Jean-Jacques Wondo Omanyundu
GÉOPOLITIQUE | 13-05-2016 18:30
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Le duel Kabila – Katumbi : la continuation de l’enjeu géopolitique en Afrique – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le bras de fer entre Kabila et Katumbi : la continuation de l’enjeu géopolitique des grandes puissances en Afrique

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

L’actualité donne encore raison à DESC

Lorsque nous avons prédit il y a plus de deux ans que 2016 sera une année de confrontation politique, sur le plan interne, entre Kabila et Katumbi, plusieurs observateurs nous ont pris pour un affabulateur. La difficulté avec plusieurs analyses produites sur la RDC est cette vision réductrice manichéenne de voir les choses, de manière exclusive, en noir ou blanc. La majorité des analystes nous ont fustigé à l’époque car pour eux Katumbi et Kabila se livrent à un arrangement politicien pour endormir la population et qu’ils ne pourront jamais s’opposer. Mais ils oublient que ce qui arrive aujourd’hui entre Kabila et Katumbi s’est réalisé il y a 35 ans entre Mobutu et Tshisekedi que les lumumbistes traitaient de comédiens. Il s’agit également d’un scénario similaire à ce qui s’est passé récemment entre Kabila et Kamerhe lorsque cet ancien chantre du kabilisme claqua la porte de la majorité présidentielle pour rejoindre l’opposition dans laquelle il montre sa constance. La difficulté pour bon nombre d’analystes des questions de la RDC, surtout les analystes congolais, est de très peu baser leurs réflexions sur des éléments factuels, s’étalant souvent sur des suppositions et des affabulations sans fondement. De plus, rares sont des analystes qui adoptent des postures neutres dans leurs articles. Ils sont pour la plupart partisans lorsqu’ils ne s’inscrivent pas dans un enfermement socio-communautaire pour fustiger des politiciens qui ne font pas partie de leur sphère ethno-régionale. Une autre faiblesse de ces analyses est de ne pas suffisamment faire la part des choses entre les aspects systémiques sociopolitiques internes et les facteurs interactionnels géopolitiques dans lesquels se jouent la politique africaine en général et la politique congolaise en singulier.

Democratic Republic of Congo's opposition presidential candidate Moise Katumbi (C) waves to his supporters as he walks to the prosecutor's office over government allegations he hired mercenaries in a plot against the state, in Lubumbashi, the capital of Katanga province of the Democratic Republic of Congo, May 9, 2016. REUTERS/Kenny Katombe TPX IMAGES OF THE DAY
Democratic Republic of Congo’s opposition presidential candidate Moise Katumbi (C) waves to his supporters as he walks to the prosecutor’s office over government allegations he hired mercenaries in a plot against the state, in Lubumbashi, the capital of Katanga province of the Democratic Republic of Congo, May 9, 2016. REUTERS/Kenny Katombe TPX IMAGES OF THE DAY

L’enjeu minier est indissociable de l’enjeu géopolitique en Afrique

Telle est l’économie d’un remarquable livre de poche écrit par un des plus grands géostratèges contemporains, Gérard Chaliand : « L’enjeu africain. Géostratégies des puissances » dont la première édition est parue aux Editions du seuil en 1980. Ce livre très exceptionnel, prédisait avec une précision mathématique, le drame qui allait secouer l’Afrique centrale une décennie et demie après et dont l’épicentre allait se trouver en RDC.

« Les conflits africains, qui ne sont pas près de prendre fin, ne sont évidemment pas uniquement le fait de facteurs internes. Les facteurs externes sont importants, sinon décisifs, à cause de la faiblesse de l’Afrique subsaharienne. Mais les facteurs internes sont nombreux. (…) La zone sahélienne, à la fois affaiblie et pauvre, sera le théâtre d’une percée croissante musulmane et arabo-musulmane ». (page 54). C’est ce qui arrive exactement aujourd’hui avec Ansar Dine allié à l’AQMI et le Boko Haram. (…). « De nombreuses minorités opprimées vont sans doute se manifester, souvent par les armes. (C’est ce qui s’est passé un » décennie plus tard au Rwanda)… Les Etats connaitront une instabilité d’autant plus grande que les problèmes économiques et sociaux deviendront plus aigus. La tentation pour les Etats les plus puissants de susciter à leur profit des unités régionales peut se révéler, malgré l’OUA… D’autres Etats seront, de façon chronique, menacés d’éclatement – Zaïre-. Très peu de ces conflits se dérouleront sans immixtion étrangère dans les zones vitales pour l’Occident ». (page 54). Les avenirs africains seront différents et les moins défavorisés des Etats sont ceux qui détiennent des matières premières… » (page 55). Malheureusement toutes ces prédictions ont échappé aux sécurocrates zaïrois qui ont réduit l’aspect « documentation » des services des renseignements (Intelligence service) au seul aspect de fichage des opposants à réprimer. Leurs successeurs Kalev, Yav …, aidés par les mobutistes, s’enfoncent encore dans la même erreur. Effectivement, si tu veux cacher un trésor à un Noir, il faut le cacher dans un livre!

« Durant la deuxième moitié des années 1980, l’Afrique devenait de plus en plus l’enjeu stratégique de taille pour les Américains et les Européens. Un simple coup d’œil sur la carte géologique de l’Afrique suffit pour mesurer l’importance du continent en matières premières. Très inégalement réparties entre les différents continents et pays, les ressources minérales sont considérables en Afrique, particulièrement au sud et dans une moindre mesure au nord-ouest du continent. Un certain nombre de ces minéraux sont indispensables aux industries modernes des pays occidentaux. L’importance de ces matières premières devenait de plus en plus fondamentale et vitale pour les économies des pays industrialisés, particulièrement les Etats-Unis et l’Europe. L’accès et le contrôle de ces gisements sont l’une des raisons déterminantes de la présence des pays occidentaux sur le continent africain. En dehors des considérations stratégico-militaires (routes maritimes vitales de l’Océan Indien, accès et contrôle de la Mer Rouge, route du Cap), l’Occident a commencé à se préoccuper dès le milieu des années 1980 et pour les deux décennies à venir, selon Chaliand, du contrôle en Afrique des matières premières essentielles à sa survie. Tel est l’enjeu africain[1], comme il le titre dans son ouvrage. Un enjeu pour des puissances extérieures au Continent. Mais on aurait tort, poursuit-il, d’envisager séparément l’intérêt stratégico-militaire que représente l’Afrique et l’importance du continent du point de vue des richesses minérales : l’enjeu minier est indissociable de l’enjeu géopolitique en Afrique »[2], prophétisait-il déjà en 1984. Ainsi, l’Afrique entrait progressivement dans une logique géostratégique des perspectives de crise apocalyptique du fait que les matières premières stratégiques sont considérées avec  inquiétude comme étant épuisables[3].

lumumba-mobutu

Nécessité d’effectuer une analyse stratégique globale pour éviter la manipulation

Le livre de Chaliand se suffit à lui seul pour expliquer les événements qui se passent en RDC depuis son accession à l’indépendance. Cela a commencé d’abord par l’assassinat de Lumumba et la neutralisation des politiciens congolais par Mobutu. En effet, comme nous l’avons écrit dans notre ouvrage Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC : « Mobutu, alors maître incontesté, respecté et craint de l’Afrique médiane, en bon valet de l’impérialisme occidental, avait reçu pour mission d’être l’avant-garde ou le « watchdog »[4] stratégique régional de l’idéologie capitaliste d’un Occident en pleine guerre froide contre le bloc communiste mené par l’ex-URSS »[5].

