Le président Joseph Kabila arrivera-t-il à la fin de son mandat ?
Par Jérôme Ziambi Kengawe avec la collaboration de JJ Wondo
Cette analyse, dont les prédictions tendent se confirmer aujourd’hui , a été publiée pour la première fois le 19 décembre 2014. DESC a trouvé intéressant de la republier car elle comprend des éléments très pertinents qui permettent de montrer ce qui va vraisemblablement arriver à Kabila dans les mois à venir.
Le scénario Burkinabé peut-il se dérouler au Congo Kinshasa…les experts du Congo, en général, doutent de cette possibilité en évoquant plusieurs arguments dont, le plus évoqué ou repris, est la différence contextuelle entre les deux pays. En ignorant, le désir mimétique[1] chez les jeunes qui pourrait servir de dynamique à l’expansion et à l’accélération de ce mouvement dans d’autres pays concernés. Ce soulèvement a envoyé un message à tous les jeunes de l’Afrique que le changement est possible. Malgré le silence des média Congolais, une réaction totalement anachronique, les dirigeants Congolais ne savent-ils pas que l’internet et les réseaux sociaux permettent l’internationalisation et le sentiment d’appartenance à une même génération et à un même continent partageant les mêmes soucis.
Tous les présidents africains animés par la tentation de prolonger le nombre de mandats présidentiels au-delà de ce que les constitutions respectives de leurs pays limitaient, avaient les yeux tournés vers le Burkina qui leur servaient de « laboratoire ». Il en était, particulièrement, du Congo Kinshasa qui avait envoyé une délégation au Burkina afin de suivre le déroulement de la modification de la constitution afin d’en tirer des leçons. Malgré les dénégations des concernés, des preuves existent et qui attestent la présence de Monsieur André Atundu, cadre de la majorité présidentielle congolaise, à Ouagadougou, le jour de l’insurrection.
Ce mouvement a réveillé la conscience des africains
Quelques parallélismes contextuels
Les deux régimes se ressemblent par rapport à quelques faits, comme la manière de l’accession au pouvoir, les deux présidents sont arrivés au pouvoir grâce aux assassinats de leurs prédécesseurs qui étaient, d’ailleurs, tous les deux leurs proches[2].
Les deux présidents, tant Kabila que Compaoré, privilégient le « silence » comme moyen de communication. Malgré des marches, des sit-in, des manifestations et des grèves depuis 2011, Compaoré ne s’est presque jamais exprimé et ne s’est presque jamais adressé à son peuple. Il partage cette similitude avec Kabila, qui, depuis 13 ans qu’il dirige le Congo, ses interviews et ses interventions concernant des drames que vivent les Congolais peuvent se compter sur quelques doigts. Ces deux présidents ne s’expriment que par contrainte. Tant Blaise Compaoré que Joseph Kabila sont dans leur tour d’ivoire, alors que le pouvoir leur échappe à petite dose.
Soulignons, également, l’extrême jeunesse[3] de la population de deux pays, en particulier celui du Burkina Faso dont on connait la contribution décisive au renversement du régime de Compaoré. En effet, on ne va jamais au combat avec des vieux.
Par rapport à la société civile, et particulièrement, l’église catholique, le parallélisme est frappant. L’arrivée à la tête de l’archevêché d’Ouagadougou du Mgr Philippe Ouédraogo en 2009 a bouleversé la relation qu’entretenaient le régime et l’église. Cet archevêque a conduit l’église à prendre ses distances[4] par rapport au pouvoir de Compaoré. Il en est de même avec la R.D.C., où le divorce entre le pouvoir de Kabila et l’église Catholique[5] est consommé depuis longtemps. Le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, comme l’était son prédécesseur, le cardinal Frédéric Etsou Nzabi Bamungwabi, lui ont été toujours opposés, faisant de cette institution, la seule vraie opposition organisée au Congo.
Enfin, nous ne pouvons éviter de citer d’autres maux qui rongent l’Afrique et qu’on retrouve avec acuité au Congo-Kinshasa: la corruption, le népotisme, le chômage, la pauvreté, l’analphabétisme, la dictature, les violations massives des droits humains, les tricheries aux élections, des armées fragmentées, etc.
