Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 22-07-2019 07:20
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L’Adhésion de la RDC dans l’EAC : Les raisons d’un agenda géostratégique caché dicté par le Rwanda ? – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

L’Adhésion de la RDC dans l’EAC : Les raisons d’un agenda géostratégique caché dicté par le Rwanda ?

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Les expériences en cours sur le continent africain montrent que la multiplication des accords régionaux ne facilite pas toujours la poursuite, dans la cohérence, de l’agenda de l’intégration régionale et continentale. Tous les acteurs du continent reconnaissent que les pays africains n’ont pas d’autres choix pour faire face aux contraintes que génère la mondialisation et pour en saisir les opportunités que d’accélérer la transformation des petites économies fragmentées du contient en un ensemble économique structuré et cohérent. C’est pour cette raison que les Communautés économiques régionales (CER)[1] ont été mises en place dans les régions africaines avec pour objectifs de construire la charpente institutionnelle de l’intégration afin d’organiser la mutualisation des ressources et des projets[2].

Les pays membres de ces CERs, comme les CERs elles-mêmes, sont parties à de nombreux accords régionaux, espérant à la fois tirer profit des avantages commerciaux qu’ils peuvent y gagner et renforcer leur propre intégration. Ces deux objectifs ne s’arriment pas toujours correctement. Le continent africain est marqué par la multiplicité des blocs d’intégration. La plupart des États africains sont membres de plusieurs communautés d’intégration qui se chevauchent. La coexistence de ces communautés qui ne partagent pas toujours la même trajectoire institutionnelle, les mêmes objectifs économiques et la même cohérence juridique et politique est le plus souvent source d’incohérence et de difficultés dans la mise en œuvre de l’agenda de l’intégration au sein des régions. Mais en dépit de ces efforts en matière d’harmonisation des politiques des CERs, les progrès restent encore assez faibles et le rythme de réalisation de ces progrès n’est pas uniforme[3]. Certains pays, comme le Rwanda, tirent bien leur épingle du jeu, contrairement aux autres pays comme la RDC dont l’appartenance aux multiples CERs semble contreproductive pour son économie.  

Le présent article s’efforce de démontrer que derrière l’initiative d’adhésion de la RDC à l’EAC[4], la Communauté de l’Afrique de l’Est, l’enjeu pour le Rwanda est de remettre la RDC sous l’ancien ordre géopolitique régional qui a prévalu entre 1997 et 2003, dominé par le Rwanda, l’Ouganda et les pays de l’Afrique de l’Est.

Appartenance multiple et irréconciliable de la RDC à plusieurs organisations régionales

Dans sa page Facebook, Jean-Claude Maswana, professeur d’économie à l’université Ritsumeikan au Japon, émet de sérieuses réserves quant à la pertinence de l’adhésion de la RDC à l’EAC[5].

Selon lui, « l’une des raisons derrière les échecs successifs des initiatives d’intégration régionale prises par les pays africains se trouve être résumée par le dicton « Qui trop embrasse mal étreint » de nos pays. Pour plaire aux parrains, et sans réfléchir, la RDC veut s’engouffrer dans trois initiatives d’intégration régionale SADC, COMESA, dont elle est déjà membre, et AEA, aux accords, notamment tarifaires, et parfois irréconciliables. Même s’il y avait une nécessité ou une urgence, tout au moins une étude préalable devrait être menée. Ceci est d’autant plus nécessaire du fait que les effets économiques des accords tarifaires SADC et COMESA laissent croire que notre pays n’a probablement rien gagné (pour ne pas dire qu’il a perdu). Le gain antérieur n’étant visiblement pas perceptible, nous voilà en train de solliciter un autre engagement de libre-échange avec des pays qui pillent déjà de façon « libre » nos ressources en toute impunité et tuent en prime. C’est absurde comme démarche que Kabila a longtemps hésité de le faire lui-même à visage découvert. Enfin, lorsqu’on parcourt les détails des accords liant les membres de la SADC, COMESA et AEA, il apparaît bien qu’un pays ne peut pas techniquement appartenir à ces trois ensembles régionaux en même temps et tenir ses engagements tout en bénéficiant des effets attendus. Même si on pouvait trouver des mécanismes d’ajustement au passage, il faudra une expertise et une efficacité administrative que notre pays n’a même pas. Le fait de s’engager vers cette voie prouve en lui-même ce déficit en la matière.

Source : Page Facebook du professeur Jean-Claude Maswana

Cette analyse du professeur Maswana relève les enjeux géostratégiques et géoéconomiques régionaux sous-jacents et contradictoires de cette adhésion dont l’analyse d’impact socioéconomique n’a surement jamais été effectuée en amont.

