L’Hebdo sélectionné et commenté par DESC
Semaine du 25 au 31 août 2014
Deux sujets d’actualité de la semaine du 25 au 31 aout 2014 ont été sélectionnés dans notre analyse hebdomadaire. A savoir, la visite du nouvel envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Région des Grands lacs, Said Djinit et la Réunion de Kingakati de la majorité présidentielle sur la révision ou non de la constitution. Une information de dernière minute est venue bousculée l’actualité de cette fin de semaine. Il s’agit de la triste nouvelle sur la mort du General Bahuma, commandant de la 8ieme région militaire au Nord-Kivu.
Said Djinit tâte le terrain congolais
Rencontre entre Said Djinnit et les autorités congolaises : Forum des As titre : « Revisitation de l’Accord-cadre, Saïd Djinnit reçu chez François Muamba ». Le nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs et le coordonnateur du Mécanisme national de suivi (MNS) ont passé en revue, jeudi 28 août, les réalisations de la RDC dans le cadre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Une première visite officielle qui permet à Saïd Djinnit d’apporter tout son soutien pour la stabilité du Congo-Kinshasa et de la sous-région des Grands lacs. «Il est temps que la RDC et la région des Grands lacs retrouvent la stabilité », affirme Saïd Djinnit devant François Muamba.
L’Agence Congolaise de Presse rebondit sur le même sujet et signale que le diplomate onusien a indiqué que son devoir est de s’assurer que les parties prenantes aux niveaux national, régional et international honorent leurs engagements pour que l’on aille de l’avant afin de nous permettre de travailler sur des chantiers tels que : promouvoir le commerce, les infrastructures, les investissements privés, le rapprochement des populations pour faire de la région des Grands Lacs une zone prospère, stable et solidaire. Dans ce contexte, la RDC a un rôle important à jouer dans cette démarche.
«Processus électoral. L’ONU renouvelle son soutien à la CENI », révèle L’Avenir. Tout en réitérant l’engagement des Nations Unies à soutenir les efforts de stabilisation de la République démocratique du Congo, le Représentant spécial de Ban Ki-moon pour la région des Grands Lacs a déclaré que l’ONU poursuivra son soutien à la CENI comme par le passé. Il a souligné que les mécanismes y afférant sont déjà initiés au niveau de la MONUSCO pour un accompagnement efficient du processus électoral.
Le Phare, pour sa part, écrit: «Désarmement des FDLR : rendez-vous d’évaluation fixé à octobre ». Tout en soulignant ne pas être la meilleure autorité pour répondre à la question liée au blocage observé dans le processus de désarmement volontaire des rebelles rwandais des FDLR qui doit s’achever en décembre prochain, Said Djinnit a confirmé que c’est aussi la position du Conseil de sécurité des Nations Unies qui a pris note des décisions des efforts des organisations sous régionales en vue de trouver une approche commune. Celles-ci, rappelons-le, ont accordé, lors du sommet de Luanda, un nouveau délai de six mois aux FDLR pour se désarmer volontairement, avant une opération forcée. «Notre souhait est que ce processus se passe dans les meilleures conditions d’efficacité. Sinon pour ceux qui ne profiteraient pas de cette fenêtre d’opportunité, l’action militaire est toujours sur la table…», a-t-il menacé.
La nomination d’un africain, après l’échec patent de Mary Robinson, comme envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la région des Grands Lacs serait-elle un début de solution pour la stabilisation de la région des grands lacs ? C’est une des questions que les congolais se posent. Notre analyse du 20 aout 2014 dresse un portrait détaillé de l’intéressé. http://afridesk.org/vers-un-nouveau-dialogue-en-rdc-apres-le-fiasco-des-concertations-lenvoye-special-said-djinnit-le-demineur-des-grands-lacs-jj-wondo/.
Pour rappel, quatre tâches principales attendent le diplomate algérien dans la région des Grands lacs :
1°) Une tâche diplomatique: Assurer la bonne application de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba et la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi entre le Gouvernement de la RDC et l’ex rébellion du M23.
2°) Une tâche stratégique préventive : élaborer et mettre en œuvre tous les mécanismes politiques et diplomatiques de prévention des conflits et à y faire régner un climat apaisé et de confiance mutuelle devant favoriser la mise en application effective de l’accord-cadre d’Addis-Abeba censé maintenir la paix dans l’est du Congo et encourager la mise en œuvre des déclarations de Nairobi entre le Gouvernement congolais et la rébellion du M23 – dont les troupes se trouve en Ouganda et au Rwanda.
