Who’s who: Le Général Gabriel Amisi ‘Tango Four‘,
le boucher de l’est de la RDC
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Le Général major Gabriel Amisi Kumba, un officier plutôt rebelle que loyal à la RDC
Lega du territoire de Punia dans le Maniema, connu sous le code de « Tango Four » pour avoir été responsable de la logistique (T4) au sein du RCD-Goma, Gabriel Amisi Kumba est un des généraux de confiance du président Joseph Kabila. Après près de deux ans de suspension pour présomption de vente d’armes aux groupes armés, Amisi a été blanchi le 30 juillet 2014 par le Conseil supérieur de la défense présidé par le chef de l’Etat. Il a ensuite été nommé à la tête de la 1ère Zone de Défense qui couvre la partie ouest de la RDC. Une nomination stratégique dans la mesure où la nouvelle mise en place déplace le centre de gravité opératique des FARDC vers les trois zones de défense. Cet ex-FAZ, issu de la 20ème promotion de l’EFO, fait partie des officiers originaires de l’Est du Congo, avec notamment les généraux Denis Kalume (Maniema), Damas Kabulo (Katanga), Sylvain Buki (Kivu), Bora Uzima (Tutsi – Kivi), Prospère Nabyolwa (Sud-Kivu), Charles Bisengimana (ex- Garde civile et Tutsi du Kivu) … qui ont rallié l’AFDL en 1997 juste après la chute de Mobutu. Il a ensuite rejoint le RCD-Goma au sein duquel il s’est illustré particulièrement dans la répression brutale de la mutinerie à Kisangani en mai 2002. Il s’est ensuite rapproché du président Joseph Kabila en 2004 lorsque ses compagnons d’armes Nkunda et Mutebusi ont refusé de rejoindre les FARDC et ont créé le CNDP. Son passé d’armes recèle certains crimes de guerre, des assassinats et tortures passibles de poursuites à la CPI ainsi que plusieurs actes de haute trahison à l’armée loyaliste de la RDC, selon quelques éléments synthétisés dans le présent portrait.
Amisi Tango Four, la plaque tournante militaire de l’exploitation illégale des mines aux Kivu
Homme d’affaires, il a été cité dans plusieurs rapports de l’ONU sur l’exploitation illégale de minerais (or, étain…) par des hommes en armes. Il entretient également des milices aux Kivu et Maniema, en renfort aux FARDC.
Comme DESC ne cesse de le démontrer, le pillage des ressources naturelles reste le mobile principal des guerres et opérations à l’est du Congo où l’économie minière s’articule étroitement avec la guerre et l’insécurité. Tous les acteurs du conflit participent au pillage des ressources, soit pour financer l’achat d’armes, soit pour des raisons d’enrichissement personnel. L’ONU y a décrit une armée congolaise aux actions dictées principalement par les intérêts économiques de ses chefs et hauts gradés auxquels s’ajoutent certains hommes d’affaires et des politiciens : « Des officiers, à différents niveaux de la hiérarchie des FARDC, se disputent le contrôle de zones riches en minerais, aux dépens de la population civile ».
Selon un rapport de l’ONU de 2009 : “Des officiers ex-CNDP des FARDC et des généraux au niveau de la 8ème région militaire (Nord-Kivu) et de l’état-major de la force terrestre (Gabriel Amisi Tango Four) sont activement impliqués dans l’exploitation de la mine de cassitérite de Bisie.”« La création en 2010, dans la région de Walikale (où se trouve la mine de Bisie), de la milice Maï-Maï Cheka procéderait des mobiles mercantilistes dont les commanditaires se recrutent dans la hiérarchie militaire dans le Nord-Kivu. »
Une enquête de la BBC a révélé que le général Amisi, alors chef d’état-major de l’armée de terre, aurait passé un accord avec la compagnie minière Geminaco pour prendre le contrôle de la mine d’or d’Omate à Walikale. Il aurait touché au moins 25% de la valeur de l’or extrait de la mine chaque mois[1]. Tout cela, pendant que le président Kabila avait décrété (le 11 septembre 2010) la suspension de l’exploitation et de l’exportation des produits miniers artisanaux[2] dans les deux Kivu et le Maniema.