Une réintégration profitable au Rwanda qui ne cesse de pénétrer la RDC depuis la proclamation de Félix Tshisekedi

Depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi à la tête de la RDC, on constate un dégel diplomatique accéléré entre le Rwanda[6] et la RDC alors que les deux pays entretiennent un contentieux politique et sécuritaire dont le rapport Mapping des Nations Unies en constitue une des bases. On pourra constater en même temps l’accélération de la réactivation de la CIRGL dont l’efficacité reste très mitigée. Le Rwanda qui ne pouvait pas se permettre certaines choses sous Kabila considéré par l’opinion congolaise comme étant son agent en RDC, se permet de pénétrer davantage la RDC en profitant de la « fragilité politique » de Félix Tshisekedi. Ce dernier souffre d’un grave déficit de légitimité populaire à la suite de son élection très contestée jusqu’à présent mais se voit plutôt légitimé par ses pairs régionaux à la tête desquels le Rwanda reste un des soutiens clé. En contrepartie, mal entouré et conseillé sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques de la région, le président Félix Tshisekedi laisse faire Kagame et permet ainsi au Rwanda de renforcer son expansion en RDC. L’autorisation donnée aux troupes rwandaises d’opérer dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu en est une illustration patente. Les casques bleus et d’autres sources de sécurité de l’ONU ont confirmé que des unités d’au moins deux bataillons de la force de défense rwandaise ont pris position à l’intérieur du Congo-Kinshasa pour traquer des groupes de rebelles rwandais. Les troupes ont été repérées par des sources locales dans le parc des Virunga, dans la province du Nord-Kivu, et d’autres auraient pénétré dans le Sud-Kivu voisin, près de la région des trois frontières avec le Burundi, jusqu’au 30 mai.[7].

Le Rwanda, pays enclavé, le pionnier de l’intégration régionale

Les processus de régionalisation peuvent être analysés d’un point de vue institutionnel, territorial, réticulaire (espace dans lequel se développent des stratégies-réseaux). Ils ont des dimensions économiques, politiques, linguistiques et culturelles. Ils permettent non pas d’effacer mais de dépasser des frontières, de créer des interdépendances transfrontalières et de neutraliser les tensions[8]. Le phénomène d’intégration régionale est à la mode et gagne du terrain en Afrique. Il suscite l’engouement et, ce faisant, devient une préoccupation majeure des acteurs étatiques. En Afrique subsaharienne, la régionalisation par les acteurs et par les réseaux l’emporte ainsi sur le régionalisme institutionnel. Le problème des processus d’intégration en Afrique de manière générale, est que ceux-ci sont monopolisés par les élites politiques et très peu appropriés par les populations frontalières. En effet, il est très rare que les dirigeants africains impliquent ou consultent leurs concitoyens dans le cadre des processus d’intégration. Des processus qui, au finish, bénéficient très peu aux populations locales.

Le caractère multilinguistique du Rwanda, la proximité géographique avec les pays des différentes entités régionales susmentionnées, l’espace physique régional favorable (le sol riche, un bon climat, les ressources naturelles, etc.), l’enclavement du pays[9], la politique étrangère du pays, les menaces sécuritaires[10], les intérêts économiques[11], etc. sont tout autant des facteurs qui expliquent cette appartenance plurielle du Rwanda à des ensembles régionaux a priori diversifiés, mais qui poursuivent des objectifs stratégiques hémogéniques bien précis.

Les facteurs géoéconomiques qui expliquent l’appartenance du Rwanda à la zone EAC

Le Rwanda a intégré la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) en 2006 avec le Burundi, rejoignant le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie. Créée à Arusha en 1996, l’EAC s’est fixé un programme ambitieux de réaliser à terme un véritable marché commun et à moyen terme une union douanière[12]. Les trois pays fondateurs (Kenya, Tanzanie, Ouganda) sont relativement homogènes du fait qu’ils entretiennent entre eux de nombreuses relations économiques.

Pays profondément enclavé, le Rwanda est situé à 1 200 km de l’Océan Indien et à 2 200 km de l’Océan Atlantique. Le pays est alors tributaire de ses voisins côtiers pour l’accès à la mer, pour l’importation et l’exportation de ses produits. Il découle de cette situation de double handicap que le Rwanda est obligé de se débattre pour « survivre » et a besoin de développer une politique d’intégration dans les marchés régionaux pour être compétitif[13]. Cette dépendance met en lumière l’importance de solutions régionales aux problèmes de développement du pays[14].

Les contraintes géographiques du Rwanda constituent la principale raison qui a justifié son intégration à l’EAC, selon les déclarations du délégué du Ministère en charge d’intégration à l’EAC[15]. En raison de l’exiguïté de son territoire, le Rwanda fait face à une vulnérabilité extérieure qui limite ses possibilités de croissance interne et réduit son poids dans les négociations internationales, a souligné l’agente du Ministère en charge de l’intégration à l’EAC. L’intégration du Rwanda dans l’EAC est donc motivée a priori par l’incidence économique positive qu’elle engendre pour sa population du fait de la corrélation entre la taille de son marché[16] et la croissance, ainsi que de la compétition à laquelle le Rwanda est confronté dans le cadre de la mondialisation de l’économie[17].

L’intégration du Rwanda dans l’EAC lui permet stratégiquement de bénéficier des avantages des ports de Mombasa au Kenya et Dar-Es-Salaam en Tanzanie dont il est tributaire pour l’écoulement de sa production et son approvisionnement en produits importés. Dans le cadre de son intégration au sein de l’EAC, le Rwanda profite largement de la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires. Cela lui permet, en raison de l’élargissement du marché, de développer le rendement des productions et la diminution des coûts. Ce marché important, accompagné d’un développement des échanges, a permis de générer des gains de bien-être par la diversification des produits[18].