Malheureusement, certains analystes et auteurs, faisant preuve de déficit de pertinence méthodologique, tendent à occulter cet épisode noir de l’histoire de la RDC. Ils se sont lancés dans une sorte de sophisme visant à présenter Mobutu comme une victime de l’impérialisme[6]. Ils ont sciemment orienté leurs analyses à ne s’intéresser qu’à la période consacrée à la chute de Mobutu en restant très silencieux sur le rôle de Mobutu durant cette page noire qui couvre la plus grande période de l’histoire de la RDC postindépendance.

Dans notre ouvrage Les Armées au Congo-Kinshasa, nous avons fait remarquer ce qui suit : « C’est très curieux de réaliser à quel point Mobutu a bénéficié du soutien financier des Etats-Unis qui ont alloué «plus d’un milliard de dollars en aide civile et militaire » au cours des trois décennies qui ont marqué son règne. Dans un ouvrage intitulé « Mobutu or chaos? The United States and Zaïre, 1960-1990, University Press of America, May 22, 1991, 126p), co-publié en collaboration avec le Foreign Policy Research Institute, l’auteur, M.G Schatzberg,  aborde la question épineuse de savoir comment les Etats-Unis ont traité avec un régime autoritaire qui a constitué un des principaux axes de la politique étrangère américaine d’après la Deuxième Guerre Mondiale. En effet, ce remarquable ouvrage examine les relations dites « privilégiée et stratégiques » entretenues par le Département d’Etat et les différents locataires de la Maison Blanche avec le tyran Mobutu depuis les années 1960, lorsque le soutien américain pour le dictateur était alors motivé par la Guerre Froide et justifié par des objectifs stratégiques plus élevés, jusqu’au début des années 1990. Les violations brutales des droits de l’homme commises par le gouvernement de MOBUTU ayant soulevé de nombreuses questions, à la fois au niveau pratique et moral, sur la nature des futures relations de ces deux pays. L’auteur se penche sur la Première République, 1960-65, la tyrannie de la Deuxième République, 1965-1990 (dans le cadre de la consolidation, du déclin et de l’opposition interne et externe), la politique américaine : son évolution, les intérêts, les acteurs (le président, le département d’État, la CIA, le Congrès et la prochaine crise à venir. La sauvegarde de ces relations controversées imposant même à la première puissance mondiale de se résigner face aux atrocités »[7].

24 Feb 1989, Japan --- American President George Bush speaks with Zairean President Mobutu Sese Seko while in Japan. --- Image by © Wally McNamee/CORBIS
24 Feb 1989, Japan — American President George Bush speaks with Zairean President Mobutu Sese Seko while in Japan. — Image by © Wally McNamee/CORBIS

C’est pour cela que dans nos analyses, nous appelons à une lecture holistique des enjeux internationaux et nationaux pour éviter la faiblesse méthodologique de réduire l’analyse de l’enjeu africain à une seule grille de lecture réductrice binaire, manichéenne, entre d’une part les impérialistes (anglo-saxons et occidentaux) et le reste du monde de l’autre part. On oublie souvent par ignorance ou pour des raisons idéologico-dogmatiques que les Chinois en quête des matières premières [8], ou les Russes oligarques qui entourent Poutine, participent également dans cette entreprise que d’aucuns qualifient laconiquement d’impérialisme. C’est le cas du passage à Kinshasa d’un puissant marchand d’armes russe, proche ami de Poutine et ancien capitaine du KGB, Guerman Goutorov. Cet opérateur économique néolibéral possède un grand complexe militaro industriel au Canada, un pays anglo-saxon[9], un pays anglo-saxon, néolibérale qui abrite la bourse des matières premières à Toronto.

En ce qui nous concerne, nous intégrons dans nos analyses les facteurs, sociopolitiques, géopolitiques, géostratégiques, culturelles, historiques et surtout même criminologiques, confrontés aux faits récoltés sur le terrain, pour développer nos analyses et au besoin faire des prospectives dont seuls nos lecteurs peuvent objectivement en juger la pertinence et l’objectivité.

C’est sur la base de cette approche que nous expliquons par exemple que le système de prédation et d’invasion du Congo mis en place par le Rwanda et ses soutiens occidentaux  n’est pas un dispositif qui fonctionne sur des personnalités (Mobutu, Laurent Désiré Kabila, Joseph Kabila ou demain Katumbi ou un autre) mais bien sur le modèle du fonctionnalisme criminel à l’instar du fonctionnalisme des réseaux criminels de terrorisme, de trafic des stupéfiants ou encore de crime organisé. En effet, dans le domaine criminologique, ce qui importe dans l’étude des réseaux criminels similaires, ce n’est pas la personne (Mobutu, Laurent Désiré Kabila, Joseph Kabila ou encore son prochain remplaçant cette année) qui occupe une fonction donnée, mais bien le maintien de la fonction au-delà des personnes qui occupent ladite fonction. Ainsi, on est obligé d’admettre que celui qui est éliminé ne sévira plus, certes. Mais on sait aussi qu’un certain nombre des gens « éliminés ou neutralisés » (Mobutu, Laurent-Désiré Kabila et dans quelques mois Joseph Kabila …) seront vite remplacés sur ce marché du crime international géopolitique organisé par d’autres. Le dispositif mis en place au Congo, du point de vue de l’analyse criminelle, ressemble aux systèmes identiques dans lesquels ces personnes ne sont que des agents exerçant une fonction, qui sera de toute façon maintenue et qui leur survivra. Mais ce principe «d’élimination» n’a pas d’effet de prévention générale, c’est-à-dire de stopper l’activité criminelle mise en place si on ne s’attaque pas aux piliers du système criminogène en amont[10].