Outre le secteur minier, Gabriel Amisi dirige une compagnie de fret aérien et un club de football dénommés « Maniema Union ». Il est aussi le président du club kinois, l’AS Vita Club[3] et possède plusieurs biens immobiliers au Congo, notamment dans le secteur de l’hôtellerie. Lors d’un séjour à Kinshasa en 2011, j’ai personnellement visité deux de ses hôtels à Kintambo et à Binza UPN. La consommation électrique de ce dernier privait tout le voisinage de l’alimentation électrique.
Le récalcitrant Amisi Tango Four n’est pas à sa première forfaiture
Amisi et Nkunda avaient supervisé la répression brutale de la mutinerie de Kisangani en 2002
Deux enquêtes distinctes menées en 2002 par les ONG Lotus et Human Rights Watch (HRW) et un rapport de l’ONU ont nommément cité les rebelles du RCD-Goma Gabriel Amisi Tango Four, Laurent Nkunda et Bernard Biamungu comme étant responsables de la répression brutale de la mutinerie du 14 mai 2002 à Kisangani et de meurtres, viols et pillages des populations civiles dans la même ville. Selon ces rapports, Biamungu, Nkunda et Amisi ont été présents sur la scène de nombreux crimes exposés dans ces rapport, les ont dirigés ou y ont participé. Les officiers cités plus haut, arrivés de Goma, ont dirigé les tueries et autres massacres des populations locales.
L’enquête de HRW a permis d’établir les identités des officiers du RCD-Goma impliqués dans ces abus qui relèvent du crime de guerre. Selon les témoins interrogés par HRW, Bernard Biamungu, commandant de la Cinquième Brigade ; Gabriel Amisi, également connu comme Tango Fort, chef d’état-major adjoint chargé de la logistique ; et Laurent Nkunda Mihigo, commandant de la Septième Brigade, se trouvaient parmi les officiers du RCD-Goma qui arrivèrent de Goma avec pour mission d’écraser la mutinerie. De nombreux autres officiers du RCD-Goma basés à Kisangani ont également joué rôle direct dans les violations exposées dans ce rapport.
Gabriel Amisi – Adjoint au Chef d’état-major chargé de la logistique -, a été impliqué par des observateurs internationaux et une source locale à Goma d’avoir sommairement exécuté un soldat nommé Joe Lona Bifuko et d’avoir torturé plusieurs détenus de la prison militaire G2 à Goma, en 2001. Figuraient encore dans le groupe Laurent Nkunda, commandant de la 7ème Brigade s’exprimant en kinyarwanda ainsi qu’au moins trois officiers, s’exprimant eux aussi en kinyarwanda, habituellement basés à Goma et inconnus à Kisangani. Ces officiers ont débarqué avec deux bataillons, soit environ 1200 hommes, pour la plupart rwandais ou congolais d’origine rwandaise semble-t-il. Un des bataillons est resté posté à l’aéroport tandis que l’autre gagnait le commandement central en ville[4].
Le 14 mai et pendant plusieurs jours consécutifs, les troupes du RCD ont tué de nombreux habitants de la commune de Mangobo. L’Eglise et les organisations non-gouvernementales ont dressé la liste d’au moins vingt-et-une qui auraient été tuées à Mangobo. Le nombre total des victimes n’a pas encore été établi mais les témoins interrogés par Human Rights Watch ont formellement soutenus que ceux qui furent abattus à Mangobo étaient des civils désarmés. Leur assassinat devra faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre[5]. (…) Les témoins ont rapporté qu’ils avaient vu trois commandants du RCD superviser ce déploiement : Gabriel Amisi (Tango Fort), Laurent Nkunda et Bernard Biamungu. « On observait les mouvements militaires quand on vu les trois officiers arriver », a déclaré un témoin. « Tango Fort était juché sur une moto Jaguar. Les autres sont arrivés en camions. Vers 16h30, les officiers ont tenu réunion pendant une trentaine de minutes ». Les enquêteurs de HRW se sont procuré les numéros des plaques d’immatriculation des véhicules utilisés pour l’opération.
Dans un communiqué du 17 mai 2002, le RCD a démenti que des troupes rwandaises ou même que des renforts de ses propres armées aient été envoyés à Kisangani pour mater la mutinerie. Il a seulement reconnu que l
es commandants Gabriel Amisi et Laurent Nkunda avaient été envoyés de Goma à Kisangani et indiqué que leur contribution avait permis « la répression de l’insurrection armée du 14 mai »[6].