3°) Sur le plan politique et militaire : Aux côtés des autres envoyés spéciaux de la communauté internationale, œuvrer pour obtenir le désarmement total des FDLR, les rebelles hutus rwandais d’ici à la fin de l’année en cours ou, en cas d’échec, à user de votre fermeté en faveur du lancement des opérations militaires et d’autres moyens de contrainte d’envergure à leur encontre.
4°) Une mission électorale d’assurer des processus électoraux pacifiques au Burundi et surtout au Rwanda et en RDC. Pays dans lesquels aux termes de leurs Constitutions respectives, les présidents Paul Kagame et Joseph Kabila ne peuvent plus se représenter. Mais aussi, selon DESC, sa mission serait aussi de ramener toutes les composantes politiques, sociales et armées à la table des négociations pour un énième dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation et encourager l’organisation d’élections provinciales et locales crédibles et transparentes, tel que prôné par l’Accord-cadre.
A titre d’information, l’Accord-cadre exige ni plus ni moins au gouvernement congolais de s’engager à «consolider l’autorité de l’Etat, en particulier à l’Est de la RDC, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins » et à « continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité… ». L’Accord exige également à l’Etat congolais d’ « effectuer des progrès en ce qui concerne la décentralisation ». Cette question de la décentralisation suscite déjà une levée de boucliers ici et là, et risque de devenir une bombe à retardement si elle est mal gérée. L’Accord exige entre autres au gouvernement congolais de « promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation » ; « Promouvoir la réforme structurelle des institutions de l’Etat, y compris la réforme des finances » et de « Promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture de services sociaux de base ».
Dans une analyse consacrée à l’Accord-cadre (http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=192944&Actualiteit=selected), on écrivait que cet accord était un « un réquisitoire sévère contre l’Etat congolais qui se trouve désormais pieds et poings liés par les engagements auxquels le chef de l’Etat a souscrit à Addis-Abeba et qui n’a plus d’autre choix que de s’engager, sans faux-fuyant, dans un dialogue ouvert et franc de cohésion nationale après tous ces mauvais départs qui risquent de compromettre l’avenir du Congo. » Mais à la place, d’un dialogue franc et inclusif, Kabila a voulu faire la diversion vers ses « propres concertations » ratées. Mais la réalité de la situation l’a rattrapé et finalement c’est vers un dialogue que Djinnit va le pousser à honorer ses propres engagements en attendant que la ‘communauté occidentale’ le pousse à respecter la Constitution. Mais là c’est une autre paire de manches.
Reunion de Kingakati, la majorité présidentielle en ordre dispersé
Kingakati : Pro et antirévisionnistes donnent de la voix ! C’est la manchette du journal Forum des As. Devant l’Autorité morale, rapporte le tabloïd, la réunion du Bureau politique de la MP a donné lieu à des interventions croisées entre les partisans de la révision constitutionnelle conduits par le PPRD et les adversaires de cette option menés par le MSR. Chose suffisamment rare pour être soulignée, d’après Forum des As, les sociétaires de la MP n’ont pas dégagé de consensus sur l’épineuse question de la révision constitutionnelle. C’est ce sur quoi embraye La Prospérité en titrant : Révision Constitutionnelle : Majorité, deux blocs opposés à Kingakati ! De son côté, Le Potentiel trouve qu’on tend Vers la 4ieme République avec Le MSR isolé. Le Palmarès n’est pas en reste et signe : Débats houleux autour de Kabila. Mais le trihebdomadaire Congo Nouveau qui ne voit les choses du même bout de la lorgnette, évoque des stratégies politique et annonce que: Joseph Kabila va tout changer en septembre.
Le débat sur la révision ou non de la constitution est toujours d’actualité en RDC. Non entre l’opposition et la majorité puisqu’on connait déjà la position de l’opposition mais cette fois ci au sein même de la majorité présidentielle. Deux tendances se dégagent au sein de cette famille politique du chef de l’Etat. Une, avec à la tête le PPRD qui soutient la révision de la constitution pour prolonger le mandat de Joseph Kabila parce qu’estimant qu’il doit achever les œuvres qu’il a commencé. Et une autre avec à la tête le MSR qui estime qu’on n’a pas besoin de réviser la constitution. On peut conserver la pouvoir sans réviser la constitution (La MP peut présenter un autre candidat puisque l’actuel va épuiser ces deux mandat)
Pour trouver un compromis entre les deux tendances, Joseph Kabila a tenu une réunion dans sa ferme de Kingakati lundi 25 aout avec tous les partis de la majorité.