La démocratie est à la politique ce qu’est le médicament à la médecine. Si Au Burkina-Faso, on a trouvé le remède contre certains maux dont souffre l’Afrique. Pourquoi ne pas l’utiliser et pourquoi ne soignerait-il pas les mêmes souffrances ailleurs ?
En bref, le contexte est semblable et le scénario burkinabé est envisageable au Congo car les ingrédients[6] sont identiques dont celui particulièrement de la volonté de rester indéfiniment au pouvoir. Cependant, cela dépendra des recettes que proposera le régime congolais dans le menu qui sera présenté au peuple.
Utiliser quels artifices pour rester ?
Comme contre la rébellion du M23, le président Kabila avait préconisé l’usage de trois moyens pour les combattre à savoir le politique, le diplomatique et le militaire. En fait, il peut oublier, en partie, les deux premiers, son camp politique, tout comme l’opposition d’ailleurs, étant divisés à ce sujet. En fait, la coalition des différentes couches sociales et politiques qui sera formée contre toute révision constitutionnelle et toute velléité de prolonger la durée de son mandat au-delà des textes prévus par la constitution, lui barrera certainement, la route. Cela se traduit donc par l’absence d’une cohésion ou consensus national venant en appui au premier moyen qu’il préconise.
Du point de vue diplomatique, depuis les élections chaotiques de 2011 et son élection, dans des conditions frauduleuses, à la magistrature suprême, ses habituels alliés occidentaux[7] lui ont fait savoir que toute volonté de s’accrocher au pouvoir par quels que moyens que soient, équivaudrait à un coup de force. Nous savons combien leur soutien est essentiel à son régime qui est en sursis depuis 3 ans.
Il ne reste plus que la solution militaire, dont plusieurs signaux nous annoncent qu’elle serait la clé de voute.
Le dilemme des dispositions constitutionnelles verrouillées
Le silence du président Kabila à se prononcer sur cette question est révélateur du trouble qui règne dans son camp. En effet, il est piégé dans un dilemme qui se décline en ceci: rester au pouvoir est injustifiable et le quitter est encore pire. C’est un dilemme qui ressemble à une équation à trois inconnues dont il ne s’extirpera que difficilement.
Première inconnue : il annonce qu’il ne sera pas candidat en 2016, dans cette hypothèse, ce qui lui reste encore comme autorité s’évaporera comme une fumée face à l’opposition. En outre, il existe une crainte de coup d’état de la part de ses propres militaires, et une défection de la majorité de son camp politique. Dans cette condition, la probabilité de terminer son mandat, en 2016, semble incertaine et tumultueuse.
Deuxième inconnu : Kabila s’entête dans sa volonté de modifier l’article 220 de la constitution (qui fixe à deux le nombre maximum de mandats présidentiels) , et le proclame, en ignorant l’exemple du Burkina Faso, il plonge le pays dans une période d’instabilité dont l’issue est encore sombre. Ce bras de fer le conduira vers l’inconnu où toutes les éventualités sont prévisibles. En R.D.C., l’exemple burkinabé a refroidi, pour longtemps, les partisans de cette option dans leur cabale de modifier l’article 220 de la constitution. Tout indique que le rapport de la délégation dépêchée à Ouagadougou par la majorité présidentielle ne recommandera pas le contraire.
Troisième inconnue : il n’exprime ni le désir de partir ni celui de rester, comme l’attestent ces derniers discours à l’ Assemblée générale de l’ONU, le 25 septembre 2014, et son discours sur l’état de la Nation devant le Congrès (Assemblée nationale et Sénat réunis) du 15 décembre 2014. A l’instar de Compaoré, le silence reste le moyen de communication préféré du Raïs. Toutefois, il autorise ses collaborateurs de s’exprimer à sa place, ceux du parlement, en se servant de la constitutionnalité[8] tandis que les membres du gouvernement[9] ainsi que des personnalités de sa famille politique[10], sont chargés de révéler en des termes plus ou moins clairs son intention d’aller au-delà de 2016. En bref, cette troisième voie constitue, tactiquement, la solution la plus optimale. Elle démontre la volonté de prolonger la durée de son mandat au-delà de la limite prévue par la constitution, en entretenant le flou, la confusion et la cacophonie, en usant des argumentations fallacieuses à l’appui dont par exemple, le manque des moyens pour organiser les élections dans le délai légal, le retard dans le recensement, la création à dessein de nouveaux groupes armés pour déstabiliser, l’entretien des troubles politiques en attisant des mouvements sécessionnistes[11], fomenter le banditisme et le terrorisme urbain, etc. Le choix de cette option reviendrait à ouvrir la boite de pandore, car il générerait des situations aux conséquences désastreuses. Notamment, si le régime joue la carte de la création de mouvements insurrectionnels, l’expérience nous apprend que le diable se rebelle, généralement, contre son créateur[12].