Joseph Kabila et George W. Bush Jr
Joseph Kabila et George W. Bush Jr

Dans ce dispositif, Mobutu ; les Kabila père et fils et leur successeur ne jouent ni plus ni moins que la fonction d’un simple dealer. C’est le cas dans le cadre d’un trafic de drogue par exemple : un dealer peut être arrêté ou tué, mais le dispositif mis en place va continuer de fonctionner comme si de rien n’était. Il en est de même avec les terroristes qui se font exploser, ils sont directement remplacés par d’autres. Car on trouvera encore d’autres dealers ou terroristes pour occuper cette fonction[11] de proxys. Ce paradigme s’est vérifié en RDC où on a vu par exemple LD Kabila, Ondekane, Ruberwa (RCD), Mutebusi, Nkunda, Ntaganda(CNDP) et Runiga (M23) se succéder et quitter leurs postes à la tête de tous les mouvements rebelles créé[alert style= »warning »]Insert your content here[/alert]s comme des marionnettes du Rwanda sans que le dispositif mis en place ne change d’un iota[12]. Une telle analyse multidimensionnelle et globale présente la plus-value d’aider les lecteurs à comprendre le processus de ce que d’aucuns qualifient de stratégie du chaos, là où nous privilégions plutôt la notion de désordre organisé. Car dans une situation de chaos, tout est sens dessus-dessous et personne ne contrôle personne[13]. Madeleine Albright, alors secrétaire [one_second]Insert your content here[/one_second]d’Etat des Etats-Unis, affirmait que « l’un des objectifs majeurs de notre gouvernement est de s’assurer que les intérêts économiques des Etats-Unis pourront être étendus à l’échelle planétaire[14] » La situation géopolitique qui prévaut en Afrique centrale ressemble plutôt à un désordre ordonné ; bien orienté à des fins mercantilistes bien précises.

Moïse Katumbi préparait sérieusement son opposition contre Kabila

Nous écrivions de manière prémonitoire en  janvier 2014, non pas par fanatisme mais sur base des éléments et des informations portés à notre disposition : Moïse Katumbi, le roi du Katanga et futur empereur du Congo? Mais comme d’habitude, très peu ont cru à cette analyse prédictive. Il est écrit ceci dans une de nos analyses :

« Lorsque j’avance que la surprise proviendrait intra-muros, du camp du pouvoir, Moïse est certainement l’un de ceux par qui la page des Kabila pourrait définitivement se tourner. Il le dit souvent, ce n’est pas par hasard que mes parents m’ont donné le nom de « Moïse ». En plus, lorsqu’il déclare que le conseil que je peux donner aux présidents africains est de savoir quitter le pouvoir à temps. Qui pourrait encore douter des ambitions présidentielles de ce fils de l’ethnie Bemba (du sud du Katanga) aux origines juives ?  Ce ne sont pas les atouts qui lui manquent. D’abord la popularité dû à son côté tribun, téméraire et à son contact facile avec la population. L’homme qui a ressuscité le Katanga des vestiges mobutiens, dit-on dans les milieux lushois, passe également pour être le député le mieux élu en 2006, record absolu jamais égalé. Dans ce registre, seuls Kamerhe et Félix Tshisekedi (dans une moindre mesure), pourraient rivaliser ce personnage politique séducteur et populiste qui a fait fortune dans la pêche avant d’étendre son filet vers le secteur minier. L’homme présente aussi un atout indéniable à son crédit, celui d’être le grand mécène sportif de la RDC, qui a introduit un style moderne de management dans le football en Afrique noire, hissant son club phare le Tout-Puissant Mazembe (ex-Englebert) aux sommets du foot africain (vainqueur de la ligue des champions africaine en 2009, en plus de deux titres identiques en 1967 et 1968) et mondial (finaliste de la coupe du monde des clubs). Qui dit mieux ? Dans son livre posthume « Ma Vérité », Augustin Katumba Mwanke loue Katumbi, son frère ethnique Bemba, en des termes adorateurs : « Puisse la divinité éloigner la mort de Moïse et lui donner longue vie. Il est assurément l’un des meilleurs espoirs que notre pays a aujourd’hui et l’une de ses planches de salut, demain quand sonnera l’heure des grands destins futurs… » La question est de savoir si en l’écrivant, les deux hommes n’auraient-ils pas déjà mis en synergie leurs efforts pour planifier l’après raïs ? Moïse Katumbi pourra également compter sur la puissance financière de son grand ami, le puissant homme d’affaires juif Dan Gertler et sur l’actuel establishment katangais autour de Kabila… Mais gare aux démons des rivalités internes Nord-Sud dans un Katanga de plus en plus échaudé par les velléités séparatistes des Bakata-Katanga instrumentalisés par le général John Numbi. »[15]

Toujours durant la même année 2014, nous avons écrit, pratiquement seul contre tous une autre analyse intitulée : « Moïse Katumbi, l’alternance ou l’alternative à Kabila ? ». Dans cette analyse nous avons livré les intentions futures de Katumbi : « La guerre des clans des partisans de Kabila tourne autour des deux stratégies majeures : permettre à Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de 2016 ou assurer le maintien du régime au-delà de 2016 dans l’hypothèse du départ de Kabila. Et là, les différents stratèges du régime n’émettent pas sur la même longueur d’onde. (…) Et les néolibéraux créent Moïse, une alternative forcée, d’intérêt, contre-nature ou idéologique à Kabila? Ayant senti le roussi venir à l’échéance 2016, Katumbi s’est stratégiquement mis à l’écart en 2011, pour s’émanciper de toute contrainte, obligation et loyauté politiques en 2016 lorsque sonnera la fin du mandat de Kabila, afin de mieux sauter lorsque viendra son tour. Depuis, par de petites phrases assassines, l’homme ne cesse d’afficher ses ambitions, dans les cercles fermés qui le côtoient. Sans viser directement Kabila, il a déclaré ceci : « le conseil que je peux donner aux présidents africains est de savoir quitter le pouvoir à temps ». Plus récemment, l’homme s’est dit être mal à l’aise à la tête d’une province où les élections n’ont pas été organisées à l’échéance prévue. Dans d’autres cercles encore plus fermés, Katumbi aurait même déclaré que si Kabila se permet de se maintenir au pouvoir en 2016, il aura à faire ni aux congolais, ni à Tshisekedi encore moins à Kamerhe ou à Bemba, mais bien à moi-même. Suivez le regard de DESC… », avions nous prédit. »[16]

CQFD aujourd’hui (en 2016) par un jeu de lobbying auprès de médias dominants et manipulateurs occidentaux achetés à coups de billets verts et faiseurs d’opinion publique (Le Soir, La Libre Belgique, Le Monde, Jeune Afrique, Washington Post, New-York Times, TV5, France 24, RTBF, RTL-TVI, RFI, etc.), Katumbi parvient à bipolariser la scène politique congolaise. Il se présente comme étant l’opposant le plus populaire de la RDC et le seul à même de battre Kabila. Alors qu’en réalité, sur la base d’une analyse brute de la sociologie électorale congolaise où le facteur proximité régionale joue un poids pondérant aux élections, le potentiel électoral brut de Katumbi, qui n’est surtout populaire que dans l’ex-Katanga, serait plus faible que celui de Tshisekedi, très populaire dans l’ex-espace du grand Kasai, à Kinshasa et dans le Bas-Congo. Le potentiel électoral brut de Katumbi serait plus faible que celui de Kamerhe qui peut compter sur le Grand Kivu (Maniema, Nord et Sud-Kivu) et dans une bonne partie de la Province Orientale. Mais nous connaissons l’impact des médias dominants dans la fabrication de l’opinion publique nationale et internationale pour conditionner les populations africaines et faiseurs de rois.

