Jean-Jacques Wondo Omanyundu
GÉOPOLITIQUE | 11-08-2014 10:39
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Dossier spécial : Obama, après le sommet Etats-Unis – Afrique, quid now ? – JJ Wondo

Auteur : Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Obama, après le sommet USA-Afrique, quid now?

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le sommet le plus attendu de l’année pour les africains, le sommet Etats-Unis – Afrique, annoncé historique par le président américain, Barack Obama, a vécu. C’est depuis le 6 août que les lampions se sont éteints à Washington. L’heure est au bilan dans les états-majors des délégations présidentielles africaines ayant fait le déplacement à Washington pour évaluer les retombées diplomatiques de cette grande messe. Il en est de même au niveau des opinions publiques nationales respectives des Etats africains où les commentaires et les évaluations vont dans tous les sens.

Annoncé comme étant le sommet à la fois de tous les dangers pour la pléiade des présidents autocrates africains mordus par la tentation irrésistible de violer les dispositions constitutionnelles afin de se maintenir au pouvoir à tout prix et de tous les enjeux pour par plus d’un observateur et les populations africaines, qu’en est-il exactement ? Pourquoi ce sommet ? Comment interpréter le signal diplomatique lancé par Obama ? Que compte-t-il réellement mettre en place ? Quelles retombées pour l’Afrique et ses populations ? Que retenir de ce sommet, sans précédent, qui a réuni à la Maison Blanche les 5 et 6 août prochains à Washington les dirigeants de 47 pays africains sur 54 états que compte le continent ? Etc. Telles sont les questions auxquelles DESC tente de répondre brièvement dans cette analyse.

Le sommet Etats-Unis – Afrique ayant dominé  l’actualité de la semaine écoulée, nous ne publierons pas notre revue de presse hebdomadaire de debut de  semaine.

KabilaKerry
Est-ce un sommet-spectacle de trop pour se donner une bonne conscience ?

Obama a qualifié le sommet du 5 au 6 août du « plus grand rassemblement qu’un président américain n’a jamais organisé en annonçant devant 500 jeunes : «  j’accueillerai un vrai événement historique, le sommet des dirigeants américains et africains. (…) Il s’agira du plus grand rassemblement qu’un président américain n’a jamais organisé avec les chefs d’Etat et de gouvernement d’Afrique ».

Un sommet axé sur le renforcement des liens avec la région africaine très dynamique, par, le renforcement du partenariat en matière de commerce et d’investissement, y compris l’engagement des pays africains pour la sécurité et la gouvernance démocratique en vue de la stabilité en Afrique, dit-on. Mais qu’apporte-t-il de nouveau par rapport aux précédentes rencontres multilatérales entre l’Occident et l’Afrique depuis plus de cinquante ans lorsqu’on constate que ces deux thématiques sont restées d’actualité depuis l’accession des Etats africains à l’indépendance, comme si rien ne s’était passé ?

Notons que ce sommet succède, en l’espace de neuf mois, au sommet franco-africain du 5 décembre 2013 à l’Elysée axé particulièrement sur le volet sécuritaire et économique, et au 4ème Sommet UE-Afrique qui s’est tenu à Bruxelles les 2 et 3 avril 2014. Ce dernier sommet avait réuni plus de 60 dirigeants africains et européens, et 90 délégations au total, pour débattre de l’avenir des relations entre l’UE et l’Afrique et renforcer les liens entre les deux continents autour du thème « Investir dans les personnes, la prospérité et la paix« . Un sommet qui s’est finalement avéré être un sommet-effet d’annonce sur-médiatisé qui n’a accouché d’aucune mesure concrète de choc devant secouer les vieux démons de la mal gouvernance et ode l’autocratie africaine. Cinq mois plus tard, tout semble rentré dans les tiroirs de l’oubli. Entretemps, le déplacement des fortes délégations présidentielles avec leurs tiroirs-caisses ont reboosté quelque peu le secteur du luxe des pays hôtes en ces temps d’austérité économique en Occident. C’est toujours bon à savoir lorsqu’on sait ce que rapportent à ce secteur les extravagances de l’épouse du président autocrate camerounais Paul Biya!

