Jean-Jacques Wondo Omanyundu
DÉFENSE & SÉCURITÉ GLOBALE | 06-10-2015 10:28
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Human Rights Watch accable de nouveau le Général Kanyama et le PPRD

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

RDC : Les autorités impliquées dans une attaque contre des manifestants

Répression accrue à l’encontre des opposants politiques

Note de DESC

Dans une déclaration publiée ce 6 octobre 2015, l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW) dénonce l’implication des autorités congolaises dans les violations des droits de l’homme à l’encontre des opposants politiques et des défenseurs des Droits de l’homme. Le général Célestin Kanyama, précédemment mis en cause dans la répression des manifestants en janvier 2015[1] et dans l’affaire de l’opération Likofi, menée entre le 15 novembre 2013 et le 15 février 2014 à Kinshasa par la police contre les bandes des jeunes délinquants appelés « Kulunas », occasionnant au moins 41 victimes[2], vient de nouveau d’être accablé par les déclarations des témoins et des personnes impliquées dans l’attaque des manifestants de l’opposition, rassemblés à Ndlili (Kinshasa) le 15 septembre 2015.
Le PPRD, le parti présidentiel et l’ANR (le service de renseignement civil, censé être au service de l’Etat et non de Kabila), sont également pointés du doigt par HRW dans le recrutement des jeunes sportifs appelés « Les Pombas » et des milieux du sport pour violenter les manifestants de l’opposition. Parmi ces jeunes, HRW cite des jeunes ayant des liens avec le club phare de football de Kinshasa, l’AS Vita Club.
A propos des jeunes ayant des liens avec Vita Club, il faudrait préciser que le président de Vita Club n’est rien d’autre que le général Amisi Tango Four, le commandant de la première zone de défense qui couvre la partie ouest de la RDC regroupant les anciennes provinces de l’Equateur, du Bas-Congo, de Kinshasa et du Bandundu, généralement hostiles à Kabila depuis les élections de 2006. Amisi a été mise en cause lors de la guerre contre le M23, mais à la surprise générale, il a été blanchi par le conseil supérieur de la défense présidé par Joseph Kabila, le 31 juillet 2014 et remis en service sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit initiée en son encontre[3].
A titre d’information, deux enquêtes distinctes menées en 2002 par les ONG Lotus et Human Rights Watch (HRW) et un rapport de l’ONU ont nommément cité les rebelles du RCD-Goma Gabriel Amisi Tango Four, Laurent Nkunda et Bernard Biamungu comme étant responsables de la répression brutale de la mutinerie du 14 mai 2002 à Kisangani et de meurtres, viols et pillages des populations civiles dans la même ville. Selon ces rapports, Biamungu, Nkunda et Amisi ont été présents sur la scène de nombreux crimes exposés dans ces rapport, les ont dirigés ou y ont participé. Les officiers cités plus haut, arrivés de Goma, ont dirigé les tueries et autres massacres des populations locales.
L’enquête de HRW a permis d’établir les identités des officiers du RCD-Goma impliqués dans ces abus qui relèvent du crime de guerre. Selon les témoins interrogés par HRW, Bernard Biamungu, commandant de la Cinquième Brigade ; Gabriel Amisi, également connu comme Tango Fort, chef d’état-major adjoint chargé de la logistique ; et Laurent Nkunda Mihigo, commandant de la 7ème Brigade, se trouvaient parmi les officiers du RCD-Goma qui arrivèrent de Goma avec pour mission d’écraser la mutinerie. De nombreux autres officiers du RCD-Goma basés à Kisangani ont également joué rôle direct dans les violations exposées dans ce rapport[4].
Par ailleurs, le même général Amisi, selon la journaliste belge Colette Braeckman, a été directement impliqué dans la débâcle des FARDC à Mushake (Nord-Kivu) en 2007, contre les troupes du CNDP, de son ancien frère d’armes du RCD-Goma Laurent Nkunda : « À Mushake, où avait été dépêché le commandant en chef des forces terrestres, le général Gabriel Amisi dit « Tango Fort », des ordres contradictoires furent donnés, qui entraînèrent le repli des meilleurs éléments. On devait comprendre plus tard que les commandants de la plupart des brigades censées assiéger Nkunda étaient des officiers qui, comme Amisi, avaient naguère combattu à ses côtés dans les rangs de la rébellion et avaient été brassés ensuite, mais sans réellement rompre avec leur ancien compagnon d’armes ! »[5]. Enfin, Amisi Tango Four avait été pointé du doigt dans la prise de Goma par le M23 en novembre 2012[6].
D’autre part, l’actuel ministre de la Jeunesse et Sports n’est rien d’autre que Denis Kambayi, un cadre de l’AS Vita Club. Denis Kambayi a été également mis en cause dans les tragiques événements sanglants du duel du 11 mai 2014 au stade Tata Raphaël entre l’AS Vita Club et le TP Mazembe de Lubumbashi, l’équipe présidé par Moïse Katumbi. Ainsi, la nomination de ce Ministre
Pour rappel, à la suite de la défaite écrasante de l’AS Vita Club au stade Kamalando (Lubumbashi) en avril 2014, Denis Kambayi avait déclaré, dans un langage sybillin que les supporters de Mazembe ne seront pas la bienvenue au stade Tata Raphaël. Ainsi, Le classico de la dernière journée du championnat 2014 opposant Vita Club à Mazembe du 11 mai 2014 « s’est soldé dans une atmosphère sanglante au stade Tata Raphaël. Fin du match et fin du championnat calamiteuses. Selon les sources officielles, 15 morts et 21 blessés graves, comme bilan provisoire du Gouverneur de la Ville de Kinshasa. Alors que le match cheminait à sa fin, après avoir épuisé le temps réglementaire, soit nonante minutes, le temps additionnel n’a pas été le bienvenu. C’est de là que les vrais incidents commencent »[7].