Kabila – Katumbi : un remake de Kabila – Mobutu ou de l’assassinat de LD Kabila ?

Du point de vue géostratégique, la guerre entre Kabila et Katumbi se situe dans le continuum de la thèse développée par Chaliand : L’enjeu minier ! Tout se joue à ce niveau et DESC dispose d’une mine d’informations stratégiques qui ne nécessitent pas d’être mises à la disposition du grand public au stade actuel. Observez le chambardement qui secoue le secteur minier congolais depuis quelques mois (suspension des activités de KCC à Kamoto, retrait de Glencore, licenciements de 7500 travailleurs de la Gécamines masqués sous forme de congé technique[17]), de KCC à Kamoto ou plus récemment la vente de Freeport-McMoRan à la China Molybdenum Co[18]) pour comprendre les enjeux à venir.

L’acharnement judiciaire autour de Katumbi cacherait les motivations d’une grande guerre géostratégique qui nous rappelle la chute de Mobutu et l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Une guerre qui dépasse les enjeux sociopolitiques internes de la RDC et dont l’issue semble déjà jouée. La résolution 2277 du conseil de sécurité de l’ONU, la non-arrestation de Katumbi alors que celle-ci était imminente et confirmée par des sources présidentielles sont des éléments annonciateurs de l’issue de cette bataille qui ne fait commencer[19].

La ferme Vutuka de Moïse Katumbi, située à 35 Km de Lubumbashi sur la route de Sakania, a été perquisitionné par une équipe conjointe Démiap/2ème Zone de Défense/Garde républicaine après l’arrestation des éléments de l’équipe de protection de Katumbi.  Aucune arme ni effet militaire n’y a été trouvé. Cette opération a été menée par le major Schramme Kazadi (Chargé des renseignements de la GR/ex Katanga).

Selon nos sources au Katanga : « Kabila n’a pas pu arrêter Moïse car la ligne téléphonique entre Washington (State Department) et le Palais de la nation a chauffé toute la journée d’hier (Ndlr. Lundi 9 mai), c’est-à-dire trop de pression américaine. La maison militaire du président Kabila a même montré des signes d’inquiétude.  Elle avait déjà apprêté un jet d’exfiltration Gulf Stream, stationné dans la partie militaire de l’aéroport de Luano au sud. Mais l’opération n’a pas eu lieu et c’est le désarroi dans l’entourage militaire présidentiel. Le Boss ne recule jamais face aux situations pareilles, comme ce fut le cas avec JP Bemba. Le fait qu’il ait cédé à la pression de Washington et de New-York montre en quelque sorte ses limites et sa faiblesse vis-à-vis de Moïse qu’il tient à neutraliser à tout prix. Ils ont vite compris que Katumbi, ce n’est pas Muyambo, ni Diomi ou encore Ewanga. C’est aujourd’hui que Kabila et les faucons de son régime se sont rendu compte que bientôt ça peut être le game over ». Selon donc notre assessment : Kabila vient de perdre une partie de la bataille dans ce duel. En tant qu’analyste, l’on s’intéresse sur les motivations qui ont empêché l’arrestation de Moise Katumbi alors que toutes les sources, même les tweets des membres du G7 et les informations reçues des services de renseignement de Kabila confirmaient l’imminence de son arrestation.

Au moment où nous nous apprêtons à publier cet article (ce vendredi 13 mai à 18h30), nous étions assailli depuis hier par des messages faisant état de transfert imminent de Katumbi à Kinshasa. Après avoir contacté nos sources présidentielles à Kinshasa, nous avons reçu l’information suivante : « Jusqu’à cet après-midi  rien de définitif n’est arrêté car le boss n’a pas encore décidé. Il est resté au téléphone depuis le matin, il consulte  l’étranger. Il y a surement des pressions diplomatiques intenses encore« 

L’acharnement américain sur Joseph Kabila est à replacer dans le continuum du mode opératoire de cette grande puissance néolibérale en Afrique depuis la période de la guerre froide. Ces derniers temps, l’intérêt de Washington reste focalisé sur la RDC. Que ce soit Russell Feingold ou John Kerry[20], en passant par Herman Cohen pour arriver à John Sidney McCain et Tom Perriello, le discours diplomatique et politique reste le même. Kabila doit respecter la Constitution et quitter le pouvoir au terme de son mandat prévu le 19 décembre 2016. Notre constat d’analyste nous pousse à avancer sans être contredit que ni Lumumba, ni le puissant Mobutu, encore moins le débonnaire Laurent-Désiré Kabila n’ont résisté aux pressions américaines. Nous connaissons tous le sort final qu’ils ont connu. Il s’agit juste d’une lecture objective visant à éclairer et à prévenir les petits téméraires kabilistes des enjeux à venir à court terme qui les attendent. Tout en leur rappelant la jurisprudence Burkina qui a exclu de la transition et des élections tous les proches collaborateurs et partisans de Blaise Compaoré. Cette lecture géostratégique impartiale des signes des temps veut simplement dire que le glas va certainement sonner pour Kabila.

Y’a-t-il une présence des mercenaires américains en RDC ?

La semaine écoulée a été riche en informations. Il s’agissait notamment de la guéguerre par communiqués interposés entre les autorités congolaises et les Etats-Unis autour de l’arrestation de M. Darryl Lewis, un Américain, et des trois autres des gardes du corps de Katumbi présentés comme étant des mercenaires à la solde de Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga et candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles.

