Jean-Jacques Wondo Omanyundu
POLITIQUE | 17-02-2017 10:00
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La MP : Le dindon de la farce politique de Joseph Kabila – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

La Majorité présidentielle : Le dindon de la farce politique de Kabila

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

La présente réflexion a pour objectif d’amener les membres de la Majorité présidentielle (MP), qui soutiennent encore Joseph Kabila, à la raison. L’analyse se veut de démontrer, par des éléments factuels que la MP ne constitue plus le cadre politique approprié pour permettre à Kabila de rester au pouvoir après le glissement 19 décembre 2016 ni de conforter sa légitimité. L’analyse invite également la MP à tirer les conclusions objectives de cet état de fait et à pro-agir en anticipant sur l’après-Kabila. Il y va de leur avenir politique collectif et individuel.

AMP et MP : des simples plateformes électoralistes au profit de Kabila

Larousse définit le mot électoralisme comme un nom péjoratif: « Attitude d’un homme politique ou d’un parti déterminant ses positions et son programme en fonction du bénéfice électoral escompté ».

Lorsqu’il arrive au pouvoir après le coup d’état suite à l’assassinat de son prédécesseur, les officines politiques et diplomatiques autour de Joseph Kabila le convainquirent de créer une large plateforme électorale dénommée l’AMP (Alliance pour la majorité présidentielle). Il s’agissait d’un regroupement politique « constitué dans le but de donner la victoire au candidat Joseph Kabila lors des élections présidentielle et législatives du 30 juillet 2006 (le second tour de la présidentielle a eu lieu le 29 octobre) »[1]. Plusieurs partis ont concouru à sa création[2]. La victoire électorale acquise d’avance en 2006 grâce au soutien de la « communauté internationale » et des Etats régionaux, Joseph Kabila était pratiquement assuré de gouverner jusqu’en 2016, faute d’adversaire politique après la neutralisation vers la CPI de son principal rival de l’époque, Jean-Pierre Bemba Gombo et le non alignement d’Etienne Tshisekedi. L’AMP va élargir sa base dans une coalition gouvernementale regroupant le PALU d’Antoine Gizenga et l’UDEMO de Nzanga Mobutu.

Fin 2010, Etienne Tshisekedi déclare se lancer dans la présidentielle de 2011. Surprise et inquiétude au sein de l’AMP dont la coalition avec le PALU et l’UDEMO n’a tenu que l’espace d’une législature. Il fallait trouver une nouvelle formule pour faire face à la nouvelle conjoncture.

C’est alors que 27 partis politiques et 13 personnalités indépendantes et quelques associations[3] vont signer le 5 avril 2011 à Kinshasa La charte de la Majorité présidentielle (MP) pour succéder à l’AMP dont la mission se limitait à faire triompher le candidat Kabila en 2006. Mission accomplie, il fallait maintenant affronter les élections de 2011 face à l’homme le plus populaire de la RDC, Etienne Tshisekedi. Un défi quasi insurmontable qui nécessitait un remodelage du paysage politique autour de Joseph Kabila. C’est de là qu’est venu l’urgence de créer une plateforme électorale plus large que l’AMP dans une conjoncture électorale de la présidentielle à un tour synonyme de quitte ou double pour Kabila.

Ainsi, l’on pouvait lire cette explication justifiant la création de la Majorité présidentielle (MP) : « la machine électorale de Joseph Kabila est constituée et prête à se lancer dans la campagne au premier signal. (…) Elle est notamment « constituée des formations politiques, des personnalités politiques indépendantes et de structures associées signataires de la charte de l’Alliance de la majorité présidentielle »[4].

En réponse à la « motion de confirmation de confiance à l’Autorité morale [Ndlr. Joseph Kabila] », le sénateur Yerodia Abdoulaye Ndombasi, citant Joseph Kabila, déclare : «  Tous les succès récoltés depuis 2006 l’ont été « grâce aux efforts de tous les membres réunis de l’Alliance de la majorité présidentielle et de ses alliés ». Après avoir félicité tous les membres de sa famille politique pour leur « grande discipline en dépit des vents contraires qui ont failli ébranler » leur plateforme politique, Joseph Kabila a salué les « expériences cumulées depuis 2006 grâce à la bonne gouvernance, la démocratie, le patriotisme et l’éthique républicaine ». « Nous avons un nouveau challenge qui exige de nous plus d’efforts…. Je sais qu’en comptant sur vous, je ne serai pas déçu », a affirmé le président Joseph Kabila[5].

