- Les crashes des hélicoptères : L’armée congolaise cache la vérité
Les prémisses d’enquête exploratoires de DESC
Deux hélicoptères de combat des Forces armées de la RDC (FARDC) se sont écrasés le 27 janvier dans le territoire de Rutshuru. Selon les autorités militaires congolaises, il s’agissait d’un acte accidentel car les deux hélicoptères étaient pris dans un tourbillon[1]. Le colonel Kwasundowe Ézéchiel, alors commandant en second chargé des renseignements et des opérations dans le secteur opérationnel Sukola 2 contre les FDLR a été torturé et mis à mort en compagnie d’un biélorusse et d’un ukrainien après le crash. Il y avait aussi un Géorgien capturé et qui ne se trouve plus sur le sol congolais, probablement au Rwanda ou en Ouganda.

Le corps du colonel Kwasundowe et des autres victimes étaient piégés d’explosifs.Le génie de combat avait tenté en vain de déminer le secteur avant l’évacuation du corps. C’est la MONUSCO qui a finalement réalisé cette opération à la place de l’armée de Kabila. Il en est, de même, en ce qui concerne les opérations d’autopsies des dépouilles des étrangers.
Jusqu’à ce jour, nous ne disposons aucune information quant aux conclusions de ces autopsies. Toutefois, selon quelques témoins qui ont vu le corps du colonel Kwasundoe, celui-ci a subi un véritable calvaire, des tortures inimaginables avant que la mort s’en suive. Voici quelques éléments constatés de l’état de son corps : les vertèbres cervicales cassées, toutes les cotes brisées, la partie génitale amputée, etc. Concernant l’autopsie, les autorités congolaises ont avancé des arguments liés au secret d’état pour souhaiter que cette opération soit réalisée par la Monusco. En fait, ces autorités semblent ignorer que le secret d’état est concomitant à la notion de la souveraineté. Dès lors, que viendrait faire la MONUSCO, une mission des nations unies, composée de personnes qui ne possèdent pas la nationalité congolaise, dans cette affaire? La volonté est, manifestement, de cacher aux congolais la vérité sur cette question répétitive des trahisons de ses autorités militaro-administratives.
Malgré les explications peu convaincantes fournies par les autorités militaires, restées dans le mutisme dans un premier temps plusieurs jours après les crashes, le doute reste total quant à la véracité de leurs déclarations. La présente analyse, loin de constituer une enquête approfondie, se donne l’objectif de mener une analyse préliminaire afin de donner certains éclairages relatifs à ces crashes, sur la seule base des éléments non exhaustifs à notre disposition, tendant à réfuter la thèse accidentelle avancée par l’armée congolaise.
Deux hélicoptères de combat Mi-24 pilotés par d’équipages issus de plusieurs nationalités: biélorusses, ukrainiens et géorgiens. Exit la piste Manpads
Le Mi-24 (code OTAN Hind) est un hélicoptère d’attaque soviétique du constructeur Mil avec une capacité de transport léger. C’est un hélicoptère entré en service en 1973, armé d’un canon de 12,7 mm puis de 30 mm, disposant d’ailerons capables d’emporter des roquettes. L’appareil est équipé d’un blindage en titane fournissant une protection complète contre les armes de petit calibre. Il a une capacité de transporter 8 passagers au maximum[2].
Plusieurs hypothèses de la cause de la chute de deux appareils sont avancées, nous recevons des informations des militaires du terrain qui pourraient nous permettre d’avoir une idée de que s’est-il passé ?
La première hypothèse concerne, principalement, la cause de la chute de l’hélicoptère pour lequel nous disposons des images. Contrairement, aux premières informations reçues par DESC des sources militaires à Goma juste après l’incident des deux hélicoptères qui ont privilégié la piste d’une attaque aux Manpads (Man-Portable Air-Defense)[3], les images d’un des deux hélicoptères semblent exclure cette hypothèse pour plusieurs raisons :
D’abord, l’équipage étant constitué du personnel de pays membres de l’ex-Union Soviétique, ces derniers ont certainement été formés, suite aux expériences de la guerre d’Afghanistan où ces hélicoptères étaient une proie facile des Manpads et notamment des missiles thermoguidés Stinger fournis par la CIA aux Moudjahidines, à développer des contre-techniques. Il s’agit notamment de voler soit très bas pour brouiller le système de guidage, soit très haut hors de portée des missiles. Les appareils évoluent progressivement de 500 mètres du sol à plus de 2 000 mètres.