Depuis quelques années, les Etats-Unis pratiquent l’« outsourcing » des services et activités de leurs forces armées au secteur privé dominé par les sociétés militaires privées (SMP). Composées d’anciens membres des forces armées régulières, les SMP, souvent filiales de groupes anglo-saxons cotés en Bourse, ont remis au goût du jour la tradition du mercenariat. En 1994, Kofi Annan en personne, alors responsable des opérations de maintien de la paix de l’ONU, avait envisagé d’engager une société militaire privée (SMP) pour intervenir au Rwanda[21]. Ces sociétés militaires privées effectuent leurs activités partout dans le monde (Europe, Asie – même en Chine -, Afrique, Amérique Latine et Moyen-Orient), et notamment dans les pays représentant un enjeu géopolitique et géoéconomique important. Aujourd’hui c’est au grand jour que des Etats dits « civilisés » et leurs institutions sont devenus les principaux donneurs d’ordre des SMP : Pentagone, Département d’Etat, ONU, UE, OSCE, OUA et même certaines ONG et la Croix Rouge ![22] On estime aujourd’hui, le budget des SMP à plus de 200 milliards de dollars US.

Le recours aux services des sociétés militaires privées offre des avantages multiples à certains gouvernements qui emploient des mercenaires. Les « soldats » privés ne sont pas redevables devant les tribunaux militaires et leur contrat est renouvelé en fonction des résultats obtenus…[23]; la nécessité de posséder un moyen d’application discret de la politique étrangère des grandes puissances sans justification par le gouvernement ; la possibilité de mener des opérations de type militaire sous couvert d’une organisation privée, permet une meilleure autonomie d’action et la baisse de contrôle des contribuables nationaux; la non utilisation de militaires et donc la réduction des risques associés susceptibles de choquer l’opinion publique (Vietnam, Somalie, etc.) et la possibilité de garder les forces spéciales pour d’autres missions.

Depuis plus de 9 mois, nous menons des études et des enquêtes approfondies pour comprendre l’impact de ces entreprises dans les mois à venir en RDC. Les conclusions partielles, que nous ne pouvons diffuser en public au stade actuel, réservées pour nos activités de consultance, sont très révélatrices.

Darryl Lewis est accusé par la justice congolaise de diriger un réseau avec une société de recrutement d’agents de sécurité et gardes du corps basée en Virginie aux Etats-Unis. L’ambassade des Etats-Unis à Kinshasa, réfutant ces allégations, avait précisé que Darryl Lewis se trouvait aux cotés de Katumbi comme conseiller de sécurité.[24] Darryl Lewis a effectivement été un ancien marines américain ayant évolué dans le département Education de l’US Navy/US Air Force Law Enforcement Academy. Cela suffit-il pour le considérer comme étant un mercenaire à la solde de M. Katumbi ? Une affirmation hâtive vite balayée par un jeune analyste à Lubumbashi : « Bonsoir M. Wondo, les autorités congolaises prétendent que M. Katumbi a fait appel à une société privée américaine de sécurité qui lui envoyé un ancien marines comme consultant. On lui reproche d’avoir engagé plus de 600 anciens militaires américains pour déstabiliser le Congo. Le consultant américain, Daryl Lewis, a été arrêté lors de la marche du 24 avril 2016 avant d’être transféré à Kinshasa. Katumbi a comparu lundi au parquet de Lubumbashi. Il y sera encore le mercredi 11 mai 2016 pour l’audition sur cette affaire des mercenaires. Mais cela ressemble à une cabale montée par le régime pour neutraliser Katumbi ».

Nos investigations nous ont poussé à en savoir plus, en compilant des informations précieuses qui nous permettent, sans le crier haut, d’envisager avec une certaine précision les scenarii plausibles de ce qui risque de se passer en RDC dans les prochains mois.

Des armes suspectes interceptées en Afrique du Sud pour le Katanga ?

C’est l’information qui nous est parvenue des sources sécuritaires congolaises. « Les services des renseignements sud-africains ont intercepté plusieurs cargaisons d’armes en Afrique du Sud (port Élizabeth) en partance pour l’ex Katanga par plusieurs camions remorques marchandises dissimulés. Le chef du département extérieur de l’ANR ainsi que le colonel Bashonga (DirCab de Kalev) sont en Afrique du sud depuis plusieurs semaines. Ils sont accompagnés d’une équipe d’enquêteurs du département investigations de l’ANR. Au stade actuel on ne connait pas qui serait l’importateur de cette cargaison d’armes et qui en est le destinataire final dans l’ex Katanga. Une mission conjointe ANR et renseignement militaire extérieur (ex-Démiap/extérieur), dirigée par le colonel Finda, s’est rendue à Pretoria. Il n’est pas exclu que ce soit une commande de M. Katumbi ».

Cette information, non encore contrevérifiée par nos sources, est à prendre avec beaucoup de réserves. Connaissant le mode opératoire du régime Kabila, cette manœuvre peut faire partie d’une cabale visant également à neutraliser M. Katumbi avec l’aide de M. Zuma, le fidèle allié de Kabila dans leur entreprise mafieuse en RDC. En effet, depuis quelque temps, les renseignements militaires essaient par exemple en vain de créer de fausses rébellions dont ils attribueraient la responsabilité aux opposants qui le dérangent.

Conclusion

La RDC entre dans une zone de turbulence dont l’issue risque, à s’y méprendre, de ressembler à un scénario hybride alliant les éléments de la chute de Mobutu et ceux de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila sur un fonds de l’insurrection populaire à la Burkina Faso. Plusieurs éléments à notre disposition nous poussent à cette conviction. Tout ceci risque de se passer bien avant la fin du mandat de Kabila. De toute façon, en verrouillant l’espace politique et démocratique et en embrigadant une justice infâme dont la Cour constitutionnelle vient de « dictatoriser » son glissement, Joseph Kabila n’offre aux Congolais, à ses adversaires politiques et à l’armée qui ne croit plus en un avenir meilleur avec lui à la tête du pays, d’autres options que la révolte populaire, les mutineries généralisées accompagnées de pillages ou un coup de force.

Concernant des informations reçues des casernes militaires du pays, même celles de la Garde républicaine, ils planifient de piller les biens des dignitaires du régime et des honorables députés (pouvoir et opposition), les biens des expatriés, les sociétés concessionnaires d’automobiles, les banques, les supermarchés, les dépôts alimentaires, les entreprises minières, les entrepôts. Kabila a reçu un rapport ultra secret des revendications des soldats des troupes qui ont manifesté leur mécontentement et promis d’agir si rien n’est fait. Et Kabila qui fait tourner la planche à billet n’a pas l’argent pour prendre en charge les militaires. Avec la réduction du budget national 2016 de 22 %, le budget de la Défense nationale connait aussi une coupe par rapport à celui qui était prévu pour l’exercice 2016. Un budget 595 milliards de francs congolais soit près de 637 millions $. Actuellement, le budget militaire est ramené à 482 milliards de francs congolais soit près de 518 millions $.  Au total, une baisse significative de 120 millions de dollars sur le budget militaire, soit près du 1/4 ce qui est important. Notons que le budget de 2015 était estimé à 600 millions $. Or les effectifs de l’armée ont également augmenté entre 2015 et 2016 de 145.000 à 164.000 hommes. Cette situation amène plusieurs militaires, toutes les unités confondues, à souhaiter ni plus ni moins la fin du régime Kabila. Donc, pas d’argent pour l’armée, mutinerie de grande ampleur programmée comme en 1960. La seule question à se poser est de savoir combien de temps le régime de Kabila tiendra encore ? Mais la chute de Kabila ne signifie pas nécessairement le salut du Congo, si les Congolais ne sont pas eux-mêmes des acteurs du changement et ne se prennent pas en charge. Suivez encore le regard de DESC…

Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC

Références

[1] Gérard Chaliand, L’Enjeu Africain. Géostratégie des puissances, Editions Complexe, Bruxelles, 198, p.56. Lire aussi Les Armées au Congo-Kinshasa…, p. 203.