En 2006, a rappelé le secrétaire exécutif adjoint Koyagialo Ngbase te Gerengo, il y a eu l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) pour la quête du pouvoir de l’Etat. « Contre vents et marées, nous avons gagné l’élection présidentielle et la majorité parlementaire », s’est-il réjoui. « Mais, nous avons constaté qu’il y avait des lacunes. Des voix ont demandé la restructuration de l’AMP[6]. Parmi les huit objectifs de la nouvelle plateforme, le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, a précisé que la vise à « constituer un mouvement fort, compétitif et cohérent, capable d’affronter la nouvelle situation politique dans le pays…»[7].

Les anciens cadres du bureau politique de la MP avant le départ du G7

Contrairement aux déclarations d’intention et remplissage pour enrober leurs objectifs, l’AMP et la MP n’avaient de sens d’existence que pour assurer à tout prix[8] la présidence de Joseph Kabila durant la décade 2006 – 2011. Pour information, Kabila avait élargi cette plateforme dans le domaine militaire, en s’alliant avec le CNDP dont est issu le M23. En effet, Selon un rapport des Nations Unies publié à la fin du mois de décembre 2012, des membres du Congrès National pour la Défense du Peuple, CNDP, un groupe armé dominé par les Tutsis et qui a des liens étroits avec le Rwanda, auraient assuré des postes de haut gradés au sein des FARDC en échange d’un soutien à la candidature victorieuse du président en exercice, Joseph Kabila lors des élections présidentielle et parlementaire du 28 novembre dernier, ces milices avaient pris parti et cherché à influencer les résultats[9].

Après 2016, la MP devient caduque car pas d’élection et en cas d’élection, Kabila ne devrait plus être candidat

Comme on peut le constater, que ce soit en 2006 ou en 2011, le principal objectif de la création de ces plateformes était purement électoral, personnalisé autour de Joseph Kabila. Il ne s’agissait nullement d’une plateforme idéologique qui survivrait à Kabila. Kabila n’a ni aucune vision du Congo qu’il gouverne à vue ni la moindre volonté de quitter le pouvoir et de pérenniser son action par ses successeurs. Son leadership déficitaire fait que ceux qui s’agglutinent autour de lui, ne le sont que sur la base opportuniste. La preuve en est qu’en 2006, il a unilatéralement mis fin à la MP, pourtant poursuivant les mêmes objectifs que la MP pour créer cette dernière dans une stratégie autocratique de conservation du pouvoir. A l’instar de Mobutu, Joseph Kabila n’entrevoit pas d’avenir de la RDC sans lui, du moins de son vivant.

Rien d’étonnant donc, commente l’analyste juriste et criminologue Jean-Bosco Kongolo « qu’à l’image du MPR, ce parti, le PPRD (MP), soit juste un amalgame de personnalités aux trajectoires aussi différentes que divergentes, sans idéal commun, aux ambitions souvent opposées et surtout qu’aucun élément historique ne peut objectivement mettre ensemble, si ce n’est que la soumission à la tutelle de Joseph Kabila, pourvoyeur des places à la mangeoire. Peu au courant des combines politiciennes du régime précédent et préoccupé par sa seule survie politique et par l’embourgeoisement de sa famille biologique, ce dernier s’est laissé guider par ses instructeurs lui recommandant de multiplier à l’infini le nombre de partis politiques à regrouper, comme du temps de la défunte « Mouvance présidentielle », sous une méga plate-forme appelée d’abord AMP puis, MP. A la suite du PPRD qui en est la locomotive, la Majorité présidentielle est plus arithmétique que sociologique ou idéologique. Il suffit de parcourir la liste des formations politiques qui la composent pour s’en convaincre. On y trouve de tout, sauf l’unité d’ambitions et de projets de société[10]. »

Maintenant que Kabila a atteint ses limites constitutionnelles électives du fait de l’article 220 de la Constitution, par analogie du passage de l’AMP à la MP, la MP devient à ses yeux, dans son entendement et dans sa stratégie politique caduque. Il lui faut une nouvelle trouvaille, adaptée au contexte politique actuel du glissement, qui lui permette le maintien au pouvoir, à défaut des élections. Cette formule a d’abord été trouvée dans l’Accord de la Cité de l’OUA obtenu avec la complicité d’Eden Kodjo et de la clique de l’opposition signataire de cet accord. D’ailleurs, les négociations autour de cet accord ont révélé l’inutilité de la MP. Ni aubin Minaku, le Secrétaire général et coordonnateur de la MP, ni Henri Mova Sakanyi, le Secrétaire général du PPRD, n’y ont joué de rôle central car ne pouvant apporter aucune plus-value politique pour élargir la base devant permettre à Kabila de mieux glisser. Il s’agit là des évidences qui doivent amener les sociétaires de la MP à la raison et à comprendre qu’ils sont des bons à rien dans la stratégie actuelle de Kabila.