Dans un rapport d’une sérénité exemplaire, le groupe Lotus, une ONG locale basée à Kisangani, est sans équivoque : « L’ordre de tuer (à Kisangani, les 14 et 15 mai 2002) a été donné par la hiérarchie militaire. »
Lotus s’en explique : « Comment comprendre que quelques heures seulement après l’arrivée de Goma de la délégation de galonnés du RCD qu’un massacre à grande échelle et des exactions aient été commis au sein de la population ? Qu’est-ce qui a été fait par les autorités ayant en charge la sécurité des personnes et des biens pour empêcher ces massacres?» L’ONG ne s’arrête pas en si bon chemin – au contraire, il écrit : (…) De même, la délégation arrivée le jour même de Goma présidée par le chef d’état-major général adjoint en charge des opérations Gabriel Amisi dit «Tango Fort», un ancien commandant de Brigade de Kisangani ; le commandant de Brigade de Kisangani Laurent Nkunda Mihigo et le commandant de Brigade honoraire Bernard Biamungu. Ce dernier, commandant de Brigade à Goma, connu particulièrement pour sa férocité, se trouvait en prison d’où sa hiérarchie aurait organisé son évasion, pour avoir battu à mort un policier de roulage dont le tort fut d’avoir bloqué la circulation à l’approche de son véhicule. À la prise du commandement à Kisangani par ces galonnés, l’après-midi du 14 mai 2002, «les massacres à grande échelle ont eu lieu à Mangobo et le 15 mai 2002 au pont Tshopo.»
Selon toutes les sources, chacun de ces commandants est arrivé dans la ville martyre avec des escortes armées jusqu’aux dents, qui ont reçu l’ordre clair d’écraser dans le sang la mutinerie, après s’être enivrées d’alcool[7].
Amisi était encore à la base des massacres de Mushake en 2007
Expert du Congo, Jason Stearns rappelle que « ce n’est pas la première fois qu’Amisi est accusé de saper l’armée. Il y a de forts soupçons parmi les officiers déclarant qu’il agit comme une cinquième colonne en faveur du Rwanda »[8].
En effet, l’ampleur de la débâcle de Goma et la saisie par le M23 d’un lot important de matériel lourd ressemble à s’y méprendre à une autre déroute militaire qui, en son temps et dans les conditions similaires, avait permis aux combattants de Nkunda de s’adonner à un massacre à Mushake en décembre 2007. Selon la journaliste belge Colette Braeckman[9], les FARDC y furent victimes de trahison au plus haut niveau. « À Mushake, où avait été dépêché le commandant en chef des forces terrestres, le général Gabriel Amisi dit « Tango Fort », des ordres contradictoires furent donnés, qui entraînèrent le repli des meilleurs éléments. On devait comprendre plus tard que les commandants de la plupart des brigades censées assiéger Nkunda étaient des officiers qui, comme Amisi, avaient naguère combattu à ses côtés dans les rangs de la rébellion et avaient été brassés ensuite, mais sans réellement rompre avec leur ancien compagnon d’armes ! »
« Sur les 6.000 éléments des FARDC engagés dans la bataille de Mushake, 2.600 militaires ont été tués dont 2.000 policiers en tenue militaire et 600 éléments de la garde républicaine. S’y ajoutent 600 blessés. Un important lot de matériel militaire a été saisi par le CNDP : 6 tonnes de munitions, dont des munitions d’hélicoptères, 45 blindés, 20 lance-roquettes, 15.000 caisses de grenades, 6000 caisses d’armes type FAL. Le bilan fait aussi état de 15 missiles sol air. On se demande pourquoi de telles armes auraient été envoyées au Kivu contre un adversaire qui pratique la guérilla et ne dispose ni d’armement lourd ni de moyens aériens »
Malgré l’institution d’une Cour militaire au Nord-Kivu censée circonscrire ces trahisons, le général Amisi a regagné Kinshasa en état d’arrestation et a été placé en résidence surveillée en attendant le résultat des enquêtes. Il reprendra ses fonctions en toute impunité, comme s’il ne s’était rien passé, quelques temps après[10].