A titre d’exemple, une étude du rôle du secteur privé du Burundi et du Rwanda dans le processus de l’intégration dans l’EAC démontre que le Rwanda est le pays le mieux intégré sur le marché de l’EAC en termes de performances commerciales dans l’EAC pour les exportations[19], en comparaison avec ses différents partenaires commerciaux de la région. A cet égard, le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie font partie des cinq premiers pays de destinations des exportations rwandaises, aux côtés de l’Union européenne et de la RDC. D’autre part, des cinq pays membres de l’EAC, le Rwanda est le seul à avoir connu un bond spectaculaire de son PIB réel entre 2006, l’année de son adhésion et 2008. Son PIB réel est passé de 1 790 millions de dollars en 2006 à 3 682 millions de dollars en 2008[20], soit plus de 100 %[21]. En 2014, son PIB réel était de 7 103 millions de dollars.

Ces opportunités constituent la principale justification géoéconomique[22] de l’adhésion du Rwanda dans l’EAC. Une intégration dans un marché régional de plus de 130 millions de consommateurs qui était économiquement vitale pour surmonter ses handicaps. L’EAC est apparu pour le Rwanda un cadre idéal et un marché potentiel pour redynamiser son économie. Malgré le fait que le Rwanda appartienne au grand marché de COMESA, 95% de ses exportations se font avec l’EAC.

Le Rwanda a besoin de l’intégration de la RDC au sein de l’EAC pour rentabiliser ses profits économiques

Mais pour rentabiliser davantage ses profits économiques, le Rwanda lorgne sur la RDC, sa cave minière, pour exporter à moindre coûts (suppression des barrières douanières) les produits tirés de la contrebande minière en RDC.

Ainsi, l’exploitation de rapports déséquilibrés au sein des cadres régionaux entre d’une part, l’Etat fort qu’est le Rwanda et d’autre part, l’État ruiné qu’est la RDC, fait partie d’une stratégie rwandaise pour consolider ses intérêts stratégiques en RDC à court et à moyen terme. Car l’exploitation des richesses minières à l’Est de la RDC est cruciale pour l’équilibre budgétaire de l’État rwandais, ainsi que pour l’enrichissement personnel de son élite politico-militaire[23]. Lors de toutes les guerres directes ou par procuration menées par le Rwanda en RDC à partir de 1996-1997, plusieurs auteurs ont démontré, au-delà des motivations sécuritaires, que leur mobile primordial était économique. Pays pauvre, le Rwanda a trouvé dans une RDC fragile un terreau de rentes minières stratégique pour son économie. Il a mis en place en RDC une juteuse « économie de guerre » par l’instauration d’un dispositif de prédations systématiques des ressources naturelles et minières de la RDC.

L’intégration du Rwanda à l’EAC se présente donc comme une conjonction des facteurs historiques, géographiques, économiques et politiques. L’intégration du Rwanda dans l’EAC fait donc partie de la stratégie globale du Rwanda visant à compenser son handicap économique et à trouver des solutions politiques en vue d’endiguer pacifiquement les tensions frontalières et sociales avec ses alliés de la région[24]. Dès lors que ces tensions émergent, il n’est pas exclu que le Rwanda développe d’autres stratégies extrarégionales alternatives pour assurer sa survie.

L’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait tenté de changer le paradigme géopolitique instauré entre 1997 et 2013

Deux accords de paix illustrent les jeux d’équilibres de forces régionales dans les Grands Lacs. Ils traduisent la compétition que se livrent les Etats – plutôt leurs leaders – de l’EAC et de la SADC en RDC[25]. Le Rwanda a en effet acquis sa suprématie et son influence dans la région des Grands Lacs depuis la victoire de la rébellion congolaise de l’AFDL sur les troupes loyalistes des forces armées zaïroises, sous Mobutu. Le Rwanda a consolidé sa suprématie régionale en 2000 lors de la guerre de six jours à Kisangani lorsque son armée a défait l’armée ougandaise. Avec l’appui militaire et diplomatique des Américains et des Britanniques avant, pendant et après la prise du pouvoir par le FPR, le Rwanda a dicté l’ordre politique régional jusqu’en 2013[26]. Cette position hégémonique du Rwanda en RDC avait également été facilitée par le président Joseph Kabila qui était perçu comme menant une politique jugée trop accommodante envers Kigali[27]. Mais la défaite du M23 avait marqué un point d’inflexion de l’hégémonie rwandaise dans la région, plus précisément en RDC où il avait perdu du terrain[28]. Cette défaite semblait modifier le rapport de forces dans les Grands-Lacs.

L’ancien ordre régional reposait sur l’ordre politique établi par l’accord de cessez-le-feu Lusaka[29] en Zambie, signé le 10 juillet 1999. L’accord-cadre sur la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo dans la région des Grands-Lacs[30], signé le 24 février 2013, à Addis-Abeba, en Ethiopie, consacre le rééquilibrage des poids géopolitiques des États de la région de l’EAC et de la SADC grâce à leur emprise sur l’économie du Katanga désormais au-dessus de celle du Kivu[31].

Au-delà des enjeux géopolitique et sécuritaire de ces deux accords, c’est au niveau de l’enjeu économique qu’il faille analyser les rapports de forces établis par ces deux accords. En effet, l’accord de Lusaka et ses accords dérivés[32] favorisaient le corridor qui va de la partie orientale de la RDC et débouche sur les ports kenyan de Mombassa et tanzanien de Dar-es-Salaam. Il s’agissait de la zone constituant l’EAC. Ces pays ont tiré un profit géopolitique des avantages économiques et des dividendes miniers que leur procuraient la situation sécuritaire instable de la RDC et l’économie de guerre installée grâce aux flux d’exportation des ressources congolaises vers cette zone. Ces Etats de l’EAC, forts de ce pouvoir économique que leur offraient les rébellions congolaises, ont pesé de tout ce poids sur la CIRGL qu’ils ont politiquement contrôlée et instrumentalisée à leur profit[33].