Kabila ne pouvant plus se représenter, il cherche une nouvelle majorité populaire pour son glissement. Et en cas d’échec, il va jouer la carte familiale

L’enquête menée par Bloomberg montrant la mainmise de la famille de Joseph Kabila sur l’économie congolaise est un indice qui montre qu’il sera quasi impossible pour Kabila d’envisager de se retirer du pouvoir. Ce, par crainte de poursuites judiciaires pour faits de corruption et d’abus de biens de l’Etat et sociaux. A cela, il faudrait ajouter des allégations liées à sa participation aux crimes de guerre et des droits humains du fait de ses responsabilités directes et indirectes dans certaines tueries et massacres et de sa collusion avec les chefs d’état des pays agresseurs du Congo.

Par ailleurs, si Joseph Kabila s’obstine à rester à tout prix au pouvoir, dans une logique kamikaze, c’est aussi parce que l’enjeu est moins pour lui Kabila, mais bien plus pour ses parrains régionaux qui l’ont imposé à la tête de la RDC. Ces parrains sont bien conscients que la chute de Kabila pourrait augurer une nouvelle ère de recomposition du leadership régional qui leur sera fatale.

Conscient de cela, tout semble indiquer que Kabila opterait plutôt pour une succession familiale. Deux faits tendent à confirmer cette hypothèse.

D’abord dans une interview accordée par Zoé Kabila à Jeune Afrique le 26 septembre 2016, on pouvait lire déclarait : « Les Kabila ne sont pas prêts à abandonner le pouvoir à n’importe qui » et le frère de Joseph préciser : « Notre père a versé son sang pour ce pays, renchérit-il. Lorsque nous étions enfants, il nous répétait que c’était nous qui allions reconstruire la RD Congo. »[11]

Jean-Claude Kabila Kyungu, le jeune frère de Joseph Kabila, inconnu du grand public, crée un nouveau parti politique, UPCE

Ensuite, cet extrait d’article de Muriel Devey Malu-Malu qui en dit long sur les intentions cachées de la famille Kabila : « La recomposition n’épargnera pas la classe politique dans son ensemble. Du côté de la Majorité présidentielle, les contradictions apparaissent de plus en plus au grand jour. La dernière pomme de discorde est la sortie officielle, le 4 janvier dernier, de l’Union du peuple congolais engagé (UPCE) créée par Jean-Claude Kabila Kyungu, un frère cadet de Joseph Kabila. Une annonce qui fait grincer les dents de certains membres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). D’où les inévitables interrogations : qui sera le dauphin de Kabila ? Son frère Zoé ? Si tel est le cas, quid des ténors du PPRD qui pouvaient reprendre le flambeau ? N’y a-t-il pas un risque de transhumance de militants du PPRD vers l’UPCE ? Et d’accaparement des ressources financières disponibles par ce dernier au détriment du PPRD ? Et l’amer constat : à quoi a servi le PPRD qui a permis l’élection de Kabila en 2006 et 2011 ? Si le positionnement de la famille Kabila en tant que dynastie se confirmait, rien n’exclut l’émergence d’une nouvelle dissidence à l’intérieur de la Majorité présidentielle. Autant de recompositions politiques à venir qui pourraient se faire au détriment du processus démocratique. »[12]

Kabila sait qu’il perdra tout son pouvoir s’il opte pour un scénario Poutine – Medvedev

La presse et les analystes congolais spéculent abondamment sur l’identité d’un possible dauphin de Kabila, avec les noms d’Aubin Minaku Ndjala Ndjoko, le président de l’Assemblée nationale et d’Augustin Matata Ponyo, l’ancien Premier ministre, qui sont les plus cités. Joseph Kabila sait pertinemment très bien qu’en se mettant de côté, il risque de ne plus revenir au pouvoir. En effet, la Russie n’est pas le Congo pour plus d’une raison avancée dans une analyse antérieure intitulée : Pourquoi Kabila ne choisira pas de dauphin au sein de sa majorité présidentielle pour lui succéder en 2016 ?[13], dont :

  • Les politiciens congolais sont réputés pour leur manque criant de loyauté et de constance politique

Si le choix de Medvedev par Poutine a été justifié par la loyauté viscérale qu’éprouve Medvedev à l’égard de son maître. Il n’en n’est pas le cas en Afrique et pire encore en RDC où la loyauté n’est que circonstanciée, temporelle et surtout opportuniste.

