Burundi : Faut-il craindre le retour (im)prévisible de Pierre Buyoya au pouvoir?
Joseph Kabila est très inquiet
Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu
Le Burundi connait depuis le 26 avril 2015 des manifestations de l’opposition et de la société civile contre la candidature du président sortant, Pierre Nkurunziza, à un troisième mandat jugé anticonstitutionnel. Ces manifestations qui se déroulent partout dans le pays sont réprimées principalement par la police et les milices proches du parti au pouvoir le CNDD-FDD (Conseil National Pour la Défense de la Démocratie / Forces pour la Défense de la Démocratie).
Depuis le début des manifestations, l’armée semble se tenir à l’écart. Elle n’intervient pas directement dans la répression des manifestants et affiche une certaine neutralité, en voulant privilégier son statut républicain. C’est ce qu’a réaffirmé le ministre burundais de la Défense, le général Pontien Gaciyubwenge, le samedi 02 mai 2015, quelques heures après l’annonce par son homologue de la Sécurité publique d’un durcissement de la répression de la contestation qui règne dans le pays. Le ministre de la défense est allé même mettre en garde toute atteinte aux droits constitutionnels des Burundais. Il a également appelé les acteurs politiques à éviter tout comportement indigne et action de nature à replonger le pays dans le sombre passé qu’il a vécu, en référence à la sanglante guerre civile (1993-2006) ayant opposé l’armée tutsi à des groupes rebelles hutu, qui hante encore les esprits et dont le pays – à l’histoire récente jalonnée par les massacres entre les deux communautés – peine à se remettre.
Cette sortie médiatique, plutôt atypique, semble faire implicitement référence à l’action de la police qui réprime depuis plus d’une semaine les opposants à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza de converger vers le centre-ville pour y manifester, provoquant des heurts réguliers, brutalement réprimés.
Le général Pontien Gaciyubwenge fonde sa déclaration sur l’accord d’Arusha et à la Constitution. Les Accords d’Arusha, signés en 2000, ont permis de mettre fin à la guerre civile, et ont ouvert une période transitoire qui se est soldée par des élections démocratiques en 2005, remportées par Pierre Nkurunziza. Ces élections ont été reconnues comme exemplaires par les observateurs internationaux et saluées par tous. En 2010, une deuxième série d’élections générales ont été organisées dans un climat de terreur décrié par l’opinion nationale. Plusieurs partis de l’opposition les ont boycottées. Ces élections ont semé les germes d’une situation embryonnaire de chaos politique et d’insécurité, marquée par la répression des opposants dont certains se sont exilés. Depuis, le pays vit dans une situation politico-sécuritaire instable.
Nkurunziza avait-il pressenti le coup de l’armée et a tenté de le désamorcer ?
Un décret présidentiel, numéro 100/310, du 31 Décembre 2014 a mis en retraite statutaire certains officiers du grade de Général Major, Colonel et Capitaine ont été mis en retraite. Il s’agissait de Généraux Major à savoir : Samuel Gahiro, Bernard Bijonya, Nimubona Sylvestre ainsi que Célestin Nimubona ; des Colonels : Dominique Cishahayo, Anatole Nahayo, Joseph Nibamenyere, Joseph Nzeyimana, Léonce Baserukiye, Michel Siboniyo, Sixbert Musavyi et Protais Ntihogora ; ainsi que des Capitaines Laurent Ndihokubwayo, Didace Nzikobanyanka et Arthemon Nduwumwami. D’aucuns pensent que ces mises en retraite répondaient aux motivations politiques des enjeux à venir.
Par ailleurs, le général Etienne Ntakarutimana, 43 ans, issu de l’ex-rébellion Hutu du Burundi, le CNDD-FDD de Pierre Nkurunziza, a été nommé à nouveau à la tête des renseigenements militaires en février 2015. C’est un fidèle du chef de l’État Pierre Nkunrunziza, à l’approche d’élections-clés, note un analyste burundais (https://bujanews.wordpress.com/2015/02/24/un-fidele-du-president-nomme-a-la-tete-des-renseignements/).