Jean-Jacques Wondo Omanyundu

[1] http://afridesk.org/bande-sonore-identifiant-la-voix-du-general-kanyama-ordonnant-de-tirer-sur-les-etudiants-desc/.

[2] http://afridesk.org/vers-une-guerre-de-tranchees-entre-lonu-et-kabila-jj-wondo/#sthash.EeRhSjwL.dpuf.

[3] Jean-Jacques Wondo Omanyundu, Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?, Déc. 2014, p.200. (PS : La deuxième édition revue et augmentée vient de sortir en octobre 2015).

[4]  http://afridesk.org/whos-who-le-general-amisi-tango-four-le-boucher-du-kivu-jj-wondo/#sthash.oTUWsN6a.dpuf.

[5] Le Soir, 27/12/2007.

[6]  Jean-Jacques Wondo Omanyundu, Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?, Déc. 2014, pp.50-51.

[7] http://7sur7.cd/index.php/8-infos/4897-kanyama-et-tango-four-responsables-des-morts-du-stade-tata-rephael#.VhNzXX1BB8E.

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Kanyama et kabila

Déclaration de Human Rights Watch

(Kinshasa, le 6 octobre 2015) – De hauts responsables des forces de sécurité et du parti au pouvoir en République démocratique du Congo semblent avoir recruté des voyous en vue d’attaquer une manifestation politique pacifique dans la capitale, Kinshasa, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le 15 septembre 2015, un groupe de jeunes a violemment attaqué un rassemblement public organisé par des dirigeants de l’opposition politique pour appeler le président Joseph Kabila à quitter ses fonctions à l’issue de ses deux mandats constitutionnellement autorisés en décembre 2016. Armés de gourdins et de bâtons en bois, les assaillants ont frappé les manifestants, répandant la peur et le chaos dans la foule de plusieurs milliers de protestataires. Plus d’une dizaine de manifestants ont été blessés, dont certains ont été piétinés alors qu’ils tentaient de fuir.

« Les citoyens congolais ont le droit de manifester pacifiquement à propos des limites du mandat présidentiel sans se faire attaquer par des voyous recrutés à cet effet », a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior auprès de la division Afrique à Human Rights Watch. « L’implication apparente de hauts responsables de la sécurité et du parti au pouvoir dans les attaques violentes montre jusqu’où les autorités sont capables d’aller pour stopper les manifestations de l’opposition. »

Human Rights Watch a observé la manifestation du 15 septembre, et a par la suite interrogé des victimes et des témoins, des professionnels de santé et plusieurs assaillants.