De toute façon, comment pouvait-il en être autrement avec une Union Européenne (UE) qui perd inexorablement son influence géostratégique d’antan ? L’UE qui doute d’elle et s’introvertit, se recentre et se renferme sur elle-même car préoccupée par sa survie politique et éco-financière. Une Europe politiquement inachevée, diplomatiquement atone (parfois dissonante) et encore otage de la conception centrifuge des États-nations incarnée par l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, où chaque État tient mordicus à sa politique nationale de défense et de sécurité. Une UE dont la politique de sécurité et de défense (PESD) bat de l’aile et se montre incapable d’assumer la défense commune de ses États et de leurs intérêts communs en dehors de sa zone géographique. Une UE encore arrimée à l’OTAN qui la pouponne militairement. Une Europe qui devient un nain militaire sur le plan mondial et dont la doctrine militaire axée sur la culture de paix a pris le pas sur la culture de combat. Une UE reléguée sur le plan économique derrière la Chine et les Etats-Unis et recluse à jouer un rôle secondaire dans la définition de l’ordre politique mondial comme c’est le cas en Ukraine.

Mutatis mutandis, au vu des maigres retombées politiques du sommet UE, o, serait tenté d’avancer que le sommet exceptionnel voulu Obama suivra la même logique que le sommet UE-Afrique. Un sommet vraisemblablement inutile, se limitant à raffermir les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique, juste pour se donner une bonne conscience et être inscrite dans les manuels d’histoire, disent a plupart des analystes africains.

Pourquoi ce sommet et pour quoi faire ?

Barack Obama, né aux Etats-Unis d’une mère américaine et d’un père kényan, avait lancé l’idée de ce sommet fin juin 2013 lors du volet sud-africain d’une tournée qui l’avait aussi mené au Sénégal et en Tanzanie. Lors d’un discours au Cap, il avait dit souhaiter « ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les Etats-Unis et l’Afrique » en annonçant ce sommet, le premier du genre. 

Derrière l’alibi du renforcement de la présence diplomatique américaine en Afrique, c’est « l’Afrique utile » économiquement qui intéresse d’abord Obama pour contrer la Chine. Contrairement aux attentes exubérantes de plusieurs africains, il s’agissait avant tout d’un sommet à vocation économique visant à renforcer les relations économiques entre l’Afrique et les Etats-Unis qui veulent se poser en premier partenaire économique du continent et ainsi contrer l’influence chinoise. C’est ce qu’ a annoncé Obama auprès de jeunes : « Le sommet mettra l’accent sur la manière dont nous continuerons de bâtir un nouveau modèle de partenariat entre l’Amérique et l’Afrique, un partenariat égalitaire, qui se concentre sur votre capacité d’accroître l’opportunité, de renforcer la démocratie et de promouvoir la sécurité et la paix ». Son discours vient de confirmer ses propos tenus un an auparavant en TanzanieBarack Obama a justifié sa tournée africaine en ces termes : « Je l’ai dit à travers l’Afrique, nous envisageons un nouveau modèle qui ne soit plus seulement basé sur l’aide et l’assistance mais sur le commerce et le partenariat… Le but ultime est que les Africains construisent l’Afrique, pour les Africains. Et notre travail est d’être un partenaire dans ce processus ».

En 2013, les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine ont totalisé 210 milliards de dollars, plus du double de ceux entre les Etats-Unis et le continent (85 milliards). Les Etats-Unis, première économie du monde, sont seulement le troisième partenaire économique de l’Afrique, après l’UE – dont plusieurs membres ont des liens postcoloniaux avec des pays africains -, et la Chine, devenue boulimique des ressources naturelles du continent. En outre, les grands projets menés par la Chine en Afrique éclipsent largement les efforts américains plus discrets, selon des analystes. (Libération, 3 août 2014)

Face à la percée de la Chine et d’autres puissances émergentes, les conseillers économiques de Barack Obama l’ont exhorté à renforcer la présence diplomatique américaine sur le continent. Au début de sa tournée, Barack Obama avait cependant cherché à minimiser les rivalités entre investisseurs étrangers en Afrique, estimant qu’il n’y avait pas de « guerre froide » en cours sur le continent. Pourtant, bien avant lui, l’Administration Bush avait dans le document portant sur la stratégie de sécurité nationale publié en 2006 émis ouvertement des craintes sur la percée de la Chine en Afrique en ses termes : « les chinois développent le commerce, mais agissent comme s’ils pouvaient en quelque sorte verrouiller l’approvisionnement énergétique de par le monde ou chercher à diriger les marchés plutôt qu’à les ouvrir, comme s’ils pouvaient appliquer un mercantilisme d’une époque discréditée et soutenir des pays riches en ressources naturelles sans tenir compte des écarts de conduite de ces régimes en matière de politique intérieure ou de leur mauvaise conduite à l’étranger ».