Etienne Ntakarutimana a remplacé le général Hutu Godefroid Niyombare qui s’était opposé à un troisième mandat de l’actuel président burundais. Godefroid Niyombare est un pilier du régime Nkurunziza. selon, RFI, « Cet homme n’est pas le premier venu. Premier chef d’état-major général de l’armée burundaise d’origine hutu, ce compagnon de lutte du chef de l’Etat était tombé en disgrâce une première fois en 2013 ». Il faut dire que Niyombare dispose d’un réseau très influent au sein des FDN (Forces de défense du Burundi) et plusieurs généraux et hauts gradés pourraient l’appuyer dans une tentative de putsch. Une hypothèse que nous confirme également une source diplomatique à Bujumbura, si la situation politique s’enlise. C’est ainsi qu’une autre source militaire locale au Burundi, nous parle d’un plan de répressions à grande échelle des Hutu, planifié par les présidents Kabila, Museveni, Kagame et Nkurunziza qui mettrait le Burundi à feu et à sang dans les prochains jours si rien n’est pris au sérieux rapidement. Du côté congolais, ce sont les généraux Dieudonné Hamuli Bahigwa (déjà au Burundi) et Philémon Yav, commandant de la 22 ème région militaire (Katannga) qui seraient chargés de le mettre en application, en coordination avec les RDF (Armée rwandaise) et l’UPDF (l’armée Ougandaise).
L’un des acquis de l’Accord d’Arusha et de la Constitution burundaise est qu’ils prévoient notamment que les corps de défense et de sécurité sont non partisans et ne favorisent ni ne désavantagent aucun parti politique ou groupe ethnique. Au Burundi, la Constitution du 18 mars 2005 prévoit la représentativité des groupes ethniques à hauteur de 60% pour les Hutu contre 40% pour les Tutsi, révèle. Un partage qui exclut une troisième ethnie: les Batwa alors que la population burundaise est composée de 84% des Hutu, de 14% des Tutsi et de 1% des Twa.
Selon l’article 18 de l’Accord de partage du pouvoir signé à Pretoria le 6 août 2004, ratifié le 18 août 2004, à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, « Les structures de défense et de sécurité de l’Etat, y compris, la force de défense, la police et les services de renseignement sont constituées conformément aux équilibres approuvés au cours de la période de transition, en tenant compte de la nécessite d’assurer un équilibre ethnique et d’empêcher des actes de génocide et une saisie de pourvoir inconstitutionnel ».
Cet accord a permis de rééquilibrer quelque peu la représentativité ethnique au sein de l’armée, jadis dominée par les Tutsi qui, même s’ils sont minoritaires, restent cependant influents du fait qu’ils constituent l’essentiel des militaires ayant suivi une formation militaire classique, tandis qu’une majorité des Hutus sont issus des milices et n’ont pas de formation militaire avérée.
L’équation Buyoya : une épée de Damoclès sur l’avenir du Burundi après son échec à la Francophonie ?
Pierre Buyoya, le véritable homme fort du Burundi, est le seul à avoir fait deux Coups d’Etat militaire en 1987 et en 1993. Le 3 septembre 1987, Pierre Buyoya devient président de la République du Burundi, à la suite d’un coup d’État contre Jean-Baptiste Bagaza, en déplacement au sommet de la Francophonie au Canada. Buyoya, ami et collègue de promotion de Major Kalume, exécuté en 1978 dans l’affaire dite des « Terroristes », largement expliquée dans le livre Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, a bénéficié de l’aide de Mobutu. Ce dernier a mis à sa disposition, au départ du Zaïre, des agents des services de renseignements zaïrois, dirigés à l’époque par M. Alain Atundu Liongo, actuellement aux côtés de Kabila. Atundu et Buyoya ont manœuvré tous les détails du putsch contre Bagaza.
Après les assassinats successifs du président Ndadaye et de six de ses ministres en 1993, puis de son successeur au poste de président de la République, Cyprien Ntaryamira en 1994, et alors que la guerre civile frappe le pays depuis trois ans et a déjà fait entre 150 000 et 200 000 victimes, Pierre Buyoya, avec le soutien de l’armée, renverse le quatrième président de la Troisième République de Burundi, Sylvestre Ntibantunganya, et reprend le pouvoir en 1996.
Cet officier diplômé de l’Ecole Royale militaire (ERM) en Belgique, en 1975, a été recalé dans l’orientation Gendarmerie devant lui permettre d’obtenir une licence en criminologie[1], à cause sans doute des cours de droit très poussés, pour poursuivre en Toutes Armes pour le compte de l’armée de terre. Ses insuffisances en droit ont sans doute été prémonitoires pour la suite de sa carrière politico-militaire, marquée par les coups d’état et son mépris du droit teinté de plusieurs violations massives des droits humains.
