Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 18-01-2015 21:18
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Kabila profite de la visite du président angolais pour déployer la GR contre les manifestants – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Les éléments de la Garde républicaine de la RDC

Kabila profite de la visite du président angolais pour

déployer sa garde présidentielle contre les manifestants

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le régime veut profiter de la visite du président angolais Edouardo dos Santos qui vient demain à Kinshasa pour une visite d’état de 24 heures pour déployer les unités de la Garde civile en vue de contrer la manifestation prévue ce lundi 19 janvier 2015. Le président angolais José Eduardo dos Santos devrait rencontrer le lundi 19 janvier 2015 à Kinshasa Joseph Kabila pour signer des accords de coopération, notamment dans le domaine des transports, a-t-on appris samedi du gouvernement angolais.

D’après nos sources militaires, les unités de la garde républicaine sont en alerte rouge. Dès ce soir, un dispositif imposant de bouclage et de surveillance de la ville de Kinshasa est mis en place sous la coordination du Général Olenga, le chef d’état-major particulier du président Kabila. Ce dispositif comprend également des unités de la force de réaction rapide (FRR) de l’armée de terre en couverture. Ce sont les 41ème, 42ème (l’ex-uniét du feu colonel Mamadou Ndala) et 43ème bataillons FRR qui sont concernés. Ces unités ont été retirées des zones opérationnelles du Nord-Kivu où elles étaient efficaces à Beni vers Kinshasa. Ce qui a d’ailleurs conforté notre thèse affirmant que la mise en place des commandants des Grandes Unités des FARDC opérée en septembre 2014 était guidée par des motivations politiques et non sécuritaires. Les unités de la LENI (Légion nationale d’intervention ou l’ex-PIR : Police d’intervention rapide) seront, elles, déployées en première ligne pour refouler ou disperser les manifestants. Pour la petite histoire, la LENI est l’unité formée grâce au soutien de l’EUPOL-RDC (Mission d’assistance et de conseil de l’Union européenne à la réforme de la police).

Ce soir vers 18 heures, le Général d’armée Olenga a présidé une importante réunion de sécurité au Palais de la Nation avec tous les responsables des unités concernées. Il est prévu un déploiement des chars de combat sur les principaux axes et carrefours ainsi que des hélicoptères de combat pour a couverture aérienne de tous les dispositifs de sécurité de Kinshasa. Il s’agit d’un dispositif similaire à celui qui a été mis en place il y a deux semaines à Lubumbashi, au Katanga, lors de la rencontre entre Kabila et les notables katangais.

Un dispositif de guerre pour affronter une manifestation pacifique pendant que les rébellions de l’est sont cajolées par le régime

Aux dernières nouvelles, la GR et les FRR ont déjà commencé les patrouilles dissuasives de combats à travers les grandes artères de la capitale RD congolaise. Ces patrouilles sont composées notamment de plusieurs véhiculés tout terrain 4X4 ou Pick-up sur lesquels on a monté des canons bi-tubes ZSU-23/2 et des canons quadri-tubes (4 canons de 14 mm, 5 mm ZPU-4).

Comme on peut le constater, il s’agit bien d’un impressionnant dispositif de guerre que déploie Joseph Kabila, dépourvu aujourd’hui de tout soutien populaire partout en RDC pour mater toute velléité de contestation populaire. Alors que l’est de la RDC est en proie en un regain de violence que les FARDC peinent à contenir, l’armée Kabila s’est résolument tournée vers des cibles civiles pour forcer le maintien au pouvoir de son commandant suprême au-delà de 2016. Ridicule lorsque le gros des troupes de cette armée est laissée-pour-compte et est très mal entretenue.

Des officiers et commandants d’unités dans la ligne de mire de DESC et des droits de l’homme

DESC a déployé à Kinshasa et à l’intérieur du pays un dispositif de veille stratégique visant à suivre de près les agissements des forces de sécurité de Kabila. Elle demande aussi aux populations de prendre des images, des photos et toutes sortes de preuves des dérapages qui seront constatés demain de la part des hommes en armes.