L’indignation générale suscitée par la prise de Goma, capitale du Nord-Kivu, en novembre 2012 par le M23, a contraint la communauté internationale à réagir. Un alignement diplomatique consensuel international s’est opéré en défaveur du Rwanda. Cela a débouché successivement à la signature de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et au vote par le Conseil de sécurité de l’ONU, le 28 mars 2013, de la résolution 2098, renforçant le mandat de la MONUSCO par la création d’une brigade spéciale d’intervention d’environ 3.069 hommes fournis par les pays de la SADC : la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du Sud. Cette brigade, dotée d’une mission offensive, va appuyer l’armée congolaise, FARDC, dans une offensive victorieuse contre le M23[34].

Cette entrée en scène quasi unanime dans les Grands Lacs des pays de la SADC[35] qui manifeste à son tour un appétit économique croissant en RDC, a consolidé la mainmise de la SADC, de plus en plus intéressée par les opportunités économiques que leur offre la RDC via le corridor Katanga – Le cap[36] dans la géopolitique régionale des Grands Lacs, au détriment de l’EAC.

L’Adhésion de la RDC à l’EAC poursuit la stratégie rwandaise du droit de regard sur son grand voisin fragile

« Le Rwanda constitue la plaque tournante du commerce illicite des pierres précieuses congolaises »[37]. Après l’opération conjointe ‘Umoja Wetu, Kigali a lancé une « Bourse de matières premières ». En 2011, selon la banque centrale rwandaise, l’exportation minière a rapporté 68.000.000 de dollars à l’Etat devenant ainsi la première source de rentrée de devises au Rwanda, dépassant pour la première fois, l’exportation du thé, qui a toujours été le premier secteur d’exportation. Le Rwanda ne dispose pas suffisamment des gisements à même de soutenir une telle production. Le Rwanda avait créé le « Bureau Congo », une structure de gestion des ressources naturelles exploitées en RDC, dont les recettes servent à couvrir les besoins de son armée. En 2000, le Bureau Congo a réalisé 64.000.000 millions de dollars qui ont permis de couvrir 70% des dépenses militaires du Rwanda[38].

Déjà dès 2009, on a enregistré une exponentiation de création des coopératives minières au Rwanda. Au moins 300 coopératives ont été répertoriées par l’ONG britannique Global Witness qui a affirmé que « Les minerais du Congo sont exportés comme production rwandaise. A travers ces coopératives,  ces minerais qui passent la frontière reçoivent une étiquette au Rwanda et sont écoulés vers les marchés internationaux »[39]. Un rapport 2013 de Global Witness a indiqué que « La plus grande partie de l’étain, du tantale et du tungstène produits dans le Nord et le Sud-Kivu profite aux rebelles et aux FARDC. Les minerais transitent via le Burundi, mais aussi le Rwanda avant d’être exportés… Au Rwanda, « l’étain et le tantale introduits clandestinement sont blanchis à travers le système d’étiquetage national rwandais et exportés comme produits rwandais »[40].

Pour la professeure japonaise Masako Yonekawa, l’intégration militaire du CNDP, une rébellion pro-rwandaise, au sein des FARDC, a renforcé l’influence de l’armée rwandaise dans l’est de la RDC, un moyen d’accéder aux ressources naturelles et d’attirer le soutien financier d’acteurs externes et multinationaux. Elle montre comment le Rwanda, en agissant directement et indirectement sur les acteurs armés locaux et déterritorialisés en RDC, arrive à tirer des dividendes économiques importants pour soutenir ses efforts d’émergence[41].

Petit producteur, le Rwanda est devenu depuis décembre 2014 le plus important exportateur mondial du minerai de colombo tantale, communément appelé coltan. Les statistiques de la Banque nationale du Rwanda indiquent qu’en 2013, le commerce du coltan a rapporté 134.500.000 de dollars tandis que le revenu annuel du secteur minier s’est élevé à 226.200.000 de dollars. Le gouvernement rwandais estime que cela ne concerne qu’une petite partie de la capacité de production du pays car les objectifs du secteur minier pourraient permettre d’atteindre 400 millions de dollars d’exportations de minéraux en 2017, avec à la clé, la création de plus de 600.000 emplois…[42].

S’inspirant du modèle de Singapour, le Rwanda, dépourvu des ressources naturelles, s’est lancé dans la voie de développement technologique et industriel afin d’être la plaque tournante de la région des Grands Lacs et de l’EAC.

C’est dans cette perspective que la compagnie canadienne « AB Minerals Corporation » a construit au Rwanda la première usine de transformation de coltan en poudre de tantale et en niobium. Le Rwanda devient ainsi le premier exportateur du coltan dans le monde. A lui tout seul, le pays fourni presque 30% du coltan au marché mondial. Pourtant le pays de Paul Kagame ne possède pas de gisements significatifs du coltan sur son territoire. Selon un témoignage recueilli par DESC : « le coltan de la contrebande quitte la RDC vers au départ de l’aérodrome de Walikale. Situé à environ à 135 km à l’ouest de Goma. De cet aérodrome où la Douane congolaise n’a aucun contrôle, des petits avions viennent embarquer l’essentielle de la production de tous les petits creuseurs du Masisi vers les comptoirs de Kigali ».