Cette critique met en relief l’émergence de la Chine comme un acteur déterminant sur la scène économique mondiale, avec sa demande apparemment inépuisable de matières premières. Elle souligne également selon notre observation, le défi de taille pour les USA et les pays occidentaux qui comptent également sur l’Afrique, notamment la RDC, pour les approvisionner dans beaucoup de ces secteurs. Cela pourrait fortement influencer les relations sino-américaines, qui pourraient connaître un tournant décisif en Afrique, à la lumière de cette analyse de Drew Thompson (Directeur de China Studies et de Starr Senior Fellow au Center for the National Interest à Washington, D.C) : « Les Etats-Unis pourraient voir en la Chine un concurrent et s’intéresser de plus en plus au développement progressif des sphères d’influence chinoises. Dans le même temps, la Chine pourrait interpréter les efforts américains pour promouvoir la stabilité et la démocratie en Afrique comme des entraves à l’accès aux matières premières et une volonté de freiner son prétendu développement pacifique ». (JJ. Wondo : La RDC otage des enjeux géostratégiques, http://www.congoforum.be/fr/analysedetail.asp?id=174007&analyse=selected).

Depuis l’adoption en 1996, au Congrès américain, de l’ « African Growth and Opportunity Act » (AGOA) définissant le cadre légal de la libéralisation et l’exonération des taxes pour 6400 produits africains sur le maché américain, les USA ciblent plus que jamais des pays en fonction de leurs intérêts économiques, politiques et stratégiques sur le continent et non en fonction de leurs performances démocratiques ou économiques : « L’Afrique utile et rentable».

http://www.sarpn.org/documents/d0000808/images/fig1.gif

Le tableau des échanges de l’AGOA,  il y a dix ans. Les choses ont peu changé depuis, à part le volume de ces échanges dont la teneur a peu évolué. On constate clairement qu’il s’agit avant tout de s’approvisionner à faible coût d’hydrocarbures et de ressources naturelles, ce qui n’a aucun effet stimulant sur la demande locale et les industries durables. (in http://briseurdecliches.over-blog.com/article-l-afrique-champ-de-bataille-d-un-choc-asymetrique-des-civilisations-120528712.html)

Aider l’Afrique ou conscientiser sa jeunesse à se prendre en charge?

Tel est le vœu pieux émis par tous les dirigeants occidentaux depuis l’accession des Etats africains à leur indépendance respective, sans que la situation des populations dans la majorité de ces Etats ne s’améliore au quotidien, malgré la croissance économique trompeuse affichée par les statistiques. Une mascarade à l’aide au développement, comme le souligne le professeur Theodore Trefond, analysant le cas d’école de la RDC dans un ouvrage déjà signalé et surtout recommandé par DESC. Barack Obama n’a pas dérogé à cette règle des déclarations politiques de bonne intention en déclarant : « C’est une bonne chose que la Chine, l’Inde, la Turquie et d’autres pays, comme le Brésil, prêtent de plus en plus attention à l’Afrique,» avait-il assuré. «Il y a un marché mondial et, si les pays qui sont en train de devenir des pays à revenus moyens considèrent qu’il y a des opportunités pour eux en Afrique, cela peut potentiellement aider l’Afrique ».

Cependant, à la différence européenne, Obama interpelle et veut responsabiliser les africains, surtout leur jeunesse, à toujours à poser plus de questions aux investisseurs étrangers, estimant «important que les Africains s’assurent que ces interactions sont bonnes pour l’Afrique». C’est ce qu’il a rappelé lors de sa rencontre avec les jeunes ce 28 juillet sur le thème évocateur : « Investir dans la prochaine génération ».

Est-ce pour lui de disqualifier les actuels leaders africains et d’appeler un nouveau départ avec la nouvelle génération ? C’est ce que l’on peut relever de son discours envers la jeunesse, selon ce que rapporte RFI : « Une des choses que je trouve très intéressantes, c’est de voir à quel point les jeunes africains ne réclament pas d’aide, pas d’argent. Ils veulent savoir comment créer des opportunités grâce à entrepreneuriat et au commerce. Car si vous voulez un développement sur la longueur, la clé est de maîtriser vous-même ce qui est produit pour ensuite pouvoir échanger avec les autres pays du monde d’égal à égal. » Monter une entreprise sans capital de départ est difficile, a reconnu le président américain.