Tango Four directement mis en cause dans la chute de Goma
Bien avant la prise de Goma en novembre 2012, le nom de Gabriel Amisi a été cité dans la défection des FARDC à Bunagana suite à l’offensive surprise menée par le M23 le 6 juillet 2012. Le général Vainqueur Mayala et 600 soldats FARDC avaient fui à Kisoro en Ouganda en abandonnant un énorme stock d’armes lourdes, de munitions et de chars[11]. Le Lieutenant-colonel Eric Mankesi, ancien administrateur militaire de la 8ème région militaire (RM) à Goma, joint par DESC en mai 2014, avait pointé Amisi comme responsable de cette fuite truquée ayant pour but de laisser le matériel militaire FARDC à M23, à l’nstar de ce qui s’est passé en 2007 à Mushake. Nous vous invitons à écouter attentivement le lien audio suivant à partir de la 48ème jusqu’à la 60ème minute, de l’entretien que nous avons eu en mai 2014 avec le Lt-Col Eric Mankesi, ancien chef de l’administration militaire (T1) jusqu’en 2013 à la 8ème région militaire à Goma:
[youtube height= »160″ width= »230″]https://www.youtube.com/watch?v=j3EVG4xfpJk[/youtube]
Après la fuite des FARDC en juillet 2012 en Ouganda, le général Vainqueur Mayala a été remplacé par le Général Lucien Bahuma Ambamba (dont nous présenterons également le portrait dans notre ouvrage) à la tête de la 8eme RM au Nord-Kivu. Ce dernier a réorganisé les unités de combats au Nord Kivu. Cette restructuration avait permis aux FARDC de mieux se défendre contre le M23. Mais pour des raisons tactiques injustifiées, après les combats qui se sont déroulés du 15 au 18 novembre lors de l’entrée du M23 dans Goma au cours desquels les FARDC ont opposé au M23 une résistance farouche et infligé de lourdes pertes à leur ennemi, plus de 150 morts du côté rebelle[12], le général Bahuma a reçu l’ordre venant de Kinshasa de laisser la conduite des opérations au général Amisi. Celui-ci va ordonner aux FARDC de se replier à Sake, facilitant ainsi l’entrée du M23 à Goma, sans résistance.
Selon l’agence Reuters, la déroute de l’armée congolaise à Goma a laissé bien des observateurs perplexes. Certains ont évoqué une possible collusion entre des membres de l’état-major et les rebelles du M23[13]. S’exprimant sous le sceau de l’anonymat, un officier des FARDC ayant participé aux combats s’est dit persuadé que la chute de Goma était un acte de sabotage du général Gabriel Amisi, alors commandant des forces terrestres, qui était en contact avec les rebelles. « Tous nos renseignements étaient transmis au M23 », affirme-t-il, en assurant que pendant toute la durée des combats, « il y a eu d’intenses communications avec eux » en provenance des rangs gouvernementaux. Cet officier a servi aux côtés de ce général sur le champ de bataille[14].
L’officier suspectant le général Amisi de trahison dit se souvenir d’un exemple frappant au début de la défense de Goma, lorsque le général a ordonné à ses hommes de cesser les combats alors qu’ils venaient d’infliger de lourdes pertes au M23 à Kibumba, à 30 km au nord de la ville. « Tout à coup, nous avons reçu l’ordre d’arrêter », dit-il. « Cela n’avait pas de sens. Ça leur donnait seulement une chance de se regrouper et de former une force qui est ensuite allée prendre Goma. »
Malgré les rapports qui affirmaient le soutien actif du Rwanda[15] au M23, un officier proche du général Amisi a admis que : « Nous n’avions pas l’ordre d’attaquer le Rwanda, même si on se faisait tirer dessus de là-bas ».
A la suite de la prise de Goma le 20 novembre 2012 par le M23, Gabriel Amisi Kumba a été suspendu par le président Kabila après la publication du rapport du Groupe d’experts de l’ONU[16], l’accusant d’avoir vendu des armes à des braconniers et aux groupes armés, dont les Maï-Maï Raïa Mutomboki alliés au M23 et les Maï-Maï Nyatura. Rappelons que Gabriel Amisi, ancien combattant de l’AFDL, provient lui-même d’une faction pro-rwandaise, le RCD-Goma dont est issu le CNDP duquel est sorti le M23.