Ensuite, la nature montagneuse de la zone était aussi un paramètre qui devait conduire ces pilotes à voler près du sol, c’est-à-dire à la portée d’un missile.
Enfin, l’analyse préliminaire des parties endommagées portant sur les images visibles d’un des hélicoptères, faite par deux experts en balistique et en explosifs de DESC, congolais diplômés de l’ERM et docteurs en sciences appliquées, relève que l’hélicoptère n’a pas été atteint par un objet/missile externe. Pour ces experts, l’avion ne présente pas non plus de traces d’incendie. Ce constat écarte la première thèse nous avancée par nos contacts FARDC à Goma d’un tir de Manpads. En effet, l’avion reste très peu calciné et sa désintégration n’est pas importante comparativement à la photo ci-dessous. Cependant, il faudrait pouvoir également disposer des images du deuxième hélicoptère pour tirer des conclusions plus précises. Nos experts sont disposés à apporter leur expertise criminalistique[4] aux autorités congolaises afin de les aider à identifier les causes de ces crashes.
L’hypothèse de la technique de brouillage à interférence électronique et électrique
Etant donné l’exclusion de la thèse d’un tir externe ni d’un incendie ou explosion interne de l’avion, nos experts constatent néanmoins que l’hélicoptère donne l’impression d’être tombé en chute libre. « Il n’est pas tombé du nez. Le bas de l’hélicoptère est un peu écrasé ». Est-ce le pilote a tenté une manœuvre d’atterrissage d’urgence ?
Pour tenter de comprendre le mystère de ce crash, une autre source experte militaire pointe une technique d’une technologie militaire utilisée par la Grande-Bretagne. Il avance la thèse de la fourniture de cette technique britannique au Rwanda. Selon cette source, la Grande-Bretagne continue d’être un grand allié occidental du Rwanda grâce aux intérêts énormes qu’elle tire des ressources naturelles régionales, principalement congolaises, qui transitent par le Rwanda devenu la plaque tournante du trafic illégal des matières premières en RDC. Il indique que le crash a été causé par des brouilleurs à interférence électronique et électrique.
En effet , les brouillages des fréquences aéronautiques ont récemment été indexés pour leur capacité à mettre en danger le trafic aérien. Ces brouillages sont causés par des radios émettant sur la bande FM. Ces interférences ne sont pas sans conséquences et peuvent perturber les avions en phase d’atterrissage avec un risque probable d’un crash.
Il s’agit d’une technologie de la guerre électronique (electronic warfare), déjà expérimentée par les grandes puissances autour des armes à impulsion électromagnétique (IEM), également connue sous le nom EMP et des armes électromagnétiques. En effet, les EMP sont des armes redoutables capables d’endommager les systèmes électroniques, qu’ils s’agissent d’ordinateurs, de véhicules personnels ou encore de systèmes d’armes. Ces systèmes sont des armes de guerre électronique (EW : electronic war), qui peuvent brouiller des signaux ou endommager des systèmes électroniques et informatiques, mais les IEM constituent également des armes stratégiques, de par leur capacité à endommager des systèmes critiques et à rendre inopérantes des infrastructures entières[5].
Ces nouvelles armes électroniques permettent le brouillage, l’aveuglement, l’assourdissement et plus encore, de sorte qu’un avion pourrait disparaître des radars de détection tandis que les systèmes de sécurité ne seraient pas activés. Ce qui pourrait causer le crash des avions.
Lors de notre visite au salon de l’armement à Paris en Juin 2016, des firmes comme Thalès, Bell, le groupe israélien MER Group[6] et autres offrent des technologies aux compagnies aéronautiques pour parer à cela.