  • L’absence de la culture du respect du « contrat » chez les politiciens congolais

Un autre trait caractéristique de la solidité de la formule originelle « Poutine – Medvedev » est le sens du respect du contrat. Il s’agit d’une pratique bien ancrée dans les cultures eurasiennes basées sur le respect des règles du droit positif. Par contre, en Afrique et en RDC en particulier, les acteurs politiques s’inscrivent dans une relation antinomique d’extranéité culturelle avec leurs propres droits du fait de l’absence de l’inculturation du droit positif hérité de la colonisation dans leurs pratiques quotidiennes. Ils développent des alliances circonstancielles opportunistes.

  • La perception anthropologique du « chef » et la personnification de l’autorité dans les sociétés africaines

Même si Kabila décide de choisir un dauphin, il est une fois de plus mieux placé, sur la base de sa propre expérience d’un petit jeune président sorti du fumier, craintif, peu sûr de lui, choisi pour son manque de charisme et de leadership pour finir par être un autocrate arrogant. Il a vite compris qu’en Afrique, le peuple n’a d’égard qu’au chef officiel! Cela tient de la conception qu’ont les africains du chef politique, dont la singularité et sa position dans la société est reconnue, se voit généralement qualifié de roi sacré, intouchable. Comme le souligne le professeur Ngoma Binda, le pouvoir du chef africain est généralement décrété divin (il vient de Dieu), il est sacré, et ne peut être ni interrogé ni contesté sans tomber dans le crime de lèse-majesté[14]. Le phénomène de la sacralisation systématique de l’autorité par le peuple amplifiée par les réflexes de culte de la personnalité présidentielle en Afrique fait que celui qui est appelé président, qu’il le veuille ou non, est légitimé ainsi par la réaction subconsciente de la population à son égard, même si ce chef ne dispose d’aucune aptitude de leadership positif. Ainsi, Joseph Kabila est le prototype de ce leader créé de toutes pièces qui a fini, par cette tendance relationnelle mythique qu’ont des sociétés africaines à sacraliser le chef, à devenir le « raïs », l’ « autorité morale » devant qui tout le monde s’incline. Et le chef en Afrique, puisqu’il est sacré, ne se choisit pas un dauphin. On l’a vu avec Etienne Tshisekedi à la tête de l’UDPS.

Fort de cette expérience, Kabila ne se permettra jamais de se choisir un dauphin qui n’ait pas d’affinité biologique ou ethnique avec lui, pour des raisons mentionnées plus haut. D’ailleurs, lors d’une réunion de la MP à Kingakati, le 22 mars 2015, Kabila s’est juste contenté d’invectiver, avec condescendance et mépris, les opportunistes de la MP, dont il se sert de marchepied depuis 2006, en ces termes : « Je préfère évoluer avec ceux qui sont sincères avec moi que d’évoluer avec des chauves-souris ». Ainsi, la MP ne doit pas se faire d’illusions sur l’avenir de Joseph Kabila, qui se conjuguera à coup sûr sans qu’elle joue un rôle central, si ce n’est celle de caisse de résonance.

Kabila entouré de ses deux dauphins potentiels, Matata et Minaku. On reconnait derrière en lunettes, son ancien garde du corps, Pascal Kalonda, qui a fait défection et vit en exil en Belgique.

La chute de Kabila semble pourtant inéluctable, malgré les apparences du pouvoir

L’échec de l’Accord de l’OUA est un signe que, malgré les apparences de son glissement et la loyauté partielle et temporaire d’une partie de l’armée et des services de sécurité, le régime de Kabila reste agonisant et ne tiendrait plus longtemps. Il s’agit d’un régime en soins palliatifs.