Nous tenons à informer le public qu’une documentation détaillée et bien fournie a été réalisée, notamment par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) avec le concours de DESC, sur certains officiers généraux de la GR en ce qui concerne le massacre des adeptes de Mukungubila le 30 décembre 2013 à Kinshasa, à Lubumbashi et à Kindu. Ces dossiers sont déclarés recevables au Conseil des droits de l’homme des Nations unies de Genève qui pourraient saisir la CPI dans les mois prochains. Parmi les officiers visés, figure le Général Camille Bombele, actuellement commandant de la 14ème Région militaire correspondant à la ville de Kinshasa. Le Général Bombele fut lors de la répression préelectorale du 26 novembre 2011 et des massacres du 30 décembre le T3, l’officier chargé des opérations de la garde républicaine qui a fait usage de la force de manière disproportionnée et en violation des dispositions du droit des conflits armés ou droit humanitaire international. Dans les mêmes dossiers, il y a possibilité qu’une extension de la documentation soit faite à cherge des Généraux Olenga et Banze que plusieurs sources concordantes avaient vues en action ou en commandement des opérations dans les rues de la capitale le 30 décembre 2013.

D’autres officiers dans la visière de DESC et des droits de l’homme

Pour la manifestation de demain, les officiers ci-haut mentionnés et d’autres dont les noms sont repris ci-dessous sont particulièrement ciblés par DESC. Il s’agit principalement des :

Général Charles Bisengimana : Commissaire général de la Police nationale congolais (PNC) en tant qu’autorité hiérarchique et fonctionnelle de toute de la PNC qui décide et approuve toutes les opérations de police d’envergure menées sur le terrain.

Génral Célestin Kanyama, l’Inspecteur divisionnaire adjoint de la PNC. Célestin Kanyama est indexé par le rapport du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) sur les violations des droits humains commises par des agents de la PNC dans le cadre de l’opération « Likofi » (coup de poing), destinée à traquer les jeunes délinquants de Kinshasa appelés communément « Kulunas ». Menée entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014 sur toute l’entendue de la capitale par des agents de la PNC, l’opération « Likofi » a occasionné au moins 41 victimes de sexe masculin[1]. L’ONG américaine des droits de l’homme, Human Rights Watch, dans un rapport minutieusement détaillée qui a également dont DESC a été une des sources référencées, a exigé que Kanyama soit relevé de ses fonctions.

General Ngoi Sengelwa (Séguin) : commandant de la Légion nationale d’intervention (LENI). Il est très proche de Kabiĺa. C’est généralement cette police qui intervient. Il est très important dans le dispositif sécuritaire de Kabila en RDC, plus particulièrement à Kinshasa.

General Constant Hughues Ilunga Kampete : commandant de la Garde républicaine (GR) qui dans une réunion d’état-major de la GR, a exigé à ses hommes d’agir sans retenue.

General Olenga Chef d’état-major major particulier du président Kabila et son homme de confiance qui préconise la solution militaire, même dans les situations qui exigent des actions classiques et non représsives de maintien et de rétablissement de l’ordre

General Dieudonné Banze : chef d’état-major de la force terrestre et ancien commandant de la GR pour la supervision des opérations militaires des FRR

Une manifestation contre l’adoption de la loi électorale

La manifestation prévue ce lundi 19 janvier est organisée par une coalition des grands partis de l’opposition contre l’adoption à l’Assemblée nationale le samedi 17 janvier tard dans la nuit , à 23h30, du projet de loi électorale introduit par le ministre de l’Intérieur, Evariste Boshab. Ce texte devrait être transmis au Sénat dès le lendemain de son adoption pour une seconde lecture, a déclaré le président de la chambre basse, Aubin Minaku, à l’issue de la plénière. Mais avant cette adoption, l’Assemblée nationale a voté article par article cette loi, en y insérant des amendements. Deux articles ont suscité un grand débat et divisé les députés. Il s’agit de l’article 8 sur l’identification de la population et de l’article 13 lié à la parité. Concernant l’identification de la population, la loi soutient que la liste électorale doit être actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population. L’opposition soupçonne par le vote de cette loi un stratagème du régime de repousser la tenue des élections législatives et présidentielles au-delà de 2016 alors que le deuxième mandat constitutionnel de Kabila court jusqu’au 19 décembre 2016.

DESC encourage la population congolaise à braver la peur et à manifester. Il y a une épée de Damoclès qui pèse sur plusieurs officiers et généraux de Kabila qui oseraient ordonner à leurs troupes de tirer sur la population. Nous avons été contactés indirectement par plusieurs officiers inquiets des dossiers constitués à leur charge et qui pourraient rejoindre Ntaganda à la CPI. A eux de choisir entre tuer au profit de Kabila (et les suites qui en découleront) ou se ranger derrière la population congolaise qui tient au respect de la Constitution.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu – Exclusivité DESC

[1] http://afridesk.org/vers-une-guerre-de-tranchees-entre-lonu-et-kabila-jj-wondo/#sthash.woXoENXH.dpuf.

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