Ainsi, selon l’analyse de cet expert militaire, vu que la portée de ces outils technologiques portatifs ne couvre pas un rayon très large, la zone frontalière de Mikeno semble a été la plus sure et propice pour mener cette opération. L’objectif de ma manœuvre étant d’investir cette zone difficile d’accès, d’en faire une zone d’exclusion aérienne des FARDC en vue d’en faire un poste logistique avancé du M23 dans l’objectif d’y acheminer en masse l’armement au départ du Rwanda et de renforcer le M23 comme en 2013 à Chanzu. Selon cette source, l’option des mesures contre les impulsions électromagnétiques, pourtant proposées par les russes dans le contrat de vente et service de ces hélicoptères, n’a jamais été retenue par le General Olenga, helas! »
Ainsi donc, ils savaient tout ! D’après des documents extraits des archives d’Edward Snowden et publiés par le Monde, les services de renseignements électroniques britanniques écoutaient, en 2009, toutes les conversations émanant du président Kabila, de ses principaux conseillers et chefs militaires, y compris ceux qui se trouvaient en opération contre le mouvement rebelle M23. A l’époque, le Rwanda, très soutenu par les Britanniques en matière de développement, était alors accusé de soutenir ce mouvement initié par des Tutsis congolais. Pour faire bonne mesure, les Anglais écoutaient aussi les chefs de la rébellion, dont Bosco Ntaganda aujourd’hui détenu à la CPI, accusé de crimes contre l’humanité[7].
La cause accidentelle d’un crash suite à un tourbillon relève du bluff
La cause accidentelle d’un crash suite à un tourbillon, avancé par les autorités militaires congolaises, ne tient pas la route sans une expertise aéronautique appropriée. C’est ce qu’affirme notre expert précédent : « L’état de l’avion sur la base des images visibles ne plaide pas pour cette thèse. Un avion crashé suite à un tourbillon ne présente pas cet état. « Rien à voir avec les tourbillons car justement les basses pressions ou altitudes ne sont pas des problèmes aux hélicoptères Mi-24, contrairement aux systèmes ORIX, Bell ou autres.

Enfin, toutes les sources qui se sont entretenues avec le colonel Kwasondowe sont catégoriques. Le colonel Ezéchiel Kwasondowe a bien déclaré qu’il s’agissait d’une attaque et non d’un accident dû à un tourbillon. DESC a encore revérifié ces propos auprès de nos contacts. Alors pourquoi parler de tourbillon ? Enfin, selon plusieurs pilotes et spécialistes consultés par DESC, cette hypothèse doit être écartée à cause du deuxième moteur et de la portance qui n’est pas seulement verticale mais, également, horizontale.
L’hypothèse du ravitaillement ennemi ne tient pas non plus la route
Certaines sources ont avancé l’hypothèse d’une mission de ravitaillement des M23 par ces hélicoptères. Une fois que la mission était réalisée, ces derniers les ont sabotés. Mais selon une source de la Force aérienne des FARDC, les appareils crashés étaient équipés de système de vision nocturne leur permettant de mener des missions nocturnes en toute sécurité. Pourquoi exécuter une opération de ravitaillement ennemi midi, en pleine journée, alors que cela pouvait se faire discrètement la nuit car les hélicoptères détruits ont cette capacité de vol ? S’interroge notre contact.
Un autre élément qui écarte cette thèse est que l’’hélicoptère Mi-24 Hind est un hélicoptère de combat disposant d’un habitacle très réduit pour charger des matériels militaires autres que ceux prévus pour une opération de combat. Ils ne peuvent donc pas transporter des matériels militaires en grande quantité, contrairement à l’hélicoptère Mi-8 qui peut transporter par exemple un véhicule un land cruiser.
Crashes suite aux ondes de choc ?
Selon notre dernière source venant d’un militaire qui se trouvait dans le coin, les auteurs de ces deux crashes sont des militaires rwandais, opérant sous le couvert du M23 dont les éléments ont des bivouacs dans la forêt de côté rwandais. D’après ses dires, son hypothèse est la plus proche de la réalité, il avance que le premier hélicoptère dans lequel se trouvait le commandant second des opérations Sukola II est abattu par un missile SAM-7 du même type que celui utilisé contre l’avion du président. Il ajoute que le deuxième hélicoptère s’est écroulé sous l’onde de choc de son binôme. En fait, les débris et le souffle de l’hélicoptère visé par le missile ont abimé le fuselage du second. N’ayant pas subi de gros dégâts, l’équipage a pu manœuvrer afin de de s’éloigner de la zone et de se poser hors de portée immédiat des éléments de l’armée rwandaise, sous couvert M23. Afin d’effacer toutes les traces d’impact du missile sur cet aéronef, il a été détruit par ceux qui l’ont descendu et tout son équipage assassiné.
Voici un tweet, quelques heures seulement après la chute de deux hélicoptères qui annonce que les hommes de Makenga ont abattu un hélicoptère gouvernemental.
