RDC : La guerre économique de Kabila contre Katumbi
Malgré la surmilitarisation inquiétante de l’ex-province du Katanga signalé par DESC[1] qui se confirme par des mouvements anormaux des troupes et du matériel militaire lourds constatés ces derniers jours[2], la guerre du Katanga se livre aussi sur le front politico-financier. C’est le cas notamment de certaines mesures prises par l’entourage présidentiel dans l’ex Katanga pour paralyser le réseau financier de Moïse Katumbi. Cela concerne entre autres des fermetures de sa nouvelle minoterie Twiga de Moïse Katumbi et de ses deux chaines de télévision pour motifs d’arriérés de paiement des taxes fiscales.
La Régie des voies aériennes (RVA) a retiré les autorisations de parking, de décollage et d’atterrissage de l’avion personnel de Moïse Katumbi dans tous les aéroports de la RDC. Cela a conduit à l’agacement de Katumbi qui a dénoncé ces pratiques orchestrées par Kalev Mutondo[3]. La raison officielle qui est évoquée est le non-paiement des taxes aéroportuaires pendant 8 ans. D’autres actions menées déjà depuis 2015 par Kalev Mutond et Georges Monga, le directeur des opérations de l’ANR, consistent à démanteler tous les réseaux de Katumbi dans l’administration provinciale, dans les entreprises d’Etat du Katanga en relevant ou suspendant toutes les personnes jugées proches de Katumbi à la DGDA (Douanes), l’ANR, la DGM (Direction générale de migration), DEMIAP/INTERIEUR, DGI (Direction générale des Impôts), OCC (Office congolais du Contrôle), à la DGRAD (La Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations), la PNC. Mais la menace sécuritaire est aussi présente. Le régime fera tout son possible pour réduire au silence Katumbi, Kyungu, Kamerhe et Mwando Simba dans les prochains jours.
A l’encontre de Moïse Katumbi, « le régime congolais s’attaque plutôt à ses moyens financiers en cherchant à lui couper toutes les sources financières possibles. C’est ainsi que Pascal Nyembo, le DGA du CEEC (Centre d’Evaluation, d’Expertise et de Certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses) « CEEC » et le Coordinateur de la commission nationale de la lutte contre la fraude minière, qui est aussi le conseiller de Kabila chargé de la lutte contre la fraude, séjourne au Katanga depuis au moins deux semaines. Il a pour missions d’identifier tous les pro-Katumbi et les pro-Kyungu dans l’administration minière de l’ex province du Katanga afin de les muter ailleurs ou pour les plus engages politiquement, les suspendre ou même les renvoyer du travail si le besoin s’en fait sentir. La guerre de Kabila contre Katumbi est d’abord une guerre financière pour réduire la capacité de Katumbi d’utiliser l’argent comme moyen de faire son lobbying politique et diplomatique.
Par ailleurs, en janvier 2016, « un convoi de 22 gros camions trucks chargés de produits miniers c’est-à-dire du cuivre et du cobalt, sortis frauduleusement de l’entreprise MUTANDA mining basée à Kolwezi et a été intercepté par les services de sécurité (ANR/intérieur, Police des frontières) à Kasumbalesa-cité non loin du poste frontière du même nom. Le général Philémon Yav (commandant de la 22ème région militaire) et le commissaire provincial de la PNC/Haut-Katanga, M. Jean-Bosco Galenga s’étaient rendus sur place à Kasumbalesa pour constater cette situation. Tous les camions saisis ont été conduits à Lubumbashi, où ils sont saisis jusqu’à l’identification du propriétaire du mystérieux du convoi », nous renseigne une source militaire à Lubumbashi. Selon nos sources à l’ANR et à la 22ème région militaire, les services de renseignement de la présidence attribueraient à tort ou à raison ces marchandises saisies à Moïse Katumbi. Paradoxalement, les camions ainsi que les minerais saisis ont été gardés à l’état-major de la 22ème région militaire en lieu et place du parquet ou de l’OFIDA.