Plus récemment, selon l’Agence Ecofin, le Rwanda vient de lancer depuis mars 2019 sa première usine de transformation d’or. L’infrastructure a eu un coût de construction de 5 millions $ et est implantée dans la zone économique de Kigali dans le district de Gasabo. Cette raffinerie a été construite sous la conduite de l’Américain Hilly Metals Company qui s’est associé avec la compagnie locale Aldira dans une co-entreprise. Elle est détenue à parts égales par les deux partenaires.

« Nous avons construit l’usine avec assez de capacité pour transformer une bonne partie de l’or du continent. Ce que nous faisons n’est pas nouveau, mais les gens ont l’habitude d’envoyer l’or en Europe, à Dubaï, en Turquie, en Suisse et en Belgique. A présent, nous disposons sur le continent, d’une raffinerie qui a les mêmes standards que ceux de l’Europe ou de l’Asie », a affirmé Jean de Dieu Mutunzi, le directeur exécutif de la co-entreprise. Son cœur de métier est de racheter l’or brut et de le travailler de manière à avoir une qualité de l’ordre de 99%. Elle peut raffiner 6 tonnes d’or par mois, soit environ 220 kilogrammes d’or par jour. Et cette capacité peut être étendue en cas d’augmentation de la demande[43].

Il paraît donc clair que l’essentiel de l’or brut de cette raffinerie proviendra de la contrebande des exploitations illicites en RDC où des agents binationaux comme John Kanyoni Nsana, très proche de Kagame et de l’ancienne rébellion du RCD-Goma, jouent le rôle d’agent du Rwanda de Kagame en RDC.

Un rapport de Global Witness d’août 2017 sur les réseaux de trafic minier à l’est de la RDC pointe METAL AND CHEMICAL SPRL (METACHEM), une entreprise de commerce de minerais gérée par John Nsana Kanyoni, un membre éminent de la Chambre congolaise des Mines (Fédération des entreprises du Congo – FEC) parmi les sociétés impliquées dans les activités de blanchiment, de contrebande de minerais et de manipulation de minerais volés[44] exportés principalement au Rwanda. Metachem est très actif dans le négoce et le traitement d’étain, tantale et tungstène à Goma au Nord-Kivu, mais aussi dans le Sud-Kivu et au Maniema. Il est aussi actif dans le secteur stannifère (étain) au Maniema.

Le journaliste, écrivain et chroniqueur français Christophe Boltanski, dans son livre intitulé Minerais de sang : Les esclaves du monde moderne, Grasset, 2012, cite John Kanyoni dans le trafic illicite de (du) cassitérite entre la RDC et le Rwanda. Dans un autre article écrit par Rwema Francis en février 2013, intitulé : President Paul Kagame’s right hand men and their involvement in Congo war of Mining, on peut lire ce qui suit : « In order to continue to these covert operations in mining without forgetting the military groups fighting in Congo was the use of counterfeit money they are using in Eastern Congo. The local civilians are unable to tell what counterfeit money is and what is not. Another example of this deep rooted corruption is evidenced by a local leader who is also a part of this scheme. The local buyers call him John Kanyoni who is also among President Kagame’s right hand men, he is the same person who obtains travel documents and Identity Cards for the buyers and the miners as well as obtaining the paperwork needed to engage in mining activities. Therefore, they must sell minerals to this ring of corruption in Rwanda in order to obtain these documents. These rebels can easily get the documents and ammunitions through Rwanda by buying from Kanyoni.[45] »

Enfin, Kanyoni, qui détient un passeport rwandais selon une source des renseignements proche de François Beya, a été présent à Kigali lorsque le président Tshisekedi y avait reçu les hommes d’affaires opérant dans ce pays. Kanyoni a plaidé en faveur de l’intégration régionale et du libre-échange en proposant que certaines barrières « soient détruites sur le continent africain. »[46] Curieusement, c’est le même crédo que défend Kagame pour la RDC.

Conclusion

Comme on peut le constater, le président rwandais, Paul Kagame, maintient une fixation obsessionnelle de son voisin congolais en adaptant au gré de l’évolution politique de ce colosse aux pieds d’argiles sa stratégie. Cette fois-ci, c’est au travers de l’adhésion de la RDC à l’EAC que Kagame planifie de poursuivre l’exploitation économique de son voisin. Le profil politique affable du président Félix Tshisekedi, qui ne semble pas avoir été préparé à diriger le pays, à en croire une analyse du GEC[47], est une aubaine pour Kagame pour pénétrer économiquement et militairement la RDC. Comme l’a avancé le professeur Maswana et d’autres experts économiques contactés par DESC, aucune étude d’impact pertinente a été réalisée pour mesurer les dividendes qu’obtiendrait la RDC en cas d’adhésion. Ce, d’autant que son appartenance plurielle à plusieurs espaces régionaux peut finalement produire un effet contreproductif économiquement pour la RDC.

L’intégration de la RDC dans l’EAC risque de consacrer un retour en arrière de l’ancien ordre géopolitique AFDélien qui a prévalu avant la signature de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba. En ce sens que sans une étude d’impact socioéconomique sérieuse sur les dividendes de cette intégration, c’est la RDC qui risque d’en être perdant au détriment de ses voisins de l’Est. Surtout qu’en même temps à l’Ouest, le futur pont entre les Deux Congo risque lui aussi de fragiliser l’économie moribonde congolaise. Est-ce le prix payé par Félix Tshisekedi pour bénéficier de la légitimation diplomatique de ses pairs de la région ? La question mérite d’être posée.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC.