La tentation de jouer la prolongation comme le président Laurent Gbagbo l’a faite entre 2005 et 2011, est séduisante. En fait, elle constitue l’hypothèse la plus admissible politiquement et diplomatiquement selon le pouvoir. En se justifiant par rapport au délai de mettre en place un office pour l’identification et le recensement de la population[13] et en ralentissant le travail de la CENI en la privant des moyens d’organiser les élections. D’où l’impossibilité de la CENI de publier le calendrier complet de toutes les élections et de les organiser dans les délais légaux faute des moyens financiers et du recensement complet de la population. Dans cette hypothèse, la plus facile, et non moins risquée est celle du recours à l’instrumentalisation militaire[14] et de la violence comme moyens comme appui à la politique. En fait, jusqu’à présent celle-ci semble si bien lui réussir. Cependant, il ne doit pas oublier que dans la violence, tout le monde finit par se ressembler. L’usage de la violence comme outil politique est intenable à long terme car il conduirait à l’embrasement généralisé, tous les mouvements insurrectionnels réels ou créés pour le besoin de la cause y trouveraient une occasion d’invoquer l’article 64 de la constitution[15] et de s’engouffrer dans cette brèche pour justifier toutes les atrocités. Si par malheur, le régime devient encore plus répressif et que le nombre des victimes de la répression augmente, dans ce cas, il va s’exposer aux sanctions internationales voire aux poursuites de certains de ses membres devant la cour pénale internationale[16]. Toutefois, ils doivent savoir ceci : (quel que soit le niveau de la sophistication des moyens répressifs (armée, police, renseignements) d’un régime, il finit toujours par s’écrouler.
En réalité, Kabila tablera sur l’usage pondéré[17], un mixage du politique, du militaire[18] et de la diplomatie[19] selon les circonstances, pour la prolongation de la durée de son dernier mandat avec tous les dangers du dérapage que cela comporte.
A notre avis, il s’inspirera du modèle Gbagbo qui est parvenu à rester à la tête de la Côte d’Ivoire presque un mandat supplémentaire sans être élu. Cependant, cette référence est un pari audacieux car les forces de l’ONU ainsi que la France avaient une attitude attentiste[20], la Côte d’Ivoire était divisée, militairement, en deux parties. Prendre partie ouvertement pour un camp ne valait plus la peine, car il y avait un gouvernement d’union nationale, dirigé par Guillaume SORO, en outre, Gbagbo jouissait d’une certaine popularité et il parvenait à contrôler l’appareil de l’Etat, c.-à-d., de la compétence à gérer. Cette considération n’est pas le cas de la MONUSCO[21] qui a pris ses distances par rapport au régime, du moins, sur le point de la modification de l’article 220 de la constitution.
En optant pour l’hypothèse Ivoirienne, la fin du régime Kabila ressemblerait à la combinaison du triple scénario du renversement de Compaoré, de Gbagbo et de Mobutu, c’est-à-dire d’une manière politique comme le premier et militaire comme les seconds cas[22].
Les éléments déclencheurs
Les incidents « étincelles », parfois des faits divers et insignifiants, qui ont provoqué l’embrasement et la déstabilisation des régimes se sont, habituellement, déroulés loin des capitales. Tenons à l’œil, les événements dans le Kivu et au Katanga. Souvent la capitale est le dernier verrou, la prise de celle- ci ressemble au dernier souffle d’un agonisant. Un régime ne disparait que par la prise de la capitale, siège des institutions. Cela explique la concentration des moyens que dispose le pouvoir. La chute des pouvoirs, par exemple, en Tunisie[23], Libye[24] , Syrie[25], Roumanie[26], le Burkina[27], etc.