Analyse transversale de l’incident sur base de différents témoignages récensés
Une analyse croisée de plusieurs experts contactés et des militaires sur le terrain permet de relever les constats suivants :
Il y avait deux hélicoptères de combat en mission de reconnaissance sur la zone située entre Karisimbi et Mikeno. Nous avons ici la seule image de l’équipage où se trouvaient les membres de l’état-major de l’opération Sukola 2 qui, après le crash ont été récupérés.
Cependant, aucune image du deuxième hélicoptère n’a été montrée par les autorités de la 34ème région militaire à Goma.
En analysant objectivement les faits de l’accident, sans disposer d’autres détails techniques de ce crash, il y a des éléments troublants qui excluent d’une cause accidentelle dû à un fait du hasard. Selon des sources militaires qui ont été dépêchées sur les lieux, n’eût été la mort du haut gradé, cet « accident » a failli être enterré dans la hâte, pourquoi? Pourquoi cet « accident » s’est-il produit dans une zone hostile où d’ailleurs le commandant de la 3ème Zone de défense a indiqué la présence de Makenga et des M23 ? On a d’abord parlé du rodage des appareils, puis d’un corps d’un disparu. Comment se présente les corps des victimes? Pour ce qui est du seul appareil visible, les images ne sont pas très éloquentes pour tirer une conclusion hâtive. Mais en examinant attentivement la première photo, la vue aérienne de l’appareil, on aperçoit que le fuselage (l’arrière de l’appareil) est disloqué. A-t-il été abîmé lors du crash ou a-t-il été touché par une roquette? S’il y a eu abattage de ces appareils pourquoi ne pas l’affirmer? Dans quel objectif ?
Il est à noter que dans l’arsenal militaire du M23 retrouvé à Chanzu en 2013, il y avait une arme récente (nouveau modèle) de fabrication russe. L’attachée militaire de l’ambassade russe en RDC, une dame, était toute surprise de la découvrir.
Ce sont là des questions sans réponse que DESC est prêt à offrir son expertise gratuite et patriotique pour tenter d’élucider le « mystère » entretenu sur ces crashes et enlever les doutes et les suspicions contre les autorités congolaises.
Dire que le M23 cherche à créer l’imbroglio entre deux pays voisins, comme l’a déclaré le général Léon Mushale dans sa conférence de presse[8] du 31 janvier 2017 à Goma, est symptomatique soit d’une ignorance de sa part des modes opératoires des rébellions ou d’une langue de bois qui cache un sérieux malaise au sein des FARDC. En effet, les analyses des modes opératoires des rébellions montrent que celles-ci opèrent généralement dans des zones frontalières pour bénéficier des soutiens logistiques des pays voisins. Or la zone du crash est plutôt frontalière au Rwanda. Curieusement, le général Mushale n’a pas prononcé le nom du Rwanda, qui est à la base de la création du M23. A-t-il reçu des instructions de sa haute hiérarchie de disculper le Rwanda ? Pour quel objectif ? Cet argument évasif laisse planer le doute qu’il y a des vérités qui sont cachées aux Congolais. Notons que lors de la guerre de 2012 – 2013, il a clairement été démontré que le M23 a dû bénéficier des soutiens à la fois internes des FARDC, même aux échelons les plus élevés du commandement, et du Rwanda. La réactivation du M23 ne peut se faire sans réactiver ce même réseau interne et externe. Le fait que les avions aient été crashés en RDC est un indice qui appuie notre argumentation.
D’ailleurs ce message reçu d’une source militaire au Nord-Kivu est très éloquent : « Bonjour cher compatriote, ça fait déjà quelques années que je lis vos analyses et ça m’instruit, me forme et complète mes connaissances militaires. Je suis au Nord-Kivu et ai travaillé sous le commandement du feu Colonel Ezekiel Kwasondowe. Je voulais juste vous faire part de ces quelques informations. Il y a quelques jours le colonel a vu être retiré son véhicule de fonction sans aucune explication. Le jour du crash, le Colonel a eté précipitamment appelé à l’aéroport de Goma par le général de brigade Bruno Mandevu, qui je ne sais pas demeure toujours le Commandant des opérations Sukola 2 ??? Le Colonel Ezekiel Kwasondowe s’est vu refuser l’accompagnement de ses gardes lors de sa montée dans l’hélico, et le Gen Mandevu a refusé de lui remettre la carte de reconnaissance du terrain au profit de l’autre officier de l’autre hélico. Lors de la chute de son hélicoptère, le Colonel Ezekiel Kwasondowe était vivant mais a été achevé par la suite. Il a effectivement pu s’entretenir avec l’état-major pour demander de l’aide comme vous l’avez mentionné dans votre article. Ce n’est que demain que les chefs vont se déplacer pour la région. Il y a des choses bizarres qui se préparent ici…«
S’agit-il d’un sabotage délibéré des hélicoptères par des généraux affairistes pour justifier l’achat d’autres hélicoptères?