Références

[1] L’Afrique compte 14 CERs. Mais seuls huit ont été officiellement reconnus par l’Union africaine : la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ; la Communauté de Développement de l’Afrique du Sud-est (SADC) ; la Communauté Economique de l’Afrique Centrale (CEEAC) ; l’Union du Maghreb Arabe (UMA) ; la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) ; le Marché Commun de l’Afrique du Sud-est (COMESA) ; la Communauté Economique des Etats Sahélo-Sahariens (CENSAD) et l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD).

[2] Cheikh Tidiane Dieye, « L’Afrique et le chevauchement des accords régionaux », Revue Interventions économiques [En ligne], 55, 2016, mis en ligne le 29 juin 2016, consulté le 09 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/interventionseconomiques/2815 ; DOI : 10.4000/interventionseconomiques.2815.

[3] Ibid.

[4] East African Community.

[5] East African Community.

[6] Dans La Libre Belgique du 21 juin 2019, Kagame déclarait : “nous avions demandé au gouvernement précédent du Président Kabila de permettre à notre compagnie aérienne, Rwandair, d’ouvrir une liaison entre Kigali et Kinshasa. Cela avait été refusé. Je n’avais pas compris pourquoi. C’était juste de la politique. Mais, ils ont autorisé ces vols à présent sous la présidence de (Félix) Tshisekedi (le vol inaugural a eu lieu le 17 avril). Le trafic est énorme. L’avion est toujours plein. Il n’y a même pas assez de places. Cela démontre déjà une évolution très positive. Nous sommes même en train de formaliser une coopération dans les domaines de la défense et de la sécurité pour pouvoir traiter régler les problèmes que posent les fauteurs de trouble le long de notre frontière commune. »

[7] Africa Confidential, 14 June 2019 – Vol 60 – N° 12

[8] Philippe Hugon, Géopolitique de l’Afrique, 3è Ed., Sedes, Paris, Septembre 2012, p.296.

[9] – plus le pays est enclavé, plus il cherche à s’intégrer vers des pays désenclavés

[10] L’intégration régionale conduit à étendre les actions à des domaines aussi divers que la défense et la sécurité.

[11] Le Rwanda cherche à appartenir à plusieurs entités régionales pour assurer sa sécurité et accroître son marché et l’accès aux ressources. En effet, plus le marché des pays est étroit, plus ces pays ont tendance à se regrouper, ce qui permet au pays en quête d’intégration d’être non seulement complémentaire aux autres Etats alliés, mais aussi compétitif dans cette période de mondialisation et surtout de capter des richesses de ses alliés.

[12] Philippe Hugon, Géopolitique de l’Afrique, 3è Ed., Sedes, Paris, Septembre 2012, p.293.

[13] L’enclavement du Rwanda fait que les produits importés soient relativement chers et ses produits d’exportation sont moins compétitifs sur le marché mondial.

[14] Banque africaine de développement, Rwanda : Document de Stratégie 2012-2016, octobre 2011.

[15] Eric Rutsindintwarane, Les facteurs d’intégration du Rwanda à la communauté de l’Afrique de l’est (Maitrise), Institut d’études Politiques de Toulouse – 2009.

[16] La question de la taille du marché est en effet centrale au sein des processus d’intégration. Un marché plus vaste est en effet censé favoriser le niveau de productivité.

[17] Eric Rutsindintwarane, Les facteurs d’intégration du Rwanda à la communauté de l’Afrique de l’est (Maitrise), Institut d’études Politiques de Toulouse – 2009.

[18] Eric Rutsindintwarane, ibid.

[19] Le Rwanda exporte dans cette région une importante quantité de thé, café et autres produits agricoles notamment les pommes de terre. Plusieurs produits miniers exploités à l’est de la RDC et commercialisés par les comptoirs rwandais transitent par les pays de l’EAC.

[20] Pour les PIB réels des autres pays en 2006 et 2008 (en millions de dollars)  : Burundi : de 884 à 837 ; Tanzanie : 9 581 à 12 395 ; Ouganda : 8 659 à 10 875 et Kenya : 17 260 à 19 668. CUTS Geneva Resource Centre, Accession du Burundi et du Rwanda à la Communauté Est Africaine, son implication pour le Développement du Secteur Privé, Research Paper, 2010.

[21] CUTS Geneva Resource Centre, Accession du Burundi et du Rwanda à la Communauté Est Africaine, son implication pour le Développement du Secteur Privé, Research Paper, 2010.

[22] La géoéconomie fait de l’économie un des fondements de la puissance, à côté des forces militaires, diplomatiques et symboliques. Il parait évident que les intérêts économiques, les conflits autour de l’accès aux ressources et les pouvoirs liés aux contrôles des richesses sont des déterminants essentiels des rapports de force et des conflits. Les enjeux économiques sont au cœur de la géopolitique pétrolière, énergétique, environnementale et les captations des rentes sécuritaires, démocratiques, économiques fondent les jeux et les stratégies politiques. Philippe Hugon, Géopolitique de l’Afrique, 3è Ed., Sedes, Paris, Septembre 2012, p.104.

[23] Kris Berwouts, (ancien Directeur de l’EurAc : The European Network for Central Africa ) « Un semblant d’Etat en état de ruine », Rapport de mission en RDC – EurAc. www.eurac-network.org/web/uploads/documents/20100209. .

