre de la défense sans portefeuille ni budget et le Chef d’état-major général des FARDC reclus dans une fonction d’apparat, se trouvent dépossédés de la quasi-totalité de leurs prérogatives constitutionnelles et légales en matière de défense nationale.
Des actes présidentiels punissables de haute trahison
Toujours sur le même point 3 de l’Exposé des motifs, il est stipulé que : « Réunis en Congrès, l’Assemblée nationale et le Sénat ont la compétence de déférer le Président de la République et le Premier ministre devant la Cour constitutionnelle, notamment pour haute trahison et délit d’initié. »
L’Article 56 de la constitution dispose que : « Tout acte, tout accord, toute convention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence de priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie de leurs propres moyens d’existence tirés de leurs ressources ou de leurs richesses naturelles, sans préjudice des dispositions internationales sur les crimes économiques, est érigé en infraction de pillage punie par la loi ».
Alors que l’Article 57précise quant à lui que : « Les actes visés à l’article précédent ainsi que leur tentative, quelles qu’en soient les modalités, s’ils sont le fait d’une personne investie d’autorité publique, sont punis comme infraction de haute trahison. »
Dans un remarquable article écrit par l’ancien ambassadeur de France en RDC, Pierre Jacquemot, le chercheur estime que « l’enjeu des opérations « Umoja wetu » dans le Nord-Kivu et « Kimya II » dans le Sud-Kivu était la reconquête des sites perdus, un retour à la situation qui prévalait dans la région entre 1996 et 2002, avec la mise sous tutelle du « Petit Nord » (territoires de Rutshuru et du Masisi). Cela a eu pour conséquence une nouvelle redistribution de la carte économique (mines, terres de pâturage, forêts). Le choix (NDLR DESC : fait par Kagame et Kabila lors des rencontres secrètes en vue de planifier l’opération Umoja wetu) des sites des opérations (terroirs riches en sous-sol et en terres de pâturage) a conduit à conforter la thèse selon laquelle le Rwanda était effectivement venu consolider ses positions économiques dans l’est de la RDC. Il est vrai que l’armée rwandaise y retrouva de nombreux alliés rwandophones installés depuis longtemps. Il semblait également, au milieu de l’année 2009, que la cartographie des territoires « libérés » à la suite de l’intégration du CNDP, comme des zones sous influence du FDLR qu’il fallait reconquérir par la force ou la dissuasion, ressemblait en transparence à celle des sites miniers[4] ».
L’Article 54 prévoit que : « Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo sont au service de la Nation congolaise toute entière.
Nul ne peut, sous peine de haute trahison, les détourner à ses propres fins.
Nul ne peut, sous peine de haute trahison, organiser des formations militaires, paramilitaires ou des milices privées, ni entretenir une jeunesse armée. »
Commentaire DESC : Or le fait d’organiser une opération militaire conjointe FARDC/RDF dont le but final était de céder au Rwanda des terres qu’il a occupé entre 1996 et 2002 ne poursuit pas des objectifs nationaux mais des fins privées entre Kabila et Kagame.
L’Article 63 recommande que « Tout Congolais a le droit et le devoir sacré de défendre le pays et son intégrité territoriale face à une menace ou à une agression extérieure.
Un service militaire obligatoire peut être instauré dans les conditions fixées par la loi.
Toute autorité nationale, provinciale, locale et coutumière a le devoir de sauvegarder l’unité de la République et l’intégrité de son territoire, sous peine de haute trahison. »
Commentaire DESC : Lorsque le président Joseph Kabila invite clandestinement et au mépris des dispositions constitutionnelles l’armée Burundaise à venir opérer à Uvira, en brimant les populations locales qui se sentaient en zone conquise par une armée étrangère, il s’agit là d’un indice flagrant d’absence de sauvegarde de l’intégrité du territoire congolais dans le chef de Joseph Kabila.
A analyser tous ces accords internationaux bilatéraux signés par Joseph Kabila ou son gouvernement au détriment des intérêts suprêmes de la Nation Congolaise et en violation de l’article 216 de la constitution qui prévoit : « Si la Cour constitutionnelle consultée par le Président de la République, par le Premier ministre, le Président de l’Assemblée nationale ou le Président du Sénat, par un dixième des députés ou un dixième des sénateurs, déclare qu’un traité ou accord international comporte une clause contraire à la Constitution, la ratification ou l’approbation ne peut intervenir qu’après la révision de la Constitution« ; n »y a-t-il pas en RDC plus de 10% de députés ou sénateurs au sein de l’opposition ou des républicains de la majorité présidentielle pour saisir la Cour constitutionnelle en vue d’abroger tous ces accords signés unilatéralement par Kabila au profit des armées étrangères ?
Enfin, rappelons une fois encore et encore que l’Article 165 définit ceci : « Sans préjudice des autres dispositions de la présente Constitution, il y a haute trahison lorsque le Président de la République a violé intentionnellement la Constitution ou lorsque lui ou le Premier ministre sont reconnus auteurs, co-auteurs ou complices de violations graves et caractérisées des Droits de l’Homme, de cession d’une partie du territoire national. (…) »
Messieurs les sénateurs et députés, malgré les conditions de votre élection et même si l’on ne se fait nullement aucune illusion sur la suite que vous réserverez à cette analyse, voilà du pain mis sur votre planche, préparé pour vous par DESC au regard de vos prérogatives constitutionnelles. Tôt ou tard vous serez individuellement comptables et redevables (le terme « accountability » en anglais convient mieux que responsability) devant la Nation congolaise humiliée et violée dans son intégrité, des actes posés dans l’exercice de vos mandats. L’article 101 de la Constitution précise que « (…) Le député national représente la nation. Tout mandat impératif est nul. » L’article 104 de la Constitution dit que « (…) Le sénateur représente sa province, mais son mandat est national. Tout mandat impératif est nul. » En effet, la Constitution congolaise a opté pour le principe républicain de souveraineté nationale dans l’exercice de vos mandats qu’elle reconnait non impératifs. Cela veut dire que les députés ou les sénateurs élus sur un mandat non-impératif ne représentent plus leurs électeurs locaux, ni leurs camps politiques respectifs mais bien l’ensemble de la nation.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu – Exclusivité DESC
[1] youtube=http://www.youtube.com/watch?v=ROtn6qjUkL4&w=594&h=365.