Malgré sa suspension et des soupçons de haute trahison qui pèsent sur lui après la chute de Goma, Amisi a continué de bénéficier, sans être inquiété, de la protection du président Kabila du fait sans doute de bons liens qu’il entretient avec celle qu’une certaine opinion présente comme étant la mère biologique du président, Sifa Mahanya. A ce jour, aucune action judiciaire n’a été initiée à l’encontre du général Amisi. L’auditorat militaire ne peut pas l’auditionner au motif qu’aucun magistrat n’a le grade équivalent à celui du général-major Amisi pour pouvoir le juger. Une situation similaire à celui du général John Numbi dans l’affaire Chebeya. Selon les dispositions de la loi portant statut du militaire, les accusations qui pèsent sur le général Amisi relèvent de haute trahison et sont passibles de la peine de mort au regard de l’article 128 du code pénal militaire[17].
C’est ainsi qu’à la surprise générale de l’opinion publique nationale et internationale, le Conseil supérieur de la Défense, présidé par Joseph Kabila le 31 juillet 2014, a lavé le général Amisi de tout soupçon. Et pourtant aucune instruction judiciaire transparente, indépendante et crédible n’a été menée à sa charge ou sa décharge. Après avoir brillamment échoué dans sa tentative de créer une cohésion nationale autour de sa personne à la suite des concertations en vue de se donner une légitimité devant éventuellement lui permettre de bénéficier d’un large consensus national en faveur d’un troisième mandat consécutif, tout porte à croire que la réhabilitation de Tango Four entrerait dans une stratégie alternative de cohésion négative que Joseph Kabila mettrait en place lorsqu’il faudra affronter les contestataires dans son plan de se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir en RDC.
Pourtant la haute hiérarchie militaire des FARDC a reconnu la trahison de certains officiers
Après la défaite de Novembre 2012, face à la pression populaire croissante, l’état-major-général des FARDC a organisé du 04 au 16 février 2013, une session (3ème) du séminaire sur la réforme des FARDC. Ce séminaire, qui a réuni 113 officiers supérieurs et généraux issus de toutes les régions militaires, des commandements, zones et secteurs opérationnels et de différents états-majors des forces armées, a porté sur l’analyse des causes des contre-performances des FARDC lors des opérations à l’est de la RD Congo en 2012. Le rapport de synthèse élaboré à cet effet a énuméré les causes profondes de la défaillance des FARDC à Goma en novembre 2012, parmi lesquels les faits suivants (Les détails de ce rapport sont à lire dans notre ouvrage à paraître) dont certains qualifiés de haute trahison : Planification : insuffisante à tous les niveaux (stratégiques, opérationnelles et tactiques) ; Délais d’intervention et de renfort trop larges ; Pas de relève (sure des unités) ; Prélèvements illicites et dispersion des forces. Conduite de la bataille : Pas de coordination efficace durant les actions ; Découragement dans la prise d’initiative au combat par les autorités ; Intervention récidivée des ordres de trêve et cessez-le-feu à chaque fois que les troupes amies sont en position avantageuse. Commandement et Contrôle des unités au Combat : Désorganisation totale du commandement ; Complaisance dans les désignations des cadres de commandement (favoritisme, népotisme, tribalisme et clientélisme – Connotation politique de l’avancement – Distribution fantaisiste et discriminatoire des grades ) ; Incompétence et insuffisance de formation militaire de beaucoup de cadres de commandement (illettrés, pas ou peu formés, troupes peu ou pas du tout formées) ; Commandements parallèles (multiplicité des centres de commandement) ; Amalgame des structures et dysfonctionnement des multiples chaines de commandement (ordres contradictoires, refus d’ordres) ; Détournements, affairisme, trafic d’influence, fraude, braconnage, etc.) ; Trahisons, déloyauté, suspicions et manque de crédibilité. Discipline : Insubordination impunie (refus de mutation) ; Non-respect de la voie hiérarchique. Malgré ce réquisitoire de l’autoévaluation de l’armée, personne n’a été sanctionnée.
Lutter contre l’impunité est la seule réponse crédible que Kabila peut donner aux Congolais
En juillet 2013, les médias ont largement salué la volonté de Kabila de prendre la réforme des FARDC en main lors de la publication de la loi portant statut du militaire des FARDC. Une loi essentielle à la modernisation des FARDC. Cette loi établit notamment le régime disciplinaire du militaire, nécessaire pour un pays confronté quasi en permanence, depuis son indépendance, à des mutineries, des rébellions, aux graves problèmes d’indiscipline et aux infractions liées aux crimes de guerre et violations de divers droits humains par les hommes en armes, particulièrement durant ces deux dernières décennies.