[24] Eric Rutsindintwarane, Les facteurs d’intégration du Rwanda à la communauté de l’Afrique de l’est (Maitrise), Institut d’études Politiques de Toulouse – 2009.

[25] Cyril Musila,op. cit.

[26] AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), RCD- Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie), CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), M23 (Mouvement du 23 mars), des rébellions créées sur base monoethnique (Tutsi).

[27] Georges Berghezan, « Réformes de l’armée congolaise : travail d’Hercule ou mythe de Sisyphe? », Grip n°4, Décembre 2012, p.5.

[28] En réalité, la perte d’influence du Rwanda en RDC a commencé progressivement en 1998. C’est depuis cette année que le Rwanda, par l’entremise des rébellions qu’il a soutenues en RDC perd du terrain. En effet, avec l’AFDL, le Rwanda contrôlait toute la RDC ; James Kabarebe, l’actuel ministre de la Défense du Rwanda, fut d’ailleurs chef d’état-major général des forces armées congolaises, les FAC. La création du RCD a permis au Rwanda d’occuper les deux Kivu, le Maniema, une partie de la Province Orientale et du Katanga, soit un tiers du territoire congolais. On peut constater que cet espace a rétréci. Entre 2006 et 2009, le CNDP s’est contenté de Rutshuru et de Masisi. Par ailleurs, avant d’être chassé de la RDC, le M23 n’a régné que sur la moitié du territoire que le CNDP contrôlait.

[29] L’accord de Lusaka a été signé par les Etats africains engagés dans le conflit en RDC (Angola, RDC, Angola, Namibie, Rwanda, Ouganda et Zimbabwe), les deux principaux mouvements rebelles congolais (RCD et MLC) ainsi que l’OUA, l’ONU, la Zambie et la SADC comme témoins. Cet accord a posé les principes de base qui ont présidé au processus de paix en RDC, notamment la cessation des hostilités, le retrait définitif des troupes étrangères du territoire de la RDC, le déploiement d’une force de maintien de la paix assurant la mise en œuvre de l’accord, le démarrage de négociations politiques inter congolaises, le désarmement des groupes armés et la formation d’une armée républicaine. Mais le cessez-le-feu ne sera jamais appliqué ni respecté et que les hostilités avaient repris entre belligérants. Finalement, le dialogue politique entre parties congolaises (le gouvernement et les rebelles) va aboutir à la signature de l’Accord global et inclusif à Pretoria le 17 décembre 2002, qui sera adopté à Sun City le 1er avril 2003. Par la suite fut signé en novembre 2004 à Dar-es-Salaam et ratifié en novembre 2006 à Nairobi le Pacte pour la paix et la stabilité de la région des Grands Lacs par onze Chefs d’État et de Gouvernement à savoir l’Angola, le Burundi, la RCA, la RDC, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, la République du Sud Soudan, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie créant ainsi la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL).

[30] Cet accord cadre destiné à ramener la paix et la stabilité dans région des Grands Lacs, en particulier dans la partie Est de la RDC en proie à des groupes armés depuis près de deux décennies a été signé par l’Afrique du Sud, l’Angola, le Burundi, la République du Congo (Brazzaville), la RCA, la RDC, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Sud-Soudan et la Zambie.

[31] Cyril Musila, op. cit.

[32] Accord de Pretoria en décembre 2002 et accord de Sun City en avril 2003 sur le plan interne congolais.

[33] Cyril Musila, op. cit.

[34] Selon Vircoulon : « La débâcle du M23 est le résultat de plusieurs facteurs. Le premier, ce sont les sanctions économiques contre le Rwanda (accusé de soutenir la rébellion, ndlr). Il y a ensuite les pressions diplomatiques et l’isolement de Kigali. Afrikarabia, « Thierry Vircoulon : « Un nouveau scénario s’écrit au Kivu », 5 novembre 2013. « Il y a eu ce que l’on pourrait appeler un « alignement des planètes » francophones et anglophones sur le dossier rwandais. En clair, il y avait le couple France-Belgique d’un côté et le couple Grande-Bretagne-Etats unis de l’autre. On sait que depuis le génocide de 1994, les points de vue étaient « différents » sur la région. Aujourd’hui, tout le monde se retrouve pour dire que cette politique de contrôle indirect et d’interférence de Kigali au Congo, ne peut plus durer »

[35] Toutefois, il faut relativiser car lors de la deuxième guerre du Congo (1998-2002), la SADC a envoyé en RDC les troupes de l’Angola, de la Namibie et du Zimbabwe en soutien à l’armée loyaliste congolaise les FAC contre les rébellions soutenues par le Rwanda (RCD-Goma) et l’Ouganda (MLC). Cette intervention a suscité de controverses notamment au sein des Etats membres de la SADC qui se sont divisés en deux camps : le camp de l’option militaire défendue par les Etats pourvoyeurs de troupes et celui des partisans de l’approche diplomatique sous l’impulsion de l’Afrique du Sud, soupçonnée d’être du côté du Rwanda et de l’Ouganda.

[36] Cyril Musila,op cit.

[37] Rapport intermédiaire du groupe d’experts sur la RDC, Conseil de sécurité, Nations unies, mai 2009.

[38] E. Debellex, « Les mines de coltan… Du sang sur les portables ».

[39] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, Editions Monde nouveau/Afrique Nouvelle, Suisse, 2è Ed., Avril 2013, p.306.