Comment Kabila compte asphyxier Katumbi financièrement
Sur le plan financier, selon une source de l’ANR/Economique, « Kabila et ses collaborateurs directs ont décidé de déménager le guichet unique du poste frontière de Kasumbalesa au port de Dar-es-Salaam en Tanzanie. Tous les propriétaires des biens et produits importés en RDC payent tous les frais de taxes au guichet unique congolais délocalisé à Dar-es-Salaam. Les agents de ce poste de Dar-es-Salaam sont triés sur le volet – par Zoé Kabila, le frère du Président congolais. Une fois que les importateurs de biens/produits payent leurs taxes, ils reçoivent des quittances et les présentent au poste frontière à Kasumbalesa qui est devenu maintenant un simple point de passage et de vérification vu que tout est payé en amont au départ de Dar-es-Salaam« .
Pour notre source, « ce dispositif vise à affaiblir Katumbi qui dispose à Kasumbalesa d’un réseau puissant dans les différentes régies financières de l’ex-Katanga« . Ainsi, pour les affaiblir, il faut transformer les pro-Katumbi en simples contrôleurs et vérificateurs des quittances pour éviter qu’ils touchent l’argent liquide dont une grande partie n’allait pas au trésor public. Les importations en provenance de Dar-es-Salaam en Tanzanie génèrent les 75% de recettes du poste frontalier de Kasumbalesa. Avec cette nouvelle disposition, seules les importations en provenance des ports sud-africains de Durban et Cape Town (Afrique du Sud) et du port de Beira (Mozambique) payent encore tous les frais à Kasumbalesa. Mais Kabila pourrait également décider de transférer le guichet unique de ces importation à Beira (Mozambiqùe) et à Cape Town et Durban au port Elizabet en Afrique du Sud afin d’assécher financièrement Katumbi et son réseau.
Mais selon un expert en douane maritime congolais qui requiert l’anonymat, ces mesures de guichet unique font partie des accords TDU (Territoire Douanier Unique) conclus entre la RDC et la Tanzanie pour combattre la fraude douanière et maximiser les recettes de l’Etat. Cet accord se base sur la législation douanière en application dans l’EAC (Eastern African Community) qui regroupe la Tanzanie, le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Il ne s’agit pas selon notre source d’une mesure spécifique prise contre Moïse mais d’une procédure légale encouragée même par la communauté internationale dans le cadre de la lutte contre le crime organisé.
Mais notre contact reconnait tout de même qu’il se fait que la plupart des agents de douane qui travaillaient à Kasumbalesa étaient étiquetés proches de Katumbi par l’ANR. Cette dernière leur reprochait de recourir souvent à des méthodes douteuses de perception des frais de douane qui échappaient au contrôle du trésor public de l’Etat congolais. C’est ce qui explique la purge qui s’est opéré dans plusieurs régies douanières de l’ex-province du Katanga.
La riposte de Katumbi : Pénurie du maïs au Katanga pour tenter d’asphyxier le régime de Kabila au Katanga
Selon des sources l’ANR, Moïse Katumbi a mis en place une stratégie de sabotage et de paralysie du gouvernement Kabila en provoquant une pénurie artificielle de la farine de maïs dit semoule que les katangais appellent affectueusement bunga.
Comment Moïse Katumbi a procédé, nous détaille une source de l’ANR : « Katumbi a racheté la majeure partie des minoteries de la province zambienne du copper belt, voisine du Katanga et cela depuis 1 an. Depuis janvier 2016 mois, Katumbi bloque les grandes livraisons de farine. Ce qui fait que dans les grandes villes du Katanga comme Lubumbashi, Kolwezi, Likasi, Sakania et Kamina, il y a rupture de stock de farine de maïs au Katanga. Les différents exécutifs provinciaux (commissaires spéciaux) sont essoufflés et asphyxiés économiquement. Le prix du sac de 25 kilos de farine de maïs était passé de 10.000 FC à 30.000 FC (environ de 11$ à 33$), soit le triple en mars 2016« .