Cependant, à titre d’exemple, la loi dans son article 240 sanctionne au Point 9 : « le fait pour l‘officier ou sous-officier de présider ou d’être membre d’une association sportive civile ou autre association à caractère politique ou tribal ». Le cas du général Gabriel Amisi dit « Tango Four », l’ancien chef d’état-major de l’armée de terre continue à exercer cumulativement ses fonctions de président des clubs de football Maniema Union et AS Vita Club de Kinshasa, tout en étant repris dans le cadre organique des FARDC.
On peut également noter le point 10 de ladite loi qui sanctionne : « le fait de piller et/ou de se mutiner». Ce point constitue une base légale d’une grande importance pour traiter le cas le cas des mutins du M23 et d’autres rébellions qui écument à l’est de la RDC. A la place, le régime Kabila, a choisi la voie de l’impunité en amnistiant principalement les ex-combattants et cadres du M23.
DESC est convaincue que la cohésion nationale ne peut se faire dans l’impunité. Il n’ y aura pas de véritable réconciliation en RDC sans justice. Aussi, DESC soutient l’initiative de l’ONU de voir une enquête judiciaire indépendante et crédible être diligentée contre tous les soupçons de crimes imputés à Gabriel Amisi. A l’instar l’enquête concernant l’assassinat odieux du Colonel Mamadou Ndala, rangée dans les tiroirs, DESC se dit prédisposée à offrir son expertise et ses services pour permettre à la justice de mener une enquête indépendante, en signe de respect des victimes présumées des forfaitures imputées à Amisi Tango Four.
La réhabilitation sans aucune autre forme de procès de Gabriel Amisi, le boucher de l’est du Congo, par Kabila et sa nomination comme commandant de la 1ère zone de défense est un mauvais signal donné par Kabila qui, au lieu de privilégier la cohésion nationale également au niveau de l’armée où certaines frustrations et plaies du passé sont loin de se cicatriser, il opte plutôt pour une cohésion négative autour de sa personne dans le cadre d’une éventuelle perspective apocalyptique de sa fin de mandat en 2016. Pour y arriver, il ne peut que compter sur la cinquième colonne rwandaise infiltrée dans les services de sécurité congolais et quelques naïfs katangais de service de la GR, ANR et Démiap auxquels se joignent des « intellos » antipatriotiques, du ventre creux comme Boshab, Kin Kiey, Mende, Minaku, etc.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
[1] BBC, 12/11/2010.
[2] Précision apportée par le ministre des Mines Martin Kabwelulu, dans un point de presse, le 21 septembre 2010.
[3] Jeune Afrique, 17/11/2008.
[4] Human Rights Watch Août 2002, Vol. 14, No. 6 (A) 11 34 Entretiens avec Human Rights Watch, Kisangani, Kinshasa, Juin-juillet 2002.
[5] Ibid.
[6] Communiqué de Presse du RCD du 17 Mai 2002…” : www.congo.co.za/News/French/17_Mai_2002.htm, consulté le 16 juillet 2002
[7] Lesoftonline, 13/08/2002, http://www.lesoftonline.net/articles/massacres-de-kisangani-l%E2%80%99accablant-rapport-du-groupe-lotus-au-grand-complet.
[8] Reuters, 12/12/2012.
[9]Le Soir, 27/12/2007.
[10]Le Soir, 27/12/2007.
[11]Virunga News, 6/07/2012
[12] Le Phare, 21/11/2012.
[13] Reuters, 10/12/2012.
[14]Radio Okapi, 11/12/ 2012.
[15] Des experts mandatés par l’ONU ont affirmé que le Rwanda avait créé, formé et équipé le M23 et avait directement appuyé son offensive sur Goma, malgré les dénégations de Kigali. Un journaliste de Reuters présent à Goma durant l’occupation rebelle a croisé plusieurs combattants ne parlant pas les dialectes locaux. L’un d’eux a même déclaré : « Je suis rwandais, un soldat, nous sommes là pour aider le M23. Nous sommes nombreux et beaucoup arrivent chaque jour. »
[16] S/2012/843.
[17] « En temps de guerre, tout Congolais qui se rend coupable de haute trahison est puni de mort ». Alinéa 2 : « Par haute trahison, il faut entendre le fait de livrer à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous-contrôle étranger ou à leurs agents des matériels, constructions, équipements, installations, appareils ou autres… affectés à la défense nationale ». Aussi Radio Okapi, 26/11/2012.