Selon nos sources présentes à cette réunion, Joseph Kabila pencherait plus du côté de ceux qui militent pour la révision de la constitution. Il ne l’a pas dit ouvertement mais ses prises de positions et son orientation du débat insinuaient son souhait. Joesph Kabila estime que les temps ont changé, il faut s’adapter au temps nouveaux. Le débat était très houleux selon nos sources et la réunion s’est terminée sans une position commune de la majorité. Pierre Lumbi, autorité morale du MSR et conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité serait devenu « personne en disgrâce auprès de Joseph Kabila ». Il en est conscient et avait d’ailleurs confié à un de ses collaborateurs qu’il n’était pas sûr de terminer l’actuel mandat vivant et pourrait connaitre le même sort que son prédécesseur Samba Kaputo.
Après une analyse minutieuse de la fiabilité de l’information et du document, certifié 100 % crédible, DESC recommande la lecture minutieuse du compte rendu détaillé de cette réunion, publié par CongoNews : http://7sur7.cd/index.php/8-infos/8713-compte-rendu-inedit-kingakati-ce-que-chaque-cadre-de-la-majorite-presidentielle-a-dit-a-kabila#.VANwR2NtVwg.
Un compte-rendu qui laisse transparaitre une césure dans le camp présidentiel entre les pro et les opposants à la révision constitutionnelle. D’habitude, ces informations relèvent de l’omerta dans le cercle présidentiel mais le fait qu’un des participants ait eu l’audace de le dévoiler au grand public montre que le match est loin d’être joué en faveur d’un troisième mandat présidentiel pour Kabila au sein de la MP.
Comme si cela ne suffisait pas, une autre voie, non la moindre, celle d’un natif de Katanga, le bâtonnier Jean-Claude Muyambo, vient de s’exprimer contre un troisième mandat consécutif de Kabila. Selon le www.Katanganews.net, « Jean-Claude Muyambo contre toute révision de la constitution ». Cette sortie médiatique à contre-courant de Muyambo mérite d’être prise au sérieux depuis que ce dernier a conclu récemment une paix des braves avec son frère ennemi juré Moïse Katumbi, le gouverneur de Katanga qui ambitionnerait de succéder à Kabila. Et le média en ligne d’étaler le réquisitoire sévère contre le programme gouvernemental de la ‘révolution de la modernité’ de Kabila, dressé ce samedi 30 août par « le bâtonnier le plus célèbre du Katanga », président de la SCODE, parti membre de a MP dont la : « position semble être celle des Katangais », précise-t-il.
« Quand il décide de rompre le silence, c’est pour lâcher une bombe qui traduit l’expression d’un grand nombre des Katangais: En 2016, Joseph Kabila devra quitter le pouvoir. Et par conséquent, non à toute modification de la constitution.«
« Le point de vue du bâtonnier Muyambo est pourtant celui de la majorité de Katangais, province d’où Joseph Kabila est originaire. De toutes les provinces de la RDC, le Katanga semble n’avoir pas tiré profit de ses ressources naturelles durant le mandat de son rejeton. Chose qui crée beaucoup de frustrations et beaucoup de mécontents. S’ils ne le disent pas à haute voix, bon nombre des frères de province du président joseph Kabila sont d’avis qu’il devra céder le pouvoir à quelqu’un d’autre. Et ce, quelle que soit sa province d’origine. Cela peut se sentir dans les réactions un peu ambiguës de certains politiciens de la majorité Présidentielle qui, en réalité, peinent à transmettre le point de vue de la base au président Joseph Kabila. Les Katangais ne se reconnaissent pas en lui. »
« La situation socio-économique de la province est catastrophique. Pas de routes de desserte agricole, pas de centres de santé adéquats, pas d’emplois, pas d’eau, pas d’électricité, etc. Bref, la province ressemble à un grand village qui peine à se moderniser. Surtout dans les milieux ruraux… Mêmes les promesses électorales de Joseph Kabila n’ont pas été tenues. La déception est totale. »
« … On déplore l’absence de la justice distributive. Il y a des Katangais privilégiés, les Katangais de second rang et les autres…On estime que le président de la république a failli en étant très partielle depuis qu’il est au pouvoir. D’où la question: Pourquoi encore lui? »
« Le changement de la constitution pourrait enflammer le pays et provoquer des guerres. Personne ne voudrait revivre cela. Le nord-Katanga a perdu ses braves fils à cause de différentes rebellions. Les gens ont encore ce souvenir frais à l’esprit… Le bâtonnier Muyambo a raison, la constitution ne doit pas être changée. Pas même d’une virgule ».