Les investissements en Afrique vont trop souvent à ceux qui sont déjà au sommet, pour leurs entreprises ou pour leur enrichissement personnel, a déploré Barack Obama. « Les jeunes doivent demander beaucoup à leurs dirigeants, leur niveau d’attente doit être élevé. Et ne vous laissez pas duper par la notion selon laquelle il y aurait une voie africaine. Non. Faire les choses « à l’africaine », ce n’est pas arriver au pouvoir et, d’un coup, avoir deux milliards de dollars sur un compte en banque en Suisse », a-t-il dit. Barack Obama, enfin, a invité les jeunes à ne pas chercher d’excuses, s’il a reconnu le poids de la dette et l’héritage de certaines pratiques coloniales néfastes, elles ne sont pas, selon lui, le principal frein au développement et à entrepreneuriat sur le continent.

Des mots qui, selon DESC, confirment le discours de Barack OBAMA prononcé à Accra, au Ghana, le 11 juillet 2009. Un discours qui, pour nous, constitue une feuille de route pour le continent dans la nouvelle doctrine géopolitique africaine des Etats-Unis que veut imprimer Obama. A Accra, le président américain a déclaré : « Un pays ne peut créer de richesse si ses leaders exploitent l’économie pour s’enrichir eux-mêmes… Personne ne veut investir dans un pays où le gouvernement accapare des commissions de 20%… Avec une meilleure gouvernance, je ne doute pas que l’Afrique tient une promesse : celle d’une prospérité plus partagée… Le continent est riche en ressources naturelles. . .. La dépendance aux matières premières – ou les économies basées sur une seule exportation – ont tendance à concentrer la richesse dans les mains d’une minorité et à rendre les peuples trop dépendants de la conjoncture. « Mais ces choses peuvent être réalisées si et seulement si vous devenez responsables de votre avenir. Cela ne sera pas facile. Cela demandera du temps et des efforts. Il y aura des souffrances et des retours en arrière. Mais je peux vous promettre une chose : l’Amérique sera avec vous à chaque pas que vous poserez – en tant que partenaire, en tant qu’ami. L’opportunité ne viendra pas d’ailleurs. Elle viendra des décisions que vous prendrez, des choses que vous ferez, de l’espoir que vous aurez dans votre cœur. »

Un sommet axé sur la sécurité et la gouvernance démocratique en vue de la stabilité en Afrique

Mais la deuxième préoccupation des Etats-Unis, depuis les attentats du 11 septembre 2001, demeure fondamentalement sécuritaire. Pour Obama, « la sécurité, la prospérité et la justice que nous recherchons dans le monde ne peuvent se réaliser sans une Afrique forte, prospère et autonome ».

Le volet économique lié aux ressources naturelles stratégiques que possède l’Afrique à foison et à profusion reste intimement indissociable à la sécurité. Les études socio-politiques montrent une forte corrélation entre l’insécurité et le sous-développement en Afrique. Et comme nous ne cessons de le prêcher souvent, nous référant au polémologue britannique Barry Buzan, il n’y a pas de développement dans un environnement sécuritaire instable. Les Etats les plus développés sont aussi les plus stables et puissants militairement. A l’opposé, un Etat sous-développé présente plus de risques d’être confronté à de graves conflits (armés) internes. Ainsi, la réforme des services de sécurité est une condition nécessaire pour la démocratisation et le développement. (in Les Armées au Congo-Kinshasa).

L’Absence de progrès socio-économiques cumulé avec l’absence de mécanismes de répartition équitable de la richesse, l’absence d’institutions politiques stables et la grande fragilité des structures étatiques sont des facteurs belligènes dans des Etats pauvres et un frein pour leur développement. Durant les années 1990, on a dénombré 65 des 79 conflits armés qui se sont déroulés dans des pays sous développés (dont plus de 20 conflits au sein des pays au bas de l’IDH. A ce propos, on peut remarquer que les pays au bas des échelles de l’IDH 2013 (Burundi, Guinée, RCA, Mali, Tchad, Niger, RDC) ; de l’Indice Mo Ibrahim 2013 (Zimbabwe, Tchad, RCA, Erythrée, RDC, Somalie) et de l’indice Doing Business 2014 (RDC, Erythrée, Congo-B, Sud-Soudan, Libye, RCA, Tchad) ont été logiquement confrontés à un conflit armé durant ces dernières années. Et comme j’aime à le souligner : « On ne peut parler d’Etat sans la puissance publique devant lui permettre d’exercer son autorité et son pouvoir régalien sur l’ensemble du territoire. Et sans Etat, TOUT projet de reconstruction ou de développement de la RDC est voué à l’échec ».