[2] Gérard Chaliand, Ibid., p.56

[3] Ibid, p.57.

[4] Watchdog est un terme tiré de l’anglicisme dont la traduction française signifie chien de garde. Il renvoie à un procédé ou programme de surveillance, qui effectue une action commandée s’il survient un événement donné. Dans le domaine de la surveillance ou de la sécurité des biens et des personnes, un chien de garde est un type de chien spécialement dressé pour interdire l’accès à un lieu. On utilise des races comme le dogue ou le berger allemand pour remplir cette mission. Tel était le rôle assigné par la CIA, le Mossad et les autres services de renseignement occidentaux à Mobutu.

[5] JJ Wondo, Les Armées au Congo-Kinshasa Radioscopie de la Force publique aux FARDC. 2ème Ed, 2013, p. 203.

[6] Lire Stratégie du chaos et du mensonge de MM. Ngbanda & Mbeko. Un ouvrage qui pourrait être intéressant s’il ne restait pas très silencieux sur le rôle de Mobutu comme acteur de proxys du monde occidental en Afrique. Le livre s’est malheureusement contenté de présenter Mobutu en victime. Une approche très subjective qui ôte la scientificité de cet ouvrage, même s’il recèle quelques informations intéressantes. On attendait plus de M. Ngbanda de nous dire comment ce sous-système du système impérialiste américain fonctionnait de l’intérieur pour instaurer en RDC ce qu’il appelle le chaos. Que nenni. Hélas !

[7] JJ Wondo, Les Armées au Congo-Kinshasa Radioscopie de la Force publique aux FARDC. 2ème Ed, 2013, p.169.

[8] http://afridesk.org/fr/la-rd-congo-otage-des-enjeux-geostrategiques/. Et http://afridesk.org/fr/opinion-lutopie-dune-guerre-entre-la-russie-et-les-etats-unis-en-ukraine-jj-wondo/.

[9] http://afridesk.org/fr/le-saviez-vous-un-puissant-marchand-darmes-russe-a-kinshasa-desc/.

[10] http://afridesk.org/fr/makenga-mort-ou-vivant-la-nest-pas-lenjeu-jean-jacques-wondo/#sthash.2KY6YzpI.dpuf.

[11] http://afridesk.org/fr/makenga-mort-ou-vivant-la-nest-pas-lenjeu-jean-jacques-wondo/#sthash.2KY6YzpI.dpuf.

[12] Ibid.

[13] Nous préparons une analyse où nous montrerons que ce qui se passe en Afrique tient plutôt du désordre organisé ou planifié et non du chaos.

[14] Ramonet, Ignacio, Géopolitique du chaos, Galilée, Paris, 1997, p.47.

[15] http://afridesk.org/fr/dossier-special-les-personnalites-congolaises-a-tenir-a-loeil-en-2014-jj-wondo/#sthash.sVgjVqLU.dpuf.

[16] http://afridesk.org/fr/moise-katumbi-lalternance-ou-lalternative-a-kabila-jean-jacques-wondo/.

[17] http://afridesk.org/fr/kabila-et-katumbi-engages-dans-une-guerre-economique-fatale-enquete-desc/#sthash.Kpn9fsyq.dpuf.

[18] http://www.lalibre.be/economie/actualite/rdc-la-plus-grande-mine-de-cuivre-vendue-pour-eponger-une-dette-americaine-5731fb3835708ea2d55e0976.

[19] Depuis le jeudi 5 mai 2016, selon nos sources au Katanga, il y a eu un déploiement massif des forces spéciales anti-émeutes ainsi que des agents de l’ANR dans les communes de Kenya et Kamalondo (fiefs de l’opposition). Ils effectuent des contrôles d’identité systématiques à partir de 20 heures et procèdent à de nombreuses arrestations des personnes suspectes (jeunes désœuvrés, personnes sans identité)Autour de la résidence de Moïse Katumbi, sis avenue Lofoyi 26, le dispositif policier a été allégé (juste 2 jeeps banalisées de type Nissan Patrol avec des éléments mixte ANR/Opérations et Fourmis 2016 en civils) postés dans les 2 entrées  de l’avenue Lofoyi, discrètement pour échapper à la vigilance de la MONUSCO qui fait des rondes chaque 1 heure, mais ne sont pas postés statiquement autour de la résidence de Moïse qui est un vaste domaine.

[20] http://afridesk.org/fr/prospective-joseph-kabila-le-compte-a-rebours-a-t-il-commence-jj-wondo/.

[21] Jeune Afrique, Entrepreneurs de guerre, 12 septembre 2005, http://www.jeuneafrique.com/112054/archives-thematique/entrepreneurs-de-guerre/.

[22] Karel Vereycken, Mercenaires sans frontières, les « chiens de guerre » de la mondialisation financière,  Agora.

[23] Karel Vereycken, Ibid.

[24] http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=1&newsid=204481&Actualiteit=selected.

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16 Comments on “Le duel Kabila – Katumbi : la continuation de l’enjeu géopolitique en Afrique – JJ Wondo”

  • Yav Irung

    says:

    Wow!!! ça me semble coherent puisque je vous lis depuis longtemps et j’ai comme l’impression de me trouver en pleine prophetie qui est entrain de se réaliser,mes respects!!!

  • Kilimasimba

    says:

    Kudo pour l’article ! Ex-« Ermiste » comme vous.

  • David Mukendi

    says:

    Vous avez une perception extrasensorielle des événements en RDC. Cette clairvoyance à analyser les situations me permet de vous considérer comme le meilleur et le plus crédible des analystes. Merci jjw.