… « Pouvons-nous parler de la révolution de la modernité à Mutshatsha ou à Kasaji? Pouvons-nous soutenir que Sakania est modernisé ou Malemba-Nkulu? Qu’est-ce qui a changé à Kalemie ou à Lubudi? La révolution de la modernité? Peut-être à Kinshasa, au Bandundu ou à Kindu. Faire une telle affirmation au Katanga serait de la simple démagogie… « Dans le registre du développement, le Katanga a été la province la plus oubliée par le régime en place. Ses richesses ont servi à construire d’autres provinces faisant du Katangais le Congolais le plus pauvre et pourtant vivant sur une terre extrêmement riche », note le quotidien en ligne.
Pour conclure, les choses pourront se clarifier au mois de septembre à la rentrée parlementaire. La majorité en place est décidée coûte que coûte à réviser la constitution, mieux la changer carrément. On se demande si cette famille politique de Joseph Kabila mesure les conséquences politiques que cette révision peut engendrer dans le pays. Ou elle se fiche des congolais, comme elle sait bien le faire d’ailleurs.
Le Général Bahuma savait qu’il ne sortirait pas vivant du Nord-Kivu
Le commandant de la 8è région militaire, le général-major Lucien Bahuma Ambamba, est décédé samedi 30 août à Pretoria en Afrique du Sud des suites d’un Accident cardiovasculaire cérébral (AVC). Le porte-parole des FARDC, le général Léon Kasonga, l’a annoncé dimanche 31 août à Radio Okapi. Le général Bahuma a été attaqué par l’AVC jeudi à Kasese en Ouganda vers 20h30 locales, alors qu’il prenait part avec son homologue ougandais à une rencontre dans le cadre des consultations périodiques mixtes pour l’évaluation de la situation sécuritaire à la frontière commune, a précisé le général Kasonga, lisant un communiqué officiel du ministère de la Défense nationale.
Le commandant de la huitième région militaire et de l’opération « Sukola 1 » est mort en Afrique du sud dans un hôpital militaire. Le Général Bahuma a combattu contre le CNDP de Laurent Nkunda. C’est lui qui a été la « main armée » de l’opération pomme verte qui a défait le M23 et sous son commandement le très médiatique et célèbre colonel Mamadou Ndala.
Un contact qui a requis l‘anonymat et qui l’a côtoyé récemment pendant un mois nous écrit ceci :
« J’habite Goma et j’ai fait connaissance du général dans le son QG à Beni durant une mission de service. C‘est un vieil ami officier des FARDC qui me l’a présenté. C’est une grande personne dévouée pour le Congo, pleine d’humanité et de convivialité qui vient de nous quitter. Je me rappelle que durant mon séjour à Beni, il m’a régulièrement invité à diner avec lui durant ses temps libres et j’ai appris à le connaitre et surtout à l’apprécier. Naturellement, on a commencé à parler politique et je lui ai posé des questions sur la mort de Mamadou Ndala. Subitement, il s’est mis à rire et m’a dit : Je te trouve très Intelligent avec de bonnes observations sur la situation politique et sécuritaire du pays. Tu iras très loin si tu continues ainsi. A l’époque, il m’avait dit une chose que je ne comprenais pas, maintenant je comprends le Pourquoi de ses propos. Le général m’a confié ceci : « même moi je ne sais pas si je sortirai un jour vivant du Nord-Kivu… « Dans l’au-delà où il se trouve, Mamadou a intérêt à me préparer des honneurs militaires… qui ne me sont pas encore reconnus jusqu’à présent ». Je suis si triste M. Wondo de ce qui vient de lui arriver. »
On nous signale que c’est le général de bigade Emmanuel Lombe Bangwangu qui assumerait l’intérim (information qui reste à vérifier!) et que des sources militaires à Goma nous informent que son nom circulait déjà dans la nuit de vendredi à samedi, bien avant le décès de Bahuma, bizarre non, si cela se confirme ?
Notons enfin que quelques manifestations sporadiques ont eu lieu à Beni et à Goma. Des militaires frustrés auraient tiré en l’air et des femmes des militaires ont également manifesté pour protester contre cette morte qu’elles disent suspecte. Une information confirmée par la suite par la Radio Okapi.
Nous vous renvoyons sur notre info-flash pour en savoir plus sur ce vaillant officier des FARDC qui vient de rejoindre dans l’au-delà son proche collaborateur Mamadou Ndala. Nous y reviendrons avec plus de détails dans notre livraison de la semaine prochaine.