En effet, le statu quo que Kabila veut imposer pourrait s’avérer intenable et périlleux. Depuis les élections de 2011, il ne parvient pas à gouverner, malgré le cumul et le contrôle de tous les pouvoirs et de toutes les institutions de l’Etat, une majorité parlementaire, tous les gouverneurs sont de son obédience, et même la justice. D’où la solution de l’accord cadre d’Addis-Abeba[28] qui lui impose, de facto, la mise sous tutelle de Congo Kinshasa. Cette situation illustre son illégitimité. Car n’étant plus à mesure de garantir la stabilité des institutions malgré le contrôle de tous les instruments de l’état grâce aux nominations de ses affidés à la tête de tous les postes. Cet accord cadre d’Addis-Abeba vecteur de la mise sous tutelle, le rend plus vulnérable que ne l’était Compaoré[29]. Ce dernier était considéré comme un élément stabilisateur dans le Sahel, région en proie à l’expansion djihadiste[30], nouvelle menace pour l’occident. Quiconque connait l’importance que donnent les occidentaux à cette menace, n’hésiteraient pas à conclure qu’aucun président africain ne peut plus se prétendre d’un soutien indéfectible des occidentaux, en l’absence de la légitimité et du respect des cadres légaux.
Tenant compte de tous ses échecs, Monsieur Kabila essaierait de propulser un membre de sa majorité politique. Le profil serait un politique qui s’est prononcé contre la révision constitutionnelle mais qui lui est demeuré fidèle. Tenant compte de ces critères, Pierre Lumbi, le président du MSR ainsi que son conseiller, correspond au profil du candidat.
L’armée fait-elle partie des forces en place ?
Les FARDC sont une armée fragmentée et faible[31], constituée de milices répondant à d’autres considérations et à d’autres critères que militaires. Toutefois, le président Kabila peut compter sur sa Garde républicaine dont il vient de restructurer le commandement et de renforcer par une nouvelle dotation en armement. Depuis quelques années, nous constatons que la Garde républicaine est déployée en première ligne contre tous les événements se déroulant à Kinshasa[32], en lieu et à la place de la Police nationale. Et A cet égard, les milices ont souvent, montré, leurs limites à préserver un pouvoir de l’écroulement (cas des Interhamwe et FDLR au Rwanda). Il n’y a que les forces armées à caractère républicain qui sont capables de défendre un Etat et ses institutions, malheureusement, elles sont impuissantes à sauver un homme et son régime. Sun Tzu disait qu’il est plus avantageux de manœuvrer avec une bonne armée qu’avec un corps éparpillé et indiscipliné. Or la garde républicaine, ressemble aujourd’hui à s’y méprendre à la défunte DSP de Mobutu. D’ailleurs, plusieurs officiers de cette garde prétorienne ont menacé récemment de démettre Kabila.
Les mercenaires Rwando-Ougando-Tanzaniens sur lesquels le régime Kabila compte pour se maintenir au pouvoir constituent également une option téméraire et moins efficace. Qu’il se souvienne de l’échec patent des rwandais en 1998 devant la porte de Kinshasa. Car tous les penseurs des questions stratégiques militaires et l’histoire nous apprennent qu’une armée quelle que soit sa puissance ne peut résister ou évoluer avec succès dans un milieu hostile (récemment les Etats-Unis en Irak). Par ailleurs, l’utilisation des mercenaires n’augure rien de convenable et durable car sans soutien populaire, une guerre est perdue d’avance. On l’a vu avec les F.A.Z. (Forces Armées Zaïroises) houspillées par la population. Celui qui s’engage dans une guerre, s’engage à exposer sa vie. On s’engage dans une guerre et on accepte de mourir ou de verser son sang pour la patrie et les institutions républicaines de son pays parce qu’on aime son pays et le pays (ou la patrie) est devenu une valeur sacrée (in Les armées au Congo-Kinshasa). Pour quelle cause sacrée les mercenaires rwando-ougando-tanzaniens sacrifieront-ils leurs vies ? Déjà plusieurs sources crédibles et concordantes à Goma nous a apprennent que les soldats brigade d’intervention de l’ONU que l’on croyait venir protéger les Congolais « bakoti na jeu ya business » (se lancent à leur tour dans le business) comme les autres. Ils ne s’empressent plus à aller au front pour se battre et faire cesser l’insécurité de peur d’écourter leur mission à l’eldorado oriental congolais.