[40] http://www.rtbf.be/info/monde/detail_rdc-des-militaires-de-haut-rang-impliques-dans-le-commerce-de-l-or?id=8020078.

[41] Exposé de Masako Yonekawa (Université de Rikkyo – Japon), Caractère défectueux et prolongé des conflits contemporains et processus de pacification en RDC. Colloque du Cercle des Economistes Congolais, Bruxelles, 04 novembre 2017.

[42]Patrick Bigabo, KT Press, « Rwanda Has Become World’s Largest Coltan Exporter », Reports KT Press, /Kigali, 16/12/ 2014.

[43] https://www.agenceecofin.com/industrie/1906-67076-rwanda-la-premiere-raffinerie-d-or-du-pays-ouvre-ses-portes-avec-une-capacite-de-6-tonnes-par-mois.

[44] Global Witness, L’HEURE DE CREUSER PLUS PROFONDÉMENT, août 2017. https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/OECD_briefing_French_WIP4.pdf.

[45] http://uk-africa.blogspot.com/2013/02/president-paul-kagames-right-hand-men.html.

[46] https://www.radiookapi.net/2019/03/27/actualite/politique/john-kanyoni-fec-nous-avons-remarque-que-le-president-felix.

[47] http://congoresearchgroup.org/ludps-ou-la-difficile-transition-de-lopposition-au-pouvoir/.

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4 Comments on “L’Adhésion de la RDC dans l’EAC : Les raisons d’un agenda géostratégique caché dicté par le Rwanda ? – JJ Wondo”

  • Nsumbu

    says:

    Mr Wondo,

    Vous concluez : « sans une étude d’impact socioéconomique sérieuse sur les dividendes de son intégration dans l’EAC, la RDC risque d’en être perdant au détriment de ses voisins de l’Est ». Il n’y a pas eu d’étude préalable comme cela aurait été nécessaire mais c’est dire qu’aucune autre étude d’impact n’est plus possible pour rattraper le coup, tempérer tous ces préjudices ? Je suppose en effet que l’adhésion en cours ne peut plus être différée…
    Mutatis mutandis vous en condamnez le nouveau PR Tshisekedi qui pèche par son inexpérience sinon son amateurisme et par sa précipitation à « bénéficier de la légitimation diplomatique de ses pairs de la région » sans s’assurer des bénéfices réels pour le pays, que peut-on encore à ce stade lui conseiller ou lui demander de faire pour qu’il gomme ses défauts ?
    L’avenir du pays ainsi hypothéqué pour des relations de bon voisinage avec le Rwanda qui lui ne poursuit d’abord que ses intérêts au détriment du Congo qu’il pille déjà allégrement nécessite bien de revoir tout ou pourquoi pas de revenir en arrière mais comment ? Déjà la représentation nationale et l’Exécutif au complet doivent en principe donner leur avis pour ratifier l’intégration. Se contenter du seul souhait de la présidence ne me semble pas tout à fait réglementaire et dans l’état cette opération constituerait un prix trop préjudiciable à payer pour notre pays…

  • Mukanya J M

    says:

    1. La sécurité devrait progressivement poser moins de problèmes ; sinon les gains de Kagame et d’autres seront nuls.
    2. La RDC n’a presque pas de tissu industriel. Cela peut-il susciter des vocations congolaises ou faire réfléchir les gouvernants ? Les produits des pays voisins feront-ils concurrence à nos manioc et cafés…?
    3. Etc.
    Critiqué aisée, mais conseils absents.

    • GHOST

      says:

      GAIN, NOTRE GAIN

      Aucun pays sur cette planète ne peut miser sur une intégration sans une option sur le GAIN. Le « BREXIT » qui secoue l´UE est une solide réference et pire ceux qui résident dans les pays Nordiques savent combien ces pays ne se sentent pas toujours « intégrés » dans l´UE. La Norvege et l´Islande, pays membres de l´OTAN refusent d´intégrer l´UE. La première raison est le GAIN. La Norvege et l´islande ne trouvent aucun GAIN dans l´UE.

      LE RWANDA UNE MENACE, TOUJOURS UNE MENACE
      Les lecteurs vont sans doute dire tout haut que le Rwanda est une menace et reste un facteur de destabilisation de la RDC. Mais pire que le Rwanda, l´Union Africaine qui dont les membres sont restés « NEUTRES » pendant les invasions du terriroire congolais ne merite pas mieux que le Rwanda.
      Très recement en Ituri et maintenant au Sud-Kivu, on constate le silence de l´UE, de la SADC ou de la fameuse EAC. Pour quelle raison la RDC peut être membre des « communautés économiques » africaines si les pays membres continuent d´afficher une indifference et une neutralité hypocrite face aux crises sécuritaires et humanitaires de la RDC ?
      Ne devrons-nous pas commencer par tester la « disponibilibité » et la « compassion » de tous ces pays en faveur de notre pays avant de nous associer avec eux?

      L´ETAT..CONTRUIRE UN ETAT.
      Quelque soit l´exigeance de se retrouver embrigader dans une « organisation » régonale ou continentale, tant que la RDC sera un non État, nous serons si faibles que notre GAIN dans ces associations sera insignifiant.
      La grande priorité pour la RDC est la constuction d´un État. C´est la seule mission á la quelle Felix doit consacrer son temps et ses activités.

  • Mondonga

    says:

    La Rdc se doit d’une préparation structurelle avant de faire sa grande entrée, sinon les premiers signents de son defficite sera celui de voir ses petits opérateurs se diluer

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