Cependant, DESC ne partage pas totalement l’avis du président lorsqu’il avance que la prospérité économique et la sécurité ne peuvent se conjuguer sans la gouvernance démocratique. Les cas de la Russie avec un régime autocratique et de la Chine avec un pouvoir politique communist eà parti unique et  ‘non démocratique’, deux pays qui connaissent un boom économique, quoique mal redistribué , sans être confrontés à une crise sécuritaire de nature à les déstabiliser, contrédit l’assertion de Obama. En 2013, lorsqu’il a rencontré les étudiants africains à la Maison Blanche au cours d’une cérémonie destinée à marquer le 50e anniversaire de l’accession à l’indépendance de 17 pays d’Afrique sub-saharienne, Barack Obama avait exhorté les jeunes africains à enraciner les principes démocratiques dans leurs pays, et à ne pas suivre les pas de la génération des indépendances qui s’est selon lui accrochée au pouvoir. Même si la démocratie et l’Etat de droit, les droits humains, la stabilité politique, la sécurité sont restés les principes cardinaux prônés par la Maison Blanche lors de ce sommet, ces valeurs ne semblent pas avoir émergé ou être sorties du lot, contrairement aux attente de l’opinion publique africaine.

Quel Agenda pour les Etats-Unis ?

Avec la concurrence croissante des pays émergents et notamment des BRICS, l’agenda américain est plus que jamais d’accroître sa pénétration économique par le dispositif d’AGOA – prolongé jusqu’en 2015 – et de sécuriser ses marchés en Afrique et notamment son accès aux matières premières et ressources extractives.  Obama a annoncé un renforcement de la coopération avec l’Afrique pour lutter contre le terrorisme. Il a également promis un paquet financier d’investissements de 33 milliards de dollars en faveur d’un continent ‘chargé de promesses’. Les Etats-Unis contribueraient également à la création d’une force africaine d’intervention rapide de maintien de la paix qui s’appuiera sur des pays qui ont déjà fait leurs preuves dans ce domaine : Ghana, Ethiopie, Sénégal, Tanzanie, Rwanda et Ouganda, selon l’AFP. Un choix qui, au-delà de disqualifier les autorités congolaises, devrait les interpeler car incapables d’opérer une réforme en profondeur de l’armée d’un Etat-pivot, sur le plan géostratégique, qui devrait profiter en premier lieu de cet apport américain et en faire un partenaire starétgique privilégié, hélas!

Quel Agenda pour une Afrique aux marges des relations internationales malgré ses atouts économiques ?

L’Afrique est depuis le traité de Berlin aux marges des relations internationales et des enjeux géostratégiques mondiaux. L’Afrique est aujourd’hui moins un sujet (acteur actif) que l’objet des relations internationales. L’Afrique joue depuis a longtemps un rôle de réservoir d’hommes et de richesses. Elle demeure aujourd’hui essentiellement un fournisseur des produits primaires et d’hommes (fuite de cerveaux). Le géopolitologue Philippe Hugon en dira que si elle ne fait rien, elle restera le déversoir et le dépotoir de déchets pour les économies conquérantes et hégémoniques occidentales et des nouveaux pays émergents. Notez, l’Afrique dispose de 12% de la population mondiale mais ne représente que 1,5% du PIB mondial ; 2% du commerce mondial et seulement 3% des investissements directs étrangers (IDE). En même temps, elle demeure le terreau des pires fléaux ; conflits armés, famines, épidémies (Ebola, VIH,…), pauvreté, sous-alimentation, sous-scolarisation.

Comme on le constate, l’agenda africain reste essentiellement économique et sécuritaire au détriment de la politique. Cela s’est confirmé dans la manière dont les présidents africains sont parvenus habilement et diplomatiquement à mettre à l’arrière-plan la question de la bonne gouvernance, des droits de l’Homme et de l’alternance démocratique au pouvoir lors de ce sommet. Pour l’Afrique, la priorité n’est plus à l’aide mais au commerce et au partenariat gagnant-gagnant, comme l’a indiqué le président congolais de Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. La dynamique n’est plus celle de l’asymétrie subie mais d’un partenariat égalitaire entre acteurs globaux ayant chacun sa valeur ajoutée dans un environnement globalisé de plus en plus compétitif. Le Sommet Etats-Unis – Afrique a été, pour les dirigeants africains, l’occasion d’ouvrir un véritable débat politique sur ces enjeux majeurs et de montrer que l’Afrique reste incontournable.