Un diplomate africain en poste en RDC, citant les sources des renseignements congolais, me confiait que la chute du régime de Kabila est quasi inévitable. Tout reste à savoir quand. Pour un autre diplomate occidental, si Kabila a survécu au 19 décembre 2016, ce n’est pas parce qu’il a été plus fort, mais c’est parce que l’opposition s’est montrée plus faible que lui. « C’est l’histoire d’un faible qui a tiré profit d’un plus faible que lui, tout en se sachant très vulnérable». Pour ce dernier, l’intensification de la pression internationale autour de Kabila, ses proches collaborateurs et sa famille biologique, l’incertitude sur l’avenir politique de la plupart de ses collaborateurs qui doutent de plus en plus de la volonté de Kabila de céder le pouvoir à un dauphin politique, la cristallisation de la crise politique avec l’opposition, la crise socioéconomique qui ne cessera d’augmenter la liste de mécontents populaires, notamment dans les rangs des hommes en armes, les divisions au sein de son appareil sécuritaire et le lâchage de Kabila par quelques alliés régionaux les plus influents, pourraient précipiter la chute du régime de Kabila dans le courant de 2017.

Contrairement à ce qu’avancent certains milieux kabilistes qui ont jubilé à l’annonce du décès d’Etienne Tshisekedi, sa disparition pourrait plutôt constituer un élément catalyseur de la chute de Kabila. En effet, Tshisekedi a souvent joué au pompier, en calmant la population après les élections de 2011 et en décembre 2016, malgré son tempérament fougueux. Tout profit a été pour le régime de Kabila qui voyait en lui une sorte de taureau qu’il pouvait facilement maîtriser par ses cornes à chaque fois qu’il grondait. Sa disparition risque cependant d’être défavorable à Kabila, vu que tout le monde attendait son mot d’ordre pour aller « chasser Kabila». De ce fait, il jouait indirectement un rôle fusible en tant qu’autorité morale écoutée par tous. Or le testament de Tshisekedi à la jeunesse est « Prenez-vous en charge ». Ainsi, en son absence, cette jeunesse et cette population en totale rupture avec le pouvoir, qui n’ont plus personne pour les retenir sont prêtes à utiliser n’importe quel coup pour se prendre en charge conformément à l’article 64 de la Constitution si le blocage politique persiste. Car pour cette population en majorité jeune, le maintien de Kabila au pouvoir n’augure aucun espoir positif pour leur avenir en termes d’amélioration de leurs conditions de vie. L’hostilité de la population contre le régime de Kabila est d’abord d’ordre socioéconomique.

De ce fait, une collusion avec les militaires et les policiers affamés par le régime, quoique désarmés par crainte de mutineries, mais aussi et surtout avec les insurgés et sympathisants de Bundu dia Kongo qui investissent déjà la capitale peuplée majoritairement des bakongo n’est pas à exclure. Il s’agit là d’une hypothèse plausible qui réduit davantage la marge de manœuvre de Kabila, impopulaire et illégitime, contrairement à ce que l’on pourrait le croire.

Conclusion : La MP doit penser maintenant à se choisir son propre dauphin et à dire non au maintien de Kabila

Les cadres de la MP doivent se positionner maintenant ou jamais. Ilne faut pas être un analyste pour affirmer qu’en cas de départ forcé de Kabila du pouvoir, les membres de la MP risquent de se voir appliqués la jurisprudence Burkinabè qui interdisait à tous les anciens « dignitaires » du régime de Blaise Compaoré de concourir dans les joutes électorales. Ils risquent également de subir le même sort que les mobutistes à lors de la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila, mais cette fois-ci avec sévérité. Qu’ils y réfléchissent à deux reprises.

On constate aussi que le dialogue inclusif divise déjà la MP à cause de la diminution du quota des portefeuilles réservé à la MP pour satisfaire la boulimie des kabilistes. Par ailleurs, avec les déclarations brandissant le recours au référendum, il devient de plus en plus évident que Kabila, aidé par les laboratoires autour de Kalev Mutond, mise pour un troisième mandat par changement de la constitution. Il s’agit là d’un pari risqué qui risque de hérisser ses proches comme Minaku ou Matata. Mais cette stratégie du pourrissement, comme démontré plus haut, risque de jouer en défaveur de sa majorité. Celle-ci risque de subir les conséquences d’une chute brutale de Kabila et de tout perdre par la suite.