    • Danny KM

      says:

      Merci pour vos publications.
      Cependant, qui savait que vous publiez ainsi pour vous lire chaque fois qu’il y a vous lire?
      Oú se trouve votre adresse ? Comment recevoir vos ecris et en diffuser? Beaucoup de congolais ne vous lisent pas. Aussi. on pensait que vous etiez presque associez a Ngbanda qui n a pas quoi dire au congo car c’est qui bloquant le gouv de la CNS et bcp de morts et pillages et represente le mobutisme par ses lunettes-meme…
      Faites un autre effort particulier pour etre lu par vos compatriotes car vos analyses sont objectives, impartiales, claires et convainquantes.
      Mes remercierements.

      • Monsieur, sur notre page d’accueil d’accueil vous avez toutes les informations nécessaires pour nous contacter ou vous inscrire pour recevoir notre newsletter à chaque publication d’un nouvel article. DESC n’est associé ni de près ni de loin avec le criminel que vous citez. Nous n’abaisserons pas le niveau de nos analyses à ses propagandes mensongères. Il demande des jeunes aux jeunes désœuvrés de la diaspora de s’insurger contre l’Occident néolibéral pendant qu’il mange en clandestinité avec les diplomates occidentaux les suppliant de l’aider à chasser Kabila pour instaurer un pouvoir fort transitoire de 5 ans.

        • Kongoman

          says:

          Mr wondo dites nous qu au Congo il n y a pas d étrangers dans l armée et dans le gouvernement de kabila

  • Danny KM

    says:

    Congratulation.
    Vous etes moins connus, moins lu alors que vos analyses sont objectives, convainquantes. Merci.
    Doublez d’effort pour etre lu et soutenu au congo.
    On pensait que vous etes allies de Ngbanda, un etre rejeté a cause de son comportement devant le gouv de la CNS. On aurait pas connu ce que nous vivons s’il avait mis un d’eau dans son vin.
    Nous vous lirons et en ferons une diffusion partout.
    Priere changer la couleur de votre page d’acceuil car au Congo on sur telephone souvent et de mauvaise qualite. Juste une opinion.
    Continuez et f soyez aussi sur Twitter et visible en tout.

  • GHOST

    says:

    ¤ « LE SALUT » DU CONGO ?

    Quand monsieur JJ Wondo affirme que les congolais devraient s´approprier le processus… Ce que tant que nous n´allons pas apprendre des « autres », tant que nous n´allons pas étudier l´experience des pays comme l´Arabie Séoudite, tant que nous n´allons pas être « present » sur la table où se joue le « poker »…le salut va tarder á se materialiser*

    Contrairement aux apparences, Katumbi peut-être celui qui va apporter le dynamisme visant á reprendre l´experience de l´Arabie Séoudite qui consiste á signer un « traité » rendant possible une présence militaire americaine visible et permanente.

    Comme monsieur JJ Wondo le souligne si bien, nos analystes congolais reduisent leur vision volontairement sur l´importance du contrôle des ressources minières et énergetiques (dans l´avenir proche) du Congo..Le jour où nous allons intégrer la question d´un « traité de defense », d´une presence militaire permanente ou des transferts des technologies militaires au Congo dans nos analyses..le salut ne sera pas si lointain.

  • PAULIN NGOY MUSANS

    says:

    Bonsoir monsieur Jean Jacques,,

    Il me semble que vous avez une inspiration Divine remarquable. Selon les messages reçus de la part de Dieu, c’est effectivement Moïse qui passe. Ces sont ces faiseurs des rois qui l’ont décidé. Effectivement, nous devons prendre notre destinée en mains. C’est des analyses profondes qui permettront aux uns et aux autres de parvenir à cette prise de conscience. L’égoïsme est le plus grand défaut des congolais que nous sommes. C’est ce qui nous empêche de voir plus loin. Merci pour votre analyse qui m’a beaucoup plu. Lumumba n’avait il pas écrit que l’histoire du Congo doit être écrite par des Congolais eux-mêmes? Le nationalisme est absent dans nos consciences, puisse Dieu nous fasse grâce et nous élève à cet esprit.

    Monsieur Jean Jacques, il parait que le président Kabila vient de décider d’abandonner les poursuites judiciaires entreprises contre Moïse Katumbi sur pression des occidentaux?

    Si les Américains (USA) viennent de céder leurs actions aux Chinois, alors qu’est-ce qui les fait courir encore? Est-ce pour garder le contrôle de l’uranium afin que les terroristes ne parviennent pas à s’en approprier ou il y a autre chose ? D’autant plus que ces gisements de Tenke fungurume sont très importants.

    En ma connaissance, les États-Unis n’ont plus des investissements considérables ici en RD CONGO.

    Merci, vos analyses m’ont beaucoup édifiées.

    Paulin Ngoy Musans

  • Gunumana-Shatangiza

    says:

    Bravo cher JJW, une très belle analyse comme d’habitude. C’est vraiment un système de prédation, malheureusement encouragé par les nôtres qui sont nourris à la mamelle de la corruption et du sang des innocents congolais.

  • Gunumana-Shatangiza

    says:

    Bravo cher JJW, une très belle analyse comme d’habitude. C’est vraiment un système de prédation, malheureusement encouragé par les nôtres qui sont nourris à la mamelle de la corruption et du sang des innocents congolais.

  • GHOST

    says:

    « PMC »
    Et sy Darryl Lewis n´est que l´iceberg d´une « consultation » en vue de mettre en place une autre approche dans la Défense de la RDC?

    ¤ Lumbi & Mwando Nsimba

    Dans le G7* il ya deux leaders qui devraient attirer l´attention des analystes congolais: l´ex ministre de la Défense Mwando Nsimba (auteur d´un programme de réforme de l´armée remarquable) et P Lumbi ex « conseiller en matière de sécurité » du président Kabila*

    Mr JJ Wondo aborde la question du « outsourcing » où les SMP ou PMC en anglais sont de plus en plus le bras armé du Departement d´État des USA et de tous les pays qui souhaitent ´defendre leurs intêrets*
    Recement au Nigeria, pour faire face aux terroristes, le gouvernement sortant á fait appel á une SMP Sud-Africaine’ Malgré les protestations de l´admnistration Zuma, le nouveau président du Nigeria a tout simplement « officialisé » cette approche en signant des accords de Défense avec l´Afrique du Sud. On apprend que le fameux hélicoptère de combat Sud-Africain sera exporté au Nigeria après la démonstration du « combat proven » au Kivu face au M23*
    L´Angola est sans doute la plus grande réference en matiére d´efficacité d´une SMP* L´Angola doit sa « stabilité » actuelle á l´entreprise militaire privée Executive Outcomes.
    Les lecteurs devraient se souvenir que la defaite de l´UNITA est l´oeuvre de cette entreprise militaire privée Sud-Africaine..qui perdra le « contrat » au profit de la firme américaine MPRI**qui continue d´entrainer et de former l´armée Angolaise depuis*

    ¤ CONSULTATION?