Et la RDC dans tout ça ? Avec un Kabila infantilisé, trahi par sa gestuelle

Selon l’agence Belga, (8/8/2014), « le secrétaire d’Etat, John Kerry, a rencontré lundi le président congolais Joseph Kabila, à qui il avait demandé directement, lors d’une visite à Kinshasa en mai, de respecter la limite à deux mandats imposée par la loi fondamentale congolaise, dans la perspective des élections de 2016. Pour M. Feingold cette échéance est cruciale en vue de la stabilisation de la région. « Nous pensons qu’il est dans l’intérêt de la RDC que (la loi fondamentale) soit respectée« , a-t-il dit. »

Beaucoup de proches du président Kabila se sont réjoui de voir John Kerry féliciter la RDC pour l’amélioration de la situation sécuritaire à l’est. Une victoire diplomatique, disent-ils. Mais DESC, en analysant les images, invite ceux qui s’y sont enthousiasmés à bien réécouter les propos de Kerry (visionnez avec attention ce lien : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=5vhQKWt-zCk). Le Secrétaire d’Etat américain cite les FARDC et la MONUSCO dans ses félicitations. Ce que n’a pas fait Joseph Kabila dans son discours du 29 juin dernier où il voulait montrer que l’évolution positive de la situation sécuritaire à l’est du pays est l’œuvre exclusive des FARDC. Il s’agit là de toute une symbolique diplomatique qui vaut son pesant d’or. En plus, pour une cérémonie officielle d’accueil des invités, Kerry ne pouvait pas diplomatiquement commencer à mettre mal à l’aise Kabila avant que Obama ne s’exprime officiellement sur certains sujets qui le préoccupent. Cela risque de crisper l’atmosphère avant l’annonce d’Obama. Ce qui, stratégiquement et diplomatiquement, aurait été contre-productif.

Pour le reste, ce n’est pas face aux caméras que Washington comptait humilier ses invités, dont il a besoin sur le plan économique, voire sécuritaire. C’est diplomatiquement non correct. C’est dans les coulisses que l’administration Obama a sans doute ses consignes et réitéré sans position, reprise d’ailleurs par le fougueux Russ Feingold. Ceux qui attendaient des déclarations chocs et humiliants en public ont certainement été déçus. Ce n’est pas comme ça que ça se passe. La diplomatie a ses règles et principes de fonctionnement et Obama n’est pas un président cow-boy ni un néophyte comme Hollande en 2012.

Par ailleurs, DESC a également tenté de décrypter la gestuelle de la communication conjointe Kerry-Kabila. Dans la communication politique, l’expression du non verbal ou la gestuelle occupe presque 70% du message transmis par les acteurs politiques. C’est sur base de l’ouvrage du spécialiste en profiling comportementaliste, Joseph Messinger, Les gestes qui trahissent les politiques, Flammarion 2012, 286p., qui analyse les tics gestuels des hommes politiques que DESC analyse et interprète la communication gestuelle de la conférence de presse commune de John Kerry et Joseph Kabila. p  Ainsi, lorsqu’on aperçoit un Kerry, avec rang de ministre, tapoter sans retenue diplomatique protocolaire, tel à l’égard d’un enfant (kadogo), sur le dos de Kabila, c’est comme un enfant qu’on traine par son père vers le proviseur pour qu’il s’explique de ses méfaits ou qu’il rende compte des instructions qui lui ont été donnés auparavant ! On aperçoit qu’à chaque fois qu’il devait se prononcer une phrase, Kabila devait regarder vers Kerry pour être rassuré ou recevoir son approbation, tel un élève répondant à une question orale de son instituteur. Ce qui n’a pas été le cas dans le sens contraire car pendant toute son allocution, Kerry regardait plutôt le public. Cela en dit long car on n’a jamais vu Mobutu dans cette posture d’infériorité ni même Laurent-Désiré Kabila qui, lui d’ailleurs évitait de regarder ses interlocuteurs et avait souvent un regard évasif tourné vers le ciel.

L’opinion se souviendra encore du débat Sarkozy – Hollande avant les deuxièmes tours des présidentielles françaises en 2012. Un débat où l’on voyait clairement le ‘petit‘ « Sarko » en difficulté se tourner constamment vers les journalistes comme s’il avait besoin de leur approbation sur ce qu’il disait. En sémiologie communicationnelle, une telle attitude dénote la situation de quelqu’un qui se sent en difficulté et qui recherche du soutien. Espérons pour lui qu’après son offensive diplomatique de choc aux Etats-Unis, le ‘raïs’ est rentré gagnant pour modifier l’article 220 de la Constitution et se maintenir au pouvoir, dont il ne pourra quitter que par la force, en 2016.

Est-ce Barack Obama aurait-il les moyens de sa politique en Afrique ?