Mais un jeune analyste du Katanga jointpar DESC relativise la situation. Il attribue en grande partie cette pénurie à la sécheresse qui frappe l’Afrique australe, notamment le Zimbabwe, la Zambie et l’Afrique du Sud, et impacte leurs productions agricoles, dont le maïs blanc. Le Katanga dépend principalement de ces trois pays pour l’importation du maïs. Il précise en outre que cette situation n’est pas une première dans l’ex-province cuprifère qui est souvent confrontée à une telle pénurie de manière récurrente. Et notre analyste de fustiger : « On met souvent l’accent sur la hausse du prix de la farine de maïs. Notre dépendance à la Zambie s’est accrue ces dernières années. Faites un tour à la frontière de Kasumbalesa, on assiste à un chassé-croisé sur la route. En plus de la farine, les familles de Lubumbashi s’y approvisionnent en tout : jus, viande (où est Number One), farine (où est African Milling? Le grain manque?), saucisses (où est Manoah?), boissons, fruits (pas de verger au pays?), meubles (Où sont les menuisiers? On a pas de bois?), électromenager… Il n’existe pas d’indice des prix à la consommation. On n’évalue pas le coût de la vie. Le coût de production est élevé au Congo. On ne produit pas assez. La qualité ne répond pas à l’attente de la population? Les commerçants font ce qu’ils veulent et on tolère! Si les gens se tapent 180 Kms (aller-retour) pour faire des provisions, il y a des questions à se poser !«
Face à cette situation qui devenait préoccupante au Katanga, Jules Katumbwe bin Mutindi, le Conseiller principal à la présidence chargé de la sécurité intérieure et renseignement), a effectué une mission confidentielle de plus d’un mois d’enquête en Zambie à Lusaka et à Ndola dans le copper belt sur ordre de Kabila. Il était rentré le 5 mars 2016 avec un rapport remis au président et de nouvelles stratégies de contournement de cet embargo qui ne dit pas son nom.
C’est alors que Kabila a trouvé la parade en faisant importer dans l’ex-Katanga des milliers de tonnes de farine de maïs via la société d’un de ses beaux-frères, Djuma Bakari pour contourner ce blocus économique zambien, commandité par Katumbi, nous renseigne une source présidentielle. Bakari Djuma est de nationalité tanzanienne. Il est marié à « Sisi », une des sœurs de Kabila. Cette stratégie s’est montrée payante car les prix du maïs ont sensiblement baissé, passant de 30.000 francs congolais (FC) à 17.000 FC le sac de maïs.
Dans le Lualaba, l’ampleur des licenciements à l’entreprise KCC serait cachée

Malgré la suspension de ses activités depuis septembre 2015 dans le site de Kamoto, KCC continue de licencier ses travailleurs. Les sources ANR et de la province du Lualaba indiquent un chiffre près de 7500 licenciements masqués sous forme de congé technique, soit environ la moitié de son personnel. Cette situation crée des tensions sociales dans la ville de Kolwezi où le gouvernement ne cesse de déployer des renforts sécuritaires.
A cela il faut ajouter la mort de plus ou moins 50 personnes (des creuseurs) dans l’éboulement d’une carrière minière dans la concession de KCC à Luilu à 30 Km de Kolwezi.
Cet incident a créé des troubles inquiétants dans la ville. Au point que le Commissaire spécial Richard Muyej, élu Gouverneur du Lualaba, avec l’aide du Gouvernement central à Kinshasa, était obligé de calmer la situation en prenant en charge les frais funéraires des victimes de cet incident malheureux. Les autorités provinciales ont indemnisé les familles à concurrence d’une faible somme de 1500 $ US.
Malgré ce geste d’apaisement, la situation reste tout de même tendue car hormis la mort de leurs collègues, les creuseurs sont mécontents de la dévaluation des cours du cuivre avec comme conséquence la chute des prix de vente de leurs produits. Les creuseurs vendent aux acheteurs chinois, indiens et libanais le Kg de cuivre à un prix inférieur à 5.000 Francs congolais (FC) au lieu d’environ 13.000 FC avant la crise minière. Soit une perte de plus de 60 % de leurs revenus. Ce qui les met dans une situation de misère et les expose à des actes de mécontentement contre le pouvoir en renforçant la grogne sociale dans la province du Lualaba et dans tout l’ex Katanga. Par ailleurs, il faut aussi craindre la montée de la criminalité contre les personnes et les biens comme en 2009 car les creuseurs au chômage risquent de s’adonner aux cambriolages, rackets, attaques à mains armés, vols et autres actes de banditisme pour compenser illégalement leur manque à gagner.