Cette hypothèse n’est pas non plus à exclure d’autant que l’achat des matériels militaires est devenu un business très rentable pour plusieurs collaborateurs directs de Kabila ? Ainsi, une source sécuritaire nous a informé que juste après le crash des hélicoptères, un général congolais s’était rendu en début février en Serbie, en Bulgarie et en Biélorussie. Le but de sa mission était d’évaluer et de passer les commandes militaires pour 2017, mais aussi pour le remplacement de deux hélicoptères d’attaque Mi-24/35 Hind crashés. Il s’agit notamment de l’opportunité d’acquérir 2 à 4 vieux hélicoptères MI-24 D fabriqués au début des années 1980. Il est un fait que l’achat de ces matériels déclassés génère des commissions occultes très rentables à l’entourage de Kabila. Et ces achats se font loin de tout contrôle du chef d’état-major général des FARDC, du ministre de la Défense et de la Commission Défense et Sécurité d’un parlement inopérant et désormais illégitime.
La guerre de Kabila en RD Congo a déjà recommencé!
« Bonjour… Je vous remercie pour l’analyse si objective que vous avez réalisée suite à l’attaque des hélicos des FARDC. En effet j’ai une certaine connaissance de la région de l’accident et cela m’a fait croire que l’attaque ennemie est déjà en cours. Karisimbi se trouve un peu au sud-est de Mikeno et seule une petite partie de son flanc ouest appartient à la RDC. Et donc à partir du Rwanda, la RDC est facilement « contrôlable ». Mikeno qui est juste au nord de Karisimbi est un point stratégique pour quelqu’un qui veut attaquer le camp militaire de Rumangabo… Car il peut facilement l’encercler à partir de Rugari. Au nord de Mikeno se trouve le volcan Visoke, au nord de Visoke il y a le Sabinyo qui est voisin au Gahinga (appartenant au Rwanda et voisin a la ville de Ruhengeri-Kinigi). Plus loin au nord se trouve le volcan Muhabura qui est en Ouganda. Vous comprendrez que cette zone de moins de 80km à vol d’oiseau est un excellent terrain pour les spécialistes en technique de guérilla. Surtout aussi que la poudrière qui avait appartenu au M23 est sur l’intersection de ces zones ci-haut identifiées… Il y a de quoi comprendre que la guerre a déjà commencé ».
Par ailleurs, selon des informations parvenues à DESC, un nouveau groupe armé dénommé CMC (Coalition des Mouvements pour le Changement), une coalition assez hétéroclite des groupes rebelles a été créé à l’est de la RDC (Sud-Kivu, Nord-Kivu et Ituri) en décembre 2016. Le CMC déclare mener une guerre pour contraindre Kabila à quitter le pouvoir dans le cadre de l’application de l’article 64 de la Constitution. Selon le porte-parole de ce mouvement, Juvénal Jules Mulumba : « Le CMC/FDP a procédé en date du 07/03/2017 à la remise des quatre personnes capturés à la MONUSCO dont 1 sujet ougandais du M23 et 3 du mouvement rebelle rwandais du CNRD (Le Conseil National pour le Renouveau et la Démocratie « , une dissidence des rebelles rwandais des FDLR) . Les capturés ont livré des infos sensibles par rapport à la coopération FARDC-CNRD mais aussi de la complicité entre quelques officiers FARDC et le M23, ces FARDC ont bien coalisé avec le CNRD et ont lancé un assaut aux positions CMC/FDP à JTN et KATSIRU, heureusement que l’armée salutaire du peuple congolais, les FDP (Forces de défense populaire) ont mis en déroute cette sale coalition et ont libéré entièrement les cités de JTN et KATSIRU. Le bilan fait état de quatre ennemis c’est-à-dire) FARDC-CNRD abattus dent le major en place et des effets militaires récupérés. Le CMC/FDP est plus que déterminé à en découdre avec le régime obsolète de KABILA mais aussi mettre fin à l’activisme des groupes armés étrangers et locaux semant désolation au peuple congolais. »
Cette guerre, associé à d’autres foyers de violence ailleurs en RDC fait partie d’un plan cynique de Kabila à instaurer l’état d’urgence en RDC pour mettre à mort l’accord de la Saint-Sylvestre obtenu par la CENCO qui contraint Kabila à organiser les élections à la fin du mois.