Parmi les assaillants figuraient des membres de la Ligue des Jeunes du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) de Kabila, parmi lesquels beaucoup sont connus comme pratiquant des arts martiaux, ainsi que des jeunes ayant des liens avec Vita Club, l’une des principales équipes de football de Kinshasa. Des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR), de la police et de l’armée, tous en tenue civile, auraient également pris part à l’attaque.

Plusieurs jeunes hommes qui ont reconnu avoir participé à l’attaque ont affirmé à Human Rights Watch qu’ils se trouvaient parmi plus de 100 jeunes recrutés par de hauts responsables de la sécurité et des responsables du PPRD. Ils ont indiqué que chaque recrue était payée environ 65 USD. Les jeunes hommes ainsi recrutés ont expliqué qu’ils ont été invités à se rassembler dans un camp militaire à Kinshasa la nuit précédente et qu’ils ont « reçu des instructions sur la manière de mener l’attaque ». L’un d’entre eux a raconté : « On nous a dit de commencer à attaquer les manifestants et de semer le désordre dès que l’un des leaders de l’opposition insulterait le président Kabila ». Un moyen de transport a été mis à la disposition des recrus le lendemain matin, pour les conduire jusqu’au quartier où la manifestation de l’opposition se déroulait.

La police déployée pour assurer la sécurité lors de la manifestation n’a pas stoppé les assaillants armés de bâtons lorsqu’ils sont arrivés, mais est restée à proximité et a simplement observé leur arrivée. La police est uniquement intervenue quelque temps plus tard lorsque des manifestants en colère s’en sont pris aux assaillants et ont commencé à les frapper.

Un des assaillants qui a été battu est décédé plus tard de ses blessures. Les agents de police ont rapidement emporté son corps à l’une des morgues de la ville. Un employé de la morgue a raconté à Human Rights Watch que des officiers de police ont demandé aux employés de la morgue de ne pas toucher le corps et de n’informer personne de sa présence. Ils ont ordonné aux employés de l’étiqueter comme « corps de l’État », empêchant ainsi les membres de la famille de le réclamer. Human Rights Watch a documenté de précédents cas dans lesquels des responsables de la sécurité ont fait identifier un corps comme « corps de l’État » pour dissimuler des décès politiquement problématiques.

Des témoins ont indiqué à Human Rights Watch que le commissaire provincial de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, figurait parmi au moins trois hauts responsables ayant participé au rassemblement de recrutement la nuit précédant la manifestation et qui avaient donné des instructions sur la façon de mener l’attaque. Kanyama a précédemment été impliqué dans de graves atteintes aux droits humains, y compris pour son rôle de commandement pendant la répression de janvier contre des manifestants qui a fait au moins 38 morts.

La police devrait rester apolitique, impartiale et respecter le droit de rassemblement pacifique de tous les citoyens congolais, a rappelé Human Rights Watch. La mission de maintien de la paix des Nations Unies en RD Congo, la MONUSCO, pourrait contribuer à prévenir de nouvelles attaques en déployant la police de l’ONU lors des manifestations politiques. Le mandat de la MONUSCO en vertu de la résolution 2147 du Conseil de sécurité prévoit d’« [a]ssurer, dans ses zones d’opérations, une protection efficace des civils se trouvant sous la menace de violences physiques ».

L’attaque du 15 septembre n’était qu’un incident parmi les plus récents dans un contexte de répression croissante à l’encontre des personnes qui s’opposent à un troisième mandat de Kabila ou à tout report des élections nationales prévues en novembre 2016. Alors que les préparatifs des élections ont déjà pris du retard, certains s’inquiètent du fait que Kabila et ses partisans pourraient favoriser un report des élections, permettant ainsi un « glissement » de la date du scrutin vers une prolongation du mandat de Kabila.

Deux dirigeants de partis politiques et quatre jeunes activistes ont été récemment condamnés pour incitation à la désobéissance civile ou en vertu d’autres accusations fallacieuses après avoir publiquement dénoncé la répression politique ou demandé la libération d’activistes arrêtés arbitrairement. Plusieurs autres activistes et dirigeants de partis politiques ont été arrêtés et font actuellement l’objet de procès pour avoir critiqué les tentatives de Kabila de prolonger son mandat.