Nous recommandons aux membres de la MP de prendre le taureau par les cornes car continuer de soutenir inconsciemment Kabila ne leur procure aucun avenir rassurant à moyen terme. Il est question pour eux de sauter au bon moment, pourquoi pas de trouver un candidat consensuel autre que Kabila qui n’a plus vraiment de voie de secours viable. D’ailleurs la région n’y croit plus, se lon les confidences d’un diplomate occidental : Ni l’Angola, ni le Congo-Brazzaville ni l’Ouganda. Dos Santos aurait fermement demandé à Kabila de rester au pouvoir un an de plus jusqu’en décembre 2017, pas plus. Pour ce diplomate, on assiste à la décadence au sein de la MP où c’est l’ambiance de peur qui prédomine avec la résurgence de l’idée du référendum alors qu’un courant majoritaire est favorable aux « primary » pour désigner un dauphin qui pourrait valablement succéder à Kabila et leur faire éviter la loi de la sanction populaire si jamais les choses tournaient court d’ici là.

Au moment où le bateau Kabila tangue, les cadres de la majorité présidentielle, face au destin du Congo, sont capables de dire que la nation congolaise et la sauvegarde des institutions congolaises sont plus importantes que la soumission insensée à Kabila qui ne peut plus leur garantir l’avenir. Nous sommes persuadé qu’en dehors des téméraires comme Kin-Kiey, Mende, She Okitundu, Shadari, Atundu, Boshab, Kikaya…, la MP dispose encore des patriotes capables de privilégier l’intérêt national de la RDC et d’imiter l’exemple du G7. La principale tâche aujourd’hui pour la MP, c’est de préparer Joseph Kabila. Ce dernier n’en a plus pour longtemps. Les nombreux mouvements de transfert illicite de fonds publics de la RDC, opérés par son entourage, vers certains pays d’Europe et d’Afrique, après leur blanchiment, constatés par les services occidentaux, l’attestent.

« Avec Joseph Kabila, la MP présente l’état d’une grenouille qui se laisse endormir dans un pot d’eau qu’on est en train de bouillir, sans s’en rendre compte », me confiait un acteur politique européen familier des palais présidentiels. A bon entendeur…

Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Références

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Alliance_pour_la_majorit%C3%A9_pr%C3%A9sidentielle.

[2] Le Parti de l’alliance nationale pour l’unité (PANU), le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), l’Alliance pour le renouveau congolais (ARC) d’Olivier Kamitatu Etsou, l’Union des nationalistes et fédéralistes du Congo (UNAFEC) de Gabriel Kyungu Wa Kumwanza, la Convention des Congolais unis (CCU) de Lambert Mende Omalanga, le Mouvement social pour le renouveau (MSR) de Pierre Lumbi Okongo. Elle était présidée par Joseph Kabila, et coordonnée par André-Philippe Futa, à sa naissance.

[3] 27 partis politiques, 13 personnalités politiques de même que quelques associations ont signé hier mardi 5 avril la charte de la Majorité présidentielle (MP). Les 27 nouveaux membres de la MP sont : Pprd, Msr, Pdsc, Rcd/Kml, Unafec, Unadef, Panu, Ccu, Codeco, Dcf/Cofedec, Uprdj, Prl, Panadis, Scode, Uldc, Pa, Afdc, Ucn, Ucrj, Peco, Mtd, Crd, Adh, Mdd, Adeco, Udeco et Cdr.

[4] http://www.congoplanete.com/news/3201/joseph-kabila-majorite-presidentielle-alliance-mp-remplace-amp.jsp.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] Au moyen des fraudes électorales, révision de la Constitution et corruption à grande échelle.

[9]  https://afridesk.org/fr/selon-lonu-les-officiers-du-cndp-ont-soutenu-lelection-de-kabila-en-2011/#sthash.0k5OehX5.dpuf.

[10] https://afridesk.org/fr/lopprtunisme-et-le-positionnement-empoisonnent-la-democratie-en-rd-congo-jb-kongolo/.

[11] http://www.jeuneafrique.com/mag/348870/politique/rd-congo-zoe-kabila-de-lombre-a-lumiere/.

[12] http://afrique.lepoint.fr/actualites/rd-congo-2017-a-l-epreuve-des-defis-socio-politiques-17-01-2017-2097817_2365.php.

[13] http://afridesk.org/fr/pourquoi-kabila-ne-choisira-t-il-pas-de-dauphin-au-sein-de-sa-majorite-jj-wondo/#sthash.G984O4E9.dpuf.

[14] P. Ngoma Binda, Démocratie, Femme et Société civile en Afrique, L’Harmattan, Paris, 2012, p.48.

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