Les creuseurs avaient organisé une marche assez violente le 07 mars 2016 jusqu’à placer des barricades sur le nouveau pont de Lualaba interrompant la circulation sur l’axe Lubumbashi-Likasi-Kolwezi. Richard Muyej était obligé d’aller sur place au pont Lualaba pour calmer les manifestants et les disperser pacifiquement.
Dans le Lualaba plus particulièrement dans la ville de Kolwezi, l’insécurité et la criminalité ont connu une hausse significative, au point que le gouvernement central a dépêché une unité de la LENI[4], ex-Police d’intervention rapide PIR (6ème bataillon) venue en renfort de Lubumbashi (camp Kasapa) pour être déployée à Kolwezi de façon permanente (au camp plaine près de l’aéroport de Kolwezi).
Mais la crise des Minings touche aussi de plein fouet la Gécamines qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Une source de la section économique de l’ANR parle des licenciements d’au moins 2500 travailleurs masqués en congé technique suite à la chute de cours des minerais et de la pénurie d’engins roulants. L’information nous a été confirmée par une autre source de la Gécamines : « Oui la Gécamines passera au mois de décembre 2016 sous le contrôle d’un consortium chinois. Ces 2500 licenciements sont couverts sous le statut de ‘départ volontaire’ ».
Une guerre financière sur fond de la militarisation inquiétante du Katanga
Nos sources signalent que c’est depuis le début de la semaine du 28 mars 2016 qu’elles ont constaté l’a cheminement massif à Lubumbashi d’une trentaine de véhicules blindés de transport des troupes (APC) de type tigre russe pour le maintien de l’ordre public et au moins dix camions lance-eau. Il y a eu également l’acheminement des véhicules blindés APC Spartan à Lubumbashi. Le numéro 2 de la Police nationale congolaise, Raüs Chalwe, se trouvait sur place pour superviser ces mouvements. On a aussi signalé la présence de Kalev Mutond (ANR) durant le week-end du 26 mars 2016 à Lubumbashi lors des élections des quatre gouverneurs des nouvelles provinces de l’ex Katanga afin de veiller que les instructions données par le président de la république sont appliquées à la lettre par les députés provinciaux
C’est ainsi que d’importants mouvements des troupes ont été aperçues à la gare de Fungurume (dans des wagons) en provenance du Kasaï d’Ilebo). Selon les informations parvenues à DESC, il semble que Kabila veut remplacer 15.000 militaires du Katanga par des troupes venant du Kasaï et de l’Equateur. Ils viendront appuyer les ex M23 stationnés à Pweto et à Mura et des anciens régiments CNDP déployés au Katanga. Le 30 mars 2016 nos sources ont fait état des transferts des blindés légers en provenance de Kolwezi vers Lubumbashi.
Tout sauf Katumbi, tel est le mot d’ordre de Kabila
Selon les sources de l’entourage présidentiel : « Vu que Moïse a trahi le chef, il mérite un châtiment exemplaire. Tout le monde peut remplacer le boss sauf Moïse. Les instructions nous ont été données de tout faire pour neutraliser Moïse et l’empêcher de réaliser son rêve de devenir président de la RDC. L’échec de la journée ville-morte au Katanga et la débâcle électorale de ses acolytes aux élections des quatre nouvelles provinces issues du Katanga en sont les prémisses ». Par ailleurs, une autre source présidentielle nous parle de l’infiltration du système Moïse Katumbi par Kabila pour obtenir des informations stratégiques à Kalev (Chef de l’ANR). Ces informations portent son empire financier et économique ainsi que les détails de ses soutiens dans l’armée, la police, la DGM[5], l’ANR, les FARDC et la GR. Ces taupes livreraient également à Kalev des informations sur les soutiens diplomatiques et même politiques (congolais au sein de la MP) et internationaux de Katumbi.