D’autres jeunes ont été arbitrairement arrêtés sans chef d’inculpation. Trois étudiants universitaires arrêtés en mars alors qu’ils imprimaient des tracts appelant les étudiants à soutenir un leader de l’opposition, Vital Kamerhe, ont été arbitrairement détenus par l’ANR sans être autorisés à recevoir la visite d’avocats ou de membres de leurs familles. Un musicien congolais est toujours arbitrairement détenu par des responsables des services de renseignement, pour des liens présumés avec des organisations de jeunesse pro-démocratie.

Le 16 septembre, le président Kabila a exclu sept leaders politiques de haut niveau, désignés comme le Groupe des 7 ou G7, des rangs de sa coalition de partisans connue sous le nom de Majorité présidentielle (MP) après qu’ils lui ont adressé une lettre publique le 14 septembre exigeant qu’il respecte la limite constitutionnelle de deux mandats. D’autres membres de la coalition de la majorité ont alors exprimé leur soutien au G7 en démissionnant de leurs postes au gouvernement. Plusieurs d’entre eux ont par la suite subi des actes de harcèlement et d’intimidation.

Le 17 septembre, des agents des services de renseignement de la province du Sankuru (dans l’ancienne province du Kasaï-Oriental) ont fait fermer une station de radio appartenant à Christophe Lutundula, un membre du parlement et du G7. Un témoin a raconté à Human Rights Watch que les agents ont confisqué l’équipement de radiodiffusion, en indiquant aux employés qu’ils avaient reçu des ordres de leurs supérieurs à Kinshasa. Le 18 septembre, des agents des services de renseignement ont arrêté trois employés du Ministère de Plan, dont l’ancien ministre, Olivier Kamitatu, fait partie du G7. Ils ont été embarqués de force dans des véhicules et conduits jusqu’au bureau de l’ANR, où ils ont été détenus pendant plusieurs heures avant d’être relâchés.

« L’historique des violations graves des droits humains en RD Congo devrait servir d’alerte aux gouvernements concernés au sujet de la violence et la répression politiques avant qu’elles ne s’intensifient », a conclu Ida Sawyer. « Ces gouvernements devraient faire pression sur le gouvernement congolais pour exiger la libération des personnes détenues à tort et pour mener des enquêtes sur les responsables des attaques contre des manifestants pacifiques. Prévenir des abus est bien moins coûteux que d’essayer de ramasser les pots cassés après coup. »
Pour de plus amples informations sur l’attaque lors de la manifestation du 15 septembre et les arrestations d’activistes et de leaders politiques, veuillez lire la suite.
Pour consulter d’autres communiqués et rapports de Human Rights Watch sur la République démocratique du Congo, veuillez suivre le lien :
https://www.hrw.org/fr/africa/democratic-republic-congo
Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
À Kinshasa, Ida Sawyer (anglais, français): +243-99-86-75-565 (portable) ou +1-917-213-0939 (portable) ; ou sawyeri@hrw.org. Twitter @ida_sawyer.
À Madrid, Anneke Van Woudenberg (anglais, français): +44-771-166-4960 (portable) ; ou
woudena@hrw.org. Twitter @woudena.
À Madrid, Philippe Bolopion (français, anglais): +1-917-734-3201 (portable) ; ou
bolopion@hrw.org. Twitter @bolopion.

Attaque contre la manifestation d’opposition du 15 septembre

La manifestation du 15 septembre s’est déroulée au terrain Sainte-Thérèse dans la commune de N’djili à Kinshasa. Les manifestants agitaient des drapeaux des partis d’opposition sur fond de musique congolaise, et des dirigeants de partis ont prononcé des discours. Beaucoup portaient des t-shirts avec l’inscription « Non au glissement », faisant allusion aux tentatives des partisans de Kabila de laisser les élections nationales « glisser » vers une prolongation de son mandat.

Une adhérente d’un parti d’opposition qui a participé à la manifestation a affirmé à Human Rights Watch qu’elle a été attaquée par un groupe de jeunes armés de gourdins et de bâtons en bois :

Lorsque les personnes ont commencé à s’enfuir, j’ai vu de jeunes hommes poursuivre les manifestants avec des gourdins. J’ai pensé que la police allait intervenir parce qu’elle n’était pas très loin. Mais non, elle n’a rien fait. Alors que je m’enfuyais, un des assaillants s’est approché et m’a donné un coup de tête si fort que je suis tombée et j’ai perdu connaissance.