    Le cas de l´ex Marines peut-être une « évaluation » faite par le Departement d´État et le Pentagone pour planifier les réformes des FARDC qui sont un échec. Recement, John Kerry disait explicitement que « le Congo doit cesser d´être le pays des bandes armées »* Si vous prenez le temps d´écouter Olivier Kamitatu (sur Johnimagetv *) qui est entrain de présenter le « programme de gouvernance » de l´alliance G7/Dynamique, la sécurisation du Kivu figure en bonne place dans son speech*
    Laissons mr JJ Wondo faire ses recherches sur cette option d´une implication des SMP des USA en cas d´alternance*

    ¤ CURIOSITE HISTORIQUE

    Un autre « Moise » avait dèjà appliqué la recette des SMP dans les années ´60 au Congo* Moise Tshombe Kapend, une fois designé Premier Ministre va mettre ses « mercenaires » au service de l´armée nationale congolaise. Nous savons tous ou presque que la pacification du Congo dans les années ´60 est l´oeuvre de Tshombe et pas Mobutu* Si Kasavubu avait accepté la victoire de Tshombe et son alliance CONACO aux élections parlementaires et accepté la designation de Tshombe comme PM, l´histoire du Congo serait autre que celle de la dictature.. Cette « Force Publique » qui continue d´exister allait disparaitre avec Tshombe comme PM*

  • GHOST

    says:

    PRIVATISATION DE LA SECURITE AU SERVICE DE LA POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE

    Vous pouvez lire l´article dans le No 31 – Novembre 2007 de la revue DÉFENSE & SÉCURITÉ INTERNATIONALE

  • GHOST

    says:

    ¤ APRÉS L´INDEPENDANCE = APRES L´INDEPENDANCE ?

    En lisant l´analyse de mr JJ Wondo sur les risques des mutineries á cause de la baisse du budget de la Défense au Congo, nous ne pouvons que retourner relire l´histoire étrange des coups d´État militaire entre 1960 et 1965*

    Mr JJ Wondo affirme que « …de plus, rare sont les analystes congolais qui adoptent des postures neutres dans leurs articles.. » ce que ceux des « analystes » congolais qui possedent une éducation universitaire oublient souvent est .the enhancement of critical thinking and problem solving skills are trademarks of academic education*
    Tant que les « universitaires » congolais ne vont pas appliquer ..ou transferer les connaissances academiques qu´ils maîtrisent dans leur réflexions critiques et « projetter » cette capacité en proposant des solutions innovatrices, leur place dans le devenir du Congo comme État n´aura pas d´impact*

    * TABLE RONDE
    L´histoire nous enseigne que nos « parents » n´avaient pas abordés la question de la Force Publique á la Table Ronde. Absence des connaissances sur la gestion d´un État ou absence d´analyse politique assez solide en matière de Défense? En tout cas, les congolais ont payés cette bourde avec non seulement une dictature de 32 ans par un ex membre de la Force Publique, mais aussi une absence d´une armée nationale capable de sécuriser les populations face aux ambitions des pays voisins*

    Á l aube d´une alternance, n´avez-vous pas l´impression que la classe politique se trouve dans la même posture de la Table Ronde? En effet, quand les congolais parlent de l´armée nationale, ils ne peuvent que citer les noms de *Kitona, Kamina ou Kinshasa, c´est comme si la Force Publique continue d´exister..Ce que ces trois bases militaires sont un héritage de la configuration militaire du Congo-Belge dont la politique de la Défense ne prenait pas en compte les risques d´invasions de la part des pays voisins du Congo*

    Quand vous lisez cette réflexion, essayer de trouver une reponse « neutre » á l´information de mr JJ Wondo sur les risques des mutineries dans les rangs des FARDC* Ceux de l´opposition possedent-ils une « solution » pour prevenir ces mutineries? Sur Youtube, on trouve une réflexion lucide de Manda Mobutu qui affirme que « les pillages avaient consacrées la fin des FAZ »..Étrange repetition des mutineries de la Force Publique qui cette fois ici vont achever Mobutu qui pourtant avait tiré profit des mutineries de 1960.

    Après l´indépendance = á l´avant l´indépendance* Cet officier Belge de la Force Publique avait vu loin dans le futur et son « oracle » semble hanter encore le devenir de la RDC

  • GHOST

    says:

    ¤ AVANT L´INDEPENDANCE = APRES L´INDEPENDANCE (2)

    Etrange perception qu´on peut avoir de la situation militaire au Congo. Comme en 1960, le jour de l´indépendance quand le gouvernement Lumumba s´est retrouvé avec la Force Publique, armée coloniale Belge sur les bras, le futur président de la RDC va certainement se retrouver avec une autre forme de la Force Publique que sont les FARDC sur les bras ou la gorge..
    Si vous lisez l´ouvrage de mr JJ Wondo « Les Forces Armées de la RDC: une armée irréformable* vous allez apprendre par exemple que la RDC possede 40 000 officiers, 40 000 ! Ces officiers peuvent former 10 brigades de 4000 hommes, et tous les 4000 hommes dans ces brigades seront des officiers dont on ne retrouve pas l´academie militaire qui a pu les former.
    Comme Lumumba et Kasavubu, le prochain président et premier ministre vont avoir une « armée Mexicaine » dont ils n´auront aucun contrôle*

    Plus de 50 ans après l´indépendance, nous nous retrouvons avec une autre « Force Publique » sur les bras ou la gorge. Qu´en pensent les lecteurs quand on accuse l´un des candidats á la présidence de « recruter » des mercenaires?

    Voici un lien qu´on trouve sur Google.fr qui peut augmenter un peu la réflexion: http://www.missionreconversion.fr/Securite/les-societes-militaires-privees/article/les-societes-internationales-de-securite-menace-ou-signe-des-temps

    Katumbi ou n´importe des candidats á la présidence ne peuvent que recourir á ces entreprises avec la benediction d´un pays comme les USA, donc les entreprises militaires privées sont activement utilisées en Irak, Afghanistan, Colombie ou en Angola.

    L´une des pistes de la formation d´une armée « républicaine » est ces genres des entreprises militaires privées (voir dans l´article MPRI*).
    Le cas d´EO (qui était en action en Angola face á l´UNITA..avec la benediction de l´ANC*) devrait attirer l´attention des lecteurs. En effet, l´article souligne que … »dans l´ensemble, l´action d´EO au Sierra Leone a été appreciée..car la firme a ramené l´ordre dans le pays, a réalisé des projets humanitaires et « insisté » auprès du gouvernement pour la tenue des élections*

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