De l’autre côté, il n’est pas exclu que Katumbi, qui se préparait déjà à être candidat président depuis 2011 et DESC l’avait bien prédit dans une analyse de 2014 intitulée « Moïse Katumbi, l’alternance ou l’alternative à Kabila ?[6] », ait aussi à son tour infiltré l’entourage sécuritaire et politique de Kabila. Et ce ne sont pas des indices troublants qui manquent à DESC pour avancer cette hypothèse.
Selon un opérateur économique du Katanga : « Le divorce du président Kabila avec Katumbi lui coûtera cher politiquement. Ceux qui l’ont conseillé de se séparer avec l’ancien gouverneur du Katanga ont soit commis la plus grosse bourde ou veulent l’enfoncer politiquement. Je suis mulubakat comme le président Kabila et personne ne parle du bien de lui. Moïse Katumbi était très malin. Sa popularité, il le doit seulement dans son Haut-Katanga natal. Partout ailleurs, il n’a pas réalisé grand-chose mais a réussi à polir son image pour paraitre comme détenant la solution du Congo et cela séduit la majorité des Katangais aujourd’hui ».
Selon nos sources, après la vente de plusieurs de ses activités dans le mining et de ses actions, Katumbi dispose d’une fortune qui s’évaluerait à quelques centaines de millions d’euros. Il n’a gardé comme bien que sa somptueuse villa du quartier Golf à Lubumbashi, sa ferme de Futuka sur la route de Sakania (à environ 80 Km de Lubumbashi) ainsi qu’un ranch dans son village de Kashobwe en territoire de Kasenga (à 450 km au nord de Lubumbashi). Selon ces sources, Moïse Katumbi est plus malin que ne le pensaient les collaborateurs de Kabila, particulièrement ceux de l’ANR qui n’ont pas décelé à temps les manœuvres de Katumbi de vouloir quitter le camp présidentiel. Dans le domaine sécuritaire, nous ne cessons de le dire aussi bien à propos des collaborateurs de Mobutu que ceux des Kabila père et fils, l’absence d’anticipation des « services » est une faute professionnelle grave. N’en déplaisent à M. Ngbanda et à ses adeptes qui n’ont pas vu venir le « chaos » dont ils sont devenus les prédicateurs dogmatiques !
Selon une source présidentielle, parlant de la fortune de l’ancien gouverneur du Katanga : « Moïse est capable d’autofinancer n’importe quelle campagne électorale en RDC. Il dispose d’une équipe de collaborateurs grassement rémunérés et placés dans l’abri du besoin. Il est capable, avec son argent d’acheter plusieurs généraux et collaborateurs du président ainsi que des acteurs politiques de l’opposition comme de la majorité dont certains lui font déjà des courbettes ». Et une autre source d’informer : « A Mura près de Likasi, il y a des recrues de la GR qui sont formées par des ‘sudaf’. Elles s’adonnent à la mendicité aux alentours de Kakontwe (vieux quartier entourant une minoterie de la Gécamines et la société d’explosifs Afridex). Imaginez une fois ces militaires être appâtés par des millions de Moïse Katumbi. Ces recrues meurent chaque jour de choléra et de malnutrition. Ce sont des bombes à retardement contre le régime de Kabila, malgré la rotation des militaires en cours au Katanga. Ceux qui arrivent seront aussi abandonnés comme les autres. »
Conclusion
La pénurie du maïs associée à la hausse des prix des produits de base ainsi qu’à la montée fulgurante du taux de chômage, conséquence de la baisse des cours des matières premières entrainant des licenciements massifs dans les mining, risquent d’entrainer une situation sociale très explosive. Surtout que la situation sécuritaire et politique dans l’ex-province du Katanga ne fait que se polariser, renforçant la frustration des opposants au régime de Kabila et de la majorité de la population. Des sources au Katanga nous disent que moins de 30 % de la population Katangaise, particulièrement du Tanganyika, du Haut-Lomami et du Haut-Katanga, soutiendrait encore l’action du président Kabila.