Une femme dont la jambe a été fracturée par l’un des attaquants a expliqué :

Lorsque je me suis levée pour voir comment je pourrais m’enfuir, j’ai vu un homme avec une barre en fer venir vers moi en criant : « On en a marre de vous ! » Puis il m’a frappé très fort à la jambe. Je suis tombée sur les chaises en plastique et il a continué à avancer [dans la foule].

Ce n’est que lorsque les manifestants s’en sont pris aux assaillants que la police est intervenue. Alors que les policiers transportaient des assaillants blessés, certains manifestants ont jeté des pierres sur la police, qui ne semblait pas être armée.

Un employé à la morgue de Kinshasa a raconté à Human Rights Watch que des agents de police ont amené le corps d’un assaillant décédé à la morgue et que les officiers de police ont par la suite ordonné aux employés de la morgue de ne pas toucher au corps et de n’informer personne de sa présence :

Ils nous ont dit que personne ne devait toucher le corps et que nous devions le mettre de côté. Ils ont ajouté : « Le corps appartient à l’État ; n’y touchez pas ». Ils ont même écrit sur un papier qu’ils ont disposé près du corps : « corps de l’État ». Puis des agents des services de renseignement en tenue civile sont venus à la morgue pour vérifier que les instructions avaient bien été suivies. Nous savons que ce ne sont pas des employés de la morgue, mais nous ne pouvons rien y faire.

Arrestations de leaders politiques et d’activistes

Les activistes et les leaders politiques suivants ont fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires, et certains sont jugés pour de fausses accusations, pour s’être publiquement exprimés contre une prolongation du mandat de Kabila ou pour avoir dénoncé la répression de l’année passée :

Vano Kalembe Kiboko
, un ancien membre du parlement de la coalition de la majorité de Kabila, a été arrêté le 29 décembre 2014 après avoir publiquement critiqué la répression policière violente d’une manifestation au Katanga et les tentatives visant à permettre au président Kabila de briguer un troisième mandat. Il a été conduit à la prison centrale de Kinshasa et maintenu en détention provisoire jusqu’à l’ouverture de son procès en mai dernier. Le 14 septembre, il a été déclaré coupable et condamné à trois ans de prison pour haine raciale et tribalisme et « divulgation de faux bruits ».

Ernest Kyaviro, un leader d’opposition de Goma dans l’est de la RD Congo, a été arrêté le 22 janvier pendant la semaine de manifestations dans le pays contre les modifications proposées de la loi électorale. Au lendemain de son arrestation, il a été transféré dans un centre de détention de l’Agence nationale de renseignements (ANR) à Kinshasa, où il a été détenu pendant 86 jours sans chef d’inculpation et sans recevoir la visite de sa famille ou d’un avocat. L’accès à un traitement médical lui a été refusé pendant cette période. Kyaviro a été transféré plus tard à la prison centrale de Kinshasa. Le 18 septembre, il a été jugé coupable de provocation et incitation à des manquements envers l’autorité publique et a été condamné à trois ans de prison. Le 23 septembre, l’épouse de Kyaviro a reçu des menaces par téléphone d’une personne anonyme qui lui a dit : « Nous vous avions interdit de parler aux médias, mais vous faites du bruit depuis que votre mari a été arrêté… Maintenant vous verrez bien ce qui arrivera. Nous savons où vous habitez. »

Le 18 septembre, quatre jeunes activistes de l’organisation Lutte pour le Changement (LUCHA), Trésor Akili, Sylvain Kambere, Vincent Kasereka et Gentil Mulume, ont été jugés coupables d’« incitation à la désobéissance à l’autorité » et condamnés à six mois de prison assortis de 12 mois de sursis. Ils avaient été arrêtés le 7 avril après avoir organisé une manifestation pacifique appelant à la libération de leurs collègues qui avaient été arrêtés à Kinshasa après avoir participé à un atelier pour lancer Filimbi, une plate-forme encourageant l’implication des jeunes dans le processus politique. Les quatre activistes de LUCHA ont été provisoirement libérés au bout de 22 jours.