Après sa formation à l’ERM, il retourne au Burundi, en 1975, où il est affecté au bataillon paras en tant que chef de peloton dans l’escadron de reconnaissance (blindés). Deux mois plus tard, il passe le brevet de commando à Gitega. En décembre 1975, il est revenu à son poste au bataillon paras jusqu’en août 1976. De septembre 1976 en février 1977, il effectua un stage de six mois à l’Ecole d’application de l’Arme blindée cavalerie de Saumur en France. A son retour au Burundi en février 1977, il est nommé Commandant d’escadron de reconnaissance du bataillon blindé. Buyoya effectue également d’octobre 1980 à juillet 1982, un stage de formation en Allemagne à Cologne à l’Académie de Commandement de Hambourg[2]. C’est là qu’il fut repéré par la CIA, par le canal de l’OTAN bien établie en Cologne. A son retour au Burundi en 1982, devient Commandant du 11ème bataillon blindé à Bujumbura. De 1984 à 1987, il exerça la fonction de G3, Chargé des Opérations à l’Etat-Major Général de l’Armée. Ce poste lui permit de maitriser le dispositif opérationnel de l’armée burundaise et lui servit d’appui pour opérer un coup d’état, fort d’une armée dominée par les Tutsi.
Même s’il reste à l’écart de la politique après avoir assuré la présidence tournante entre 2000 et 2003, sous la transition (2000 – 2005), Buyoya continue de disposer de réseaux puissants au sein de l’armée et des forces de sécurité. L’échec de sa candidature à la Francophonie, en octobre 2014 et son passage à vide actuel pourraient, en s’inspirant des généraux burkinabè, l’inciter à revenir sur la scène politique intérieure, après avoir été médiateur international, au motif de restaurer l’ordre, en recourant comme d’habitude à l’armée pour renforcer son pouvoir.
Il sied de rappeler que Buyoya s’est clairement prononcé contre un troisième mandat de Nkurunziza en ces termes, le 11 avril 2015 : « Sur la question des mandats, les accords d’Arusha sont clairs. Le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ». (http://www.rfi.fr/afrique/20150411-burundi-ex-president-pierre-buyoya-contre-troisieme-mandat-nkurunziza/)
Lorsque nous avons échangé avec lui, le 5 mars 2012 à Bruxelles, en marge de la présentation de son ouvrage intitulé : Les négociations inter-burundaises: la longue marche pour la paix, à l’Institut Egmont (Belgian Royal Institute for International Relations), nous avons vite compris que c’est lui le véritable homme fort du Burundi qui peut revenir au pouvoir à tout moment.
Kinshasa, plutôt Joseph Kabila, très inquiet, suit de très près les événements du Burundi
C’est ce que nous renseigne une source militaire présidentielle congolaise. Autant en octobre 2014, Kabila avait envoyé le même Atundu suivre les débats de la révision constitutionnelle au Burkina Faso, de même la situation au Burundi, voisin de la RDC, préoccupe au plus haut point l’entourage présidentiel congolais. Kabila et Nkurunziza entretiennent des relations quasi fraternelles, vieilles de plus de 15 ans, à l’époque de la guerre d’agression Rwando-ougandaise par RCD et MLC interposés. La chute de Nkurunziza augurerait inéluctablement celle de Joseph Kabila, compte tenu des similitudes de leurs parcours et postures militaires et politiques : deux ex-rebelles ayant vécus hors de leurs pays (l’un du CNDD/FDD et l’autre du FPR/AFDL) devenus présidents sous la transition et accomplissant leurs derniers mandats présidentiels.
En 1998, Laurent-Désiré Kabila avait chargé Joseph Kabila, alors chef d’état-major de l’armée de terre et commandant des opérations au front de Pweto de ravitailler et réorganiser les rebelles burundais des CNDD/FDD, une rébellion Hutu burundaise installée au Sud-Kivu comme base arrière et dirigée par Pierre Nkurunziza après leur scission en 2001 et regroupant à l’époque entre 20.000 à 25.000 combattants. Il s’agissait d’un soutien en armes, munitions, tenues militaires, téléphones satellitaires, parfois financier…
Le quartier général de CNDD/FDD était basé à Lubumbashi, plus précisément dans la résidence privée de Joseph Kabila, au quartier Bel-air dans la commune de Kapemba, avenue des Savonniers n° 28. A l’époque, c’est ce Pierre Nkurunziza qui s’occupait de réceptionner toute l’aide extérieure destinée au CNDD/FDD pour l’acheminer clandestinement au Burundi par le Lac Tanganyika.