Certes, nous n’ignorons pas les inquiétudes du président Kagamé qui connait, pertinemment bien, que la chute de Joseph Kabila le mettrait lui, ainsi que son régime, en très grande difficulté.
Que ferait la MONUSCO[33] si la situation sécuritaire et des droits de l’homme se dégradent? Compte tenu des expériences passées, nous doutons de son intervention quand la soldatesque en arriverait à tirer sur la population. Le cas le plus flagrant étant son immobilisme durant les journées précédant les élections présidentielles de novembre 2011, face à la Garde républicaine. La MONUSCO a contemplé cette milice[34] en train de massacrer allègrement la population kinoise en pleine journée et devant les caméras des journalistes du monde entier. Certes, il existe un rapport[35] mais on aurait évité de le rédiger si les forces des Nations Unies avaient été actives et fermes.
Enfin, que demandaient les Burkinabé? Et qu’exige le peuple Congolais? La réponse est simple et claire : Pas un mandat de plus pour Kabila au-delà de la limite constitutionnelle en décembre 2016.
Qu’on se le dise, le Burkina et le Congo Kinshasa sont similaires car rongées par les mêmes maux. Chaque pays comporte certes sa propre spécificité sociopolitique liée aux réalités nationales intrinsèques, cependant, les causes profondes de la crise, la conjoncture politique internationale, les statuts politiques des acteurs en jeu et le fonctionnement de deux systèmes (Déficit démocratique – Des réformes sociales en trompe-l’œil avec des changements sans évolution sur le vécu des citoyens – Crise de légitimité – Absence d’une justice sociale redistributive – Gouvernance ethno-clientéliste – La grogne au sein de l’armée) restent invariablement similaires. Le fait d’envoyer des personnes, en l’occurrence André Atundu, pour suivre le déroulement de la modification de la constitution à Ouagadougou n’est pas anodin. L’échec de Compaoré a obligé le pouvoir à Kinshasa à revoir sa stratégie. Toutefois, celle-ci est vaine, sans un engagement clair de la part du président Kabila de quitter le pouvoir en 2016, le Congo-Kinshasa rentrera dans une zone de turbulence où l’issue sera fatale. Car toutes les hypothèses citées ci-dessus sont conflictogènes.
Jérôme Kengawe Ziambi (avec la collaboration de JJ Wondo)/ Exclusivité DESC
Sur la même thématique : Autopsie des causes de la Révolution citoyenne burkinabé et itinérance avec la RDC ? :
http://afridesk.org/autopsie-de-la-revolution-citoyenne-burkinabe-j-ziambi-k-jj-wondo/
[1] Le désir mimétique est une théorie unitaire élaborée par René Girard exploitant un seul et même mécanisme, l’imitation, pour expliquer un grand nombre de phénomènes humains.
[2] Il s’agit des présidents Thomas Sankara et de Laurent-Désiré Kabila, assassinés dans des conditions troubles, respectivement, en 1987 et en 1991, le premier fut l’ami intime de Compaoré et le second était le père de Joseph Kabila. La particularité étant que leurs meurtres ont permis et facilité leurs accessions au pouvoir.
[3] Selon le rapport de la dernière enquête démographique et de santé (Eds-Rdc) 2013-2014, 61% de la population du Congo est âgé de moins 20 ans et dans cette catégorie, 52% a moins de 15 ans. On retrouve la même proportion dans la population Burkinabé. http://www.statistiques-mondiales.com/burkina_faso.htm.
[4] Dans une longue lettre pastorale, les évêques du Burkina ont estimé que la gouvernance du pays est « de plus en plus déconnectée de la réalité et de l’éthique sociale », alors que le débat enfle sur la succession http://news.aouaga.com/h/11206.html.