Notons enfin que durant le weekend du 16 avril 2016, des jeunes de Kolwezi, dans la province du Lualaba, se sont violemment affrontés avec la police en scandant des chants hostiles à ces derniers: « Policiers toka » (Policiers dégagez). (https://m.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=C4N-jG2Te64). Les manifestants protestaient contre le laxisme de la police qui n’est pas intervenue après un cambriolage à mains armées qui a causé cinq morts dans une propriété. La manifestation a tournée en scène d’émeutes, toute la journée du dimanche 17 avril 2016. En effet, des creuseurs artisanaux, victimes de la crise du secteur minier qui touche la province et a causé la fermeture de plusieurs sociétés minières, s’en sont mêlés pour dénoncer les tracasseries policières.
Tout cela, pendant que le président Kabila séjourne au Katanga, dans sa résidence de la Ruwe à Lubumbashi, pour des raisons familiales et hautement politiques. Kabila a dû annuler en dernière minute, alors qu’il se trouvait déjà à l’aéroport de Luano, son déplacement pour Brazzaville où il devait assister à la cérémonie de prestation de serment de Denis Sassou Nguesso. Il a dépêché son homme de confiance, son commis d’Etat Aubin Minaku pour l’y représenter.
Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
Références
[1] http://afridesk.org/fr/rdc-une-situation-politique-et-securitaire-pre-explosive-dans-lex-katanga-jj-wondo/. Ou http://afridesk.org/fr/le-katanga-en-etat-de-guerre-jj-wondo/. Ou encore http://afridesk.org/fr/katanga-le-calme-avant-la-tempete-georges-berghezan/.
[2] http://www.rfi.fr/afrique/20160403-rdc-inquietude-population-armement-lourd-lubumbashi-katanga.
[3] [5] http://7sur7.cd/new/le-coup-de-gueule-de-katumbi-contre-kalev/.
[4] Légion nationale d’intervention, l’unité d’élite de la police nationale congolaise commandé pat le Colonel Seguin Sengelwa Ngoi, déjà dans le viseur de DESC pour sa responsabilité avérée dans le massacre des manifestants en janvier 2015.
[5] Direction générale de migration : La police des frontières.
[6] http://afridesk.org/fr/moise-katumbi-lalternance-ou-lalternative-a-kabila-jean-jacques-wondo/.
3 Comments on “Kabila et Katumbi engagés dans une guerre économique fatale? – Enquête DESC”
Makutu Lidjo
says:Est-il normal qu’une personne qui aspire diriger le Congo s’abstienne de payer les frais de parking de son avion personnel pendant 8 ans ? Que fera-t-il alors lorsqu’il sera chef d’état s’il est déjà mauvais citoyen dès le départ malgré ses moyens financiers importants ? Comment un candidat à l’échelon suprême peut-il penser asphyxier alimentaire-ment la population qu’il compte diriger ? Quel cynisme ? Le jeu politique peut-il-tolérer ce genre de procédé ? Moi, depuis longtemps je me sis fait déjà une idée de Katumbi tout comme de Kabila qui se résume à blanc bonnet – bonnet blanc.
Mansour
says:Je viens d’apprendre que le Président Magufuli vient de signer une ordonnance suspendant tous les services Congolais déployés au port de Dar es Salam, suite à la baisse des recettes Tanzanie au dit port. (Dossier à vérifier).
Kilimasimba
says:Quoiqu’on en pense, je persiste et signe, le dénommé Kabila Joseph est un zoba (crétin), un illettré politique parachuté à la tête du Congo par je ne sais quelle manigance étrangère. Ce Kabila, quel est son bilan ? La sécurité des personnes n’est nullement garantie; voyez à l’Est, tueries sur tueries sont devenues le lot des populations depuis 20 ans. Et Kinshasa fanfaronne en déclarant que la situation est calme ! Son bilan économique ? Nul, le boom économique lié au secteur minier ne profite pas au pays, les Congolais sont floués. Entre temps, Kabila et sa clique méprisent le peuple et s’en mettent plein les poches. Vivement que l’Angola s’en charge… Il parait qu’il y a une armée au Congo ?