Des pilotes étrangers au sein des FARDC devenue une armée des mercenaires
L’armée est le symbole de la souveraineté d’un Etat. La notion d’Etat est indissociable de l’armée. Cela renvoie à l’importance de l’ « intérêt national » et de la « défense nationale » par des nationaux, d’autant que le militaire doit être d’abord un citoyen au service de sa patrie, le Congo. Cette exigence est impérative aujourd’hui pour un pays comme la RDC, confrontée à une instabilité permanente. Il est dès lors inconcevable que les autorités congolaises continuent de privilégier des mercenaires au détriment des filles et des fils du Congo.
Dans son ouvrage L’art de la Guerre, le stratégiste florentin Machiavel, mettant en lumière les dangers que représentent une armée des mercenaires où les combattants sont indisciplinés, coûteux, imprévisibles et souvent peu efficaces, préconise à la place une armée « nationale » dans laquelle un bon soldat sera donc celui dont le combat pour la cité deviendra un impératif moral beaucoup plus qu’un simple métier. Selon lui, « Tout Etat doit tirer ses troupes de son propre pays. (…) Les étrangers qui s’enrôlent volontairement sous vos drapeaux, loin d’être les meilleurs, sont au contraire, les plus mauvais sujets du pays. Comme la cité ne peut vivre qu’en canalisant vers le dehors les passions de ses membres, la guerre deviendra la condition de l’Etat, comme l’Etat deviendra celle de la guerre »[9].
Aujourd’hui, la haute hiérarchie militaire, au sein de la maison militaire de Joseph Kabila, confisque la gestion de la Défense nationale, pourtant décrétée domaine de collaboration entre le Gouvernement et le chef de l’Etat[10]. La preuve est qu’ils préfèrent faire du business et engager des mercenaires russes, ukrainiens, biélorusses ou serbes plutôt que de former des jeunes pilotes congolais. En fait, ces mercenaires dépendent, exclusivement, de la présidence, on ne connaît ni leurs compétences, ni leurs aptitudes physiques et encore moins leurs aptitudes mentales. En outre, le statut de ces mercenaires n’est pas connu, ont-ils signé des contrats? Si oui quels genres de contrats? Comment les identifier? Comment sont-ils arrivés au Congo? Par ailleurs, la programmation des vols échappe au chef d’état-major des forces aériennes ainsi qu’au chef d’état-major général.
Selon le témoignage d’un officier de la Force aérienne congolaise (FAé), en opération dans le Nord Kivu : « En fait, ces mercenaires dépendent exclusivement de la présidence de la République. On ne connaît pas leurs compétences réelles, ni leurs aptitudes physiques et mentales. La programmation des vols échappe au Chef d’état-major de la FAé et leur recrutement et leur fonctionnement échappe totalement à l’état-major général des FARDC. Ces mercenaires ne sont pas connus des TO (Tableaux organiques) de l’armée. Parmi eux, il y a des ukrainiens, des géorgiens, des Biélorusses. Pourtant, il y a des jeunes pilotes formés à l’Académie militaire de Minsk en Biélorussie sur Mi-24 et d’autres formés en Ukraine, qui ne sont pas utilisés. Ils sont volontairement laissés au chômage. On leur préfère des mercenaires pour justifier des contrats occultes juteux qui bénéficient à certains généraux de la clique présidentielle ».
Peut-on vraiment parler de souveraineté de la RDC lorsque notre aviation est entre les mains des mercenaires étrangers?
Analyse réalisée par Jean-Jacques Wondo Omanyundu & Jérôme Ziambi Kengawe/ Exclusivité DESC
Références
[1] https://www.youtube.com/watch?v=BJx2IZhyF5w&feature=share.
[2] http://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/fs32aeromobilite.pdf.
[3] See more at: http://afridesk.org/fr/deux-helicopteres-des-fardc-abattus-joseph-kabila-laisse-t-il-faire-le-rwanda-et-louganda-jj-wondo/#sthash.1tjZz4mk.dpuf.