7 Comments on “Who’s who : Le Général Amisi « Tango Four », le boucher de l’Est du Congo – JJ Wondo”
Tshaombo Shutsha Timothée.
says:Joseph Kabila ne peut en aucun moment organiser l’armée et promouvoir en même temps la lutte contre l’impunité car il est le metteur en scène de tout ce qui se pase à l’Est du Congo. Regardez comment il orge le procès de Mamadou Ndala. Il fait tout pour que les pistes soient effacées. On liquide froidement le témoin fiable par des produits dont l’autopsie seule nous dira les noms. Kabila est donc passible de haute trahison en premier lieu. C’est un traître.
OKONDA
says:Bonjour Monsieur WONDO,
J’ai tout simplement tenu à vous informer que le Général major Amisi KUMBA n’est pas un Lega.
Il est Kusu de Kibombo. Son nom KUMBA se prononce KOMBA en KUSU ou tétéla.
Merci
Monsieur OKONDA Osembe
Marcel Kambale
says:Bonjour DESC!
Je parcours ce site (ou blog) une ou deux fois les 72 heures. Pourquoi? Eh bien, parce qu’il y a ce qui m’intéresse! Oui, je me sens vraiment intéressé et quelquefois je m’en inspire, tout en précisant la source, via un lien!
Mais j’ai comme impression que, comme nombreux de nos frères de l’Ouest du pays, il y a des mots qui vous reviennent aux lèvres et aux plumes. Je peux affirmer sans crainte d’être contredit que vous êtes un peu plus « tribalistes » que nous autres RDCongolais de l’Est (pour autant que vous estimez que nous sommes RDCongolais).
En effet, les mots tel que : lega, nande, hutu, originaire du Kivu, tutsi, munyarwanda, hunde, de Goma, de Bukavu, traître, etc. ne sont pas dignes de votre plume ou de vos dires.
Sans prétendre vous vexer, je voudrais vous demander à rester plus dans votre dimension d’analyste politique et criminologue ; sans verser dasn cette sorte de néonazisme que caractérise nombreux anciens mubutistes qui ne se retrouvent pas dans le jeu du pouvoir actuel.
C’est qui importe, ce sont des reformes. Nos ethnies et nos tribus ne nous avancent en rien.
Je penses avoir dit.
Nsumbu
says:Désolé cher Mr Kambale, l’analyse de la « geste » de « JK » ne ressemblerait hélas qu’à de l’eau tiède si je ne sais par quel idéalisme on ne stigmatisait pas son primat « ethnique » dans tout ce qu’il fait. Et encore plus incontournable quand il s’agit de l’armée. Croyez-moi, moi aussi j’aurais été heurté en « temps normal » mais je peux vous assurer que lorsqu’on se donne une élémentaire discipline dans son expertise de la situation de notre pays, ne pas parler par exemple dans une analyse sur notre armée sous « JK » de son cette caractéristique (son ethno-régionalisation insolente) et ce qu’elle révèle et entraîne comme impasse pour l’avenir du Congo, ce qu’on n’y a rien compris. J’ai même du mal à ne pas croire que c’est plus flagrant dans tous les cas plus nocive qu’avec Mobutu… Essayez d’user d’un peu de recul, cher Compatriote, et réexaminer ce fait peut-être que vous viendrez ensuite me confirmer que « JK » a réellement vendu ce pays souvent avec le soutien d’un appareil clientéliste essentiellement régionaliste. Un petit test, je sais de quoi je parle : allez demander dans le Kivu profond, à Bukavu et à Goma ou si vous êtes en diaspora chez les originaires du coin ce qu’ils pensent de ce régime et de surtout ceux qui parlent en leur nom applaudissant ce qu’il fait ?
Prince OMAR MASSOUD Pene-KITHO
says:Fausse déclaration: (Lega du territoire de Punia dans le Maniema, connu sous le code de « Tango Four » pour avoir été responsable de la logistique (T4) au sein du RCD-Goma, Gabriel Amisi Kumba est un des généraux de confiance du président Joseph Kabila).
Le Général AMISSI KUMBA Gabriel est originaire du Groupement BYADI, dans la Collectivité Chefferie des Benia SAMBA située dans le Territoire de KASONGO, Province du MANIEMA. Il n’a jamais été Lega comme l’a déclaré l’Auteur de l’article.