Leurs collègues Fred Bauma et Yves Makwambala sont toujours en détention à la prison centrale de Kinshasa, pour avoir participé à l’atelier sur Filimbi. Leur procès est en cours.

Le défenseur des droits humains Christopher Ngoyi et Cyrille Dowe, un leader de parti politique, ont tous deux été arrêtés pendant les manifestations de janvier. Ils sont actuellement détenus à la prison centrale de Kinshasa, après des semaines ou des mois dans un établissement de l’ANR. Jean-Claude Muyambo, un autre leader de parti politique, a aussi été arrêté pendant les manifestations de janvier et envoyé à la prison centrale de Kinshasa. Il est détenu dans un établissement de santé à Kinshasa où il est soigné pour les blessures subies lors de son arrestation. Les procès contre Ngoyi, Dowe et Muyambo sont en cours, tous basés sur des chefs d’inculpation apparemment basés sur des motifs politiques.

Le 19 septembre, deux étudiants de l’Université de pédagogie nationale (UPN) de Kinshasa ont été libérés au bout de huit mois après avoir été arrêtés arbitrairement par des agents des services de renseignement, sans chef d’inculpation ni accès à leur famille et à des avocats. Ils ont été arrêtés en janvier alors qu’ils étaient en possession de tracts appelant à manifester contre les modifications proposées de la loi électorale.

Trois étudiants de l’Université de Kinshasa – Léon Nguwa, Joel Bokoro et Giresse Bangomisa – sont toujours en détention arbitraire dans un établissement de l’ANR. Ils ont été arrêtés en mars alors qu’ils imprimaient des tracts appelant les étudiants à se mobiliser pour soutenir un leader d’opposition, Vital Kamerhe, qui était en procès à la Cour suprême.

Un rappeur et artiste congolais, Junior Mapeki (connu sous le nom de Radek), est aussi détenu arbitrairement dans un établissement de l’ANR. Il a été arrêté en mai et interrogé sur des liens présumés avec les activistes de Filimbi et les organisations de jeunes pro-démocratie de l’Afrique de l’Ouest, Balai Citoyen et Y’En a Marre. On aurait trouvé dans son téléphone des photos de personnes tuées pendant les manifestations de janvier à Kinshasa.

http://www.hrw.org/fr/news/2015/10/06/rd-congo-les-autorites-impliquees-dans-une-attaque-contre-des-manifestants
Ida Sawyer
Senior Researcher
Human Rights Watch
+243 81 33 78 478 | +243 99 86 75 565
Twitter: @ida_sawyer
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4 Comments on “Human Rights Watch accable de nouveau le Général Kanyama et le PPRD”

  • Makutu Lidjo

    says:

    Voilà ce qu’est capable de faire une régime d’occupation comme l’a fait en son temps un pouvoir dit des congolais authentiques pendant 32 ans d’une dictature effroyable.

  • Patrick mukendi

    says:

    Les rapports c’est bien, mais il faudrait aussi déposer une plainte devant les juridictions compétente.Et en plus le statut de la cour pénale internationale donne aux ONG le pouvoir de saisine de la CPI pour ces genres des crimes. Alors qu’ est faitez-vous?

    • Monsieur Mukendi. Je vous remercie pour votre commentaire.
      Je ne sais pas si la question est posée à HRW ou a DESC qui n’est pas l’auteur de ce rapport donc ne dispose pas d’éléments pour porter plaine. On ne porte pas plainte sur la simple base d’une déclaration.
      Par ailleurs, savez-vous que DESC a lancé depuis bientôt plus de 3 mois une pétition à l’intention des massacres de Beni dont on compte constituer un dossier pénal? Certainement vous l’avez lu, mais le constate malheureusement que votre nom ne se retrouve pas parmi les signataires. C’est bien de vouloir tous le changement mais commençons chacun par faire sa part des choses au lieu de laisser aux autres. Aujourd’hui nous laissons à la communauté internationale de faire le travail (politique et pénal) pour nous pendant que nous nous querellons entre nous. Ne soyez pas surpris que demain que cette communauté internationale nous impose également des dirigeants à la tête du pays à cause de notre passivité.

      • Pierre-Anrdé

        says:

        Merci JJW

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