[4] La criminalistique est un domaine de la criminologie ayant pour objet l’établissement de la matérialité des faits, la preuve de l’infraction. La criminalistique est la collecte d’indices sous toutes ses formes et son analyse pour déterminer et identifier la cause d’une infraction et en déterminer son ou ses auteurs. La criminalistique regroupe plusieurs disciplines scientifiques parmi lesquelles, la médecine légale, la psychiatrie, le profilage, l’analyste criminel, la balistique, etc.
[5] http://zonedinteret.blogspot.be/2009/06/emp-et-armes-electromagnetiques.html.
[6] https://www.israelhlscyber.com/mer-psc/.
[7] http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2016/12/13/quand-les-anglais-ecoutaient-kabila/.
[8] https://www.youtube.com/watch?v=BJx2IZhyF5w&feature=share.
[9] Machiavel cité par Benoît Chantre, Clausewitz. De la guerre. Livre I, Flammarion, Paris, 2014. – See more at: http://afridesk.org/fr/pourquoi-faut-il-re-creer-une-armee-a-vocation-nationale-en-rdc-jj-wondo/#sthash.yXjU8LIa.dpuf.
[10] Exposé des motifs, Constitution du 18 février 2006. Lire JJ Wondo, Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable, 2ème Ed, Octobre 2015, p4 et p.178.
3 Comments on “RDC : Les crashes des hélicoptères : L’armée congolaise cache la vérité – Analyse de DESC”
TIMOTHÉE TSHAOMBO SHUTSHA
says:Des informations aussi importantes qui conditionnent l’avenir de notre pays et celui de nos enfants mais dont la classe politique surtout de l’opposition ne rien aucun cas. Nous avons une classe politique ainsi que des officiers sont certains sont bon pour passer devant un champ de tires. La république des inconscients. Qu’ils sachent que tant que nous vivrons, il y aura retournement de la situation tôt ou tard. Merci infiniment DESC.
GHOST
says:LE DEFI DE LA MAITRISE DU TROISIEME DIMENSION ?
Une solide analyse de la part de mr JJ Wondo et felicitation pour ce travail de recherche. Cette analyse pose le problème incontournable de la « maîtrise de la 3ème dimension » dans l´armée au Congo.
L´armée aérienne a toujours été l´une des faiblesses de la défense de la RDC depuis plus de 50..peut-être á cause des exigeances technologiques dans un pays où l´institution de la défense se caracterise par une absence des critères scientifiques ou pire academiques*
¤ LE SYNDROME « ALENDE »
L´une des causes historiques est cette mefiance persistante de la part des presidents de la RDC envers la force aérienne qui tire sa source du coup d´État militaire en Chili où Pinochet avait utilisé les avions de combat pour assassiner le président Alende. La tentative du coup d´Etat militaire par un avion de combat contre le roi Hassan 2 du Maroc a certainement renforcée cette mefiance de Mobutu envers une aviation militaire qui exige des techniciens mieux éduqués que la grande majorité, une certaine autonomie dans l´accomplissement de leurs missions.
Ce syndrome Alende va se materialiser avec l´annulation de l´achat des avions de combat F-4 Phantom dans les années 1974.. Mobutu va preferer acheter des Mirages et ainsi sacrifier une formation d´une force aérienne qui pouvait beneficier de l´industrie aeronautique militaire des USA.
Notez en passant que le F-4 Phantom est encore en service en Grece, Turquie, Japon, Corée du sud, Iran et la RFA a retirée ses derniers F-4 Phantom il y a moins de 5 ans…quand la version du Mirage importée par Mobutu a été retiré du service il y a très longtemps.
¤ L´AUTRE SYNDROME..
Il existe aussi un autre syndrome au Congo, le « syndrome Lumumba » ex premier ministre de la RDC qui avait pris la très mauvaise option « d´africaniser » les grades dans l´armée sans tenir compte des exigeances intellectuelles. Cette forme nocive du « nationalisme » congolais continue de faire croire qu´il suffit de designer n´importe quel congolais au grade de « colonel » ou « général » pour compenser le deficit intellectuel.
Nous allons revenir sur ce syndrome quand nous allons aborder la question du « out sourcing » avec les mercenaires.
¤ L´ATOUT TROISIEME DIMENSION
La RDC est si vaste et pire sans infrastructures de communication viable qui implique que des investissements pour maîtriser le troisième dimension qu´est l´espace aérien est une obligation dans un futur proche.