Lors de la fameuse bataille de Pweto en 2000 entre le RCD-Goma et l’armée loyaliste congolaise, les FAC, Nkurunziza a commandé un bataillon du CNDD/FDD aligné en première ligne aux côtés des unités de FAC. Une de nos sources présentes au front nous signale que Joseph Kabila partageait même une même tente (bivouac) militaire aux côtés de Nkurunziza, et depuis lors leurs destins se sont liés jusqu’à ce jour. Et la source de préciser : « Lorsque Mzee Kabila a été assassiné par la suite, Pierre Nkurunziza était ensemble avec Joseph Kabila à Ndola en Zambie. Pour cette source, « lors de la chute de Pweto et la fuite, après avoir abandonné plusieurs tonnes de matériel militaires lourd au RCD-Goma, Joseph Kabila était ensemble avec Pierre Nkurunziza. C’est dans le même hélicoptère dépêché par le gouverneur du Katanga de l’époque, le feu Augustin Katumba Mwanke, qu’ils se sont repliés un temps à Lubumbashi, cachés dans dans une des résidences de ce dernier pour les préserver de la furie du Mzee Kabila qui considérait la prise de Pweto comme un acte de haute trahison[3], après avoir mis tous les moyens à disposition de Joseph Kabila afin de rendre Pweto une forteresse militaire imprenable ».
Pierre Nkurunziza est né d’un père Hutu, assassiné lors des violences ethniques de 1972, et d’une mère Tutsi. Il profite de ce métissage ethnique pour plaire subtilement aux deux communautés, notamment aux Tutsi du Rwanda et du Burundi et aux Hutu. Pour certains, « Nkurunziza est un Hutu pur et dur mais pour les besoins de la cause, il est un grand ami de Joseph Kabila qui est ami et protégé du pouvoir Tutsi rwandais en plus d’être l’ami des Tutsi au Burundi (dont l’ancien président Pierre Buyoya)« [4].
C’est à ce titre exceptionnel que la situation au Burundi préoccupe et inquiète particulièrement Joseph Kabila à plus d’un titre : affectif du fait des liens d’amitié qui les unit et politique car si Nkurunziza tombe ou renonce au troisième mandat, les carottes seront vraisemblablement plus que cuites pour son alter ego congolais. Une autre source présidentielle évoque même la possibilité pour Kabila d’envoyer des renforts de la Garde républicaine (GR), en soutien de Nkurunziza, pour renforcer la police alors que l’armée burundaise refuse d’intervenir en sa faveur. On signale que les troupes stationnées au Katanga, au camp Kimbembe, seraient sous préavis zéro et prêtes à intervenir immédiatement, déguisées en policiers burundais.
C’est ce que nous confirme une source de la Garde républicaine : » Il y a effectivement des mouvements importants de troupes vers Uvira, à la frontière burundaise. Il s’agit notamment du 15ème régiment de la 11ème brigade d’infanterie de la Garde républicaine basée à l’ex-camp CETA, basé à Kinshasa près de l’aéroport de Ndjili, ainsi que des troupes de la 32eme brigade Commando de la Force de réaction rapide (composée d’environ 4 000 hommes). Ces troupes, selon un autre haut gradé militaire de la GR, effectuent des manœuvres militaires préventives pour parer à toutes éventualité sur la frontière burundaise. Selon cet officier, la situation est tellement préoccupante au Burundi que le président Kabila, après avoir inauguré les travaux de réhabilitation et de modernisation de la route nationale Boma-Matadi, le 30 avril, a écourté son séjour au Bas-Congo. Il s’y reposait dans sa nouvelle résidence de repos (sur l‘île paradisiaque de Mateba, située en face de Boma où il possède un ranch et un palais somptueux construits par des architectes Nord-coréens). Depuis, le week-end dernier, il est rentré précipitamment à Kinshasa et tient plusieurs réunions sécuritaires pour évaluer la situation. Il a dépêché à Uvira le lieutenant-général Dieudonnné Hamuli Bahigwa (Chef d’état-major adjoint chargé des Renseignements et des Opérations FARDC) et son « homme de main« , le général de brigade Jean Claude Yav Kabej (le numéro 1 de la Démiap, l’adjoint de Olenga à la Maison militaire du président, frère du Tigre Philémon Yav dont vous avez décrit le portrait et « fidèles parmi les fidèles du raïs« ). Une ligne de communications satellitaires ultra sécurisée Tetra, fournie par Motorola Israël, est installée entre Kingakati et Uvira pour permettre à Kabila d’être en contact permanent avec les deux généraux présents. Effectivement, l’armée burundaise est en train de lâcher l’ami et frère Nkurunziza semble t-il et ça inquiète beaucoup le président! », conclut notre source.