[5] Lettre pastorale des Evêques s’opposant à la révision de la Constitution, « danger pour la stabilité du pays » http://www.fides.org/fr/news/38453-AFRIQUE_RD_CONGO_Lettre_pastorale_des_Eveques_s_opposant_a_la_revision_de_la_Constitution_danger_pour_la_stabilite_du_pays#.VGki4aKuqFF
[6] La volonté de modifier la constitution pour rester au pouvoir, la misère, la corruption, la dictature, la jeunesse, etc.
[7]– « Nous vous conseillons vivement qu’il y ait un calendrier électoral global avec les élections présidentielles au plus tard à la fin de 2016, et (qu’il devrait y avoir) aucune tentative de toucher à l’article non modifiable de l’article 220 « , a déclaré l’envoyé spécial américain Russ Feingold.
– C’est une déclaration-choc de John Kerry, en visite à Kinshasa : le président Joseph Kabila ne doit pas briguer en 2016 un troisième mandat présidentiel, interdit par la Constitution congolaise. « Je crois que [le président Kabila] a clairement en tête le fait que les Etats-Unis d’Amérique sont intimement convaincus que le processus constitutionnel doit être respecté », a déclaré John Kerry à l’issue d’une rencontre avec le président congolais, à Kinshasa.
http://linkis.com/reut.rs/RbNVw
Labille le ministre belge de la Coopération au développement invite Kabila à « respecter la Constitution » http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/1877680/2014/05/06/Labille-invite-Kabila-a-respecter-la-Constitution.dhtml
L’UE promet de « continuer à suivre le processus électoral de très près » http://afrique.kongotimes.info/rdc/rdc_elections/7267-elections-2016-rdc-ue-trace-etats-unis-union-europeenne-hausse-delai-butoir-novembre.html.
[8] La Déclaration de Aubin Minaku à la rfi: «Le président Kabila partira après les prochaines élections» mais il ne précise pas quand http://www.rfi.fr/afrique/20131011-aubin-minaku-president-kabila-partira-apres-elections-rdc/
[9] Kin-Kiey Mulumba crée «Kabila Désir» pour soutenir la vision du chef de l’Etat. http://radiookapi.net/actualite/2014/07/31/rdc-kin-kiey-mulumba-cree-kabila-desir-pour-soutenir-la-vision-du-chef-de-letat/
[10] Le PPRD est favorable à la révision constitutionnelle, selon Evariste Boshab http://radiookapi.net/actualite/2014/07/29/rdc-le-pprd-est-favorable-la-revision-constitutionnelle-selon-evariste-boshab/
[11] Par exemple, les Bakata Katanga, les Bundu dia Kongo dans le Bas Congo, l’irrédentisme rwandais, le projet politique de Kagamé de réunir tous les rwandophones dans un même pays, souvenons-nous de tous ses mouvements armés RCD, CNDP, M23, etc. qu’il a créés. Enfin, l’activation de centaines de groupes armés qui essaiment toute la partie est du Congo depuis 20 ans…
[12] Al Qaida créé par la CIA pour lutter contre l’union soviétique en Afghanistan, le hamas créé par Israël pour contrer le Fattah de Yasser Arafat, etc. leurs caractéristiques communes, ils se sont rebellés contre leurs créateurs.
Les différentes rebellions à l’est de Congo-Kinshasa ont été des créations du pouvoir Kabiliste, l’émanation de l’AFDL : CNDP, M23, etc. qui se sont rebellés contre leur créateur. L’exemple de Lauret NKunda est flagrant, quand il ne défendait que sa communauté et leur territoire revendiqué, il était toléré mais à partir du moment où son discours a changé et devenait plus national, il est devenu gênant et il fallait l’arrêter.
[13] Le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, a promulgué le jeudi 15 octobre 2014 trois ordonnances portant respectivement nomination des membres de conseil d’administration, d’un directeur général et de deux directeurs généraux adjoints de l’Office national d’identification de la population(ONIP) ainsi que du Secrétaire général du Conseil économique et social. http://acpcongo.com/acp/nomination-des-animateurs-de-loffice-national-didentification-de-la-population-onip/
[14] Après la passe d’armes diplomatique entre la RDC et la communauté internationale, un impressionnant défilé militaire dissuasif le 30 juin ? http://afridesk.org/scoop-apres-la-passe-darmes-diplomatique-kabila-exhibe-ses-muscles-ce-30-juin-desc/
[15] Selon cet article, Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le
pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution.
Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction
imprescriptible contre la nation et l’Etat. Elle est punie conformément à la loi.
[16] De nombreux hauts gradés des FARDC et de la PNC sont, nommément, cités dans plusieurs rapports soit des nations unies soit des organisations des droits de l’homme bien documentés pour des graves violations de droits de l’homme. Le dernier rapport concernant l’opération « likofi » publié le 15 octobre 2014 par les Nations Unies, confirme cette brutalité et la possibilité des poursuites de certains auteurs devant la cour pénale internationale.
[17] Correspondant à l’utilisation du bâton et de la carotte.
[18] Restructuration des FARDC et retour en force du Général Amisi http://afridesk.org/scoop-desc-immininence-dune-restructuration-des-fardc-et-retour-en-force-du-general-amisi-jj-wondo/
[19] http://afridesk.org/desc-investigation-loffensive-diplomatique-discrete-gagnante-de-kabila-aux-usa/
[20] L’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) et la France ont attendu jusqu’aux élections pour le coup de force contre le président Gbagbo
[21] L’ONU estime que la République démocratique du Congo (RDC) a besoin d’un président « très fort et légitime » et est prête à soutenir le cycle électoral devant mener à la présidentielle de 2016, à condition que la Constitution du pays soit respectée. http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/2057110/2014/09/20/La-RDC-a-besoin-d-un-president-tres-fort-et-legitime.dhtml.
[22] Un adage congolais dit Nzete ba matelaka kaka nzete bakitelaka, qui signifie ce qui t’a élévé, c’est ce qui va te faire descendre aussi.
[23] L’immolation par le feu de Mohamed Bouazizi, jeune marchand de rue à Sidi Bouzid en 2010
[24] La contestation éclate à Benghazi le 15 février 2011
[25] Manifestations dans le sud, surtout à Deraa
[26] Affaire des charniers de Timișoara
[27] La mort suspecte Le 20 février 2011, d’un jeune élève Justin Zongo à Koudougou, troisième ville du pays, qui a mis le feu aux poudres, suivi par les mutineries de l’armée. Depuis 2011 le pays était déjà en ébullition.
[28] Engagement à reformer le secteur de sécurité, consolider l’autorité de l’état, à promouvoir : l’économie, la reforme institutionnelle des institutions de l’état, la démocratisation. L’accord a prévu des mécanismes de suivi externes, ce qui hypothèque la souveraineté du Congo
[29] Le régime Compaoré a joué un rôle essentiel en Afrique de l’Ouest et dans la résolution des crises et des libérations des otages occidentaux aux mains islamistes dans l’espace Sahelo-Saharien.
[30] Le Mali, le Niger, le Tchad, La Libye, La Mauritanie, le sud algérien avec le groupe AQMI et le Nigeria Boko Haram et Ansaru. Un arc djihadiste qui va de la Mauritanie à la Somalie….
[31] Report on SSR in the Congo », publié le 18 Novembre 2010, Oxfam déclarait ce qui suit à propos de la Réforme des Services de Sécurité en RDC : « Ni les bailleurs de fonds étrangers et ni le gouvernement congolais ne semblent très sérieux au sujet de la réussite de la RSS en RDC. Les autorités Congolaises sont réticentes à prendre les mesures nécessaires pour réformer les services de sécurité, préférant une faible armée fragmentée…» in http://afridesk.org/genese-et-bref-apercu-de-la-loi-organique-portant-organisation-et-fonctionnement-des-fardc-jj-wondo/
[32] Les déploiements de la GR pendant les manifestations des élections de 2011, la prise de la RTNC par les adeptes du pasteur Mukungubila le 30 decembre 2013, etc.
[33] Suivant la résolution 1925 du Conseil de sécurité du 28 mai 2010 La MONUSCO est autorisée à recourir à tous les moyens nécessaires pour mener à bien son mandat concernant, entre autres, la protection des civils, du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme immédiatement menacés de violence physique, ainsi que le soutien du Gouvernement de la République démocratique du Congo dans ses efforts de stabilisation et de consolidation de la paix. http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/monusco/mandate.shtml.