C’est ici que les africains attendent voir comment le président américain compte mettre en œuvre et implémenter sur le terrain sa vision du « new deal USA-Africa ». Avec une Afrique de plus en plus courtisée et tournée par les pays de l’Asie-Pacifique, moins exigeants en termes de bonne gouvernance et du respect des principes de démocratie et de l’Etat de droit. Ces pays sont de plus en plus présents sur le continent que l’Occident. On voit mal comment Barack Obama pourrait influencer de plus en plus cette Afrique en quête d’un partenariat non paternaliste et impérialiste, du type Nord-Sud qui montre ses limites 55 ans après l’accession des pays africains à l’indépendance. Il fallait bien alors changer le fusil d’épaule. Lorsqu’on analyse la manière dont Robert Mugabe résiste à la Grande-Bretagne et la RSA, tout semble indiquer que son filleul politique Kabila usera des mêmes stratagèmes pour passer outre les incessantes mises en garde américaines et se maintenir au pouvoir en 2016.

La réalité de ces nouvelles relations innovantes repose sur la volonté des Etats-Unis de mettre en œuvre leur nouvelle diplomatie intelligente ‘smart diplomacy’ mais aussi la nouvelle approche de l’influence par une force douce, la fameuse ‘soft power diplomacy’. Pour le reste, il n’y a pas eu de messages chocs à écouter ou rien à voir sous le ciel américain, circulez!

Pour l’instant, on peut déjà se contenter de ce mérite a minima souligné par le journal Le Phare du 6 août 2014 : « Qu’on le veuille ou non, Barack Obama restera à jamais le tout premier président américain à organiser un sommet USA-Afrique pour offrir aux gouvernements de ce continent des facilités d’investissements et des stratégies de lutte contre le nouveau fléau du Monde qu’est le terrorisme international. Il a compris le lien de causalité entre le développement, la démocratie et la sécurité des personnes et leurs biens. »

L’intention et la volonté politique sont déjà là. Etant donné que ‘vouloir c’est pouvoir’, on attend voir au terme de son second mandat, qui prendra fin en janvier 2017, au moment de faire son bilan, dans quelle mesure Barack Obama aura réalisé son ‘new deal avec l’Afrique’.

Enfin, DESC recommande à ses lecteurs de visionner la vidéo ci-après, avec l’intervention de l’analyste congolais Henri Désiré Nzouzi, expert en relations internationales, qui fait également une bonne analyse des rétombées que l’on peut espérer du sommet Etats-Unis – Afrique : http://www.lavoixdelamerique.com/media/video/washington-forum/2406411.html?z=0&zp=1

Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
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2 Comments on “Dossier spécial : Obama, après le sommet Etats-Unis – Afrique, quid now ? – JJ Wondo”

  • Et la RDC dans tout ça. Voilà une question qui englobe, à mon avis l’essentiel des espoirs de plus d’un Congolais à ce sommet dont ont assisté ceux qui sont sensés nous représenter.
    Quoi dire, Mr Jean Jacques, face à cette analyse qui, loin d’être parfaite, brosse l’ensemble de la problématique? Voici des faits:

    1. De la Sécurité, stabilité et bonne gouvernance. L’opinion se souviendra que l’embargo de vente d’armes et équipements militaires a été imposé en destination de la RDC du vivant du Président L. Désiré Kabila. Pendant ce temps, les armées des pays agresseurs de la RDC, dont le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda principalement étaient financées, formées, fournies en logistique et autres accessoires militaires…directement par les différents qui se sont succèdes aux Etats-Unis
    Des rapports tant des experts de l’ONU que de l’EU et UA sans parler du gouvernement Congolais ont dénoncé le soutient des USA à ces Etats qui agressaient un autre Etat-membre des Nations Unies, qu’est la RDC et déstabilisait toute la région des grands-lacs. Environ 10 millions des morts, plus de 2 millions de déplacés internes et externes…vol, viols, pillage des ressources et toutes sortes d’exactions sans qualification ont été commis sur des populations Congolaises, inoffensives ces 20 dernière années. Quel a été l’apport réel des USA pour condamner, stopper, réparer et rendre justice au Congo et aux Congolais? A mon avis, RIEN, que des simples déclarations. Donc, les USA sont complice dans la déstabilisation de la région des grands-lacs. Les multinationales Américaines, anglaises, canadiennes Suédoises pullulent à l’Est du Congo, avec trafique d’armes et minerais au vu de tous. Comment voulez-vous que nos Etats, avec des dirigeants qu’ils ont placé puissent décoller? D’où l’attitude du Président Kabila devant John Kerry…Imaginez que c’était Mobutu ou Mzée Laurent Désiré Kabila qui était-là, c’est notre Ministre des Affaires Etrangères qui devait tenir ce point de presse avec son homologue. Joseph Kabila a donné juste la vrai image de ce qu’il est: …CHARGE DE MISSION DES USA AU CONGO…c’est là qu’il rend des comptes, car il a eu le pouvoir de là…