Malgré la validation de la candidature controversée de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel par la Cour constitutionnelle du Burundi, les manifestations sont loin de se calmer. Dans un argumentaire laconique, « La Cour dit de droit que le renouvellement une seule et dernière fois de l’actuel mandat présidentiel au suffrage universel direct pour cinq ans n’est pas contraire à la Constitution du Burundi« , selon l’arrêt signé par six juges sur sept. Le vice-président de la Cour a refusé de signer, et fui le pays, dénonçant des « pressions » sur la Cour pour qu’elle valide la candidature. Cet arrêt vient polariser davantage la tension politique au Burundi entre le camp des pro-Nkurunziza et celui des manifestants jusqu’au-boutistes qui déclarent mettre fin à leurs actions seulement lorsque Nkurunziza aura officiellement renoncé à briguer un troisième mandat. Dans ce décor bien planté d’une bataille rangée en règle, malgré la retenue républicaine de l’armée, le seul arbitre du jeu reste le robin des collines burundaises, Pierre Buyoya, le roi des coups d’état. Et la situation de confusion générale actuelle plaiderait en sa faveur?
Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC
[1] Une fois devenu président, Buyoya va interdire les programmes de criminologie dans l’université et les études supérieures au Burundi, les jugeant très dangereux.
[2] http://www.burundi-agnews.org/agnews_JM_BUYOYA.htm.
[3] Ces faits sont aussi confirmés par Colette Braeckman, dans son livre, Les Nouveaux Prédateurs. Politique des Puissances en Afrique, 2è Ed, Fayard, Paris, 2003, pp.144-147. A ce propos, Braeckman écrit : « En réalité, c’est à Pweto, une petite ville du Katanga, que se noue le mystère de la mort de Laurent-Désiré Kabila. (…) A Pweto, la bataille décisive envisagée par Laurent-Désiré Kabila n’aura pas lieu : ses généraux, à la première alerte, prennent la fuite en direction de Zambie, dans des circonstances encore mal élucidées. Lâcheté ? Trahison ? Toujours est-il que l’armée congolaise abandonne aux mains des Rwandais son coûteux matériel. Les hommes de Kagame, sans trop se battre, s’emparent donc de la ville, devanaçant leurs alliés du RCD-Goma ayat déclaré forfait. Du côté Gouvernemental, les seuls à livrer bataille sont les Hutus burundais des Forces pour la défense de la démocratie (FDD) de Jean Bosco Ngendakyiruie, qui font la cause commune avec Kinshasa et refusent le cessez-le-feu dans leur pays. (…) Du côté des vaincus, les sanctions ne tardent pas : les généraux Numbi et Munene, soupçonné sinon de trahison, du moins de lâcheté, sont écartés du front et envoyés en « stage » au Zimbabwe Quant à Joseph Kabila, lorsqu’il regagne Kinshasa, une violente altercation l’oppose à son père. Le Mzee met en cause l’humiliante défaite… Laure,n-Désiré Kabila, parle de complot, de trahison. Sans hésiter, il éloigne son fils, tout commandant en chef qu’il est… »
[4] http://afridesk.org/loccupation-duvira-par-larmee-burundaise-a-quoi-jouent-kabila-nkurunziza-et-la-monusco-jj-wondo/.
2 Comments on “Burundi, vers le retour (im)prévisible de Buyoya au pouvoir – Joseph Kabila inquiet? – JJ Wondo”
Makutu Lidjo
says:Je ne sais pas si le président Buyoya réagirait en faisant pour la 3ème fois un coup d’état. On le lui a beaucoup reproché lors de sa candidature comme éventuel candidat au secrétariat général de la Francophonie. Je ne pense pas qu’il va cracher sur son avenir parce qu’il a encore un avenir au moins dans les organisations internationales. Il connaît néanmoins mieux la situation de son pays que moi mais je reste prudent en disant qu’en faisant un coup de force, lui aussi violerait le compromis de l’accord d’Arusha que met à mal aujourd’hui l’ex rebelle Pierre Nkurunziza.
Severin GUNUMANA
says:Comme toujours, le DESC se montre à la hauteur de sa réputation du meilleur blog de la RDC. Les événements actuels au Burundi te donne raison cher JJW. Ne dit-on pas qu’un vrai prophète se reconnait par la survenance de ses prophéties?