[34] « Nous avons reçu plusieurs comptes rendus décrivant la Garde républicaine tirant à balles réelles sur les foules, et d’individus détenus arbitrairement soumis à la torture », a déclaré Navi Pillay. « Les autorités doivent s’assurer que des enquêtes soient menées sur ces violations graves des droits de l’homme, que les auteurs soient traduits en justice, et que ceux qui sont encore détenus illégalement soient libérés sans délai ». http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/monusco/mandate.shtml
[35] http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/monusco/mandate.shtml
2 Comments on “Spéciale DESC : Le président Joseph Kabila arrivera-t-il à la fin de son mandat ? – Jérome Ziambi K./JJWondo”
BRUNO KASONGA NDUNGA MULE
says:Félicitation pour cette belle analyse prospective. Sans exagérer, elle pourrait devenir une référence dans l’élaboration d’une opinion sur le proche futur du pays. D’autre part, j’aurais souhaité que soit développée dans les cas d’instrumentalisations militaires, le cas de Mobutu qui avait cru bon d’ordonner les pillages espérant déstabiliser la société. Cette situation s’est retournée contre lui. Il a été carrément rejeté par touts les chancelleries occidentales et africaines dont les ressortissants avaient été des victimes innocentes. Personnellement, je suis d’avis sur base des données développées dans l’article et sur l’environnement général qui accompagne la gestion du dossier Moïse Katumbi, que Joseph Kabila quittera le pouvoir d’une manière anticipée. Qu’il y veuille ou pas!
kongolibre
says:Bel exercice du compatriote Jérôme Ziambi Kengawe. On devrait lui reconnaitre une certaine mérite. Cependant, comme souvent, l’africain s’autocensure ou ignore les vrais enjeux.
====-Le compatriote écrit: Depuis les élections de 2011, il (Kabila) ne parvient pas à gouverner… D’où la solution de l’accord cadre d’Addis-Abeba[28] qui lui impose, de facto, la mise sous tutelle de Congo Kinshasa. Cette situation illustre son illégitimité (…) Cet accord cadre d’Addis-Abeba vecteur de la mise sous tutelle, le rend plus vulnérable que ne l’était Compaoré[29].====
1-Si la RDC est sous-tutelle, cela ne date pas de 2011, mais plutôt de l’accord de siège lors de l’envoie de la Monuc. Elle le sera encore très probablement avec une classe politique de « gros garçons ».
2- Prenons que la RDC a été mise sous-tutelle puisque Kabila serait illégitime, en 2006, l’Union européenne a envoyé un contingent EUFOR RDC sous commandement Allemand pour s’assurer que la « victoire de Kabila ne soit pas contestée ». Mbemba a été envoyé en taule même après avoir avoir accepté l’inacceptable et sa milice dispersée. On peut remonter plus loin, à l’assassinat de Mzée Kabila (USA) qui a projeté Joseph à son poste actuel la première fois. Dans tous ces cas, les acteurs (y compris Jo Kabila) et le peuple congolais sont des acteurs mineurs.
3- Cela reste vrai même dans le contexte du Burkina. Compaoré a été jeté à la rue lorsque le dictateur a achevé sa durée de vie utile aux yeux de la France (Hollande le lui avait expliqué par écrit svp), la France qui a tué Sankara et a maintenu au pouvoir Compaoré pendant si longtemps. La rue s’est ruée sur le dictateur « déchu », mais n’a pas pesé lourd dans le choix son remplacement a été (il faut s’y attendre) une affaire des faiseurs de Rois (les mêmes). La rue africaine, essentiellement des jeunes qui ignorent que l’essentiel est de placer LE NOUVEAU PRESIDENT (ELECTION CREDIBLE) ne seront pas des vecteurs de changement réel car le souverain qui les commande est ailleurs.
Le Congo est fragile! Dans ce contexte le scénario le plus probable de la part du pouvoir de Kinshasa est celui à la Putine. L’alternance (dans le sens que notre opposition la présente comme le fait de remettre le pouvoir à l’opposition) n’est pas prévue dans notre constitution. Mais les faiseurs de Rois eux la pratique souvent (bonnet blanc, blanc bonnet). L’opposition semble consciente de cette réalité.