    2. Dossier économie. Les intentions des USA sont connues: Concurrencer les pays dont la Chine, l’Inde, la Russie et tant d’autres qui ont des affaires au en Afrique. Mais j’attire l’attention de nos lecteur sur le fait qu’au Congo, dans le Katanga comme à Mwanda, il y a des compagnies exclusivement américaines…mais la question se pose: quelles sont les retombés sociaux que bénéficie les populations des milieux où sont elles sont implantés? Quelle est la dividende qu’ancrage le trésors public? Quel modèle de gestion et traitement de leurs employés ces compagnies donnent-elle?

    3. L’Histoire se répète: Prophète de la bonne gouvernance et de la démocratie, l’es Etats-Unis sont allés en guerre contre la volonté du monde entier en Irak, question d’instaurer la démocratie et la stabilité économique. Où en sommes-nous? Pareil au Soudan…Où en est-on avec le Soudan du Sud? C’est le Chao, sans parler de la Libye où l’o retrouve les traces de Nicolas Sarkozy…

    4. La convocation de la jeunesse Africaine n’est pas une mauvaise chose en sois. Mais les intentions cachées sont connues par des grands esprits. C’est la formation des antennes privées, chargées de mener dès l’intérieur des initiatives à cours, moyens et long termes en faveur des intérets Américains. Ceux-ci aurons toutes les facilités du monde dans tout ce qu’ils ferons…Ils vont initier, promouvoir et introduire des idéologies immorales des us et coutumes jugées acceptables en occident pour les imposer en Afrique. C’est n’est qu’un exemple…

    EN SOMME: Rien de spécial Monsieur Jean Jacques Wondo, ne sortira de ce sommet de caresse d’un grand hypocrite que sont les Etats-Unis. Le peuple de l’Africain noir doit maintenant se réveiller et imposer une nouvelle page de l’histoire pour que seul ceux qui vont se plier à elle seront ses alliés.

  • Troll

    says:

     »LE VATICAN, COMBIEN DES « DIVISIONS »?

    C´était la question ironique d´Hitler pendant la seconde guerre mondiale..Ce que Obama possede les moyens de son vouloir et de sa politique…au Congo..

    ‘POWER AFRICA**
    Une information capitale qui devait attirer l´attention des congolais..Ce que quand les USA planifient d´électrifier l´Afrique »’Seul le Congo possede un potentiel énorme avec le projet « Grand INga » capable de rendre possible la réalisation de ce projet.
    Si les USA se decident d´exporter la technologie « nucleaire » civile (ce que nous mettons en doute) en faveur des pays Africains ..afin de les électrifier, le Congo est aussi incontournable quand il faut fournir le combustible des reacteurs**

    *SECURITE ?
    La rencontre concernait aussi la « séscurité » et les lecteurs vont noter que cette « face » de la rencontre est restée « top secret »..Ce que quand le sprésidents Africains ont discutés de la sécurité, c´était á huis clos!
    Or la force des USA en ce moment face á la Chine qui possede des milliards á investir en Afrique..Oui, la force des USA est son expertise dans le domaine de la « ´sécurité »..Un pays comme le Congo qui ne possede ni une armée digne de ce nom, ni la technologie militaires de pointe, ni même des infrastructures de défense capables de garantir un minimum de stabilité..devrait figurer en bonne place pour les entreprise de défense des USA..y compris le Pentagone.
    Ce que même la Chine a grandement de la « stabilité » pour assurer les benefices de ses investissements á long terme***Dans cette « lutte », la Chine est indirectement l´alliée des USA..surtout pour le cas du Congo**Il est question de se partager les « rôles »..

    MUGABE?
    Resiste-il réellement? Ce que sa femme fait ses shopping en Afrique du Sud…et les banques SudAf font des affaires au Zimbabwe en ce moment..Les dirigeants de l´ANC sont en réalité le soutient le plus important de Mugabe.
    D´où cette question ironique d´Hitler « Le Congo ou l´Afrique, combien des divisions? Combien des portes-avions? Combien des drones? Combien des satelites militaires? Combien des avions de combat?

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