Contrairement á quelques pays voisins qui continuent de faire des progres ( http://www.bbc.com/afrique/39070726 ) la RDC ne possede pas une planification crédible afin d´acquerir les technologies militaires capables de sécuriser son espace aérien.
L´aviation militaire est pourtant le « multiplicateur d´effets » le plus efficace pour faire une projection interne des forces qui doivent faire face á une guerre « hybride »*
Contrairement aux apparences, même la mission militaire de l´ONU au Congo a eu des difficultés pour recruter localement du personel capable d´assurer l´analyse des informations recoltées par ses drones ( http://intractive.africandefence.net/dronesinthedrc/ )
Á suivre..
GHOST
says:http://intractive.africandefence.net/dronesinthedrc/
Sur ce site de l´Afrique du Sud on apprend beaucoups sur l´usage des drones au Congo depuis la transition où la Belgique avait deployée les premiers drones pendant la mission EUFOR et actuellement au Kivu dans le cadre de la MONUSCO.
L´information la plus utile pour les congolais est ce « gap » où l´ONU a du mal á tirer le maximun des drones Falco á cause d´une limitation « technique » du personel pouvant analyser les informations qu´apportent les drones*
Sur ce site d´Africandefence, il y a aussi un article du « RETEX » (Retour d´experience) des pilotes de l´hélicoptère Rooivaalk au Kivu où ils racontent les difficultés rencontrées pendant leurs missions. Ces pilotes sudaf qui possedent une solide formation beneficient avant tout de la planification des missions avec un bon support des ressources de l´ONU.
Contrairement aux pilotes russes ou ukrainiens des FARDC, les pilotes de la MONUSCO beneficient d´une projection météorologique de plusieurs jours en avance en provenance des satelites, tout comme d´une planification logistique robuste. Ces facteurs peuvent expliquer les performances des pilotes sudaf et même temps apporter une indice utile pour admettre qu´il ya des crashes des Mi-24 congolais á cause des erreurs de pilotage dans un milieu montagneux qui exige la prise en compte de plusieurs facteurs « techniques ».
¤ MERCENARIAT AU CONGO, LE FUTUR DE LA DEFENSE PLUS EFFICACE ?
L´usage des mercenaires au Congo date en réalité de 1885 quand le roi Léopold II recrutait des officiers de plusieurs pays de l´Europe (dont la Suède*) pour servir dans les rangs de la Force Publique.
Mais depuis 50 ans, certains documents démontrent que la raison principale de la présence des mercenaires dans l´armée nationale au Congo est le « gap » technologique dans la formation des officiers congolais.
Les lecteurs peuvent obtenir gratuitement ces informations sur Google: * https://id.scribd.com/document/296844427/CIA-the-Instant-Air-Force-Congo-1962 et * « CIA´s Covert Operations in the Congo, 1960-1968:Insights from Newly Declassified Documents (Studies in intelligence Vol 58, No. 3 September 2014)
Dès 1962, les USA ont utilisés des « mercenaires » pour compenser l´absence des pilotes militaires dans l´armée congolaise. Les performances de cette approche démontrent l importance du « maîtrise du 3ème dimension » dans les guerres de contre-insurection.
Cette approche de la CIA est actuellement mis en pratique en Afghanistan http://lignesdefense.blogs.ouest-france.fr/album/l-helicoptere-bete-de-somme-afghane/1155471608.html
Une fois de plus, les qualités technologiques des pilotes militaires sudaf sont démontrées en Afghanistan. Les congolais devraient se demander pour quelle raison envoyer des jeunes congolais étudier en Russie ou en Ukraine quand l´entreprise sudaf Paramount http://www.paramountgroup.com offre une formation d´un niveau de loin superieur á celui que les congolais peuvent obtenir en Russie?
L´entreprise Paramount (et Denel) possede une solide experience car ayant modifiée le Mi-24 Hind avec une version ameliorée « Super Hind » en service dans l´armée de l´air de l´Algerie.
Dans un futur proche, les congolais devraient accepter les recrutements des mercenaires surtout dans les domaines de la logistique, l´ISR, ou tout simplement l´aviation militaire.
Connaissez-vous « ERIK PRINCE » le fondateur de Blackwater? Nous ne serons pas surpris de revoir le Departement d´État des USA recourir aux services des entreprise du genre « Blackwater » pour aider le futur gouvernement issue des élections dans la sécurisation de la RDC