[2] In Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC.
[3] Ibid.
[4] Jacquemot, Pierre, Économie politique des conflits en République Démocratique du Congo, Revue CAIRN.INFO/Afrique contemporaine, De Boeck Supérieur – numéro 230, 2009/2, pp.195-196.
3 Comments on “L’occupation d’Uvira par l’armée burundaise : A quoi jouent Kabila, Nkurunziza et la Monusco ? – JJ Wondo”
Kilimasimba
says:Juste une correction pour un détail mineur,
étant de Lubumbashi, le quartier Golf se situe dans la commune de Lubumbashi et non dans la commune de Kampemba. L’auteur voulait sans doute parler du quartier Bel-air !
Kilimasimba
says:Plus loin, pouvez-vous investiguez mon cher Jean-Jacques sur la présence, les motivations supposées et réelles des forces spéciales US dans l’Ituri. Ils entrent en Ituri depuis l’Ouganda. Ce cirque dure depuis 3 ans, au minimum.
Merci.
CROCOS DE LUOZI
says:CONGOLAISES ET CONGOLAIS VOICI PRES DE 20 ANS NOUS SUBISSONS LA HONTE ATOUT BORD, LA HONTE A MEME CHANGE D’APPELATION ET EST DEVENU LA HONTERIE…QUE DES MORTS, DES VIOLS, QUE D’HUMILIATIONS, QUE DES MASSACRES……
UNE SEULE PERSONNE EST CAPABLE DE REPONDRE AU BESOIN SECURITAIRE DE LA RDC CAR ELLE CONNAIT BIEN COMMENT FONCTIONNE LE KISIMBI POLITIQUE ACTUEL, C-A-D LE MONSTRE QUI A PLUSIEURS TETE: KANAMBE ALIAS KABILA JOSEPH, KAGUTA MUSEVENI, KAGAMBE.
CETTE PERSONNE A FAIT PREUVE DE MATURITE POLITIQUE DEPUIS DES ANNEES. ELLE A TRAVAILLAIT AVEC MOBUTU DANS DES DOSSIERS INEDITS QUE SEULE LA CIA POURA EVENTRER DANS LES DECENIES AVENIR, ELLE A ETE AU COTE DES GRANDS DU MONDE POUR APPRENDRE ET A FAIT PREUVE EGALEMENT DE SON PATRIOTISME ET INCORRUPTIBILITE.
CETTE PERSONNE A GARDE LE FLAMBEAU DE LA LIBERTE QUE NOUS ONT LAISSE NOS AIEUX. AU REGARD DE TOUTES INCONSISTENCES POLITICO-MILITAIRES, SOCIO-POLITQUE ET GEOSTRATEGIQUE DU MOMENT, L’HOMME A DEMONTRE SA MAITRISE DANS LE DOSSIER AFRIQUE, PRICIPALEMENT LA RDC. IL CONNAIT BIEN LE SYSTEME MIEUX QUE QUICONQUE, NOUS PENSONS ET NOUS CROYONS QU’IL FAUT LUI TENDRE LA MAIN ET QU’IL DIRIGE SUR NOUS LE GRAND-CONGO MALADE, AGENOUEE DEPUIS PRES DE 20 ANS AVEC SON COEUR QUI SAIGNE, SA TETE COUPE DE SON CORPS INTEGRALE, SON CORPS DEMEMBRE EN 8,000,000 DES MORCEAUX.
NOUS PENSONS QUE CETTE PERSONNE DOIT REVENIR POUR NOUS AIDER, NOUS PROTEGER ET INSTALLER OU REINSTALLER LE SYSTEME QUI NOUS A PROTEGE DURANT 32 ANS; NOUS ANNONCONS ET NOUS PROCLAMONS MR HONORE NGBANDA ZAMBO KO ATUMBA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO EN 2016 OU AVANT 2016 CAR BIENTOT KANAMBE VA COULE SON SANG.
SON SANG, KABILA, NAUSEABONDE, EST LA SOMME DE 8 MILLIONS DES MORTS TUE PAR SON EPEE DEPUIS 20 ANS. NOUS DISONS, NGBANDA HONORE POUR PRESIDENT DU CONGO.
UNE SEULE ADDRESSE POUR FREINER LE MASSACRE, POUR ENDIGUER AVEC L’HEMORAGIE POLITICIENNE SANGUINAIRE QUI VENERE LE CULTE DE MORT AU CONGO ET, CETTE ADRESSE EST UNE PERSONNE ET, CETTE PERSONNE A UN NOM ET C’EST LE NOM D’UNE PERSONNE QUI FAIT TREMBLER RIEN QUE PAR SON OMBRE, IL SAGIT DE HORONORE NGBANDA ZAMBO KO ATUMBA POUR PRESIDENT.
VIVE LA RDC ET QUE DIEU BENISSE LE CONGO